Elie (MB4016)

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DANIEL ARNOLD

ÉLIE

ENTRE LE JUGEMENT ET LA GRÂCE

COMMENTAIRE BIBLIQUE DE 1 ROIS 17 À 2 ROIS 2

Elie : entre le jugement et la grâce

Copyright © 2001 Daniel Arnold, 1806 Saint-Légier (Suisse) Les premières éditions ont été publiées aux Editions Emmaüs.

4e édition du texte © La Maison de la Bible, 2025

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Sauf indication contraire, les textes bibliques sont tirés de la Nouvelle Version Segond Révisée (Colombe).

Image de couverture : AdobeStock

Couverture : Olivia Festal

Mise en pages intérieure : Daniel Arnold, 1806 Saint-Légier, Suisse

Format papier ISBN 978-2-8260-4016-3

Format PDF ISBN 978-2-8260-9555-2

Imprimé en France, sur les presses de Sepec numérique

DANIEL ARNOLD

entre le jugement et la grâce

Commentaire de 1 Rois 17 à 2 Rois 2

PREMIÈRE PARTIE

INTRODUCTION

LES CARACTÉRISTIQUES D’ELIE

Le prophète du jugement

Le ministère d’Elie est marqué, du début à la fin, par les condamnations verbales et les exécutions physiques. Elie annonce la sécheresse (1 R 17.1), l’anéantissement de la dynastie d’Achab (1 R 21.20-26) et la mort d’Ahazia (2 R 1.4) ; il fait égorger les prophètes de Baal (1 R 18.40) et commande au ciel d’envoyer le feu détruire les soldats d’Ahazia (2 R 1.10, 12). Elie est par excellence le prophète du jugement.

Le narrateur met en relief cette dimension du jugement de multiples manières. Un survol des huit chapitres rattachés à Elie permet de souligner cette omniprésence du lien entre Elie et le jugement.

Tout d’abord, la première parole qui sort de la bouche d’Elie est un jugement : « L'Eternel est vivant, le Dieu d'Israël, dont je suis le serviteur ! il n'y aura ces années-ci ni rosée ni pluie, sinon à ma parole » (1 R 17.1). La parole est soudaine et définitive. Le narrateur ne prend même pas le temps d’introduire correctement Elie, puisque le nom de son père n’est pas mentionné (fait rare dans la littérature sémitique) et que l’information sur son origine reste vague : « Elie, le Thischbite, l'un des habitants de Galaad ». Cette absence d’informations sur l’arrièreplan du prophète permet au lecteur de se concentrer sur la caractéristique fondamentale d’Elie : son ministère de jugement.

L’intervention du prophète n’est pas non plus précédée par un mandat divin. Ce fait mérite d’être relevé, d’autant plus que la parole divine apparaît au verset suivant, lorsque Elie reçoit l’ordre de fuir la colère du roi. Ainsi, la parole de jugement est rattachée directement à Elie et non à Dieu. Certes, la suite du récit démontre que l’intervention du prophète est approuvée par Dieu puisque la prophétie s’accomplit. Néanmoins, le doute temporaire que le lecteur aurait pu avoir sur la légitimité de l’intervention d’Elie ne gêne pas le narrateur qui, par sa manière de conter les faits, rattache davantage la parole de jugement à Elie qu’à Dieu. L’auteur inspiré veut montrer qu’Elie est préoccupé par le jugement, alors que Dieu se soucie du salut, en l’occurrence de la survie du prophète. Cette façon de présenter les choses est conforme à tous les

événements du cycle d’Elie1 : Dieu y est présenté comme le Dieu de grâce et Elie comme le prophète du jugement.

Certains récits montrent qu’Elie avait une réputation de prophète de jugement auprès de ses contemporains. Ainsi, lorsque ceux -ci sont confrontés à une difficulté en présence du prophète, ils pensent immédiatement au jugement divin. La veuve de Sarepta pen se à son péché lorsque son fils décède : « Qu'y a-t-il entre moi et toi, homme de Dieu ? Es-tu venu chez moi pour rappeler le souvenir de mon iniquité, et pour faire mourir mon fils ? » (1 R 17.18). De même Abdias, serviteur du roi, s’interroge sur son péché quand Elie lui demande d’annoncer sa présence à Achab : « Quel péché ai-je commis, pour que tu livres ton serviteur entre les mains d'Achab, qui me fera mourir ? » (1 R 18.9). Le serviteur pense qu’Elie s’éclipsera avant l’arrivée d’Achab et que le roi le punira pour n’avoir pas arrêté Elie. Abdias se lance alors dans une longue apologie, pour justifier son comportement à la cour. N’a -t-il pas sauvé des prophètes au péril de sa vie : « Ton serviteur craint l'Eternel dès sa jeunesse. N'a-t-on pas dit à mon seigneur ce que j'ai fait quand Jézabel tua les prophètes de l'Eternel ? J'ai caché cent prophètes de l'Eternel, cinquante par cinquante dans une caverne, et je les ai nourris de pain et d'eau » (1 R 18.12-13).

L’attitude d’Elie face au retour de la pluie est significative. Chargé d’annoncer la fin du jugement, Elie semble en repousser l’échéance. Entre la promesse divine de la pluie (1 R 18.1) et son retour effectif (1 R 18.45), le narrateur inclut quarante-quatre versets dans lesquels il décrit les préparatifs d’Elie pour susciter une rencontre publique avec les prophètes de Baal (1 R 18.3-19), ainsi que la confrontation sur le mont Carmel (1 R 18.20-40). Pourtant, la parole divine ne mentionne pas une telle rencontre. Pourquoi Elie tient-il à défier les prophètes de Baal ? Elie semble ne pas vouloir le retour de la pluie (signe de la grâce divine) sans avoir au préalable donné une leçon sur la souveraineté divine et avoir puni les principaux coupables. La descente du feu convainc le peuple que l’Eternel est le seul Dieu et que Baal n’est qu’une idole sans pouvoir. Quant à la mort des quatre cent cinquante prophètes de Baal, elle rétablit la justice. Le narrateur dit qu’Elie fit saisir les prophètes de Baal et les fit descendre au torrent de Qichôn, « où il les égorgea » (1 R 18.40). Il est possible qu’Elie n’ait pas tué lui -même tous les hommes, vu leur nombre élevé, mais qu’il ait reçu l’assistance de certaines personnes.

1 Cette expression désigne 1 R 17.1-2 R 2.14.

Cependant, le narrateur utilise le verbe égorger au singulier, soulignant ainsi la responsabilité d’Elie.2

La venue de la pluie nécessite une prière d’Elie (1 R 18.42-44). Ce qui étonne, c’est la difficulté d’obtenir la pluie, puisque le prophète doit prier longtemps (il renvoie son serviteur sept fois). Le contraste avec les situations antérieures est manifeste. Alors que l’arrêt de la pluie (signe du jugement divin) semble s’être réalisé sans prière, et que le feu du ciel (autre signe du jugement divin) est venu dès la première requête d’Elie, la venue de la pluie (signe de la grâce divine) nécessite une prièr e prolongée. Cela est d’autant plus surprenant que la pluie avait été promise par Dieu (1 R 18.1), alors qu’aucun mandat divin n’est mentionné ni en rapport avec l’arrêt de la pluie, ni en rapport avec le défi du mont Carmel. Ainsi, Elie semble peiner dans le domaine de la grâce, alors qu’il excelle dans le domaine du jugement.3

Pour Elie, le retour de la pluie n’est pas un signe de pardon divin envers Achab.4 Le prophète refuse de monter sur le char royal pour se rendre à Jizréel, car il ne se sent pas en communion avec le roi. 5 Certes, Elie accompagne Achab à Jizréel, mais ce n’est pas pour y établir son logement et reprendre sa place parmi le peuple, mais pour encourager le roi à poursuivre la réforme religieuse entamée au Carmel. Elie préfère parcourir à pied une trentaine de kilomètres, plutôt que d’offrir au roi un signe de communion.6 Aucune association n’est envisageable tant que les compromis religieux et l’injustice règnent dans le pays. Elie semble

2 Pour la même raison, le narrateur utilise pour le verbe égorger la forme de base des verbes hébreux (le qal) et non celle qui souligne la causalité (le hif’il).

3 Une autre lecture de ces textes peut être faite. En effet, l’épître de Jacques nous informe qu’Elie a prié avec insistance déjà pour l’absence de pluie (Ja 5.17-18). On pourrait aussi attribuer la difficulté de la venue de la pluie au fait que la bénédict ion en temps d’apostasie n’est pas chose évidente, et qu’il fallait tout l’engagement d’un homme droit pour que Dieu daigne exaucer cette requête. Elie est certes le prophète du jugement, mais il est aussi le précurseur de la grâce. Ce point sera développé ultérieurement. Dans tous les cas, il convient de relever les efforts du narrateur pour souligner l’accent « judiciaire » du prophète.

4 La pluie marque simplement la miséricorde divine envers Israël, et en particulier envers les fidèles qui souffrent eux aussi du jugement divin.

5 Monter sur le char royal était un honneur et un signe de communion, comme le montre l’invitation d’Achab envers le roi syrien Ben -Hadad (1 R 20.33-34).

6 Marcher ou courir devant le char ou le cheval du roi était parfois un honneur rendu au roi par un serviteur (cf. 2 Sam 15.1 ; Est 6.7-9), mais ce n’est pas ainsi qu’il faut comprendre l’action d’Elie. Si le prophète avait voulu honorer le roi, il aurait marché devant le char d’Achab dans la ville de Jizreél et non à la campagne, sur une trentaine de kilomètres. Elie court devant le roi jusqu’à l’entrée de la ville. Là, il semble soudain s’arrêter, sans doute pour ne pas donner l’impression d’honorer le roi.

tellement impatient de voir la justice s’accomplir à Jizréel qu’il y précède même Achab. Il veut être aux avant-postes pour assister et encourager le roi dans ses réformes.

L’espoir d’Elie tourne court, car Achab ne prend aucune mesure, mais se contente d’informer la reine des derniers événements. Celle-ci promet à son tour de faire « justice » et de tuer Elie (1 R 19.1-2). Ce dernier s’enfuit dépité, au point de ne plus vouloir vivre. Le prophète du jugement réalise que tout espoir de justice et de réforme s’est e ffondré, car avec Jézabel au pouvoir, la nation retombera rapidement dans l’idolâtrie dont elle venait à peine de sortir. Le prophète du jugement perd toute raison de vivre devant l’inefficacité de son ministère. « Je ne suis pas meilleur que mes pères » (1 R 19.4) dit-il, pour indiquer son incapacité à réformer Israël.

A Horeb, Elie exprime son désarroi. Quel avenir pour le prophète du jugement resté seul et abandonné de tous ? Elie semble reprocher à Dieu sa passivité dans le domaine de la justice. Pourquoi Dieu n’intervient -il pas plus sévèrement pour juger les méchant s ? L’Eternel lui répond en langage voilé : il n’est ni dans le grand vent, ni dans le tremblement de terre, ni dans le feu, mais dans un son doux et subtil (1 R 19.11-12). Le projet fondamental de Dieu n’est pas dans la force (c'est -à-dire le jugement), mais dans la douceur (c'est-à-dire la grâce). Elie semble avoir des difficultés à comprendre le message puisqu’il répète littéralement les mêmes paroles avant et après la révélation (1 R 19.10, 14). Le prophète du jugement a manifestement du mal à comprendre la grâce.

A partir de là, Elie semble être mis sur la touche, puisqu’il doit oindre trois hommes qui achèveront son ministère : Hazaël, futur roi de Syrie, Jéhu, futur roi d’Israël, et Elisée, futur prophète de l’Eternel (1 R 19.1518). Pourtant, on aurait tort de voir ces onctions comme une critique de l’Eternel envers Elie, ou envers son ministère de jugement, car le ministère des trois hommes consistera justement à punir les pécheurs en Israël.

Il n’en reste pas moins qu’à partir de 1 R 20, Elie tombe dans l’oubli pour un temps, le temps pour Dieu de manifester encore une fois sa grâce à Israël et à Achab. Devant l’agression militaire syrienne, Dieu a compassion de son peuple et promet, à deux reprises, la délivrance (1 R 20.13, 28). Il conduit Israël à la victoire en communiquant des indications précises sur la stratégie à suivre (1 R 20.14, 22). Pour annoncer cette grâce et conduire le roi à la victoire, un prophète inconnu est choisi. En effet, Elie convient mal pour une telle tâche, car son

ministère est lié au jugement, mais aussi parce que Achab n’aurait pas cru un message d’espérance sorti de la bouche d’Elie.7

Après la seconde victoire militaire, et suite à un nouveau péché d’Achab, un autre prophète inconnu est choisi pour annoncer le jugement à Achab (1 R 20.35-43). Elie est une nouvelle fois tenu à l’écart, peutêtre parce que le prophète inconnu devait tromper le roi par un déguisement partiel, ce qu’Elie aurait difficilement pu réaliser, étant trop connu du roi.

A l’occasion de l’affaire Naboth, Elie réapparaît un bref instant, le temps de condamner le roi pour sa participation au meurtre d’un juste. L’Eternel demande alors à Elie d’annoncer au roi une mort déshonorante : « Au lieu même où les chiens ont léché le sang de Naboth, les chiens lécheront aussi ton propre sang » (1 R 21.19). Elie s’exécute, mais ses paroles dépassent en dureté celles de l’Eternel :

« Je t'ai trouvé, parce que tu t'es vendu pour faire ce qui est mal aux yeux de l'Eternel. Voici, je vais faire venir le malheur sur toi ; je te balaierai, j'exterminerai quiconque appartient à Achab, celui qui est esclave et celui qui est libre en Israël, et je rendrai ta maison semblable à la maison de Jéroboam, fils de Nebath, et à la maison de Baescha, fils d'Achija, parce que tu m'as irrité et que tu as fait pécher Israël. L'Eternel parle aussi sur Jézabel, et il dit : Les chiens mangeront Jézabel près du rempart de Jizréel. Celui de la maison d'Achab qui mourra dans la ville sera mangé par les chiens, et celui qui mourra dans les champs sera mangé par les oiseaux du ciel. Il n'y a eu personne qui se soit vendu comme Achab pour faire ce qui est mal aux yeux de l'Eternel, et Jézabel, sa femme, l'y excitait. Il a agi de la manière la plus abominable, en allant après les idoles, comme le faisaient les Amoréens, que l'Eternel chassa devant les enfants d'Israël » (1 R 21.20-26).

Selon Elie, le malheur ne frappera pas seulement Achab, mais toute sa maison. Le narrateur donne une nouvelle fois l’impression qu’Elie est plus sévère dans sa condamnation que l’Eternel, puisque les paroles d’Elie semblent aller plus loin que celles de l’ Eternel. Néanmoins, il serait imprudent d’être trop critique à l’égard d’Elie, puisque sa prophétie s’accomplit à la lettre (2 R 9.23-10.27). Il vaut mieux comprendre les paroles du prophète comme un développement inspiré de la volonté divine, à moins de voir dans les paroles de l’Eternel exprimées au verset 19 un résumé de ce que l’Eternel lui a réellement dit.

7 Le retour de la pluie n’avait été annoncé qu’après la démonstration du Carmel et Achab n’avait rien eu à faire, sinon à patienter quelques instants.

Quoi qu’il en soit, le narrateur utilise à nouveau la technique littéraire de l’omission (partielle dans ce cas) pour faire ressortir le contraste entre Elie et Dieu, et souligner le ministère de jugement du prophète.

Contre toute attente, « après avoir entendu les paroles d'Elie, Achab déchira ses vêtements, il mit un sac sur son corps et jeûna » (1 R 21.27). Achab se repent pour la première fois. L’Eternel, touché par ce geste, atténue partiellement la sentence et en informe Elie : « As-tu vu comment Achab s'est humilié devant moi ? Parce qu'il s'est humilié devant moi, je ne ferai pas venir le malheur pendant sa vie ; ce sera pendant la vie de son fils que je ferai venir le malheur sur sa maison » (1 R 21.29). Le narrateur termine son récit sur ces paroles de l’Eternel, sans indiquer la moindre intention d’Elie de transmettre cette bonne nouvelle à Achab ! Une fois de plus, l’auteur suggère, par sa manière de conter les choses, qu’Elie est peu sensible à la grâce, ou en tout cas moins sensible que l’Eternel.

Le chapitre 22 rapporte la mort d’Achab. Elie est absent du récit pour une raison pratique (seul Michée pouvait être trouvé parmi les prophètes de l’Eternel), mais aussi parce qu’une nouvelle fois le ministère prophétique est teinté de grâce. Certes, la gr âce est discrète, car Michée annonce en priorité la mort d’Achab. Cependant en informant le roi de l’issue réelle du combat, Michée offre une dernière chance à Achab de se repentir. Au lieu de cela, le roi n’écoute la prophétie que pour chercher à la contourner et à l’exploiter à son avantage.

Le premier chapitre de 2 Rois présente le ministère de jugement d’Elie dans sa plus grande intensité. L’Eternel mandate Elie une dernière fois pour annoncer une parole de jugement (2 R 1.3-4). Le narrateur relate le récit de manière à souligner la transmission littérale du message, puisque les émissaires du roi, puis Elie, répètent textuellement le message de l’Eternel (2 R 1.6, 16). Cette triple répétition du message divin, que le narrateur n’était pas obligé de fournir (il aurait simplement pu indiquer qu’Elie et les émissaires l’avaient transmis), donne l’impression qu’Elie est vraiment au diapason avec Dieu. La répétition montre aussi que le jugement de Dieu est irrévocable, en effet, dans la pensée sémitique, la répétition exprime la certitude.

La surprise, dans ce récit, vient du feu céleste envoyé par Elie sur deux groupes de soldats venus l’arrêter. Ce jugement paraît excessif, surtout en comparaison avec les situations antérieures, où des péchés plus graves étaient faiblement sanctionnés. Critiquer Elie semble une nouvelle fois difficile, puisque le doubl e jugement implique un miracle de Dieu. Néanmoins, comme pour les autres récits, le narrateur suggère

un écart entre la justice d’Elie et celle demandée par Dieu (mais cette fois, les jugements attribués à Dieu ou au prophète sont plus intenses).

Le thème du jugement est absent de l’ascension d’Elie (2 R 2.1-14), car ce récit appartient déjà au cycle d’Elisée, prophète de la grâce. En effet, le narrateur porte son attention principale sur la transmission du ministère prophétique, et non pas sur l’enlèvement d’Elie.8

Elisée est le seul homme à ne pas appréhender un contact avec le prophète du jugement. En fait, Elisée recherche la proximité d’Elie, car il sait que ce n’est pas Elie qui est synonyme de mort, mais le péché. Pour Elisée, la présence d’Elie est synonyme de vie. Pour avoir insisté à suivre Elie juste avant son enlèvement, celui-ci lui offre de satisfaire le désir de son cœur. Quand Elisée l’exprime, Elie lui dit qu’il le recevra dans la mesure où il le verra partir, ce qui oblige Elisée à rester avec lui jusqu’au bout.

Notons également la condamnation écrite, mentionnée dans le livre des Chroniques, envoyée par Elie à Yoram, roi de Juda, fils et successeur de Josaphat.9

« Il vint à Yoram un écrit du prophète Elie, disant : Ainsi parle l'Eternel, le Dieu de David, ton père : Parce que tu n'as pas marché dans les voies de Josaphat, ton père, et dans les voies d'Asa, roi de Juda, mais que tu as marché dans la voie des rois d 'Israël; parce que tu as entraîné à la prostitution Juda et les habitants de Jérusalem, comme l'a fait la

8 Voir la deuxième structure des récits d’Elie (pp. 64-66) et l’introduction à 2 R 2 (pp. 191-192).

9 Cet écrit à Yoram soulève une difficulté chronologique. Comment Elie pouvait -il critiquer le règne de ce roi, alors que le récit de la campagne militaire contre Moab (2 R 3), dans laquelle Josaphat, le père de Yoram, conduit les troupes de Juda, est situé après l’enlèvement d’Elie (2 R 2) ? Trois solutions sont proposées.

1. Elie aurait écrit un texte prophétique : « Si Elie a été enlevé au ciel sous le règne de Josaphat, il a donc, du vivant de ce roi, prédit la conduite future de Yoram de Juda, comme il le fit pour Hazaël et pour Jéhu (1 R 19.15-17) » NDB p. 401 ; Mangenot, Dictionnaire de la Bible, pub. F. Vigouroux, col. 1675.

2. « L’enlèvement d’Elie aurait été inséré dans 2 R 2 pour achever là l’histoire de son activité publique : Elie aurait été encore vivant lorsque Elisée se trouva au sud de Juda avec l’armée de Josaphat, et que Yoram devint seul roi » (interprétation signalée par le NDB p. 401).

3. La solution la plus simple et la meilleure vient d’une étude de la chronologie : Yoram est monté sur le trône de Juda du vivant de son père. La corégence entre Josaphat et Yoram ressort d’une comparaison entre 2 R 1.17 et 2 R 8.16. Certaines traductions signalent clairement la corégence en 2 R 8.16 (Colombe, Semeur). Pour une argumentation détaillée, voir Archer ( Encyclopedia of Bible Difficulties pp. 226-227) et Thiele (A Chronology of the Hebrew Kings pp. 3538, The Mysterious Numbers of the Hebrew Kings pp. 64-72).

maison d'Achab à l'égard d'Israël; et parce que tu as fait mourir tes frères, meilleurs que toi, la maison même de ton père; – voici, l'Eternel frappera ton peuple d'une grande plaie, tes fils, tes femmes, et tout ce qui t'appartient; et toi, il te frapper a d'une maladie violente, d'une maladie d'entrailles, qui augmentera de jour en jour jusqu'à ce que tes entrailles sortent par la force du mal » (2 Ch 21.12-15).

Le prophète solitaire

La deuxième caractéristique d’Elie découle partiellement de la première. Tout ministère de jugement entraîne une certaine solitude, mais la situation d’Elie est extrême, car le règne d’Achab est des plus pervers. Il est dit d’Achab « qu’il fit ce qui est mal aux yeux de l'Eternel, plus que tous ceux qui avaient été avant lui » (1 R 16.30) et Jézabel tue systématiquement tous les prophètes. Dans un tel cadre, un ministère de jugement est extrêmement périlleux et ne peut se vivre qu’en marge de la société.

La solitude d’Elie s’explique donc par le contexte de son ministère, mais elle ne se limite pas à cela. Elie est le type même de l’homme solitaire. Du début à la fin de son ministère, il est « isolé », même lorsqu’il est en bonne compagnie. Le narrateur se charge de souligner ce point chaque fois qu’il le peut.

La première apparition d’Elie est soudaine (1 R 17.1). Comme nous l’avons relevé, le narrateur ne mentionne aucun mandat de l’Eternel, réduisant ainsi la présentation du prophète à sa plus simple expression. Elie ressemble à une comète qui apparaît l’espace d’un instant, sans crier gare, puis disparaît avant que les gens réalisent toute la portée de ses paroles.

Sitôt le message prononcé, Dieu conseille à Elie de s’éloigner du monarque et de se réfugier dans une région désertique (le torrent de Kerith), où Elie a pour seuls compagnons des corbeaux, qui le ravitaillent deux fois par jour (1 R 17.2-6).

Quand le torrent tarit, Dieu le dirige à l’étranger, au nord d’Israël (1 R 17.9). Pour la seule fois de son ministère, Elie peut séjourner avec des êtres humains, mais sa famille d’accueil se limite à deux personnes : une veuve et son fils. La femme semble elle -même isolée de la société puisque, sans ressources, elle ne peut compter sur personne. Dès l’arrivée du prophète, le miracle de l’huile et de la farine permet aux trois personnes de vivre en autarcie (1 R 17.13-16).

Relevons encore qu’Elie semble isolé, même de cette famille. Il prend ses repas seul (en tout cas le premier), puisqu’il dit à la veuve :

« Prépare-moi d'abord avec cela (l’huile et la farine qu’elle possède) un petit gâteau, et tu me l'apporteras ; tu en feras ensuite pour toi et pour ton fils» (1 R 17.13). Il vit dans une annexe de la maison, la chambre haute, une pièce située sur le toit, accessible par un escalier extérieur.

Lorsque Elie intercède pour l’enfant décédé, il commence par l’isoler, en le montant dans sa chambre, pour être seul avec lui (1 R 17.19).

Après trois années de vie fugitive, lorsque Abdias rencontre Elie, le serviteur d’Achab reconnaît le caractère insaisissable du prophète : « Lorsque je t'aurai quitté, l'esprit de l'Eternel te transportera je ne sais où » (1 R 18.12). Le contact avec Abdias est bref. Le serviteur d’Achab pense qu’Elie le connaît mal et ignore les services rendus aux fidèles.

Sur le mont Carmel, lorsque Elie se présente enfin en public, il s’empresse de souligner son isolement : « Elie dit au peuple : Je suis resté seul des prophètes de l'Eternel, et il y a quatre cent cinquante prophètes de Baal » (1 R 18.22). Sitôt la confrontation terminée, Elie se retire pour prier l’Eternel d’envoyer la pluie. Un seul homme est autorisé à l’accompagner, son serviteur, non pour s’associer à l’intercession, mais pour servir d’observateur. A sept reprises, Elie le renvoie à son poste. Le dialogue se limite aux expressions les plus réduites : le serviteur adresse seulement deux mots à Elie pour lui dire que rien n’a changé dans le ciel (littéralement il dit : « non rien ») et Elie lui répond par un seul mot : « Retourne » (1 R 18.41-44).

Lorsqu’il faut accompagner Achab à Jizréel, Elie refuse de monter sur le char d’Achab et préfère courir devant le roi, du Carmel à Jizréel, sous une pluie torrentielle. Puisque le roi n’a pas manifesté de repentir, le prophète évite tout signe de rapprochement (1 R 18.44-46).

Le séjour dans la cité d’Achab est des plus courts (moins de vingtquatre heures). Devant les menaces de Jézabel, Elie doit fuir, une fois de plus, pour sauver sa vie (1 R 19.1-3). Il se retire à l’extrémité sud du pays, dans le désert. Son unique compagnon de voyage est renvoyé et Elie, déprimé, est plus seul que jamais.

L’ange de l’Eternel fait deux brèves apparitions pour nourrir le prophète (1 R 19.5-8). Les aliments rappellent la farine et l’huile de la veuve, non par leur caractère inépuisable, mais par les forces illimitées données au prophète, le rendant à nouveau autonome et indépendant de toute aide humaine. Ainsi, Elie reçoit la force de marcher quarante jours et quarante nuits !

Seul sur le mont Horeb (appelé aussi mont Sinaï), Elie rencontre Dieu, comme Moïse sept siècles plus tôt. Le grand législateur avait aussi rencontré l’Eternel dans un face-à-face (le peuple était resté au bas de la

montagne et n’osait même pas s’approcher, sous peine de mort : Ex 19.12). Elie exprime, à deux reprises, son désespoir et sa solitude : « Les enfants d'Israël ont tué par l'épée tes prophètes ; je suis resté, moi seul, et ils cherchent à m'ôter la vie » (1 R 19.10, 14). Dieu encourage le prophète en lui annonçant que trois hommes poursuivront son ministère, mais ces hommes ne seront pas pour autant des compagnons. Deux d’entre eux seront des rois, l’un étant même un étranger et un ennemi d’Israël. Quant à Elisée, il est présenté comme le successeur d’Elie plutôt que son compagnon (1 R 19.16). En outre, dès qu’il aura reçu l’onction, Elisée demandera l’autorisation de se retirer pour rejoindre une dernière fois sa famille, laissant Elie seul, une fois de plus (1 R 19.20). Elisée n’est plus mentionné dans les quatre chapitres suivants, au point de se faire oublier par le lecteur, et il ne réapparaît que lors du départ d’Elie.

Elie est absent des deux chapitres consacrés aux conflits militaires avec les Syriens (1 R 20 ; 22), le prophète de la solitude ne pouvant s’engager avec le peuple et l’armée. En lieu et place interviennent des prophètes anonymes (1 R 20) et Michée, fils de Yimla (1 R 22.8). Ces prophètes ne semblent avoir aucun lien avec Elie. Lorsque Josaphat, roi de Juda, désire consulter l’Eternel avant de porter le siège contre Ramoth, Achab semble avoir oublié jusqu’à l’existence d’Elie, puisqu’il répond que le seul prophète disponible est Michée (1 R 22.8).

Elie fait encore deux brèves apparitions, une durant le règne d’Achab (1 R 21.17-29) et l’autre durant celui d’Ahazia (2 R 1), pour annoncer aux rois le jugement de l’Eternel. Dans les deux cas, le contact avec le roi est restreint au minimum. Achab est re ncontré en privé et à l’improviste, dans le champ de Naboth. Quant à Ahazia, il ne voit même pas le prophète, mais reçoit la parole de condamnation par l’intermédiaire des serviteurs royaux. Elie les rencontre à l’extérieur de la ville (ils sont en chemin pour consulter le dieu d’Ekron), sans même se donner la peine de s’identifier, et ce n’est que grâce à ses habits (peutêtre aussi à la nature du message) que le roi peut reconnaître l’auteur de la déclaration (2 R 1.7-8).

Quand Ahazia veut arrêter Elie, celui-ci, pour une fois, est trouvé sans difficulté, et même à trois reprises (2 R 1.9-15). Malgré cela, le prophète reste plus inabordable que jamais. Les deux premiers groupes de soldats ne peuvent s’approcher qu’à portée de voix, puis devant leurs intentions meurtrières (c’est la seule manière de comprendre les paroles de malédiction prononcées par le prophète vraisemblablement acculé à la légitime défense), ils sont tués. Le troisième groupe échappe au jugement grâce à l’attitude respectueuse du chef envers Elie. Encouragé par

l’Eternel, Elie accepte alors d’accompagner ce responsable, mais le voyage en commun est conté en quelques mots, comme pour mieux souligner la brièveté du contact ( « Elie se leva et descendit avec lui vers le roi »). Arrivé sur place, Elie se contente de répéter son message de condamnation.

Dans le dernier récit (l’ascension), Elie exprime son désir de rester seul (2 R 2.1-6). A trois reprises, il envoie Elisée loin de lui, mais chaque fois, ce dernier reste attaché à son maître. Les fils des prophètes de Béthel et de Jéricho, pourtant informés du départ imminent d’Elie, ne lui adressent aucune parole. En revanche, ils dialoguent avec Elisée à propos d’Elie. Après l’ascension de ce dernier, ces mêmes hommes cherchent en vain son corps. Ainsi Elie, mal connu dans ses origines10, insaisissable pendant son ministère, disparaît sans laisser la moindre trace.11

Une vie insolite

A la vie solitaire d’Elie, il faut ajouter le caractère insolite de la vie du prophète. Il n’est pas seulement un homme isolé de ses contemporains, mais un être hors du commun. La résurrection d’un homme (1 R 17.21-22) n’est répétée qu’une fois sous l’ancienne alliance (résurrection du fils de la Sunamite par Elisée : 2 R 4.34-35). Le feu divin qui s’abat sur les ennemis du prophète est exceptionnel, voire unique (2 R 1.10, 12) ; seuls la terre qui avale les ennemis de Moïse ou les ours qui déchirent les adolescents méprisant Elisée s’en rapprochent (Nb 16.28-32 ; 2 R 2.24). La démonstration publique du mont Carmel rappelle éventuellement la confrontation entre Moïse et les magiciens d’Egypte. Finalement, l’expérience de l’ascension n’est partagée que par Hénoc, l’antédiluvien, dont on ne sait pratiquement rien (Ge 5.24).

Des miracles privés

Il convient aussi de relever la discrétion des prodiges réalisés durant la vie du prophète. Seule la démonstration du mont Carmel fait exception.

10 Le nom de son père n’est pas indiqué. De plus, Elie semble avoir été un étranger dans son pays. En 1 R 17.1, le texte massorétique dit littéralement qu’Elie est un immigrant (towshab) de Galaad (BA p. 92 ; Keil p. 234).

11 L’aspect solitaire d’Elie a stimulé la vie monastique (voir Poirot Elie, archétype du moine : pour un ressourcement prophétique de la vie monastique), mais il est bon de rappeler que le prophète n’a pas choisi la solitude pour croître spirituellement, mais pour rester en vie. La solitude lui a été imposée par les adversaires de la foi.

L’absence de pluie est un signe discret. Le début d’une sécheresse passe toujours inaperçu, car l’absence de pluie pendant quelques semaines ou quelques mois est un phénomène saisonnier. Lorsque la sécheresse se prolonge et devient anormalement longue, per sonne ne peut, avec certitude, en imputer la cause à un événement précis.

Le miracle des corbeaux est beaucoup plus « spectaculaire » : d’une part les corbeaux n’agissent jamais ainsi (ils volent la nourriture au lieu de l’apporter) et d’autre part, le miracle se répète matin et soir, sur une longue période. Notons, cependant, qu’Elie est le seul témoin du miracle. Pour le prodige de l’huile et de la farine, il y a deux autres témoins, mais ce sont des étrangers qui vivent à l’écart. La résurrection du fils se déroule à l’abri des regards. Le fils est mort et ne sait pas ce qui se passe, et la mère doit rester à l’extérieur de la pièce.

Dans le cas de l’arrivée de la pluie, un certain temps s’écoule entre le moment où Elie annonce son arrivée et les premières gouttes : en effet, Achab a le temps de manger et de boire, et Elie doit prier avec persévérance (1 R 18.41-45). Un esprit sceptique pourrait contester le lien entre l’arrivée de la pluie et la parole d’Elie (v.41). De plus, seul le serviteur d’Elie sait que son maître prie pour la venue de la pluie.

Au chapitre 19, les prodiges sont nombreux, mais ne sont vus que par Elie : apparition de l’ange, repas miraculeux, phénomènes physiques au mont Horeb. Plus tard, lorsque le feu descend du ciel sur les hommes, les témoins sont tués (2 R 1). Finalement, l’ascension d’Elie n’est vue que par Elisée, les fils des prophètes n’ayant d’autre preuve que la disparition du corps.

Notons aussi que souvent les révélations divines confiées à Elie ne sont pas communiquées à autrui. Sur les trois hommes appelés à recevoir une onction pour poursuivre le ministère d’Elie (et donc à être partiellement informés de l’avenir), seul Elisée est contacté. Quand Dieu informe Elie du report du jugement d’Achab (1 R 21.27-29), le prophète n’en informe pas le premier intéressé (Achab).

Le seul signe vraiment public d’Elie est lié à la confrontation au mont Carmel. Il convient cependant de préciser que ce signe est aussi bref que l’éclair. Quant à la traversée du Jourdain, elle est, certes, vue par les fils des prophètes, mais ce miracle a pour but premier d’authentifier Elisée, qui pourra agir comme son maître (2 R 2.8, 14). Ce miracle est donc étroitement lié à Elisée dont les miracles sont d’ordre public, contrairement à ceux d’Elie.

Cette discrétion des signes d’Elie invite à la réflexion. Pourquoi Dieu a-t-il réalisé ces signes, et pour qui ? Une explication sera proposée plus loin.12

Le temps qui s’écoule

Le temps est une notion fondamentale du cycle d’Elie.13 Les événements s’étendent dans la durée. En particulier, les desseins de Dieu sont liés au temps, un temps qui s’écoule, qui s’allonge, qui paraît interminable.

Elie commence son ministère en annonçant d’une sécheresse, un jugement lent et progressif. Il prophétise la sécheresse, mais n’en précise pas la durée : « Il n'y aura ces années-ci ni rosée ni pluie, sinon à ma parole » (1 R 17.1). S’agit-il d’une courte, d’une moyenne ou d’une longue sécheresse ? La durée en reste indéterminée pour les hommes. C’est le prophète qui en fixera le terme par sa parole.

Sitôt l’annonce faite, Dieu envoie Elie dans une région désertique. L’Eternel lui promet de pourvoir à ses besoins et l’informe des moyens prévus (des corbeaux le nourriront), mais il ne fournit aucune indication quant à la durée du miracle. La nourriture est apportée au comptegouttes : les oiseaux viennent le matin, puis le soir. Chaque fois, les aliments suffisent pour un repas, mais aucune réserve ne peut être constituée. Quant à l’eau, Elie la voit diminuer progressivement, mais ignore combien de temps elle coulera encore, combien de temps elle étanchera sa soif. Ce n’est que lorsque le torrent est à sec que Dieu informe Elie de la prochaine étape : le prophète doit se rendre auprès d’une veuve étrangère, à Sarepta au nord d’Israël. Par le miracle de l’huile et de la farine, Dieu subvient aux besoins du prophète et de sa famille d’accueil. A nouveau, le miracle est quotidien. Chaque fois qu’un repas est nécessaire, l’huile et la farine « s’allongent ». Pas moyen de constituer des réserves. La seule assurance

12 Voir « Elie, le nouveau Moïse » pp. 39-43. De son côté, John Gray s’efforce de rationaliser certains miracles d’Elie : « les corbeaux qui nourrissent Elie au torrent de Kerith ne sont que de généreux Bédouins ; le pot d’huile et le sac de farine de la veuve ne se vident jamais parce que les voisins de la veuve, impressionnés par son hospitalité, établissent pour elle et sa maisonnée un service de livraison à domicile de repas chauds ; le retour à la vie du fils de la veuve n’est pas une résurrection, mais un exemple de réanimation par le bouche-à-bouche » (Allen p. 194). Loin d’expliquer le texte, un tel rationalisme occulte le sens de la narration.

13 Dans une moindre mesure, cela est vrai de l’ensemble du livre des Rois (voir pp. 6971).

DANIEL ARNOLD

ÉLIE

Elie, prophète connu pour son courage au Carmel puis sa crainte devant Jézabel, pour sa persévérance à prier puis sa déprime devant l’échec, étonne et déconcerte. Il est le premier homme à avoir été impliqué dans une résurrection et le second à avoir été enlevé au ciel. Son retour sur la terre est annoncé dans les derniers versets de l’Ancien Testament.

Mais qui est Elie ? Pourquoi son ministère a-t-il été si particulier ? Quelles leçons Dieu nous enseigne-t-il par la vie de cet homme « d’une même nature que nous » ? Elie est le prophète du jugement, mais les huit chapitres associés à son ministère nous parlent surtout de la grâce de Dieu.

Ce commentaire, qui attache une attention particulière au contexte littéraire, interprète les récits de la vie du prophète à la lumière de l’ensemble de l’œuvre de 1 et 2 Rois, dont ils forment le cœur. Il en résulte une étude enrichissante, pour une compréhension plus profonde de l’Ecriture !

Suisse, Daniel Arnold a enseigné à l’Institut biblique et missionnaire Emmaüs durant plus de 30 ans, avant de prendre sa retraite en 2014. Fasciné par les textes narratifs de la Bible, il a publié neuf commentaires bibliques, dont celui-ci, ainsi qu’un ouvrage de référence sur l’éthique chrétienne et deux recueils de pièces de théâtre pour Noël.

CHF 19.90 / 16.50 € ISBN 978-2-8260-4016-3

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