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Introduction

L’incertitude du lendemain vous a-t-elle rendu anxieux au point que vous en ressentiez stress, épuisement et irritation ? Les idées défilaient à toute vitesse dans votre esprit, vos muscles restaient contractés et toute relaxation vous était impossible, sans parler du sommeil. La peur vous a-t-elle déjà paralysé au point que vous ne pouviez agir selon votre volonté ? Vous étiez sûr d’avoir raison, vous désiriez faire ce qu’il fallait, mais vous étiez retenu par une crainte incompréhensible. Avez-vous été tout à coup victime d’un épisode de vive appréhension ou d’intense crainte ? La respiration haletante, vous aviez l’impression d’étouffer. Votre cœur battait la chamade et vous transpiriez abondamment. Un sentiment d’irréalité vous faisait trembler comme si vous étiez en train de devenir fou. Peut-être aussi des douleurs à la poitrine, et des sensations d’engourdissement ou de picotements au niveau des mains et des pieds ? Ce sont les symptômes d’angoisse, peur et panique qui affligent un pourcentage croissant de la population. Peut-être l’appel au secours qui suit vous rappelle-t-il quelque chose :

J’ai 36 ans. Pour autant que je me souvienne, j’ai toujours vécu dans l’angoisse et la peur. J’ai subi des abus dans ma famille et j’étais menacée de traitements encore pires si j’osais me plaindre. Esclave de ma peur, j’avais décidé de ne jamais en parler.

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Un soir, je n’ai trouvé personne en arrivant à la maison. La peur me saisit au point que j’allai me cacher sous mon lit. Pourquoi étaient-ils tous partis ? Croyaient-ils que je les avais dénoncés ? Que m’arriverait-il à leur retour ? J’étais incapable d’apprécier les petits plaisirs de l’enfance. Où que j’aille, j’emportais avec moi mes craintes et mes angoisses. Je n’osais rien entreprendre s’il existait le moindre risque d’échec, et j’avais la hantise des examens. J’avais l’estomac noué d’angoisse. Je devins une perfectionniste. Il me fallait être à la hauteur, à tout prix. Ce schéma de crainte me poursuivit à l’adolescence et jusqu’à l’âge adulte. Par deux fois j’ai tenté de venir à Jésus, mais je m’en trouvais indigne. Je vivais dans la crainte du rejet et du ridicule, et je m’efforçais donc de faire plaisir à tout le monde. Je ne trouvais aucun repos, pas même dans mon sommeil. Les abus subis pendant mon enfance le troublaient par des cauchemars qui se poursuivirent bien plus tard encore. Maintenant que j’ai des enfants, j’éprouve des craintes à leur sujet. Suis-je une bonne mère ? Mes enfants se feront-ils blesser, enlever ? Je sais bien que cela me prive de vivre la vie que je désire, mais que faire ? C’est comme si je vivais une double vie. Enseignante heureuse, épouse et mère parfaite, citoyenne active – c’est du moins l’impression que je donne –, si mon âme était un livre ouvert, on n’y lirait qu’angoisse, douleur et crainte. Qui pourra me venir en aide ? M’en sortirai-je un jour, ou est-ce cela, vivre ?

Plus que la dépression et l’alcoolisme, l’angoisse est devenue la maladie mentale la plus répandue aux Etats-Unis. A notre époque tourmentée, nous constatons les effets de cette épidémie de « blues »,

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mais bien peu de gens avouent publiquement ressentir craintes et angoisses. Le plus souvent, ils les subissent dans le plus total isolement. Parent, ami, collègue de travail, personne ne sait quel cauchemar ils vivent, car ils s’en cachent soigneusement. On pense que les anxieux n’ont qu’à « se secouer ». Un ou plusieurs des symptômes que je viens d’évoquer vous concernent peut-être personnellement, ou quelqu’un que vous essayez d’épauler. Est-il « mal » d’avoir ce genre de réactions mentales, physiques ou émotionnelles ? N’est-il pas légitime de se faire du souci pour ce à quoi nous tenons, et de craindre ce qui menace notre vie ? Tout le monde paniquerait si un lion entrait dans la pièce, n’est-ce pas ? Moi le premier, en tout cas ! Et j’avoue qu’une vie totalement libre de crainte et d’angoisse serait bien ennuyeuse pour ne pas dire plus ; cela affaiblirait même notre efficacité et notre instinct de conservation. Où se trouve donc la frontière entre une inquiétude légitime et une angoisse étouffante ? Entre une peur rationnelle et une phobie débilitante ? Comment distinguer l’angoisse de la peur des crises de panique ? Pour jouir d’une vie saine et productive, tout enfant de Dieu a besoin de pouvoir répondre à ces questions essentielles. Commençons donc par quelques définitions.

La peur

Tout être vivant est doté de l’instinct le plus primaire : la peur. Sans la peur, un animal constituerait bientôt le plat de résistance d’un prédateur. Quand sécurité personnelle et bien-être psychologique sont menacés, c’est une réaction naturelle. Les peurs rationnelles sont acquises, et vitales pour la survie. Lorsque nous tombons, enfants, d’une chaise, nous en retirons un sain respect de la hauteur.

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Les phobies

Les phobies sont des peurs irrationnelles qui nous poussent à agir de façon irresponsable ou nous empêchent de faire ce qui serait approprié. Elles sont le signe d’un développement défectueux et peuvent révéler un manque de foi en Dieu. La peur est différente de l’angoisse et de la crise de panique : pour être légitime, une peur doit avoir un objet. Et de fait, peurs ou phobies sont classées selon leur objet, comme suit : acrophobie peur des lieux élevés agoraphobie peur des lieux publics, des espaces claustrophobie peur des lieux confinés géphydophobie peur de traverser un pont hématophobie peur du sang monophobie peur de rester seul pathophobie peur de tomber malade toxophobie peur de se faire empoisonner xénophobie peur des inconnus et des étrangers zoophobie peur des animaux

Pour être légitime, l’objet de la peur doit remplir deux critères : il se doit d’être perçu comme imminent (présent) et réel (potentiel). Ceux qui souffrent de claustrophobie ne ressentent aucune peur tant qu’ils ne sont pas vraiment dans un lieu confiné. La simple évocation de cette circonstance fait trembler certains d’entre eux. Or l’utérus est un endroit confiné ; on peut donc en déduire qu’un nouveau-né ne souffre pas de claustrophobie. La peur de se retrouver enfermé a été apprise d’une façon ou d’une autre (comme la plupart des peurs). Elle peut donc être désapprise.

La peur se base sur la façon de percevoir le réel. Un douanier américain à la frontière de l’Arizona remarqua un petit serpent aux

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jolies couleurs. Il le ramassa sans éprouver de crainte et déposa son trophée dans un bocal. Quand il apprit par la suite qu’il s’agissait d’un serpent corail (serpent d’aspect inoffensif mais l’un des plus dangereux en Occident) la peur lui provoqua de fortes rougeurs. L’objet de sa peur était absent, et cependant le souvenir de l’avoir manipulé le fit réagir comme s’il était présent. On nous a inculqué presque à tous que les serpents venimeux constituent de légitimes objets de crainte. A la lecture de ce passage, vous n’avez sans doute pas éprouvé de peur des serpents, puisqu’il n’y en avait aucun à proximité (menace potentielle mais non présente). Qu’en serait-il si un serpent à sonnettes jeté dans votre chambre atterrissait à vos pieds (menace imminente et potentielle) ? Vous seriez certainement terrifié. Imaginons maintenant qu’un serpent mort atterrisse à vos pieds (menace imminente mais non potentielle) : vous n’en concevriez aucune peur, à condition d’avoir la certitude qu’il est mort. La légitimité d’un objet de peur disparaît donc lorsque l’un des critères n’est pas rempli. Au cœur de la plupart des phobies se trouve la peur de la mort, des autres ou de Satan. La peur de la mort, par exemple, est à la racine de la claustrophobie. Les Ecritures nous enseignent sans équivoque que nous ne devrions souffrir d’aucune de ces phobies, puisque pour chacune d’entre elles Dieu a fait disparaître l’un des critères. Ainsi, la réalité de la mort physique est toujours imminente, mais le pouvoir de la mort a été englouti. Paul nous enseigne que par la résurrection de Christ, la puissance de la mort physique a disparu. « La mort a été engloutie dans la victoire. O mort, où est ta victoire ? O mort, où est ton aiguillon ? » (1 Corinthiens 15.54-55). « Jésus lui dit : Je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi vivra, même s’il meurt ; et quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais » (Jean 11.25-26). En d’autres termes, ceux qui sont nés de nouveau spirituellement

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continueront à vivre spirituellement alors même qu’ils sont morts physiquement. Grâce à cette foi, Paul – de même que tout chrétien né de nouveau– peut affirmer : « Car Christ est ma vie, et mourir m’est un gain » (Philippiens 1.21). Si quelqu’un est libre de la peur de mourir, il est libre de vivre aujourd’hui.

Certaines phobies ont leur racine dans la peur d’autrui. Elles incluent la peur du rejet, de l’échec, de l’abandon et même de la mort. Jésus a dit : « Ne craignez pas ceux qui tuent le corps et qui ne peuvent tuer l’âme ; craignez plutôt celui qui peut faire périr l’âme et le corps dans la géhenne » (Matthieu 10.28). Pierre écrivit quant à lui : « N’ayez d’eux aucune crainte, et ne soyez pas troublés ; mais sanctifiez dans vos cœurs Christ le Seigneur, étant toujours prêts à vous défendre avec douceur et respect, devant quiconque vous demande raison de l’espérance qui est en vous » (1 Pierre 3.14-15). Certains chrétiens ne témoignent pas de leur foi principalement par crainte d’autrui, et plus exactement, par peur du rejet et de l’échec.

Les versets de Matthieu et de 1Pierre enseignent tous les deux que c’est Dieu que nous devons craindre. Par deux de ses attributs, Dieu constitue le plus puissant objet de crainte pour nous : il est omniprésent (toujours présent) et omnipotent (tout-puissant). Adorer Dieu, c’est lui conférer ses divins attributs. C’est nous qui en recevons les bienfaits. En nous rappelant que notre Père céleste nous aime et vit toujours au milieu de nous, qu’il peut vaincre tous nos ennemis, notre crainte de Dieu dissipe toute autre peur : Dieu règne en tant qu’autorité suprême au-dessus de tout autre objet de crainte, Satan inclus. Et même si « votre adversaire, le diable, rôde comme un lion rugissant, cherchant qui il dévorera » (1Pierre 5.8). Il a été vaincu (imminent mais non puissant). Jésus a paru précisément « afin de détruire les œuvres du diable » (1Jean 3.8). « Il a dépouillé les dominations et les autorités,

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et les a livrées publiquement en spectacle, en triomphant d’elles par la croix » (Colossiens 2.15).

Notre culture nous a conditionnés à avoir peur des bruits pendant la nuit, mais pas à craindre Dieu. Les vedettes des films d’horreur de notre enfance étaient King Kong, Godzilla, le monstre des abysses, et tout le cortège des tueurs psychopathes, amants jaloux, criminels et machos. Puis la mode culturelle a été à l’occultisme et aux enlèvements par les extraterrestres. Dans L’Exorciste, le pauvre prêtre faisait piètre figure devant la jeune fille possédée par le diable (ceci en contradiction avec les Ecritures !). De telles représentations font le jeu de Satan, car il veut qu’on le craigne et l’adore, lui. Les personnes et les choses que l’on adore sont celles que l’on perçoit comme plus élevées que soi en pouvoir et valeur. Dieu seul devrait avoir prééminence dans nos vies. Nous devons craindre et adorer Dieu seul. La foi en Dieu et la peur d’une personne ou d’un objet autre que Dieu s’excluent mutuellement. La Bible déclare : « Le commencement de la sagesse, c’est la crainte de l’Eternel » (Proverbes 9.10). Samuel Johnson a dit : « Craindre autrui engendre la honte, la crainte de Dieu engendre la conscience. »1 Prenez bonne note de la sagesse ancienne telle qu’elle apparaît en Esaïe 8.12-13 :

N’appelez pas conjuration tout ce que ce peuple appelle conjuration ; ne craignez pas ce qu’il craint, et ne soyez pas effrayés. C’est l’Eternel des armées que vous devez sanctifier, c’est lui que vous devez craindre et redouter. Et il sera un sanctuaire.

1 George SWEATING, Great Quotes and Illustrations (Waco, TX : Word Books, 1985), p. 115.

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L’angoisse

L’angoisse diffère de la peur en ce qu’elle est dépourvue d’objet ou de cause légitime. On est angoissé lorsque l’on est dans l’attente d’un résultat incertain ou que l’on ne sait pas de quoi demain sera fait. Il est tout à fait normal de se soucier des affaires qui nous tiennent à cœur, et c’est pourquoi il nous faut faire la différence entre une anxiété passagère et un caractère en permanence angoissé. Quand on s’inquiète avant que ne survienne un événement attendu, c’est de l’anxiété. L’examen que l’on est sur le point de passer peut engendrer de l’anxiété, et il en va de même pour une rencontre à laquelle on a prévu de participer ou pour la menace d’une tempête. Il est normal de s’inquiéter, et cela pousse à prendre les mesures qui s’imposent. Prenons conscience cependant du fait que la majorité de nos peurs et angoisses ne se réalisent jamais. Si une personne présente des caractéristiques d’angoisse qui perdurent, on peut parler d’angoisse maladive généralisée. Il faut pour cela que l’inquiétude obsessive se produise pendant plus de la moitié du temps, sur une période de six mois minimum. Ceux qui luttent contre cette maladie ressentent une angoisse et une inquiétude persistantes. Ils se tracassent au sujet d’au moins deux circonstances stressantes : finances, relations, santé ou aptitude à réaliser leur travail. Ils se chargent le plus souvent d’un grand nombre de soucis, qui leur prennent beaucoup de temps et d’énergie. L’intensité et la fréquence de l’inquiétude sont toujours disproportionnées par rapport au problème réel, ce qui la rend plus nocive que les conséquences négatives qui étaient l’objet initial des préoccupations. On est allé jusqu’à dire que l’on prend une décision avant tout pour tenter de mettre un terme à l’angoisse. Personne n’aime vivre dans un état d’angoisse, et l’on est prêt à faire presque n’importe quoi

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pour s’en soulager. On optera peut-être pour l’hyperactivité pour oublier que son esprit n’est jamais en paix ; s’isoler dans le silence tournera alors au supplice. S’affairer occupe temporairement l’esprit mais ne résout rien. Cela peut même au contraire engendrer d’autres problèmes, l’épuisement notamment. Une autre « solution » pour apaiser l’angoisse consiste à se jeter sur les tranquillisants, l’alcool, la drogue. L’affaire la plus lucrative aux Etats-Unis pourrait bien être la commercialisation de médicaments, provisoirement efficaces, contre l’angoisse. Le soulagement est seulement temporaire, cependant, et c’est pourquoi Pierre nous exhorte à nous décharger de toutes nos angoisses sur Christ – la solution suprême – car lui-même prend soin de nous (1Pierre 5.7).

Les accès de panique

Contrairement à la peur et à l’angoisse, il faut avoir beaucoup d’imagination pour trouver le côté positif de la panique, si ce n’est qu’elle nous avertit d’un problème physique éventuel. Certains ont souffert de crises de panique qui les ont rendus conscients de symptômes d’hypothyroïdie, hypoglycémie, palpitations cardiaques ou autre anomalie physique. Ces problèmes ne mettront jamais la vie en danger, même si l’on a tout d’abord l’impression du contraire. Une fois qu’on leur a fourni un diagnostic convenable, ces personnes retrouvent une vie normale, souvent sans même prendre de médicaments. Des crises de panique peuvent aussi survenir spontanément, sans signe avant-coureur ni raison évidente. On appelle crises ces épisodes, parce que la panique n’est pas précédée de pensées anormales ni de la conscience d’un danger imminent. Il arrive qu’elles accompagnent des phobies préexistantes, mais pas toujours. Ainsi, par crainte d’être

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agressé, quelqu’un se mettra à éviter les lieux publics, et le souci ou la peur initiale se muera en agoraphobie ; 1 ou 2% de la population américaine souffre de crises de panique pures, mais pour 5% elles se compliquent d’agoraphobie. Certains de ces cas pourraient-ils relever du domaine spirituel ? Au cours de nos conférences, nous demandons souvent : « Combien parmi vous se sont-ils réveillés en sursaut, aux prises avec une crise de peur paralysante, avec peut-être une sensation d’oppression dans la poitrine ou une impression d’étouffement ou d’étranglement, ou une impossibilité de se mouvoir ou de parler ? » Nous obtenons en moyenne 35% de réponses positives. Un médecin ou un conseiller du monde qualifierait ces symptômes de crise d’angoisse ou de panique, et non de peur, car il serait bien en peine d’identifier l’objet de la peur ou de discerner la cause extérieure de la crise. Nous croyons quant à nous qu’il s’agit d’attaques au niveau spirituel, qui se règlent en quelques secondes grâce à l’enseignement biblique approprié. Gardons-nous cependant de considérer toute crise de panique comme directement spirituelle.

Vers une réponse holistique

En l’absence de cause physique identifiable, si le sujet a une alimentation équilibrée et fait suffisamment d’exercice, nous affirmons que la connaissance de Dieu et une relation correcte avec lui constituent la seule réponse satisfaisante à ces problèmes émotionnels. La crainte de Dieu vient à bout de toute autre crainte. La foi en Dieu balaie toute angoisse, et les crises spirituelles ne résistent pas à l’adoration quotidienne de Dieu dans notre marche avec lui. La Bible contient plus de 300 passages contre la crainte. Mais que servirait-il à une personne souffrant de phobies de s’entendre

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simplement répéter qu’elle ne doit pas craindre ? Ce serait une approche comportementale et légaliste à courte vue, qui n’engendrerait que plus de confusion et de culpabilité. Christ est la réponse, et « la vérité vous affranchira ». C’est exact, mais le disciple qui souffre a besoin de retrouver le contact avec Dieu et de savoir comment la vérité peut le rendre libre. Le praticien le plus crédible auprès des anxieux maladifs est le docteur Edmund Bourne. Il est l’auteur d’un manuel à l’usage des anxieux et des phobiques1 qui lui valut d’être le lauréat du Prix d’excellence en psychologie du Benjamin Franklin Book Award. Ce médecin s’est consacré à ce domaine de recherches car lui-même souffrait d’angoisse. Cinq ans après la publication de la première édition, sa propre angoisse empira, ce qui lui fit adopter une perspective différente sur sa vie et son approche thérapeutique. En 1998, il publia donc un nouvel ouvrage2. Il déclarait en préface :

La métaphore qui court tout au long de cet ouvrage est celle du soin, par opposition aux techniques pratiques appliquées à l’angoisse. J’ai la conviction qu’il est vital d’introduire cette approche dans le traitement de l’angoisse, car la grande majorité des ouvrages de développement personnel disponibles (j’y inclus mon premier ouvrage) ont recours à la technologie appliquée… Loin de moi de dénigrer la thérapie cognitive et comportementale (TCC) et les techniques pratiques. Ces approches donnent bien souvent de réels résultats, et je les mets en œuvre dans mes consultations quotidiennes. Ces dernières années cependant, j’en suis venu à penser qu’on avait atteint

1 Edmund J. BOURNE, The Anxiety and Phobia Workbook, éd. rev. (Oakland, CA : New Harbinger Publications, Inc., 1995). 2 Edmund J. BOURNE, Healing Fear.

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les limites des TCC. TCC et médicaments donnent des résultats rapides, compatibles avec la tendance actuelle en faveur dans les professions de santé mentale : thérapies brèves, milieux de soins contrôlés, etc. Or le bilan, un à trois ans après la fin du traitement, signale un grand nombre de régressions. Les rechutes ne sont pas rares, et les malades éprouvent à nouveau les mêmes difficultés qu’à l’origine de leurs troubles anxieux.

En d’autres termes, « ils pansent à la légère la plaie de la fille de mon peuple : Paix ! Paix ! disent-ils ; et il n’y a point de paix » (Jérémie 6.14). Les paroles Dr Bourne ressemblent à s’y méprendre à un commentaire moderne de Colossiens 2.8 : « Prenez garde que personne ne fasse de vous sa proie par la philosophie et par une vaine tromperie, s’appuyant sur la tradition des hommes, sur les principes élémentaires du monde et non sur Christ. » Le Dr Bourne pense que « l’anxiété provient d’un état de déconnexion »1. Nous sommes d’accord avec lui, et nous ajoutons que le plus grave est d’être coupé de Dieu, ensuite – le degré de gravité est très proche – du corps de Christ et des autres relations importantes pour soi. D’un point de vue chrétien, la TCC fait partie du processus de repentance, à condition qu’elle se déroule sur une base biblique. Pour notre sanctification il est essentiel de renouveler notre esprit ; et la vérité nous rend effectivement libres. Mais s’en tenir là, c’est faire de la vie chrétienne un exercice intellectuel, sans plus. Pas de liberté complète sans la présence de Dieu et la communion fraternelle au sein du corps de Christ. Voici la réponse de Jésus aux pharisiens qui lui demandaient quel était le plus grand commandement de la loi :

1 Ibid., p. 3.

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« Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, et de toute ta pensée. C’est le premier et le plus grand commandement. Et voici le second, qui lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Matthieu 22.37-39). Pour vivre une vie libre et productive nous avons besoin de Dieu, nous avons aussi besoin de nous aimer les uns les autres. Craindriez-vous le caïd local si un bataillon de soldats vous escortait sans cesse ? Auriez-vous souci du lendemain si vous pouviez compter sur le secours d’une personne très fortunée ? A combien plus forte raison serez-vous confiant en l’avenir avec l’assurance que Dieu ne vous délaissera pas, ne vous abandonnera pas et pourvoira à vos besoins selon sa richesse avec gloire (comme il est dit en Hébreux 13.5 et Philippiens 4.19) ! Aucun mortel ne peut garantir cela, et tous les raisonnements, toute la restructuration cognitive du monde ne pourront accomplir ce que peut réaliser sa présence. Pour nous approprier tout ce dont nous avons besoin, il nous faut passer par le renouvellement de notre esprit. Pour vivre et marcher par la foi nous devons connaître la vérité. Jésus est la vérité (Jean 14.6). Sa parole est vérité (Jean 17.17). L’Esprit est venu pour nous conduire dans toute la vérité (Jean 16.3). La vérité nous rendra libres (Jean 8.32). Nous ignorons si le Dr Bourne a de Jésus-Christ une connaissance à salut, mais ses propres recherches l’ont conduit aux conclusions suivantes :

La spiritualité a joué un rôle important dans mon expérience de la vie, et je crois qu’elle jouera à l’avenir un rôle de plus en plus considérable en psychologie. Dans les années 1990, la médecine holistique – qui s’intéresse à la méditation, la prière et l’action de la guérison spirituelle – a acquis une notoriété de premier plan. Je suis convaincu que dans un avenir proche,

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nous verrons l’avènement d’une « psychologie holistique », de même qu’il existe une médecine holistique, intégrant aux traitements les plus scientifiquement éprouvés des modalités alternatives fondées sur une approche plus spirituelle.1

Nous ne pouvons que nous réjouir d’un tel infléchissement dans la pensée des thérapeutes séculiers. Nous restons cependant très prudents, car la sorte de spiritualité à laquelle il est fait référence peut ne pas être centrée sur Jésus-Christ. Les approches philosophiques New Age de la spiritualité sont beaucoup plus en vogue dans l’éducation profane que ne l’est le christianisme historique. La méditation de la Bible joue un rôle primordial dans la vraie spiritualité, alors que la méditation aux pieds d’un gourou du Nouvel Age ne débouche que sur un incroyable asservissement spirituel. Le concept même de médecine alternative contient le bon et le mauvais. L’intention sousjacente à la médecine alternative est de mettre l’accent sur tout ce qui peut guérir et restaurer la santé, par opposition à l’approche de la médecine dominante qui se concentre sur la maladie. Traiter la maladie n’assure pas nécessairement la santé, alors qu’on guérit potentiellement nombre de maladies en agissant d’abord pour garantir la santé. En matière de médecine alternative, le mauvais survient quand les croyances sous-jacentes sont celles du Nouvel Age et les philosophies orientales. Aux derniers jours, l’émergence des enseignements du Nouvel Age concernant la médecine et la santé risque fort de constituer pour l’Eglise l’une des menaces les plus graves. C’est d’autant plus d’actualité que la Bible nous met en garde contre l’apostasie qui surviendra avant le retour du Seigneur (Matthieu 24.11, 24 ;

1 Ibid., p. 5

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2Thessaloniciens 2.1-9). De plus, nous trouvons dans 1Timothée 4.1 cet avertissement : « L’Esprit dit expressément que, dans les derniers temps, quelques-uns abandonneront la foi, pour s’attacher à des esprits séducteurs et à des doctrines de démons. » Jésus a dit : « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix. Je ne vous donne pas comme le monde donne. Que votre cœur ne se trouble point, et ne s’alarme point » (Jean 14.27). En Christ nous recevons une réponse adéquate. En tant qu’enfants de Dieu, nous n’avons pas seulement les paroles de Christ, nous jouissons aussi de la véritable présence de sa vie avec nous et en nous. Ce que nous avons appris avant de venir à Jésus doit être désappris au moyen de la repentance et du renouvellement de notre esprit. Personne ne pourra réparer notre passé, mais nous pouvons nous en affranchir par la grâce de Dieu. En Christ et en lui seul, nous avons l’assurance de vaincre nos peurs. Il est le seul sur lequel nous puissions nous décharger de toutes nos angoisses pour trouver la paix de Dieu qui dépasse toute compréhension. Par Christ seul nous avons autorité sur le prince de ce monde. Jésus le Prince de la paix est venu libérer les captifs. Il n’y a aucune condamnation pour ceux qui sont en Christ (Romains 8.1). Comment résoudre un problème si nous refusons d’admettre son existence, en chacun de nous ? L’amour et l’acceptation inconditionnels de Dieu nous permettent d’aller à lui avec un cœur ouvert. Nous pouvons nous décharger sur lui de nos angoisses parce qu’il nous aime réellement. La conséquence de l’angoisse maladive, c’est souvent la dépression. Nous vous recommandons de lire le livre de Neil1 qui explique comment surmonter la dépression. La dépression est une réaction naturelle aux deuils qui parsèment notre vie ou au sentiment

1 Neil ANDERSON et Hal BAUMCHEN, Finding Hope Again (Ventura, Californie : Regal Books, 1999). Non encore traduit en français.

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d’impuissance et de désespoir. Notre espérance est en Dieu et nous pouvons solliciter son aide, comme l’écrit le psalmiste : « Pourquoi t’abats-tu, mon âme, et gémis-tu au-dedans de moi ? Espère en Dieu, car je le louerai encore ; il est mon salut et mon Dieu » (Psaume 43.5). Nous croyons que tout enfant de Dieu peut être libéré de n’importe quelle angoisse maladive et apprendre à faire l’expérience d’une vie libérée en Christ. Nous croyons qu’il existe une paix de Dieu qui surpasse toute intelligence et qui gardera nos cœurs et nos pensées en Jésus-Christ (Philippiens 4.7). « L’Eternel, ton Dieu, est au milieu de toi, comme un héros qui sauve. Il fera de toi sa plus grande joie ; il gardera le silence dans son amour ; il aura pour toi des transports d’allégresse » (Sophonie 3.17). Jésus a dit : « Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et chargés, et je vous donnerai du repos. Prenez mon joug sur vous et recevez mes instructions, car je suis doux et humble de cœur ; et vous trouverez le repos pour vos âmes. Car mon joug est doux et mon fardeau léger » (Matthieu 11.28-30). En avançant dans cet ouvrage, gardez toujours à l’esprit ces paroles de F. B. Meyer :

Dieu incarné signifie la fin de la peur ; et le cœur qui prend conscience de sa présence en lui, qui prend au sérieux l’assurance de sa présence d’amour, restera serein au milieu des difficultés. « Aucune arme façonnée contre toi ne te vaincra, et toute langue qui portera jugement contre toi sera condamnée par toi. » Soyez seulement patients et restez sereins.1

Neil et Rich

1 Sherwood WIRT et Kersten BECKSTROM, Living Quotations for Christians (New York : Harper and Row, 1974), p. 76.

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