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PHILIPPE POIRIER
Le centre droit libéral européen incarné par Emmanuel Macron devrait remporter l’élection présidentielle française (premier tour organisé le dimanche 10 avril, second tour le 24 avril, ndlr), indépendamment du fait que les 48 millions d’électeurs sont, plus que jamais, politiquement divisés. Ils se répartissent autour de cinq blocs sociologiques.
Le premier, 30 % du corps électoral, est celui des métropoles et des classes supérieures, dont le pouvoir d’achat et le niveau de formation élevés l’ont conduit à adopter des valeurs libérales en économie, réclamer la société d’ordre et appuyer l’Europe fédérale. Il se partage entre le président sortant et Valérie Pécresse (Les Républicains).
Le deuxième (de 10 à 15 %), lui aussi des métropoles, est plutôt composé de classes moyennes liées au secteur public et à l’industrie culturelle digitale, soucieux de sa qualité de vie, de l’environnement, acquis au processus de l’individuation et pro-Union européenne. Il est éclaté entre l’écologiste Yannick Jadot, la socialiste Anne Hidalgo et Emmanuel Macron.
Le troisième (25 %) est celui des régions, des classes moyennes et populaires, dont le pouvoir d’achat et la condition sociale sont impactés négativement par l’internationalisation économique et la quatrième révolution industrielle. Sa « championne » est Marine Le Pen (Rassemblement national), suivie, dans une moindre mesure, de Jean-Luc Mélenchon (La France insoumise) et du communiste Fabien Roussel. Il pratique aussi plus souvent l’abstention que les deux premiers.
Philippe Poirier Politologue
Le quatrième (15 %) est celui des « banlieues », des classes populaires se réfugiant à la fois dans la réussite économique individuelle, le multiculturalisme, et, pour une minorité, dans les radicalismes (religieux, islamiste, etc.), travaillées à la fois par J.-L. Mélenchon et E. Macron. Le plus abstentionniste de tous.
Le dernier (de 15 % à 20 %), surreprésenté dans les classes moyennes et supérieures, est celui dont les codes sociaux conjuguent à la fois l’humanisme judéo-chrétien, le travail et l’attachement à l’État et à l’homogénéité culturelle. Éric Zemmour (Reconquête) le préempte actuellement, mais il s’incarne aussi partiellement dans les candidatures de M. Le Pen et de V. Pécresse.
Auquel de ces blocs s’identifieront les Français du Luxembourg et les frontaliers, sachant que les premiers avaient plébiscité E. Macron à plus de 80 % et que les seconds avaient voté jusqu’à 42 % pour M. Le Pen en 2017 ? Au niveau national, quel candidat matérialisera le mieux l’interrogation liée au pouvoir d’achat, la préoccupation essentielle des Français ? Les enquêtes d’opinion semblent à ce jour pencher pour le président sortant et Marine Le Pen, déjà opposés au second tour de la présidentielle en 2017.
Ce débat public, en principe mensuel, est une carte blanche signée cette fois par le Pr. Dr. Philippe Poirier, titulaire de la Chaire de recherche en études parlementaires à l’Université du Luxembourg.
Retrouvez sa contribution dans son intégralité sur paperjam.lu.