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Sommaire Préface
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Avant-propos
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Introduction
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Les enjeux d’un groupe de parole ecclésial
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Accepter la diversité au sein de nos communautés Prévenir les nombreuses souffrances et les conflits liés à l’absence de communication active au sein d’une église Créer un espace de parole et de réconfort Favoriser l’implantation de petites communautés Entrer plus facilement en contact avec l’extérieur Groupes de prière Faire vivre les groupes de parole jeunesse Trouver une certaine fraternité biblique au sein de nos communautés Écologie relationnelle
Préparation et information Pistes susceptibles d’être ouvertes au sein de l’église dans le cadre d’un groupe de parole Forums de discussion et réunions à thèmes Respecter l’éthique relationnelle
20 21 23 23 24 24 27 28 29 29 30 30
Étape 1 « Dé-sceller » les résistances Les résistances au changement Le droit à la parole Remise en cause des acquis Chronos Quel type de groupes ?
L’héritage Le groupe pilote Qui va animer ? Durée et fréquence Nombre de participants
35 36 37 38 38 39 41 42 42 43 44
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Étape 2 Les premiers pas Groupes enfants, adolescents et adultes Exercice préliminaire N°1 La disposition en cercle Règles du jeu Le « tour du cercle » Exercice préliminaire N°2 Bâton de parole ou discussion à bâtons rompus ? Exercice préliminaire N°3 Répartir le temps de parole Adolescents Exercice préliminaire N°4 Confidentialité
47 47 49 49 51 53 53 55 55 56 57 59 60
Étape 3 Groupes adultes, adolescents ou enfants (séparés ou intergénérationnels) Thème/exercice N°1 – Questions générales d’introduction Thème/exercice N°2 – Tous les croyants étaient unis et partageaient entre eux tout ce qu’ils possédaient (Actes 2,44) Thème/questions N°3 – L’engagement Thème/exercice N°4 – Jésus et les enfants (lire Luc 18,15-17) Thème/exercice N°5 – Exprimer spontanément ses sentiments sur les 7 « F » (Fruit, Ferveur, Foi, Fragilité, Force, Fidélité, Flamme) Thème/exercice N°6 – Stress
Apprendre à écouter Thème/exercice N°7 – L’écoute active. Favoriser la capacité d’écoute Thème/exercice N°8 – Exprimer spontanément des sentiments de joie sur les 8 « J » (Joie, Jeunesse, Jour, Joyeux, Juste, Jeux, Jardin, Jouvence, Jubilation) Thème/exercice N°9 – Le « je » et le générique Thème/exercice N°10 – Le « je » et les 3 D (Déménagement, Départ, Déficience)
Récapitulatif des séances précédentes L’apprentissage chez les enfants Thème/exercice N°11 – « Apprentissages » Thème N°12 – Savoir débattre et argumenter ses convictions sans agressivité Thème/exercice N°13 – Les droits de l’homme et la liberté religieuse Thème N°14 – (Matthieu 7,12) Thème N°15 – Les 7 D (Deuil, Déménagement, Décès, Départ, Déficience, Divorce, Déception)
65 65 66 67 69 69 70 71 72
73 74 75 77 78 80 81 82 84 85
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Thème/exercice/débat N°16 – Faire face aux sollicitations dangereuses Thème/exercice/débat récapitulatif N°17 – Divergences Thème/exercice N°18 – Les personnages bibliques
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Étape 4 Thème/exercice/débat N°19 – Différences ethniques, culturelles et générationnelles Thème/débat N°20 – La force d’inertie institutionnelle Thème N°21 – Le pardon Thème N°22 – Votre vision des relations d’église Thème N°23 – Communication, amitié Thème/exercice N°24 – Amitié et vie d’église Thème/exerciceN°25 – Les relations sélectives Thème/débat N°26 – Approche systémique et homéostasie ecclésiale Thème/débat N°27 – Dominants/dominés Thème/débat N°28 – La force d’inertie relationnelle
Thème récapitulatif : involution/évolution
97 98 102 103 104 104 105 108 112 115 119
Étape 5 Mise en relief des tendances ecclésiales ou : Les deux témoins Thème/débat N°29 – « Les deux témoins »
Thème/exercice : Bruits de couloirs Thème/ débat N°30 – Parler des absents Thème/exercice N°31 – Violence active et violence passive Thème/débat N°32 – Les désaffections Thème/exercice N°33 – Être responsable de ses paroles, assumer ses opinions Thème/débat N°34 – L’angle mort et la maturité Thème/débat N°35 – Compensation dévotionnelle
Encourager la gratitude Thème/exercice N°36 – Joie et gratitude
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Étape 6 L’amour fraternel Thème/débat N°37 – L’amour agapè Thème/débat/exercice N°38 – Juger ou aimer ? Savoir choisir Thème/Exercice N°39 – Constat ou jugement Pratique de groupe N°40 – Renoncer aux « étiquettes »
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Parler sur l’autre Thème/débat N°41 – Groupe et famille Thème/débat/exercice N°42 – Percevoir et déplacer nos limites Thème/réflexion/débat N°43 – Les comportements addictifs Thème/débats N°44 – L’autre sexe Thème/débat 44 bis – Le couple Thème/débat 44 ter – Le corps humain comme objet de marchandise
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Étape 7 Modernité et post modernité. Deux paradigmes, deux visions différentes du monde 179 Thème N°45 – Différences de paradigme au sein de votre église Thème 46 – La position de la femme au sein des églises Thème N°47 – Se cultiver en tant que croyant Thème N°48 – Groupes de paroles interconfessionnels Thème/exercice N°49 – Dons et talents Thème N°50 – Les « défauts de nos qualités » Thème/débat N°51 – Les 5 blessures bibliques « universelles »
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Étape 8 Thème/exercice N°52 – Se confronter à l’opinion des autres (feedback)
Parole et silence Pratique de groupe/exercice N°53 – Approfondir la présence de chacun Pratique de groupe/exercice N°54 – Approfondir la présence du groupe
La persona Thème/débat N°55 – « Gagnant/perdant » ou la force centrifuge ecclésiale Thème/réflexion/exercice N°56 – Les prises de conscience Thème/débat N°57 – Porter du fruit Thème/débat N°58 – La prière
203 207 208 209 211 215 219 221 222
Personnes en souffrance psychologique
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Bibliographie
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Préface
Cet ouvrage sur les groupes de parole en milieu ecclésial arrive à son heure et répond à une attente importante. En effet, depuis des siècles, dans nos sociétés dites traditionnelles puis tour à tour modernes, post-modernes et enfin fluides, les institutions chrétiennes ont maintenu un très fort ascendant moral sur l’esprit des fidèles. Les croyants, pensant obéir à Dieu, renonçaient au droit à la parole, la hiérarchie leur dictant ce qu’ils devraient croire, dire et faire. Le message du fondateur du christianisme a ainsi été détourné vers une religion ritualisée usant de la culpabilité comme principal moyen de pression, faisant taire ainsi l’expression profonde des désirs et la souffrance du Sujet. Pourtant Jésus, dans sa vie quotidienne, quand il rencontrait et dialoguait avec des personnes en « demande », les invitait à exprimer librement leur ressenti profond, leur vécu de souffrance, de doute ou de recherche spirituelle. Avec lui les minorités de son époque, les femmes, les malades, les opprimés, les étrangers voyaient leur parole écoutée, entendue et valorisée. Jésus agissait ensuite, répondant ainsi à leurs aspirations. Dès les années 1960, un nouveau paradigme, qui allait révolutionner les relations humaines, a lentement émergé. Le rapport à la société passant du devoir à accomplir, dicté par l’institution, au droit à devenir sujet responsable. Toutefois, dans la plupart des 11
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cas, les églises souffrent d’une force d’inertie trop importante pour appréhender pleinement ce nouveau paradigme. Aujourd’hui de nombreux chrétiens aspirent à être en phase avec la société, en expérimentant une spiritualité concrète, personnelle et responsable, moins théologique et plus pratique, un évangile qui prend en compte l’ici et le maintenant. Ces chrétiens, malgré des siècles de silence imposé, découvrent les bienfaits d’une parole dite et partagée. Longtemps on leur a enseigné que le fait de s’exprimer, d’être assertifs, de prendre la parole, de dire « je », était en contradiction avec l’humilité chrétienne. Pour beaucoup, la crainte d’être catalogué comme un mauvais chrétien, a littéralement bloqué leur parole et toute expression du Sujet. À présent, de nombreux chrétiens éprouvent un intense besoin de partager avec d’autres, leur vécu, leurs luttes, leurs difficultés, leurs opinions, leurs désirs. C’est pourquoi je suis persuadé qu’une majorité de croyants de toutes confessions, est aujourd’hui en mesure de découvrir et d’expérimenter ce remarquable outil relationnel : le groupe de parole – qu’il soit appelé ainsi ou : groupe à cœur ouvert, groupe de partage, groupe de communication bienveillante… Le moment est venu de libérer la parole des chrétiens dans nos communautés. Je me réjouis donc de la publication de l’ouvrage de Marc Klinkhamer qui répond à ce besoin et j’en recommande chaleureusement la lecture. Je mentionnerai aussi l’intérêt de la mise en pratique de ses conseils pertinents, issus de sa longue et fructueuse expérience professionnelle. Ce livre propose, en effet, une soixantaine de thèmes de discussion en huit étapes progressives pour démarrer et animer un groupe de parole. Ces thèmes sont destinés aux enfants, aux adolescents, aux jeunes, aux adultes, à un public intergénérationnel, interconfessionnel… La liste des possibles est longue, selon la créativité et les besoins de la communauté. L’auteur souligne aussi à juste titre que l’organisation et l’animation d’un groupe de parole ne s’improvise pas. C’est une aventure 12
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relationnelle et spirituelle qu’il faut savoir gérer intelligemment. Elle exige courage et détermination afin de surmonter les inévitables résistances et les forces d’inertie. Tout changement suscite en effet des réactions d’autoprotection, bien naturelles dans un groupement humain. Ce qui est encourageant c’est que nous rencontrons des exemples nombreux et très positifs d’églises où la tenue de groupes de parole est croissante et produit de bons fruits. Toutes les études sur la croissance des églises soulignent la nécessité de tels petits groupes. Cette pratique est cohérente, tout à la fois avec notre époque et avec la pensée de l’Évangile, selon laquelle il est essentiel de se sentir respecté, entendu, aimé, responsabilisé. Que cette réflexion d’Hampaté Bâ, ethnologue malien, inspire nos actes et nous aide à mieux accepter nos différences et donc à mieux nous accepter nous-mêmes au moyen de la parole partagée. Si tu ne penses pas comme moi, tu es deux fois mon frère, car tu m’ouvres à un autre monde. Jacques Poujol
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Avant-propos
Rappelez-vous bien ceci, mes chers frères, chacun doit être prompt à écouter, mais lent à parler… Jacques 1,19
Qui n’a jamais souhaité sortir de ses habitudes relationnelles, souvent routinières et insipides, au sein de l’église, pour communiquer avec les autres membres de façon plus authentique ? Que ce soit sur des sujets touchant à la spiritualité ou à l’expression de notre propre vécu, les évangiles nous exhortent à sortir du cadre de la conversation ordinaire pour approfondir nos relations au sein de notre communauté. Parler ensemble de notre foi, de nos aspirations mais aussi de nos doutes et de nos difficultés, fait partie de la vie d’église. Pour chacun d’entre nous, la parole fait fonction de « loi interne » et se trouve reliée à nos convictions les plus intimes. Par cette parole, nous aspirons à exprimer nos idéaux et nos ressentis ; le croyant est tôt ou tard amené à partager plus intimement avec son prochain. La dynamique d’un « groupe de parole » répond à cette attente. Cette pratique, croissante dans les pays nordiques et anglo-saxons, commence à se développer en France. Elle est particulièrement 15
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indiquée pour les personnes désirant aborder la complexité des rapports humains. C’est une voie de guérison spirituelle pour les croyants désireux d’ouvrir leur cœur et de grandir à l’écoute de l’autre. Respectant les règles de confidentialité, la pratique d’un groupe de parole permet également de sortir des rapports conflictuels et de la violence passive que nous entretenons ou que nous subissons au sein de l’église. L’organisation et l’animation d’un groupe de parole, même si sa mise en place est très simple, ne s’improvisent pas. Quelles sont donc les règles à respecter ? Qui peut participer ? Quelle est la différence entre groupe de parole et thérapie de groupe ? Comment éviter les impasses liées à ce genre de démarches ? Cette méthode vous donnera toutes les clés pour utiliser ce formidable outil de partage. Les exercices pratiqués en commun sont autant d’étapes qui permettront aux membres d’église de communiquer dans un esprit d’ouverture fraternelle en utilisant, entre autres, les textes bibliques et la prière comme moteurs de croissance.
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Introduction
Tous les croyants étaient unis et partageaient entre eux tout ce qu’ils possédaient. Actes 2,44
Malgré nos discours sur l’amour et la fraternité, sommes-nous vraiment disposés à renoncer aux usages relationnels auxquels notre culture nous a accoutumés ? Sommes-nous prêts à déplacer les limites de notre compréhension concernant cette fraternité que nous confondons souvent avec la convivialité, l’amitié ou le savoirvivre au sein d’un cercle relationnel déterminé ? Avons-nous tout essayé, vraiment tout essayé, pour découvrir réellement ceux qui nous entourent et ce que signifie l’amour du prochain ? Un petit pas vers les autres constitue parfois le début d’une grande aventure spirituelle.
Selon la nature des organisations, la mise en place d’un groupe de parole nécessite des explications et des outils spécifiques. C’est le cas en milieu ecclésial. L’ouvrage Créer soi-même un groupe de parole, méthode en sept étapes et 27 exercices, publié début 2012, proposait la mise en place de groupes de parole au sein de la famille, 17
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d’un réseau d’amis, ainsi que dans les collectivités, les entreprises, etc. Mais organiser un groupe de parole dans le cadre des églises exige l’utilisation d’outils relationnels distincts. De plus, les pôles d’intérêts d’une communauté chrétienne sont différents de ceux d’autres organismes. Ce manuel tient donc compte des spécificités liées à l’éthique judéo-chrétienne concernant les relations humaines. Il permettra de saisir toutes les nuances liées au bon fonctionnement d’un groupe de parole au sein d’une église, quelle qu’en soit la confession. Les exercices proposés ici vous permettront donc d’avancer sur un chemin de partage et de guérison spirituelle. En effet, la dynamique d’un groupe de parole quand elle est bien utilisée, conduit à une prise de conscience de nos limites relationnelles ainsi qu’à une claire perception des barrières que nous érigeons instinctivement entre nous – généralement sans le savoir. Nous expliquerons ce processus de « protection » interne que nous utilisons, entre autre pour nous protéger du jugement des autres. Ce processus se développe et croît inconsciemment dès l’enfance. Vous distinguerez très rapidement ce qu’apporte une pratique de communication fraternelle « à cœur ouvert », en utilisant également tous les bienfaits de la prière en commun. Cependant, même si un groupe de parole est un formidable outil de guérison spirituelle, mal géré, il ne portera pas les fruits escomptés. Les conseils donnés dans cet ouvrage permettront justement d’éviter que le groupe n’échoue dans une impasse. Mettre en place un groupe de parole est une aventure spirituelle qu’il faut gérer intelligemment. Mais avant d’aborder les outils proprement dit, tentons de discerner les raisons qui poussent bon nombre de croyants à poser des questions pertinentes touchant aux relations au sein de leurs églises respectives. 18
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Les enjeux d’un groupe de parole ecclésial Accepter la diversité au sein de nos communautés Tout ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites-le aussi pour eux ; c’est là en effet la loi et les prophètes. Matthieu 7,12
Comment sortir de la simple « tolérance relationnelle » généralement admise, pour aller plus loin, pour se rapprocher vraiment les uns des autres, dans l’écoute mutuelle et l’acceptation de la différence ? L’époque où les membres d’une communauté étaient de même milieu social, culturel et ethnique est révolue. Au sein d’une même dénomination, ces différences, ainsi que les différences d’opinions et de croyances, sont de plus en plus marquées. Les consensus religieux (comportementaux, doctrinaux, etc.) encore opérants il y a quelques décennies se délitent progressivement. Ces différences, insuffisamment prises en compte, sont la cause de nombreux malaises ; beaucoup de croyants ayant du mal à accepter le droit à la différence. 19
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Si la diversité est enrichissante à tous égards, il faut prévoir un espace relationnel ou elle s’exprime ouvertement. Croire que cette reconnaissance est spontanée, sans être organisée au sein d’un cadre adéquat bien défini, risque d’engendrer de nombreuses désillusions. Ces désillusions relationnelles se télescopent couramment au sein d’une même communauté, créant de nombreuses incompréhensions, généralement non débattues.
Ce qui me semble être souvent au cœur même de beaucoup de problèmes que nous rencontrons dans nos églises, c’est le fait que nous avons du mal à accepter l’autre tel qu’il est. Parce que l’autre est différent de nous. Il pense autrement. Il ne s’exprime pas comme nous. Il agit différemment. Bref, parce qu’il n’est pas comme nous…, les problèmes commencent. Emanuel Lopes
Prévenir les nombreuses souffrances et les conflits liés à l’absence de communication active au sein d’une église
Ce qu’on appelle « communication active » représente une volonté délibérée de proposer des outils de communication entre les membres d’un organisme (entreprise, association, église…) qui, normalement, communiquent entre eux de façon empirique, spontanée, sans remise en cause relationnelle. Or, au sein de n’importe quelle société, les moyens de communication utilisés entre les membres reflètent l’état d’esprit ambiant qui règne majoritairement dans cette société. Dans notre monde actuel, la façon d’entrer en relation les uns avec les autres est conditionnée par divers schémas de communication comportant une certaine violence latente (appelée violence passive), néanmoins identifiable. Il va sans dire que ces schémas relationnels « préétablis » ne conviennent pas aux relations fraternelles telles qu’on les souhaite au sein d’une église se réclamant du christianisme. 20
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Le mimétisme social
Nous vivons en effet dans une société ou l’individualisme, l’indifférence, la critique, le jugement et la dérision finissent par influencer la façon de percevoir notre prochain. Ce mimétisme social, largement diffusé par les médias, est fortement contagieux. Il ne s’arrête pas aux portes des églises. Nous le subissons tous ; jeunes et moins jeunes. Nous verrons combien il est important de se libérer mutuellement des modes relationnels ambiants, inhérents à notre vie en société. Nous vivons dans un monde ou l’émotion immédiate, l’épanchement ou le discours sur soi sont survalorisés. Quels sont les liens entre cette exposition de l’intime et l’authentique sincérité ? Quels risques courton à se dévoiler ? Est-ce seulement possible, alors que nous sommes inscrits dans un réseau de représentations sociales ?… Qui n’a jamais éprouvé l’étrange impression d’être soi et à la fois quelqu’un d’autre ? Comment alors être soi-même 1 ?
Créer un espace de parole et de réconfort Une oreille attentive est exceptionnelle aussi bien pour celui qui écoute que pour celui qui parle. Lorsque nous sommes reçus à cœur ouvert, sans être jugés, qu’on nous écoute d’une oreille intéressée, notre esprit s’ouvre. Sue Patton Thoele
Dans un contexte différent des difficultés relationnelles proprement dites que nous venons d’évoquer, il est important de parler des personnes vivant seules ou avec de jeunes enfants. Elles
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Elsa Godart, La sincérité, ce que l’on dit, ce que l’on est, collection « Philosopher », Larousse, 2008. 21
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n’ont souvent ni conjoint ni famille avec lesquelles entretenir des rapports sociaux rapprochés. Que cette solitude soit un choix délibéré ou imposé par les circonstances (divorce, veuvage, etc.), nous avons remarqué que ces personnes sont souvent (mais pas toujours) en attente d’une certaine intimité relationnelle qu’elles ne trouvent pas (ou plus) à la maison. Certaines églises tiennent compte de cet état de fait, d’autres – par inattention – n’en sont pas conscientes. Organiser un espace de parole et d’échange pour ceux qui souffrent de solitude constitue la base de l’offre que devraient proposer toutes les églises. Les groupes de parole représentent sûrement l’un des meilleurs moyens de prévention dans les cas cités précédemment. Leur mise en place facilitera également l’accueil et la bonne « intégration » des nouveaux convertis, avant que ne s’installent les racines de l’incommunication et du repli sur soi, liées aux dysfonctionnements relationnels inhérents à une communauté humaine, religieuse ou non. Rappelons-nous que les églises n’ont (en général) pas la prétention d’être parfaites, loin de là. Les membres qui la composent sont des êtres humains, avec leurs dysfonctionnements et leurs faiblesses, même si un certain nombre d’entre eux sont effectivement engagés sur un chemin de guérison spirituelle. Oublier ou occulter cet état de fait risque de générer de nombreuses désillusions. Comment faire pour que l’église (re)devienne un lieu d’amour fraternel « en action et en vérité » ? (1 Jean 3,18). Comment faire pour que chaque église devienne un lieu de témoignage de l’amour de Dieu ? Toutes les études sur la croissance des églises montrent que le vécu en petits groupes relationnels est un élément indispensable. C’est un fait, toutes les églises en croissance le sont, en partie, parce qu’elles ont développé un vécu en petits groupes relationnels (cohérent à notre époque post-moderne, où il est essentiel d’appartenir, de se sentir intégré et aimé, avant de croire). Pierre Franco 22