Biche #2

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architecture & culture

#2

sept. - nov. 2016



architecture & culture


Hommage, au nom de toutes les personnes qui aimaient ce rire • 4 •


Et si on parlait de toi un peu ? Il y a eu ce moment délicieux à Strasbourg, un soir en terrasse. C’était les 20 ans de Margot, nous étions une dizaine autour de la table. On se faisait passer plus ou moins discrètement le mot que dans les prochaines minutes, Elie ferait une bonne vanne sans chute, et qu’on devrait tous rire à gorge déployée. Sauf Margot bien sûr, qui n’était pas au courant du subterfuge ! Elle est certainement la championne numéro un des vannes, toutes catégories de vannes confondues. Alors là, ne rien comprendre et nous voir tous plier en deux, ça lui a fait tout bizarre ! « Attendez attendez j’ai du loupé une phrase ! Tu peux répéter Elie je pense que j’ai raté un passage !» « Ahah bah il ouvre le coffre et là, le chien ! » « Ahahah ! » Rires un peu forcés de tout le monde. Puis le rire de comédien se transforme petit à petit en véritable rire, bien franc. Et la, par dessus cette cacophonie, le rire de Pauline se fait entendre. Mi dauphin, mi « je m’étouffe faites quelque chose », son rire se déploie dans l’air. Nos voisins de tables se retournent alors un à un en se demandant d’ou venait ce bruit incongru. Un problème peut être ? Non non, Pauline a juste un fou rire. Elie et Juliette qui découvrent le rire de Pauline pour la première fois, se mettent à pleurer... de rire ! Et oui c’est l’effet que ça fait quand on entant ça pour la première fois ! On est tous passé par la : stupeur, interrogation, est ce normal ? Ah oui, rire. Fou rire. Tu vois Pauline comme c’est beau ce que tu auras laissé de toi. Ton rire. N’est ce pas magnifque ? On pourrait tirer de ça beaucoup de déductions sur ton caractère et ta personnalité. Mais loin de moi l’idée de vouloir te définir derrière une petite flopée de mots. Par contre ce que je peux te dire, c’est l’impression de gaieté que tu laissais sur nous quand on te voyait. Comme c’était agréable de te voire et de discuter avec toi. Et puis ton sourire, tes yeux qui se plissaient un peu à ce moment là ! Pauline, comme ton rire va nous manquer... Pourquoi ne l’ai je pas enregistré ? • 5 •


EDITO EDITO

Martin Journot

Sous les rayons, encore chauds, du soleil d’automne, on profite une dernière fois des plaisirs estivaux. Un café en terrasse, une promenade dominicale, le retour de vieux amis… Comme chaque année, la rentrée marque un nouveau départ ; le début d’un chemin long et sinueux pour certains, d’une dernière ligne droite pour d’autres. La rédaction de Biche, elle, a pris de bonnes résolutions cet été et rempile, à la hâte, pour ce second numéro. Une toute nouvelle équipe se plie en quatre - et les A4 en deux - pour vous offrir un Biche dépoussiéré et garni. Entre vie à l'école, découvertes musicales, évènements et bons plans de Strasbourg et d'ailleurs, ce numéro va assurer, en douceur, votre transition chill - back to school ! Très vite le blanc de nos calques et le noir d’AutoCAD occuperont nos journées et une partie de nos nuits, Très vite, la nouvelle année marquera la fin de nos plaisirs estivaux. En attendant, profitons ! sortons ! buvons ! dansons !

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TEAM

Eloïse Combe

Martin Journot

Amélie Dimert Rédaction en chef Événements

-

Coordination génerale Rédaction en chef Photographies Culture

Rédaction en chef Graphisme Maquette Culture

Mathilde Noirot Illustrations Musique

BICHE

Guillaume Hergat Cinéma

Claire Trottier -

Maxence Noiret

Illustrations

Bande Dessinée

Ont également contribué à ce magazine : Nicolas Comisso, Clément Haize, Juliette Vauthier, Prescilia Marschall, Elsa Barlogis.

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SOMMAIRE SOMMAIRE

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SOMMAIRE

VIE DE L'ECOLE

CULTURE - STRASBOURG

MUSIQUE

CINEMA

EVENEMENTS

BICHE

10 12 16 20

CERF, L'ASSO LES CLUBS WORKSHOPS ET EVENEMENTS UNE RENTREE A L'ENSAS

22 LE CARNET D'ADRESSES 26 LA LAITERIE 28 LE JARDIN BOTANIQUE

32 SORTIES 40 ON AIR 52 RETOUR SUR L'ETE

54 A L'AFFICHE 56 STRANGER THINGS

58 JOURNEES DE L'ARCHI 60 EXPOSITION 64 FESTIVAL BISTANCLAC

68 BD 69 JEUX 70 BICHE RECRUTE!

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CERF - L'ASSO

CERF, L'ASSO

Texte : Clément Haize ∙ Collage : Juliette Vauthier • 10 •


CERF - L'ASSO

Ce nouveau numéro de Biche est l’occasion pour toi, nouvel arrivant, de découvrir l’association CERF, partenaire de ta vie étudiante à l’ENSAS ! Et pour toi qui es là, avec nous depuis un certain nombre d’années, une petite piqûre de rappel après les longs mois d’été ne fait pas de mal (et oui, nous savons que le soleil et la glandouille ont des effets néfastes sur ta mémoire) ! L’association c’est quoi ? Qui ? Et comment ? Ce n’est pas très compliqué, en fait ! C’est une association créée en 2013 par des étudiants supers motivés de l’ENSAS, qui ont voulu rendre ta vie étudiante et celle des 800 autres étudiants plus dynamique ! Notre but principal est de développer des activités culturelles au sein de l’école comme la danse, la photographie, la musique, le théâtre… et j’en passe, je vous laisse quelques surprises ! Mais ce n’est pas tout, on te propose aussi de participer à des activités sportives, des workshops et des sorties ! Et bien sûr, de temps à autre, on investit l’école pour te faire découvrir de nouveaux groupes de musique, te faire prendre la pause dans un photomaton original et te faire déguster les bons petits plats du club cuisine à l’occasion des prolongs et des soirées archi ! Cette année pour te proposer un programme de folie, il a fallu constituer une équipe au top du top ! C’est pourquoi notre cher président Clément Haize (L3) et son collègue, Thibaut Martelli (L2), vice-président, seront ravis de répondre à tous tes souhaits. Juliette Vauthier (M2), quant à elle, fera en sorte que notre banquier ait toujours le sourire. L’équipe ne serait au complet sans Marine Szymczak (L3), secrétaire, Léa Neyroud (L3), chargée des relations extérieures et Antoine Barth (M2), responsable des clubs. Et pour que tu sois toujours au courant de tout ce qui passe chez nous, Martin Journot aura la responsabilité de la communication de notre association. Mais comme dit le proverbe "Plus on est de fous, plus on rit", l’association compte de nombreux étudiants engagés en charge d’activités diverses pour animer tes années à l’ENSAS ! N’hésite pas à nous rejoindre, tu verras on est bien ! • 11 •


CERF - LES CLUBS

CINE CLUB

CLUB MUSIQUE

Le programme de cette année se veut assez éclectique dans l’origine des films autant que dans ses thèmes. Généralement organisé les mardi soirs à 19H ou 19H30, le Ciné-Club propose une diffusion en VO, une présentation du film et de son réalisateur ainsi qu’un possible débat ou ressenti à la suite de la diffusion. Le Ciné-Club est ouvert à tous et est dans l’optique de diffusion de classiques du cinéma (Fenêtre sur cour, Hiroshima mon amour, Blade runner…) de coups de cœurs (Holy Motors , The Thing…).

Le club musique, c’est 2 ou 3 fois par mois quelques heures de détente avec tes instruments, en studio, pour répéter et faire partie de ces rockstars qui enflamment les soirées à l’école. Peu importe ton instrument, tu es le bienvenu, y compris si tu es spécialiste de la guimbarde et du kazoo. • Maxence Noiret et Nicolas Comisso.

• Thomas Foissotte et Guillaume Hergat.

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CERF - LES CLUBS

CLUB PHOTO

CLUB THEATRE

Viens t’éclater au club photo avec la grande nouveauté de l’année : le labo photo ! Tu bosses à l’argentique et tu veux apprendre à développer toi-même tes clichés ? C’est le moment ! Plutôt numérique ? Viens quand même apprendre à manier Photoshop et bosser sur des thèmes choisis ensemble ! Ta petite heure de gloire est en marche, quand tes photos seront exposées dans l’école au moment des différentes manifestations organisées par Cerf. Ici, pas de prise de tête, la photo restera un plaisir à partager ensemble car n’oublie pas, tous les moyens sont bons pour parler d’architecture.

Nous sommes impatients de vous présenter le théâtre d'improvisation. Venez donc vous initier à ce sport artistique une à deux fois par mois et aussi, si vous le souhaitez, assister à de nombreuses représentations qui auront lieu à Strasbourg tout au cours de l'année. Lâchez vous pendant un cours instant, ça fait du bien. • Gael Biache

• Amélie Diemert et Bruno Schnoebelen

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CERF - LES CLUBS

CLUB CUISINE

CLUB DANSE

Cette année le club cuisine est remis au goût du jour. Le fonctionnement est simple : une réunion cuisine une fois par mois. Pour vous tenir au courant de la programmation des dates et des thèmes des différents ateliers, rejoignez le groupe facebook CERF club cuisine. Un tableau d'inscription ainsi qu'une affiche de chaque atelier seront accrochés sur l'espace de communication à la k'fet. Cela afin d’avoir une estimation du nombre de personnes présentes et donc de savoir dans quel appart on se regroupera pour cuisiner. Bien évidemment, ce club est ouvert à tout le monde, que vous ne sachiez cuisiner que des pâtes ou au contraire que vous ayez déjà de l’expérience dans ce domaine. L’essentiel c’est de se faire plaisir en cuisinant !

Etudiant maudit, tu veux te sortir de ta routine ? Alors viens danser avec nous. Que tu sois confirmé ou débutant, viens partager tes connaissances, apprendre des autres et passer un bon moment. Ici tu trouveras forcement ton bonheur, modern jazz, danse classique et contemporaine. Si tu veux oublier les charrettes pour quelques heures viens nous rejoindre le jeudi soir à l’école. • Alison Richier - Sandra Szabuniewicz

• Claire Trottier • 14 •


CERF - LES CLUBS

CLUB SPORT

CLUB ROCK

Marre de t’être trop lâché sur la bière et les cocktails cet été? Marre de ne pas prendre le temps de faire du sport pour muscler ton corps d'athlète? Marre de courir seul le dimanche matin à l’aube parce qu’aucun de tes potes te suit? J’ai la solution pour toi, un splendide Club Sport que te propose l’association Cerf est désormais à tes côtés pour vaincre ton manque de motivation ou au contraire ton envie de perfectionnement, course à pied, randonnée, escalade, natation, roller… Une multitude de sports proposées tout au long de l’année pour tous les niveaux, dans la joie et la bonne humeur, alors rejoins nous vite sur notre page Facebook « Club Sport Cerf » pour découvrir toutes les nouveautés.

C'est le moment de prendre du bon temps à la k’fet, de danser, faire des rencontres et puis boire un petit coup aussi (ça donne soif de bouger !). Cette année au programme : le rock pour swinguer, et le west coast swing une danse de couple entre le rock et la salsa, qui se danse sur différents genres musicaux. L’occasion pour toi, de montrer tes talents aux soirées, et d’enflammer le dancefloor. • Romain Deleage

• Marie Matteudi • 15 •


CERF - EVENEMENTS

EVÈNEMENTS & WORKSHOPS

Texte : Juliette Vauthier ∙ Photo : Eloise Combe

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S

CERF - EVENEMENTS

Cerf est ouvert à proposer, encadrer, soutenir ou participer à la réalisation de projets proposés par les étudiants. L’asso participe déjà à l’organisation de l’exposition Splash ! et au workshop La Fabricasen. Nous faisons également le lien avec des workhops existants (Festival Bellastock, ATK) en aidant notamment à la constitution d’équipes et en contribuant au frais de déplacement des étudiants participants.

SPLASH SPLASH ! propose aux étudiants de l'ENSAS d'exposer pendant deux semaines dans le hall de l'école leurs oeuvres ou projets artistiques. Il peut s'agir de tout art graphique ou audiovisuel : peinture, sculpture, écriture, photographie, cinéma, musique (...)

LA FABRICASENS La Fabricasens c'est, 3 Jours, 5 Sens, 1 Matériau. En collaboration avec l’ASEAU (association strasbourgeoise des étudiants en aménagement et en urbanisme) et des étudiants de l’INSA, est organisée une manifestation pour mêler les étudiants autour d’un projet commun d’appropriation de l’espace public et de la ville. Les éditions précédentes ont réuni les participants autour de la bouteille en plastique, le bambou et le papier sur une place différente de Strasbourg.

https://www.facebook.com/Lafabricasens • 17 •


CERF - EVENEMENTS

BELLASTOCK Bellastock est une association d'architecture expérimentale originaire de Paris-Belleville. Les cycles de la matière et le réemploi en sont les obsessions. Un festival de construction annuel est organisé en Ile-de-France, réunissant 1000 participants. Lors de cet événement les participants, vivent quelques jours sur un site dédié à la formation libre. Lors du festival, les participants sont confrontés à la matière et aux réalités de la construction. Il s’agit d’un temps d’expérimentation autour des techniques de mise en œuvre et d’assemblage, durant lequel les projets sont retravaillés et réadaptés par rapport à leur conception initiale. http://www.bellastock.com • 18 •


CERF -EVENEMENTS

ATK ATK (ArchiTectoniK) c’est le workshop national des écoles d’architecture et de paysage. C’est un événement de l’UNEAP, Union Nationale des Étudiants en Architecture et Paysage. Porté par un groupe d’étudiants désireux de renforcer les liens entre les écoles d’architecture et de paysage françaises, c’est en 2006 que naquit ce projet à l’ENSA Toulouse. ATK permet aux étudiants d’échanger autour de problématiques à l’échelle urbaine. C’est aussi l’occasion de mettre une ville et une école en lumière le temps d’une semaine, ponctuée d’animations, de visites et de conférences. Mélange parfait entre travail intense et divertissement, ATK est un moment riche en découvertes culturelles et échanges humains.

Pour sa douzième édition, le workshop ATK se tiendra à l’ENSA - Paris Val de Seine du 20 au 26 Mars 2017 . https://www.facebook.com/atkvds2017/

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ENSAS

Sérieux c’est quoi un kutch ?

Tu saurais pas où elle est la salle ... ?

C’est quoi déjà ton prénom ?

Mais ne vous en faites pas

On est tous passés par là

Illustration : Claire Trottier • 20 •


ENSAS

ENFIN ! Très peu d'entre-nous auront connu le garage avant ses travaux de restauration. Difficile d'imaginer, en lieu et place de l'actuelle bibliothèque, un petit amphithéâtre tout sombre et un atelier sous verrière, chamboulés par le passage d'innombrables promotions d'étudiants. Une dalle en moins et beaucoup de peinture blanche auront eu raison d'une partie de l'âme de l'ENSAS, qui, au fil des années s'était appropriée le garage pour le transformer en un lieu unique et singulier. Si on peut parfois déplorer le côté un peu aseptisé de la nouvelle école, on applaudira la conservation de la verrière et de la rampe, ainsi que l'arrivée définitive d'une vraie bibliothèque au sein de notre école. • 21 •

Martin Journot


CULTURE

CULTURE

STRASBOURG le carnet d'adresses

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CULTURE

MEOW! Tu aimes les chats ? Nous avons trouvé une adresse pour toi ! Depuis quelques mois un bar à chats, le Cat and Cake, a ouvert à Strasbourg rue Thomann près de l’arrêt Homme de Fer. C’est un tout nouveau concept à Strasbourg qui a déjà enchanté de nombreux curieux. Mais du coup c’est quoi l’idée ? C’est de se retrouver avec des amis autour d’un bon chocolat chaud pour se préparer au dur hiver strasbourgeois, tout en entendant les ronronnements de petits chats qui réclament des caresses et zieutent tes cookies depuis 10 minutes. Un peu ambiance: dimanches pluvieux sous la couette, avec un bon film et une machine à ronron comme oreiller. Mais c’est aussi bien plus que ça le Cat & Cake, notamment des valeurs importantes telles

que la cause animale (certains chats sont proposés à l’adoption), la découverte des savoir faire locaux et surtout le partage. Un moment apaisant rempli de tendresse, qui peut aguicher vos papilles et réchauffer les coeurs des humains en manque de chat, comme moi (et oui, je l’avoue mes chats me manquent… aha) • Eloïse Combe

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Cat & Cake 24 rue Thomann 67000 Strasbourg


Pokaa

CULTURE

APRÈS LE PROJET Le Troquet des Kneckes a ouvert ses portes il y a quelques années, réinvestissant une ancienne brasserie sur la Grand Rue. Idéal pour se détendre après une longue journée, commencer avec un verre de vin en terrasse et terminer avec une choppe de Fisher Ambrée, accompagnée d'une flammenküche aux cranberries... Aux murs, insultes et jeux de mots en alsacien sont imprimés sur un revêtement OSB, au sol, des canapés chinés et des vieilles tables côtoient des consoles d'arcade et des babyfoots, histoire de relâcher un peu la pression dans une ambiance sympa et décontractée.

Seul regret, le Troquet attire beaucoup de strasbourgeois, de touristes aussi. En été, ça devient parfois compliqué, voir tout bonnement impossible, de trouver une place en terrasse, et le service devient un petit peu long... Quoi qu'il en soit, le Troquet des Kneckes reste une adresse incontournable des bars à la fois insolite et bon marché du centre-ville strasbourgeois ! • Martin Journot

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Le Troquet des Kneckes 112 Grand Rue 67000 Strasbourg


Studio Petit Martin

CULTURE

VINYLES ET DANCEFLOORS Ouvert il y a tout juste un an, la Kulture est rapidement devenue le lieu de rendez vous de tous les amoureux de l'électro. Le jour, un rez de chaussée au design scandinave signé Studio Petit Martin, ouvert, lumineux et épuré accueille un petit café et un disquaire. La nuit, c'est une toute autre histoire ! En descendant une volée de marches, on débarque dans un sous-sol, lumière tamisée, graffitis au murs, bières fraiches, mais surtout, beaucoup, beaucoup de son. Contrairement à la plupart de lieux nocturnes Strasbourgeois, la Kulture se veut éclectique et accessible à tous ; évènements gratuits, soirées électro pour quelques pièces,

consommations au prix plus que raisonnable... Mais le mieux dans tout ça reste la programmation musicale. Entre scène locale et artistes internationaux oscillant entre House, Techno et Minimal, avec parfois un certain penchant pour la New Wave et le Disco, la Kulture a su s'imposer comme une valeur sûre pour les fins de soirée un peu arrosées, quand nos corps nous demandent expressément de se bouger ! Et comme le disent si bien les fondateurs : "C’est à la Kulture qu’on kultive sa culture électronique" • Martin Journot

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La Kulture 9 rue des bateliers 67000 Strasbourg


CULTURE

LA LAITERIE 13 rue du Hohwald 67000 Strasbourg FB : La Laiterie Artefact www.artefact.org

Texte: Martin Journot ∙Photo : La Laiterie • 26 •


CULTURE

UNE VALEURE SURE Je me rappelle encore de l'été 2012, entreprenant les périples de ma première recherche d'appartement dans cette ville que je ne connaissais pas encore. A l'époque, je n'avais pas beaucoup de critères de sélection - et encore pas de vélo mais ce dont j'étais déjà certain, c'est que je ne devais pas habiter à plus de 5 minutes à pied de La Laiterie. Je dois dire que j'ai toujours été séduit par l'impressionnante programmation musicale de la salle, aussi éclectique qu'excellente, et ce, année après année. J'essaierai donc dresser ici une liste, non exhaustive, des concerts à ne pas rater cette année. La rentrée 2016 s'annonce déjà mouvementée, et c'est Thylacine qui a ouvert le bal fin septembre, avec un set aussi musical que graphique, révélant son album Transiberian, composé à l'occasion d'un voyage en train en Sibérie. S'en suivra alors une longue série de concerts au tarif Carte Culture - joie et bonheur! -, à commencer par Las Aves. Les toulousains, accompagnés du duo montant Her, nous livrerons une art pop prometteuse. Nous aurons aussi le plaisir de revoir Wild Beasts et Paradis, des groupes dont on aura l'occasion de reparler dans ce numéro. La Laiterie sera le théâtre d'une soirée à la gloire de la French Touch, qui promet d'être mémorable. Le 22 octobre, le label Roche Musique - définitivement à suivre - réunit le meilleur de ses artistes à Strasbourg : FKJ, Cherokee, Dabeull, Cezaire. Toujours au tarif Carte Culture, Pegase (ex Minitel Rose), fera son retour le 5 novembre, suivi quelques mois plus tard de Lescop, qui nous révèlera Echo, nouvel album prévu en ce mois d'octobre chez Pop Noire Records. Côté électro, et en y mettant cette fois le prix, on retrouvera le bon vieux De Crecy et ses potes pour sa Super Discount Party. Le 26 novembre, l'immanquable Nicolas Jaar nous fera le cadeau d'une de ses seules trois dates en France cette année. Enfin, on attend au tournant Petit Biscuit, en février, histoire de voir comment le Petit Nouveau de la scène électro française se débrouille en live! • 27 •


LE JARDIN BOTANIQUE - douce parenthèse -

Texte et photographies : Eloïse Combe

L’année dernière j’ai eu la chance de découvrir un lieu absolument formidable, dont on ne parle pas assez à Strasbourg, le jardin botanique. Pour les amoureux de la nature et de la tranquillité c’est l’endroit idéal. L’été le parc est verdoyant, envahi d’espèces toutes les plus exotiques les unes que les autres. Quand à l’hiver l’approche est différente, mais beaucoup plus atypique. Je m’explique: La première fois que j’y suis allée, nous étions en plein hiver et les feuilles des arbres étaient toutes tombées, l’ambiance était plutôt glaciale. J’avais entendu parlé d’une serre exotique sans vraiment savoir à quoi m’attendre, la découverte a été surprenante.

D’une part par la différence de température (passer de 0° à 25° en plein mois de décembre c’est pas courant), et d’autre part par l’ambiance féérique du lieu, la découverte de toute cette nature entremêlée, de ce doux bordel. Et le phénomène s’est accentué en fin de journée, lorsque le soleil d’hiver rasait l’horizon et traversait les vitres de la serre avec sa lumière jaune, qui apportait une multitude de nuances et de jeux d’ombres et de lumières. Maintenant j’aimerais que vous ressentiez ce que j’ai ressenti dans ce lieu, les mots semblent peut-être forts, mais allez y, profitez de ces jolis moments de découverte.

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- SORTIES Textes : Mathilde Noirot

La rentrée 2016 est sensuelle, sauvage, brûlante. Les titres suivis de la mention « EXPLICIT » s’accumulent dans les playlists Spotify. Les groupes ont eu une année chaude, très chaude. Wild Beasts nous soupire aux oreilles et laisse mourir toutes ses fins de phrase dans un désir plus qu’audible, Glass Animals racontent des histoires étranges et excitantes, Paradis nous livre sa house sensuelle, et Kazy Lambist qui depuis un moment fait vibrer les corps juste avec les deux mots « On you ». On ne sait plus où regarder, la sueur perle sur le front, et les mains sont moites.

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MUSIQUE - Sorties

ROOSEVELT Marius Lauber. Cologne . Allemagne . 2013 ••• Roosevelt – premier album – 19 août 2016

Il y a deux ans Roosevelt sortait son premier EP, un objet brillant, qui sonnait déjà très très bien. Elliot est un petit dance floor, lumineux, qui flirte avec la pop, sans jamais vraiment l’embrasser totalement. Il s’en amuse. Il joue avec nos repères, lance quelques phrases que tout le monde connait, les révèle, les cache comme il l’entend derrière ses sons diffus et aquatiques. Les lignes de basse de “Odessa” de Caribou se mélangent aux distorsions et échos kitch de sa voix claire, se confondent derrière la pluie de synthés qu’il abat sur Elliot. Petit chéri des Greco-Roman à ses débuts, Roosevelt a su leur faire honneur et référence sur ce premier projet, et est maintenant sur leur piste et très clairement en voie de les rattraper. L’EP était prometteur, et il annonçait très clairement les prémices de l’album. Marius Lauber, aka Roosevelt, nous l’a offert presque à la fin de l’été, comme pour le prolonger. L’album éponyme est comme un souffle sur un vieux vinyle, la poussière vole et on aperçoit la pochette affublée d’une typo rose et moche. C’est le second souffle d’une disco oubliée, qui va du bleu au rose, du rose au bleu.

L’électro légère la fait étinceler, comme les reflets de la boule disco qui tourne sans fin, là-haut. En 1’31min l’intro nous propulse, comme un début de live, elle fait grimper la température. Elle retombe doucement…wait up, wait up… trois claquements de batterie, et l’album est lancé! Ça vous ramène en arrière, à des souvenirs de festivals. Primavera Sound de Porto, où Roosevelt apparait dans un nuage violet avec ces exactes mêmes notes. On admire cette entrée en matière avec des yeux amoureux et embué d’alcool, c’est beau! Souvenirs frivoles certes, il n’en reste pas moins qu’il s’agit sans doute de l’introduction la plus léchée, une entrée en matière qui nous emporte. On se souvient alors des XX, qui eux aussi avaient réussi le pari de faire exploser l’album aux première minutes. Roosevelt le fait dans un tout autre style, il s’élève dans le disco électro, danse à la limite de la pop et lance des canons de paillettes tout autour de nous. Et comme on aime beaucoup les paillettes, c’est validé.

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MUSIQUE - SORTIES

MEN I TRUST Dragos Chiriac, Jessie Caron, Odiles Marmet-Rochefort, Emmanuelle Prouxl Québec . Canada . 2014 ••• Men I Trust . 2014 Headroom . 2015 C’est assez difficile de trouver des informations sur le jeune et fraichement formé groupe québécois. Sortant tout doucement de l’ombre, le groupe n’en reste pas moins extrêmement discret. A son actif, un album en 2015 et deux singles cette année, des projets qui ne profitent pas d’une grande publicité, mais plutôt de leur propre qualité et du bouche à oreilles Canadien. Le quatuor électro-pop créé en 2014 par Dragos Chiriac (arrangements, mixage, etc.) et Jessie Caron (guitare) et ensuite rejoint par Odiles Marmet-Rochefort et Emmanuelle Prouxl (les deux chanteuses) commence tout juste à percer à l’échelle mondiale. Au Québec, ils ont fait sensation dés leur débuts avec leur pop évanescente, légère et séduisante, se fondant parfaitement dans le courant électro du moment : calme et flottant. Ils ont en effet quelque chose qui nous rappelle Paradis, ou Kazy Lambist, quelque chose de sensuel, et charmant. Et comme ces groupes, les mélodies faciles renferment beaucoup plus que ce qui nous parvient aux oreilles, tout est extrêmement travaillé, étudié et raffiné. Ils confient avoir eu accès à un matériel sonore d’exception qui leur a permis de développer cette précision, apprendre à l’apprivoiser et la pousser toujours plus loin pour obtenir une qualité musicale qui puisse devenir leur marque de fabrique. « On avait

un studio d’enregistrement vraiment de qualité et des régies traitées acoustiquement et un peu d’équipement. C’est vraiment ça qui a forgé notre son. On a quand même un son assez défini. On aime que ce soit large, qu’il y ait de la profondeur et de l’air, mais en même temps, on veut que ça ait une sonorité commerciale, que ce soit professionnel. » Après Headroom (2015), le groupe a produit deux singles, Humming Man et plus récemment Lauren, qui semble annoncer la sortie d’un prochain projet, ou qui est tout simplement le signe d’un travail de coulisses qui n’a de cesse d’évoluer. Les deux titres marquent en effet une évolution de leur musicalité, plus ample, plus électro sans aucun doute, quelque chose qui nous ramène presque vers du XX revisité : un monde vaste et profond, flottant dans un univers léger et nébuleux. La voie empruntée est belle, calme, envoûtante. On peut clairement noter que le groupe a mis le cap sur un horizon clair et infini, libre de tout obstacle et de toutes contraintes. C’est en ça que consiste la beauté des groupes tout juste formés, et c’est ça que l’on espère toujours pouvoir écouter.

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MUSIQUE - SORTIES

PARADIS Pierre Rousseaux, Simon Mény Paris . France . 2011 ••• Couleurs primaires . 2015 Recto Verso . 23 septembre . 2016 Il y a quelque chose de déstabilisant à entendre un groupe français soudainement chanter en français. Oui. Bien que quelque peu ironique, on doit avouer ne pas y être si habitué que ça, du moins quand il s’agit d’un style revu et corrigé, quand il s’agit de réinventer l’usage du langage. Les oreilles frémissent, tout ca semble sorti d’une autre époque, celle où, dans la voiture des parents, on entendait soudain sonner les premières notes d’un baiser volé, ou d’un weekend à Rome. Effectivement, Paradis à des allures d’un autre temps, les sons sont étouffés, remplis des synthés et boites à rythme kitch à souhait de Pierre Rousseaux. La voix claire de Simon Mény chante les soirées, les baisers, simplicité et futilité, dans une confusion d’écho et de légères distorsions. Tout est fait pour se laisser porter, bouger lentement les bras et balancer doucement sa tête de droite à gauche, voir les reflets rouges de la boule disco entre les paupières mis closes. C’est une danse revisitée, un voyage dans le romantisme désuet et l’insouciance planante des folles années 80. Et c’est justement pour cet univers que le duo s’est fait remarqué. Et tout s’est lancé avec une ballade, illustration de l’essence du groupe, parce que combinant un vinyle poussiéreux, des beats contemporains et un français assumé. La ballade c’était celle de Jim, celle de Souchon, celle qui a

surpris et touché par sa réinterprétation. Chose curieuse, c’est à Tim Sweeney, de la radio new-yorkaise Beat in Space, que la musique à parlé. Sans parler, justement, un mot de français le producteur a été séduit par l’ambiance musicale et l’allure que prenait leur disco-house grâce au langage. Le groupe a suivi cette lancée avec Couleurs Primaires, et revient maintenant avec Recto Verso, une nouvelle vague de plaisir. D’après ce qu’ils en disent et ce que l’on a pu entendre de leur deux singles Toi et Moi et Recto Verso, on a affaire à un nouveau jeu de dualité tout en douceur. Les mélodies sont toujours aussi enivrantes. Les paroles restent dans la simplicité, la manipulation subtile des sonorités françaises, quant à l’aspect musical on le sent plus profond, plus travaillé. On a hâte de pouvoir écouter cette nouvelle facette du duo à l’univers si particulier ! En attendant on écoute les singles, on décrypte l’ambiance encore une fois sensuelle de cette rentrée musicale, un paradis qui se fait dans l’entre-deux, disco et électro, dansant et mélancolique, amour et nostalgie, toi et moi, recto verso.

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MUSIQUE - SORTIES

WILD BEASTS Hayden Thorpe, Ben Little, Chris Talbot Kendal . Angeleterre . 2002 ••• Limbo, Panto . 2008 Two Dancers . 2009 Smoother . 2011 Perfect Tense . 2014 Boy King . 5 aout 2016

Perfect Tense a disparu, oui messieurs dames, ils l’ont rangé au placard. C’est la première réaction que l’on peut avoir en écoutant le single Get My Bang sortis au début de l’été, les voies hautes et claires ont dispars, elles se font désormais sensuelles, suaves, et remplies de soupirs explicites. Quelque chose a bel et bien changé. L’électro a grandi, pris du volume et occupe bien plus d’espace qu’avant. Le groupe s’affiche tel quel, plus pop, plus sauvage, comme s’il n’avait plus voulu de la retenue habituelle. Bien qu’ayant effectué ce qui pourrait être considéré comme un virage à 180°C visà-vis de l’attitude et du style musical, Wild Beasts a quand même conservé les mêmes bases solides qu’il a su déveloper sur son premier album : la marque indélébile des boites à rythmes et autres synthétiseurs. Ces sonorités font de lui un des innombrables groupes actuels auxquels on ne peut tout simplement plus apposer d’étiquette, ni rock, ni indie, ni électro. On ne sait plus, mais toujours est-il que sa ligne directrice est conservée, et mieux, elle est prolongée.

Prolongée, et transformée pour être précis. Car oui, le vent semble avoir tourné, et il souffle sur l’album un air rétro-futuriste qui lui est propre. En regardant la liste des titres on sent le retour des années 90, on voit des créatures surhumaines aux couleurs improbables, des femmes au corps de chair et d’acier, à moitié droïde. Les sons sont, à l’égal de Paradis, entre actuels et sortis d’une autre époque. Wild Beasts pousse le vice dans les retranchements de l’électro-électro, tout sonne très métallique : beats, synthétiseurs et voix robotiques en fond. Il pousse le vice, oui, et dans tous les sens du terme. C’est le premier album où le groupe fait preuve d’aussi peu de retenue, se jouant de la tournure que prennent les choses, il roule des épaules, balance les anches, et n’a aucun scrupule à nous montrer ces aspirations les plus libertines. L’album qui en résulte est alors une bulle de chaleur, fiévreux et charnel : primaire. Primaire, et donc beaucoup plus pop, mais aussi moins lyrique. En jouant la carte des émotions sauvages et directes,

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MuSIQUE - SORTIES

chaque chanson gagne en immediateté, et inévitablement, perd en profondeur. Boy King, c'est du sexe sans les préliminaires. C'est très bon là où ça aurait pu être franchement excellent. On ne peut s’empêcher de penser aux sensations de Perfect Tense, plus douces, qui vous emmènent doucement là où vous ne pensiez pas aller. Et c’est vrai qu’à l’écoute de ce nouveau projet on sent légèrement le manque des brises graves et délicates de Wanderlust ou Palace. A moins qu’on les retrouve le temps d’un instant dans Dreamliner, comme un sursaut avant de conclure l’album.

Oui, ils se sont donc laissé aller. A la sensualité, au gout salé de la sueur sur la peau, au corps à corps. Le feu sauvage qu’exprime Boy King gronde tout au long de l’album, chaque musique parle et transmet un désir ardent, un désir qui vous consume. Et quelque part, c’est peut-être ce qu’il s’est passé : ce désir les a consumés eux aussi. Il a dévoré une part de la globalité et de la beauté du groupe, réduisant en cendre le passé. Et il est bien difficile de savoir si c’est un bien pour un mal, ou un mal pour un bien. Still, they just turned Wild for real. What’s weird about that ?

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MUSIQUE - SORTIES

GLASS ANIMALS Dave Bayley, Drew MacFarlane, Joe Seaward, Edmund Irwin-Singer Oxford . Angleterre . 2012 ••• ZABA . 2014 How To Be A Human Being . 26 août 2016

2016 sera érotique ou ne sera pas. Oui, vous allez sans doute vous dire que cet article ressemble étrangement aux précédents, en effet, c’est un peu ça. Glass Animal a gardé son rythme suave et chaud, ses beats aphrodisiaques, ses sonorités sexotiques et le roulement sensuel de ses notes, mais on a trouvé quelque chose de bien différent, et ce dès le premier titre de l’album. Ce quelque chose, c’est un souffle chaud. Un vent d’orient, brulant. Il se cache dans le rythme des tambours, dans l’enchainement des notes de flûtes et des synthés. Il est dans la sensualité de la voix de Dave Bayley, la douceur des chœurs. Et surtout, surtout, on le trouve dans les paroles, dans les métaphores appuyées qui parviennent à classer le tiers de l’album dans la catégorie « Explicit » de Spotify. Alors, oui, 2016 sera érotique ou ne sera pas. Le seul souci, c’est que ce désir, cette chaleur enivrante, est, comme pour Wild Beasts, un piège bien tendu qui entraine inévitablement les mélodies vers quelque chose de plus

facile, de plus superficiel, de plus pop. On les perd parfois, et lors du refrain de Life Itself on regrette amèrement la trame magnifique et tellement précise de Zaba (premier album). Il est d’ailleurs assez surprenant de voir un groupe démarrer avec un premier album aussi spécial, tant définis stylistiquement, et tellement unique. Il y a deux ans Zaba diffusait ses ondes indie électro, tranquilles et smoothies, accompagnées de ses beats claquants et éclectiques, et à présent How to be a Human Being semble avoir rebattu les cartes, distribuer la pile, et laisser la partie prendre un nouveau visage. Ce visage, c’est la face de la carte que l’on ne voit pas du jeu et que l’on révèle au dernier moment. On ne s’en serait pas douté. On n’avait pas vu ces vibes underground arriver et effacer la subtilité de l’ancien album sur leur passage. On ne s’était pas douté que le hip hop allait soudain se joindre à la fête. Les surprises, tout le monde le sait, ont toujours des mauvais et de bons côtés. Effectivement, le tout est plus commercial, mais quand soudain

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MUSIQUE - SORTIES

Premade Sandwiches vous claque à la gueule, et allume la mèche à The Other Side of Paradise on se dit qu’on aime quand même bien les surprises. On les aime aussi quand soudain on lit une interview du groupe et on comprend mieux toute la formation de l’album. How to be a Human Being a une particularité, qui peutêtre justifie la musicalité plus populaire, et sans doute sauvera l’image que l’on en a. Il s’agit d’un collage grandeur nature, une recomposition du réel, un jeu d’histoire et de bouts de vie. Il regroupe des anecdotes de fans et d’amis d’un soir, des histoires de conducteur de taxi, des souvenirs d’étrangers; des instants personnels secrètement collectés par David Bayley pendant les tournées du groupe.

"J’ai accumulé des heures d’enregistrements. A chaque fois, il y avait des histoires dingues, émouvantes, tristes ou juste bizarres". Les heures d’enregistrements via téléphone sont devenues la source d’inspiration pour l’écriture de chacune des chansons de l’album. En les mêlant à un imaginaire personnel et même à “des éléments autobiographiques”, l’album est devenu un objet témoignage du monde, de la société, un objet redessinant la réalité, un objet surréaliste.

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ON AIR Textes : Mathilde Noirot ∙Illustration : Martin Journot

Voici la liste non-exhaustive des petites pépites, des astéroïdes et autres comètes fabuleuses, des orages de paillettes qui s’abattent de temps en temps. Voici la liste de ces artistes incroyables, qui évoluent en pleine lumière ou dans l’ombre de la scène, des artistes qui, de toute façon, gagneraient à être connus. Voici notre liste de nos amours de l’année et de nos moments fous passés à danser pendant les festivals de l’été.

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MUSIQUE - ON AIR

YOUTH LAGOON Il y a toujours quelque chose de fort quand on écoute pour la première fois une voix si particulière. Un frisson qui parcourt le dos. L’impression de flotter. Mais plus que la voix, Trevor Power, aka. Youth Lagoon, pratique l’art subtil de mettre les sens en éveil par des mélodies lumineuses. Elles revêtent presque toutes une robe qui parait sombre de premier abord, une couleur teintée de tristesse et de mélancolie. Puis la robe tombe. C’est comme voir le corps amant pour la première fois. C’est regarder la beauté des formes, la peau pâle, les tâches qui parsèment le dos. On découvre ce qu’il y avait derrière l’apparence: les défauts, la beauté, la force, et la fragilité. Youth Lagoon

porte ces émotions en chaque chanson, le voile s’envole après quelques notes et vous laisse accèder à l’élégance délicate, et l’éclat qui se cache derrière cette apparente tristesse. J’ai redécouvert Youth Lagoon quand le dernier album est sorti, quand soudain les premières notes de Highway Patrol Stun Gun on résonné dans mon casque. La route defilait dehors, les lumières de la ville filaient. C’est devenu une de ses chansons que vous écoutez sans cesse, chaque soir, en fumant la dernière cigarette sur le balcon. On ne peut pas passer outre ce clavier stellaire, cette voix légèrement cassée, fragile. Ces émotions contradictoires qu’il parvient à transmettre sans en faire trop. La musique est nourrie de flash-backs indolents et d’images fixes qui raniment les souvenirs essentiels de l’adolescence.

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MUSIQUE - ON AIR

Immersion dans les eaux brumeuses d’un lagon isolé, cours de piano poétiques et formations bruitistes éphémères ont émaillé cette période décisive.Youth Lagoon dévoile une sensibilité à fleur de peau au sein d’arabesques acoustiques drivées par un piano lancinant et de légères touches électroniques. D’une certaine façon, cet article est un hommage. Hommage au groupe qui a bercé pendant longtemps nos oreilles, hommage pour le simple plaisir de pouvoir écrire quelque lignes sur des artistes qui sont dotés d’une sensibilité unique, et ont encore le pouvoir de vous la transmettre. Hommage, parce que malheureusement Youth Lagoon s’en est allé. Trevor Powers l’annonçait sur Twitter.

“Il ne reste plus rien à exprimer via Youth Lagoon. Il n’existera plus” QUAND/ : la tournée que son groupe entame bientôt, et qui passera par la Maroquinerie parisienne le 12 février, sera la dernière incarnation de sa créature. “Je baisse le rideau, mes frères et sœurs” a-t-il ainsi écrit. “Il ne reste plus rien à exprimer via Youth Lagoon. Il n’existera plus” poursuit-il, décrivant ses trois premiers albums comme une “trilogie transitionnelle”. Néanmoins, cela ne ressemble pas à un point final et catégorique. Tout n’est pas pour autant fini pour Powers qui, explique-t-il, “a grimpé au sommet d’une montagne pour en voir une beaucoup plus grande”. “Il reste beaucoup de choses à raconter, mais ce ne sera

plus au travers de Youth Lagoon”. On se souviendra encore longtemps des frissons ressentis à la toute première écoute des chansons à la fois intimes et grandioses, il n’y a maintenant plus qu’à attendre qu’ils parcourent notre peau de nouveau. Trevor Powers Idaho . USA . 2011 ••• The Year Of Hibernation . 2011 Wondrous Bughouse . 2013 Savage Hills Ballroom . 2014

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MUSIQUE - ON AIR

KIASMOS Kiasmos est à l’électro ce que Youth Lagoon est à l’indie, un monde sensible et unique. Kiasmos, c'est d’abord une rencontre, celle de deux personnes que rien ne rassemble, et celle de deux styles musicaux que tout oppose. Kiasmos, c’est un duo, et depuis 2014 un album. Kiasmos c’est une histoire du Nord, celle des légendes Viking, de la mer sombre et du vent sifflant dans les sapins. Kiasmos c’est une échappée hors du temps, une ascension progressive jusqu’au sommet glacé de la montagne, là où serpentent les aurores boréales. Le groupe est né de deux univers, celui d’Ólafur Arnalds, un des producteus Islandais les plus réputés de sa génération,

fasciné par la musique classique et connu pour ses compositions minimales uniques de piano et cordes ; univers qui a rencontré celui de Janus Rasmussen, des Îles Féroé, jouant sur un terrain beaucoup plus électropop, comme il le fit avec le gourp Bloodgroup. La légende urbaine raconte que leur intérêt mutuel pour l’électro expérimentale les a réunis dans un studio de Reykjavík, et qu’à leur sortie Kiasmos était né. De leur première collaboration est né un album éponyme, qui a très clairement posé les marques de leur univers. Le résultat est impressionnant de simplicité et d’efficacité. On se laisse transporter, on écoute la machine s’ébrouer, les rouages qui tournent,

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MUSIQUE - ON AIR

s’emboitent parfaitement les uns dans les autres. Kiasmos, c’est une petite horloge dont le mécanisme est invisible. C’est une pièce d’orfèvrerie, un projet subtil, rigoureux, avec des instruments bien dosés et une vraie cohésion entre les différents morceaux. Tout est extrêmement travaillé, tout est pensé. Au delà de la qualité de la conception de l’album, Kiasmos c’est un voyage intérieur de cinquante minutes en terre du Nord, une ambiance éthérée, aérienne, au confluent entre l'électro-ambient et la techno minimale. Le duo vous emporte parce qu’il raconte une histoire, que tout est fluide, et tout s’enchaine avec une facilité et une beauté confondante.

Kiasmos n'est pourtant pas un album révolutionnaire, bien d’autres groupes se sont attelés à la tâche de la musique électronique expérimentale, mais il est pour le moins unique, car il porte en lui la force des œuvres qui savent nous prendre par la main pour nous emmener dans un ailleurs qui nous bouleverse et nous fascine. Ólafur Arnalds & Janus Rasmussen Reykjavík . Islande . 2013 ••• Kiasmos -premier album- 2014

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MUSIQUE - ON AIR

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MUSIQUE - ON AIR

BATTLES Battles est le groupe que l’on découvre et… « mais qu’est-ce que c’est que ce truc ?! » On se dit que c’est un peu n’importe quoi, mais que ça a son charme, puis comme le légendaire coup de foudre qu’on ne voit jamais venir, on succombe. On succombe à leur folie qui nous rappelle Animal Collective, cette énergie effarante qui sort de nulle part, et la joie qui transpire de chaque morceau. C’est le groupe atypique qui nous fait dire « mais pourquoi je ne l’ai pas découvert avant ?! ». Battles est un jeu. Celui d’un rock expérimental dont les membres ont inventé les propres règles. C’est une conquête de chaque note, de chaque son de chaque instrument. C’est apprivoiser chaque son, alléer en profondeur dans l’univers que peut offrir un instrument. C’est mélanger le rythme de chacun, connecter leur rythme et tresser leur nuances. Il s’agit d’un groupe changeant, aux visages multiples. Il est bien difficile de les définir, d’apposer un adjectif à leur musique. Il faut du temps pour seulement tenter de relier les notes à quelques mots, car Battles est en constante évolution, non seulement musicalement mais aussi au travers de leur composition interne.

C’est là que leur vrai visage est apparu, c’est à ce moment que l’essence du groupe en lui-même a pris le dessus. Car même avec un membre en moins, le groupe a paradoxalement fait plus. Beaucoup plus. Le précédent Mirrored (2007) était déjà, une petite merveille, sauvage et furieuse. Mais il restait dans le « trop » (trop surjoué, trop technique, trop maitrisé) là où Gloss Drop fait dans le « laisser aller ». Fini le raisonnable, Gloss Drop, est la preuve que l’âme du groupe à survécu, avec la niaque au ventre, la rage brûlante dans les veines. S’il reste ardent, anguleux, musculeux, mathématique, Gloss Drop est surtout un moment de jouissance ludique : un vrai et grand album pop. Il est remplis de voix (Gary Numan sur la folle My Machines, Matias Aguayo sur le génial single Ice Cream ou Kazu Makino de Blonde Redhead sur le tube sexuel Sweetie & Shag), d’exotisme caribéen ou africanisant, torride, de guitares cintrées et de synthés aberrants. On en ressort égard, perdu, épuisé, violenté, déboussolé. Et ce n’est que l’album, imaginez-vous un instant le live. Ian Williams, Dave Konopka, John Stanier New-York . USA . 2002 ••• Mirrored . 2007 Gloss Drop . 2011 La Di Da Di. 2015

Avec le départ de Tyondai Braxton, l’un des guitaristes de Battles, on a sans doute failli perdre Battles. Car un membre en moins et c’est l’équation intégrale des emblèmes new-yorkais du math-rock qui s’effondrait : comment faire autant avec moins un ? • 47 •


MUSIQUE - ON AIR

KALABRESE Ca pourrait être le nom d’un astéroïde, ou d’une comète. On l’aperçoit de temps en temps dans le ciel noir. À un moment précis de l’année, sa trainée illumine l’obscurité. C’est fugace, en un éclair tout est fini. Kalabrese et sa trainée brillante. Comme la comète il est discret, invisible la plupart du temps, puis soudain il apparait le temps d’un concert, il illumine la nuit noire et s’efface de nouveau. Si l’artiste suisse est aussi peu présent sur le devant de la scène électro internationale, c’est parce qu’il s’adonne à de très nombreux projets musicaux. Producteur, promoteur et directeur de club, et évidemment compositeur et dj quand le temps le lui permet, Kalabrese est un homme sur tous

les fronts, en particulier celui de la scène musicale nocturne de Zurich. Son style unique lui a aussi permis d’accéder à une reconnaissance internationale dans le milieu professionnel, mais il semble se préserver de la reconnaissance publique afin de pouvoir se consacrer à tout son petit univers suisse qu’il chérit intensément. Kalabrese évolue entre deux univers, produire et gérer, créer et composer. Parle avec amour de tous ces projets, de sa musique comme de son petit bébé de Zurich, un club qu’il dirige en équipe "C’est fantastique de pouvoir faire partie de ce mouvement. Nous sommes cinq à porter le projet de ce club, et pendant les sept dernières années on est tous devenus très très proches grâce à cet objectif commun. C’est une grande responsabilité que d’essayer de le maintenir frais et en même temps indépendant."

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MUSIQUE - ON AIR

On sent au fond, une motivation folle, un bouillonnement qui lui permet de réaliser ce qui lui tient à cœur, étendre le champ des possibles au niveau musical, rendre les choses plus accessibles : que tout le monde puisse avoir l’opportunité d’écouter tel ou tel style musical, et que tout le monde puisse avoir l’opportunité de produire ce qu’il entend. Kalabrese, c’est une petite comète, oui, bouillonnante et généreuse, de celles que l’on voudrait voir plus souvent traverser le ciel étoilé. Ces caractéristiques, on les retrouve dans sa musique. Une musique facile, et entrainante. Sans queue ni tête, elle semble un peu folle, mais peu importe, elle nous emporte et c’est exactement ça que l’on veut. Ses sonorités disco, groovy, funky, sont chaudes et rondes : enivrantes, mais toujours contrêlées et dosées comme il faut.

« Je cherchais une sorte d’élégance dans le Groove et dans la façon de composer. Cela m’a pris beaucoup de temps, mais au final je l’ai trouvé. Je suis assez dure envers moimême, dans ce genre de situation je ne lâche rien. Il y a énormément de musique dans ce monde, et une grande partie est un peu trop ennuyeuse, je sais de quoi je parle car j’ai aussi fait ce type de musique. C’est ce que je ne voulais absolument pas reproduire, c’est pourquoi je me suis autant acharné sur tout ce que j’ai produit et édité. » Kalabrese, une petite comète, dont on attend avec impatience le retour sur scène, là-bas, dans la nuit bleue. Sasha Winkler Zurich . Suisse . 2004 ••• Rumpelzirkus . 2007 Independant Dancer . 2013

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MUSIQUE - ON AIR

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MUSIQUE - ON AIR

KAZY LAMBIST Aux premières notes on sent le vent chaud qui arrive des terres. Brûlant. Ça souffle et vous enveloppe. Lentement le vent vous pousse dans le dos. On peut sentir la poussière glisser sur les jambes, se coller dans la nuque. Alors on écarte les doigts, puis on élève les bras pour mieux sentir l’air passéersur la peau moite.

C’est peut-être grâce à autant de référence et d’influence musicale, que tout semble couler facilement, comme si les sons avaient déjà été pensés. C’est peut-être aussi pour cela que ce qui lui importe avant tout c’est l’émotion, les sensations que procure chacune des mélodies.

Kazy Lambist a débarqué de nulle part. Sans prévenir Doing Yoga est apparu sur la toile, sa voix claire et les douces ondes d’une chill estivale ont tout emporté. Elles ont même retenti jusqu’au concours Inrocks lab, ont retenti et tout remporté. Originaire de Montpellier, Arthur Dubreucq, s’est construit sa culture musicale et ses références. Par l’écoute d’abord, l’étude du piano, et le voyage évidemment. Il s’est rempli de jazz, de hip hop, de différence et de force musicale, en passant par le nord de Vancouver.

“ lancer des mots pour donner une ambiance”

Le lien avec la l’électro-pop française actuelle reste cependant évidente, on sent clairement l’influence de groupe tels que Moi Je, l’impératrice, ou Les Gordons, envers lesquels Kazy ne cache pas son attirance. Tout a ensuite commencé sur le chemin des remixs, de Notorius Big notamment, un clin d’œil à la Californie qui reviendra souvent dans l’EP sur lequel il se penchera peu de temps après.

Il admet d’ailleurs qu’il n’y a pas vraiment de sens précis ou profond à ses paroles, qu’il s’agit plus de « lancer des mots pour donner une ambiance ». Le seul objectif est de se laisser emporter, de se laisser flotter dans les eaux turquoises et sensuelles de l’EP. Comme chacun peut le sentir le travail de l’ambiance, des transitions et des nuances musicales est prédominant, c’est un partis pris bien revendiqué et une ligne directrice adoptée sûrement jusqu’au premier album. Et on admet que ça nous va, on a droit à un dernier plongeon dans les eaux moites de l’été avant de recommencer. Arthur Dubreucq Montpellier . France. 2012 ••• The Coast . 2016

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MUSIQUE

RETOUR SUR L'ÉTÉ

Texte : Mathilde Noirot ∙Photographie : Martin Journot • 52 •


MUSIQUE

Alessi Brothers – Seabird

C’est le lever du soleil depuis un toît. C’est un matin humide au bord d’un lac. C’est un coucher de soleil sur la plaine. C’est un retour de soirée en vélo. C’est une fin d’après-midi en voiture, quand la route est infinie. C’est la redescente après une nuit de clubbing, au bord de la Spree. C’est la douceur, le calme et l’odeur salée de la mer. Alors il ne reste plus qu’à allumer une cigarette, et admirer.

Hubbabubbaklubb – Mopedbart

L’air facile s’imprègne sans difficulté de l’euphorie de l’instant. Et l’euphorie de l’air facile. La mélodie est entrée dans votre tête et y restera pour quelques temps. Vous voudrez une moto, des forêts denses et sombres, une route sinueuse entre les sapins. Vous voudrez presque sa moustache blonde, et pouvoir ne serait-ce que chantonner les paroles incompréhensibles.

Destroyer – Kaputt

Entonner en douceur l’ode à la nuit chaude et sauvage. Chanter et danser en allant de backrooms en blackrooms.

M+A – Ninja (ft. Spank Rock) La dernière musique avant de sortir enfin de cet appartement. La musique avec laquelle vous finirez la dernière bière, enfilerez votre veste et vous mettrez en quête d’un endroit ou danser et expulser toute l’énergie et le feu sauvage qui vous consume.

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CINE

- À L'AFFICHE la rubrique ciné

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CINE

Kubo, un jeune garçon borgne depuis que son grand-père lui a arraché un œil, vit seul avec sa mère, rendue mutique par la douleur des épreuves qu’elle a traversées, dans un village que l’on sait au Japon. Il y gagne sa vie en racontant des histoires avec des origamis auxquels il a le don de prêter vie, grâce à son instrument, un shamisen, instrument à 3 cordes japonais. Mais voilà que ses tantes, émissaires de son maléfique grand-père, apparaissent et cherchent à s'en prendre à Kubo. Pour échapper au courroux de son grand-père, qui cherche à lui voler son deuxième œil et son humanité par la même occasion, le jeune garçon va devoir traverser les Terres Lointaines, sur les traces de son père, à la recherche d’une armure magique qui lui permettrait de vaincre sa famille maléfique.

- while my shamisen gently weeps… Guillaume Hergat

C’est avec ce synopsis, une quête du héros d’apparence plutôt classique, que le studio d’animation Laika a entrepris de tourner son 4ème film déjà, ayant commencé avec l’excellent Coraline de 2009. Avec Kubo et l’armure magique, Laika nous prouve encore une fois que l’animation, c’est du cinéma, et pour le coup de l’excellent cinéma. Outre la prouesse technique absolument ahurissante que représente la production d’un tel film en « stop-motion » -je vous encourage à aller voir quelques images de making-of pour en mesurer l’ampleur-, Kubo évoque des thèmes aussi simples que courants avec une étonnante justesse et une retenue toute orientale, rarement présente dans l’animation américaine. Il sera ici question de filiation, mais aussi de deuil et de pardon, sur fond d’un Japon traditionnel absolument sublime. Le réalisateur, dont c’est le premier film transcende le stopmotion en lui enlevant son caractère statique, en y ajoutant de la verticalité.

Ici tout est léger, en mouvement. Les acteurs de plastique et de papier nous offrent une performance étonnante, ayant plus de subtilités de jeu et d’expressions que certains acteurs de chair et d’os… même avant Botox. Plus de 23 000 visages différents peuvent être donnés au pantin du personnage principal ! Kubo et l’armure magique est donc une véritable réussite. Pas seulement en tant qu’œuvre cinématographique, mais aussi en tant que manifeste d’une technique d’images animées qui continue d’évoluer et de se perfectionner. Un véritable cri d’amour à l’animation et à la puissance que cela peut porter. Un voyage initiatique à vous en faire tomber amoureux. Reste une déception, celle de voir des salles françaises -parmi les rares qui proposent le film- quasiment vides lors de sa projection. Allons donc remplir ces salles. Et pour prouver que le cinéma est riche dans toutes ses composantes, animons-les toutes !

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STRANGER THINGS - when music blow your mind away Mathilde Noirot

Il fait sombre et le brouillard s’enroule entre les arbres. Lentement. Il s’étend, vous frôle. Glacial. Une voiture passe dans le lointain, et quand elle tourne au virage ses phares illuminent la brume. Flash de lumière. Or et obscurité autour. C’est tout cela qu’on peut s’imaginer en un instant, aux premières notes de “Elegia” de New Order. Et le reste des musiques rythmant chaque épisode est du même niveau. Intense et parfait. Il s’agit de loin de la meilleure bande originale de série enregistrée depuis longtemps. Non pas parce qu’elle est vintage à souhait, et qu’elle vous rappelle des moments quand vous étiez gamins devant un vieux poste de

radio où on pouvait encore mettre des cassettes. Ce n’est pas non plus parce qu’elle a quelque chose d’effacé, de presque désuet, comme quand on regarde une vieille photo et que l’on sait que tout cela a disparu. Non, ce n’est pas pour toutes ces raisons, bien que cela soit à mon gout déjà fantastique, non c’est tout simplement parce que tout est parfaitement ajusté. Chaque musique, chaque note, s’accroche avec beauté et ténacité à chaque moment, et laisse flotter une ambiance forte, qui vous imprègne doucement. Tout est d’une justesse éblouissante, à tel point que s’en est presque étrange.

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EVENEMENT - JOURNEES DE L'ARCHITECTURE

LES JOURNEES DE

L'ARCHITECTURE Amélie Diemert

Cette liste,de loinpresse d'être exhaustive, recense Dossier : Journées de l’architecture 2016 les manifestations les plus originales des Journées de l'Architecture. Celles où tu pourras t’impliquer personnellement en pouvant y participer. Pour tous les autres évènements, retrouve le programme complet à la kfet ou sur internet pour combler tous tes désirs !

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EVENEMENT - JOURNEE DE L'ARCHITECTURE

Balade en canoé -> 26 octobre de 14h à 17h Le paysage urbain du point de vue d’un pagayeur, pour découvrir Strasbourg du point de vue d’un de ses éléments les plus importants : l’eau.

Pour tous ceux qui aiment particulièrement le croquis, et puis parce que c’est très important dans la formation du regard d’un architecte, de nombreuses manifestations autour de cette pratique lui sont consacrées :

Visites corporelles -> 26 octobre à 12h30 Le café Kammerzell sera réinterprété par une danseuse, pour des perspectives architecturales magnifiées par des perspectives chorégraphiques.

- Atelier croquis -> Le 8 octobre au Café Rapp Réalisation de grands et petits formats, collectés en fin de journée pour une mise en page sous forme d’affiche offerte aux intervenants.

Perspectives sur un paysage, Architecture nature et vin -> 14 octobre à 16h à Fessenbach, près d’Offenburg Une ascension à travers la nature pour rejoindre LE point de vue panoramique sur la région du Rhin supérieur. Le gros plus : la dégustation de vin dans une propriété viticole pour terminer la journée en beauté.

- La perspective du croquis -> le 9 octobre place Broglie Le matériel est fourni, le but : apprendre à s’attacher à l’essence de l’objet.

Parcours vélo Partir à la découverte des aménagements urbains en compagnie d’un architecte qui commente les balades. Ou comment allier l’utile à l’agréable. Se référer au calendrier des JA pour connaître la thématique de chaque sortie et les multiples dates. Balades sonores Une expérience qui bouleversera vos repères, pour découvrir l’architecture sous un autre angle de vue. Venez écouter la Meinau et le quartier d’Hautepierre le 14 octobre, gratuitement ! Entre-cabanes -> jusqu’au 3 décembre au Maillon Une installation expansive à laquelle vous participerez afin d’expérimenter la pratique de l’architecture.

- Topoésie, « lis tes ratures » Le principe : à partir d’un extrait d’ "A la recherche du temps perdu" de Marcel Proust, tu seras invité à dessiner ton propre projet en fonction de ce que tu auras pu lire. Les règles du jeu se trouvent déjà sur le site internet www.europa-archi.eu et tes dessins seront diffusés sur le même site dès le mois de Décembre !

Parfums ! L’odeur de l’architecture -> jusqu’au 21 décembre à Bâle Et ton nez ? Si tu n’as pas encore attrapé le traditionnel rhume des premiers mois de fraicheur, c’est justement l’occasion de découvrir et comprendre comment les parfums sont utilisés au travers de l’architecture, et quels sont leurs effets sur nos espaces et notre quotidien. Une superbe exposition en perspective…

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EVENEMENT - EXPO

WIM DELVOYE AT MUDAM

Texte et photos : Nicolas Comisso

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EVENEMENT - EXPO

L’ARTISTE Wim Delvoye, c’est un artiste-plasticien belge, la cinquantaine à peine entamée. Pas forcément très connu par son nom, mais beaucoup ont entendu parler de certaines de ses œuvres. Un artiste sans scrupule, sans limite, trash au possible, un Marcel Duchamp des temps modernes, en somme, le doigt d’honneur en plus. Sa spécialité ? Imposer le débat en mélangeant des univers ou des objets complètement opposés, le tout avec une bonne dose de cynisme.

L’EXPO Elle prend place au MUDAM (Luxembourg), un musée dessiné par Leoh Ming Pei et qui vient de fêter ses 10 ans d’existence. L’expo occupe la majeure partie du musée, seuls le sous-sol et quelques salles résistent à l’envahisseur flamand. D’une salle à l’autre, nous plongeons dans différents univers. Détournement d’objets, origines de l’humanité, critique de la religion et monumentalité sont les thèmes de l’exposition. On notera la présence le long du parcours de dessins et croquis préparatoires de nombreuses œuvres (exposées ou non) permettant de suivre sa démarche. Pots de faïences en bonbonnes de gaz, blasons sur pelles et tables à repasser, cage de foot en vitrail, scies en bois, tuyaux n’acheminant rien vers nulle part et mappemondes présentant des continents entiers sortis de son imagination. Ici, tout est surréaliste, anachronique, illogique.

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EVENEMENT - EXPO

On retrouvera, au premier étage une mobylette Peugeot dans un étui d’instrument, prête à émettre sa musique. Dans la deuxième salle et le hall sont exposées deux machines de la série Cloaca, la Super Cloaca et la Cloaca N°5 qui produisent des excréments en mimant le système digestif. Ceux-ci sont alors conditionnés et vendus à un prix variant selon la qualité du repas fourni à la machine. Eddy et Christophe, des porcs tatoués, naturalisés et élevés pour ça dans son Art Farm en Chine sont aussi présents. Il aime aussi utiliser des objets industriels et les remodeler. Les Carved Tyres en sont un bon exemple : ces pneus de camions ont été sculptés de motifs très détaillés. On verra aussi la série Rorschach, des statues académiques scannées et dédoublées avant d’être coulées en bronze ou en porcelaine, mais aussi des crucifix déformés et sculptés.

La dernière partie de l’exposition est probablement la plus impressionnante. On y trouve des objets tous plus extravagants les uns que les autres, comme une bétonnière formée de plaques d’acier sculptées au laser ainsi qu’une bétonneuse. Les motifs sont par ailleurs très étudiés et réalisés avec soin par l’artiste d’après des dizaines de plans et élévations de vrais bâtiments. Dans la salle trônent également d’immenses photographies de chantiers, où la roche est sculptée de messages qu’on s’attendrait plutôt à voir accrochés négligemment sur un frigo ou tagués dans des toilettes publiques. Enfin, la Chapelle, présente de façon permanente au MUDAM et spécialement créée pour l’ouverture du musée en 2006. Elle occupe une pièce entière du musée, au premier étage. Elle est constituée de panneaux d’acier taillés au laser pour former

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EVENEMENT - EXPO

des motifs gothiques, ainsi que de vitraux qui, de loin, ont l’air normaux. Il suffit de s’en approcher pour se rendre compte que ceux-ci sont un amas de radiographies de personnes dans des poses suggestives, rapprochant par la même occasion érotisme et religion. En bref, voilà une expo résolument critique, cynique et dénonciatrice. Je l’ai découverte par hasard en allant au MUDAM sans vraiment savoir à quoi m’attendre. Elle m’a donné envie d’y retourner pour vous en parler et vous la partager. Si vous avez l’occasion de vous rendre à Luxembourg, l’expo y est visible jusqu’en 2017. Pour les autres, soyez patients, elle sera déplacée à Bâle courant 2017, au Musée Tinguely. • 63 •

Wim Delvoye At MUDAM Jusqu’au 08/01/2017 MUDAM, Luxembourg Entrée gratuite pour les étudiants www.mudam.lu Wim Delvoye A partir de l’été 2017 Museum Tinguely, Bâle, Suisse www.tinguely.ch/fr


EvENEMENT - FESTIVAL

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EVENEMENT - FESTIVAL

Festival Bistanclac Ecole d’architecture de Saint-Etienne Prescilia Marschall

Les origines Bistanclac est une association étudiante qui a pour vocation d’établir un lien entre architecture et musique. Cette association est récente, la première édition du festival s’est déroulée l’année dernière. Elle succède à l’association « Musitecture » qui a été fondée par une étudiante de l’école qui avait pour ambition de réunir, le temps de quelques jours, des artistes locaux aux styles musicaux bien différents. Le festival Musitecture était ouvert à tous, il eut tellement de succès qu’à la sortie de l’école, l’étudiante décida de poursuivre ce projet en dehors de l’école et d’investir des rez-de-chaussée vacants dans la ville de Saint-Etienne afin d’organiser diverses manifestions musicales. Voilà 2 ans que l’association Bistanclac a repris le flambeau et à ce jour c’est l’association qui compte le plus de membres à l’école.

Déroulement des festivités Chaque année, au mois de mai, l’association organise un festival qui dure 3 jours dans les locaux de l’école. Environ 3 artistes se produisent par soirée (ARTFKT, l’animalerie,

Ladybug and the Wolf, l’Entourloop, Gavlyn, Clémen Bazin…). La programmation est assez variée : pop, rock, rap, electro.. et tout le monde y trouve son compte. La gratuité de l’évènement attraie énormément de monde, qu’ils soient de l’école ou bien extérieurs à l’école. L'évènement est ouvert à tous et devient, ainsi, un véritable lieu de rencontres et d'effervescence entre les différents musiciens, étudiants et habitants de la ville de Saint-Etienne.

La scénographie Pas question d’organiser un évènement sans travailler la scénographie. Pour chaque festival un décor est pensé et monté. Chaque étudiant peut s’impliquer dans la scénographie et ainsi proposer un projet qui sera sélectionné après un concours. Lors de la dernière édition un appel a projet a été lancé sur le thème de la lumière, l’occasion pour les étudiants de l’école de s’aventurer dans la scénographie. Parfois les décors mis en place pour le festival sont maintenus dans l’école et apportent gaieté à l’établissement, par exemple pour l’édition de 2015 où l’une des façades de l’école a été peinte d’un dégradé de couleurs.

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EvENEMENT - FESTIVAL

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BANDE DESSINEE

Illustration : Maxence Noiret • 68 •


JEU

Réalisation : Elsa Barlogis • 69 •


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Biche Recrute ! Biche, c'est avant tout un magazine écrit par des étudiants et pour des étudiants !

Il est ouvert à tous, que vous ayez un talent pour l'écriture, un coup de gueule à passer, ou que vous ayez simplement envie de partager des choses ; Un retour de mobilité, un voyage, un coup de cœur architectural, musical ou littéraire... Des textes, des photos, des illustrations, des collages, tout est possible, ou presque ! Nous attendons vos bonnes idées avec impatience ! En attendant, restez à l'affût, le prochain numéro sera thématique et plein de surprises !

L'équipe de Biche

écrivez-nous ! biche.mag@gmail.com FB : Biche Ensas • 71 •


contact : biche.mag@gmail.com FB : Biche Ensas

Photographie de couverture : EloĂŻse Combe


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