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PORTAIT D'ARTISTE
Texte et photos : Corine Tellier
Mais qui est CHARLY LESQUELIN en 2020 ?
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Un peintre poète ?
Charly Lesquelin
06 92 60 16 55 Boutik Port de Saint-Pierre
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« Mi devien de pli en pli imprévisible tellement mi joué kom ein marmay astèr ». La vie est mouvement comme le démontre l’itinéraire de Charly Lesquelin. La sagesse de l’âge patine son art d’une dimension intemporelle et spirituelle.
« Tu verras Charly, quand tu seras prêt, tu auras l’impression que ça commence ». L’artiste saint-pierrois comprend seulement aujourd’hui la teneur des paroles de ses maîtres chinois et thaïlandais. La lumière se lève chaque matin et la vie tient à sa prise de conscience : « mi dévore la vie, ma bésoin de peindre c’est ça la vie, lé vital pour mwoin ». Charly a une vraie technique au bout des doigts pour jouer, créer, s’épanouir dans son art, il éprouve le besoin de se réinventer sans cesse. Charly est un contemplatif, chaque instant est précieux et tout est prétexte à peindre, son pinceau s’envole et sublime la texture : « mwoin la acheté ban toils coton sir marché à Antsirabe mi adore travay desi, mi attrap a li dans la trame, i fo batay ek li ». C’est un véritable
parcours initiatique qui relie le premier coup de pinceau à l’œuvre terminée. « mi gein pa fèr ko sa mi vé, ti support la y donn a moin lé bon sémin ».
Il côtoie parfois en Asie de grands collectionneurs qui viennent admirer son travail jusqu’à La Réunion. Même s’il est heureux par tant de reconnaissances, il est aussi convaincu que le business fait partie du sacré et que les connexions doivent fonctionner pour que ses peintures trouvent des acquéreurs.
Charly ne s’attarde guère sur son parcours artistique : 12 ans à La Réunion puis une reconnaissance nationale avec un prix au carrousel du Louvre en 2008. Après 2012, des workshops tout autour du globe font voyager ses peintures. « En Asie, l’artiste est reçu comme un footballeur, la force artistique dans ces pays est comme du divin là-bas. Mon art a fait un bond incroyable ». Charly avoue ne pas avoir la fibre commerciale : « mi tomb amoureux tout ban
tablo mwoin lé en trin d’fèr, mi fait zamé un zafair qui ressemb à ein autre ».
Côté technique, il utilise la peinture à l’huile posée directement sur le tissu et s’il choisit une toile blanche, il travaille avec des jus d’encre : « j’ai appris cette technique avec mon maître moine bouddhiste dans le sud de la Thaïlande, c’est The master, son travail est exceptionnel ». Les tableaux en noir et blanc exposés il y a 2 ans au musée Léon Dierx rendent hommage à cet homme de cœur et de talent. Charly puise son inspiration dans ses racines et ses voyages, son parcours est atypique, il est curieux et admiratif du travail des autres artistes : « Mi aime le moun, mi ème peind tout l’ambianz dan somin, mi èm pa fé dentel ». Le lâcher-prise lui permet d’aller à l’essentiel.
« Quand le Covid est arrivé, j’avoue avoir eu peur. Je n’ai rien vendu pendant plusieurs semaines et j’ai même planté des choux d’chine pour me nourrir au cas où ». Au résultat, le confinement dans sa maison des Lianes a été source d’inspiration, ses peintures postées sur les réseaux sociaux ont connu un vif succès, les retours très positifs l’ont véritablement boosté.
Charly est parti à Madagascar quelques semaines avant la crise sanitaire. « J’ai gravé cette lumière si particulière qui régnait dans la grande île, chaque touche de couleur vient du cœur, je construis mieux, je suis plus en phase avec ma palette, je suis très jaune, oranger et vert en ce moment. Je peins pour moi ». Ces couleurs légèrement mordorées annoncentelles l’âge de la sagesse ?
Un artiste tout terrain « Ma technique picturale a évolué pendant un workshop en Thaïlande. Nos pinceaux étaient de mauvaise qualité, quand le mien s’est cassé, je l’ai retourné et j’ai continué à peindre avec le bout de bois ! Charly s’est aussi mis à l’Anglais pour partager son art, « hello my Friend ! ».