BICHE #6 - Æncrage

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architecture & culture

#6

ÆNCRAGE



architecture & culture


EDITO EDITO

Mathilde Noirot

De l'ancre à l'encre, tout est question d’arrêt. Un arrêt dans l’espace et dans le temps. Un arrêt sur image. Comme un cliché sur papier brillant, l’instant est en suspens. Jeter l’ancre et jeter les mots sur le papier. Immobiliser le navire, et immortaliser l’instant. C’est une façon de fixer les choses, les rendre soudain immobiles et éternelles. Il est parfois nécessaire de faire une pause. Arrêter le cours des choses, et figer tout ce qui bouge continuellement. Ce n’est peut-être pas nécessaire, mais c’est agréable. Oui, cela fait du bien de pouvoir s’ancrer dans le moment présent et laisser le reste en arrière-plan. Nous l’avons tous fait. Durant deux semaines, nous nous sommes éloignés du monde, éloignés de tous, éloignés de nous. Nous nous sommes attachés à d’autres choses, d’autres situations et d’autres environnements. Nous avons stoppé notre course effrénée vers la fin de l’année et vers l’été. Nous avons savouré cet entracte, ce moment de relâche. Nous nous sommes arrêtés. Nous nous sommes fixés dans un présent en dehors du présent. Solidement amarrer, les flots nous ont bercés. L’encre a alors coulé sur des carnets et du papier glacé, pour que toujours ce moment puisse durer. Il restera de ces jours paisibles le souvenir et la douce nostalgie. Mais l’ancre ne peut pas rester indéfiniment aux fonds des eaux chaudes et tropicales. Il est temps de la lever, et de retrouver les vents froids gonflant les voiles. Comme maintenant, il faut savoir retrouver les puissants courants qui parfois nous poussent et parfois nous heurtent, et toujours continuer à avancer. • 4 •


EDITO

« Ô Mort, vieux capitaine, il est temps ! Levons l'ancre ! Ce pays nous ennuie, ô Mort ! Appareillons ! Si le ciel et la mer sont noirs comme de l'encre, Nos cœurs que tu connais sont remplis de rayons ! »

Charles Baudelaire, Extrait du poème Le Voyage, Les Fleurs du Mal.

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REDAC' TEAM

Mathilde Noirot & Élise Duno Illustration : Mathilde Noirot

Lecteurs chéris, nous nous retrouvons enfin après des vacances méritées ! Pour ce troisième numéro du magazine Biche, et tout premier numéro de cette nouvelle année, la rédaction à décider de faire couler l’encre. Tournant autour de l’Æncrage, Biche ne vous fait pas prendre racine ! En effet la croisière Biche vous promène entre architecture, culture, et actualités. Tout un programme riche en curiosités, projets et événements. Au travers de ce numéro notre rédaction vous fait découvrir quelques-unes des nombreuses significations de l’Æncrage, mais aussi certains sujets qui nous tiennent à cœur, des sujets qui sont ancrés dans nos esprits et dans nos vies.

Pour marquer ce passage à 2018, Biche se pare de nuances de gris, oscillant entre le noir et le blanc. Elle revêt sa robe d’argent et vous livre une exposition rassemblant des étudiants de l’ENSAS, artistes, et collectif d’illustration. Axée sur le thème Æncrage, l’exposition constitue un complément du magazine, tout en image, réflexions et évocations. Ouvrez grand vos yeux de Biche et laissezvous charmer ! Nous saurons combler votre désir de lever l’ancre !

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TEAM

Alix Gelabert

Morgane Garcher

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Rédaction Mobilité

Rédaction Culture Architecture

Marie Stémart Rédaction Culture

Coralie Chenard Secrétaire de rédaction Rédaction Architecture Maquetttiste

Mathilde Noirot -

Mathilde Guilbaud Rédaction Architecture Maquettiste

BICHE

Rédactrice en chef Rédaction Edito Musique Faire couler l'encre Maquettiste

Élise Duno Rédaction Redac' Faire couler l'encre

Beaucoup d'autre petites têtes et petites mains ont contribué à ce magazine, vous pouvez les retrouver en fin de numéro. • 7 •


SOMMAIRE SOMMAIRE

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SOMMAIRE

CULTURE - STRASBOURG 10

BRUNCH 16 LA FABRICASENS 18 KEEP COOL 20 TATOUAGE - ENCRE CHARNELLE

ARCHITECTURE 26 28 32 34 36

EXPOSITION BICHE 42 ÆNCRAGE

AU FIL DE L'EAU LA PLACE GRIMMEISSEN LE QUARTIER DANUBE QUAI DES BATELIERS ET DES PÊCHEURS UNE NOUVELLE COOP POUR 2019 UN GOÛT DE RENOUVEAU POUR FISHER APERÇU !

MUSIQUE 48

49 FLAVIEN BERGER 52 YAEJI 53 DJANGO DJANGO

FAIRE COULER L'ENCRE 54 MOBILITÉ 68

REGARDS COUPABLES TÉMOIGNAGNE DES ÉTUDIANTS POUR L'ANNÉE ERASMUS 2018

BICHE 72

MERCI ! 74 BICHE RECRUTE !

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CULTURE

STRASBOURG Texte : Marie Stémart, Morgane Garcher

le carnet d'adresses

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CULTURE

Quoi de meilleur qu’un brunch le weekend entre amis ou en famille, après une semaine bien remplie… Tu retrouveras dans cette rubrique une sélection, non exhaustive, de ces lieux strasbourgeois, sympa et cosy où emmener ton estomac se régaler.

LE GRAFALGAR

BRUNCH BRUNCH BRUNCH

« Un brunch copieux, cosy et trendy ! » Tu as souvent du entendre parler du Graffalgar, l’hôtel particulier designé par des artistes, près de la gare et bien saches qu’il propose des brunch, tous les jours, du mercredi au dimanche. Une déco arti et trendy, des mets savoureux, un accueil chaleureux et de quoi se régaler sans se ruiner ; oeufs, viennoiseries, pains, confitures, cakes, boissons chaudes, jus de fruits, etc. Différentes formules sont proposées : la planche assortiments vegan / assortiments poisson / assortiment oeuf et viande / spécial enfant Brunch Graffalgar - 17 euros Brunch Graffalgar menu enfants - 7 euros 17 rue Déserte 67000 Strasbour

LE GRAFALGAR 17 rue Déserte 67000 Strasbourg • 11 •

Photo : Le Grafalgar.


CULTURE

CAPRICCIOSA Au coeur de la Krutenau, le Capricciosa vous acceuille pour un brunch incontournables, aux douces couleurs de l'Italie. Au menu , deux formules différentes composées de charcuteries italiennes, fromages, oeufs brouillés, confitures, pâtes à tartiner, jus d’orange, boissons chaudes etc. Des produits frais et de qualités qui sentent bon l'air du sud, la riviera, la toscane, et les pleines gorgées de soleil.

WAWA MUSIC & FOOD

« Un brunch pour chiller à l’américaine » Comme son nom l’indique, Wawa Music & Food c’est un lieu où l’on va pour chiller, passer un bon moment en musique dans un décor vintage, déguster la cuisine aux sons des années 40. Pour ton brunch du dimanche tu y retrouveras œufs brouillés, œufs pochés, hot-dogs, pizzas, salades, charcuteries, pancakes, carrot-cake, pop-corn, fruits, fromage blanc, miel, confitures, boissons chaudes, verre de jus etc.

Brunch de 22 à 28 euros De 11h à 13h30 le samedi

Brunch Wawa à partir de 22 euros

CAPRICCIOSA 1 place du Pont-aux-chats 67000 Strasbourg Photo : Capricciosa

WAWA MUSIC & FOOD 4 Place Saint Nicolas aux Ondes Photo : Pooka 67000 Strasbourg

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CULTURE

& ART CAFÉ

ET AUSSI :

Situé au sommet du musée d’Art Moderne de Strasbourg, le restaurant Art Café et sa magnifique terrasse proposent des brunch servis sous la forme de buffet, permettant ainsi, à tous, de composer librement son assiette : salades, charcuteries, fromages, oeufs brouillés, bacon, saucisses, viennoiseries, pain, confitures, gâteaux, yaourts, fruits etc.

Bien d'autres délices à déguster dans une multitude de petits paradis Strasbourgeois !

Brunch Art Café - 23,5 euros Brunch Art Café menu enfant - 11,50 euros

ART CAFÉ 1 Place Hans-Jean Arp 67000 Strasbourg

Bistrot moderne La villa schmidt Le café de l’Opéra Le troquet des Kneckes Café Bâle Le bouclier d’or L’atelier d’Grand Père Mémé dans les orties Le Café Atlantico What the Cake ?

Photo : Art Café • 13 •


CULTURE

Photo : tfstatic.com.

RETOUR AU BERCAIL Dure la reprise après les vacances, c’est souvent synonyme de retour au bercail ; études, travail, charrette. Trop de mots négatifs en une phrase, arrêtons ! Et si Strasbourg rimait plutôt avec Bruncher, convivialité et régal assuré? Ca change la donne pour la rentrée !

chavirer. Venez donc bruncher entre amis , pour combattre la morosité de cette rentrée!

En effet, il existe un endroit à Strasbourg où toutes ces choses sont possibles. Au Bercail, restaurant situé à la Petite France (à 10 minutes à pied de l’école) au 43 Rue Finkwiller. Là-bas ils vous feront goûter leur spécialité, leur fameux et incontournable Brunch. Entre sucré et salé, crêpes et gaufres, ou encore salade variées et amuses bouches, ce petit restaurant chaleureux saura vous faire

AU BERCAIL 43 Rue Finkwiller 67000 Strasbourg

Buffet à volonté de 11h à 17h tout les Dimanches. Entrées/Plats/Desserts Pour seulement 25€ boissons comprises.

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ÉVÈNEMENTS

17 MARS « LOIE FULLER : RESEARCH », Ola Maciejewska / « Dancing Dress », MAMCS, 16h30

17 MARS SOIREE ECHO AVEC DERRICK MAY / MR G LIVE / MANDAR (LAZARE HOCHE + MALIN GENIE + S.A.M) / Laiterie, Grande salle, 23h JUSQU'AU 18 MARS EXPOSITION OKOGRAPH TWO ACES TATOO 6 AVENUE JEAN JAURES, STRASBOURG

14 AVRIL HER + DEER BEY / Django Reinhardt, 20h30

20 AVRIL FLECHE LOVE + LUANZA / Django Reinhardt, 20h30 11-12-13 MAI LA FABRICASENS, workshop étudiant. ENSAS - INSA - HEAR 13 MAI « BoOm » / théâtre, Illkirch Graffenstaden

18/19/20 MARS LE PRINTEMPS DU CINEMA 2018

16 MAI FEU! CHATTERTON + BLONDINO / Laiterie, Grande salle, 20h

21 MARS PETIT FANTOME + AMOR BLITZ / Django Reihnardt, 20h30

18-20 MAI NL CONTEST / festival des cultures urbaines, Strasbourg

24 MARS CLAIRE FARAVARJOO + JULIEN BOUCHARD / Espace Culturel de Vendenheim (navette)

19-20 MAI LES ATELIERS OUVERTS / Journées portes ouvertes des ateliers d’artistes, Strasbourg

26 MARS « LE TEMPS DES VILLES, LE TEMPS DU CORPS » / avec l’Université de Strasbourg, 18h

21 MAI JUNGLE / Laiterie, Grande salle, 19h30

27 MARS FAKEAR + 1ERE PARTIE / Laiterie, Grande salle, 20h

25/26/27 MAI STRASBOURG MINI MAKER FAIRE / Festival DIY, Shadok, Strasbourg

1ER AVRIL STREET BOUCHE CORNER KRUTENAU / Food Festival Strasbourg

06 JUIN EXPOBIOGAZ / 7ème édition, salon des typologies de méthanisation, de valorisation du bio gaz

06 AVRIL REJJIE SNOW + WIKI + LEWIS OFMAN / La Laiterie, Grande salle, 20h

JUIN LES PELOUSES SONORES / festival Contre-temps, Strasbourg

06-08 AVRIL JOURNEES EUROPEENNES DES METIERS D’ART

16-17 JUIN TATTOO FLASH FEST + THE WOUNDED CARNIVALE / Centre Culturel Marcel Marceau

06-09 AVRIL SALON DE L’HABITAT / Parc des Expositions, Wacken

21 JUIN FETE DE LA MUSIQUE / Strasbourg


EVENEMENT ! FABRICASENS !

LA FABRICASENS - un workshop plein d'amour et de soleil Texte : Mathilde Noirot ∙Photo : Pierre-Jean Blumberger

Oui, ça y est, elle est de retour! Après le succés de l'édition 2017, la Fabricasens revient toujours plus forte, toujours plus motivée, toujours plus enthousiaste ! La Fabricasens est un workshop créé par et pour les étudiants, qui, au rythme d’une session par an, s’approprie l’espace urbain et explore les possibilités d’un matériau unique au travers de la réalisation de structures éphémères. L’évènement prend racine dans la définition même du workshop en réunissant plusieurs écoles de Strasbourg, l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture, l’Institut National des Sciences Appliquées, la Faculté de Géographie et

d’Aménagement, la Haute Ecole des Arts du Rhin. Le but est de développer les disciplines propres à chacune, de les confronter, de les mêler afin d’obtenir un processus et un résultat riche. Centré sur l’échange, l’évènement offre la possibilité aux étudiants de se rencontrer, pour ensuite se regrouper sous forme d’équipes dont le but sera de penser et construire un dispositif artistique et urbain. Vous pouvez dors et déjà réserver votre weekend du 11, 12, 13 mai ! L'équipe Fabricasens vous promet un weekend mémorable, de la joie, des rires, de la musique et des grillades ! Rendez-vous en Avril pour les inscriptions.

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EVENEMENT SPORT

Envie de faire du sport ?

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GO ! GO ! GO !

Et oui, vous n’aurez plus d’excuses valables pour ne pas faire de Sport en hiver au grand regret de certains. En effet, Cerf Sport a tout prévu et vous fais bénéficier d’un accès de 6 heures à 23 heures tous les jours chez Keep Cool. Situé à 5 min de l’école à pied, à côté de la place Homme de Fer, au 44 rue du Vieux Marché aux vins à Strasbourg. Que tu sois à la ramasse ou sportif attitré dorénavant le sport en salle n’aura plus de secrets pour toi. Pour t’inscrire deux formules s’offrent à toi :

°Pour te la jouer SOLO à 29,90€/mois (Engagement 12 mois, avec 2 mois gratuits) et inscriptions gratuites ! ° Pour te la jouer COLLECTIF à 34,00 €/mois (Engagement 12 mois, avec 2 mois gratuits) et inscriptions gratuites en amenant un ou une amie non membre pour suez ensemble le vendredi et le samedi ! Si tu es déjà membre chez Keep Cool tu es gagnant aussi ! Il suffit juste de parrainer quelqu’un membre de Cerf et tu gagneras – 50% sur ton prochain mois !

En choisissant Keep Cool tu participes aussi à la durabilité de Cerf ! 1 abonnement = 1 don pour Cerf

Le choix est vite fait ! Munis toi de la carte d’adhérent de Cerf Sport, Prends tes affaires et fonces chez Keep Cool ! Machines, Tapis de courses, alters, cours collectifs et Sauna t’attendent !

GO ! GO ! GO ! GO ! GO !

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TATOUAGE

ENCRE CHARNELLE

Texte : Marie Stémart ∙Photo : Roseline Bucher

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ENCRE CHARNELLE

Alors que l’on estime à 14% le nombre de tatoués en France et à 27% le nombre de moins de 35 ans déjà passés sous l’aiguille, la capitale alsacienne compte plus d’une vingtaine de salons de tatouage où se cachent de talentueux artistes et où les styles ne sont pas en manque, du old school au japonais passant par le dessin graphique et le géométrique ; de quoi en ravir plus d’un.

NUEVO MUNDO Nuevo Mundo est un salon de tatouage situé 11 rue de la 1ère Armée à Strasbourg. Quand tu t’arrêteras à l’arrêt de tram Porte de l’hôpital, n’oublies pas de lever les yeux, le salon est niché juste là, sous les arcades, au 1er étage. Aussi, tu pourras y retrouver trois tatoueurs, Dago, Pierre NB et Roseline. Dago est le propriétaire des lieux (Nuevo Mundo Strasbourg et Paris). Ancien élève du célèbre Dimitri HK, il a perfectionné son art au travers de rencontres et de voyages. Décrit comme un tatoueur passionné et entier, il est aujourd’hui connu et reconnu pour la précision de ses lettrages et la délicatesse de ses ombrages. Une aisance qui lui permet de passer du old school au japonais, son style de prédilection. Pierre NB pratique le traditionnel américain, dessine en lignes épaisses et propose un travail sur les thèmes classiques. Roseline, elle, est apprentie dans le salon depuis quelque mois. Nous l’avons rencontré pour lui poser quelques questions.

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TATOUAGE

Salut Roseline, merci de nous accorder de ton temps et de partager avec nous ton univers. Pour commencer, comment estu devenue tatoueuse ? Raconte-nous ton parcours. J’ai toujours aimé l’art. Depuis toute petite j’étais assez introvertie et me réfugiais dans le dessin ou dans la construction d’objets un peu inutiles, jusqu’à mes années lycée où j’ai été admise en option lourde art plastique. À l’époque je faisais de la photographie de mise en scène avec ma petite sœur comme modèle ; je m’amusais à lui faire des faux tatouages au feutre pour agrémenter ses tenues. Je pensais déjà au métier de tatoueur mais jamais très sérieusement, ça me paraissait être inaccessible, un monde de bandits, pour moi, un peu trop sage. J’ai fait les Beaux-arts pendant 5 ans puis, comme la plupart des étudiants en art, j’ai connu une période assez difficile d’orientation, je me suis demandée très concrètement dans quel métier je me voyais. C’est lors d’un service civique avec un artiste allemand qui travaillait sur le « Rêve », le désir d’existence que j’ai eu un déclic. Ce qui m’embête le moins dans la vie c’est de dessiner, je peux le faire sans m’arrêter. Par contre ce que j’aime moins c’est bosser dans mon coin et vendre mes œuvres à des clients aisés. Avec le tattoo, je dessine beaucoup et rencontre plein de personnes intéressantes. Dès que j’ai été sure de ce que je voulais faire, c’était beaucoup plus facile de se dépasser et de faire tomber les barrières d’accès au métier.

Quel est ton premier souvenir, dermographe en mains ? Mon maitre d’apprentissage, Dago, me conseille de ne pas commencer à tatouer sur des fausses peaux ou sur des peaux de porc pour ne pas prendre de mauvaises habitudes et réflexes avec les clients, du coup la première fois que j’ai utilisé un dermographe, c’était sur un Homme, un bon ami, déjà pas mal tatoué qui voulait m’encourager dans mon apprentissage. On a alors fait un petit insecte sur sa jambe, c’était très stressant. Depuis, je lui en ai fait deux autres, c’est qu’il n’a pas dû être trop traumatisé. Parles-nous de la pièce que tu as préféré réaliser, qui t'a le plus marqué ? C’est très dur de savoir qu’elle pièce j’ai préféré faire. J’aime les projets très personnels, les clients qui n’ont pas peur d’avoir leurs imaginations sur la peau. L'une de mes clientes m’a demandé de lui tatouer sa twingo dans une boule à neige sur fond de galaxie et m’a fait entièrement confiance pour le dessin. Je suis toujours impressionnée et comblée par la confiance que les clients me donnent. Qu'est ce qui te plaît dans le milieu du tatouage ? Il y a énormément de choses qui me plaisent dans le tatouage. Tout d’abord cette confiance dont je parlais, le fait qu’on construise des projets, le client et le tatoueur. C’est tellement différent de ce que j’ai appris aux beaux-arts où l’artiste doit se vendre à un acheteur ou à une institution pour pouvoir vivre de son art. Avec le tattoo, il s’agit d’un partage entre deux personnes. Ensuite, le métier de tatoueur est

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ENCRE CHARNELLE

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TATOUAGE

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ENCRE CHARNELLE

un métier où l’on ne cesse d’apprendre, tout au long de sa vie, que ce soit en technique ou en dessin, en découverte de nouveaux artistes ou de nouvelles techniques. On ne peut donc s’ennuyer. Enfin, j’ai eu la chance de faire mon apprentissage chez Nuevo Mundo auprès de Dago et aujourd’hui mes collègues sont un peu comme ma deuxième famille. Quelles sont tes influences, ton style, les techniques que tu utilises pour réaliser tes dessins ? Je suis influencée par ce que m’a montré et appris mon maître d’apprentissage autour du tatouage traditionnel, notamment américain (old school) mais aussi par la gravure du début du moyen-âge (Holbein, Beham, Paradin, etc.) et grâce à ma mère qui m’a toujours partagé ses connaissances en histoire de l’art. Je procède en commençant par faire des recherches sur internet ou en bibliothèque avant de dessiner une planche de flashs (les flashs sont des dessins préparés à l’avance). Je suis, aujourd’hui, partagée entre un style « gravure » (imitation les gravures sur bois du moyen âge) et un style « dot work » (technique en pointillisme). Globalement, on peu décrire mon style comme « blackwork » car étant essentiellement réalisé à l’encre noire. A partir de quel âge t'es tu faite tatouer ? Parles moi rapidement de l'histoire de tes tatouages. Je me suis fait tatouée assez tard, à 22 ans je crois, un tout petit tatouage, un écrou, c’était un symbole d’amitié. Après, vous savez ce qu’on dit, on ne s’arrête plus ! Aujourd’hui j’ai beaucoup plus de tatouages mais je garde encore mes bras vierges afin de trouver les

bons artistes pour réaliser des manchettes entières. Je ne calcule plus vraiment les thèmes de mes tatouages, ils n’ont pas de signification particulière, ce sont des motifs que j’apprécie, pour des raisons variées. J’ai une jolie fileuse médiévale réalisée par ma collègue de Nuevo Mundo, des animaux penseurs, une scène de sabbat, etc. Je pense que le motif dépend de l’occasion, du moment où l’on décide de se faire tatouer. Au fond, à mon sens, ce qui compte vraiment c’est l’expérience du tatouage plus que le résultat. On peut te retrouver au salon, chez Nuevo Mundo mais est ce que tu participes aussi à des conven-tions, à des évènements ? Je travaille essentiellement chez Nuevo Mundo à Strasbourg mais il m’arrive de me rendre à des guests ou dans d’autres salons de tatouage. Je vais, par exemple, chez Lion’L tattoo à Belfort à la fin du mois. Pour le moment, je ne participe pas aux conventions en tant que tatoueuse mais ça va sans doute venir !

Interview réalisée par Marie Stémart.

@roselinebuchertattoo roseline.bucher@gmail.com http://www.resolinebucher.com

NUEVO MUNDO 11 rue de la 1ère Armée Strasbourg 67000 Strasbourg 09 83 79 01 10 & 170 avenue Pasteur 93170 Bagnolet Paris 01 75 47 61 44

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ARCHITECTURE

AU FIL DE L'EAU LA PLACE GRIMMEISSEN Texte : Coralie Chenard • 26 •


AU FIL DE L'EAU

La Place Grimmeissen, actuellement peu mise en avant dans le quartier de la Petite France, pourrait faire peau neuve dans les temps à venir. En effet, un projet de marché couvert dans le centre de Strasbourg est en étude, et les esquisses prennent formes. Imaginé en partenariat avec des habitants de la petite France, des commerçants et des riverains, le projet est amélioré par chacun. Un espace de 900 m2 avec une structure en bois pour « réinventer la maison à colombages du XXIè siècle » devrait voir le jour. Il y est prévu un niveau rez de chaussée avec des exposants permanents ainsi qu’un étage supérieur lumineux. Une « food court » permettrait de se restaurer sur place dans un espace centrale, au milieux des stands. Le projet imaginé est aussi composé d’un patio pour accueillir des événements et d’un jardin associatif de 400m2. Surmontant le tout, un toit terrasse composé d’une brasserie, d’un café bar, d’une bibliothèque, d’une serre ou même d’un espace de co-working. Enfin, un parking sous sol permettrait le stationnement. Ne manque plus qu’un investisseur que la ville de Strasbourg espère trouver pour mener à bien ce grand projet.

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ARCHITECTURE

LE QUARTIER DANUBE L’un des points forts de l’urbanisation du projet des Deux Rives, est bien l’écoquartier Danube. Situé sur un ancien site portuaire, il occupe une place privilégiée : centrale, en bordure de canal et accessible par tous les moyens de transport. Lauréat de l’appel à projet « ÉcoQuartier » lancé par l’État, il a obtenu en 2013 cette labellisation délivrée par le Ministère de l’Egalité du Territoire et du Logement. Danube accueille sur près de 6 hectares, pas moins de 650 logements , 18000 m2 de bureaux et commerces, un EHPAD, une résidence étudiante et une école maternelle. Afin de favoriser le vivre ensemble du quartier, un soin particulier aux espaces publics (4 000m2 dans les 10 000m2 dédiés aux espaces verts) est apporté.

de Budapest. La réalisation de cet éco-quartier se fera en 3 temps s'échelonnant jusqu'en 2018. Les tours Blacks Swans livrés en fin d’année dernière, c’est à la tour à énergie positive, première du genre dans le Monde à attendre sa mise en service. Bioclimatique, misant sur l’orientation Sud et équipé de panneaux photovoltaïques, elle pourrait être l’exemple à suivre dans les années à venir.

Entre ville et port, Danube valorise l'identité portuaire du site. L'eau est partout présente : noues, fossés, venelles, jardin fluviatile. La berge du bassin Dusuzeau a été réaménagée pour une promenade au fil de l'eau. On y trouve même la végétation typique des friches portuaires et des zones humides d’Alsace. Pour respecter l'ambiance portuaire, un jardin fluviatile sera aménagé ; des arbres y seront plantés, des bancs et des pontons installés. Ce jardin jouera également un rôle hydraulique car il constituera un bassin de rétention des eaux de pluies. Ces espaces permettront le maintien et le développement d'une biodiversité propre à nos régions (insectes, oiseaux, petits mammifères...). Une promenade de 5 m de large pour les piétons et les cyclistes a d'ores et déjà été aménagée en sablé le long des berges du bassin Dusuzeau, du pont Churchill à la rue • 28 •


AU FIL DE L'EAU

Photo : agencedevilliers.com

Photo : ecoquartiers.fr

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ARCHITECTURE

TOUR ELITHIS Photo : lasuededurable.com • 30 •


AU FIL DE L'EAU

LES BLACK SWANS Photo : rue89strasbourg.com • 31 •


ARCHITECTURE

Photo : 20minutes.fr

QUAIS DES BATELIERS ET DES PÊCHEURS Afin de redonner aux habitants des quais un endroit où ils fait bon de se promener, la ville de Strasbourg entreprend des travaux de réaménagement. Cette zone de rencontre à pour vocation une diminution du trafic routier, offrant donc une meilleur qualité de l’air et de permettre aux riverains et commerçants de se réaproprier les lieux. Adieux routes à 3 voies et trottoirs bien serrés… Bonjour les larges terrasses, le pont flottant de 120m de long, le mobilier pour se reposer, autant de choses qui raviront petits et grands qui pourront se prélasser sur les bords de l’Ill. Rendez vous en 2019 !

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AU FIL DE L'EAU

Photo : pokaa.fr

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ARCHITECTURE

UNE NOUVELLE COOP POUR 2019 La Coop évolue de façon à devenir très bientôt une centralité culturelle, économique et sociale entre les deux rives du Rhin et elle sera prochainement accessible en tram grâce à l'arrêt StarCoop-Petit Rhin.

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AU FIL DE L'EAU

Le lieu est intéressant pour son architecture témoignant du patrimoine historique du XXeme siècle, des vieux bâtiments servant à "l'union des coopérateurs d'Alsace" de lieux de production et de distribution jusqu'au début des années 2000. Aujourd'hui, on peut assister à l'Ososphère, un festival d'art numérique et de musique électronique qui réuni de nombreuses personnes et on peut également y trouver des ateliers d'artistes. Ceci à eu pour conséquence de réaliser des futurs aménagements qui restent dans une dimension culturelle et économique comme la Coop l'a toujours été jusqu'à ce jour. Le projet est réfléchi par l'architecte-paysagiste-urbaniste Alexandre Chemetoff et les aménagements s'adaptent aux divers types de bâtiments présents sur le lieu en fonction de leurs caractéristiques. La Cave à vin, qui s'étend sur 12500m², sert d'espace multi usages pouvant être utilisé en bureau, atelier, lieu d'événements culturels, sociaux-économiques et 8200m² seront utilisés en tant qu'équipement de la ville de Strasbourg. La Virgule, d'environ 4600m², servira d'atelier d'artiste, Fablab et de lieu d'évènements. L'Union sociale de 8200m², qui est un ancien lieu de stockage, servira de lieu d'étude et de conservation des collections des musées de la ville de Strasbourg ainsi que tout ce qui concerne la médiation autour de ses collections. Le Port et Starlette, représentant environ 40000 m², permettront un développement économique des deux rives avec des aménagements dont pourront profiter les entreprises, les salariés et les entrepreneurs. On pourra y trouver des espaces de réunion, de formation, de co-working ou encore des salles événementielles. (par exemple le Kaléidoscope, regroupant des acteurs de l'entrepreneuriat et de l'économie sociale et solidaire) Lieu Eurométropolitain où l'on trouvera des habitats (350 logements), des commerces, des activités associatives et des services de proximités. Tout ceci créera un quartier tissant des liens avec les quartiers à proximité et créant une connexion entre le quartier du Port du Rhin et Kehl. Pour conclure, les aménagements de la Coop laissent présager que ce quartier entre les deux rives va d'autant plus se vitaliser avec ses nombreuses installations culturelles, sociales, économiques qui ne peuvent qu'attiser notre intérêt en tant que futurs architectes. Il va nous falloir attendre 2019/2020 pour pouvoir profiter de ces nouveaux aménagements qui nous réservent certainement de bons moments.

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ARCHITECTURE

Un goût de renouveau pour Fischer Texte : Morgane Garcher

vue sur les jardins partagés

A travers cet article, il ne s’agit pas ici de vous faire un discours sur la villa Fischer de Louis Kahn, seul les intéressés en architecture seront déçus. Parlons d’un vrai sujet de conversion que nous, étudiants à l’ENSAS, nous apprécions fortement ; la bière et pas n’importe laquelle la Fischer un mœurs dans la culture alsacienne et un emblème pour la ville de Schiltigheim. Fondé en 1821, le célèbre Fischermanele petit bonhomme, assis sur un tonneau et buvant de la bière a longtemps été le symbole de la réussite brassicole dans la culture strasbourgeoise. Aujourd’hui celle-ci fait partie des 250 marques de bières que produit le groupe néerlandais Heineken un des plus grand producteur de bières

au monde. Parmi ces marques il y a Desperados, Mort Subite, Tiger et Grimbergen. C’est pourquoi, l’usine Fischer a du migrer au site de production d’Heineken situé dans la banlieue Strasbourgeoise à Schiltigheim. Une des raisons pour laquelle vous avez fais le choix d’étudier à Strasbourg plutôt qu’une autre ville, ne le nier pas votre estime en prendrait un sacré coup. Ainsi, Fischer a laissé derrière elle un terrain d’une superficie de 5 hectares aux portes de Strasbourg. Pendant plus de 6 ans l’ancien site a été mis de côté, à l’abandon. Comment un site aussi emblématique d’une ville, proche du centre ville de Strasbourg a pu rester si longtemps en retrait ?

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ARCHITECTURE

Finalement c’est en 2015 qu’un projet de reconversion est proposé à la ville de Schiltigheim. L’idée est de redonner un nouveau souffle à ce lieu unique, à ce patrimoine brassicole. Il est question de créer un lieu de vie en proposant des commerces et des services. L’histoire de Fischer peut à nouveau s’écrire. Pour réaliser ce projet, la ville avait tenu à organiser un concours d’idées sur le sujet où plusieurs étudiants en architecture ont pu exposer leurs idées et propositions sur le sujet en question. Lors de ce concours associations (de commerçants, de riverains...), collectivités, habitants de la ville, architectes urbanistes, gérant de la Fischerstub ainsi que Jean Marie Kutner maire de Schitigheim et Pascal Sabrié président d’Heineken France ont été présents et ont fait part de leurs attentes.

« La Malterie et le « Männele » font partie des symboles de notre ville, nous ne pouvions pas laisser dépérir ce site industriel, il nous appartient de lui donner une seconde vie en faisant de l’entrée Sud de notre ville l’enjeu majeur de notre mutation. » le Maire Maxime Frayon jeune diplômé de l’École d’Architecture de Strasbourg a eu la chance d’y participer et de faire partager ses ambitions concernant ce lieu : « C’était mon premier concours en tant qu’architecte, je n’avais rien à perdre j’avais tout à y gagner pour la suite de mon parcours. Ce projet de quartier m’a séduit ; il fallait avant tout analyser et remettre en question le site en lui-même. L’enjeu majeur était de garder l’esprit des brasseurs, le côté traditionnel du lieu tout en apportant un bain de modernité. Mon projet était avant tout la rénovation de

la brasserie Fischerstub une institution pour la ville de Schiltigheim et lieu emblématique de la marque Fischer. À travers mon projet, je souhaitais traiter la jonction entre le privée et le public, établir un dialogue avec l’extérieur. Je voulais aller au- delà du restaurant « classique » où on s’y rend juste pour manger un bon petit plat. Avoir toujours cette convivialité tout en apportant un regard nouveau sur la bière. C’est pourquoi, je souhaitais proposer un espace polyvalent aux gens où plusieurs ateliers seraient mis en place autour de l’élaboration de la bière (ingrédients, fermentation, mise en bouteilles...). Ce lieu avant tout de restauration devait faire parti de l’identité du quartier, être un repère pour les gens. Il n’était pas question de proposer ici une brasserie trop novatrice, avec un ou plusieurs patios avec des espaces libres. Il fallait tenir compte de l’authenticité du lieu, qui plaisait beaucoup aux gens mais aller audelà des frontières du quartier, s’adresser à la ville avant tout ; l’idée de la ville dans la ville. »

À la suite de ce concours plusieurs cabinets d’architectes se sont penchés sur ce projet de reconversion. C’est le cabinet parisien Reichen et Robert qui a été sélectionné pour la réalisation de celui-ci.C’est un nouveau départ pour Fischer car le projet propose une approche sociale avec la construction de 34 000 mètres² de logements puis la création d’un groupe scolaire comprenant 12 classes d’une superficie de 5200 mètres ainsi que la réalisation de jardins partagés qui consisteront un « poumon » aux espaces résidentiels. L’idée d’un éco quartier est exprimée ici également par l’application des normes environnementales au sein de l’habitat par la mise en place de panneaux

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ARCHITECTURE

vues des bâtiments conservés

solaires thermiques, de grandes surfaces de baies vitrées avec protection solaire, de toitures végétalisées ainsi que le recyclage et la gestion des eaux de pluie seront une priorité. Le souci de l’impact environnemental est traité ici, également par le choix des matériaux dans les infrastructures. Celui-ci prévoit en plus la conservation de quatre bâtiments emblématiques du site et de la cheminée. Des commerces de proximités seront crées de 5 000 à 6 000 mètres² au total. On pourra y circuler librement en voiture, vélo avec un réseau de pistes cyclables, en transports en commun. Ce qui s’additionne à cette reconversion de Fischer est la création Huit salles de cinéma, avec un espace pour

la réalité virtuelle. Étalé sur 15 000 m2, les 1 200 places de cinéma seront également entourées d’un espace dédié à la réalité virtuelle, d’un restaurant, d’une librairie et même d’un rooftop avec vue sur Schiltigheim et Strasbourg. En effet, la ville va se voir équiper d’un complexe cinématographique, un investissement de l’entreprise parisienne Mk2 basée seulement à Paris.

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ARCHITECTURE

plan du site

Ça sera donc le premier complexe de ce genre là basé en province. Un moment d’évasion à l’autre bout du monde à 15 minutes de l’école grâce à la réalité virtuelle, ça ne vous tente pas ? Aller partir à Bali en un clic !

Un immense merci à Maxime Frayon qui a eu la gentillesse de partager son expérience du terrain et de son projet.

Le projet sera livré au horizon de 2021, ce ieu ne sera pas seulement une cité dortoir pour les gens mais plutôt un espace de vie, un quartier convivial ouvert à toutes les générations à proximité du futur quartier d’affaires du Wacken et des institutions européennes. Un magnifique témoignage de l’histoire brassicole de Schiltigheim.

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EXPOSITION BICHE - ÆNCRAGE -

Texte : Coralie Chenard ∙Photo : Etudiants exposés

Avant de vous jeter à la découverte de l’exposition prenez le temps d’ammarrer sur ces quelques œuvres où les jets d’encres coulent à flots… De noir et de blanc, vous entrez dans les pensées de ce que pour qui AEncrage leur à parlé.

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Lilou Erb

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Robin Le bourhis

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Etnik Ferataj

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Flavio Higelin

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Morgane Buchy, ClEmen Chivot, REmy Gerfaud- Valentin et Anais Chevrier

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- MUSIQUE Chronique: Mathilde Noirot

La musique, cet univers changeant. Un monde en constante évolution, sans attaches. Il s’agit d’un voyage, sans étapes. Un voyage que l’on mène sans jeter l’ancre, sans jamais se fixer en un point unique. Les artistes présents dans cette chronique sont à l’image de ce périple, ils transforment et déforme leur propre matière musicale. Toujours à la recherche de nouvelle expériences, de nouvelles expérimentations, ce sont des musiciens qui nous amènent un peu de fraicheur, et bercent nos oreilles de sonorités d’un nouveau genre.

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MUSIQUE

FLAVIEN BERGER Flavien Berger Paris, 2014. ••• Glitter Gaze, 2014 Mars Balnéaire, 2014 Léviathan, 2015 Contrebande 01. Le disque de Noël , 2015 Réinventer les codes, Transgresser les règles, Transcender les foules. Depuis 2013, Flavien Berger, redonne à l’électro française une vivacité singulière, un charme venu d’ailleurs. Mélodies légères et aériennes, rythmes énergiques et phases languissantes, une voix céleste contant des histoires oniriques. Autant d’éléments qui ensemble compose l’univers particulier de l’artiste parisien, qui apporte une touche neuve et fraiche à la pratique de la musique électronique. C’est avec les deux EP Glitter Glaze et Mars Balnéaire que Flavien Berger se fait une place sur la scène musicale Française. Ces deux microcosmes de trois et quatre chansons chacun, renferment pourtant un macrocosme, vaste et puissant. Celui-ci dépasse le cadre limité du nombre de titres, et s’étend à perte de vue. Il s’étire de note en note, d’un synthé murmurant, à une vague sonore de carillons, tout en suivant les récits psychédéliques contés par la voix douce du musicien. Les mélodies vaporeuses happe l’auditeur pour un voyage intersidéral, loin, très loin du connu et du commun. Suivra ensuite une longue épopée, avec la sortie de Leviathan, le premier album

sortis en 2015. Flavien Berger démontre alors pleinement sa maitrise d’un univers sonore riche et ample, teinté d’une infinité de nuances. Un univers unique, personnel, et travaillé jusqu’au moindre détail. Léviathan se déploie dans des tonalités plus sombres que les deux EP qui le précèdent. Il se construit presque dans une dimension mystique et sacrée, où les mélodies semblent vouloir entrainer l’auditeur dans un long périple spirituel. Le deuxième album qui suivra, merveilleusement titré « Contrebande 01. Le disque de Noël », tracera quant à lui, un voyage qui ressemblera un peu plus à Mars Balnéaire. Les mélodies quittent la noirceur du Léviathan, et retrouvent leur légèreté et leur insouciance d’antan. Les ambiances sonores se font à nouveau délirantes, de la folie et du rêve à n’en plus finir. Le tempo vous entraine. Les beats Kraftwerkiens, donne la mesure. Une voix sensuelle et douce compose des images rêveuses et délirantes. Tout semble flotter dans une douce apesanteur, dans un songe sans début ni fin, dans une aventure étincelante de sonorités et de multiples évocations.

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MUSIQUE

Après un silence créatif de trois ans, Flavien Berger revient sur le devant de la scène avec un titre qui sent la fraicheur du printemps, et la douceur du soleil qui finalement retrouvera sa place dans nos vies. Arco Iris, sortis le 20 Février dernier et réalisé en collaboration avec Etienne Jaumet (saxophone), est une version légère et joyeuse du monde sonore de Flavien. Bercé par sa voix suave, susurrant des mots doux en espagnols, le nouveau titre se déroule tout en rondeur et volupté. Toujours égal à lui-même, toujours fidèle à son cosmos inventif, Flavien Berger reste capable de l’emmené où bon lui semble sans en perdre l’essence première. Sa musique est un voyage sans attaches, sans ancrages. Un voyage libre dans un monde électrique, harmonieux et infini.

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MUSIQUE

Photos : Andrea Montano • 51 •


MUSIQUE

YAEJI New York, 2016 ••• EP2, 2017 Yaeji. 2017

Une voix douce, comme celle d’une enfant. Un murmure envoutant. Des paroles caressantes, susurrées à votre oreille. Sur un fond de deep house. Voilà le mélange propre à Yaeji. Un mélange qui séduit en un instant, par sa singularité et par sa délicatesse. De vrai nom de Kathy Lee, la coréenneaméricaine de 24 ans, n'a sorti que deux EP au cours de l’année 2017, mais il ne lui en faudra pas plus pour effectuer une première percée d’envergure dans la sphère musicale. Avec seulement une dizaine de titres, Yeaji a su charmer le monde électro et bien audelà. Son profil particulier et l’univers qui en découle ont fait de ses créations des petits bijoux sonores, atypiques et attirants. "I live in this weird in-between world of notpop and not-quite-dance. It really reminds me of growing up," she says, "how in Korea I was an American, but in America I was Korean." Oscillant entre deux univers, entre deux origines, entre Corée du Sud et Etats-Unis, entre électro et hip-hop, Yaeji s’est construit un univers se jouant des frontières et des limites. Elle les utilise et les manie pour créer un ensemble charmeur et envoutant. Quelques mots en Coréen, puis quelques phrases en Anglais. On se surprend soudain à fredonner des paroles dont on ne sait pas la signification, mais qui restent ancrées dans nos oreilles.

La signature de Yeaji, c’est cet entre-deux constant, ce jeu d’aller et de retour entre les styles musicaux, entre différentes ambiances, entre des langues qui n’ont rien en commun l’une avec l’autre. C’est un petit monde fluctuant, qui semble s’amuser des possibilités qui s’offre à lui. Sa deuxième signature, ou plutôt son signe distinctif, c’est sa voix. Sa voix calme et suave, et les histoires qu’elle raconte. "I try to capture these temporary or fleeting experiences, like memories and feelings," Les paroles sont abstraites, et ne semblent pas établir de suite logique. Mais elles racontent néanmoins une histoire, celle d’émotions et de sensations. Yaeji se plait a imagées ses mélodies de manière poétique, par de multiples évocations et allusions. "Since my approach is already so abstract," she explains, "I can focus on the phonetics and the textures of the words, the way the repetition gets a certain feeling across, rather than trying to tell some kind of story." Témoignage de Yeaji tirés de l’interview de Max Pearl pour Resident Advisor : https://www.residentadvisor.net/features/3121

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MUSIQUE

DJANGO DJANGO David Maclean, Vincent Neff, Jimmy Dixon et Tommy Grace. Londres, 2009. ••• Django Django. 2012 Born under Saturn. 2015 Marble Skies. 2018

EN CONCERT LE 12 MARS LA LAITERIE Le quatuor écossais à la musique la plus enthousiaste de ces dernières années réapparait en Février avec un nouvel album nommé « Marble Skies ». Tous les éléments qui composent Django Django sont là : les synthétiseurs vintages, les basslines disco rebondissantes, le fausset du chanteur Vincent Neff. L’album s’écoule sur une dizaine de titres, tous plus énergiques les uns que les autres. Il y a du mouvement, une grande dynamique, de l’audace, mais peut-être aussi, la perte d’un certain caractère. Bien que l’on retrouve la fibre particulière du groupe, on s’en bien que quelque chose a changé. Après Born under Saturn, que l’énergie cosmique de Django semble s’être déplacée, et avoir pris une direction nouvelle. Le temps de la chanson-titre qui ouvre ce nouveau disque, on confondrait presque Django Django et Duran Duran, l’option synthpop régressive étant visiblement inscrite dans les bacs 2018. Des petits airs de post –punk donc, des petits vagues discos par moment, tout cela dans un ensemble très propre, travaillé et cadré. Et c’est peut-être ici que se situe le manque que l’on ressent à l’écoute de Marble Skies.

Les sonorités sont comme lissées, elles semblent avoir perdu la texture parfois imparfaite qui en faisait des sonorités Django. Le résultat offre un album rangé sur une note pop qui n’est pas désagréable, mais qui semble avoir éclipsé l’éclectisme de leur production electro-psych-rock. C’est ce que l’on peut percevoir sur leur deuxième morceau "Surface to Air", une collaboration vocale avec Rebecca Taylor (Slow Club). Le titre développe des sonorités et des percussions influencées par le dancehall, la pop-tropicale, beach-music, post-Rihana, tant et tant entendue ces deux dernières années. Petite déception donc, pour ce troisième album, mais l’évolution du groupe veut qu’on ne puisse plus retrouver le bricolage, les imperfections des débuts, et leur sonorités originales et excitantes. Néanmoins Django semble tout de même lutter pour rester Django, en livrant un bel objet, léché et travaillé, dans lequel on retrouve l’énergie et la dynamique du groupe. Marble Skies n’a peut-être pas les couleurs que l’on attendait, mais il n’en reste pas moins un ciel marbré aux teintes éclatantes et entrainantes.

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REGARDS COUPABLES

Texte : Mathilde Noirot, Elise Duno. Photo : Ren Hang, Mrzyck & Moriceau, Marie Magnin • 54 •


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Madrid, la nuit. Il est environ trois heures du matin, ou peut être quatre. Sortie d’un club, l’air est moite, chaud. A la douceur du vent nocturne, on peut sentir que le printemps arrive. Déjà. Cela fait environ vingt minutes qu’on est sortis de la boite. Assis sur un pas de porte, une bière à la main, une clope qui se consume doucement, nous étions là, contents de notre soirée, et décidés à la terminer tranquillement. J’aime bien nos fins de soirée. On reste toujours les mêmes, trois potes, moins fatigués que les autres. Mais cette fin de soirée-là a pris un cours différent des autres. La quiétude n’a duré qu’un instant. Sans se soucier des autres, il approche. Il m’appelle de loin, et roule des épaules. Il effectue son approche avec lenteur, en continuant avec ses « baby, eh baby ! ». Je soupire. Je me dis qu’il a dû boire une bière de trop. Il est maintenant à côté de moi, il s’abaisse à ma hauteur. Il n’a pas l’air saoul. « Que haces con estos? Que te pasa, no te gustan los hombres? Los verdaderos? ». (* “Qu’est-ce que tu fais avec eux? Qu’est-ce que t’as, t’aime pas les hommes ? Les vrais ? ») Evidemment personne ne réagit, mes deux amis laissent glisser l’attaque. Il les regarde d’un air dégouté, crache par terre. Il passe son bras par-dessus mon épaule, caresse ma nuque. Je me dégage. « No, no me gustan. No los que son como tú ». *« Non, non j’aime pas les hommes, pas ceux comme toi. » « Sé que quieres venir conmigo. Te ensenare como hacemos nosotros. » *« Je sais que tu veux venir avec moi. Je te montrerais ce que font les vrais. » Je l’ignore. « Ven, que te quiero follar.” *« Allé, viens je vais te baiser. » Sa main se pose sur ma cuisse. « Go fuck yourself. Literally. Go fuck yourself. » . A ce moment-là je ne sais plus quoi faire. Je suis stressée, énervée, et je ne sais pas comment le faire partir. Mes insultes semblent lui passer par-dessus la tête. Un de mes amis se redresse, fait mine de se lever. L’autre le regarde. Je le repousse encore. « No estoy interesada, veta a la mierda. Que te crees, que puedes tener todo lo quieres? Asi? Jodete! ». *« Je suis pas intéressée, va te faire foutre. Qu’est-ce que tu crois, que tu peux tout avoir ? Comme ça ? Je t’emmerde putain !». Le type finit par se relever. Sa main lâche ma cuisse. Il nous insulte, me dis que je n’ai rien compris. Et évidemment que je vais le regretter. Bonjour la scène de film. • 55 •


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Curieusement, rien de tout ça ne m’a étonné. Ça m’a angoissé, et mise hors de moi, mais non, ça ne m’a pas étonné. On a discuté de ça pendant quelques minutes ensuite, avec mes deux amis, un peu choqué par ce qui venait de se passer. Pourquoi plus personne ne s’étonne, pourquoi ça parait normal de traiter quelqu’un comme ça ? La fatigue et la fin de nos bières éteignent rapidement la soirée. Chacun part de son côté. Je me sens encore nerveuse. Je marche vite, je commence à avoir chaud. « Eh baby, que bueno que estés aquí. » *« Eh bébé, c'est cool que tu sois là. » Sueur froide dans le dos. « Vete a la mierda.» *« va te faire foutre ». J’accélère. Il me rattrape, saisie mon bras. « VETE A LA PUTA MIERDA ». Je hurle. Tout me semble tellement silencieux. Les rues, la ville, ma voix qui se perd dans l’obscurité. « Vente » *« Aller, viens» Il m’attire. Je me débats. « Jodete ! ». Une silhouette passe au bout de la rue. L’emprise sur mon bras se relâche. Je parviens à me dégager et je cours vers la silhouette. Arrivé à sa hauteur, je ralentis. La sueur perle sur mon front. J’ai des larmes dans les yeux. La silhouette me dit quelque chose, et je réponds automatiquement « Todo bien. » *« tout va bien » Je ne sais plus trop comment je suis arrivée chez moi. J’ai refermé la porte brusquement. Pendant ce court instant, ces dix secondes intenses, j’ai vu ce qui aurait pu se passer juste après. J’ai senti sa force, et j’ai compris ma faiblesse. J’ai compris que je n’aurais pas pu le repousser. J’ai pleuré. Mathilde Noirot

Étant plus jeune, je ne comprenais pas pourquoi ma grande sœur s’énervait sur des hommes dans la rue. C’est seulement quand je l’ai vécu à mon tour que j’ai compris ce qu’il se passait : du harcèlement de rue. Me faire siffler parce que j’ai mis une robe. Me faire interpeller par un gamin de 12 ans qui me demande si je veux coucher avec lui. Mettre un jean plutôt qu’une jupe car je rentre seule la nuit. Une multitude de situations qui influencent quotidiennement mon comportement et mes tenues. J’ai l'impression qu’il faut le vivre pour comprendre ce que ça fait d’être prise à parti uniquement par le fait d’être une femme. Autrement dit pour ce que je suis. #DésoPasDéso, mais je ne peux pas le changer par un claquement de doigts ! Cette sensation d’être prise pour un objet par quelqu’un qui m’est égal, ça me semble invraisemblable, et pourtant il semblerait que ce soit devenu banal, et franchement ça me révolte. Le non-respect de l’autre c’est le fond du problème à mon avis. C’est pourquoi quand je suis victime de harcèlement je me demande toujours « putain il a été éduqué où ce con ? ». C’est en parlant avec des amis que je me suis rendu compte que certains ne comprenaient pas ce qui était si traumatisant dans ces situations. L’ampleur de ces situations est difficilement compréhensible quand elles ne sont pas vécues. On peut alors partir dans de grands débats sur le fait de prendre ses congénères pour des objets ou simplement se poser la question suivante : quand tu es dans la rue de quoi as-tu envie ? Aller et venir sereinement ou bien te faire interpeller seulement parce que tu es toi, un être humain respirant ? Elise Dunot • 56 •


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ÇA M’A TOUCHÉ, MOI AUSSI. Chacune d’entre nous a sa définition du harcèlement sexuel. Ça peut être un rien, une phrase, un regard, un sifflement, un geste déplacé, comme ça peut aller plus loin. Beaucoup plus loin. Cette définition varie en fonction des personnes, en fonction de la délimitation que l’on trace entre chacune de ces approches. Pour beaucoup, un geste et un mot ne représentent pas la même chose, pour d’autres, l’atteinte est la même, elle vous touche de la même manière. L’attaque n’est pas la même selon les limites et barrières que chacun érige autour de soi. Certains mots glissent sur nous, comme sur une surface polie, sans aspérité ; et d’autres arrivent à trouver un creux, un espace où

entrer. Personne ne réagit de la même façon, certaines ont une force innée, un courage sans faille, ou peut être parfois un détachement de soi, la capacité de prendre du recul, de passé outre ce sifflement entendu au coin d’une rue. Mais peu importe la réaction de la personne en face de soi, personne ne peut se permettre de franchir la limite qui sépare l’être humain d’un objet. Le harcèlement sexuel est harcèlement dès lors que la limite du personnel et de l’intime est franchie, dès lors qu’il y a atteinte à la décence et au respect de l’autre. Cette frontière est présente et tangible, chacun la connait, et pourtant nombreux sont ceux qui choisissent de l’ignorer. Assouvir un désir individuel et irrépressible sur une autre personne, représente la décision d’aller contre la volonté de l’autre, le choix délibéré de fermer les yeux sur l’entièreté de la situation et sur ce que représente l’autre.

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Pour une énième fois, la réalité de ces circonstances a été exposée au monde. Mais cette fois-ci, la nouvelle ne venait pas de la voix d’un présentateur de JT rapportant un fait divers de plus se noyant dans la masse. Cette fois, la vérité a été portée par la voix des femmes. Les mots ont été martelés, les hashtags alignés, les révélations accumulées, la parole libérée. Pour tout lancer, il a fallu que quelqu’un parle, qu’enfin quelqu’un dénonce. Evidemment, il a fallu que cela vienne d’en haut, des hautes sphères, des symboles que l’on ne touche pas. C’est seulement quand ce monde a été atteint que la détonation a retenti. Les masques sont tombés, et avec eux l’épais rideau de velours que l’on avait tiré sur ces innombrables situations. L'affaire Weinstein a résonné et ébranlé l’univers Hollywoodien avec force. Elle a aussi secoué le reste de la société, elle nous a secoué, nous. Cela a produit une onde de choc, une décharge électrique, de celle qui vous terrasse, qui vous fait trembler à l’intérieur. C’était comme une claque en pleine figure, à laquelle vous vous attendiez, mais qui vous a réveillé, au plus profond de vous-même. Le vrai visage de cette sombre réalité, était apparu au sein d’une sphère qui semblait intouchable, un monde préservé, sécurisé. Cela signifiait donc qu’il pouvait être partout. Partout. C’était donc cela, le seul fait d’être femme, peu importe qui, où et comment, prépare et prédispose directement à certaines avances et plus si opportunité. Ces relations entre masculinité et féminité, et du pouvoir obligatoire de l’un sur l’autre est un problème incroyablement enraciné dans les fondements de notre société. La condition d’être sexuellement opprimée semble être la condition propre aux femmes. Si certaines situations sont plus médiatisées que d’autre,

certaines plus graves que d’autres, certaines plus violentes que d’autres ; il n’en reste pas moins que le harcèlement est là, intégré et admis, et pour beaucoup, ancré dans le quotidien.

Le harcèlement sexuel a de multiples visages. Le viol. Un mot érigé au statut de banalité. Un acte de plus, un mot de plus qui ne perturbe plus personne. Au fond, qu’est-ce que cela représente ? Un crime comme les autres ? Un vol à l’arraché dans le métro ? Un viol dans le métro ? Y a-t-il une différence ? L’œil, et l’oreille se sont habitués à ce mot, tant répété. Mais est-on sûr de savoir de quoi l’on parle ? Est-on sûr de savoir ce que représente ce mot ? Le viol est la réduction à néant d’une personne. Le viol est la violence pure, d’un être humain sur un autre être humain. Le viol est l’acte irréversible qui éradique toute notion touchant à un semblant d’humanité. Irréversible. Le viol c’est cette scène de film de Gaspard Noé, devant laquelle on reste immobile, tétanisé, une sueur froide coulant lentement dans le dos. C’est l’horreur d’une vie, pour dix minutes d’un plaisir malsain et individuel.

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La violation du corps, est aussi celle de l’esprit. Il y a eu comme un silence, un malaise, face à toutes ces déclarations, face à tous ces signes dièses répétés, superposés, accumulés. On ne savait plus s’il fallait se réjouir de cette parole enfin libérée, de cet élan fort et puissant, grandissant ; ou s’il fallait s’en inquiéter, s’alarmer de son envergure justement, de son étendue sans limite, gagnant du terrain jour après jour. Des questions préoccupantes ont fait surface. Jusqu’où s’étend le problème ? Combien sont-elles à avoir subis ces agressions ? Comment avons-nous fermé les yeux sur un phénomène de cette ampleur ? L’horreur a vite remplacé le sentiment heureux de la libération et de la révolte. Le mouvement #metoo avait désormais mis a nus la violence de la réalité. Mais quelle réalité ? Dans les esprits, le harcèlement sexuel a revêtu l’image unique de la pénétration. Mais le viol c’est aussi celui de l’intimité, de l’espace personnel, du respect et de l’estime de soi. C’est la profanation de l’espace sacré qui nous compose, là, au plus profond de nous. L’impact de la violation va alors au-delà de l’acte physique, il est vaste et s’étend bien plus loin que ce qu’on peut imaginer. « Avant le mouvement #metoo, je ne me concevais pas moi-même comme une victime de harcèlement, n’ayant heureusement jamais eu à souffrir d’agressions graves. Et puis, j’ai réfléchi. J’ai repensé aux innombrables fois où j’avais hésité devant mon armoire, en me demandant si tel ou tel vêtement ne m’exposerait pas à des

remarques désagréables ; à l’angoisse qui m’habitait souvent lorsque je rentrais chez moi le soir et que j’entendais des pas se rapprocher derrière moi ; à l’homme insistant qui m’avait suivie au volant de sa voiture, dans une rue sombre, me proposant de monter ; à tous ceux qui, parce que je ne répondais pas à leurs « compliments », m’avaient traité de « pute », de « salope », de « truie » ; à tous ces moments dans le métro où j’ai senti quelqu’un se frotter contre moi : « Suis-je paranoïaque, est-il vraiment trop près ? Si je me décale de quelques centimètres et qu’il se décale aussi, c’est oui, sinon, c’est non… Si je sens une érection, c’est oui, sinon, c’est non. Si je parle, ne vais-je pas me ridiculiser ? Passer pour une folle ? » À la colère et la frustration parfois de ne pas avoir su réagir, aux regards lancés autour de moi pour voir si quelqu’un avait remarqué. Au soulagement de sentir, une fois mes enfants nés, que mon statut de mère, quand j’étais avec eux, me protégeait. » Alice Béja, enseignante titulaire à Sciences Po Lille, Rédactrice en chef de la revue Esprit. Oui, le harcèlement sexuel revêt de nombreuses apparences, qu’il faut prendre en compte. Cependant, le grand problème du mouvement #metoo est sans doute de confronter l’horreur d’un viol à une agression verbale dans la rue. Sans chercher à les placer sur le même plan, il rapproche néanmoins deux souffrances différentes, qui n’ont pas le même impact sur les victimes. Mais qui peut dire où commence et où s’arrête le harcèlement ? Doit-on taire un harcèlement parce qu’il n’est pas arrivé jusqu’au viol ? Doit-on dissimuler les attaques mineures ? Doit-on passer sous silence les mains qui se glissent dans l’intimité ? Doit-on oublier les mots suaves et aveugles, les appels sifflants et les insultes ?

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Cette catégorisation de l’agression, est un des éléments qui provoque une culpabilisation de la victime, qui se demandera s’il est vraiment nécessaire d’en parler puisqu’après tout il ne s’est « rien passé ». Oui, on arrive finalement à se convaincre que ce n’est rien, que ce n’est pas si grave. Je me suis dit ça pendant une semaine à Madrid, avant d’oser parler de ce qu’il c’était passé. C’est une situation difficile, on ne sait pas vraiment comment aborder le sujet, comment se positionner : suis-je victime ? rescapée ? combattante ? révoltée ? meurtrie ? J’ai presque eu l’impression d’accuser, de lyncher. J’ai même ressenti de la culpabilité. «Après tout rien ne s’est réellement passé. » Le processus d’humiliation est tellement fort, qu’il pousse à se remettre en question, à se sentir coupable, mal à l’aise. Il faut alors surmonter cette humiliation, et

aller au-delà du tabou. Car tabou, oui, il y a. Personne ne veut voir la réalité en face, personne n’aime entendre les histoires qui dérangent, et observer l’inhumanité de l’être humain. Et surtout, très peu de personnes considèrent ces agressions comme du harcèlement sexuel. C’est au travers de ce genre de situations que je me suis très clairement rendu compte à quel point Le pouvoir que nos sociétés exercent sur le corps des femmes et sur leur esprit est puissant. « Il n’est plus, dans la plupart des sociétés occidentales, le fait de lois explicitement dirigées contre les femmes, ou visant à restreindre leurs droits, mais se déploie dans les représentations et dans les pratiques sociales. Un réseau de normes, de comportements, d’attentes, sépare encore les hommes des femmes, et donne pouvoir aux uns sur les autres. » A.BEJA

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Il faut aller au-delà de ces normes, et de l’autocensure qu’elles impliquent. En tant que femme, ces phrases, ces interpellations, sont des actes qui deviennent quasiment quotidiens, que l’on trouverait presque banal, et anodin. Anodin à tel point que très peu de femmes seront amenées à en parler, et dont la plupart des hommes ignorent l’existence. Personne n’en parle. Certains hommes n’ont pas conscience que ce fait peut être quotidien, répété semaines après semaines et jours après jours. Si personne ne considère le harcèlement sexuel verbal comme une véritable agression, peut-on s’imaginer un seul instant le poids que représente ces altercations répétées, et la fatigue d’ignorer, ou de répondre et se défendre constamment. Beaucoup de femmes partagent un sentiment d’impuissance et d’impatience, au regard de ces situations. Chose totalement compréhensible étant donné le poids de l’oppression et de la réification endurées par les femmes qui, jusqu’à tout récemment, se sentaient totalement ignorées. Récemment les choses ont changé. Les mouvements #balancetonporc et #metoo ont donné suite aux frasques Weinstein ont donné suite aux, aux visées légèrement différente, mais dont l’objectif général restait le même : parler. Extérioriser ces faits omniprésents, pesants, et blessants. C’est dans la révolte et le dégout que balancetonporc a trouvé sa force. C’est dans ce sentiment d’incompréhension, et d’impuissance, que le mouvement metoo a puisé son énergie. A eux deux, ils ont permis d’avoir un regard général sur nos sociétés, sur ce qu’il s’y passe en dedans, là, bien dissimulé. « Pour la première fois, les hashtags #metoo et #balancetonporc, qui ont permis de dénoncer massivement les violences sexistes et sexuelles sur les

réseaux sociaux, se sont matérialisés en chair et en voix. » Justine Martin, journaliste pour Vice. Ces mouvements constituent une prise de parole forte et déterminée, qui ne représente pas une vengeance pour autant. « Le but n’est pas d’assimiler tous les hommes à des harceleurs ou des violeurs en puissance. Elle est d’abord nécessaire à celles qui témoignent, à celles qui se retrouvent dans ce qu’écrivent les autres ; elle établit une communauté de parole et d’expérience. Elle est ensuite nécessaire aux autres, à celles et surtout à ceux qui ne voient pas ces violences, les minimisent ou en sont les auteurs. » Alice Béja Le mouvement #metoo a sans doute été celui qui a permis de briser la glace, celui qui, dénué d’esprit revanchard, affirmait les faits, dans une mise à nue d’une force transcendante. C’est son honnêteté qui a fait sa force, il ne donnait ni nom, ni visage, sinon celui du phénomène. Que les réfractaires criant à la délation et à la méfiance d’un retour de l’année 1939 « où tout le monde dénonçait tout le monde » se ravise donc. Le mouvement ne vise pas à signaler et accuser des noms en particulier, la très grande majorité des posts twitter, facebook, ou des manifestations qui ont eu lieu par la suite n’indique aucun nom. Cela montre simplement la réalité des actes et la violence ressentie. Metoo fait prendre conscience que ces faits sont partout, autour de nous, d’une proximité effrayante. Il révèle la probabilité de l’acte, qui vous fait soudainement réaliser que « ça n’arrive pas qu’aux autres ». Il révèle aussi le vrai visage de cette confrontation, une confrontation qui est omniprésente, dans le quotidien, au travail, au supermarché, au lycée, mon voisin, à la fac, mon patron, un inconnu, dans

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un parc, dimanche dernier, mercredi, il y a deux semaines, vendredi prochain. Vendredi prochain. Dans l’ambivalence des déclarations, et de l’usage du hashtag, #metoo a finalement trouvé une force supplémentaire : celle de la spontanéité. Rien n’avait été organisé, il n’y avait pas de structure, ni de plan fixé. Seul le fait de s’exprimer comptait. " If all the women who have been sexually harassed or assaulted wrote "Me too" as a status, we might give people a sense of the magnitude of the problem”. Il n’y avait pas de consignes précises d’usage, il n’y avait pas de catégorisation. Le mouvement est resté ouvert jusqu’à la fin, proposant de parler des situations auxquelles toutes avaient pu être confrontées, proposant de révéler le nombre de femmes sexuellement harcelées ou agressées. «Cette prise de parole devient prise de conscience ; elle ne remplace pas la justice, dont on sait par ailleurs combien elle peine à agir dans ce domaine. Elle ne remplace pas d’autres paroles, prononcées en faceà-face, avec des ami-e-s, des proches, un-e thérapeute. Elle ne cherche pas, comme on l’a entendu, à mettre sur le même plan un « Vous êtes très jolie » prononcé dans la rue et un viol. Au-delà de l’émotion, de la souffrance partagée, les témoignages, par leur diversité même, dessinent un système, un fait social, qui se manifeste de mille manières, incomparables, mais qui toutes entretiennent l’idée que, parce qu’une personne est une femme, on a le droit de l’apostropher, de la toucher, de la considérer comme un objet. » Alice Béja Certes, ce n’est pas par la création et la publication d’un hastag que ces violences s’arrêteront soudainement. Cependant, cela

représente une arme de notre temps, qui a le mérite d’exposer et révéler, de crier au monde la réalité de l’envers du décor, de ce qui se trouve en coulisse, de ce qui est tu. #MeToo a finalement fourni le moyen de briser le silence et de transformer les injustices vécues en quelque chose «qu’il faut combattre au lieu de subir», En résumé il a transformé la victimisation, ce qui a des conséquences politiques. Comme l’a écrit James Baldwin : «La victime qui est capable d’exprimer clairement la situation de victime, cesse d’être une victime: il ou elle devient une menace.» La seule tristesse de la situation est qu’il faille en arriver à un « #Metoo, plutôt qu’a un #Noneverme ». Libby-Jane Charleston, Rédactrice adjointe pour le HuffPost australien

Cachez ce sein que je ne saurais voir. Que l’on abatte les théories sur cette insurrection, part de la spirale infernale et malsaine du féminisme évidemment, et sur leur rôle destructeur, dans notre société. Ce n’est pas être féministe que de lutter pour le respect de tous et de toutes. « J’ai compris alors que #MoiAussi. Et que raconter, dénoncer ce système, se dire victime, ça n’est pas renoncer à son pouvoir, au contraire. Les victimes ne sont pas nécessairement passives, exclues du champ politique, renvoyées à une forme de compassion individuelle. Reconnaître un système de pouvoir et d’oppression, c’est pouvoir le dénoncer, et c’est aussi s’engager à le changer. Le problème a un nom ; ça n’est

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qu’un premier pas, mais cela nous permet au moins de crier. » A.BEJA Le problème plus vaste que soulève ce phénomène et l’oppression constante des femmes par les hommes, est celui du rapport entre les genres, profondément ancré dans nos sociétés et nos mœurs. Cette relation d’opposition, établit un schéma de pouvoir exercé par un genre sur l’autre, répercuté et reproduit par tous les membres des groupes auxquels nous appartenons durant notre vie. « Si le sexe est assigné à la naissance, sur la base du sexe biologique, inscrit l’individu dans une trajectoire de vie qui l’amènera à se développer en tant qu’homme ou femme, il ne suffit pas à lui seul pour rendre compte de ce développement sexué. On devient femme ou homme par le jeu de la socialisation, thèse développée par Simone de Beauvoir […] Ainsi, par l’intégration des rôles de sexe,

la socialisation fait d’un male un homme, et d’une femelle une femme. Entre biologie et socialisation, entre l’inné et l’acquis, le développement de l’individu semble tout tracé. » C’est cette construction sociale, introduit subtilement la notion de pouvoir d’un sexe sur l’autre, d’un genre sur l’autre. Ce devenir obligatoire des sexes et le rapport de force qui en résulte, pousse les femmes à se hisser à la hauteur de l’homme, comme il a poussé Diane tell à le chanter. Le féminisme est né pour palier ce rapport de force inégal, dans une tentative révoltée de trouver l’égalité qui pallierait l’injustice de cette relation d’influence. Mais la confrontation existera toujours, et avec elle, ce rapport de force, reconnu et intégré par les genres. Pour comprendre la femme comme l’égal de l’homme, il faudrait alors dépasser la culpabilisation du genre féminin,

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et sa quête d’être égale à l’homme, pour se diriger vers une redéfinition du masculin. la femme doit sans cesse être à la hauteur de l’homme, les deux genres doivent être égaux par une redéfinition de leur signification et de leurs caractéristiques. Il faut donc se diriger vers une redéfinition du genre masculin, avec pour objectif de placer les deux genres sur un NOUVEAU pied d’égalité mutuel et partagé. Comprendre et redéfinir l’homme en pleine évolution et sa masculinité, permettrait une reconsidération totale de son rapport au genre opposé, et redéfinirait donc le rapport des hommes aux femmes, et inversement. Plus largement, la société et les groupes dans lesquelles nous évoluons, disent et définissent, définissent et établissent, établissent et dirigent. Tout cela nous indique une marche à suivre, nous cadre sur une norme dont il ne faut surtout pas s’éloigner. Cela nous pousse à nous définir, selon les caractéristiques considérées comme majeur. Nous nous définissons par exemple constamment par rapport au travail, à ce que nous faisons dans la vie. Il s’agit quasiment de la première question que l’on pose à quelqu’un d’inconnu, et qui nous permettra d’établir une représentation de la personne rencontrée, en la catégorisant dans tel ou tel groupe. « Et toi, qu’est-ce que tu fais ? ». C’est un aspect plus qu’important dans nos vies, qui déterminera notre groupe de relation, et notre niveau de socialisation. Généralement, s’il ne convient pas à la norme, il y a exclusion. En fin de compte, notre chemin est tout tracé, en fonction de ce que la société attends de nous, si nous sommes hommes, ou femmes, issu de bonne famille, fils et fille « de », émigrés ou voyageurs, amateur de peinture, ou fin joueur d’échec. Avant que l’on puisse s’en rendre compte, nous sommes gentiment

poussés dans des cases, où il nous faut alors endosser le rôle pour qui nous a prédisposés. Nous sommes finalement tous influencés par les attentes du groupe, par ce qui est définis comme la « norme », par la conduite et l’attitude des autres, et par leur regard. Ce sont des influences dont on ne peut se défaire…Mais que l’on peut nuancer. Ce sont des dictats qui peuvent évoluer, si l’on s’attarde un instant, si l’on prend le temps de les regarder autrement. Il ne tient qu’à nous de faire évoluer nos propres rôles, de changer les cases dans lesquels on nous a placés. Nous avons la force et le pouvoir d’évoluer, de reconsidérer ce qui est établit, de remettre les choses en question, pour apprendre, comprendre, et avancer.

Mathilde Noirot

Sources : Gaspard Noé, "Irréversible." Alice Béja, "Moi Aussi". http://www.esprit.presse.fr/actualites/alice-beja/ moiaussi-575 Jean-Marc B., "Etats-Unis. La puissance de la campagne #MeToo" https://blogs.mediapart.fr/jean-marc-b/blog/131117/ etats-unis-la-puissance-de-la-campagne-metoo

Justine Martin https://www.vice.com/fr/article/j5j5jk/voici-lesvisages-du-mouvement-metoo

Libby-Jane Charleston http://www.huffingtonpost.fr/libby-jane-charleston/ pourquoi-je-ne-veux-pas-reprendre-le-hashtag-metooalors-que-j-ai-moi-aussi-ete-victime-de-harcelementsexuel_a_23248744/

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CHRONIQUE MOBILITÉ ET ERASMUS - Témoignage des étudiants pour l'erasmus 2017-2018 Texte : Alix Gelabert

Partir en ERASMUS … ça fait rêver non? Après avoir rendu leur candidature en février, des étudiants friands de voyages et de déouverte, attendant patiemment leur entretien de motivation ou préparant intensivement leur CLES, répondent à nos questions. Où partir? Comment choisir sa destination et son université dans les nombreux partenariats de l’ENSAS ? Mais avant petit rappel, l’Ensas propose … destination en Europe en L3 et … destination pour les

mobilités hors Europe de M1, sans oublié les deux doubles diplômes francoallemand et le double diplôme franco-chinois. Cette années ce dernier entre en tête de liste des candidatures déposées, très vite suivi par des destinations comme le Québec en M1 ou Milan en L3! Mais d’autres destinations nous attendant dans les pays les plus inattendus, la Hongrie, la Slovénie, le Portugal et bien sûr l’Allemagne. La parole est aux étudiants!

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-Pourquoi partir un an à l’étranger? Je souhaiterais partir à Milan. Pourquoi ? Je considère cette année comme un nouveau départ, un moyen de voir de nouvelles choses, de devenir toujours plus indépendant, de se créer […] tout en ayant accès à des connaissances qui ne nous seraient pas données en temps normal sans échange interculturel, sans voir une autre façon de travailler… (AnneBRECHENMACHER) J’ai toujours aimé voyager et découvrir d’autres pays, leur culture, leurs coutumes, leur vision des choses sans jamais avoir eu l’occasion de partir pendant une longue durée, c’est donc la bonne occasion! (Constance PORTIER) J’ai choisi de partir à Budapest. Je pense que partir un an à l’étranger peut être non seulement bénéfique pour améliorer son niveau de langue (en anglais) mais aussi, culturellement . (Julia MATHULIN) Selon moi l’enseignement de l’architecture ne peut pas s’envisager dans un unique lieu. Je pense qu’il y a beaucoup à apprendre de la manière de transmettre un enseignement et un savoir architectural dans une autre université, et encore plus dans un autre pays. (Agathe ZUBER) Il y a certains enseignements qui sont proposés à Québec que tu ne trouveras pas à Strasbourg (ni dans le reste des ENSA) dont quelques uns qui seront nécessaires à mon projet professionnel. (Simon WALTER) Je souhaite partir à Stuttgart, en Allemagne, pour découvrir une nouvelle manière de penser la conception architecturale et

profiter du cadre d’étude offert par un pays étranger (relation professeurs élèves non hiérarchique). (Salomé NICOL) Je désire partir en Hongrie à Budapest. Pour améliorer mon niveau d'anglais, surtout à l'oral mais aussi pour découvrir un pays que je ne connais pas et m’imprégner de sa culture (Sarah PASQUET)

-Qu’est ce qui t’a fait choisir cette destination? (, la ville, le pays …) L'école est tournée vers le patrimoine avec la possibilité de prendre en L3 des laboratoires directement tournés vers la réhabilitation de monuments classés, la restauration... et c'est le domaine qui m’intéresse ! (Anne BRECHENMACHER) J’ai toujours aimé voyager et découvrir d’autres pays, leur culture, leurs coutumes, leur vision des choses sans jamais avoir eu l’occasion de partir pendant une longue durée, c’est donc la bonne occasion ! Et partir pendant les études me permettrait d’en apprendre plus sur d’autres méthodes d’enseignements et améliorer mon anglais. (Constance PORTIER) J’ai toujours été attirée par les pays de l’Est et n’ayant jamais été à Budapest je pense que c’est l’occasion de connaître une autre ville européenne. (Julia MATHULIN) On m'a dit que du bien de cette ville, les gens y sont ad-o-r-a-b-l-e-s, la région est d'une splendeur inégalée au Canada (je trouve) et bien sûr les cours: la relation prof/ élève est plus amicale, on y travaille mieux apparemment et comme dit il y a des

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cours que j'aimerai suivre là-bas . J'ai aussi envie de découvrir un nouveau pays avec une culture et des mentalités radicalement différentes ! (Simon WALTER) L’Allemagne parce que les allemands ont la culture de la rigueur et du pragmatisme. Stuttgart parce que la faculté d’architecture offre une approche interdisciplinaire( Salomé NICOL) Un ami y est parti en Erasmus. Il ne m'a dit que du bien de cette ville ce qui m'a donné envie de tenter ma chance. J'ai aussi choisi Budapest car son architecture est réputée, il y a matière à visiter. (Sarah PASQUET)

-Quels sont les aspect qui t’intéressent le plus dans l’université que tu as choisie? Les cours liés au patrimoine, sans aucun doute! (Anne BRECHENMACHER) La pluralité des cours qu’ils proposent. On sort vraiment du pur cours de conception pour aller plus loin dans l’architecture et tous les aspects qu’elle peut offrir. (Constance PORTIER) La Polytecnico di Milano est une université de haut rang, donc autant allier le plaisir de la mobilité, à l’excellence d’une université. De plus elle dispense des cours dans des domaines non représentés à Strasbourg, celui qui m’intéresse particulièrement est le design. Je pense que cette discipline peut apporter quelque chose à celle de l’architecture. (AgatheZUBER)

La faculté d’architecture de Stuttgart fonctionne en partenariat avec les autres facultés du campus universitaire pour mettre en lien les différentes disciplines, ouvrir les savoirs des uns aux autres. (Salomé NICOL)

-Comment s’est passé la préparation de candidature?

Dès octobre j’ai fait des recherches sur Milan et la Polimi, je voulais être sûre de faire le bon choix de destination.J’ai aussi échangé avec un étudiant en mobilité là-bas cette année, pour avoir son point de vue qui m’a confortée dans mon choix. C’était un peu le rush en janvier, entre gérer les partiels, le projet intensif et boucler la candiature. Et puis maintenant j’apprends les bases d’italiens pour avoir un minimum de vocabulaire et pouvoir me débrouiller sur place. Donc préparer une candidature prend du temps, il faut s’investir ! (Agathe ZUBER) Avec la charrette de projet c'était plutôt compliqué de faire les deux choses à la fois. Mais les étapes sont très bien décrites et les réunions en amphi sont très claires ! Si on a des questions on peut aller voir M. Voegtling qui nous accueillera toujours avec bonne humeur ! (Simon WALTER) Plutôt bien. J'ai apprécié l'aide de l'école pour la préparation au C.L.E.S avec cette semaine intensive en anglais. (Sarah PASQUET)

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-Quelles sont tes attentes, tes appréhensions pour ton année à l’étranger? Pas mal de peur et d'appréhension, déjà si je serais prise ou pas et sur l'année en ellemême : vais-je réussir à suivre les cours en anglais, trouver un logement, me débrouiller au niveau de l'administration, bien m'adapter au mode de vie […] Pour les attentes, de passer une belle année, tout simplement ! (Anne BRECHENMACHER) Je redoute peut-être un peu le temps d’adaptation, mais mis à part ça je n’attends que du positif, j’espère pouvoir rencontrer des personnes de touts horizons, avoir une nouvelle vision des choses, devenir plus autonome et sûre de moi. (Constance PORTIER) J’angoisse à l’idée de me retrouver dans un pays ou ma langue maternelle n’est pas celle du pays. Ne parlant hongrois, je serai obligée de parler anglais, et me faire comprendre en anglais. (Julia MATHULIN)

J’ai peur de ne pas avoir un niveau de compréhension suffisant pour profiter pleinement des enseignements mais j’ai vraiment hâte. J’envisage par exemple de faire une colocation avec des Allemands pour être en immersion totale. (Salomé NICOL)

*** Partir en ERASMUS nécessite de l’engagement et de la motivation en amont, mais c’est pour tout le monde le synonyme de découverte culturelle, humaine et professionnelle! Chaque université est différente et propose des cours nouveaux mais chacun trouve la destination qui lui convient où il passera des moments incroyable. Malgré la barrière de langue qui peut faire peur au début, nombreux sont ceux qui se décident à passer le pas. L’aventure commence bientôt !

J’espère en ressortir riche de connaissances, de points de vues sur l’architecture, de culture italienne et internationale, des rencontres… En tout cas on m’a toujours dit que partir en erasmus était génial et que c’était une expérience à faire ! C’est un grand saut pour moi ! […] Est-ce que je vais réussir à comprendre les italiens et apprendre leur langue ? (Agathe ZUBER) Si j'ai le privilège d'être pris j'espère en apprendre plus sur l'architecture et essayer de concrétiser la voie professionnelle que j'ai envie de prendre. Cette année ne peut que être bénéfique ! (Simon WALTER) • 71 •


MERCI !!!!!!!!!!!!

BICHE ENVOIE DES BISOUS à tous ceux qui ont contribué à ce numéro, de près ou de loin. Merci

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MERCI !!!!!!!!!!!!

ONT PARTICIPÉ À CE MAGAZINE : Guillaume Sanseigne : Couverture du magazine, Page centrale. Martin Journot : Maquette du magazine. Thibaut Martelly : Organisation du vernissage et de l'exposition. Isis Montanaro : Montage de l'exposition Un grand merci à tous ceux qui ont participé et contribué à notre toute première exposition Biche !

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Biche Recrute ! Biche, c'est avant tout un magazine écrit par des étudiants et pour des étudiants !

Il est ouvert à tous, que vous ayez un talent pour l'écriture, un coup de gueule à passer, ou que vous ayez simplement envie de partager tout plein de choses : un retour de mobilité, un voyage, une de vos création, un coup de cœur architectural, musical ou littéraire... Des textes, des photos, des illustrations, des collages, tout est possible, ou presque ! Nous attendons vos bonnes idées avec impatience

L'équipe de Biche

écrivez-nous ! biche.mag@gmail.com FB : Biche Ensas

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contact : biche.mag@gmail.com FB : Biche Ensas

Photographie de couverture : Guillaume Sanseigne


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