Observations des influences des interpretations humaines sur la quotidienneté de l‘architecture
ENSA Montpellier 2015 - 2016 Rapport d´études I María Laura Sánchez I Encadré par L. Viala
0 Sommaire 1 2 3 4 5 6 7 8 9
Avant Propos Introduction Création des espaces Compréhension et appréhension des espaces Usage et besoin des espaces Urbanité, lecture commune Conclusion CV Chronologie Bibliographie
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Photo de couverture: Centre Comercial „Lido“ à Caracas, Venezuela. Source personelle.
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Avant Propos
L’architecture est humaine. L’Homme est animal social et rationnel. Il a besoin d’abri comme de la nourriture. Mais il est au-dessus des nécessités physiques. Il a de la sensibilité, il a une conception esthétique de la vie. Ceci est un essai pour comprendre l’humain dans l’architecture, la relation réciproque et nécessaire des Hommes avec l’architecture. Ce Rapport d’études est écrit principalement en français. Des textes dans ma langue maternelle, l’espagnol et en anglais sont inclus, puisque mon expérience de l’architecture s’est développée elle aussi en plusieurs contextes et dans plusieurs langues.
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1 Introduction Mon rapport à l’architecture s’est construit même avant ces trois dernières années déroulées à l’école d’architecture de Montpellier et à la Technische Universität de Munich. J’ai suivi mes premiers cours de Géométrie Descriptive et Théorie de l’urbanisme à l’Université Simón Bolívar à Caracas, où j’ai étudié Urbanisme pendant deux ans avant poursuivre mes études en Europe. L’urbanisme m’attirait comme filière d’études par son lien à la structure de la société et son espace construit. Dans ce sens, je comprenais déjà l’importance de l’architecture dans le processus urbain, mais pas nécessairement son rôle ou l’attitude qu’elle devait avoir envers les habitants. Le choix du changement de domaine d’études a été influencé par le besoin de comprendre dans un rapport plus proche, l’interaction entre les éléments : les éléments construits entre eux, la relation des usagers aux espaces publiques et intimes, comment faire un espace agréablement habitable, en allant de l’échelle du privé à celle du public. L’architecture est le reflet d’une époque et d’une société. Elle matérialise le comportement des habitants, puisqu’elle conçoit les espaces où ils font vie, auxquels ils sont quotidiennement confrontés. Elle est encadrée par un ensemble de normes qui définissent la société et unissent les habitants, mais elle est capable de s’adapter aux cas plus particuliers et avoir une réponse adéquate. Les hommes jouent un rôle important aussi dans l’adaptation de l’architecture aux besoins personnels, ils l’interprètent. Selon l’architecte chilien Alejandro Aravena, « le progrès ou l’avancement de l’architecture n’est pas une fin en elle-même, mais un moyen d’amélioration de la qualité de vie des gens » (notre traduction)1. Il met en avant la responsabilité que l’architecture a avec l’être humain, son caractère d’outil de transformation, amélioration et développement des modes de vie, et leurs qualités. Aravena explique dans son introduction pour la Biennale d’architecture de Venice 2016, que considérant le toujours très grand rayon des modes de vie, qui varie des besoins physiques les plus élémentaires jusqu’aux dimensions les plus intangibles de la condition humaine, l’architecture doit répondre à plusieurs et diverses demandes et besoins: garantir de principes de vie très concrets et réalistes, donner efficacement un abri aux activités quotidiennes, comme interpréter et accomplir des désirs humains plus élevées.
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„The societal function of architecture is thus to order and adapt society via the continuos provision and innovation of the built environment as a system of frames. Framing is a necessary precondition of all direct, interactive communication.“2 Comprendre ce qui est l’architecture, pour qui et pourquoi elle est faite, ainsi que le comportement de l’homme en société et dans ses espaces et relations d’intimité, ont été quelques unes des principales questions dans ma réflexion pendant ces trois dernières années d’études. C’est en observant attentivement le quotidien, en essayant de le coder grâce aux outils acquis pendant les études en architecture, que je suis venue à la certitude que l’on développe des conceptions architecturales en fonction directe de nos besoins d’organisation comme ensemble, de développement d’espaces de rencontre, de travail, de vie et de commerce. Espaces qui comme les hommes, ont leur propre personnalité ; tout espace est un reflet de ceux qui y font lieu, les hommes. Dans les pages qui suivent j’essaie de décoder cette relation qui me semble presque nécessairement biologique entre l’homme et l’architecture. J’essaie de faire ressortir et comprendre les aspects les plus humains de nos pratiques architecturales ; le pouvoir des différences culturelles dans la modélisation d’une architecture ou dans la variation des éléments établis comme norme au niveau international. Structuré en quatre parties, ce rapport d’études propose une analyse dans un premier temps de la matérialité et l’abstraction dans la construction des espaces architecturaux, suivit dans un deuxième temps par l’interprétation faite par l’Homme des espaces physiquement établis dans des domaines publics et privés, ce qui amène dans la suite à l’interrogation sur la réutilisation des espaces. Le comment et pourquoi ils se transforment, pour enfin donner ma vision de l’espace urbain, tissu d’expression des rencontres et des différences de la société.
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ARAVENA, 2016, Introduction pour la Bienale d‘architecture.
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SCHUMACHER, 2011, p. 364
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„Im Zentrum von Fedora, einer Metropole aus grauem Stein, steht ein Palast aus Metall mit einer gläsernen Kugel in jedem Raum. Schaut man in die Kugeln hinein, erblickt man in jeder eine blaue Stadt, die das Modell eines anderen Fedora darstellt. Es sind die Formen, welche die Stadt hätte annehmen können, wenn sie aus dem einen oder anderen Grund nicht so geworden wäre, wie wir sie heute sehen. In jeder Epoche hatte sich jemand beim Anblick Fedoras, wie es gerade war, vorgestellt, wie man eine ideale Stadt daraus machen könnte, doch während er noch sein Miniaturmodell baute, war Fedora schon nicht mehr dieselbe Stadt wie zuvor, und was bis gestern noch eine mögliche Zukunft für sie hätte sein können, war inzwischen nur noch ein Spielzeug in einer gläsernen Kugel. „3 3
CALVINO, 2007, p. 39.
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2 Création des espaces 2.1 Espace construit : les matériaux dans la genèse des espaces 2.2 Des espaces non construits mais existants
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Photo personnelle
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2.1 Espace construit : les matériaux dans la genèse des espaces Matérialité et sa relation avec l’homme
C’est pendant le cours Architecture and Society dans mon université d’accueil à Munich, que l’on a eu un temps de réflexion sur des aspects de l’architecture qui semblent être uniquement techniques, mais que l’on analysé d’un point de vue sociologique. Cela a été le cas des matériaux et du processus de construction. Les espaces sont, avant toute analyse interprétative, des structures physiques : des matériaux, choisis et travaillés, assemblés pour donner forme à des éléments construits qui définissent une structure. Cette dimension « brute » du matériau est assez souvent passée inaperçue par les habitants, ou les usagers, puisqu’elle est surtout appréciable dans des étapes de construction. Elle est pour autant primordiale dans la lecture technique de l’espace, et implique une force de travail humain toujours considérable - on est dans le chemin mais pas encore au point de la mécanisation totale des processus dans la construction, ainsi que dans les étapes préalables, en ce qui concerne la transformation des matériaux.
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Il y a des rappels à la nature du matériau quand sa performance n’est plus optimale, par exemple, aux moments des fissures externes, de la croissance de végétation dans des coins ou joints non correctement résolus. Les matériaux sont, dans un sens large, des compositions de divers éléments qui ont subit des processus de transformations et qui répondent à des contextes sociaux et historiques précis. Dans le texte sur la matérialité des villes „Vital urban materiality and its multiple absences: the building stone of central Manchester„ écrit par le Dr. Tim Edensor, professeur dans l’université métropolitaine de Manchester, dans le département des sciences et de l’environnement, quelques processus que les matériaux subissent pour leur adaptation aux exigences de la construction sont rappelés: „Before and after its incorporation into a structure, stone undergoes numerous transformations: during its geological and geomorphological formation and recomposition, through its removal from a place by quarrying, by its conversion into a utilitarian entity by stonemasons and subsequent incorporation as constituent in a built assemblage, as it is
eroded by human, organic, chemical and climatic agencies, and when this leads to its replacement, restoration or insertion into a different building.“4
provoked by an affective and sensual encounter with materiality that promotes empathy with other times, people, events and non-humans agents.“5
En travaillant in situ dans le développement d’un projet de renouvellement des façades d’un atelier d’artiste, ce rapport à la matérialité a été très présent, le choix du matériau étant le point central dans la réflexion du projet. Pour l’artiste, les matériaux avaient des qualités même après être considérés comme usés: voulant privilégier des choix des matériaux écologiques, la récupération a été considérée.
Les espaces au moment de leur construction, quand les fonctions ne sont pas clairement visibles, sont des assemblages de matériaux qui créent des formes. Dès que les fonctions deviendront plus évidentes, avec le travail du détail de la forme, les espaces seront plus lisibles et interprétables par les usagers. Par exemple, une fenêtre commence par être un simple espace vide dans un mur. Ceux qui sont familiarisés avec les étapes de la construction savent que cela sera fenêtre.
Pour la façade principale de l’atelier, des volets récupérés d’un ancien bâtiment détruit dans la région, feront partie des matériaux principaux dans la future exécution. Prendre en compte l’histoire du matériau, suivre ses pas jusqu’au projet en développement, est une approche assez sensorielle aux technicismes de l’architecture, qui rappelle le besoin du rapprochement de l’architecture aux gens. „Such an attunement requires historical research and knowledge but is also
La fenêtre se constitue quand les éléments techniques viennent en place pour permettre des fonctions basiques comme l’ouverture et la fermeture, ou l’abri aux éléments extérieurs à travers une vitre. L’ouverture dans le mur était un simple lien avec l’extérieur, une entrée de lumière. L’ajout des technicités facilite la lecture de l’objet, puisque c’est ainsi qu’on le reconnaît. Dès que la fenêtre est comprise en tant que telle, elle indue une certaine atmosphère, elle permet la projection de la possibilité de l’ouvrir et avoir de l’air frais, et de justement avoir le pouvoir de l’ouvrir
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ou la laisser fermée: l’objet man“, comme définit par est capable de donner des développer des espaces
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EDENSOR, 2012, p. 449.
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Ibid., p. 450.
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„non-huEdensor, clés pour humains.
Design des pavés dans des zones publics, irrégularité du matériau, Lisbonne
Photo personnelle
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Croquis du projet d’une façade en bois pour un atelier d’artiste, Perpignan
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Dessin personnel
Dessin de façade en bois recupéré des volets. Atelier d’un artiste, Perpignan
Dessin personnel
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2.2 Des espaces non construits mais existants
L’adaptation est une caractéristique inhérente à l’Homme, intuitive par nature. Il est conscient de ses besoins, des activités qu’il veut poursuivre, et il fait ou „construit“ ce qu’il lui faut pour avoir un espace où les amener au bout en y étant confortable. Il est un architecte sans le savoir. Mais justement par sa méconnaissance de la science et du savoir-faire architectural, il n’est pas architecte, mais un animal social, raisonnable, qui résout les situations intuitivement, en ce qui concerne la conception, la jonction des besoins, des qualités, des ambiances désirées. Les enfants sont connus pour construire avec leurs draps et jouets, des forteresses en s’appuyant de leur lit dans leur chambre. Ils sont loin des prouesses techniques de leur temps pour aboutir à ce désir de protection, isolation, espace propre; ils cherchent simplement à créer un espace réel où ces désirs aient lieu, à décoder les ressentis abstraits et les rendre visuels, tactiles. Ils définissent un espace avec une simple toile, qui est poreuse aux éléments extérieurs comme la lumière, le son, l’air, mais qui représente une limite assez marquée, la volonté d’une « protection ».
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Ce pourrait être également le cas des personnes qui s’assoient dans les grands espaces verts, au milieu de la ville. Quand ils traversent l’espace simplement pour aller d’un endroit à l’autre, cet espace est compris différemment: c’est le jardin d’un bâtiment, le parc du quartier. Au contraire, lorsque la personne décide d’y rester, de s’asseoir, elle le fait avec une intention, se détendre, être avec des amis, manger, dormir. Elle cherche un espace pour une activité particulière. Cet espace vert devient parc, une salle à manger, un lieu de repos. Tout en gardant ses caractéristiques qui le définissent, la personne se l’approprie et crée son propre espace. Il s’agit d’un espace qui a besoin de très peu pour être défini: un livre, des autres personnes assises autour de soi, ou rien de matériel: le simple fait d’y être et le pratiquer autrement que comme endroit de passage. Dans le livre Reading the City, Maxiliam Hartmuth écrit sur l’histoire, l’identité et l’espace urbain. Il reprend le concept des lieux de mémoire définis par Pierre Nora. Il les définit alors comme des espaces qui n’ont pas besoin d’un établissement physique : ils peuvent exister dans la géographie de la ville mais aussi que dans la mémoire collective des habitants. Ces espaces ne sont pas obligés d’être symboles de moments historiques importants, ils doivent par contre avoir une signification bien comprise dans le collectif.
„They can be, but they are not necessarily, urban sites with a certain place in a city’s memory or history. Rather, Pierre Nora’s lieux de mémoire are sites where collective memories are deposited. (…) Therefor, they can be a geographical place, a building, a street, but also a person, a document, or an event. What matters is that they are understood as significant in a collective’s memory. (…) Monuments and statues are built with the ambition to be (or to impose) lieux de mémoire, but they don’t necessarily become such.“6
Les villes sont associées à des comportements du collectif, la société impose des traditions qui se matérialisent dans l’espace urbain. À Caracas, l’absence de normes dans l’espace public est si généralisée que des visiteurs pourraient croire qu’il s’agit d’une situation normalisée. Les trottoirs sont quotidiennement investis par des commerçants qui s’y installent illégalement créant une atmosphère et une image qui se généralise grâce à la répétition, à la quotidienneté.galement créant une atmosphère et une image qui se généralise grâce à la répétition, à la quotidienneté.
Des espaces se créent et disparaissent suivant les rythmes des gens et du temps: dans les rues principales des quartiers d’habitations, des kiosques de vente de la nourriture traditionnelle, préparée sur place, sont installés pour des raisons commerciales et d’accessibilité à un plus grand nombre des gens, dans la plupart des cas dans les intersections. Les habitants sont donc habitués à ces pratiques et ils savent que ces espaces, ces intersections de rues, ces recoins, sont susceptibles d’être utilisés par ces vendeurs. Ce sont des habitudes de vie qui sont présentent dans l’idée même des rues, et dans les trajets quotidiens.
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HEROLD, 2010, p. 16 et 17.
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Espaces verts devant un musĂŠe, Munich
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Photo personnelle
Trottoir avec des vendeurs „buhoneros“, Caracas
Photo: Amanda Sánchez
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3 Compréhension et appréhension des espaces
3.1 Espaces publiques : appréhender l’espace selon des besoins individuelles 3.2 Subjectivité dans l’appropriation et l’aménagement des espaces personnels
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Photo personnelle
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Les études d’architecture m’ont apporté une sensibilité pour regarder l’environnement, construit ou naturel, et m’ont permis de le questionner. Mettre en questionnement la raison d’être des plus simples artefacts urbains et les divers liens qu’on pourrait avoir avec eux, des manières de les utiliser en fonction des situations. Dans l’espace public, le client est la société : un groupe défini dans des dimensions politiques, culturelles, économiques, et dans un territoire délimité. Pourtant la conception de cet espace va répondre à des idées génériques, supposées être les plus adaptées au groupe. Malgré la configuration générale de l’espace et les éléments précis mis en place, chaque individu apporte sa perception personnelle. Ce qu’il trouve devant lui dans la ville, sur son chemin et l’espace peut être alors utilisé de manière totalement différente à celle prévue. La ville est pour quelques gens simplement une couche plus externe de chez eux, en conséquence, ils sentent un droit tacite à la ville, à sa lecture personnelle, toute en respectant les normes.
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3.1 Espaces publiques: appréhender l‘espace selon des besoins individuelles En prenant trois exemples d’éléments fabricants des espaces publics dans des villes, des escaliers, des pistes cyclables et des routes, un principe de personnalisation dans l’appréhension de l’espace déjà codifié sera cherché, dans le but de comprendre comment ces éléments, ayant utilisations assez strictes, peuvent se flexibiliser et donner lieu à des nouveaux modes d’expérimentation. Marches d’escaliers Un escalier peut être simplement un élément qui relie en vertical deux espaces différenciés par sa hauteur. Il exprime cette fonctionnalité au moment où quelqu’un s’en sert pour monter ou descendre. Que se passe-t-il quand quelqu’un s’y assoit et reste? De par sa disposition dans l’espace et ses dimensions, il est également possible de faire des marches d’escalier un espace où rester, dépassant ainsi sa fonction de connexion qui oblige à observer l’élément dans son ensemble, et permet donc de l’exprimer par chacun de ses parties constitutives: chaque marche est un espace, qu’il soit de repos ou d’attente.
Sur l’image on voit un escalier composé par deux types de marches : les unes à hauteur réglementaire pour monter et descendre, les autres prenant une sur deux les marches précédentes. Sur les hautes marches – la hauteur étant plus agréable pour une position assise -, les gens ont tendance à se poser. Au contraire, il est visible sur l’image que les marches qui privilégient ergonomiquement l’ascension ou la descente, sont utilisées dans leur codification d’escalier comme élément de connexion. Ceci souligne que l’importance des détails architecturaux et des choix des dispositions des éléments et leurs dimensions influencent les comportements des usagers dans ceux si. Pistes cyclables L’expérience de l’ailleurs, de vivre dans des pays étrangers avec des configurations sociales et techniques tellement différentes à la mienne, m’a permis de me rendre compte des spécificités des éléments architecturaux urbains quotidiens, qui sont inscrits dans une compréhension de la ville qui n’est pas évidente pour tous. Ceci est une preuve que l’architecture, dans différentes échelles, est comprise – ou non – en fonction des traditions culturelles. Elle se développe en structurant les modes de vie des sociétés.
Les pistes cyclables sont, à mon avis, un bon exemple du lien entre le fonctionnement d’une société, et les éléments mis en place pour matérialiser sa structure. Ce sont des composants de la ville qui existent que dans les sociétés où ils sont clairement introduits et acceptés. Elles sont inscrites dans un code de fonctionnement de la société où elles sont mises en place. Ces chemins sont inclus dans le profil des voies, souvent seulement différentiés de la rue ou du trottoir par sa matérialité. Elles ont tendance à avoir un lien plus proche avec les espaces des piétons qu’avec ceux des voitures. Il s’agit d’un espace qui est mis en pratique et en évidence seulement lorsque des cyclistes s’en servent. Le cas échéant, il n’y a aucune raison évidente pour que les piétons ne s’approprient pas également de cet espace. Des personnes venant d’un contexte social différent, où cette pratique n’existe pas, ne comprendront pas cette codification de l’espace, probablement jusqu’à-ce que la piste cyclable exprime sa fonction : un espace pour la circulation des usagers en vélos.
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Les routes : seulement pour les transports ? Ce qui est pour beaucoup rien qu’un espace de mobilité, assez hostile pour y être autrement que dans un moyen de transport, est dans mon pays aussi une opportunité de commerce, et parfois de survie. Au Venezuela il est très fréquent que la circulation soit perturbée sur les routes nationales. Elles ne sont plus un espace seulement dédié aux voitures : des gens profitent pour s’y placer et demander des aides économiques aux voyageurs. Ceci est une réponse à de grands besoins économiques de certaines communautés qui se sont installées – légalement mais surtout illégalement - aux bords des routes pour des facilités de transports et de communication avec les villages. Ce manque dans la société a mené à la modification des usages techniquement accepté d’un élément architectural qui appartient à l’espace urbain: les routes.
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Autoroute nationale, Venezuela
Photo personnelle
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Des cyclistes mettent en ĂŠvidence une fonction ĂŠtablie par des normes de la ville, les pistes cyclables, Munich
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Photo personnelle
Marches d‘escalier, Barcelone
Photo personnelle
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3.2 Subjectivité dans l’appropriation et l’aménagement des espaces personnels Les espaces personnels, à la différence des espaces urbains, ont des utilisateurs bien définis, des habitants. Pourtant, les interprétations des espaces peuvent être très variables en fonction des besoins changeants des personnes. En développant un projet d’études à Munich, centré sur l’extension des immeubles existants par leurs axes de circulation, on est arrivé au détail dans le dessin des façades et des espaces intérieurs. En faisant ceci, on a pu constater l’influence dans les atmosphères, des éléments personnels comme des meubles, tout autant que des éléments concrètement architecturaux auxquels on a l’habitude. La représentation des espaces intérieurs de ces projets s’est faite à partir des photos des maquettes à l’échelle 1/20, qui laissaient voir les atmosphères voulues pour chaque espace. Pendant la construction des maquettes, la différence entre les espaces vides et aménagés a été singulière. Ce projet a été une opportunité pour expérimenter une nouvelle façon d’interaction avec l’espace conçu: le travail manuel a pris une importance plus grande sur la conception limité par les logiciels. Cette relation personnelle avec l’espace est constatable à l’échelle 1/1 : dans
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conception limité par les logiciels. Cette relation personnelle avec l’espace est constatable à l’échelle 1/1: dans un suivi de chantier, en regardant tout le développement de la construction des espaces, jusqu’au moment où ils sont prêts pour être rendus au client, et même ensuite, quand ils emménagent et donnent rapidement à cet espace leur personnalité. Un objet, qui peut devenir image de la fonction d’un espace, peut aussi être lu différemment dépendant du contexte où il est mis: un sofa sert à accueillir des gens, à s’asseoir ensemble, lire, se détendre sans être au lit, faire une sieste. Mais la lecture de l’objet change avec l’atmosphère et la configuration de l’espace: un sofa au milieu d’une salle de musée ou dans une salle d’attente a une signification adaptée à la condition de l’espace, dans ce cas, plus publique. Dans la littérature latino-américaine, cette relation presque sentimentale avec les espaces personnels est représentée dans le conte de Julio Cortázar, Casa tomada comme des espaces capables de garder l’histoire de plusieurs générations et être importants pour la mémoire de ceux qui y habitent encore. Dans le texte, une description de la maison est faite à partir des souvenirs de l’habitant, qui reconstruit de manière assez détaillée, la configuration de l’espace.
„Nos gustaba la casa porque aparte de espaciosa y antigua (hoy que las casas antiguas sucumben a la más ventajosa liquidación de sus materiales) guardaba los recuerdos de nuestros bisabuelos, el abuelo paterno, nuestros padres y toda la infancia (…). Cómo no acordarme de la distribución de la casa. El comedor, una sala con gobelinos, la biblioteca y tres dormitorios grandes quedaban en la parte más retirada, la que mira hacia Rodríguez Peña. Solamente un pasillo con su maciza puerta de roble aislaba esa parte de lala delantera donde había un baño, la cocina (…).“7
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CORTÁZAR, 1951b, p. 1.
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Photo de maquette de détail de façade au 1/20. Projet développé à la TU Munich, Studio Hild
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Photo personnelle
Photo de maquette d’intérieur au 1/20. Projet développé à la TU Munich, Studio Hild
Photo personnelle
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Usage et besoin des espaces
4.1
Des besoins qui incitent la crĂŠation des espaces
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Photo personnelle
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„Houses become old and ugly, like we do, (and occasionally wise as well), They get lines and wrinkles. And bear scars on their faces. Some are loveable, Others rather repulsive.“ 8 8
WENDERS, dans PÄLMKE, 2013, s.p.
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„The façade is the representative side of a building, lending it its character. The most expressive sides of building, however, are not always those originally planned as façades. (…) Viewing these “other walls” as facades is all the more fascinating when one considers the façade of a house to be its face (lat. Facies).“9 Les espaces, aussi bien construits qu’abstraits, ont un cycle de vie, d’utilisation et de maintenance. Ce cycle peut être dans certains niveaux comparables à celui de l’Homme: une première étape, l’enfance, qui serait liée au moment de la construction, de l’assemblage des éléments qui vont donner place à l’espace; en deuxième, l’âge adulte, lié à l’indépendance et développement des caractères propres des espaces; et en dernier, la vieillesse, la fin de l’utilisation de l’espace: que ce soit pour des raisons structurelles ou de changements de programme. Chez les Hommes, l’enfance est un moment de formation, d’attention de part des générations précédentes pour assurer un correct développement de l’enfant qui deviendra un adulte. Les éléments architecturaux sont dans cette étape plutôt des éléments qui ont des qualités en tant qu’objets isolés, ils comptent avec
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leur propre matérialité, leur dimension et rigidité. On parle des quantités de béton, des éléments en bois qui suivront un système de montage pour en suite donner forme à la structure planifiée. Dans cette étape, l’aide des dessins techniques joue le rôle des adultes qui guident les enfants. Les dessins donnent les lignes guides pour la conception du bâti. C’est dans l’étape suivante que les éléments constitutifs fusionneront et ne seront plus visibles par leurs propriétés individuelles, mais d’avantage par les ambiances et atmosphères qu’ils vont transmettre comme un ensemble. Dans la suite se trouve l’âge adulte, le moment d’indépendance de la personne. Elle a développé une personnalité, un caractère qui l’identifie. C’est le cas des espaces définis et des bâtiments construits qui ont développé des atmosphères propres. Ils invitent à la réalisation de certaines activités, ils accueillent. Autant pour les Hommes que les espaces, la vie (le temps), est une courbe en décroissance. Il y a un extremum où tous les potentiels sont développés, tous les objectifs sont aboutis -, et une conclusion. La personne n’a plus les mêmes capacités, elle devient de nouveau dépendante. De la même manière peut
arriver un espace au bout; ses ambiances expirent, ses habitants ou pratiquants n’y trouvent plus les qualités initiales. L’espace, par contre va perdurer, probablement vide, inutilisé, jusqu’à ce que les gens le métamorphosent, jusqu´à ce qu´ils y trouvent de nouvelles qualités. Ou bien jusqu’à ce que sa structure ne soit plus viable. Un exemple d’espaces qui se métamorphosent en usage mais gardent sa structure centrale est la High Line à New York. Il s’agit des voies ferrées qui étaient établies dans les années 30 comme un moyen de transport commercial. Elles ont développé ces fonctions pendant environ cinquante ans. Le dernier train a fait son trajet en 1980. Et depuis la question était de les démolir puisqu’elles n’étaient plus utilisées. C’était l’idée des voisins, de proposer un nouvel usage pour cet espace, en gardant sa structure qui était encore fonctionnelle.10 L’architecture doit être en harmonie avec les changements de la société. Surtout quand ils ont une influence directe sur les programmes des projets. C’était le devoir des architectes paysagères James Corner Field Operations, des architectes Diller Scofidio + Renfro et des designeurs des jardins Piet Oudolf, de mettre en place des transformations dans l’espace pour lui donner une nouvelle atmosphère, tout en gardant la mémoire de ce qu’il représentait avant.
4.1 Des besoins qui incitent la création des espaces „Me es amargo entrar en un ámbito donde alguien que vive bellamente lo ha dispuesto todo como una reiteración visible de su alma. (…)“11 Les espaces d’habitation sont en permanente transformation. Ils accueillent des familles et leur quotidienneté; ils deviennent une fenêtre des habitudes et des modes de vie de ses habitants. Chaque espace a été conçu pour les activités que les membres de la famille font. Considérant le dynamisme de l’Homme, il est facile d’imaginer que les usagers aient besoin, ou veulent, des changements assez fréquemment dans leurs espaces après leur conception. Des changements dans le fonctionnement même de la famille peuvent demander des modifications de l’espace. L’agrandissement de la famille, ou la séparation des membres: des nouveaux enfants, des enfants qui quittent le foyer. Comme également des nouvelles activités du quotidien: un nouvel emploi qui mérite du travail depuis la maison. Comment ces transformations peuvent-elles avoir lieu sans une modification si importante de l’organisation des espaces? La clé est dans ce qui définit l’espace: il peut s’agir simplement de
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l’aménagement des objets, ou de la disposition des éléments construits. Il faut donc définir cela et prendre des décisions: le partage d’un espace pour différentes fonctions, à différents moments de la journée, suffit-t-il pour considérer que le manque d’un espace est résolu? Par exemple, la cuisine comme bureau quand elle n’est pas utilisée en tant que telle; un bureau dans une chambre créet-il un espace pour le travail, l’étude, la lecture?; ou est-ce que l’espace qui était en principe conçu pour une chambre peut devenir salle de jeu?
d’améliorer leur qualité de vie dans le future. Le system constructif est mis en place, ainsi que les espaces principaux des logements qui seraient compliqués à construire sans l’aide des professionnels.12 „If you can´t do everything, focus on: A. What is more difficult B. What cannot be done individually C. What will guarantee the common good in the future“13
Au Chili, un autre principe a été instauré concernant la question de l’appropriation de l’espace dans des projets de logements sociaux, où la standardisation a tendance à généraliser les modes de vie, et baisser la qualité des logements dans l’idée de pouvoir mener à bout les projets. Le bureau Elemental, dirigé par l’architecte Alejandro Aravena, a créé un système qui fait face à la situation de manque de ressources publiques pour la création des logements sociaux. Ils ont donc établi un principe d’Incrémentation, selon lequel les projets sociaux seraient à développer dans ses piliers principaux, en laissant la possibilité aux habitants de les continuer eux mêmes, en fonction de leurs moyens financiers sans contrainte de temps. Cela leur laisse alors la possibilité
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9
PÄLMKE,2013, s.p.
10
SIERRA, 2013
11
CORTÁZAR, 1951a, p. 1.
12
ELEMENTAL, 2016
13
Ibid.
Projet Quinta Monroy, Bureau Elemental, Chile
Dessins: Elemental
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5 Urbanité, lecture commune 5.1 Loger le social, des espaces qui appartiennent à des traditions 5.2 La ville en tant qu’être vivant : une ville peut être plusieurs
5.2.1 Un espace de cohabitation, co-création continue
5.2.2 Temps de la journée et activités en liées, saisons de l’année et comportements des habitants
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Photo personnelle
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„Cities, accordingly, consist of a multitude of layers of narratives and thus become an image of individual and collective memory.“14 14
HEROLD, 2010, p. 8.
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„Due to the intimate relationship between memory and identity, the city itself and its urban fabric play an important role in the shaping of collective identities. (…) This is best reflected in places where breaks occur and different memory constructs clash, leading to open controversies.“15 L’Homme habite en société et pourtant construit un espace où s’installer et se développer en tant que groupe. Un espace qui est commun à tous les habitants mais qui sous influence des traditions plus particulières de chacun, risque d’avoir diverses interprétations. Comment lit-t-on la ville? Qu’est-ce qu’elle représente pour nous? Notre rapport avec celle-ci se définit par la manière dont on l’habite ainsi que par la place et les responsabilités que l’on a. La ville est construite d’Histoire, elle représente l’identité de ses habitants. Mais quand on parle d’Histoire et de passé, on a tendance à confondre les termes. Maximilian Hartmuth clarifie cette différence dans sa collaboration pour le livre Reading the city, History, identity and urban space – Towards an agenda for urban research, en disant:
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„The past, quite obviously, is what happened before the present; it is that which has passed. History is our interpretation of what happened in the past; it is us trying to make sense of the past. (…) The past is a constant; history is an activity and process. History is not truth but representation. It fulfills a social function: it builds solidarities that did not exist before; it legitimizes the possession of a given territory. (…) It makes us participants in experiences not lived, but with which we identify because it is suggested we do so.“16 5.1 Loger le social, des espaces qui appartiennent à des traditions
La ville, comme les espaces architecturaux, sont dessinés en fonction des usages hypothétiques qu’on leur donnerait, des mouvements et dynamiques du public. Les possibles activités qui y auraient lieu, ont été statistiquement et préalablement prévus. Malgré cela, la ville est constituée des individus qui lui donnent un caractère hétérogène et la créent et redécouvrent en continuité. Dans la ville, on ne peut faire que des hypothèses sur le comportement des habitants; ils sont une masse organique qui croit et décroit à son propre rythme
Les influences de l’extérieur, du contexte où elles sont mises y jouent un rôle également prioritaire, mais les habitants ont plus de force pour changer ce contexte. Pourtant, les activités qui ont été prévues dans un espace spécifique peuvent avoir lieu ailleurs, et au contraire, laisser la place à de nouvelles formes d’usage.
contrary, sidewalks that fulfill none of these supplementary functions will also carry no passersby. Therefore, the sidewalk being used as such depends on a colorful deversity of usage.“17
La régularité fait le quotidien: Prenant comme exemple les trottoirs - un élément principal de la quotidienneté urbaine -, on comprend rapidement comment les dynamiques urbaines dépendent de ce que chaque habitant fait, et ce que cela apporte à l’ensemble. Les trottoirs sont des espaces de versatilité : ils accueillent la transition entre les espaces privés et l’espace public, et permettent ensuite la circulation et le déplacement dans la ville. Ce mouvement inclus toute une richesse de possibilités et d’activités entre un point A et un point B : „Apart from its chief task, that of leading pedestrians safely from point A to point B, it also serves as a sales floor, promenade, meeting point, jogging route, eating space, store, playground, recovery area, workplace, and cellar entrance. It also has been recovery area, workplace, and cellar entrance. It also has been shown that, on the
En travaillant sur un site au bord du Lez, à Montpellier, une presqu’île où une structure d’un ancien moulin d’eau est encore sur place malgré l’abandon généralisé du site, il a été remarquable la facilité avec laquelle les voisins peuvent se réapproprier des espaces abandonnées. Le site est aujourd’hui mieux connu pour être un lieu où l’on va faire des piqueniques ou profiter du soleil, que par ce que c’était avant, le Moulin de Salicate. Dans le même principe, un projet de régénération urbaine, en développement dans des favelas de Caracas par l’équipe Tracing Public Spaces et dirigé par l’architecte Ana Vargas Salas, cherche à récupérer des espaces publics perdus et à leur donner une place dans la mémoire collective des voisins. Grâce à la méthodologie de conception et construction participative, les habitants des communautés touchées par les transformations, développent une relation d’appartenance aux espaces et s’identifient aux nouvelles
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activités qui y auront lieu et qui deviendront des traditions pour les communautés.18 „Tracing public spaces est une méthodologie qui vise à transformer des espaces publiques dans des communautés de basses ressources en utilisant des outils de design participatif. Le processus est orienté à guider des enfants d’entre 10 et 15 ans dans l’observation de leur communauté, à leur faire penser comment transformer les espaces publics et proposer des idées de conception pour produire un changement tangible, qui réponde aux besoins de la communauté. Le projet a eu lieu à Mumbai, Caracas et Boston.“19 La participation des citoyens est, pour l’équipe de Tracing public Spaces, essentielle pour le bon fonctionnement à long terme des projets de rénovation urbaine : « l’Espace public étant un component essentiel de la ville, il a besoin des voisins qui y tiennent charge et le maintiennent »20. C’est pour cela qu’ils intègrent aussi la communauté dans le processus de conception, pour développer un sentiment d’appartenance plus profond.
46
15
HEROLD, 2010, p. 12
16
Ibid.
17
MIKOLEIT, p. 44.
18
TRACING PUBLIC SPACES, 2016
19
Ibid.
20
Op. cit. 18
Création d´espaces de rencontre, Barrio Juan Moreno, Caracas
Photo: Tracing Public Sapces
47
Croquis du projet Moulin de Salicate, Prof. Jourdan, Ensam
48
Dessin personnel
Plan de site, Projet Moulin de Salicate, Prof. Jourdan, Ensam
Dessin personnel
49
„Cada ciudad puede ser otra Cuando el amor la transfigura Cada ciudad puede ser tantas Como amorosos la recorren. El amor pasa por los parques Casi sin verlos amándolos Entre la fiesta de los pájaros Y la homilía de los pinos. Cada ciudad puede ser otra Cuando el amor pinta los muros Y de los rostros que atardecen Uno es el rostro del amor. Y el amor viene y va y regresa Y la ciudad es el testigo De sus abrazos y crepúsculos De sus bonanzas y aguaceros. Y si el amor se va y no vuelve La ciudad carga con su otoño Ya que le quedan sólo el duelo y las estatuas del amo.“21
21
BENEDETTI, 2011, s.p.
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5.2 La ville en tant qu’être vivant : une ville peut en être plusieurs Un espace de cohabitation, co-création continue La ville est un élément précis: un espace géographiquement définit et appartenant à un plus grand ensemble (un pays). Mais les personnes qui l’habitent sont multiples et différentes. Ils ont différentes professions, mais ils ont aussi des différents rapports avec la ville: certains y ont toujours habité, d’autres décident à un moment donné d’y aménager, ils se sentent attirés par la ville en question. Les touristes y vont pour avoir un aperçu, une idée de la ville sans y habiter comme résidents, et il y en a ceux qui y vont pour des obligations professionnelles ou autres. Ces différentes lectures de la ville créent, abstraitement, plusieurs villes en relation à celle d’origine. Ces idées de la ville deviennent des archétypes qui se transmettent et voyagent au-delà des villes mêmes. Comment avoir une idée ou conception générale d’une ville, libre de subjectivités des interprétations? Existe-t-il une telle chose? L’Homme est obligé de vivre dans sa réalité, qui a des points de contact avec celle des autres, mais qui reste s personnelle, très subjective. Dans le même sens la ville et son architecture sont
destinées à être objet d’interprétations. L’architecture est très objective dans les aspects physiques et constructifs. Mais elle dépend de l’interprétation des personnes pour avoir un sens complet. Puisqu’elle n’existe (pour les Hommes) que lorsque qu’elle est interprétée. Les résidents d’une ville ont l’habitude de parcourir la ville: ils y ont développé des traditions en relation à l’espace, à leur éléments constitutifs qui sont les rivières, les centres historiques, les musées, les places; comme aussi aux changements dus aux saisons le long de l’année. Ils ont en plus une lecture sentimentale des espaces, auxquelles ils ajoutent des souvenirs. L’expérience d’une ville, et de l’architecture, se fait cognitivement. Lorsqu’il s’agit de visiter une ville sur une courte ou moyenne durée, que cela soit de manière professionnelle, touristique ou autre, le sentiment d’appartenance à celle-ci est moins important que lorsque l’on y vit : cela crée sur la ville un regard motivé par la volonté d’essayer de saisir quelque chose de son ensemble en peu de temps, sans en connaître les pratiques quotidiennes, et la vie de tous les jours. neté.
aux responsabilités, à la routine et au cercle social que l’on a déjà constitué dans sa ville d’origine et de vie. On « utilise » la ville, on la visite, mais on n’y vit pas vraiment. Mon expérience d’étudiante à l’étranger a été aussi une opportunité pour découvrir des nouvelles villes avec des différentes approches, ainsi que redécouvrir ma ville – Caracas -, avec un nouveau regard. J’ai constaté le poids des traditions culturelles, des modes de vie dans la configuration de la ville; comment des éléments architecturaux pensés varient selon le contexte du pays; et l’influence des institutions et normes de la société dans la forme architecturale des activités. Pour citer quelques exemples: les rues et autoroutes; les pistes cyclables presque inexistantes à Caracas, où la culture des voitures est prédominante; les supermarchés, qui ont lieu en Allemagne dans des structures d’avantage fermées, à différence d’une présence plus régulière des marchés publics en France, et d’un système moins institutionnel au Venezuela, où les producteurs ont un contact plus directe avec les clients, faisant eux mêmes le transport et commerce des produits dans des grandes villes.
D’une autre part, cette vision de la ville sera altéré par une distance qui est essayé d’être gardé quand à l’espace d’accueille temporaire. Ceci est aussi lié
51
Croissement d´une avenue principale, Mercado Guaicaipuro, Caracas
52
Photo: Amanda SĂĄnchez
La ville existe dès qu’on l’aperçoit. Elle se crée devant nos yeux, dans notre pensée. Il y a un espace physique qui existe, qui est construit, mais il est subjectivement compris. Image de la ville dans un reflet, Caracas
Photo personnelle
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Temps de la journée et activités en liées, saisons de l’année et comportements des habitants
„The district, and indeed as many of its internal parts as possible, must serve more than one primary function; preferably more than two. These must insure the presence of people who go outdoors on different schedules and are in the place for different purposes, but who are able to use many facilities in common.“19
La ville s’habille de différents vêtements au long de la journée. Elle a la responsabilité d’accueillir tous ses habitants, dans les différents rôles qu’ils jouent le jour comme la nuit. Le rythme des gens est aujourd’hui précisément défini par des créneaux horaires, qui sont de plus liés à des activités spécifiques: l’ouverture des commerces, l’heure du repas, la sortie de l’école, la sortie du travail, des commerces qui ferment et d’autres qui ouvrent. Chacune de ces activités mobilise des groupes de personnes avec des caractéristiques précises, donnant un esprit particulier à la ville. L’atmosphère d’une ville dépend de ses habitants et leurs habitudes. La même ville peut paraître totalement différente en été et en hiver. Les gens ayant tendance à être à l’abri à l’intérieur en hiver, les dynamiques sont assez différentes à celles d’été: les restaurants et bars accueillent d’avantage à l’intérieur, des lumières sont chaudes et les lieux fermés invitent plus que ceux qui sont ouverts. Alors qu’en été la ville devient extrovertie, les magasins et locaux prennent les espaces des trottoirs, les gens sont dehors rien que pour profiter du beau temps et de l’énergie transportés dans l’espace public.
54
22
JACOBS, dans MIKOLEIT, 2011, p. 48.
Lumières et mouvements de soirÊe. Montpellier
Photo personnelle
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6 Conclusion Mon exposé reflète ma manière d’aborder l’architecture après mon immersion dans l’enseignement supérieur européen et mes expériences professionnelles. Par ailleurs, j’ai pu à travers ma participation à des projets sociaux comme vu précédemment avec Tracing Public Spaces que développer un lien très proche avec les habitants en prenant en compte leurs ressources, est un facteur qui me tient à cœur. Cela s’est relevé indispensable lorsque les communautés touchées évoluent dans un contexte politique difficile avec des ressources économiques très limitées. Cette expérience d’engagement vis-à-vis de ces gens en tant qu’architecte a marqué ma pratique et ma compréhension de l’architecture. L’architecte a de fortes responsabilités vis-à-vis les futurs habitants. Il doit par ailleurs garantir des espaces de qualité pour les besoins tangibles et intangibles de l‘Homme : le besoin d’abri, comme le besoin d’espaces confortables et adéquats pour des activités particulières.
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Le quotidien et l’organisation de la société ont une influence sur l’architecture, sur la manière dont elle est présentée aux usagers. Avec l’architecture, des espaces d’habitat, de rencontre et d’expression des actions quotidiennes sont créés. Or l’Homme est dynamique, tout comme les changements dans ses modes de vie. C’est pourquoi de mon point de vue, l’architecture ne doit pas se limiter à la conception des caractéristiques physiques des espaces. Elle doit être dans la mesure de développer un lien abstrait avec ses occupants ; promouvoir une telle relation qui lui permette de se métamorphoser et d‘évoluer avec ses usagers et leur fonctionnement dynamique. Les espaces prennent vie à travers des situations créées et mises en pratique par les personnes. Autant le contexte social que l’attitude de chaque individu face aux espaces qui l‘entourent ont une influence importante sur la manière dont l’architecture est vue. Deux espaces ne fonctionnent pas de la même manière lorsqu‘ ils sont habités par des groupes différents. C’est dans les actions quotidiennes que j’observe le mieux le fonctionnement des espaces, les transformations multiples dont ils sont l’objet dans la diversité de leurs usages, et dans leur propension à changer à travers des espaces personnalisables. Pour cette raison, la démarche architecturale doit être humble vis-à-vis des usagers qui vont la pratiquer. Elle doit prendre en compte leurs ressources, leurs manières de vivre et de s’installer. Croyant en une architecture complexe, inscrite dans un contexte social et économique précis, répondant aux besoins individuelles des habitants, je voudrais continuer ma formation avec une vision pluridisciplinaire du métier. Pour moi l’étude de l’architecture ne peut avoir lieu sans avoir conscience des événements sociaux et politiques actuels et passés. Ainsi, le domaine d’études Situation(s) à l’école d’architecture de Montpellier, propose une formation en Master qui se concentre sur les sujets que je souhaite approfondir. L’intention de travailler en lien direct avec le contexte du projet et dans des situations d’économies faibles, est en accord avec mes motivations pour le développement des projets dans des contextes des pays sous-développés. L’utilisation des ressources du site et des habitants, et le désir d’amélioration de leur situation sont des éléments centraux pour moi dans le projet architectural.
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SÁNCHEZ CADENAS, María Laura Née au Venezuela en Mars 1995 6 bis Boulevard Pasteur 34000 Montpellier marialaura63sc@gmail.com
María Laura SÁNCHEZ CADENAS Études 2015-16 Licence en Architecture, TU Munich 2013-15 Licence en Architecture, ENSA Montpellier 2011-13 Licence en Urbanisme, Universidad Simón Bolívar, Caracas Études 2007-11 Baccalauréat en Sciences. Mention Très Bien, YMCA Licence enCaracas Architecture, TU Munich
Licence en Architecture, ENSA Montpellier
Langues
Licence en Urbanisme, Universidad Simon Bolivar, Caracas
Espagnol Langue maternelle
Baccalauréat en Sciences. Mention Très Bien YMCA, Caracas
Anglais
Avancé
Expériences
Français Avancé Allemand Conversation
Rénovation des façades d´un atelier d´artiste à Perpignan
Outils
Modératrice au «Festival des architectures vives» de Montpellier et La Grande Motte
Dessin:
AutoCAD, Vectorworks, SketchUp, Rhino
Étudiante employée à la Médiathèque de
Images: Photoshop, Lightroom, Illustrator
l´ensam
Textes:
Professeure de français comme langue étran-
InDesign, Office
gère à l´Alliance Française de Caracas
50 58
Stage au Bureau
Fontés Architecture
Membre du groupe de photographie «CAF»
Expériences 2016
Travail étudiant dans un bureau d’architecture à Munich
2015
Projet de rénovation des façades d’un atelier d’artiste, à
Perpignan
2015
Modératrice au Festival des architectures vives de Montpellier et La Grande Motte
2014-15 Étudiante employée à la Médiathèque de l’ensam 2014
Professeure de français comme langue étrangère à l’Alliance Française de Caracas
2014
Stage au Bureau d’architecture Fontés Architecture, Montpellier
2011-13 Membre de l’association étudiante de photographie CAF de
l’Universidad Simón Bolívar, Caracas 2010
Échange culturel aux États-Unis
2009-13 Travail bénévol et développement des projets sociaux avec
l’association Partners of the Americas 2009
Cours de photographie digitale (Débutant et Intermédiaire), Roberto Mata Taller de Fotografía, Caracas
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Studios Ubersendling: redéveloppement
Studios
Prof. Gui Jourdan: Montpellier capita-
des sites industriels Neuperlach Andocken: extension de l’existant. Logements. Cours et Expériences
le de l’éphémère.
Prof. Luc Doumanc: La maison individuelle Cours et Expériences
Stage au bureau d’architecture
Monitrice à la Médiathèque de
Ekert+Probst Architektinnen
l’ensam
Cours: Typologies urbaines et Trans-
Espaces Critiques; Histoire de l’art et
formations; Musées d’architecture en
l’architecture; La pensée du projet;
Allemagne; Architecture et Société
Art et représentation: Espaces
Expositions: Keine Angst vor Partizi-
Workshop: Visions of future, Prof.
pation; Sí/No Urban Think Tank; Paul
Jaana Reinikanen.
Schneider Esleben
Monitrice au FAV Montpellier et La Grande Motte
Lectures Baum, Martina (2012). City as Loft:
Participation à l’installation d’une exposition d’artistes au „Cube“ Ensam
Adaptive reuse as a Resource for Sustainable Urban Development. Zurich:
Voyages
gta. 383 p.
Munich, un an d’échange;
Wolfrum, Sophie (2008). Multiple City.
Voyage d’atelier: Lisbonne; Amazo-
Munich: Jovis. 344 p. Seijas, Hector (2014). Amada Caracas.
nas, Venezuela;
Caracas: El perro y la rana. 255 p.
Munich 2016 52 60
Montpellier 2015
Studios
Studios
Prof. Bonnot et Dambielle: Micro
Risques naturals pour les construc-
architecture
tions dans la ville
Prof. Henry et Bourdeau: Introduction
Introduction au Design Urbain
au projet architectural Cours et Expériences Cours et Expériences
Développement du projet social
Professeure de français comme
„Encuadérnate“ avec l’organisation
langue étrangère
Partners of the Americas et Compa-
Stage chez Fontés Architecture
ñeros de Venezuela.
Visite des ateliers de Jean Nouvel à
Échange culturel aux États-Unis.
Paris Théorie de l‘urbanisme; Arts PlasHistoire de la ville et du paysage;
tiques; Litérature; Psychologie; Cours
Sociologie; Composer; Portraits de
de Français, Anglais, Allemand; Géo-
villes; Espaces Critiques; Modes de
metrie Descriptive
représentation
Conférences Sou Fujimoto et Ciguë à l‘ensam; BIG Architecture à la Panacée
Montpellier 2014
Caracas 2013 - 2010 61
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Bibliographie
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