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De la maison Manès au Musée Léon Dierx

Texte : Corine Tellier / Carpe Diem Images d’archives : Musée Léon Dierx

L'actuel Musée Léon Dierx a connu plusieurs vies avant de s’imposer dans le paysage urbain et mémoriel comme l’endroit qui abrite de magnifiques pépites artistiques. Retour sur l’histoire mouvementée de ce lieu remarquable.

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Antoine Louis Roussin, L'Évêché, vers 1860. lithographie. Coll. Musée Léon Dierx Henri Georgi, Façade de la maison de l'Evêché, vers 1887, photographie. Coll. musée Léon Dierx, don Jean-François Hibon de Frohen,

Elle est passée du domaine privé au public au gré des changements de propriétaires, a traversé les époques et continue d’écrire l’histoire désormais sous le sceau de l’art. Une constante parmi ces péripéties : un édifice qui fait l’angle des rues de Paris et Sainte-Marie et a été et reste une des plus jolies curiosités architecturales parmi les nombreuses demeures d’exception qui s’étalent des deux côtés de l’axe historique de Saint-Denis. Son histoire remonte au mi-temps du XIXème siècle, durant les fastes de la Colonie. Elle est conçue pour accueillir Gustave Manès, l’un des représentants de la colonie auprès de l’Assemblée nationale. Le notable est aussi propriétaire d’une sucrerie à Sainte-Marie et a été maire de Saint-Denis. Entre 1843 et 1846, Manès fait appel à deux architectes qui s’avèrent être deux frères, Félix et Joseph Fraixe, pour leur commander de bâtir une demeure s’inspirant des maisons du XVIIIe siècle alors de nouveau en vogue. Les Fraixe disposent d’une belle parcelle, de 2400 m2, pour y installer une bâtisse composée d’une façade en pierre accolée à un corps de bâtiment principal en bois, un mariage de matières peu habituel. L’habitation de Manès est complétée par des dépendances accessibles depuis un porche donnant sur la rue Sainte-Marie. Les lithographies nous indiquent une autre caractéristique qui a dû faire son effet, l’enceinte formée par un épais mur et un portail a de quoi faire réfléchir d’éventuels intrus et en imposer aux passants. Un sentiment d’admiration nous étreint, encore maintenant, à la vue de la façade, vrai chef-d’œuvre qui ne lésine pas sur les armes de séduction massive : un portique avancé soutenu par quatre colonnes surmontées de chapiteaux

Manifestation dans la cour arrière du musée, vers 1980. Coll. musée Léon Dierx.

Le musée Léon Dierx, vers 1935. Coll. musée Léon Dierx, don Jean-François Hibon de Frohen Jean Colbe, le nouveau musée Léon Dierx, vers 1965. Coll. musée Léon Dierx

ioniques et coiffé par une balustrade rythmée par une succession de vases Médicis. En 1855, Gustave Manès vend sa maison qui sera cédée cinq ans plus tard à la Colonie suite au départ hors département du nouveau propriétaire. Elle est en 1860 le siège de l’Evêché et durant cinquante ans, jusqu’en 1911.

Un an après, changement notable : par la suite de la loi de Séparation de l’Eglise et de l’Etat, le bâtiment est affecté désormais au tout nouveau musée d’art et d’histoire de La Réunion : le Musée Léon Dierx. Il faudra attendre le milieu du XXème siècle pour voir une transformation radicale : le mauvais état du bâtiment oblige le Conseil Général, nouvelle entité en charge du Musée, à démolir la vieille maison Manès, portique compris. En 1959, les élus confient le projet d’un nouvel édifice au cabinet de Jean Hébrard et Daniel de Monfreid, qui lancent les travaux en 1963. Les architectes respectent l’implantation au sol de l’ancienne maison mais remplacent cette dernière par un édifice moderne en béton doté de claustras sur les côtés et d’un auvent arrondi à l’arrière. On est loin de l’architecture traditionnelle même si la façade ancienne est reconstruite à l’identique. A l’intérieur, une grande salle centrale dessert quatre galeries périphériques, le tout étant baigné d’une lumière zénithale provenant de puits de lumière en toiture. Le Musée Léon Dierx nouvelle mouture est inauguré le 18 mars 1965 avant d’être agrandi en 1970.

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