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SAGA DU MÉTISSAGE

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RECETTE

RECETTE

Texte : Corine Tellier Illustrations : Lithographies de Antoine Roussin.

LA RÉUNION DES POÈTES ET DES ARTISTES

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Leconte de Lisle, Célimène et Antoine Roussin bien que d’origine sociale et de culture différentes ont aimé, décrit, chanté et rêvé leur île avec passion et pour la postérité.

La muse de La Réunion : Marie-Monique Jans épouse Gaudieux dite Célimène (1807-1864)

Célimène est née à SaintPaul. C’est avec plaisir qu’elle se vantait être la petite-fille illégitime du poète Evariste de Parny. Fille d’une esclave affranchie, elle épouse Pierre Gaudieux en 1839. Ils font prospérer une auberge entre Saint Paul et l’Entre-Deux, Pierre répare les roues de chariots et Marie-Monique, surnommée Célimène, distrait les voyageurs au son de sa guitare en interprétant des textes de son invention sur des airs populaires à la mode. Bien que quasiment illettrée, en prose ou en vers, elle manie le verbe avec élégance. Ses talents lui valent l’admiration de tous. Muse, elle a inspiré de nombreux poètes comme

Jean Albany et a marqué son époque. Aujourd’hui elle est toujours une référence pour les artistes réunionnais. Chaque année est décerné, en son honneur, le prix Célimène qui récompense des femmes artistes dans le domaine de la peinture, de la sculpture ou de la photographie. La chanson Missié L. ou encore son autoportrait : « je suis cette vieille Célimène (…), cette infortunée créole qui n’a pas pu aller à l’école, légère en conversation, mais posée en actions, j’ai la tête pleine de vers et je les fais à tort et à travers » sont quasiment les seules traces de son œuvre.

1881 – Célimène, la Muse des Trois-Bassins

1875 – Antoine Roussin

1884 – Charles Leconte de Lisle né à Saint-Paul en 1820

Le lithographe inspiré : Antoine Louis Roussin (1819-1894)

Le jeune homme provençal, natif d’Avignon, s’engage dans l’armée coloniale ; il s’installe à La Réunion lors de sa dernière affectation en 1842 où il épouse une jeune créole. La découverte d’une presse lithographique marque le début de sa passion, il parcourt La Réunion et armé de ce média il y décrit tous les paysages avec fougue. Ses œuvres majeures Souvenirs de l’île Bourbon et surtout Album de La Réunion sont toujours aujourd’hui des références de l’histoire de l’île Le jeune Saint-Paulois vogue vers l’Hexagone à 18 ans pour étudier le droit. Il abandonne rapidement ses études pour se consacrer à la poésie. Des cours particuliers lui permettent de subvenir à ses besoins. Rapidement, ses écrits mêlent sa passion pour les mythes antiques aux nouvelles idées révolutionnaires. En 1852, il publie Poèmes antiques et se présente comme le chef de file d’un nouveau mouvement littéraire, le Parnasse, qui prône le retour aux sources antiques et la supériorité du beau sur l’utile en rejetant le lyrisme romantique. Un de ces derniers recueil Poèmes tragiques en 1884 affirmera son style ciselé, avec des vers réguliers soigneusement cadencés. Il influencera de au 19e siècle. De nombreux écrivains ont participé à la rédaction de l’ouvrage tel Louis Héry. Antoine Roussin participe ensuite à la création de la Société des Sciences et Arts de La Réunion en 1855. Imprimeur et journaliste, il devient professeur de dessin dans le lycée de Saint-Denis où il terminera sa carrière. Il pas

il publie Poèmes antiques et se présente comme le chef de file d’un nouveau mouvement littéraire

Le Prince des poètes : Charles Leconte de Lisle (1818-1894)

sera la fin de sa vie à Avignon. nombreux poètes tels que Sully Prudhomme ou Mallarmé. Outre la poésie, Leconte de Lisle écrit des récits en prose, des essais, des discours et des pièces de théâtre. En 1872, il devient bibliothécaire adjoint au Sénat, et en 1886, il prendra la succession de Victor Hugo à l’Académie française. Aujourd’hui, en flânant dans le cimetière marin de Saint-Paul, véritable hâvre de douceur et de sérénité où flotte l’esprit d’antan, arrêtez-vous devant la tombe de Leconte de Lisle, et prenez le temps de rêver aux mots du poète : « Pour le bonheur sans fin éveille un dieu nouveau ; et moi, moi, je grandis dans la splendeur des choses. Impérissablement jeune, innocent et beau ! »

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