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Bernadette Françoise, de la couture à la sculpture
Texte et photos : Corine Tellier Remerciements à Caroline Daparo. Bernadette Françoise
De la couture à la sculpture
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Bernadette fait de la nature l'étoffe de modèles uniques. Sous ses doigts experts, une nouvelle vie s’ouvre à ce qui était censé s’évanouir, comme une nouvelle manifestation, métamorphosée. Rencontre avec une artiste rare, véritable couturière du végétal.
Se promener dans l'atelier de Bernadette Françoise, c'est comme pénétrer les coulisses où s'élaborent en secret une seconde genèse, celle d’un monde fourmillant de potentialités qui n'attendent qu'à éclore. On mesure d'autant mieux notre chance quand l’artiste nous apprend que nous sommes parmi les très rares privilégiés à visiter ce lieu attenant à son habitation. On y croise des personnages qui prennent peu à peu vie tout droit sortis de son imaginaire et bien évidemment de la nature. Pas question pour autant de prélever quoi que ce soit sur le vivant lui-même. Au cours de ses balades dans l’île, l'artiste récupère ce dont la nature s'est défaite, le reçoit comme .1
un cadeau et le restitue sous une autre présentation. « J’ai du mal à m’appliquer une étiquette, révèle l’artiste : je préfère dire que je mets en forme des éléments de la nature. D’ailleurs les formes qui me servent de support sont inspirantes par elles-mêmes, car la nature est déjà une sacrée sculptrice ! ». Mais encore faut-il savoir où regarder : là où elle pose ses yeux…une création se profile déjà en puissance. Une inflorescence, une branche, des écorces, des feuillages, une noix de coco, du bois flotté… le champ des possibles s’ouvre sur son chemin de promenade et se précise sous ses mains expertes au sein de son atelier. Un premier sentier d’exploration : recréer du végétal à partir du végétal comme lorsqu’une branche ou une inflorescence devient une feuille comme par métamorphose. Les pistes ne manquent pas : à ses débuts, la créatrice s’attelait à l’art décoratif et façonnait miroirs en bois flotté, cache-pots ou lustres en palmier Paul et Virginie… Parmi les productions végétales, les personnages également, qui peuplent l’atelier comme autant d’âmes en devenir. Et quand ils prennent des allures de femmes coquettes, comment ne pas tomber sous le charme ? Tout est pensé pour qu’elles prennent corps avec un souci de l’anatomie poussé très loin, à renfort de végétaux dont la fibre de palmier. Les moindres détails sont soignés : le teint, le maquillage, les bijoux (parfois des graines de filaos), robes et corsages dignes de « la haute-couture végétale », pour reprendre l'éloge de quelqu’un qui connaît très bien Bernadette, puisque c’est ensemble qu’elles ont forgé une exposition, Femmes des Mascareignes. Lorsque Brigitte Ponchel, curieuse de tout ce qui nourrit le monde de l’art, croise le chemin de la sculptrice du végétal, elle repère « une artiste de talent qui féminise le végétal pour une exhumation du corps à travers les plantes » et lui souffle l’idée. Loin d’être gagné d’avance pour celle qui n’a pas l’habitude de soumettre ses œuvres au regard du grand nombre ; mais l’idée germe. Une nouvelle façon pour Bernadette de rendre hommage à sa terre d’adoption, puisqu’elle réside à La Réunion depuis une trentaine d’années. Originaire d'Orange, elle a suivi pendant deux ans les cours des BeauxArts d’Avignon et fut pendant quelque temps couturière, élaborant des pièces de vêtements, mais reste en très grande partie autodidacte, avec pour plus grande enseignante, la nature. Bernadette qui aime fabriquer de ses mains n’a pas fini de coudre la trame de nos enchantements. Plus de renseignements sur le site :