03 JUIN-JUILLET 15
eel aime l'été. Ce moment où le soleil déploie ses rayons chaleureux, où il est agréable de s’installer en terrasse avec son magazine Peel, prétexte à quelques rêveries, en observant derrière nos verres fumés les demoiselles en robes légères flottant au doux vent, qui invitent notre imaginaire vers quelques dunes lointaines. C’est le moment également de se réapproprier la ville en allant par exemple découvrir une exposition au Cellier ou assister à un concert en un lieu patrimonial rémois durant des Flâneries musicales. C’est également un moment propice aux cérémonies de mariages (et pourquoi pas de divorces) célébrées au son de l’effervescence du champagne. Le pop du bouchon libérant le breuvage, parfois en jets précoces, nous convie vers quelques sommets d’exquises sonorités musicales, où pourraient sublimement renaître des pépites d’une pop d’antan, à l’instar des édits de Prieur de la Marne ou pourrait nous convier aux abords d’un terrain où les grosses battes font régner leur noire loi, pour une musique toujours plus pop - ouvrez les oreilles, les Black Bones entrent en jeu ! Nos esprits tortueux et aventureux pourraient aussi, durant cette renaissance saisonnière, jouer de l’amoncellement désordonné de leurs idées, comme d’autant d’objets sublimés en une forme réorganisée, qui leur serait originelle, comme le font les œuvres de l’artiste colombien Miler Lagos. Il y aurait beaucoup d’autres choses encore à échanger dans cet esprit phalanstérien, printanier, et surtout à découvrir, ici, couchées sur les pages de votre magazine Peel #3. Il est temps de vous laisser à votre lecture… Steed vient d’ouvrir une nouvelle bouteille.
Le magazine Peel est édité par Belleripe SARL. Tous droits réservés. Toute reproduction, même partielle est interdite, sans autorisation. Le magazine Peel décline toute responsabilité pour les documents remis. Les textes, illustrations et photographies publiés engagent la seule responsabilité de leurs auteurs et leur présence dans le magazine implique leur libre publication. Le magazine Peel est disponible gratuitement dans plus de 100 points de dépot à Reims. Magazine à parution bimestrielle. Prochain numéro en août 2015. Photographie de couverture Archeology of Desire © Miler Lagos
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Benoit Pelletier Alexis Jama Bieri Julien Jacquot ÉDITEUR / DIR. DE PUBLICATION
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MONDE DE REMO
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GMTW
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FLÂNERIES MUSICALES 2015
20 / P RIEUR
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PAR
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LAGOS
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Reims
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BENOÎT PELLETIER Reims
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50 / UN
VAN MARCKE
CONNU DU MOIS
RAZMO, L'ORGANISATEUR D'ÉVÉNEMENTS CULTURELS
UNE PLAYLIST SUGGÉRÉE PAR FLORA FISHBACH
Rose Laurens
AFRICA Mis à part le refrain qui saoule un peu, cette chanson est géniale, non ? Si je l’entends qui passe quelque part, je danse de manière automatique.
Martin Dupont
INSIDE OUT Sauriez-vous dire si c’est un homme ou une femme qui chante? Moi, non. Ne me dites rien, c’est formidable ainsi…
Gerard Manset Venue de la synthpop, Flora Fischbach est une jeune artiste qui propose une musique pop poétique, entre chant, telecaster et sons synthétiques. Son univers va de reprises de Bernard Lavilliers à des compositions personnelles. Elle se produit régulièrement en concert, notamment à Paris (St Merri, popUp du Label,Badaboum…), Reims (Maison vide, PopArtAgain…). Soundcloud/Fischbach
Juliette Armanet
L’AMOUR EN SOLITAIRE Cette jeune femme écrit des chansons magnifiques. Tant dans le texte que dans la mélodie. La vraie belle variété française. Je l’aime beaucoup.
LA MORT D’ORION Paroles invraisemblables. La grandiloquence. La démesure. Peur de rien. Bravo !
Chairlift
AMANAEMONESIA J’ai certainement un train de retard car je viens tout juste de découvrir Chairlift. Je suis tombée amoureuse immédiatement. Ce clip karaoké est vraiment très beau.
Brigitte Bardot et Sacha Distel
LA BISE AUX HIPPIES Rien que pour la figuration de Gainsbourg dans la vidéo. Et puis ce sketch en fin de chanson, classique de la vieille télé. L’auto dérision géniale !
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QUOI CHEZ LOU TYPE Salad & Bagels Bar OÙ 4 rue de Pouilly à Reims PLAT BAGEL "LE PROTÉINÉ" INGREDIENTS Émincés de poulet, oeufs concassés, purée d'avocat, salade & Cream cheese BOISSON DÉTOX PRIX Menu "Just" 11 € : Uniquement des produits frais, un maximum de bio, beaucoup de sourires, mais surtout : c’est BON. En 9 mois « chez Lou » est devenu un incontournable rémois.
REIMS & INSTAGRAM Certains instagramers ont fait de Reims leur sujet de prédiléction, en voici 4 (sans oublier @magazine_peel :-))
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8 ÉVÈNEMENTS À NE PAS RATER EN JUIN - JUILLET
QUOI FISE EXPÉRIENCE QUAND LE 27 & LE 28 JUIN OÙ Skatepark Léo Lagrange, Reims : Grosse compétition internationale de skate et BMX autour du nouveau skatepark de Reims.
QUOI DESIGN LAITEUX QUAND DU 29 MAI AU 25 JUIN OÙ La Milk Factory 5 Rue Paul Bert, 75011 Paris : En parallèle du rdv annuel des Designer’s Days, les étudiants de l’ESAD exposeront leur projets sur la thématique du lait, à Paris, sous l’égide de Claire Fayolle, commissaire d’exposition. QUOI À L'ÉCART DU VISIBLE QUAND JUSQU'AU 30 JUIN OÙ Galerie 3e parallèle, 66 rue Notre Dame de Nazareth, 75003 Paris : Avec la série "À l'écart du visible", Hélène Paris explore à travers la répétition de motifs géométriques, le sens du geste mécanique répétitif dans sa pratique du dessin, dans une confrontation existentielle avec le corps, l'espace et le temps. www.3eparallele.com
© Thierry Gaudé
QUOI LA CLEF DE VOÛTE & LA PIERRE ANGULAIRE QUAND DU 2 JUILLET AU 27 SEPTEMBRE OÙ Au Cryptoportique et au Cellier : Une double exposition qui rassemblera des œuvres choisies dans le corpus de l’artiste Dominique Blais, ainsi que de nouvelles productions. À noter qu'au Cellier, ce travail sera confronté aux projets des étudiants diplômés de l’ESAD pour la 3e édition de Design’R .
© Dominique Blais
www.lamilkfactory.com
© Hélène Paris
© Milk Clay de Sijya Gupta
www.reims.fr
© DR
www.maisonvide.fr
QUOI LE CONCERT PIQUE NIQUE DES FLANERIES QUAND LE 18 JUILLET OÙ Le Parc de Champagne Pommery : Le fameux concert pique-nique pour terminer le festival en beauté
© Axel Coeuret
www.flaneriesreims.com
QUOI HIP-HOP QUAND JUSQU’AU 26 JUILLET OÙ Institut du Monde Arabe, Paris. : exposition consacrée au mouvement HipHop orchestrée par le rappeur Akhénaton et les graphistes Chevalvert. www.imarabe.org
© Paul Insect
QUOI HOLY SUNDAY #6 QUAND LE 5 JUILLET OÙ 74 Rue Chanzy, Reims. : Espace culturel éphémère qui permet à des artistes locaux, qu’ils soient amateurs ou professionnels, d’exposer leurs travaux le temps d’un dimanche après-midi dans une ambiance chill et conviviale.
© Pandora
QUOI CONCERT ET PROJECTION DE FILM QUAND LE 11 JUILLET À PARTIR DE 19H OÙ Maison Vide s'invite à la Maison bleue à Crugny : Concert de Coralie Datt et Seb Adam, piano/voix, suivi d'une projection. Le tout dans un cadre cinéma de minuit en plein air. La pin-up ouvreuse et le pop-corn vous y attendront...
L’ A S S I E T T E C H A M P E N O I S E ARNAUD LALLEMENT
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MICHELIN
ARCHITECTURE D’INTÉRIEUR ET DESIGN PA R G R E G O RY G U I L L E M A I N
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MUSIQUE POP
Anthonin Ternant, ex Bewitched Hands, a récemment constitué un nouveau groupe de pop inspirée et flamboyante intitulé Black Bones. Le 27 mai, Black Bones donnait son 1er concert à la Cartonnerie. Sous la lumière noire, un peu voyous sportifs arborant ossements et couleurs fluo, les Black Bones (Anthonin Ternant, Ludovic Caqué, Samuel Allain, Odilon Horman et Marianne Mérillon) ont transformé l’espace scénique en terrain de jeu. Un concert d’une baseball pop flamboyante et rythmée, devant un public en liesse. Un grand moment qui augure un radieux avenir à Black Bones. A star is born ! Rencontre quelques jours avant le concert avec Anthonin Ternant dans l’atmosphère animée d’un café rémois du Forum.
Comment est né Black Bones ?
On se connait déjà depuis très longtemps car nous évoluons dans le milieu musical rémois : Ludo est l’ingénieur du son de The Wolf Under The Moon, un de mes autres projets, j’ai connu Samuel il y a une dizaine d’années, lorsque je travaillais au CNCM Césaré. et il jouait par ailleurs avec John Grape, Odilon était venu jouer de la batterie avec les Bewitched lors de la 2e tournée, il joue par ailleurs avec les groupes Den House et Grindi Manberg, et Marianne faisait avec moi partie des Bewitched. Peux-tu nous en dire un peu plus sur le groupe ?
Black Bones est une équipe de baseball virtuelle. On crée une atmosphère avec les fringues et les battes de baseball qui ont un côté un peu violent. Chacun a un pseudo latino-américain et une personnalité particulière : Ludovic est Frederico, le cowboy solitaire et taciturne mais qu’il ne faut pas importuner ; Samuel est Jose, tête en l’air de la bande ; Odilon est Mariano, personnage très impressionnant par sa taille et Marianne est Paula, la danseuse du groupe fan de Johnny Cash. En fait, plus qu’un groupe de musique, Black Bones est un concept, une performance… ?
Le concept est parti d’une idée délirante, puis j’ai tiré le fil pour la développer. Lors d’une séance photo, Ludo portait un teddy qui m’a fait penser aux universitaires US qu’on peut trouver dans les séries loufoques comme Scoubidoo. On s’est alors dit que ça serait cool que le groupe arrive sur scène comme une bande de voyous avec des battes de baseball et puis on s’est dit que Black Bones pourrait finalement être une équipe de baseball qui ferait des matchs chorégraphiés lors de courts interludes durant le concert. L’idée finale c’est qu’il s’agit d’un véritable concert de pop, sauf qu’à certains moments, la scène bascule en lumière noire, les musiciens quittent leurs instruments et se dirigent au centre de la
scène où il y a des casiers et en sortent battes et casquettes. Les interludes sont conçus comme des tableaux visuels qui se déroulent sur des musiques qui tranchent avec la musique très pop, vocale et dansante du groupe. Au milieu de tout ça, je suis un peu comme Sammy dans Scoubidoo, avec ses chemises extravagantes, qui débarque dans un château hanté... Lorsque la lumière redevient normale, il n’y a plus de personnages, l’interlude est terminé et on joue nos morceaux de pop.
BLACK BONES Qui compose les morceaux de Black Bones ?
Selon mes projets, je puise dans un stock important de morceaux préexistants que j’ai composés. Pour Black Bones, j’aboutis les morceaux au maximum, ils sont déjà structurés, écrits et arrangés afin qu’il n’y ait plus que du plaisir à les jouer. Le répertoire de Black Bones comporte déjà près de 15 morceaux. Tu as une date de prévue pour la sortie de votre 1er EP ?
L’EP doit sortir en octobre chez Alpage records. Il devrait comporter environ 5 titres. Par ailleurs, je vais composer de nouveaux morceaux cet été que je proposerai à l’écoute sur Soundcloud le plus tôt possible.
w w w . fac e b o o k . co m / pag e s / b l ac k bones www.soundcloud.com/anthoninternant
MUSIQUE
« J’ai un parcours de touche-à-tout, je me suis pas mal éparpillé, pour le meilleur et pas trop pour le pire ! » s’amuse Rémi Lavialle, alias Remo. Après avoir passé son enfance à pratiquer la clarinette classique, le jeune homme quitte sa ville natale de Laon, dans l’Aisne, pour Reims où il commence ses études supérieures de philo puis de musicologie. « Dialogue des arts », l’intitulé du master qu’il effectue à Lille, pourrait définir le jeune homme dans sa démarche : les yeux et les oreilles grands ouverts, intéressé par le cinéma, la photo et musicalement très versatile. Alors que dans sa fac il étudie la diffusion de la musique contemporaine acousmatique, il monte un studio d’enregistrement avec son coloc, où enregistrent pas mal d’artistes reggae et hip-hop locaux ou quelques anglais de passage. « Ado, j’écoutais de tout : de la techno plutôt trance, du rock genre Doors ou Pink Floyd, et pas mal de trip-hop (Archive, Portishead). À Laon, il y avait un bar trance psychédélique et des fêtes organisées dans la forêt. Je me suis mis à la MAO (musique assistée par ordinateur) au moment où je découvrais les pionniers de la musique électro-
LE MONDE DE REMO
nique des années 50, Berio ou Stockhausen. » Depuis 2009, Rémi tourne en Europe ou au Brésil avec son projet de trance psyché Ipotocaticac. Mais son passage à Lille l’a durablement marqué du sceau de la bass music, entre le studio d’enregistrement et les nombreuses soirées organisées là-bas. Drum and bass, dubstep, grime... le son britannique le passionne, avec des artistes comme Riko ou Flow Dan ou le label Deep Medi. Son pseudo de Remo lui a été donné par ses potes, pas par son passage rémois. Sous ce nom, il compose une musique électronique plus electronica que dansante avec une touche de bass music, quelques morceaux de voix et de nombreux samples d’instruments du monde entier. Un copain de lycée, Étienne Bouzy, crée son label Highlife Recordings, sur lequel il sort ses maxis. La salle de la Cartonnerie propose une soirée carte blanche au label rémois en octobre 2012. Remo s’y produit seul avec son ordinateur et ses contrôleurs,
mais plus pour longtemps. L’association Jazz Us, hébergée alors à la Cartonnerie, joue les entremetteurs entre Remo et Renaud Collet, un improvisateur qui manie aussi bien le saxo, que le didgeridoo, les coquillages, la guimbarde ou la flûte indienne. Le rémois Antoine Berquet les rejoint vite aux claviers, le trio Couchant Rouge est né et se produit en concert un peu partout. Il est sélectionné par le tremplin Sosh les Inrocks Lab. Comme s’il n’avait pas encore assez de projets en cours, Rémi Lavialle compose aussi de la musique à l’image, pour un cinéaste ou un photographe. Le lien entre toutes ces musiques ? « Un côté mystique que je recherche dans la musique et des samples qui viennent du monde entier. Une musique qui t’emmène, qui te fait vivre une expérience esthétique. » explique Rémi. Une musique assez inclassable, électronique et acoustique, convoquant instruments anciens et nouvelles technologies, rapprochant les continents, universelle en somme.
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MUSIQUE
DESIGN
G A B R I E L - M A R I E FA R E Y / G M T W
DESIGN
GMTW de son vrai nom Gabriel-Marie Farey, est un plasticien rémois multitâche. Il a conçu l’identité visuelle pour des organismes culturels tels que le Polca (Pôle Musiques Actuelles de ChampagneArdenne) et le centre St. Exupéry. Pour ce dernier, il a réalisé un des premiers bars éphémères “W(h)ood”. En parallèle, il collabore avec le label de rap indépendant Panicrum, pour qui il crée les visuels de t-shirts et de mixtapes plus confidentielles. Durant plusieurs années, il a animé avec la galerie Nexus, le concours d'illustration Dixplay, exposant les lauréats dans les rues de Reims. À travers ses multiples activités, il développe son travail sur la thématique du territoire, de la ville et son architecture, qu’il aime définir comme espace de construction plastique. Désormais, le vélo est devenu son nouvel outil de production ; avec lequel il développe des travaux graphiques en fonction de ses divers périples. Il nous présente son nouveau projet de voyage en Lituanie qu’il intitulera “Tout va bien”.
DESIGN
On retrouve une nette influence du street art et du rap dans votre
Comment avez-vous établi votre parcours pour ce périple?
parcours, quelles sont vos influences dans ce domaine ?
Avec les outils qui existent et que j’utilise déjà, des applications pour tracer des itinéraires, et google street view pour contrôler certains passages. Par exemple, sur la zone allemande que je vais traverser, il n’y a que les villes qui sont disponibles en street view… J’ai 10 jours pour y aller, avec 24 heures off à Hamburg. Je monte par la Belgique, puis traverse la Hollande, pour continuer en Allemagne, où j’irais chercher un ferry à Kiel (DE). Arrivé à Klapeida (LT), je redescendrai sur Nida (pleine Ouest).
Si je me réfère à la première occurrence de google, je trouve Art Urbain via wikipédia. Je ne sais pas si je peux m’inscrire encore dans cette case. Ok, pour le sticker qui reste un jeu pour moi (et le meilleur moyen de vous procurer une de mes images), mais le reste ne me qualifie plus. Je travaille essentiellement sur des principes d’installation, d’échelle, d’ensemble ou de série, et sur des formes « théoriques » de motifs et/ou de leurs assemblages. Brièvement, mes influences pourraient être 123K, Archigram, wk interact, Barry McGee… Le rap et globalement la culture Hip-Hop jusqu’à 2005 m’ont intéressés. Mais je ne produis plus d’image pour personne.
Y a-t-il une culture artistique particulière liée au vélo?
Une culture artistique, spécifiquement lié au vélo, je ne sais pas … certains artistes travaillent sur la pratique de la marche, du déplacement.
L’architecture et son contexte urbain semblent être parties prenantes dans votre travail ? Notamment à travers votre slogan
Comment expliquez-vous cette nouvelle mode du vélo, du fixie
“support my hood”.
et du vélo en général, longtemps réservé au troisième âge ?
Oui, effectivement, l’architecture et son contexte urbain sont omniprésents dans mon travail. Mon point de départ est la découverte par le biais de la « balade » de l’espace avoisinant. À pied, en vélo, en métro, en fonction des moyens du bord… tous sont bons, tant qu’on peut s’arrêter, observer, prendre des notes, photographier. Historiquement, je me suis intéressé aux sujets qui ne bougeaient pas. (via la photographie). C’était plus simple et ça m’a permis de réfléchir très rapidement à l’organisation du cadre et sa composition. Depuis quelques temps, j’utilise goggle street view comme un outils de repérage et balade numérique. C’est pratique. J’aime la contrainte que ça amène en forçant le cadre de vue. L’architecture est finalement une base de donnée de motif graphique selon moi. Je transforme d’ores et déjà ce que je vois en réalité graphique, se composant de forme, de trame et de zone pleine / vide. « Support my hood » englobe tout, comme dans une zone, où on y retrouve, à la fois le dur « construit » et le mou « vivant », les formes et les structures, les bases ancrées, et les flux, sa population et ses sens propres.
C’est cyclique. Le pignon fixe à toujours existé, le fixie en est sa mode. Certains rentrent dans le vélo grâce à ça, d’autre s’y arrêteront à cause de ça. C’est très simple par sa forme, mais très pointu dans son matériel et physiquement difficile. Si on passe les frontières, on constate qu’il y a une vraie culture vélo et qu’elle touche toutes les catégories sociauxculturelles. C’est une culture riche et subtile.
Pouvez-vous nous présenter votre prochain projet?
J’ai une résidence programmée en Lituanie à Nida, sur les mois de Juin / Juillet de cette année. J’ai décidé, pour plus d’autonomie, de découverte, d’échange et pour sortir de ma zone de confort, de m’y rendre en vélo, plus précisément en vélo cargo. C’est un projet « poupée russe », avec un tronc qu’est cette résidence et le reste : le voyage, projet soutenu par la Bourse de la Ville de Reims 2015 et le SUAC et les projets satellites autour du voyage (travail sur les DATA, carnet de voyage…). Parallèlement, je participe à une exposition collective sur Lille, à la Maison Folie de Moulins, sur des questions autour du territoire du quartier et de sa population qui sera exposé du 21 mai au 7 juillet.
En quoi le vélo est-il plus un outil de création qu’un autre mode de transport ?
C’est le juste milieu entre déplacement et découverte. Si vous avez 24 heures dans une ville que vous ne connaissez pas, vous verrez plus de chose en vous déplaçant en vélo qu’en transport en commun ou qu’à pied. C’est simplement efficace. En cela, c’est un outil au même titre qu’un appareil photo ou qu’un ordinateur. Avez-vous un objectif de production particulier pour ce voyage ? Un carnet de route, un livre, une exposition ?
Oui, je ne connais pas encore la forme. Mais en pièce satellite, je travaillerai avec Nicolas Canot sur mes datas et avec le laboratoire de recherche URCA Gegenaa qui travaille sur la cartographie. Je suis en lien avec le service de la culture et du patrimoine de Reims pour une exposition, projet lié à la Bourse de la Ville 2015, ainsi qu’avec le SUAC URCA, pour une exposition à mon retour. Il y aura également du direct et simple avec mon instagram GMTWARIE avec les hashtag : #nida #lt #toutvabien #ultraroad #cargobike
www.gmtw.fr
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DESIGN
MUSIQUE
LES FLÂNERIES MUSICALES 2015
Depuis plus de deux décennies, les Flâneries musicales investissent les lieux patrimoniaux de Reims et de son territoire afin d’offrir au public de mélomanes et de profanes des concerts de musique classique de très haute qualité dans l’ambiance unique d’un festival. Par ailleurs, le festival développe de nombreuses actions de médiation en direction du jeune public et du public scolaire ainsi que des publics spécifiques ne pouvant pas se rendre en toute facilité à des concerts de musique classique. Enfin, les Flâneries musicales ont désormais mis en place une programmation en saison permettant au public, tout au long de l’année, d’assister à des concerts de musique classique, toujours dans l’esprit du festival. Si vous n’avez pas encore eu le plaisir de vous rendre sur le festival, le Magazine Peel vous recommande deux grands rendez-vous à ne pas manquer : le concert du vendredi 10 juillet à 20h à la basilique St Remi avec Un Requiem allemand de Johannes Brahms et le concert Pique-nique le samedi 18 juillet à partir de 19h où sera notamment interprété Carmina Burana de Carl Orff. Mais ce ne sont évidemment que quelques suggestions, parmi la très riche programmation de cette édition 2015 des Flâneries musicales, à découvrir sans modération…
MUSIQUE
J E A N - P H I L I P P E C O L L A R D, DIRECTEUR ARTISTIQUE DES FLÂNERIES MUSICALES
Quelles sont les grandes lignes qui ont guidé la programmation du festival des Flâneries 2015 ?
Notre festival ne se réfère pas uniquement à la musique classique au sens historique, mais s’ouvre largement à d’autres musiques toutes issues de la création et de l’imagination des hommes.
_ Jean-Philippe Collard © Bernard Martinez
Pour concevoir la programmation, je travaille avec l’histoire du festival et l’architecture des lieux qui évidemment impactent mes choix. En effet, il manque à Reims une salle spécialement conçue pour les concerts de musique classique. Je pense que l'avenir des concerts de musique classique dans une agglomération de la taille de Reims (près de 200 000 habitants) est indissociable de la construction d'une grande salle de musique symphonique (plus de 1000 places). Cet équipement est particulièrement attendu par les mélomanes rémois.
_ les Flâneries Musicales. © Axel Coeuret
MUSIQUE
Quels sont les concerts incontournables de cette édition 2015 ?
Les Flâneries proposent une vision panoramique de la musique classique avec des concerts qui peuvent être intimistes et des concerts beaucoup plus spectaculaires. Il est difficile de faire une sélection car tout dépend de l’envie de chacun, mais parmi les 59 concerts qui sont de grande valeur et de grand intérêt, je peux citer : - la série de concerts Débuts qui permet de mettre en lumière de jeunes artistes, qui vont faire leurs débuts officiels en France sur une grande scène. Ces concerts ont lieu 3 soirs de suite dans le grand auditorium du Conservatoire à Rayonnement Régional de Reims. Nous accueillons cette année le Trio Karenine pour une interprétation de Beethoven, Hersant et Chostakovitch, le violoncelliste Aurélien Pascal pour une interprétation de Beethoven, Poulenc et Popper et le pianiste Vadym Kholodenko pour une interprétation de Medtner, Balakirev et Brahms. - le concert de l’Orchestre symphonique de Taipei qui a lieu à la Basilique St-Remi le jeudi 26 juin à 19h pour une interprétation d’une œuvre rarement interprétée et spectaculaire de Rachmaninov intitulée « Les Cloches ». - le concert de Flamenco donné par le Cañizares Flamenco Quartet au Caveau de Castelnau le mardi 30 juin à 20h. _ Vadym Kholodenko © DR
- la Messe de Notre Dame de Guillaume de Machaut, qui fut chanoine de la cathédrale de Reims au XIVe siècle, interprétée par l’ensemble Gilles Binchois à la Cathédrale de Reims le samedi 4 juillet à 20h. Quelle est votre plus grande satisfaction de Directeur artistique depuis que vous êtes aux Flâneries musicales ?
Elle concerne les actions culturelles que nous avons mises en place en direction du jeune public. Il s’agit des concerts « Petits flâneurs » qui sont suivis d’un gouter, à destination des enfants de 18 mois à 6 ans, d’une part, et des ateliers menés dans le cadre scolaire qui ont pour but d’inspirer leur créativité et de les motiver à travers la musique, d’autre part. Ainsi, cette année, l’ensemble vocal britannique Voces8 a entrainé au chant des élèves de 6e et 5e des collèges rémois Colbert et Jeanne d'Arc. Ces élèves chanteront sur scène avec cet ensemble au Cirque de Reims le vendredi 26 juin à 20h.
_Place de la République © Clément Guillaume _ Aurélien Pascal © DR
MUSIQUE
A U R É L I E N PA S C A L , V I O LO N C E L L I S T E VA DY M K H O LO D E N KO, P I A N I S T E
Aurélien Pascal est un jeune violoncelliste de 21 ans. Lauréat de plusieurs prix prestigieux depuis 2013, il s’exprime avec un violoncelle datant de 1850. Vadym Kholodenko est un jeune pianiste ukrainien de 28 ans. Sa virtuosité lui a permis de remporter plusieurs prix prestigieux. Il s’est par ailleurs déjà produit sur plusieurs scènes prestigieuses de Russie et du monde : Allemagne, Autriche, Chine, Croatie, France, Hongrie, Israël, Italie, Japon, Suisse, USA.
Quelles sont vos influences?
Aurélien Pascal : J'ai une admiration toute particulière et un respect sans bornes pour des musiciens tels que Janos Starker, Gyorgy Sebok. C'est ce genre de parcours humain et artistique qui ont guidé mon apprentissage du violoncelle et de la musique en général vers une esthétique plus pure, plus sobre, plus humble mais non moins expressive, et qui me guide dans les travaux d'interprétation qui nourrissent mon quotidien. Je suis également très réceptif au chant, à la voix, j'ai toujours essayé de reproduire du mieux que je le pouvais l'expressivité et la ligne musicale de grandes voix du XXe siècle comme Maria callas, Placido Domingo, Pavarotti… Vadym Kholodenko : Comme pianiste j’ai été le plus influencé par mes professeurs et surtout par Vera Gornostaeva, comme musicien par les œuvres symphoniques de Gustav Mahler que j’aime beaucoup. Quel rapport entretenez-vous avec votre instrument?
A.P. : Je pense que pour tout instrumentiste, la relation avec leur instrument est très spéciale et très forte. Pour moi, c'est un peu mon " meilleur ami ", celui avec qui je partage la plupart de mes émotions les plus profondes, et la majeure partie de mon temps ! Mon violoncelle a toujours été le meilleur moyen pour moi de m'exprimer pleinement. Se familiariser avec un instrument demande du temps et de la patience, je crois maintenant qu'après 5 ans, je le connais mieux que quiconque, et je pense que cela se ressent sur scène.
V.K. : Je ne pourrais pas distinguer particulièrement ni une période ni un compositeur. J’aime beaucoup la pratique de musique de chambre, l’opéra, les quatuors et je suis assez impressionné par la musique contemporaine, même très expérimentale. Votre participation aux Flâneries musicales 2015, sera pour vous un grand rendez-vous avec le public. Comment appréhendezvous l’événement ?
A.P. : C'est effectivement un honneur pour moi de jouer sur une scène de cette envergure, et la retransmission en direct sur Medici.tv est une chose très stimulante. Ce qui me plait, c'est la confiance que donne ce festival et Medici.tv a des jeunes en début de carrière comme moi. Dans de telles conditions, le concert ne peut que très bien se passer ! V.K. : Je remercie les organisateurs du festival qui m’ont confié l’un des récitals. Je suis très conscient de l’importance de cet événement pour moi, mais en même temps je n’aime pas partager mes concerts entre très importants et moins importants. Chaque apparition sur scène est une grande responsabilité. Je suis très reconnaissant aux personnes qui viendront voir et écouter ce concert, ainsi que je l’étais envers le public qui a assisté à mes débuts en France sur France musique en septembre 2014, au festival d’Antibes, à celui de la musique contemporaine à Montpellier, et au public de mes autres concerts en France. Parlez-nous du programme…
A.P. : J'ai choisi un programme très éclectique où je montre 3 compositeurs (Beethoven / Poulenc / Popper) qui ont chacun une vision très différente du violoncelle, et qui excellent chacun dans leur façon de la transcrire. Je pense que cela permet de montrer avec plus de largeur les étendues des possibilités expressives et techniques du violoncelle, tout en captivant le public, averti ou non par la beauté et la profondeur de l'univers de ces compositeurs. V.K. : J’ai pour ma part choisi des œuvres de 3 compositeurs (Medtner / Balakirev / Brahms). C’est un de mes programmes préférés en récital. Il a été créé sous l’influence de mon professeur, feu Véra Gornostaeva qui a travaillé avec moi sur celui-ci.
V.K. : Confidentiel. i n f o r m a t i o n s
Quel est le mouvement musical, la période, le compositeur que vous préférez ?
A.P. : J’ai toujours été très curieux, je me suis très souvent inspiré de toutes sortes de styles musicaux, c’est cela qui me pousse aujourd’hui à aborder un large répertoire, à commencer, au début XVIIIe siècle par Bach jusqu’à la musique de la compositrice finlandaise actuelle Kajia Saariaho. Mais si il y avait un compositeur à choisir, je pense que ce serait Beethoven, avec sa richesse et l’inventivité inégalée de son architecture, et la modernité encore actuelle de son discours.
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r é s e r vat i o n s www.flaneriesreims.com
MUSIQUE
PRIEUR DE LA MARNE
Prieur de la Marne est un artiste rémois qui redonne des couleurs à des musiques et des dialogues passés en s’appropriant des trésors pop plus ou moins cachés pour en faire des édits et des reworks aussi charmants qu’improbables. Ce fils de Pop a rejoint le label Alpage Records pour entamer une romance pleine de tendresse et de mélancolie, en messages personnels couchés sur vinyl translucides groupés dans un coffret en bois, à la fois musique et objet rare et personnalisé. Prieur de la Marne joue régulièrement en dj sets et se produira durant l’été à Lille, Marseille, Paris, Lyon… Rencontre en (r)évolution vespérale.
MUSIQUE
Si tu devais faire la révolution tu ferais
Les années 80, c'est notamment 1981
Quelle est ta soirée foot idéale ?
quoi ?
et un bouleversement dans le paysage
Super question ! Sans hésitation, je mettrais les femmes au pouvoir. Sur tous les continents, dans tous les pays, toutes les villes et tous les villages… Juste pour voir si le monde tournerait plus rond. À vrai dire je n’en doute pas une seconde. Ça me plait de penser que nous pourrions tous vivre en harmonie dans un monde dirigé par les femmes.
politique et culturel en France. Pour toi,
Ma soirée foot idéale ressemble plutôt à un apéro prolongé où on parle de nos vies, de nos déboires et de nos soucis et où on se fait des blagues potaches. Il ne m’arrive que rarement d’aller au stade Delaune.
Pourquoi le coffret ?
Alpage, le label lillois de Marklion et DDDXIE, m’a proposé de rassembler mes edits sous la forme d’un objet. Le disque s’est imposé rapidement et l’idée du coffret également. Nous avons trouvé une solution pour le faire faire par un artisan. Chacun est unique. C’est le petit supplément d’âme de « Messages Personnels » et c’est dans la philosophie du label de cultiver une forme d’exception en produisant des objets.
que représente 1981?
C’est un des plus beaux souvenirs de mon enfance. Le 10 mai, à l’annonce de l’élection de Mitterand mon père m’a mis un coup de pression pour que je finisse mon assiette en me disant « une cuillère pour Tonton et on y va ». Et il m’a emmené dans la rue. Là où les gens fêtaient l’arrivée des socialistes au pouvoir. C’est resté une image très forte. Mais il n’y a pas que celle-là. L’annonce de la mort de Patrick Dewaere et celle
80, les années radio ?
Les années radio un peu. Quand j’étais gosse, mon père écoutait tout le temps Nicole Croisille en voiture. Et ma mère c’était Berger. Les chansons des deux me hantent depuis l’enfance. J’ai passé beaucoup d’années à détester Michel Berger, surtout dans la période d’hystérie autour de Starmania et quand la Star Ac’ l’a réhabilité. Et plus tard, en écoutant plus attentivement, j’ai découvert un immense artiste. Un des meilleurs songwriter de la France de Papa. Et puis il a amené, avec William Sheller, du groove dans la variét’ française. Et moi ce que j’aime, c’est « l’intelligent Variét’ » option groove…
Je porte beaucoup d’intérêt à l’un comme à l’autre… Mais sans hésitation, j’opte pour le sexe. Sans football, la fête est plus folle… Encore que ce que je préfère ce sont les soirées « séduction » qui s’improvisent…
Marne, il est aussi beaucoup question de cinéma. Si tu devais réaliser le film parfait, tu y mettrais quels acteurs ? Morts ou vivants. Quel en serait le pitch ?
Personnels ?
Pourquoi Michel Berger? Pour les années
tu choisis quoi ?
Dans ton projet Prieur de la
D’où vient le titre Messages
C’était un titre un peu facile, mais très significatif. Mes edits ne sont finalement que des petits objets musicaux qui passent, qui flottent et qui disparaissent. Je les diffuse sur soundcloud un peu comme un enfant qui lance un avion en papier… Ce sont des cartes postales pour mes parents, mes ex ou mes futures… Et puis évidemment, il y a la référence à Michel Berger…
Entre une soirée foot et une soirée sexe,
de Romy Schneider m’ont beaucoup marqué également. (ndlr - Prieur de la Marne a réalisé deux edits sur ces annonces de décès). Dewaere avait joué le rôle d’un joueur de foot dans « coup de tête »... Le foot fait partie de tes autres passions ?
Je ne suis pas vraiment amateur de foot. Enfant j’allais y jouer le dimanche et tous les jours à la récré. C’était l’époque de l’Euro 84, de Mexico 86 puis de l’OM de Tapie… Ça fait partie de ma culture. C’est même une forme d’expression corporelle très sophistiquée pour moi. Le football moderne m’intéresse beaucoup moins. Mais je suis toujours très content de passer une soirée avec des copains, notamment Guillaume Brière (du groupe The Shoes, ndlr), dans un bar pour un bon match de Champions League. Je le fais encore assez régulièrement.
C’est une super question… Pas facile. À brûle pourpoint, j’imaginerais une intrigue assez dark, un peu comme le Dahlia Noir de de Palma. J’aimerais aussi que le film ait une fin à la Usual Suspects… Une histoire très décousue et complexe avec une belle galerie de personnages comme dans un film de Frères Coen. Et je prendrais Romy Schneider pour le premier rôle féminin. Trintignant en grand manipulateur. Martin Landau dans le rôle du flic qui court après l’intrigue. Et dans les personnages secondaires, il y aurait Dewaere en barman, Vincent Gallo en dealer indic, Annie Duperey en prostituée de luxe, James Gandolfini en chef cuisinier, Robin Williams en père de famille perdu et plein de voyous qui seraient incarnés par des acteurs comme Stephen Graham…
soundcloud.com/prieurdelamarne
Coffret
d i s p o n i b l e s u r a l pag e r e -
cords.com/
P H OTO G RA P H I E
_ Les Bains des Docks, ateliers Jean Nouvel, Le Havre © Clément Guillaume
P H OTO G RA P H I E
CLÉMENT GUILLAUME
Clément Guillaume photographie des projets conçus par de prestigieux architectes ayant souvent une forte personnalité. Il réussit toutefois à se démarquer par son style droit et rigoureux, rappelant la vision d’un plan ou d’une élévation de bâtiment. Parmi ses clichés, on lui doit notamment les photos des Bains des Docks du Havre réalisée par Jean Nouvel, ou encore un reportage singulier sous un regard parfois sarcastique posé sur l’emblématique bibliothèque de Rem Koolhaas à Seattle. Dans le numéro précédent de Peel Magazine, nous l’avions contacté pour ses photos de la Place de la République de Paris réalisée par TVK. Nous en avons donc profité pour lui poser quelques questions sur son travail.
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1_ Seattle Public Library, Rem Koolhaas / OMA, Seattle © Clément Guillaume 2 _ Piscine. Réhabilitation et extension Dominique Coulon, 2014. Bagneux, Hauts-de-Seine. © Clément Guillaume 3 _ Instituto Moreira Salles. Rio de Janeiro. © Clément Guillaume 4 _ Chantier. Centre commercial. Kremlin-Bicêtre. © Clément Guillaume
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Vous avez commencé en faisant du portrait ; peut-on photographier un bâtiment comme une personne ?
La photographie d’architecture s’apparente beaucoup plus pour moi à la représentation d’un paysage qu’à celle d’une personne. Il s’agit, reprenant le Corbusier, de représenter au mieux le jeu des formes et des espaces crées sous la lumière.
Je suis très attaché à la frontalité des points de vue. J’aime tout naturellement les lumières douces (de l’aube comme celle du crépuscule lorsque l’intérieur s’éclaire). Lorsque le soleil est plus haut, je travaille très souvent en contre-jour (posé pour les ombres). Il est ensuite toujours important d’avoir tout autant des vues lointaines pour situer le bâtiment dans son contexte que des détails.
Comment définissez-vous une photo d'architecture?
Celle qui prend pour sujet le bâti dans toutes ses formes, dans toutes ses dimensions. Une place, un quartier, un bâtiment seul, la forme globale de celui-ci jusqu’à l'aménagement intérieur de ses salles, sa construction, son intégration à l’environnement ou les usages qu’il permet. Avez-vous des demandes récurrentes de la part des architectes ? (Lumière, angles, échelles, point de vue ?)
Non, les architectes avec qui je travaille connaissent, je crois, mes choix et me laisse libre.
Est-il plus difficile de photographier un bâtiment durant son chantier ou une fois réalisé ?
C’est différent et les attentes ne sont pas les mêmes. En chantier, le bâtiment entièrement ouvert, la présence d’une grue permettent parfois de nombreux points de vue. Ensuite, l’intense activité d’un chantier, les matériaux bruts, la poussière dans l’air, tout ceci est souvent d’une grande photogénie. Lors d’une commande d’agence, après la livraison, on attend des images d’un bâtiment terminé, propre et vivant.
P H OTO G RA P H I E
P H OTO G RA P H I E
_ Pavilhão de Portugal, Álvaro Siza Vieira, 1998. Lisboa, Portugal. © Clément Guillaume
P H OTO G RA P H I E
La photographie est le principal moyen de communication de l'architecte, croyez-vous qu'ils puissent parfois concevoir un projet en pensant à une photographie ou à un point de vue ?
Je suis sûr que les architectes conçoivent en pensant à un point de vue, d’abord mental puis projeté sur papier. Depuis la modélisation 3D, cette projection exacte est rendue beaucoup plus simple. Il est vrai que lorsque je leur apporte une image de ce point de vue devenu réel, je pense, s’il correspond à leur intention première, qu’ils en éprouvent une certaine satisfaction.
Dans la conjoncture actuelle difficile, la concurrence est rude et la communication une priorité. Les sites internet que vous citez participent grandement à cette stratégie de communication des agences. Ils sont très lus et donc beaucoup repris par les éditeurs et les autres journalistes. D’où un effet boule de neige très fréquent. Prenez-vous en photo les bâtiments de la même façon ou différemment selon les architectes ?
En vrac : Stefen Shore beaucoup, l’Ecole de Düsseldorf, Bernd et Hilla Becher notamment, William Eggleston, Julius Shulman, Josef Schulz, Patrick Tourneboeuf, Raymon Depardon, Edward Burtynsky, Gabriele Basilico etc.
Je travaille toujours de la même façon, il me semble. Même si, bien évidemment, chaque projet est différent et appelle des réponses propres. Les échanges avec l’agence pour comprendre comment s’est élaboré le projet sont en cela primordiaux. Dans le cadre de collaborations plus longues, on apprend naturellement à connaître l’agence et sa philosophie. Philosophie que l’on cherche ensuite de retranscrire au mieux en images.
Y a-t-il un bâtiment que vous aimeriez prendre en photo ?
La retouche est assez courante en photographie d'architecture.
Pas un en particulier. Je suis très intéressé par ce que deviennent les bâtiments nés à une époque d’une réponse politique à un besoin, d’un passé colonial, d’un concept moderne ou de l’utopie ambiante. J’aime aller voir longtemps après ce qu’il leur arrive. Et puis aussi, bien sûr, tous les batiments talentueux qui ne sont encore qu’à l’état de réflexion, de projet.
Quelles parties vous demande-t-on le plus souvent de corriger ?
Quelles sont vos influences ?
La multiplication des sites internet (archdaily, dezeen etc...) et la disparition progressive des magazines d'architecture infuence-t-
Le faites-vous ?
Je photographie très souvent les projets en phase de livraison, c’est-à-dire avec un environnement pas encore tout à fait propre. Je retouche ainsi des sols sales, un élément de bardage encore manquant, les fils électriques de lignes de chantiers, ce genre de choses. Je ne cherche jamais à faire disparaître des éléments définitifs (descente pluviale par exemple) pour rendre l’image conforme à ce qui aurait dû être et qui ne sera pas.
elle selon vous la façon de communiquer sur les projets ?
Les agences ne communiquent plus comme il y a dix ans c’est sûr. www.clementguillaume.com
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B E LLE S L E T TR E S
CICATRICE U N TEX TE D E J E A N D E LE ST RADE, POUR LE MAGA Z INE P E E L.
Par cœur. Il pense connaitre les moindres détails de cette rue. Qu’on lui demande de fermer les yeux, que quelqu’un l’interroge sur la couleur d’une devanture, sur le nombre de fenêtres à une façade d’immeuble, si le tabac se trouve bien entre la boucherie et l’épicerie. Il saura répondre. Poussez un peu l’interrogatoire, précisez les questions et très vite vous comprendez que ses souvenirs ne sont pas si précis que cela. Que des inexactitudes trament une vision fantasmée de cette rue. Inlassablement, souvent, il se livre à l’exercice. Dans le bus, dans son lit, dans une salle d’attente. Il ferme les yeux, se positionne au bas de la rue au croisement avec le boulevard et avance. Il s’efforce de visionner un par un les immeubles et leurs détails, méthodiquement, alternativement pairs et impairs. Il avance dans la rue. Parfois perd le fil. Souvent, récurent, ce même rêve. Cela avait commencé par une pièce. Puis la fois suivante l’intérieur d’une maison. Ensuite, une rue. Il rêvait une ville. Ses quartiers, ses places, des croisements de rues. Mille ans. Il pense qu’il est le premier depuis mille ans. C’est un jeu qui remonte à très longtemps. Il lui faut un lieu historique. Prenez une cathédrale. Il choisit un lieu de passage et cherche un point de vue d’ensemble. Il observe le déplacement des personnes, le flux. Certains très identifiés, d’autres aléatoires. Cela prend le temps que ça doit prendre. Au moment qu’il juge opportun il se dirige vers un point et très méthodiquement vient appliquer précisément l’empreinte d’une de ses chaussures (indifféremment droite ou gauche) sur la surface du sol. Des millions de pas se sont posés sur cette centaine de mètres carrés, sur ce sol. Des millions d’individus ont posé leurs pas dans les pas de millions d’autres. Lui cherche. Il veut poser son pied là où personne ne l’a posé depuis des centaines, depuis mille ans. Bien souvent, pensait-il, dans les angles ou le long des murs. Les raisons de ce rituel sont floues, il lui semble qu’en faisant ça il touche un peu de l’absolu, qu’il y a quelque chose d’inconditionnel à cela. Tout au bout. Il lui arrive d’interroger ses coordonnées géographiques. De questionner son emplacement dans l’espace. C’est que c’est terminé, que ça doit s’arrêter. Il cherche dans la marche un abrutissement consenti. Marcher, toujours, sans prédire si un bon vent, au coin de la rue, l’amènera à gauche ou à droite. Girouette de l’instant. De parcours il n’est finalement plus question. Divagation, errance. Quelque chose s’allumait dans son esprit, il reprenait respiration en interrogeant ses coordonnées géographiques. Un coup d’œil circulaire pour prise d’informations. À peine se souvenait-il du chemin parcouru, des heures passées,
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B E LLE S L E T TR E S
du trajet. Parfois. Il prend le plan de la ville et s’arme d’un feutre. Choisit un point de départ et laisse courir la pointe du feutre dans les rues, compose un mot. Une typographie à l’échelle d’une ville. Parfois, au gré d’une promenade, il s’efforce d’écrire un mot avec ses jambes, boucles et déliés au détour d’un angle de rue. Tout ceci explique cela. Ses pas l’avaient guidé là où il ne pensait pas aller, mais il y était. Pour être honnête, pas exactement. Il guettait les aménagements urbains. Les « quartiers nouveaux ». On rasait, réhabilitait, des « ensembles immobiliers » sortaient de terre. Il avait repéré celui ci qui se trouvait à l’emplacement de l’ancienne caserne Jeanne d’Arc. De grands bâtiments militaires devenus gravats, devenus immeubles. L’aspect architectural ne l’intéressait que très peu, les mêmes façades vitrées et balconnées se répétaient un peu partout. Les rues. L’opportunité était belle : une caserne close de murs, rasée, ouverte aux axes extérieurs implique la naissance de rues. Pas tous les jours. Rue du Docteur Georges Fraisier. Rue Maxime Cuisinier. Et d’autres. Elles étaient toutes neuves. Dans ce cas précis, il remontait la toute nouvelle rue des Thiolettes. À sa gauche « ensembles architecturaux », à sa droite des maisons en forme de clin d’œil au quartier du Chemin Vert voisin. Au bout de la rue, à droite. Beau trottoir goudronné, il laisse sa main droite courir, le sensible de la pierre. Une quinzaine de mètres et son regard s’arrête net. Comme une apparition. Là, devant lui. Perpendiculaire au trottoir, un mur sort de nulle part. Ce mur s’arrête net, empiétant d’une cinquantaine de centimètres sur le trottoir, comme si il avait été abattu à coup de masse voici quelques minutes. Il s’approche. Sa tranche est à vif, comme une cicatrice non cautérisée. Il pose la main, touche les pierres qui le construisent, la poussière se fixe sur sa paume. Le mur est haut, mais en prenant du recul, il comprend que ce mur court sur une centaine de mètres, au moins. Il s’approche de nouveau. Se mettant bien dans son axe, il commence à le lire. À la gauche du mur le quartier du Chemin vert, à l’identité si forte. Ce mur est le fond des jardins des maisons qui le bordent. À la droite du mur, le nouveau quartier de la « ZAC Jeanne d’Arc ». Ce mur est le fond des jardins des maisons qui le bordent. Ce mur est l’ancien mur d’enceinte de la caserne. Il perd sa trace en descendant l’avenue de l’Yser, aux alentours du 6. Ce mur existe t-il ? La paume de sa main garde une poussière. Qui ce souvient de ce mur ? Ce mur est le fond des jardins des maisons qui le bordent. C’est parce que ce mur existe que personne ne le voit. Vestige sans importance, incongruité urbaine, détail. Il interroge les coordonnées géographiques. 49.249857, 4.056417.
S C U LPTU R E
MILER LAGOS
Miler Lagos est un artiste né en 1973 qui vit et travaille à Bogota. Ses œuvres particulièrement poétiques sont réalisées à partir de détournements d’objets destinés à en révéler le sens profond. Ainsi, des journaux se muent en arbres, des livres en Igloo et des sucreries en pierres précieuses. Ses œuvres sont régulièrement exposées aux Etats-Unis et en Amérique du sud et parfois en Europe, notamment en Angleterre où son travail a été exposé à la Galerie Saatchi.
S C U LPTU R E
_ The Great Tree Š Miler Lagos
S C U LPTU R E
Quelles sont vos sources d’inspiration?
Je suis inspiré par les choses qui peuvent me surprendre. Parfois, elles font parties de ma vie quotidienne. Ma créativité est guidée par la recherche de leur origine naturelle et leur relation avec notre culture, c’est à dire comment l’essence de la nature peut passer à travers les objets que les humains créent tout le temps. La sculpture était-elle pour vous une évidence dès le départ ?
Dès le début de mes études à l’Université nationale de Colombie, je me suis intéressé à la sculpture et à la gravure, mais c’est après des années de travail que j’ai trouvé le lien entre ces deux médiums. Comment décrieriez-vous votre art?
Mon travail est surtout une réflexion sur la sculpture. Je cherche toujours des situations dans lesquelles je peux voir la matière, sa structure, son espace, sa temporalité et son contexte actuel. D’une certaine manière, mon œuvre est le résultat de mes propres conclusions sur la réalité. On peut ici prendre comme exemple Cimiento / Foundation 2008 qui sont des sculptures représentant des troncs d’arbres et des branches. Pour cette création, j’ai utilisé des pages de journaux car je trouvais que le papier pouvait conserver l’essence de son origine, et que les arbres étaient comme des conteneurs dans laquelle les anneaux peuvent fonctionner comme un fichier qui nous fournit des informations sur le passé, rappelant l’utilisation que nous faisons du papier pour documenter nos représentations.
couvrait la jungle amazonienne, et la maintenait dans une ombre épaisse sous ses feuillages jusqu’à ce que les premiers habitants Tikuna découvrent le tronc de cet arbre et décident de l’abattre. Il aura fallu des mois pour le faire tomber au sol ; et l’impact fut si important que l’arbre a imprimé sa trace dans le sol avec son tronc qui a creusé un canal où l’eau est venue s’engouffrer. En tombant, ses branches ont par ailleurs creusé les nombreux affluents du fleuve. Le mythe est plus étonnant que ce résumé, mais j’ai imaginé The Great Tree dans cette idée graphique d’un événement sculptural. Il s’agit donc d’une sculpture taillée dans un papier imprimé par laquelle j’ai essayé de représenter la forme de cet arbre mythique. Concernant Archeology of Desire j’ai voulu parler des choses qui peuvent attirer notre attention et provoquer notre désir de possession jusqu’à les obtenir. Ici, les cristaux de sucre qui ressemblent à des pierres précieuses ont été photographiés comme des bijoux. Ce projet est né à partir de bonbons industriels populaires, mais la réflexion a porté sur la façon dont les pierres précieuses peuvent rendre les humains fous de désir et d’ambition. Comment vous est venue l’idée de recycler des matériaux, notamment dans Book Igloo et The Great Tree, pour leur donner une autre vie, une autre signification, en œuvre d’art ?
Plus que d’utiliser des matériaux recyclés, l’idée était de construire des formes symboliques relatives à la connaissance : les arbres en tant qu’archive de temps, et l’igloo en tant qu’idée de la connaissance comme un abri et protection…
Peut-on dire que dans votre travail vous créez de nouvelles architectures de l’espace et que vous réalisez une sorte de trompe
Quelle est votre actualité du moment ?
l’œil ?
Je prépare une conférence sur la gravure qui aura lieu à la National Academy of Art à Oslo, du 15 au 18 Septembre 2015. L’objectif de ce séminaire est de discuter avec un certain nombre d’artistes éminents théoriciens, des conservateurs de musées du monde entier, la situation de la gravure aujourd’hui en dehors de la tradition, les aspects théoriques, l’histoire, et ce qui pourrait se produire à l’avenir sur la scène mondiale. Mon intervention portera sur l’interaction entre la gravure et la sculpture.
Oui, je cherche toujours à donner une nouvelle perception de l’espace où mon œuvre est installée. L’illusion d’optique dans mon travail constitue une partie des éléments conceptuels qui composent la pièce. Je pense au spectateur qui va vivre cette illusion apparente avec sa propre perception, mais il s’agit juste du début du processus d’interaction avec l’ensemble de la structure de la pièce. Parfois, cette illusion d’optique fonctionne comme une confirmation de la structure interne de la pièce ; dans d’autres cas, elle est tout le contraire. Pouvez-vous nous parler plus particulièrement de vos œuvres : Book Igloo, The Great Tree et Archeology of Desire ?
Book Igloo est une pièce qui s’intitulait à l’origine Home 2011. Il s’agit d’une installation en forme d’igloo fabriquée à partir de près de 2000 livres mis au rebut par une bibliothèque de l’armée américaine. Les informations contenues dans ces livres m’ont fait penser à la façon dont la connaissance devient notre refuge intellectuel. D’une certaine manière, la connaissance peut nous protéger des catastrophes naturelles, mais d’un autre côté, la nature peut nous apprendre quelque chose de plus à chaque fois. The Great Tree 2014 provient d’un mythe Tikuna, qui conte la création du fleuve Amazone. Un énorme arbre nommé Wone
www.milerlagos.com
S C U LPTU R E
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1 & 2 _ Archeology of Desire © Miler Lagos
_ Book Igloo © Miler Lagos
— NIGHT & DAY —
ÉRIC LENOIR ARCHITECTE www.ericlenoir.com / archilenoir@wanadoo.fr / +33(0) 324 563 183
PHOTOTOGRAPHIES © PHILIPPE RUAULT
une maison conçue et réalisée par
MUSIQUE
Balthazar est un groupe
Comment vous est venue l’envie
de pop originaire de Courtrai, créé en 2004. Composé de Maarten Devoldere (chant, guitare, clavier), Jinte Deprez (chant, guitare, violon), Patricia Vanneste (violon, synthé, chant), Simon Casier (basse, chant) et Christophe Claes (batterie), le groupe produit un son reconnaissable par l’utilisation du violon mêlé au synthétiseur. Régulièrement en tournée, le groupe s’est produit sur de nombreuses scènes, dont la Cartonnerie à Reims. Balthazar a sorti un nouvel album en mars dernier intitulé « Thin Walls ».
de constituer un groupe et de jouer de la pop ?
Maarten : Au départ, Jinte et moi, nous jouions tous les deux dans la rue, Patricia aussi. Nous ne nous connaissions pas. Patricia jouait du violon et moi de la guitare, Jinte jouait dans la même ville dans un autre quartier. Nous avons commencé à jouer ensemble et nous nous sommes rendu compte que nous jouions, finalement, de chaque côté, de jolies chansons en boucle et que cela devenait ennuyeux. Nous nous sommes donc réunis, ce qui nous a donné d’emblée six chansons, ce qui était plus amusant !
aime également ajouter quelques détails assez subtils… En tout cas, ce n’est pas une copie conforme de l’album. Avez-vous une anecdote à nous raconter à propos d’un de vos concerts ?
M : Lors d’un concert en Afrique du Sud nous avions une scène qui était censée être sur un lac. Il y avait alors de l’eau entre nous et le public. Mais la scène s’est effondrée et Simon, notre bassiste est tombé à l’eau avec sa basse. Après une demi-heure d’efforts, nous avons enfin pu repêcher la basse.
BALTHAZAR
Avez-vous des maîtres à penser en matière de musique pop ?
M : Nous aimons la musique vintage, comme celle de John Lennon, de Serge Gainsbourg ou du Velvet Underground. Nous sommes également inspirés par beaucoup de choses, et on ne choisit pas toujours ses influences… La moindre petite chanson (même particulièrement médiocre) qui passe à la radio peut rester dans la tête et on peut en faire quelque chose. Qui compose dans Balthazar ?
Patricia : Ce sont Maarten et Jinte qui composent les chansons (musique et textes). Ensuite, nous apportons tous notre point de vue sur les morceaux au moment de l’enregistrement et quand on les adapte pour le live. Justement, vous travaillez beaucoup les morceaux entre les versions studio,
_ Balthazar © Charlie DK
Elle était totalement abimée, mais elle fonctionnait encore, et, chose étonnante, elle avait un son incroyable, superbe ! Nous avons alors enregistré tous les morceaux des deux albums avec cette basse, dont le son a été magnifiquement transformé par l’eau. Alors nous la chérissons, et avons maintenant une assurance pour cette basse qui fait notre son unique. Si nous la perdions, nous serions alors très mal !
album et la version live ?
P : Oui, mais cela se fait assez naturellement. Une fois qu’on a enregistré l’album et qu’on se remet en répétition, on sent très vite que certaines mélodies sonnent mieux avec tel instrument plutôt qu’un autre, même si cela a été enregistré autrement. On aime expérimenter sur la durée de certaines mélodies, sur la répartition des rôles, on
Vous intéressez-vous à des domaines artistiques autres que la musique ?
P : Depuis l’enfance, je bricole de tout, je ne veux pas dire que c’est toujours de l’art, mais qu’est-ce que l’art… ? De son côté, Jinte peint et Christophe, notre batteur, travaille le bois. M : Et moi, je fais de la boxe… Il y a beaucoup de poésie sur un ring de boxe !
w w w . b a lt h a z a r b a n d . b e
A RT CO N T E M P O RA I N
_ Les Contrées nulles, John C, 2013 © Philippe Pétremant - Galerie Le Réverbère
_ Les Contrées nulles, Peter F, 2012 © Philippe Pétremant - Galerie Le Réverbère
A RT CO N T E M P O RA I N
PHILIPPE PÉTREMANT
Philippe Pétremant est un artiste Français qui réalise des photographies à partir d’installations et de montages. Il se décrit ainsi : « Je suis du genre mâle, pas tout à fait quadra pour pas tout à fait 1,80 m. Je pèse dans les 78 kg, j’ai une pilosité généreuse mais pas encore de calvitie ». Philippe Pétremant a participé à de nombreuses expositions internationales à Paris au Carrousel du Louvre et à la Villette, à Lyon, à Amsterdam ... Il est représenté par la galerie Le Réverbère à Lyon. Ses œuvres font parties de plusieurs collections publiques.
_ Les Sept mercenaires, 2010, Prof © Philippe Pétremant - Galerie Le Réverbère Reproduction avec l'aimable autorisation de l'artiste
A RT CO N T E M P O RA I N
_ Les contrées nulles, top secret, 2009 © Philippe Pétremant
De manière générale, quelles sont vos sources principales d’inspiration ?
Mes sources d’inspiration proviennent de tout ce qui traîne, a priori plutôt la low culture, mais j’essaie de ne rien exclure. La photographie est une bête omnivore. Comment concevez-vous vos œuvres ?
Je ne privilégie aucune méthode particulière, je refuse les recettes et le systématisme, mais je dois développer beaucoup d’énergie pour lutter contre. D’une façon globale si ça rentre physiquement dans l’atelier je tente une photographie, certaines fonctionneront par série, d’autres, moins à cheval sur le principe de cohérence, s’associeront en cycle. Vous considérez-vous plutôt comme un plasticien, pour qui la photographie ne serait qu’une ultime étape d’un processus ?
Le monde de la photographie me relègue volontiers dans l’art contemporain, qui lui, a plutôt tendance à me renvoyer à la photographie, et ça me convient bien !
port des images au récit incombe pour une large part au public en tant que « spectateur émancipé » et à sa capacité à mettre en équation son imaginaire face à des images en séquences qu’il construit / déconstruit, à l’opposé d’une narration linéaire, avec son début, son milieu et sa fin : une expérience qui privilégie le modèle du rhizome ou du labyrinthe.
Pensez-vous que vos œuvres soient
À ce moment-là c’est le spectateur qui
En fait, vous seriez dans une lignée
devient acteur et l’image qui devient
contemporaine des surréalistes, par
spectatrice ?
l’esprit qui manie humour et absurde,
L’idée c’est effectivement de considérer le spectateur autrement que comme simple consommateur et l’image différemment d’un bien de consommation quelconque. L’image peut être vue comme un prisme qui cristallise en les recueillant toutes les significations qu’on y projette, les met en écho et cet écho va dans son dédoublement produire de nouvelles propositions.
et par vos hybridations d’objets usuels
« Mort à crédit et en stéréo », vous avez joué avec les codes cinématographiques des images. Peut-on dire que vous inversez le rapport entre immobile et mobile et que dans votre travail, le spectateur crée en se déplaçant une cinématographie des images fixes ?
Il existe un parallèle entre l’accrochage lors d’une exposition de photographies et le montage au cinéma. Pour « Mort à crédit et en stéréo » j’ai pris un peu à la lettre cette injonction d’Edward Steichen : « l’exposition est un film dans lequel c’est vous qui bougez et où les images restent immobiles ». Ça signifie essentiellement que le rap-
provocantes ?
La seule certitude c’est que la provocation n’est pas un facteur endogène à la réalisation des images mais plutôt conséquente à son processus. Je ne les conçois pas pour qu’elles le soient, et quand elles le sont c’est sur un mode très subjectif : la provocation est rarement universelle.
à qui vous offrez une nouvelle vie dans vos photographies, en cherchant à provoquer le merveilleux…
Complètement ! Les surréalistes, dada également, sont des référents permanents autant que des figures de liberté absolument inouïes. La question du réenchantement de l’ordinaire est centrale, définitivement !
Peut-on dire que parmi vos influences, il y a une part de contre-culture punk ? (un de vos titres traduit en anglais par « the magnificent seven » est également un titre des Clash)
Dans une de vos expositions intitulée
- Galerie Le Réverbère
« The magnificent seven » est dû à une erreur d’auto-google-traduction - c’était censé être la traduction des 7 mercenaires. Cela étant dit, la référence aux Clash est plutôt flatteuse, je prends !
www.galerielereverbere.com
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A R C H I TE CTU R E
LE CELLIER PA R L ' E S C A U T & TA N D E M +
Le Cellier fut inauguré le 4 mai nous révélant un espace culturel inédit. Derrière sa façade emblématique témoignant d'un patrimoine champenois prestigieux, on y découvre un entrepôt agricole de type industriel. Pour ce projet, les architectes belges de L’Escaut associés aux lillois de Tandem+ ont due s’adapter à cet édifice aux nombreuses contraintes. Sa réhabilitation en pôle culturel
poursuit l’objectif de transformer en profondeur le bâtiment pour l’adapter à son nouveau programme, ouvert au publique, tout en cherchant à tirer parti autant que possible de ce qui fait la force du lieu : ses espaces singuliers tels que les caves ou la grande salle, de ses matériaux bruts, de son hétérogénéité architecturale.
A R C H I TE CTU R E
Durant sa réalisation le projet a eu différents noms allant du "Lieu Commun" (en référence à son programme) pour finalement devenir "Le Cellier" (en référence à son histoire). Cela a-t-il
tination du jeune public et des familles, et y organisera notamment le festival Méli’môme. - Les Ateliers de la Culture et du Patrimoine, transférés au Cellier.
eu une incidence sur votre conception du projet ?
Le nom « le Cellier », choisi par les rémois sur concours d’idées, est apparu alors que le chantier était déjà bien avancé. L’incidence de ce changement de nom fut donc très limitée. Pour ce projet, il s’agissait quoi qu’il arrive de rendre hommage au passé du site, quel que soit le nom adopté. Le nom précédent « Lieu commun », à comprendre non pas dans son sens péjoratif, mais bien comme « lieu de la communauté » laissait deviner la volonté de favoriser la rencontre des différents utilisateurs du bâtiment : public, artistes, personnel. Volonté traduite architecturalement par le positionnement du foyer public à la croisée des chemins et au beau milieu des différents espaces qui composent le Cellier. Cette façade classée style Art déco est à l'opposé de ce qu'elle cache, une friche industrielle et agricole. Comment avez-vous choisi de traiter
Comment expliquez-vous ce traitement presque minimal dans le choix des couleurs par le noir et blanc et des matériaux bois sapin & laiton ?
Nous ne sommes pas particulièrement des adeptes du minimalisme en architecture, ou alors c’est en essayant toujours de respecter l’adage « un minimum de moyens pour un maximum d’effet ». Le bâtiment existant faisant preuve d’une telle richesse et d’une telle hétérogénéité de matériaux que nous souhaitions harmoniser l’ensemble sans les faire disparaître : c’est le blanc. Le noir est présent dans les salles de spectacle parce que la fonction de ces dernières l’impose. Le bois a été choisi pour marquer tous les nouveaux cloisonnements ou doublages, de manière aussi lisible que possible. C’est aussi un matériau léger qui contraste donc bien avec la massivité de l’existant.
ce paradoxe ?
Le classement de la façade ArtDéco nous obligeait, de fait, à nous concentrer sur l’intérieur du bâtiment. Si paradoxe existe, c’est certainement d’avoir choisi de répondre à la friche… par la friche ! Influencés en effet par d’autres sites basés sur le modèle de la friche artistique, comme le Lieu Unique à Nantes ou le palais de Tokyo à paris, l’esprit du projet était ici de conserver et laisser visible un maximum des matériaux existants, de même que les traces laissées par la réhabilitation. Par exemple, dans la cage d’escalier menant au sous-sol et aux salles d’expo, les visiteurs peuvent apercevoir l’épaisseur de cette partie de voûte démolie pour aménager un passage. Dans la même logique, les chemins de câbles, gaines de ventilation, etc. sont laissés apparents, volontairement. Pourriez-vous nous expliquer comment s'organise la programmation de ce nouveau lieu culturel rémois ?
La programmation s’articule autour de 4 grandes entités : - L’ espace d’exposition, qui accueille jusqu’au 14 juin, en guise d’évènement inaugural, une exposition rétrospective sur le travail de Georges Rousse - La Salle Jean-Pierre Miquel, destinée à la diffusion de spectacles vivants de compagnies professionnelles. - L’association culturelle Nova Villa, résidente permanente du lieu, proposera des évènements tout au long de l’année à des-
Le laiton est la seule touche singulière et excentrique dans ce projet, n'y a-t-il pas là une référence au champagne ?
On peut tout à fait y voir une référence au champagne ! La singularité de ce matériau est avant tout un moyen de mettre en valeur des éléments singuliers et significatifs du projet : un mur courbe qui cache un magnifique escalier à vis qui descend dans les profondeurs des caves, les extrémités des caves, qui s’étendent potentiellement à l’infini, et… un mur magique. Pouvez-vous nous expliquer ce qu’est le mur magique du foyer ?
C’est un mur pouvant s’ouvrir en pivotant. En s’ouvrant, il permet au public d’accéder à l’ensemble du bâtiment, du moins les parties accessibles au public. En position refermée, le bâtiment peut fonctionner en mode spectacle, avec uniquement la salle de diffusion (nommée par la mairie salle Jean-Pierre Miquel), le hall et le guichet. N'y a-t-il pas une frustration de travailler sur un bâtiment aveugle ? Qui de plus est intouchable en raison de son classement au patrimoine historique ?
Il s’agit surtout d’un projet introverti, notamment du fait de sa position engoncée dans un îlot urbain dense, et il faut considérer que l’espace public se déploie en intérieur. Mais il n’est pas aveugle pour autant, car tous les locaux, à l’exception
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_ Exposition George Rousse, Le Cellier © François Lichtlé
de la grande salle de spectacle et des caves, ont une ouverture. Et même la façade classée, d’apparence aveugle, pourra s’ouvrir via sa porte monumentale et interagir avec l’intérieur du bâtiment, à l’occasion de festivals, avec un l’ancien quai de chargement qui devient une scène à ciel ouvert, tournée vers la rue. On a tendance à croire que la richesse de ce bâtiment tient dans sa façade, toutefois on réalise dans votre projet que le véritable atout de cet édifice sont les caves. Pouvez-vous nous expliquer comment vous les avez exploitées au maximum ?
Lorsque l’on est face à la façade monumentale, il faut imaginer que l’on aperçoit seulement la moitié supérieure du bâtiment. En effet celui-ci se développe en sous-sol sur trois niveaux de caves, jusqu’à 12m de profondeur, qui est plus ou moins le niveau de la nappe phréatique. Il y avait bien évidemment l’envie d’amener le public à explorer ce sous-sol. D’autant plus que celui-ci est porteur d’une histoire et véhicule un certain imaginaire, car ces caves ne sont pas limitées à l’emprise du bâtiment, et font parties d’un réseau plus ample. La règlementation ne permet pas de faire descendre le public au-delà du premier niveau de caves, pour des questions de sécurité. La vocation première des caves liée à la conservation du champagne — savoir garantir une température quasi constante — a donc été mise à profit pour les deux niveaux inférieurs. Le volume de ces derniers est intégralement utilisé pour la mise en place d’un système de free-cooling qui, en utilisant la différence de température de l’air extérieur et de l’air intérieur, permet d’économiser l’énergie nécessaire au refroidissement et au chauffage du bâtiment.
Dans un contexte économique difficile, les équipements culturels se font de plus en plus rares. Comment définissez-vous le rôle d'un tel programme de nos jours ?
Nous préférons en référer à un contexte politique plutôt qu’économique, car la référence à un contexte économique est une manière de présenter les diminutions actuelles des investissements dans la culture comme une fatalité incontournable, alors qu’ils sont le fruit d’une vision politique structurée. Nous développons depuis nos premiers projets une esthétique de l’objet trouvé, du matériau brut, de la nudité. Prosaïquement, c’est une manière de réduire les budgets et de permettre la réalisation d’outils ambitieux avec moins de moyens, mais cette posture renvoie aussi à des enjeux symboliques plus larges, liés à l’image que génère une société dans ses infrastructures publiques. S’agit-il d’une figure institutionnelle lissée, protocolaire, destinée à induire le respect, ou l’institution peut-elle muter dans d’autres formalisations plus improbables, plus contextualisées, plus perméables à l’appropriation ? Ces questions concernent les modes de gestion des institutions publiques, autant que l’organisation et l’esthétique des espaces architecturaux qu’ils occupent. Le premier moteur de la culture n’est pas l’argent mais les pulsions créatives qui nous habitent tous. Ces temps ne sont peut-être pas ceux de l’appauvrissement de la culture, mais de son retour à des formes plus diffuses, plus localisées, moins confinées au seul milieu de l’art. Les friches artistiques se sont inscrites dans cette dynamique. Ce programme n’en est pas une à proprement parler, mais vu son échelle et sa configuration, il est un reflet de ce mouvement.
www.escaut.org
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2_ 1_ The Space Between Us, 2009 © Sarah Van Marcke 2 _ La Grande Motte, 2014-2015 © Sarah Van Marcke 3 _ La Tourette, 2011 © Sarah Van Marcke Reproduction avec l'aimable autorisation de l'artiste
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S A R A H VA N M A R C K E Sarah Van Marcke est une photographe née en 1984 qui vit et travaille à Anvers. Son œuvre questionne le rapport entre l’architecture et l’humain.
Quelles sont vos influences?
Depuis mes premiers travaux, je suis influencée par plusieurs artistes de performance des 60’s et 70’s, plus spécifiquement d’artistes qui utilisent leur corps en relation avec l'environnement urbain. Je suis particulièrement influencée par Parallel stress, Valie Exports et Body Configurations de Dennis Oppenheim. Dans mon travail vidéo, la vidéaste anglaise Rachel Reupke m’inspire beaucoup. Un tout nouveau monde s’est ouvert à moi quand j’ai découvert son installation vidéo intitulée Infrastructure dans laquelle elle avait donné vie à une plusieurs cartes postales de lieux touristique. En ce moment je suis inspirée par les photographes néerlandais Annegien van Doorn, Lernert & Sander qui font partie d’une sorte de mouvement qui utilise et repense le genre de la nature morte classique.
histoires que je veux bâtir. Mes sujets sont autant que possible isolés afin de créer le bon contexte pour les actions que je veux faire naître dans mes images. Peut-on dire que vos images créent une architecture de l’humain?
Les humains créent l'architecture de l'humain. J’essaie principalement de comprendre si le résultat a été un succès. Je m’interroge souvent sur la responsabilité que portent les architectes et sur l'effet de leur processus de réflexion. Les idées progressistes, voire utopiques peuvent rapidement devenir obsolètes et manquent de fonctionnalité à bien des égards plus souvent que d’autres. Je ne voudrais évidemment pas remettre en question l'importance de leur existence car je me sens toujours très liée à mes sujets et je les respecte.
Vous vous considérez plutôt comme une photographe ou comme
Finalement, la monumentalité rendrait l’humain omniprésent par
une vidéaste?
son absence et sa fragilité?
Je ne me vois pas vraiment encore comme une vidéaste. J’utilise en effet la vidéo dans une logique photographique, très statique. Je fais surtout se déplacer des photos dans un cadre fixe avec peu de mouvement. J’ai toutefois le sentiment que je développe doucement mes compétences en tant que vidéaste. Mais ce travail est très simple et peu exigeant techniquement. Ce travail ne fait pas non plus appel à des structures narratives filmiques complexes ou à des éléments tels que la relation entre le son et le suspense. J’appuie simplement sur l’interrupteur pour lancer le tournage et appuie sur le même interrupteur pour y mettre fin. Je ne suis pas intéressée par l'édition de ma vidéo ou par la négociation avec de grandes Postproductions.
Dans mes travaux plus anciens mon propre corps était souvent comme la seule figure humaine en rapport à la monumentalité, encadré par l’architecture ou le mobilier. Les deux dernières années, la présence même de mon corps semble évoluer. Je reste caché dans l'image, ne jouant qu’à l’extérieur du cadre, manipulant des choses derrière le mobilier ou derrière un mur. Je n’utilise pas de techniques complexes. Je manipule les objets avec des ficelles ou je les jette dans le cadre. L'effet surréaliste me donne alors le pouvoir de ramener l'esprit des architectes morts et de les confronter à l’environnement qu’ils ont créé. Votre travail est-il comme un avertissement face à l'effacement de l’humain, face au modernisme et à la technologie?
Quel processus créatif suivez-vous?
Je pars généralement d'un site architectural particulier ou d'une situation urbaine. Je visite le lieu, expérimente, échoue et reviens en arrière. Parfois, le premier essai est un succès et je n’ai pas besoin de revenir dessus. Généralement, la conception d’une image me prend deux semaines. Je dois ressentir le lieu, lire et en apprendre plus à son sujet. Je vais ensuite construire une relation avec l'endroit, chercher un bon équilibre entre le contenu et l'esthétique et utiliser tout cela dans des actions engagées.
Je continue ma recherche concernant la façon dont nous vivons aujourd'hui et sur la façon dont le modernisme et d'autres tendances architecturales, économiques ou politiques importantes ont influencé notre mode de vie. Il est intéressant pour moi de voir quels usages sont faits de l'architecture plus de 50 ans après sa conception, en particulier lorsque l'architecture est en même temps omniprésente et obsolète. Ou de voir comment les nouvelles visions économiques influencent l'utilisation des structures urbaines dans différents types de villes et villages et comment la protection du patrimoine urbain et architectural a un impact sur les conditions de vie actuelles.
Quelle place donnez-vous aux espaces extérieurs ?
Un grand nombre d’endroits avec lesquels je choisis de travailler sont à l'extérieur. Ils se situent non seulement à l'air libre, mais parfois aussi à l'extérieur des villes ou des centres urbains. Ce sont des bâtiments qui ont beaucoup d'espace autour d'eux. J’ai besoin de ce genre de situation en fonction de l'image ou des
w w w . s a r a h va n m a r c k e . c o m
PAG E S & I M AG E S
1-2-3-4 ANTON CORBIJN éd. Xavier Barral, 2015
--> Retour sur la carrière du photographe et réalisateur Anton Corbijn qui a fixé l'image des plus grands musiciens pop et rock de ces dernières années. Une somme.
ANGLE DE RÉFLEXION CHEMA MADOZ éd. Actes Sud, 2013
--> Chema Madoz, une sorte de Magritte qui aurait délaissé la peinture pour la photographie. Un condensé poétique de 400 pages.
LA VIE EN KODAK FRANÇOIS CHEVAL & GILLES MORA éd. Hazan, 2015
--> Le film couleur panoramique Kodak, un levier publicitaire puissant du rêve américain d'après guerre.
NEW YORK JEAN-PHILIPPE DELHOMME éd. Louis Vuitton, 2013
--> Jean-Philippe Delhomme ne croque pas seulement les figures de la mode, il fait aussi des voyages et en rapporte des carnets de croquis, mais toujours avec son trait si singulier
FROM BLACK AND WHITE TO COLOR WILLIAM EGGLESTON éd. Steidl, 2014
--> Quand le maître de la couleur William Eggleston quitta le noir et blanc ...
SÉRIES COURTS CÉLINE PIERRE 2015
--> Ce livre n'en est pas un, plutôt un carnet type Moleskine. Un carnet qui cache derrière son dos, sous forme de DVD, 3 films courts de Céline Pierre. Un joli petit objet intriguant, à forte valeur ajoutée, limité à 50 exemplaires.
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Maxime DUCROT alias Razmo. PROFESSION
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