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JEAN-LUC DOUCET

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MA MAISON

MA MAISON

« Les entreprises ne veulent plus acheter asiatique»

Jean-Luc Doucet, qui fabrique localement des masques virucides, s’insurge du manque de soutien des États qui préfèrent acheter des masques moins chers fabriqués en Asie.

Près d’un an après la création de Family Concept, avez-vous concrétisé vos objectifs ? D’un point de vue purement entrepreneurial, oui. Nous avons mis sur pied deux sites de production de masques et nous produisons désormais des masques virucides. Malheureusement, les administrations d’État ne jouent pas le jeu et continuent d’acheter asiatique.

C’est-à-dire ? Au contraire de l’Allemagne et des Pays-Bas, qui ont pris la décision de passer des commandes, sur une période minimum de deux ans uniquement à des productions nationales, la France, la Belgique et le Luxembourg regardent en premier lieu le prix.

À quel prix vendez-vous vos masques ? Pour les entreprises, nous sommes à 7 centimes par masque. C’est un tarif compétitif et raisonnable. Mais face aux 3 centimes des masques chinois, c’est di icile. Surtout quand la Chine est en train de subventionner les fabricants de masques qui arrivent à exporter.

On peut comprendre que les États veuillent faire attention aux dépenses… Nous avons 15 salariés en France et 3 au Luxembourg. Il ne faut pas avoir fait l’Ena pour comprendre la rentabilité économique, pour l’État, d’acheter un masque à 7 centimes qui est produit au niveau national contre un masque qui coûte 3 centimes, mais qui ne ramène ni charges sociales ni TVA ou ni impôts, je l’espère, sur les bénéfices de l’entreprise.

Vous avez récemment pointé du doigt la stratégie marketing ambiguë des produits chinois, notamment en ce qui concerne le logo CE qui fait penser au logo CE pour « Conformité européenne »… Oui, alors que c’est China Execution, ou China Export... On voit des masques qui ne sont pas conformes, avec deux couches au lieu de trois. Il n’y a même pas de filtre à l’intérieur. C’est tout simplement honteux de comparer nos masques aux masques chinois.

Vous faites revivre un ancien site sidérurgique de la région avec la réa ectation des « Sou lantes », à Longlaville. N’est-ce pas d’autant plus rageant de ne pas voir l’État jouer le jeu ? On revalorise le patrimoine et on crée de l’emploi en engageant des personnes qui étaient au chômage en plus de produire au niveau national avec des prix compétitifs. Le seul élément qui manque, c’est la reconnaissance de l’État et de l’Administration française. Après, il faut aussi noter qu’aucune commune luxembourgeoise n’a acheté des masques de chez nous.

Vous avez également ouvert un site de production au Luxembourg. Comment se porte-t-il ?

On l’a mis en route le 21 décembre dernier. Il se trouve à Niederkorn. Nous avons une capacité de production de 250.000 masques par jour, mais le site tourne en capacité réduite avec une production de 80.000 masques par jour.

Une particularité de vos masques est d’être virucide. C’est-à-dire ? On est quasiment les seuls en Europe à faire des masques virucides ino ensifs. C’est-àdire que l’on injecte de l’acide citrique sur la matière bleue, puis on produit le masque.

Ce produit, qui est un virucide, rend inactif le virus. Si le virus se met sur le masque, il devient inactif. D’autres font ce genre de masque, mais avec des produits solvants ou autres, et qui sont tout à fait agréés.

L’acide citrique, pour rappel, c’est bien du citron ? Oui, c’est du citron. Même si un enfant s’amuse à lécher notre masque toute la journée, il n’y a aucun risque.

On voit que les mesures s’assouplissent de plus en plus et, bientôt, on pourra se passer du masque. Dès lors, quel sera l’avenir de votre entreprise ? Je mise beaucoup sur le masque virucide à destination du monde médical, qui consommera toujours énormément de masques.

Quelle clientèle visez-vous ? Les particuliers, les entreprises et les administrations. Les particuliers achètent nos masques sur internet depuis un peu partout en France. Les entreprises aiment aussi nos masques, car ils sont qualitatifs, et elles sont même fières d’acheter des produits fabriqués en France, même si cela coûte 2-3 centimes de plus. Les entreprises ne veulent plus acheter asiatique. Le seul acteur qui ne joue pas le jeu, c’est l’Administration.

Jean-Luc Doucet fabrique des masques localement et regrette les achats en Chine par les administrations.

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