Biche #3

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architecture & culture

#3

m a t i è re

mai 2017



architecture & culture


EDITO Eloïse Combe

Ça y est, l’hiver nous quitte enfin, le printemps pointe timidement le bout de son nez. Les vestes au placard, les lunettes de soleil sur le nez, les oiseaux qui chantent, et toi enfermé pour travailler. Heureusement Biche, plus fraîche que jamais, vient te divertir l’histoire de quelques minutes pour te rappeler que la vie est belle. Mais trêve de plaisanterie, Biche après des mois et des mois sous la couette s’est enfin réveillée pour t’offrir un numéro spécial « matière ». Entre articles d’étudiants et de professeurs, interviews d'architectes, mais aussi découvertes et photographies, Biche #3 c'est un melting-pot d'architecture et de culture concocté par nous, et surtout pour toi ! Alors maintenant il ne te reste qu’une chose à faire, visiter l’exposition SPLASH, prendre une bonne bière à la Kfet et feuilleter ce petit Biche tout nouveau, tout beau (du coup plutôt 3 choses, mais on ne chipote pas, c’est bientôt l’été) ! Alors à ta santé, et bonne lecture, ta biche qui t’aime tant.

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EQUIPE

Eloïse Combe Amélie Diemert Rédaction en chef Événements Photographies

Coordination génerale Rédaction en chef Photographies Culture

Martin Journot Rédaction en chef Graphisme Culture

Mathilde Noirot Illustrations Musique

BICHE

Guillaume Hergat Cinéma Littérature Musique

Maxence Noiret Bande Dessinée

Ont également contribué à ce magazine : Dominique Gauzin-Müller , Séverine Fuchs, Flavio Higelin, Ryan Ouguergouz, Lina Lim, Marion Klein, Marie Fruiquière, Sergio Barajas, Juliette Schweitzer, Thierry Herry.

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SOMMAIRE

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SOMMAIRE

WORKSHOP CULTURE

PHOTOGRAPHIE

ARCHITECTURE

PHOTOGRAPHIE

CULTURE

BICHE

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LA FABRICASENS

14 AU MENU 18 BANDE DESSINEE 20 MUSIQUE 26 INSTAGRAM 28 CLUB PHOTO 34 PAYSAGES MURAUX 38 40 44 46

DE LA MATIERE AU MATERIAU LA TERRE CRUE SENS CACHE RENCONTRE(S)

50 54 56 58

DUNES CORPS ET MATIERE TISSUS MOUVANTS SANS TITRE

60 MATIERE GRISE 62 SORTIR A STRASBOURG 64 EXPOSITIONS 68 JEUX 70 BICHE RECRUTE ! • 7 •


WORKSHOP

LA FABRICASENS, rencontre avec l'équipe

Interview : BICHE ∙ Photo : Mathilde Noirot

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LA FABRICASENS

quatrième édition du workshop la Fabricasens s’est déroulée Llea weekend dernier, entre tissu à fleur, franges de cuir et veste en jean. Les 67 participants réunis cette année se sont affairés pendant trois jours autour des montagnes de vêtements fournies par le Secours Populaire. Ils ont tissé, tressé, lié, noué, avant de tout ficeler sur la Place d’Austerlitz pour l’exposition finale.

- Pour commencer, qu’est-ce que la Fabricasens ? Son concept ? La Fabricasens c’est un workshop créé par et pour les étudiants, qui intervient une fois par an. Son but est de s’approprier l’espace urbain et d’explorer les possibilités d’un matériau unique au travers de la réalisation de structures éphémères. Le concept fort c’est d’essayer de voir ce qui peut naitre de la collaboration, du partage et de la rencontre ; que cela soit au niveau des écoles organisatrices, des participants et des visiteurs lors de l’exposition finale sur une place publique. La grande question à laquelle on essaye de répondre c’est comment peut-on s’approprier l’espace public à notre petite échelle, comment peut-on le faire vivre et l’activer par un processus simple, par une intervention ludique et joyeuse.

- Vous parlez de rencontre et de partage, alors la Fabricasens, ça rassemble qui ? Tout d’abord c’est la collaboration entre trois écoles supérieures de Strasbourg : l’ENSAS, l’INSA et la HEAR, afin de rassembler ces disciplines à la fois similaires et bien spécifiques pour obtenir une réflexion et un résultat riche. Et surtout pour se rencontrer ! Il n’y a quasiment aucun contact entre ces écoles et pourtant nous faisons quasiment tous la même chose. Notre but est donc d’essayer de nous réunir autour d’un thème commun, pour échanger et partager. Dans ce but, le workshop est bien évidement ouvert à tous, tout le monde peut participer !

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WORKSHOP

- Si on reprend, le thème et le terme « la Fabricasens » on suppose que tous nos sens vont être en émoi, expliquez-nous un peu ce concept. Le workshop, se positionne comme un observateur de la ville, tout en la réquisitionnant : son aspect, ses formes, les relations qui s’y forment, son usage, etc. Nous sommes donc partis du principe que chacun ressent et vis la ville de manière différente. Vivre la ville part de notre perception sensorielle, chacun a une perception différente de l’espace. Pour réinvestir cela au sein du workshop nous avons mis en place une petite règle : chaque groupe de participants devra choisir un de nos cinq sens pour guider l’imagination puis la construction de son œuvre. Chaque

installation devra donc illustrer un de nos sens, le toucher, la vue, l’ouïe, au bon vouloir des participants. Mais plus qu’illustrer, elle devra le rendre perceptible pour les habitants et les visiteurs de la place publique.

- Un autre élément phare de la Fabricasens c’est évidemment le matériau de récupération qui servira à construire les structures, comment choisissez- vous ce matériau ? Une fois que l’équipe organisatrice est montée, nous organisons un grand Brainstorming où tous les membres du groupe peuvent donner leur idée. Le but est de trouver LE matériau qui sera symbolique pour

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LA FABRICASENS

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WORKSHOP

la nouvelle édition, mais qui pourra aussi être récupéré gratuitement et facilement, et surtout en grand nombre ! Il en faut vraiment beaucoup au final, car chaque édition réunie généralement 60 participants qui ont tous besoin de matière pour créer les structures. En choisissant le matériau, nous choisissons aussi le message que l’on fera passer : l’utilisation quotidienne de cette matière et évidemment sa remise en cause, son éventuel gâchis, sa durée de vie, son cycle de vie, etc. L’objectif est de sensibiliser le public et les participants à l’utilisation que l’on fait des objets et des matériaux, et surtout à leur gaspillage.

- Quelles sont les valeurs que vous voulez faire passez par ce workshop ? Et qu’attendiez-vous de la journée de

dimanche, sur la place d’Austerlitz ? Le but premier de ce workshop, c’est l’échange. Nous pensons que c’est avant tout, quelque chose d’humain et de social. Nous voyons vraiment la Fabricasens comme un moyen de communiquer entre les écoles, de tisser des liens entre des personnes diverses et variées, mais surtout comme un moyen de créer un projet ensemble ! C’est l’occasion de partager, débattre et échanger, que cela soit au sein de l’équipe organisatrice ou des groupes de participants. Personne ne savait réellement à quoi s’attendre pour dimanche ! Nous étions bien sûr tous dans l’attente d’un échange avec les habitants, de personnes qui passent et s’arrêtent, qui testent les œuvres, s’installent et passent un moment avec nous. Nous espérions un bon déroulement

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LA FABRICASENS

de la journée, au meme titre que la satisfaction des participants. Le succès de cette journée d’exposition commence aussi tout simplement par la bonne humeur des équipes créatrices, leur fierté et leur contentement. Et c’est au final ce qui s’est passé ! Tout le monde avait vraiment l’air heureux d’être là et de prendre part à ce petit évènement urbain. Le soleil était au rendez-vous, la Disco Soupe a participé à l’animation de la place et la Fanfare de l’INSA a attiré les passants ! Beaucoup d’entre eux se sont d’ailleurs arrêtés pour nous poser des questions, profiter des installations un instant, et écouter le jury final débattre de la qualité des structures. Nous sommes très fiers de pouvoir dire que cette quatrième édition a remporté un grand succès !

- En quelques mots, comment s’est passée cette quatrième édition ? Quelle impression en gardez-vous ? Ce fut un travail de longue haleine ! L’équipe que l’on a montée au début de l’année n’a pas arrêté un seul instant, nous avions une réunion toutes les semaines ou toutes les deux semaines ! Il a fallu mettre en place beaucoup de choses, de la communication, jusqu’au problème logistique comme la récolte des deux tonnes de vêtements nécessaire, en passant par le montage du budget et les demandes de subventions. Nous avons eu quelques mauvaises surprises, des personnes qui vous abandonnent en cours de route, de nombreux silence radio de la part de nos partenaires et la mairie, mais aussi de très bonnes, comme la collaboration avec Disco Soupe, l’Ososphère, et le collectif Des Châteaux en l’Air. Bien que tout ne se soit pas passé exactement comme prévu, on

garde une super impression de ce workshop. Ça a été une grande expérience pour tout le monde, et l’équipe reste très motivée pour la suite ! - Comment voyez-vous Fabricasens ?

le

futur

de

Le futur du workshop, tel qu’on le voit maintenant, résiderait premièrement dans le prolongement d’une édition par an, afin de faire perdurer l’évènement, mais aussi réunir toujours plus de participants et renforcer le lien entre les écoles ! Ensuite, et ça a doucement démarré cette année, on aimerait vraiment pouvoir s’ancrer dans le milieu artistique et militant de Strasbourg. La collaboration avec le collectif des Châteaux en l’Air et l’Ososphère nous a permis de pénétrer ce petit monde, d’offrir plus de visibilité au workshop, à nos écoles, mais aussi d’être un acteur à part entière du monde urbain ! Notre ambition serait d’être considéré comme une entité active et énergique de la ville et de la sphère publique, que l’on ne soit plus seulement un workshop étudiant, mais un atelier publique, qui pense, fait, et change la ville. M.N.

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- AU MENU littérature - cinéma - musique

Guillaume Hergat

Quand la rédaction me fit part du thème de ce numéro ma réaction se scinda en deux temps. En premier lieu je me réjouis de cette ligne directrice en phase avec nos études et notre domaine, utiliser matière(s) pour créer formes, à sentir, à toucher. Ce dernier mot fut le déclencheur de la deuxième phase : mon incapacité à me raccrocher au thème. En effet, les œuvres dont je parle ici ne sont en aucun cas palpables physiquement, outre leur format de transmission (disque, livre, CD) ils n’existent que dans leurs différentes réalités d’expression ces dernières faisant appel à d’autres sens que le toucher, la vue et l’ouïe en première ligne. Comment associer matière et littérature, cinéma ou musique ? D’abord définir matière. Ici elle n’est ni noire, ni grise, ni à discussion, nous parlons de la matière -ou plutôt des matières- physiques. Une matière c’est une sensation, de toucher certes, mais que l’on peut définir, qualifier, donc métaphoriser. C’est cela que je vous propose aujourd’hui, des métaphores de matières. Remplaçons nos doigts par nos oreilles et nos yeux et commençons à ressentir la matière dans la musique, la littérature et le cinéma. Je vous propose 3 menus. Un mélange de vieux, de neufs, de classiques, de découvertes, de redécouvertes. Entre brasserie, bar à bobos, winstub et gastronomique. Je vous donne ces menus, à vous de les mélanger, de les compléter, de les essayer, de les dévorer. Il s’agit là d’un processus expérimental et tout à fait subjectif. Il se peut que votre matière résonne différemment, et c’est peut être mieux ainsi. En attendant voici mes suggestions : • 14 •


BOIS

AU MENU

chaleureux, naturel,

traditionnel mais ne refusant pas la modernité.

Son feu nous réchauffe.

Entrée : cinématographique. Inside Llewyn davis, Ethan et Joel Cohen, 2013. Le voyage d’un jeune folkeux en galère, guitare à la main, face à un hiver rigoureux de New York à Chicago. Véritable Odyssée folk, ce film nous donne à voir toute la virtuosité -ici douce- de ses réalisateurs, au sommet. Porté par un magistral Oscar Isaac chanteur et acteur, une œuvre d’une beauté amère, touchante, parfois réchauffante, face à un hiver nocturne qui n’attend que la chaleur du bois du feu et des guitares.

Plat : musical. The Freewheelin' Bob Dylan, 1963.

Dessert : littéraire. Les errances d’Oisin, W.B. Yeats 1889-1899.

Deuxième album du désormais prix Nobel de littérature, cet album est déjà un sommet, un monument. Profitez. Une voix, une guitare, un harmonica. Pas besoin de plus pour des textes d’une poétique simple. La force d’un album presque sec où résonne le bois d’une guitare accompagnant des titres tous plus réussis les uns que les autres. Des tubes Blowin’ in the wind, des cris A Hard Rain's a-Gonna Fall , des peines Don't Think Twice, It's All Right et une des plus belles chansons d’amour de son époque Girl from the north country. Un monument soufflé dans le vent et attisant le feu de notre bois.

Ultime sensation de ce menu boisé, les dernières pensée romantiques de William Butler Yeats, poète irlandais qui deviendra pionnier d’une modernité poétique par la suite, jusqu’au Nobel. Ici sont ces derniers poèmes de jeunesse, des cris d’amour et de solitude sur un fond mélancolique et nostalgique d’automnes irlandais où le bois nous donne à sentir son parfum humide et ses feuilles déclinantes.

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BETON CULTURE

rugueux, doux, lourd, solide mais pouvant casser.

Entrée : musicale. Who’s Next, The Who, 1971.

De béton il n’a pas que la pochette et son monolithe Kubrickien -sur lequel les membres du groupe viennent d’uriner (vous irez voir), toute sa substance en est composée. Cinquième album du groupe, Who’s Next impose. Dans les charts et dans les oreilles. Des cultissimes Baba O’Riley et Won’t Get Fooled Again, en passant par le plus fin Behind Blue Eyes, l’album ne vous laisse que le choix de son écoute. En boucle. Le béton cela peut être maîtrisé, fin et même plus doux parfois (Love Ain’t For Keeping ). Mais Baba O’Riley ! C’est béton, non ?

Plat : littéraire. Mort à Crédit, Louis-Ferdinand Céline, 1936. Pour le coup ce plat est lourd. Il s’attend à un estomac préparé pour être apprécié. Du béton solide, rugueux mais d’une douceur possible, cassant parfois. Le deuxième roman de Céline après l’immense Voyage au bout de la Nuit. Laissons de côté l’auteur et ses controverses et parlons seulement de l’œuvre. Intense. Sa vie de médecin, galerie de morceaux de vies, amusant, amer, glaçant parfois, poétique toujours. Un voyage toujours, peut-être moins physique mais plus émotionnel. Un sens de la formule. Un monument à lire. «Nous voici encore seuls. Tout cela est si long, si lent, si triste. » Gris, toujours du béton.

Dessert : cinématographique. Into Eternity, Michael Madsen, 2011. Ce documentaire prend pour sujet l’enfouissement des déchets nucléaires de Onkalo, en Finlande, où une galerie de béton de cinq kilomètres, à 500 mètres sous terre, est réalisée pour se débarrasser de cette problématique nucléaire. Interrogeant cette pratique, Madsen choisit l’angle de la temporalité. Des centaines de milliers d’années sont nécessaires pour effacer le danger de ces déchets. Jusque là ils doivent rester scellés. Comment avertir les générations futures, qui ne seront peut être pas de la même espèce ou qui n’auront pas notre langage ni nos signes, qu’il ne faut en aucun cas ouvrir ces souterrains ? Doit-on avertir au risque de se tromper ou d’attiser la curiosité ou simplement cacher ? Ces questions d’actualité, vertigineuses sont lancées sur fond de bunker bétonnés symétriques et froids, presque glaçants, autant que ces réflexions abyssales (au propre comme au figuré). Une sensation.

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TISSU

AU MENU

Plat : musical. L’un de Nous, Albin de la Simone, 2017.

léger, fluide, se forme et se déforme,

De la nouveauté dans cet article, enfin ! De retour pour un cinquième album, 5 ans après Un Homme, Albin de la Simone nous offre ici toutes les variations de douceur que nécessite le thème de ce menu. C’est fluide, léger, subtil, du tissu, de la soie même. Jusque dans son piano. Ce dernier, il l’a chassé pendant des semaines, à la recherche du spécimen parfait, en accord avec la fragilité satinée de sa voix. C’est finalement un piano droit arrangé -ce qui signifie que les cordes sont atténuées par… du tissu- qui donne toute la douceur de cet album. Des premières notes du Grand amour en passant par l’entraînant Dans la tête, l’attachant une Femme jusqu’au nocturne A quoi (en duo avec Sabina Sciubba), Albin de la Simone nous livre en 38 minutes un réconfort sucré, son propre coton.

doux, volatile.

Entrée : cinématographique. Her, Spike Jonze, 2013. Cotonneux. Dans un futur proche où la technologie est présente constamment tout en s’effaçant peu à peu, Théodore (Joaquim Phoenix), solitaire déprimé s’éprend de son nouveau système d’exploitation, une voix développant des émotions humaines, Samantha (Scarlet Johansson). C’est doux, enveloppant. C’est du tissu. Scarlet Johansson caresse par sa seule voix, d’une douceur et d’une fragilité équivoque. Une vraie bulle émotive portée par Joaquim Phoenix parfait en moustachu déprimé et sensible. Mention spéciale à la musique éthérée d’Arcade Fire et à la photographie d’une chaleur orangée douillette. De cette poésie nostalgique Spike Jonze triomphe.

Dessert : littéraire. Les Eaux troubles du mojito et autres belles raisons d'habiter sur terre, Philippe Delerm, 2015. Avec ces nouveaux instants d’une réalité qui est chaque jour la nôtre, Philippe Delerm livre avec simplicité et sincérité son dernier recueil d’anecdotes sensibles et piquantes. De situations communes en sort une poésie manifeste et un amour du quotidien. Une lecture facile, optimiste, nostalgique parfois ou « sodade » dira-t-on -, résolument douce et légère pour un manifeste d’un bonheur de tous les instants, d’un jour de pluie à un piano en gare…

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BANDE DESSINEE

Illustration : Maxence Noiret • 18 •


EXTRAIT

Les villes et le ciel. 5

Andria fut construite avec un art tel que chacune de ses rues court suivant l’orbite d’une planète et que les monuments, les lieux communautaires, reproduisent l’ordre des constellations et la position des astres les plus lumineux : Antarès, Alplératz, Capella, les Céphéïdes. Le calendrier de la ville est réglé de façon que travaux, heures de bureaux et cérémonies sont disposés sur un plan qui correspond à l’état du firmament en ce moment-là : ainsi, jours terrestres et nuits célestes se réfléchissent. Quoique au travers d’une réglementation minutieuse, la vie de la ville se déroule avec le calme propre au mouvement des corps célestes et elle acquiert le caractère de nécessité des phénomènes qui ne sont pas soumis à l’arbitraire des hommes. Aux citoyens d’Andria, louant leurs industrieuses productions et leur aisance spirituelle, j’en vins à déclarer : - Je comprends bien comment, vous, vivant comme une part du ciel immuable, engrenages d’une horlogerie méticuleuse, vous vous gardez d’apporter à votre ville et vos coutumes le changement le plus petit. Andria est la seule ville que pour ma part je connaisse, à laquelle il convienne de demeurer immobile dans le temps. Interdits, ils se regardèrent. - Mais comment donc ? Et qui a dit ça ? Et ils m’emmenèrent visiter une voie suspendue récemment ouverte au-dessus d’un vois de bambous, puis un théâtre d’ombres en construction sur l’emplacement du chenil municipal, désormais transféré dans les pavillons de l’ancien lazaret, lui-même fermé par suite de la guérison des derniers pestiférés, puis - tout juste inauguré - un port fluvial, une statue de Thalès, un toboggan. - Et ces innovations ne troublent pas le rythme astral de notre ville ? demandai-je - La correspondance entre notre ville et le ciel est à ce point parfaite, répondirent-ils, que toute modification d’Andria comporte quelque nouveauté du côté des étoiles. Les astronomes scrutent le ciel avec des télescopes après chaque changement qui s’est produit à Andria, et signalent l’explosion d’une nova, ou le passage de l’orangé au jaune d’un point éloigné du firmament, l’expansion d’une nébuleuse, ou qu’une spirale de la voie lactée se recourbe. Tout changement implique des changements en chaîne, à Andria comme parmi les étoiles : la ville et le ciel ne demeurent jamais pareils. Deux qualités du caractère des habitants d’Andria méritent d’être notées : la confiance en soi et la prudence. Convaincus que toute innovation dans la ville influe sur la carte du ciel, avant chaque décision ils calculent risques et avantages, pour eux, pour toutes les villes, pour l’ensemble des monde. LES VILLES INVISIBLES p 172-173

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- MUSIQUE - LA DISCRETION COMME MATIERE DE PRODUCTION -

Textes : Mathilde Noirot

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MUSIQUE

APHEX TWIN Richard D James Lanner, Cornwall, United Kingdom, 1985 ••• Cheetah EP, Juillet 2016

Des notes de piano qui résonnent calmement, comme un matin glacé, et de la lumière pâle sur les toits. Douce évocation d’un after infinis, de la buée qui sort de nos bouches, et l’apaisement voluptueux d’un retour au calme. April 14th. C’est sans doute la mélodie que tout le monde connait, sans réellement savoir où et quand on l’a entendue. Comme une odeur ravive un souvenir flou, attrapée dans les limbes de la mémoire. Le travail de Richard D James, aka Aphex Twin, est le reflet de cette étrange sensation, intense et insaisissable. Toujours oscillant entre la souplesse de l’ambient, et la jungle nerveuse, Aphex Twin réinvente sa musique en permanence. Cheetah, son troisième EP, sorti cet été est une nouvelle étape du processus, et une évolution en lui-même. Le départ se fait grave et lent, sombre. Il déroule et déploie ses synthés, les beats claquant, et l’harmonie diffuse qui flotte toujours en fond. Les choses s’accélèrent au rythme de CIRKLON3, titre phare du disque, cosmique et agité.

Tout cela est travaillé avec finesse, temps et absence. Comme Efterklang, et Jaako Eino Kalevy ; Richard D.James aka Aphex twin apparaît avec parcimonie, laissant la distance s’installer entre son public et lui, l’entourer de mystère et attiser l’envie. Huit longues années se sont écoulées avant son retour marqué par ces deux albums en deux ans « Syro » 2014 et maintenant « Cheetah », et appuyé par une apparition folle au Day For Night Festival (Houston -Texas). Un live de deux heures, envoûtant et survolté, pour annoncer la fin de l’attente, le retour de cette musique habitée. Aphex Twin, un personnage difficile à cerner, un fantôme de l’électro, disparaissant derrière ses pochettes creepy as fuck, disparaissant des scènes pour de la production surprise et condensée, disparaissant derrière des publications étranges tous les six mois. Aphex Twin un ovni, ou plutôt un spécimen rare de la musique électronique, présent sans réellement l’être, envoûtant.

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MUSIQUE

EFTERKLANG Casper Clausen, Mads Christian Brauer, Rasmus Stolberg Copenhague, Danemark. 2000 ••• Leaves: The Colour Not Off Love, Novembre 2016.

Le groupe Danois, aventureux, glacial et expérimental, revient avec un single annonçant la prochaine sortie d’un nouveau projet d’album-opéra. Partant sans cesse à la découverte de nouvelles voies musicales, Efterklang vient tout juste d’en tracer une fraîche et neuve avec leur single The Colour Not Of Love sorti en Septembre dernier. L’album, sorti le 4 Novembre nous offre un moment hivernal, mystique. Voix claire et haute. Fantomatique. Tout semble flotter doucement, dans une ambiance envoûtante. Un vent frais qui approche, et la masse nuageuse qui occultera bientôt le bleu clair au-dessus. C’est se faire à l’idée que le froid arrive. C’est se faire à l’idée que tout s’achève et que tout recommence, dans un doux avertissement. Il s’agit d’un projet bien différent de Piramide (2012), Leaves : The Colour of Falling fut coréalisé par Karsten Fundal auteur et compositeur danois, et écrit par la poète Ursula Andkjaer Olsen. L’album, d’après ce qu’en dit le groupe, se veut moins hivernal, moins glacial.

Il tend vers un moment suspendu entre la fin de la douceur de la brise estivale et le froid glacial du vent qui s’infiltre entre les vêtements. On cherche à approcher le sentiment que l’on peut avoir quand on sent que le temps nous échappe, encore. Quand l’été s’achève, et que rien ne le retiendra. Ce n’est pas seulement la chaleur qui nous quitte, mais une infinité d’instants. Des sentiments, du vent et des verres accumulés qui vont s’inscrire là-haut, pour ne plus exister qu’en tant que souvenirs. “The Colour Not off Love is about a cult located beneath the ground while the earth might be experiencing its downfall above ground […] it’s about loss – loss of identity, loss of love and loss of life itself. We wanted to create an opera for the mood you’re put in when you on a beautiful autumn day see how a brown leaf falls from a tree in the garden – the beautiful swaying fall signifying that everything will perish.” Efterklang, interview pour les Inrocks.

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MUSIQUE

Leaves : The Colour of Falling porte clairement la marque et les symboles triangulaires du groupe, à ceci près que l’équipe s’est agrandie, que les voix envoûtantes paraissent maintenant sorties d’un autre temps, d’un champ religieux, d’une ballade à Venise. A la seule écoute de leur single The Colour Not Of Love, on pouvait ressentir la richesse des collaborations du trio pour créer ce bijou aux couleurs automnales. Un bijou annonçant le souffle du froid, les premières feuilles rousses, et la pluie sur les joues. Maintenant les brises hivernales sont là, et on aurait pu les écouter venir doucement.

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MUSIQUE

JAAKKO EINO KALEVI Jyväskylä, Finlande, 2007 ••• Jaakko Eino Kalevi, 2015

Discret. Enigmatique. Une silhouette élancée. On retrouve un peu de Conan Mockasin chez Jaakko Eino Kalevi. Quelque chose de mystérieux et doux à la fois. Un personnage difficile à cerner. Un personnage reflétant sa musique, un personnage comme symbole de ces calmes mélodies. Tout semble d’un équilibre sans faille. L’ambiance rouge de son dernier album, les lueurs fauves de ses cheveux, son air ingénu, et cette pop langoureuse, flottante, rêveuse.

de sa musique. Que ce soit cette aura, ou le contenu de son nouvel album éponyme, le résultat est là, le Finlandais nous charme avec ses insouciantes mélodies qui frôlent le kitsch, donnant des couleurs folles très 70s et early 80s à l’album. Un saxophone résonnant, à l’avant de la scène, et le synthé assurant ses arrières. On se laisse porter dans un retour en arrière, vers les années psychédéliques ; sa voix grave résonnant presque comme un écho de Jim Morrison.

Jaakko a émergé de la brume Finlandaise en 2013, avec la sortie de l’EP Dreamzone. Avec « No End » comme figure de proue, il s’est avancé, baignant le paysage de sa mélodie au glacis sensuel, fin mélange d’écho électronique et guitares psychédéliques.

Retour en arrière ou retour vers le futur, Jaakko nous amène là où Sébastien Tellier nous entraînait avec Sexuality. C’est un savant mélange de courants d’avant et d’aujourd’hui, un mélange brillant, qu’il tourne tout en douceur, beauté et élégance.

Son actuelle position Berlinoise, et la sortie d’un album éponyme lui ont conféré une nouvelle notoriété, qui grandit gentiment, mais toujours dans une retenue nordique. C’est peut-être ça qui séduit aussi, la modestie, une présence discrète qui ne fait que renforcer l’image secrète et surnaturelle • 24 •


CLIP

EN UN MOT UNE BELLE COLLABORATION, UN BEAU CLIP Kasper Bjørke ft. Jaakko Eino Kalevi

Une alliance nordique, fraîche et scintillante. Kasper Bjørke ou la vague électro énergique, le torrent vif aux affluents discos. Les deux s’entremêlent dans l’ambiance froide des synthés, dans cet univers si particulier que les compositeurs du nord savent donner à leurs mélodies. On le sent nerveux de Jaakko, mais cette note flottante est là, présente et

charmeuse. Leur collaboration porte les initiales du NuDisco, inscrite au néon étincelant. Portés d’abord par Todd Terje, nombreux sont ceux qui suivent le vent glacé nommé N-D. Le duo éphémère nous en offre ici une nouvelle interprétation : « TNR », un voyage accéléré dans la nuit sombre de Janvier, dans un paysage lunaire, brillant en noir et blanc. Le morceau ondule entre la voix astrale de Jaakko et les beats entêtants de Kasper, sur un fond visuel hypnotique de David Lamain et Martine Rademakers (Apalca Animations).

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PHOTOGRAPHIE

Biche a concocté spécialement pour toi une sélection de comptes instagram qui se réunissent autour du thème de la matière. Pas de sponsoring chez Biche, mais de belles découvertes qui pourront t’inspirer, du moins nous l’espérons. Alors à ton smartphone, et enjoy ! • Eloïse Combe

Célestine Morel

MURART

@celestine_morel

@muraart

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INSTAGRAM

Benoît Averly Sculptor @benoitaverly_sculptor

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Bianca and Sons @biancaandsons


CLUB PHOTO - Architecture et matière -

Introduction : Amélie Diemert ∙Photos de droite : Flavio Higelin

Après avoir amoureusement préparé vos photos de promo en ce début d’année et exposé à la bibliothèque sur le thème du jardin botanique, le club photo vous réserve quelques clichés sur la matière. Entre lignes épurées et chaos, la matière se révèle sous tous ses aspects, du plus travaillé au plus maéconnaissable. La fin d’année arrivant à grand pas, nous vous rappelons que le club est ouvert à tout le monde, débutant ou confirmé. Nous proposons des activités flexibles, qui s’adaptent au mieux à vos petits emplois du temps surchargés, et des cours théoriques pour vous faire découvrir le monde de la photo !

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Goodbye Hilton

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Flavio Higelin

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Goodbye Hilton

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Ryan OUGUERGOUZ

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MATIERE

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Lina Lim

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Paysages muraux

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Lina Lim

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Paysages muraux

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ARCHITECTURE

De la matière au matériau •

Texte : Séverine Fuchs ∙Photo : Kräuterzentrum

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MATIERE

Lâche ton crayon, ta souris d’ordinateur et viens te salir les mains en travaillant la terre ! Matière méconnue, à tort déconsidérée, une matière vertueuse qui dès lors ne permet pas encore la construction en masse mais qui offre surtout la possibilité d’incarner un rapport au monde réellement soutenable. Sa mise en œuvre se présente sous plusieurs formes telles que la bauge, le pisé, et le torchis bien connues de nos contrés lointaines de l’Est de la France ! Autant de manière de travailler la terre crue qui apparaît en façade sous sa forme la plus primitive. Une ressource inépuisable utilisée depuis des millénaires et promue aux meilleurs, qui fait parler d’elle notamment en île de France où plus d’une vingtaine de millions de tonnes sont excavées chaque année au bon vouloir des futures infrastructures. Des architectes tels que Martin Rauch ou encore Herzog & De Meuron l’ont bien compris avec la construction du plus grand bâtiment en pisé d’Europe, Kräuterzentrum « Maison des Plantes » en Suisse. Véritable démonstration et mise en valeur de ce process constructif en cours de développement. Utiliser majoritairement en tant que remplissage, elle excelle dans son rôle de régulateur de température et d’humidité. Le centre international de la construction en terre « CRAterre » vise à promouvoir l’architecture en terre crue et d’une manière plus globale le développement durable. Ce matériau permet de tirer profit au mieux de nos ressources locales, humaines et naturelles. Certes il nécessite une main d’œuvre importante ainsi que la mise en œuvre de dispositifs pour la protection de la matière mais désormais nous avons les clefs en mains pour envisager une empreinte écologique réduite de nos bâtis sur notre environnement.

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ARCHITECTURE

Habitat pour les bergers dans le Pilbara, Australie-Occidentale Luigi Rosselli © Edward Birch

LA TERRE CRUE MATÉRIAU DE LA TRANSITION ÉCOLOGIQUE

Par Dominique Gauzin-Müller

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LA TERRE CRUE

Présente à la Cité de l’architecture et du patrimoine comme à la Biennale de Venise, et désormais mise en œuvre par des lauréats du Priztker Prize, la terre sort de la marginalité. Les centaines de réalisations qui émergent sur toute la planète ont été valorisées par le TERRA Award, premier Prix mondial des architectures contemporaines en terre crue. Les 40 finalistes de ce palmarès sont détaillés dans un livre et une exposition, présentée en octobre 2016 à l’ENSAS. La terre fut l’un des premiers matériaux de construction de l’humanité. Trois techniques, encore en usage aujourd’hui, ont en effet émergé avec la sédentarisation de l’homme au ProcheOrient, vers la fin du 10e millénaire avant Jésus-Christ : torchis, bauge et briques de terre crue (adobe). Le pisé, plus sophistiqué, est apparu neuf siècles avant notre ère : ses fines couches de terre sont damées entre des banches pour édifier des murs d’environ 50 cm d’épaisseur. De très nombreux sites réalisés en terre crue sont classés au patrimoine mondial de l’UNESCO, dont Shibam au Yémen, Tombouctou au Mali… et le centre médiéval de Strasbourg !

Dominique Gauzin-Müller est architecte-chercheur. Auteure de 14 livres sur l’architecture et l’urbanisme éco-responsables, elle enseigne sur ces thèmes entre autres à l’ENSAS. Professeur honoraire associée de la chaire UNESCOCRAterre et coordinatrice du TERRA Award, elle est commissaire de l’exposition « Architecture en terre d’aujourd’hui ».

Aujourd’hui, environ 40 % de la population mondiale vit encore dans des habitats en terre crue, mais ce matériau ancestral connaît une renaissance grâce à des centaines de bâtiments associant qualité esthétique et innovation technique. Professionnels, médias et grand public redécouvrent ainsi les qualités de ce matériau « éco-local », dont la transformation et le transport nécessitent peu d’énergie : il est généralement tiré du site du chantier. C’est pour prouver sa modernité et contribuer à son essor que le TERRA Award a été lancé en 2015, sous l’égide de la chaire UNESCOCRAterre basée à l’ENSA de Grenoble. Le TERRA Award valorise à la fois le courage des clients qui ont fait le choix de la terre crue, la créativité des concepteurs et les compétences des artisans et entrepreneurs. Parmi les 357 candidats, le jury a choisi 40 finalistes : habitat individuel ou collectif, équipements, bâtiments d’activités, aménagements intérieurs et extérieurs, etc. Ces exemples inspirants des cinq continents incitent à la redécouverte d’un matériau abondant et bon marché.

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ARCHITECTURE

Parfaitement adapté à des chantiers participatifs, la terre pourrait couvrir une partie des besoins en logements économiques et confortables. D’ailleurs, deux des principaux mécènes du TERRA Award sont des bailleurs sociaux, aquitanis à Bordeaux et actis à Grenoble, qui développent actuellement des projets de logements associant la terre à du bois local. La présence de murs en terre crue garantit un climat intérieur sain : outre l’absence de produits toxiques, le matériau régule l’humidité et absorbe les odeurs et les bruits. L’inertie thermique permet aussi d’assurer naturellement une température agréable : la chaleur accumulée pendant la journée dans l’épaisseur des parois est diffusée pendant la nuit dans le bâtiment.

Maison de vacances Plazza Pintgia à Almens, Suisse Gujan + Pally © Ralph Feiner

savoir-faire millénaire grâce à des innovations technologiques mais aussi esthétiques. Son pisé a une surface chatoyante qui crée une atmosphère chaleureuse, comme dans la transformation d’une étable en maison de vacances au cœur d’un village des Alpes suisses. L’espace de vie lumineux est articulé autour d’un poêle à bois et de murs porteurs en terre, qui confèrent au lieu son caractère à la fois archaïque et raffiné. Le pisé est aussi présent en Australie, comme dans les maisons pour des bergers de Luigi Rosselli. Les méandres de cette « Grande Muraille » de 230 m de long délimitent douze logements adossés à une dune, confortables même sous la chaleur humide du climat subtropical.

Pour l’ensemble de son œuvre, le jury a accordé un prix spécial à l’entrepreneur autrichien Martin Rauch, qui révolutionne un • 42 •


LA TERRE CRUE

L’Afrique, continent en pleine expansion, va devoir construire en masse dans les prochaines décennies. Utiliser la terre est une opportunité en terme de création d’emplois et de développement économique et social. Elle est adaptée à l’habitat, mais aussi à des bâtiments publics d’envergue, comme le marché central qui participe au dynamisme de Koudougou, troisième ville du Burkina Faso. L’emploi de BTC a permis de réaliser les murs mais aussi les toitures avec une ressource locale : les échoppes couvertes de voûtes nubiennes forment un réseau dense autour de la halle centrale, protégée par des coupoles.

Marché central de Koudougou, Burkina Faso Laurent Séchaud et Pierre Jéquier © Julien Chiaretto

qu’à Marrakech dans le cadre de la COP22, et l’itinérance continue dans le monde entier. Le rayonnement des bâtiments finalistes favorise le renouveau de la terre crue en métamorphosant son image de matériau passéiste, symbole de pauvreté. Dans les nations industrialisées comme dans les pays émergents, construire avec de la terre aujourd’hui est une contribution majeure à la transition écologique et sociétale. Dominique Gauzin-Müller

Depuis son inauguration en mai 2016 à Grenoble, l’exposition « Architecture en terre d’aujourd’hui » a déjà fait halte à Lyon, Bordeaux, Strasbourg, Nantes, Rennes, Namur, Liège, Milan, Lausanne et Alger, ainsi • 43 •

Pour en savoir plus : - «L’architecture en terre d’aujourd’hui», éditions MUSEO, 2017. - terra-award.org


SENS CACHE

l'abus de charette est dangereux pour la santé • 44 •


ELOISE COMBE

#loveyourimperfections

5 points de l'architecture par jour • 45 •


ARCHITECTURE

Christian de Portzamparc Journées de l'architecture - Karlsruhe

4.11.2016

Interviewé par : Eloise Combe - Amélie Diemert Avec la complicité de la MEA - MAISON EUROPÉENNE DE L’ARCHITECTURE – RHIN SUPÉRIEUR

BICHE : Comment vous nourrissez vos projets et votre conception de l’architecture ? Christian de Portamparc : J’ai d’abord fais deux ans chez Eugène Baudoin pour l’école classique, on faisait des projets modernes et on était toujours refusés par le jury académique globale, et on en était presque fier parce que celui qui faisait une année entière de four était presque un héro ! C’est une école par la négative en faite. On était un peu vu comme des dissidents. Après 68, l’état a commencé une reforme pour faire des unités pédagogiques éclatées et ceux qui étaient en train de faire leur diplôme l’ont eu automatiquement. Donc j’ai eu un diplôme comme ça, ça m’a frustré. Y a ce côté arriéré des beaux-arts mais ça m’a fait du bien de regarder Palladio Bramante et tout ça. Mais il m’a manqué un vrai enseignement sur ce que c’est le mouvement moderne, les méthodes de construction...

B : Quelle est votre position face à la densification dans vos projets ? Car penser un projet à Paris ne pose pas les mêmes questions que penser un projet à New-York..

C.d.P. : Y a toujours l’économie derrière tout ça, on a un promoteur qui veut rentabiliser au maximum. Tu vas pas lui dire « écoute tu vas pas être content mais y faut qu’on fasse 30% de surface en moins », même si ca m’est déjà arrivé qu’on le fasse ! C’est pas toujours une catastrophe mais c’est toujours une réflexion importante d’arriver à faire une densité réussie sans donner une impression d’oppression. Et les ilots ouverts l’ont permis. C’est un point de départ de faire que ce soit pas étouffant. J’ai exposé étant jeune un projet de 40 logements et je vois Alexis Josy, l’assistant de Candilis, tous les deux mes professeurs d’ailleurs, et je le vois ricaner devant mon panneau. Alors je m’approche et lui dit « vous avez pas l’air de trouver ca bien, ca vous fait un peu rire… » Il me dit « mais non mais 40 logements... 40 logements... ça ne se montre pas !! Ce n’est pas significatif 40 logements ! ». C’est pour vous dire qu’il y a eu un saut gigantesque entre les problèmes qu’on du affronter nos ainés et nous aujourd’hui : c’était les quantités énormes qui comptaient, des logements par milliers.

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RENCONTRE

B : Que pensez- vous de la recherche du gigantisme aujourd’hui, construire plus haut plus grand et plus fort, et estce qu’actuellement symbolisme se marie toujours avec gigantisme ? C.d.P. : Pas du tout. Je vous ai montré une tour à New-York mais j’en suis pas fier parce qu’elle est haute, c’est le promoteur qui voulait faire son truc et j’ai pas refusé le projet. Elle est habitée par des « emiratiers » et des chinois, plus c’est haut plus c’est cher. C’est aberrant parce que quand t’es en haut tu vois les nuages en bas, c’est pas l’endroit que j’aurai envie d’habiter. Le gigantisme ne devrait être qu’en rapport avec un paysage, un site, un lieu.

Christian de Portzamparc, mars 2015. © Loïc Venance / AFP

B : Si vous aviez le pouvoir de faire ou de refaire une ville, quel serait votre fantasme et comment vous le projetteriez ? C.d.P. : Ça me fait penser tout de suite à des dimensions, des endroits intimes, des endroits plus dégagés, à de l’eau, à de l’ordre et du désordre.. Je n’ai jamais pu que travailler sur des quartiers donc à cette échelle on fait déjà quelque chose d’important, mais à l’échelle d’une ville je me dis qu’il y aurait des quartiers différents, pas le même système partout. On travaille en ce moment sur un immense morceau de la ville à Pékin, les chinois m’ont dit « on veut changer Pékin, c’est devenu invivable, on a trop fait marcher la bagnole ». C’est vrai que c’est emmerdant, on sait plus où on est dans ces immenses territoires.

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ARCHITECTURE

Vladimir Plotkin Journées de l'architecture - Strasbourg, Palais de l'Europe

21.10.2016

Interviewé par : Eloise Combe - Amélie Diemert Avec la complicité de la MEA - MAISON EUROPÉENNE DE L’ARCHITECTURE – RHIN SUPÉRIEUR

BICHE : Comment expliquez-vous que les architectes russes soient si peu connus en France ? Vladimir Plotkin : Il y a eu de beaux exemples de l’architecture soviétique dans les années 60/70 mais c’était l’époque de la guerre froide donc l’intérêt pour l’architecture et la culture n’était pas réciproque. Aujourd’hui, nous essayons de faire partie de ce mouvement international, de suivre les tendances actuelles, de développer notre propre vision de l’espace et d’avoir notre propre signature. Mais cette méconnaissance est simplement liée à la tradition et aux relations entre la Russie et les autres pays. Il y a une incompréhension de l’Occident par les russes.

B : Comment gérez-vous les climat très particulier de la Russie (froid, peu d’ensoleillement, beaucoup de pluie…) ?

V.P. : Les Russes sont habitués (rires). Il y a des normes strictes, comme un minimum de 2 heures par jour d’ensoleillement dans les bâtiments. L’isolation, les murs épais et le double vitrage.

B : Vous portez une grande attention à la trame dans vos projets, est-ce aussi une influence russe ? V.P. : L’influence est réciproque : elle est russe et mondiale. L’idée de modules empilables qui créent une matrice date du début XX°, il y a une philosophie du dualisme derrière : d’un côté on a la structure de base et ensuite la matière qui la remplie. Ce sont deux concepts opposés mais qui se retrouvent dans un équilibre dialectique qui me guide.

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RENCONTRE

B : Nous avons remarqué une grande attention de votre part quant à l’élaboration des façades. Est-ce que cela vient d’un apprentissage spécifique ou d’une pratique personnelle que vous avez développé ? V.D. : Effectivement nous recherchons toujours quelque chose de nouveau : des proportions, de nouveaux éléments ou de nouvelles formes. Quand la forme d’un bâtiment est complexe nous essayons d’adopter une trame simple avec des fenêtres simples alors qu’au contraire quand un bâtiment a une forme simple alors on peut se faire plaisir. Nous publions d’ailleurs notre travail sur Internet et c’est pour ça qu’actuellement à Moscou il y a plein d’imitateurs, nous sommes au final assez fier parce qu’on est des classiques vivants ! (rires)

Aeroflot Headquarters, Moscou, Russie Vladimir Plotkin

B : Comment vous placez-vous en temps qu’architecte au vu de la crise environnementale ? V.P. : Nous faisons des études environnementales au même titre que des études du contexte urbain et historique, et bien sur c’est la source de notre travail, c’est ce qui va définir la forme et le caractère du bâtiment, ainsi que les possibilités de l’humaniser au final. Et de l’intégrer dans son contexte.

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- CORPS ET PHOTOGRAPHIE -

Introduction : Martin Journot ∙Photo de droite : Eloïse Combe Les Grecs, pour honorer une de leurs Vénus, Inscrivaient Callipyge au socle de la pierre. Ils aimaient, par amour de la grande matière, La vérité des corps harmonieux et nus. Je ne crois pas aux sots faussement ingénus A qui l'éclat du beau fait baisser la paupière ; Je veux voir et nommer la forme tout entière Qui n'a point de détails honteux ou mal venus. C'est pourquoi je vous loue, ô blancheurs, ô merveilles, A ces autres beautés égales et pareilles Que l'art même, hésitant, tremble de composer ; Superbes dans le cadre indigne de la chambre, L'amoureuse nature a, d'un divin baiser, Sur votre neige aussi mis deux fossettes d'ambre. Albert Mérat, Les Corps, L'idole (1869).

Nous vous proposons ici quatre séries photographiques, pour quatres photographes présentant leur regards sur le corps. Entre ombre et lumière, ils dévoilent à leur manière leur vision de la matière. Eloïse Combe - Dunes Marion Klein - Corps et matière Marie Fruiquière - Tissus mouvants Sergio Barajas - Sans titre

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DUNES

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ELOISE COMBE

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DUNES

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Marion Klein

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Corps et matiEre

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Marie FruiquiEre

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Tissus mouvants

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Sergio Barajas

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sANS TITRE

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CULTURE

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MATIERE GRISE

MATIÈRE GRISE matériaux/réemploi/architecture

Encore heureux Architectes

Consommer plus de «matière grise» pour consommer moins de «matières premières» : l'un des mots d'ordre de cet ouvrage qui convoque l'intelligence collective pour reconsidérer notre usage de la matière en architecture.

14 essais, 13 entretiens et 75 projets démontrent le potentiel du réemploi et la possibilité d'une nouvelle vie pour des matériaux usés dans tous les lots du bâtiment..

« Matière grise » pose l'acte de construire comme une actualité susceptible de faire évoluer l'architecture, replace l'architecte au centre du cycle de la matière et interpelle tous les métiers du bâtiment : ingénieurs, contrôleurs techniques, industriels, assureurs, entreprises de construction, maîtres d'ouvrage privés et publics. Et si construire passait d'abord par le réemploi des matériaux qui existent en leur trouvant une seconde vie ?

À Bruxelles, les briques de seconde main construisent les pavillons d'aujourd'hui ; dans le Massachusetts, les portiques d'un viaduc autoroutier structurent une villa ; à Saint-Denis, le bardage refusé pour un centre commercial enveloppe désormais la prestigieuse Académie nationale contemporaine des arts du cirque ; à Madrid, les tuiles d'hier cloisonnent et transforment un lieu culturel d'avant-garde ; à Bali, des centaines de fenêtres à claire-voie habillent un hôtel ; en Alabama, 72 000 dalles de moquette portent la maison de Lucy ; même le futur siège du Conseil européen à Bruxelles se pare d'une façade composée de 3 000 fenêtres récupérées... Le réemploi ouvre un immense catalogue de possibles.

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Auteur : Encore heureux Architectes Editeur : PAVILLON DE L'ARSENAL Année : 10/2014 Reliure : Broché Nb de pages : 365 Dimensions : 30 x 19 cm ISBN 10 : 2354870264 ISBN 13 : 9782354870263


CULTURE

CULTURE

STRASBOURG le carnet d'adresses

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SORTIR

LE BOTANISTE

(mais pas que!) vous seront proposés, le soir ce sont des assiettes à partager autour d'un verre.

Venez croquer une cuisine créative, inspirée par les produits du marché; siroter de savoureuses boissons inventives; palabrer sans faim; radoter en gourmandise; picorer de petits mets à partager; bouillonner de créativité; somnoler dans un canapé; croustiller de plaisirs gustatifs évoluant au gré des saisons; déguster de nombreuses rinçonnettes; travailloter en compagnie d’un bon café.

Le botaniste propose une grande sélection de bières pression et de cocktails originaux. Et grâce à notre AREA bien aimée, un joyeux partenariat propose un happy hour de 16h à la fermeture, pour les détenteurs d'une carte étudiante avec la petite pastille de l'asso !

Situé à deux pas de l'école, le Botaniste va vite s'imposer comme un incontournable de nos repas en semaine.

• Martin Journot Lundi - Mardi - Mercredi de 11h30 à 23h30 Jeudi-Vendredi-Samedi de 11h30 à 1h00

Le restaurant propose deux cartes, le midi, des bons petits plats, végan pour certains • 63 •

LE BOTANISTE 3, rue Thiergarten 67000 Strasbourg


CULTURE

DIGITAL GEOMETRY

Texte : Martin Journot ∙Photo : Pier Schneider, 1024 • 64 •


EXPOSITION

1024 A l'AEDAEN PLACE Dans le cadre de l'Ososphère, la toute nouvelle galerie d'art Aedaen Place accueille une exposition du collectif 1024. Après avoir fait les choses en grand sur le site de la Coop, avec l'installation monumentale TESSERACT, a.k.a. HYPER Cube, le collectif explore une toute autre échelle dans cette sélection d’œuvres, géométriques, interactives. Pour trouver l'exposition, il faudra se glisser dans la petite Rue des Aveugles, une ruelle cachée perpendiculaire à Grand Rue. La vitrine, difficilement manquable accueille un étrange cube métallique. C'est la pièce phare de Digital Geometry, à l'arrivée du visiteur, le cube s'anime dans une danse à la fois étrange et magnifique, au sons de vérins pneumatiques. Le reste de l'exposition explore le thème du cube, une dizaine d’œuvres le construisent et le déconstruisent, à travers des processus digitaux différents. Laser, vidéoprojection, impression 3D, 1024 utilise ici les outils numériques pour créer cet art digital. L'exposition continue jusqu'au 21 mai, l'occasion de découvrir un lieu atypique dans le centre-ville strasbourgeois, et pourquoi pas repartir avec l'une des œuvre exposée, le prix ? Trop élevé pour moi !

21.04 — 21.05.17

AEDAEN PLACE 4-6 rue des Aveugles 67000 Strasbourg • 65 •


CULTURE

REGARDS PHOTOGRAPHIQUES Collections des trois FRAC de la région Grand Est Texte : Amélie Diemert • 66 •


EXPOSITION

Regards photographiques ce sont 3 expositions dans 3 régions : le musée des Beaux-Arts et d’archéologie de Châlons-enChampagne, le Centre Culturel André Malraux de Vandœuvrelès-Nancy et La Chambre à Strasbourg. C’est à l’occasion de la refonte du découpage territorial opéré en 2016 que La Chambre a imaginé ce projet à partir des œuvres des collections des trois FRAC de la nouvelle région Grand Est. L’exposition à Strasbourg met l’accent sur le changement politique au sens large du terme, englobant les questions de gouvernance, d’urbanisme, de technologie ou d’écologie, qui trouvent des répercussions dans tous les aspects de la vie. Car chaque changement est l’opportunité d’une remise en question, on peut s’inquiéter ou se réjouir des modifications à venir, les observer ou choisir d’en être acteur. En effet, le temps qui passe révèle souvent que les progrès d’une époque deviennent des problèmes quelques décennies plus tard. Les œuvres présentées semblent donc nous interroger sur la nécessité de renouvellement du modèle actuel. Regards Photographiques explore notre rapport au changement dans le prolongement et l’extrapolation de la transition actuelle avec une sélection d’œuvres fonctionnant comme des miroirs et des projections autour du thème.

Judy Chicago, On Fire (1969-2012) Collection 49 Nord 6 Est - F Lorraine, Metz (FR) © J. Chicago. Photo Donald Woodman

28.04 — 11.06.17

D’autres œuvres rappellent que le changement est d’abord intérieur et trouve sa source dans la prise de recul, le rêve, la réflexion. Il n’est pas question de prendre parti mais de proposer un cheminement intellectuel et sensible parmi les facteurs de déclenchement, le développement et les expressions publiques des petites ou grandes révolutions.

La Chambre : installée au cœur de Strasbourg, c’est un espace d’exposition et de formation à l’image, accompagnant les évolutions du médium photographique et s’intéressant aux interactions avec les autres champs artistiques. Elle promeut des artistes français et étrangers, émergent ou confirmés depuis 2010, date de son ouverture.

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JEU

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SUDOKU

Réalisation : Juliette Schweitzer • 69 •


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Biche Recrute !

Biche, c'est avant tout un magazine écrit par des étudiants et pour des étudiants ! Il est ouvert à tous, que vous ayez un talent pour l'écriture, un coup de gueule à passer, ou que vous ayez simplement envie de partager des choses ; Un retour de mobilité, un voyage, un coup de cœur architectural, musical ou littéraire... Des textes, des photos, des illustrations, des collages, tout est possible, ou presque ! Nous attendons vos bonnes idées avec impatience ! En ce dernier numéro, il est également important de noter que de nombreux membres de Biche s’en vont pour de nouvelles aventures. Nous recherchons donc une nouvelle équipe prête à reprendre les rênes de ce projet. Nous comptons sur vous pour que Biche continue à couler des jours heureux ! L'équipe de Biche écrivez-nous ! biche.mag@gmail.com FB : Biche Ensas • 71 •


contact : biche.mag@gmail.com FB : Biche Ensas

Photographie de couverture : Martin Journot


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