2 minute read
MICHEL SIMONIS
On ne parle pas assez de la manière dont la crise du logement frappe les plus vulnérables.
Depuis peu, nous essayons, en complément de nombreuses autres actions, de créer du logement abordable, surtout par l’affectation de terrains qui nous ont été légués. Or, même si cette ambition est financièrement soutenue par l’État, le cadre légal et réglementaire risque de la contrecarrer. Comment ? Par exemple en interdisant la construction d’un immeuble d’une demi-douzaine de studios et appartements. Le problème n’est jamais la qualité architecturale, technique ou environnementale du projet. Le problème n’est pas le profil des personnes qu’on pourrait y héberger. Le problème est qu’à cet endroit-là, il faut construire, en vertu du PAG, une maison unifamiliale, libre des quatre côtés, avec deux emplacements pour les voitures, le tout entouré d’un jardin. Il n’y a aucun doute : les urbanistes auront établi des coefficients garantissant une qualité de vie de très haut niveau. Mais cette qualité de vie reste réservée à ceux qui en ont les moyens financiers. Ceux qui auraient, avec nettement moins de mètres carrés, une chance de sortir de leur précarité restent à la porte. Alors que le pacte logement 2.0 fait des ouvertures dans la bonne direction, continuons donc à innover afin que le logement abordable devienne de nouveau réalité.
Directeur général de la Croix-Rouge luxembourgeoise
Le logement reste une denrée rare, et les terrains une ressource précieuse, très limitée. Si nous voulons agir et un jour proposer des logements accessibles à des personnes à faible revenu, nous devons apprendre à partager ces ressources avec plus de bénéficiaires, et donc accepter des densités plus élevées. Et les colocations ? Ce qui est d’usage chez les étudiants reste très difficile à réaliser pour des personnes isolées et/ou à faible revenu. Elles aimeraient, pourtant, au vu de leur situation financière ou familiale, partager leur cuisine et leur salle de bains. Alors que le carsharing est promu, le flatsharing l’est beaucoup moins, et les bénéficiaires d’un Revis se voient pénalisés dans leur allocation dès qu’ils cherchent à utiliser des ressources de façon plus raisonnable. Dommage !
Ignorer les difficultés des plus vulnérables ne va pas les faire disparaître : les attitudes doivent changer. Et, s’il faut inventer de nouvelles règles, qui permettent d’être plus flexibles et efficients, il est possible de le faire en refusant la construction d’immeubles de mauvaise qualité, ne permettant pas une qualité de vie correcte. Nous le devons à ceux qui recherchent désespérément un toit… et finalement à la communauté tout entière. Faisons-le !
Retrouvez sa contribution dans son intégralité sur paperjam.lu. Ce débat public, en principe mensuel, est un rendez-vous qui donne une carte blanche aux représentants de la société civile. Si vous voulez témoigner, contactez la rédaction de paperjam à l’adresse suivante : temoignage@paperjam.lu.