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N°1 - août 2015
LA PARENTHÈSE PRATIQUE RÉUSSIR SES PANORAMIQUES
Faire une pause Il importe que le panoramique commence par une pause d’une seconde ou deux avant d'opérer le mouvement, et qu’il se termine par une pause de même durée. A défaut, le mouvement panoramique sera très difficile à monter car le mouvement sera à la fois déjà amorcé et de plus, il risquera de se finir brutalement.
Horizontalité
Le panoramique, péché mignon des amateurs
Terminologie
Bien souvent, lors d’un panoramique, les amateurs « balayent » l’horizon ou le décor dans lequel ils se trouvent, sans se soucier particulièrement du point de départ et du point d’arrivée. Au mieux, le début et la fin du mouvement sont à peu près similaires en intérêt, mais du coup, la séquence est assez monotone. Au pire, et le piège est très fréquent, le point d’arrivée est moins intéressant que le point de départ et la séquence a tout l’air de se terminer… en queue de poisson !
On dit panoramique ou « pano ». L’action correspondante est de panoter mais on trouve parfois le verbe « panoramiquer ». En anglais, on dit « pan » ou panoramic.
Le bon réflexe consiste donc - si l’on discerne un point de départ intéressant (appelons-le A) - de rechercher un second sujet attractif (appelons-le B) puis de terminer le panoramique par le sujet qui présente le plus d’intérêt entre A et B. Si vous avez un doute entre les deux ou si le choix devient très subjectif, privilégiez un mouvement gauche-droite, correspondant à la convention occidentale de sens de lecture.
Le panoramique horizontal, le plus fréquent, peut être assisté sur certaines caméras ou APN évolués, d’un « niveau » d’horizontalité, permettant de filmer bien droit.
Quant à Panoramix, il n’existe que chez les druides Gaulois mais la consonance de son nom est bien inspirée du panoramique. :)
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De gauche à droite ou de droite à gauche ? Les panoramiques de gauche à droite respectent le sens de lecture occidental. Ils produisent en règle générale une impression plus positive qu’un panoramique droitegauche, vécu comme «contraire» ou «négatif». Mais toute règle a ses exceptions et de plus, un spectateur arabe ou chinois n’aura pas du tout les mêmes références culturelles. D’ailleurs, les vidéos sont de plus en plus mondialisées grâce aux sites de partage, évitez de faire un film franco-français !
Règles de bases La règle de base : il convient d’achever le panoramique sur un élément visuel plus intéressant qu’au départ du mouvement. Les professionnels, à la recherche d’un impact plus fort sur le spectateur, créent parfois un effet de surprise à la fin d’un pano. Les occasions de réaliser des plans surprenants sont assez rares mais avec un sens de l’observation, on génère des effets de surprise qui maintiennent l’attention du spectateur.
Et la photo panoramique ? La photo panoramique s’inscrit dans la même ligne que le panoramique en vidéo : circonscrire une vue à 150 ou 180°. Les panoramiques photo exigent de trouver la bonne vitesse de mouvement, sinon un message d’erreur s’affiche ou votre panoramique s’achève sans être complet. Attention, certaines caméras « communicantes » affichent l’expression « Panorama trop rapide » mais cela désigne le mouvement vidéo !
Ainsi caméra au poing, je randonnais dans les célèbres Calanques de Marseille, face à la mer. La vue sur l’eau bleu turquoise et sur les îles lointaines du Frioul, était magnifique et j’aurais pu me contenter de ces quelques scènes vidéogéniques. Mais l’intérêt s’est vu redoublé grâce à un panoramique vers la gauche qui m’a permis de dévoiler un décor inattendu : une voie de chemin de fer longeant la mer ! L’effet dramatique est accentué par mon placement en bordure de voie. Il y a peu de chances que votre spectateur s’attende à ce type de plan ! Profitez-en !
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Sur trépied Pour éviter des panos trop saccadés ou trop lents, il faut répéter le mouvement mais surtout disposer d’une tête à friction ou une tête fluide. Les têtes dites «à friction» sont basiques et à prix modéré mais contrairement à ce que leur appellation laisse penser, elles peuvent faire preuve de fluidité. La fluidité des mouvements dépend d'une vis de serrage qui frotte avec plus ou moins de friction (d'où le nom) entre deux disques (souvent en Téflon). Un équilibre avant-arrière et latéral doit être trouvé pour que les mouvements de la rotule ne soient pas saccadés ou trop "lâches". Un bouton de réglage de la friction se charge de la bascule (haut-bas) tandis qu'une molette de réglage de la friction gouverne les mouvements panoramiques, avec un verrouillage. Un niveau à bulle complète ce dispositif. Les têtes à friction peuvent être d'un niveau de prix élevé. 2e catégorie, les modèles à tête fluide se destinent à des (semi) pros avec peu de contraintes au niveau des mouvements. Les tarifs sont très variables selon les caractéristiques.
Réussir un pano à main levée On ne dispose pas toujours d’un trépied avec soi ou on le juge peu stable ou trop encombrant. Conséquence, on se rabat sur le pano dit «à main levée». Facile ? Non, c’est presque plus difficile que sur pied ! En effet, il est ardu d'effectuer un mouvement régulier sans s’aider d’un élément mécanique (de type rotule), d’autre part, à main levée, le débutant tient généralement mal son camescope et improvise. La faute la plus courante est de tenir le camescope au bout d’un seul bras en contrôlant vaguement l’image sur écran, et surtout de bouger un peu trop le corps et les pieds qui ont tendance à accompagner le mouvement. Tous ces paramètres approximatifs finissent par produire un panoramique pas ou peu régulier, avec une fin de mouvement souvent hésitante. La solution est de préparer son pano en repérant où il se termine. Sans filmer, on oriente alors ses pieds (voire un seul) et son corps vers cette direction (qui correspond à la fin du pano. Dans l’idéal, placer ses pieds «pointes vers l’extérieur». Puis sans bouger ses pieds, pivoter le corps de manière à diriger la caméra vers le point de départ du pano. C’est bon, on est enfin prêt à filmer ! En cours de pano, le corps va donc se "déplier" : la position de départ sera assez inconfortable mais elle deviendra de plus en plus facile au fur et à mesure que le mouvement progressera. Au final, l’équilibre sera bien assuré.
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Les panoramiques "imaginatifs" Il existe plusieurs variantes aux panoramiques classiques horizontaux : a) Le pano vertical : un peu moins usité que son homologue horizontal, il est pourtant utile pour les scènes de monuments
Le pano pour leurrer le spectateur ! Procédé utilisé au cinéma, un panoramique peut aussi vous aider à leurrer le spectateur. Le procédé consiste à suivre un 1er sujet mobile comme s’il était au coeur de l'action que vous allez montrer sauf qu’au bout d’un moment, il disparaît (de lui-même ou pas et vous en profitez pour vous attarder sur un 2e sujet qui est votre sujet principal sur lequel vous vous attarderez par la suite. Ce procédé nommé panaramique-leurre, est une astuce créative, vraiment intéressante. Attention, il convient que le 1er sujet soit attractif pour tromper le spectateur. Vous devez aussi rester assez longtemps sur le 1er sujet pour que le spectateur soit vraiment persuadé que c'est lui l'objet central de votre plan ! Dans notre exemple ci-dessus, le tracteur était un leurre idéal car sa vitesse n'est pas excessive, permettant d'entretenir la tromperie suffisamment longtemps.
mais aussi, pour créer un effet d’apparition progressive d’un sujet. Le pano vertical peut être ascendant ou descendant. b) Le pano-zoom : comme son nom l'indique, il s’efforce de combiner un panoramique avec un zoom, avant ou arrière. Cette technique présente un très gros avantage puisqu’elle permet de ne pas trop «sentir» le mouvement du zoom (qui fait très amateur) ni celui du panoramique qui peut devenir gênant s’il est trop long. Cette technique est très utilisée par exemple dans les compétitions sportives mobiles (vélo…) pour à la fois suivre un compétiteur et resserrer le cadre afin d’obtenir tous les détails de l’effort en gros plan. Inconvénient redoutable de cette technique : le mouvement est assez difficile à réaliser, il oblige à s’y reprendre à plusieurs fois ! c) Autre : enfin, il est possible de casser le mouvement habituel horizontal ou vertical du panoramique. Pour cela, on peut faire appel au panoramique oblique qui est une variante intéressante à expérimenter. Il se prête à toutes sortes de sujets. Le mouvement oblique parcourt généralement une très courte distance. 4
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Le panoramique d'accompagnement
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L’un des panoramiques parmi les plus difficiles à réaliser reste le pano d'accompagnement, nommé aussi «recadrage de plan». Dans l’absolu, il est préférable de le réaliser sur pied. Il s’agit d’un mouvement panoramique dans lequel on suit au téléobjectif un sujet lui-même en mouvement. La beauté du plan est de conserver correctement le sujet dans le cadre. Mais c'est aussi la difficulté première, accrue par la rapidité du sujet : ainsi un hors bord lancé à toute vitesse sera plus difficile à suivre a priori qu’un petit chalutier de pêcheurs. Mais si l’on dispose d’un excellent trépied dans le premier cas et qu’on opère «à main levée» dans le second, la course du hors bord deviendra plus facile à maîtriser... Pour bien maintenir un sujet mobile dans un cadre, il faut centrer le sujet et penser à laisser toujours de «l’air» (de l’espace) devant le sujet. Il faut aussi anticiper constamment le déplacement du sujet en mouvement en devinant le chemin qu’il va emprunter. C’est un véritable exercice de maîtrise. Entraînez-vous dans un premier temps avec des sujets se déplaçant lentement (comme une péniche). Puis augmentez la difficulté avec des sujets mobiles se déplaçant plus rapidement (voiture…).
Texte : Thierry Philippon Images : Yann Figuet / Thierry Philippon © magazinevideo.com
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