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Le culte marial
Texte : Corinne Daunar
Le culte marial à la Martinique, un intime collectif
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La Martinique se vit souvent comme la terre d’un catholicisme joyeux, populaire et partagé, dont les marques dans la société dépassent bien largement le seul cercle des croyants. Mais plus finement encore, c’est à Marie qu’une part belle de la dévotion locale s’adresse, Mère de Jésus et, par extension, de toute la communauté. Découverte d’une pratique intime collective !
À l’origine du culte, l’image tutélaire de la Vierge et l’influence des autorités
Ce que l’on nomme donc le culte marial recouvre la dévotion portée à Marie, la Notre-Dame ou Sainte Vierge dans la religion catholique. On la prie comme une Mère, et ce depuis des siècles, où les vitraux, les intérieurs d’églises, les sculptures lui rendent un hommage appuyé. Sa place dans l’Église s’est d’ailleurs précisée à mesure, notamment en 431, où le Concile d’Éphèse la consacre en tant que Mère de Jésus. L’Assomption, le rappel de Marie au Royaume des Cieux, s’institue à partir du VIè siècle en Orient. Un millénaire plus loin, au XIIIe, la France du Moyen-Age lui dédie nombre de chapelles, de cathédrales et de statues, où autant de bourgs et de communautés se glissent sous son saint patronage.
En Martinique, le culte de la Vierge se fixe publiquement à la consécration de la première église mariale de l’île en 1643 au creux de l’église Notre-Dame de l’Assomption, à Case-Pilote, une poignée d’années après l’arrivée officielle de Pierre Belain d’Esnambuc. Suivent, à mesure, les paroisses du Gros-Morne ou de Ducos, puis à travers les mornes, dans cet hommage à Marie. Les esclaves eux-mêmes, convertis par les colons et les autorités érigent parfois de petites chapelles mariales pour en abriter la ferveur.
Une pratique aussi intime que publique
Cette admiration ne se dément à travers siècle : à partir du XIXe, le culte passe aussi par l’objet, où les médaillons, icônes et textes sacrés donnent corps à la dévotion. C’est également le temps des apparitions miraculeuses à travers le monde, où ces .1
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récits hors norme croisent autant par nos latitudes. En parallèle de l’épopée politique de l’île et de ses inévitables soubresauts sociaux, la religion devient un outil puissant du maintien de l’unité collective et de l’ordre colonial. Aux prémices de l’abolition, le gouvernement maille le territoire de piété et de bâti de foi : deux évêchés se créent dès 1850 en Martinique et Guadeloupe, tandis que des fonds sont alloués à la construction de chapelles rurales mariales. Le diocèse est d’ailleurs consacré à Notre Dame de la Délivrande en 1851 par le premier Évêque de la Martinique, Monseigneur le Herpeur. Marie est définitivement la confidente, l’amie, la mère qui intercède auprès de Dieu accompagne le croyant avec empathie, bienveillance et amour.
Un culte fondateur et encore vivace
Le syncrétisme tient en Martinique un rôle majeur, où la piété, la superstition et le magico-religieux se lient parfois dans un ensemble de rites et réflexes qui se perdent dans la mémoire collective. Les représentations de la foi alimentent la pratique et agrémentent les grottes et oratoires d’une variété bigarrée de statuaires et autres émaux. Les lieux, eux, sont multiples, et de tout ordre, hérités de longs siècles de dévotion : les chapelles, plutôt conscrites, sont pensées pour amener l’autel au plus près des croyants, notamment lorsqu’il pouvait être ardu de se rendre à l’église. Qu’elles soient publiques ou privées, nombres d’entre elles en Martinique se dédient à Marie, et régulièrement lui demandent protection ou appui dans l’adversité, comme à la Vierge des Marins, à Sainte-Anne.