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Portfolio
Io sto bene
Photos ANDRÉS LEJONA
21.962 Italiens vivent au Luxembourg. « Il y a 40 ans, on ne leur laissait pas la possibilité de louer une chambre. Aujourd’hui, ils donnent du travail à des dizaines de milliers de personnes », résume Donato Rotunno. Le réalisateur a voulu mettre à l’honneur ces hommes et ces femmes arrivés sans rien dans son long métrage Io sto bene (je vais bien), à découvrir dans les salles le 13 octobre 2021. À cette occasion, Paperjam consacre des portraits d’entrepreneurs issus de l’immigration italienne et bien implantés au Grand-Duché. Ils nous ouvrent les portes de leurs bureaux
PAUL ET MARC GIORGETTI Félix Giorgetti Difficile de se promener dans le pays sans croiser, affiché sur l’un ou l’autre chantier, le grand G jaune entouré de bleu qui fait le logo de l’entreprise Félix Giorgetti. Les ancêtres des deux frères et dirigeants actuels Paul (63 ans) et Marc (60 ans) avaient simplement quitté l’Italie pour trouver du travail. Aujourd’hui, l’entreprise en donne à plus de 1.500 personnes, du Luxembourg à Dubaï, et réalise 450 millions d’euros de chiffre d’affaires par an. Marc Giorgetti (en photo) a été élu décideur économique le plus influent au Paperjam Top 100 en 2016.
THIERRY FRANCESCHETTI Industeam Ce n’est pas au Luxembourg, mais en Moselle que les grands-parents de Thierry Franceschetti (51 ans) ont migré. L’un depuis l’Italie, l’autre de Pologne. C’est avec une vision naturellement internationale que leur descendant a choisi de fonder l’ensemblier industriel Industeam à Bettembourg. Avec, au départ, son père René comme associé (en arrière-plan). Déménager une usine, la construire… Avec des sites de Calais à Mulhouse jusqu’en Roumanie, il emploie 750 personnes et s’approche des 100 millions d’euros de chiffre d’affaires.
MAURIZIO RENNA Caffè Valentino « Valentino, c’est ma grandmère », raconte Maurizio Renna (57 ans). Elle a donné son nom à l’atelier de torréfaction familial niché à Lecce. Son petit-fils choisit le Luxembourg, où il rencontre sa femme, pour créer une filiale dédiée à la distribution de leur café en grains pour l’horeca dans le centre de l’Europe, Caffè Valentino Luxembourg. Responsable de 2,5 millions d’euros de chiffre d’affaires par an, surtout dans la Grande Région.
GIANNI PIETRANGELO Travel Pro American Express GBT Gianni Pietrangelo (58 ans) n’a pas fondé Travel Pro, mais la société BCD Travel Luxembourg, pour la vendre à un groupe hollandais et rejoindre la marque spécialisée en tourisme d’affaires du concurrent Sales-Lentz en 2014. CEO de 31 salariés, il est le premier Luxembourgeois de sa famille. « L’Italie, pour moi, c’était deux mois tous les ans. » Comme pour beaucoup de ses camarades avec qui il a grandi en section italienne à l’École européenne.
MARIO DI STEFANO DSM Avocats à la Cour 17 ans, 35 salariés. Le célèbre cabinet DSM Avocats à la Cour n’existerait pas si le père de Mario Di Stefano n’avait pas quitté l’Italie pour le Grand-Duché. L’homme de loi a d’ailleurs souhaité prendre la nationalité du pays, où vit encore toute une partie de sa famille.
ILARIO ET SIMONETTA MOSCONI Restaurant Mosconi Le couple apporte un peu d’Italie avec sa cuisine, étoilée. Le restaurant du Grund est leur deuxième bébé, après le Domus, à Esch-sur-Alzette. Avec un changement majeur dans le nouvel établissement né en 2000 : Ilario Mosconi (64 ans) prend possession de la cuisine. « La restauration n’était pas mon monde. Je m’y suis mise, et c’est devenu ma passion », admet sa femme, Simonetta (62 ans). Lui vient de Lombardie ; elle, des Marches. Le retour aux sources, c’est « au moins une fois par mois » pour rencontrer aussi bien la famille que les fournisseurs.
ROSARIO GRASSO Kleyr Grasso Le neuvième plus gros cabinet d’avocats luxembourgeois (80 employés) puise ses origines au Bel Paese… L’Italien Rosario Grasso (60 ans) en est le cofondateur. « Ma tante était l’une des premières femmes avocates en Sicile. Petit, elle m’emmenait avec elle au tribunal. Cela m’a toujours passionné. » Même s’il est né au Grand-Duché, il rejoint les terres de son père pour étudier le droit. « On attribue aux Italiens une certaine nonchalance. Je ne crois pas que ce soit vrai. »
NATHALIE MATIZ ET NICHOLAS BERAGHI Quattro Creative Deux associés, deux liens avec l’Italie. Nicholas Beraghi (38 ans) y est né et suit sa femme au Grand-Duché. Alors que les origines italiennes de Nathalie Matiz (43 ans) remontent à ses parents : sa mère vivait dans le sud du pays ; son père, au nord. Milan paraît donc un choix logique pour ses études graphiques. Elle travaille même trois ans et demi près de Venise avant de rentrer. La rencontre de ces deux créatifs mène à Quattro Creative, leur studio, qui se veut durable et emploie sept personnes.
DONATO ROTUNNO Tarantula Une « immigration économique forcée » amène ses parents au Grand-Duché en 1961. Donato Rotunno (55 ans) y cofondera Tarantula Luxembourg en 1995. Producteur, réalisateur… c’est un habitué des grands festivals internationaux, membre de jurys et de commissions. On se souvient de son long métrage Baby(a)lone et de ses deux premiers films sur la recherche d’identité d’immigrants italiens, Terra Mia, puis Terra Mia Terra Nostra. Tarantula a produit une quarantaine de longs métrages. « On a commencé par la grande porte, à Cannes. Le challenge a été de garder cette place. »