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MYCONNECTIVITY

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La liste

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Fin novembre, l’État et Lu-Cix se sont associés dans un nouveau GIE : MyConnectivity. Celui-ci doit surtout accélérer le déploiement de la fibre optique en offrant un « guichet unique de la connectivité » aux opérateurs, aux communes et aux propriétaires immobiliers.

Claude Demuth ne donne pas d’interview jusqu’à nouvel ordre. Après avoir permis de vérifier que les confinements liés à la pandémie et à la consommation accrue d’internet pour le télétravail ou les loisirs n’avaient aucun impact négatif sur le trafic de données au Luxembourg, le CEO du Luxembourg Internet Exchange (Lu-Cix) se consacre à 100 % à sa nouvelle tâche. Fin novembre, le gouvernement a en effet officialisé la création d’un nouveau groupement d’intérêt économique, MyConnectivity, qui associe l’État et Lu-Cix, qui est lui-même un GIE créé en 2009 avec quatre acteurs, devenu la colonne vertébrale d’internet au Luxembourg. « Nous ne pouvons pas nous limiter à des documents stratégiques pour garantir notre connectivité, mais nous devons prendre en main les ficelles, desserrer les nœuds et en tisser un réseau durable. À travers ce GIE, nous aurons une équipe d’experts sur le terrain qui aidera à surpasser les problèmes qui se posent », a plaidé le Premier ministre et ministre des Communications et des Médias, Xavier Bettel (DP), pour justifier la nouvelle structure qui doit veiller à la mise en œuvre de la Stratégie nationale pour les réseaux de communications électroniques à ultra-haut débit 2021-2025 et de la Stratégie 5G pour le Luxembourg. En attendant que les équipes de MyConnectivity soient complètes, les deux partenaires ont installé cinq administrateurs. Outre le CEO de Lu-Cix, y figurent son directeur technologique Michel Lanners, les représentants de l’État Eric Krier et Laure Bourguignon et l’un des fondateurs d’Arendt & Medernach, l’avocat Guy Harles.

5 % à aller chercher Il n’y a pas vraiment urgence… mais le temps presse pour un Premier ministre qui avait été très clair, le 5 octobre, lors de la conférence sur la 5G au centre de conférences du Kirchberg.

Le GIE du dernier mètre

« Je suis Premier ministre de ceux qui sont connectés et de ceux qui ne le sont pas. La période de Covid-19 que nous venons de vivre nous a montré l’importance de la bande passante pour continuer notre vivre-ensemble, que ce soit à l’école, dans la vie privée ou au travail. Il est d’autant plus important d’inclure toutes celles et tous ceux n’ayant pas encore accès à cette ressource-clé. » L’inclusion digitale est à peu près dans toutes les prises de parole du successeur de JeanClaude Juncker. « Il existe ce que l’on appelle des ‘points blancs’, a reconnu le chef du gouvernement, quelques semaines plus tard, dans son discours annuel sur l’état de la Nation, c’est-à-dire des endroits du pays où l’internet rapide n’est pas encore disponible, mais il s’agit souvent des dernières centaines de mètres ou, comme c’est souvent le cas dans les immeubles d’appartements, du câble qui se trouve bien au sous-sol, mais qui ne monte pas jusqu’à l’endroit où vivent les gens. Avec la stratégie pour le haut débit 2021 à 2025, nous voulons y remédier. »

Si l’on considère que 95 % des ménages ont potentiellement accès au haut débit, les 5 % restants sont les plus chers à aller chercher pour l’opérateur historique. En juillet 2020, le directeur général de Post, Claude Strasser, avait annoncé, depuis un chantier à Dudelange, que l’entreprise allait injecter 50 millions d’euros supplémentaires – soit 300 millions d’euros sur cinq ans – pour tirer la fibre sur 75 % du territoire en 2023, contre 70 % à ce moment-

30 %

Selon les statistiques de l’Institut luxembourgeois de régulation, encore un tiers des accès à internet ont une vitesse descendante inférieure à la barre symbolique de 100 Mb/s à la fin du premier semestre 2021. Si le chiffre peut paraître élevé, il y avait deux fois plus d’accès à moins de 30 Mb/s il y a seulement trois ans, et deux fois et demie plus d’accès à la vitesse entre 30 Mb/s et 100 Mb/s. là. L’opérateur a décidé, au lieu de devoir supporter seul la charge de l’ouverture de tranchées, de profiter des travaux de Creos, par exemple. Des travaux qui coûtent en temps et en acharnement, parce qu’il faut à chaque fois avoir les autorisations, être dans les délais, répondre aux problèmes concrets qui se posent. « Le GIE n’a pas vocation à ouvrir des tranchées, explique le ministère d’État, mais à écouter les problèmes qui se posent sur le terrain, à remonter les informations et à voir comment trouver des solutions pragmatiques. »

Les appels à projets européens dans le viseur En arrière-plan se dessine un autre intérêt du gouvernement : les appels à projets européens que la Commission européenne doit publier fin janvier-début février autour de la connectivité, mais à l’échelle des communes et des collectivités territoriales. MyConnectivity devra très vite trouver comment manifester l’intérêt du Luxembourg et de ses acteurs les plus motivés, quitte à construire des consortiums ad hoc, comme c’est le cas autour du triangle de tests pour les voitures connectées ou de la cybersécurité venue du ciel. Outre ces deux-là, le pays s’intéresse aussi à la connectivité des réseaux ferroviaires, ce que les difficultés quotidiennes que rencontrent les frontaliers français ou belges suffisent à faire comprendre.

En décembre, la Commission européenne a annoncé vouloir consacrer 1 milliard d’euros, d’ici 2023, afin que 100 % des Européens aient accès au gigabit par seconde et que toutes les zones habitées aient la 5G en 2030, et un autre milliard d’euros d’ici 2027, les deux fois dans le cadre du mécanisme pour l’interconnexion en Europe. En particulier pour le déploiement d’infrastructures 5G en Europe et la 5G pour les communautés intelligentes, comme le projet de triangle de circulation des voitures autonomes tel que celui développé au Luxembourg (5GCroCo) ; le déploiement de nouveaux réseaux dorsaux ou la modernisation approfondie de réseaux dorsaux existants, y compris les fédérations du cloud, les infrastructures de communication quantique ultrasécurisées et les câbles sous-marins ; et la mise en œuvre d’infrastructures de connectivité numérique en lien avec des projets transfrontaliers dans les domaines du transport ou de l’énergie. Des enjeux stratégiques de demain à saisir aujourd’hui.

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