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CHAMPAVERE Manon sous la direction de GAUTHIER Catherine.
URBANISME PARTICIPATIF METIERS ET PRATIQUES EN QUESTION
Mémoire de fin d’étude M2 / Janvier - 2016 ENSASE Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Saint Etienne
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Urbanisme participatif. MĂŠtiers et pratiques en questions.
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AVANT-PROPOS
La participation. Voilà quelques années que je m’intéresse à ce processus et à ces enjeux. En effet, je m’intéresse depuis le début de mes études en architectures aux collectifs d’architectes et aux chantiers participatifs.
Ma rencontre avec la
participation a débuté par une curiosité autour de montages artistiques dans la ville de Saint-Etienne. Après quelques recherches j’ai découvert que les architectes pouvaient prendre part à la ville par le biais d’interventions et de construction d’objets éphémères.
L’exercice du rapport d’étude a été pour moi l’occasion de m’intéresser plus précisément à ce type d’actions. En effet, celui-ci portait sur "Les chantiers participatifs et artistiques en friches urbaines". Au cours de ce travail, j’ai réalisé des entretiens avec des acteurs de la ville de Saint Etienne, mais j’ai aussi participé à divers chantiers participatifs de l’association Carton Plein. Depuis lors, je suis régulièrement les travaux de plusieurs collectifs d’architectes situés en France.
Aujourd’hui, à travers ce mémoire, c’est le lien entre la participation active et mon statut d’étudiante en architecture qui a conduit à son élaboration. Je veux nourrir ma pratique de l’architecture en essayant de diversifier mon regard par la découverte de nouvelles pratiques de l’architecte. Il me faut comprendre quels en sont les enjeux, afin d’envisager, peut-être, de pratiquer l’architecture différemment.
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Urbanisme participatif. Métiers et pratiques en questions.
TABLE DES MATIERES - AVANT–PROPOS ----------------------------------------------------------------------
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- TABLE DES MATIERES--------------------------------------------------------------
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- INTRODUCTION-----------------------------------------------------------------------
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-1- L’EMERGENCE D’UNE NOTION ET DE NOUVEAUX ROLES--------
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1.1 Où ? L’espace de la ville ---------------------------------------------
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1.1.1 L’artiste, premier praticien de la ville------------------------
10
1.1.2 Espace interstitiel – espace d’expérimentation.-------------
12
1.1.3 L’échelle du quartier comme espace de proximité----------
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1.2 Comment ? La notion d’urbanisme participatif. ------------------- 15 1.2.1 Patrick Geddes - fondateur de l'urbanisme civique --------
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1.2.2 Participation et Urbanisme : des pratiques contradictoires ?
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1.2.3 Entrée de la participation dans l’urbanisme-----------------
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1.3 Qui ? Des acteurs stéréotypés.---------------------------------------
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1.3.1 L'habitant comme figure abstraite. ---------------------------
20
1.3.2 L’architecte comme professionnel. --------------------------
21
- 2 - VERS UN ENGAGEMENT PROFESSIONNEL ET CITOYEN-----------
24
2.1 L'habitant, un nouvel outil ? ----------------------------------------
26
2.1.1 "Savoir citoyen" comme dispositif participatif.-------------
26
2.1.2 Typologie des degrés de participation des habitants. ---------------------------------------------
28
2.2 L’architecte, une nouvelle profession ? ---------------------------
32
2.2.1 De nouveaux acteurs – les collectifs.-------------------------
32
2.2.2 Typologie des enjeux et des démarches de la participation.-----------------------------------------
33
2.3 Une collaboration fragile. -------------------------------------------
35
2.3.1 Limites liées aux acteurs de la participation. ---------------
35
2.3.2 Limites liées aux modalités de la participation. ------------
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- 3 - MISE EN LUMIERE D’UNE NOUVELLE PRATIQUE – CAS D’ETUDE - ----------------------------------------------------------------
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3.1 Processus de recherche ---------------------------------------------------
44
3.1.1 Une nouvelle notion – le tiers acteur.-----------------------------
44
3.1.2 La méthode. -------------------------------------------------------
46
3.1.3 Présentation du terrain. -------------------------------------------
47
3.2 La question vue par les architectes. --------------------------------------
51
3.2.1 Les formations des professionnels. ---------------------------------
51
3.2.2 Les activités des professionnels. ------------------------------------
55
3.4 Une remise en question globale---------------------------------------------
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3.3.1 Déplacement de la professionnalité à l’engagement.----------------
59
3.3.2 Le processus collaboratif entre architecte et habitant. --------------
61
3.3.3 Une diffusion de la culture architecturale. ---------------------------
62
- CONCLUSION.--------------------------------------------------------------------------
66
- ANNEXES -------------------------------------------------------------------------------
69
- BIBLIOGRAPHIE ----------------------------------------------------------------------
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Urbanisme participatif. Métiers et pratiques en questions.
INTRODUCTION La participation dans la fabrication de la ville est un sujet actuel. En effet, les projets participatifs sont de plus en plus nombreux en France. La prise de conscience des municipalités du potentiel de ses projets permet une diffusion large de cette pratique. De plus, on constate de plus en plus d’écrits, et de recherches autour de "l’urbanisme participatif".
Au centre de ces interrogations, on retrouve plusieurs
acteurs : les acteurs professionnels comme les architectes et les urbanistes, les acteurs politiques, mais aussi les habitants. Le repositionnement de ces acteurs professionnels et institutionnels face à l’implication des habitants dans la fabrication de la ville expose un phénomène social et politique initié par une période de crise économique. Le renouvellement des métiers et de pratiques en urbanisme devient alors essentiel dans l’évolution spatiale et sociétale des villes. Mon positionnement autour de cette question se développe autour de l’architecte et l’habitant. En effet, étudiante en architecture, je possède la double casquette d’habitante-architecte. La recherche sera établie autour de l’espace urbain. En effet, la participation est une notion complexe et variée qui se développe dans de nombreuses pratiques telles que l’habitat participatif. En effet, contrairement à l’espace privé, l’espace urbain est un espace public regroupant de nombreux enjeux et de multiples acteurs. Pour cette exploration, des outils conceptuels mais aussi concrets sont utilisés. Tout d’abord, la mise en place d’un corpus d’ouvrage permet d’établir un ensemble de notions. Provenant de multiples disciplines, les ouvrages donnent une vision élargie sur la question de la fabrication urbaine. On y retrouve des travaux sociologiques, politiques, économiques, d’urbanisme et d’architecture. La mise en relation de ces ouvrages pluridisciplinaires valorise des notions transversales à la participation. Dans un second temps, mes recherches ont été portées par la réalisation de plusieurs entretiens. Cette étape s’est réalisée en plusieurs temps. Premièrement, la mise en place d’une grille d’entretien autour de ma problématique. Ensuite, le choix des personnes interrogées s’est porté sur quatre architectes ayant des pratiques différentes, mais intéressées au sujet de l’urbanisme participatif. Suite à ces entretiens, la réalisation d’une grille d’analyse puis de synthèse a été nécessaire afin d’exposer des similitudes, 6
mais aussi des contradictions dans leurs propos. La diversité de cette analyse permet ainsi d’établir une vision globale et multiple sur les différentes pratiques du métier d’architecte. Par ses différents outils, la recherche se veut variée et ouverte permettant une compréhension pertinente de l’urbanisme participatif et de ses acteurs. Ce mémoire développe un questionnement sur l’apparition de la participation dans le champ de l’urbanisme au travers de ces acteurs, l’habitant et l’architecte, et de ses pratiques.
En quoi l’implication des habitants dans la fabrication de la ville remet-elle en question la profession d’architecte ? -
Comment est apparue la participation dans la ville ? Qui sont les précurseurs ? Quels acteurs ? Quelle relation entre ces acteurs ? La participation dans la ville n’est pas un fait nouveau. L’habitant et l’architecte sont vus comme des entités distinctes et contrastés.
-
L’habitant et l’architecte ont des savoirs et des capacités différentes. Que sont ces savoirs? Pourquoi un tel engagement dans la participation ? Qui sont ces acteurs ? La relation entre l’architecte et l’habitant reste fragile. Sa démocratisation permet une diffusion de cette pratique. Mais est-elle réellement bénéfique et fiable ?
-
La relation entre l’architecte et l’habitant est complexe et mouvante. On voit apparaitre un tiers-acteur – l’habitant-architecte. Quelle est sa définition ? Au vue des entretiens réalisés avec les architectes on voit apparaitre des notions autour de l’enseignement, et d la profession. Quelles en sont les revendications ? Quelles sont les ambitions autour de la pratique architecturale participative et collaborative ? Ces différentes interrogations vous nous permettre d’établir le rapport entre
l’implication des habitants dans la ville et la mutation de la profession d’architecte.
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Urbanisme participatif. Métiers et pratiques en questions.
-1L’EMERGENCE D’UNE NOTION & DE NOUVEAUX ROLES
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La participation dans la fabrication de la ville n’est pas un phénomène récent. Des projets participatifs sont mis en place par et pour ses habitants. Nous allons nous demander quel lieu dans la ville est propice à ce type de pratique. Ensuite, nous ferons apparaitre comment la notion d’urbanisme participatif est apparue dans la conception urbaine par le biais d’un personnage précurseur Patrick Geddes. Enfin, nous ferons apparaitre l’architecte et les habitants tels qui sont perçus en général dans la fabrication de la ville.
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Urbanisme participatif. Métiers et pratiques en questions.
1.3
Où ? L’espace de la ville.
« Le théâtre urbain est un spectacle gratuit joué par les citadins ou bien destinés, dans ce lieu irrémédiablement urbain qu’est la rue déclinée sous toutes ces formes » Anne Raulin.1 La ville est un espace à fort potentiel comparable à un théâtre urbain. Les artistes ont été les premiers à y jouer un rôle et à l’investir. Les espaces interstitiels qui composent la ville sont des territoires propices à l’imaginaire et à la pratique artistique. Destinés aux usagers, ces espaces sont une scène ouverte à l’échelle du quartier. 1.3.1 L’artiste, premier praticien de la ville. L’apparition de l’art d’intervention est née au début du XXème siècle. Elle est due à la prise de conscience des artistes de la contrainte imposer par la pratique traditionnelle de l’art. Afin d’échapper aux structures instituées des salles d’exposition et des musées, ils décident d’investir la rue, l’espace public et les espaces en marge. La liberté, la malléabilité, mais aussi la mémoire de ces espaces attirent les artistes dans la recherche d’un art visible et pertinent spatialement. Paul Ardenne la décrit comme telle : « La vile est une réalité donnée mais malléable, un chantier où l’artiste installe une œuvre qui y prend rang "d’outil visuel ". »2. L’artiste à un véritable rôle dans la création de cette nouvelle urbanité en la remettant en question par de nouvelles formes de réappropriation de l’espace urbain. Dans Un Art Contextuel3, Paul Ardenne explique le terme d’"art contextuel" permettant de définir le rôle des artistes pratiquant dans l’espace publics. Sous la formule d'art "contextuel ", on entend l'ensemble des formes d'expression artistique qui diffèrent de l’œuvre d'art au sens traditionnel : art d'intervention et art engagé de caractère activiste, art investissant l’espace urbain ou le paysage, esthétiques dites participatives ou actives dans le camp de l'économie, des médias ou du spectacle. On peut noter que "le contexte ", étymologiquement, c'est " l 'assemblage", du bas latin contextus, et de contextere, " tisser avec". L’œuvre est donc insérée dans le tissu du RAULIN Anne. Anthropologie urbaine. Paris, A. Colin, 2007: 211 ARDENNE, PAUL. Un Art Contextuel: Création Artistique En Milieu Urbain, En Situation, D’intervention, de Participation. Paris: Flammarion, 2002. (Page 99) 3 Ibid. 1 2
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monde concret avec des conditions matérielles définies, mais elle tisse avec le citadin et l’usager. De plus, l’art contextuel est aussi défini par la non-pérennité, et sa nonprogrammation des formes d’arts : il est souvent de courte durée et fait appel à l’expérience. L' "expérience" - à l’origine, l'experientia latine - dérive du terme experiri, "faire essai de", un essai accompli de manière volontaire et dans une perspective exploratoire, visant à un "élargissement ou un enrichissement de la connaissance, du savoir, des aptitudes". L’expérience en lien avec le contexte permet de rendre compte d’un véritable lien entre l’œuvre et les usagers dans le but de les interpeller, voir les convoquer dans l’œuvre elle-même. Ainsi, l’art contextuel définit par Paul Ardenne met en lumière la logique de l’intervention des artistes dans l’espace urbain. En effet, l’artiste n’est pas seulement définit par son savoir de l’esthétique. Intervenir directement dans la rue, c’est donner une chance aux usagers d’intervenir eux-mêmes dans leur espace de vie. C’est un art qui investit directement le quotidien des habitants et qui appelle à expérimenter l’espace, mais aussi à apporter son savoir, sa connaissance de l’usage de l’espace. Ces interventions sont caractérisées d’activistes. L’artiste devient dorénavant une figure impliquée, un acteur qui dans l’action créative est activiste ou/et critique. Son engagement social est mis en valeur par rapport à un travail en atelier. Ses « interventions
culturels
et
artistiques
peuvent
« aussi
passer
pour
des
actions "thérapeutiques " ou "réparatrices du lien social". »4. Ainsi, les artistes sont les précurseurs d’une pratique participative impliquant les habitants dans la fabrication de la ville. Ils ont voulu, au-delà de l’esthétique, rendre compte et faire participer les usagers dans leurs œuvres. En utilisant le contexte matériel et humain de leur site, ils apportent une réflexion sur la mémoire et l’usage des lieux.
DRAC Rhône-Alpes, Agir sur la ville : habitants & transformations urbaines en Rhône-Alpes. La passe du vent, 2004 : 136. 4
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Urbanisme participatif. Métiers et pratiques en questions.
1.1.2 Espace interstitiel- espace d’expérimentation. «La ville : une structure avec des espaces interstitiels.»5. La ville est un espace informel et hétérogène. Bâtis, places, jardins constituent ce territoire, mais celui-ci présente aussi des espaces vides, indéterminés et vagues. Souvent « en rupture avec l’ordonnance classique de la ville »6, ces interstices, ces creux, sont propices à être réinvestis par le champ artistique et culturel en lien direct avec la notion de territoire, d’histoire et de mémoire. Étymologiquement, "interstitiel" est du latin interstitium, composé de inter " entre" et de stare "se tenir". L’espace interstitiel est donc un lieu qui "se tient entre". Il fait donc référence à la notion d’"intervalle", un espace entre, lieu propice à toutes les expérimentations et à l’imaginaire de ces usagers. « Du fait de leur statut provisoire et incertain, les interstices laissent deviner ou entrevoir un autre processus de fabrication de la ville, ouvert et collaboratif, réactif et transversal. »7. Situé "en marge" de l’espace dit classique de la ville, l’espace interstitiel est un site à enjeu pour les responsables du développement urbain, les urbanistes, les architectes, mais aussi pour les habitants. Ils « représentent ce qui résiste encore dans les métropoles, ce qui résiste aux emprises réglementaires et à l’homogénéisation. Ils constituent en quelque sorte la réserve de "disponibilité " de la ville.»8. La singularité de ce lieu conduit donc à l’apparition d’une nouvelle forme de pratique dans la fabrication de la ville. Les projets qui y sont conduits sont caractérisés par leurs non-reproductibilités. En effet, l’unicité de chaque espace interstitiel conduit à des pratiques particulières et identitaires au lieu. Ils sont donc des espaces d’expérimentation, des "laboratoires urbains". De plus, une caractéristique majeure de cet espace se trouve être sa double appartenance à l’espace privé et à l’espace public. L’aspect transitionnel de ce lieu permet aux usagers de s’inscrire dans leur espace de vie. Il appartient à tous car l’espace interstitiel est public, mais il appartient aussi à chacun d’entre nous de manière
HOSSARD Nicolas et JARVIN Magdalena, C'est ma ville ! : de l'appropriation et du détournement de l'espace public. Paris, l'Harmattan, 2005 : 284. (Page 10) 6 GUILLAUD, CLARA. “Interstices Urbains et Pratiques Culturelles.” Implications Philosophiques, L’habitat, un monde à l’échelle humaine, 2009. 7 Ibid. Paul Ardenne, extrait d’un entretien paru dans la revue Mouvement, n°50, janvier-mars 2009. 8 Ibid. Référence à NICOLAS-LE STRAT Pascal. Expérimentations politiques. Chapitre « Multiplicité interstitielle » 5
12
intime car il fait partie de notre quotidien. Il est « à la fois un espace intermédiaire entre l’intimité d’une habitation et la globalité de la ville. »9. Les espaces interstitiels sont des espaces propices à l’expérimentation. Leur position d’entre-deux, entre espace privé-espace public, et d’intervalle dans l’espace traditionnelle de ville conduit à une multiplication d’interventions. Ils sont un véritable enjeu dans la fabrication de la ville pour les habitants et les acteurs traditionnels de la ville. 1.1.3 L’échelle du quartier comme lieu de proximité. La pratique participative pose une question d’échelle au niveau de l’urbanisme globale d’une ville. « La qualité urbaine se vit à l’échelle du piéton. »10. Il est donc nécessaire de prendre en compte une échelle de proximité, une échelle appartenant au quotidien de ses usagers : le quartier. En effet, d’après Frederica Gatta, « Cette micro échelle [celle des projets participatifs] pose la question de l'interaction potentielle entre temporalité éphémère locales et enjeux de signification de l'espace public d'échelle plus large, en les replaçant dans une échelle intermédiaire lié au contexte du quartier. » 11 D’après le dictionnaire Larousse, le quartier est une division administrative d’une ville, c’est une partie ayant certaines caractéristiques ou une certaine unité. De plus, le quartier est un environ immédiat, dans une ville, du lieu où on se trouve et, en particulier, du lieu d’habitation. Enfin, il peut être aussi définit comme un ensemble des habitants du voisinage. C’est par l’aspect de proximité, que je conçois ici la participation des habitants. Georges Perec12 définit lui aussi le quartier comme « partie de la ville dans laquelle on n’a pas besoin de se rendre, puisque précisément on y est. » Mais encore : « on appelle son quartier le coin où l’on réside et pas le coin où l’on travaille. ». Le quartier est une dimension Op. cit. GUILLAUD Clara. Référence à PETCOU Constantin et PETRESCU Doina, "Au rez-dechaussée de la ville", revue Multitudes, n°20, 2005, p. 75 à 87. 10 DA CUNHA, ANTONIO, et SANDRA GUINAND. Qualité urbaine, justice spatiale et projet. Lausanne: Presses polytechniques et universitaires romandes, 2014. (Page 50) 11 GATTA, FREDERICA. "Tactiques et formes d'engagement des acteurs non institutionnels de la transformation urbaine." RAMAU, Réseau Activités et Métiers de l’Architecture et de l’Urbanisme, Véronique Biau, Michael Fenker, and Élise Macaire. L’implication des habitants dans la fabrication de la ville métiers et pratiques en question. Paris: Éd. de la Villette, 2013. (Page 84) 12 Perec, Georges. Espèces D’espaces. Collection L’Espace Critique. Paris, Editions Galilée, 1974. 9
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Urbanisme participatif. Métiers et pratiques en questions.
propice à la démarche habitante. Lieu que l’on fréquente, espace où on y habite. La dimension affective et de proximité du quartier permet aux habitants de s’identifier et de se mobiliser pour leur cadre de vie. Dans, L’invention du quotidien, Michel de Certeau 13 nous donne d’autres approches du quartier. En effet, le quartier se définit par un phénomène d’appropriation, de privatisation de l’espace public. Afin d’habiter, il est fondamental de donner une frontière entre espace public et espace privé ; le quartier est le prolongement de notre habiter. De Certeau considère aussi cet espace comme un lieu de passage, un lieu où on a un rapport avec l’autre. Le quartier est donc propice à la rencontre de ses habitants, mais aussi à une certaine stabilité des usagers qui le pratiquent. « C’est ainsi que la ville en tant qu’ « espace » - ouvert à tous et n’appartenant à priori à personne – se transforme peu à peu en « lieu » - c’est-à-dire en un espace vécu, reconnaissable et familier.»14 Comme le prolongement de leur habiter, les habitants d’un quartier refabriquent en permanence cet espace par leurs usages propres et quotidien. L’échelle du quartier s’inscrit dans une échelle plus globale qui est celle de la ville. On voit apparaitre que la pratique participative des habitants ne peut être réalisée que dans la condition d’"espace de proximité". Le quartier est un espace qui appartient au quotidien, mais aussi au cadre de vie des usagers de la ville. Une forme d’appartenance, un prolongement de soi met en avant la qualité de l’échelle du quartier. Ainsi, la qualité de proximité du quartier permet l’implication des habitants dans la fabrication de la ville. L’espace de la ville possède des caractéristiques adaptées à la participation des habitants dans la fabrication urbaine. La prise en compte du potentiel de l’espace public par les artistes a permis des premières pratiques participatives. Les espaces interstitiels qui la composent sont des lieux propices à l’expérimentation et à l’imagination de ses usagers. Espace de proximité, ses pratiques s’inscrivent dans l’échelle du quartier comme un prolongement de l’espace habité des habitants.
De CERTEAU Michel, GIARD Luce, MAYOL Pierre, L'invention du quotidien. Arts de faire, Paris, Folio « Essais », 1990. 14 Ibid. 13
14
1.2
Comment ? La notion d’urbanisme participatif. Au cours du XXème siècle, la mise en place de la participation des habitants dans
la fabrication de la ville a permis l’apparition d’une forme d’urbanisme particulière. Tout d’abord, Patrick Geddes a été une figure marquante dans cette avancée. Il est le premier à comprendre l’utilité de l’implication des habitants dans leur cadre de vie. Ensuite, à partir des années 60, le principe d’urbanisme participatif a donné lieu à une diversité de théories et de pratiques. Il est nécessaire de préciser comment est apparue cette notion dans la démarche de la fabrication de la ville.
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Urbanisme participatif. Métiers et pratiques en questions.
1.2.1 Patrick Geddes – fondateur de l’urbanisme civique. Au début du XX e siècle, Patrick Geddes, botaniste et sociologue écossais, va être le précurseur de la pensée participative dans l’urbanisme des villes. Il est « l’inventeur d’"un urbanisme civique" »15.Ses travaux portent sur la conception de la "pédagogie active"16. En effet, Patrick Geddes la formule telle quelle : « il faut que l'éducation soit avant tout une éducation par soi-même, réalisée par les contacts réels avec le milieu et les choses, le travail et l'expérience : ce n'est qu'en second lieu qu'elle se fait par les livres ? » (1925).Certain que « l’éducation est le
Patrick Geddes 1854-1932 – Lien site learningzone
moteur du changement social et d’une citoyenneté active »17, Patrick Geddes fonde son enseignement non seulement sur la lecture mais aussi sur la pratique, By Doing We Learn, c’est en faisant que l’on apprend. Il va ainsi impulser partout où il vit des activités de plein air comme des jardins pédagogiques permettant la participation des habitants et une prise de conscience écologique de leur cadre de vie. Il a développé une philosophie de l’éducation, qui insiste que la combinaison « hand, heart, and head»18 "la main, le cœur et la tête" dans cette ordre de priorité. Sa méthode à trois dimensions : survey, analysis et plan. L’enquête régionale précède le diagnostic, qui suscite la proposition.19 Patrick Geddes pense alors que l’éducation est un catalyseur pour le changement social et la citoyenneté active. Les travaux de Geddes autour de l’implication des habitants dans la fabrication de la ville ont été reconnus très tardivement. Aujourd’hui, on le considère comme l’inventeur de "l’urbanisme civique" et des "jardins partagés". PAQUOT, THIERRY. Les faiseurs de villes. Gollion (Suisse): Infolio, 2010. (Page 194) Ibid. (Page 196) 17 http://www.nls.uk/learning-zone/politics-and-society/patrick-geddes 18 Ibid. 19 Op. cit. PAQUOT Thierry (Page 206) 15 16
16
1.2.2 Participation et Urbanisme : des pratiques contradictoires ? Aux premiers abords, l’urbanisme et la participation habitants sont des notions qui ne sont pas liées. D’après Jodelle Zetlaoui-Léger20, Docteur en urbanisme et aménagement de l’espace, les premières réflexions sur la maitrise de la croissance des villes au XIXe siècle dans les pays industrialisées, a donné naissance au terme d’urbanisme. En effet, en France, dès la première révolution industrielle, la planification du territoire est marquée par deux phénomènes : « l’essor d’une économie capitaliste et la constitution d’un Etat nation républicain mettant en avant la réalisation de services publics ». L’urbanisme est envisagé alors sous l’exercice du « pouvoir, politique, économique et techniques mise en place par une posture scientifique et autoritaire », qui sont les ingénieurs. La notion d’urbanisme se définit alors par l’organisation de la production urbaine par les autorités publiques, à travers l’édification de réglementations et de normes visant à planifier des opérations de construction à grande échelle. La notion apparait avec l’ingénieur
catalan, Ildefons
Cerdà et
son
ouvrage Théorie
générale
de
l' urbanisation paru en 1867. Elle fit son apparition en France en 1911 par la création de la Société française des urbanistes (SFU). C'est avec les lois Cornudet des 19 mars 1919 et 12 juillet 1924 que naît alors la définition de l'urbanisme .21 Celles-ci vont ainsi permettre de faire face à la destruction des villes lors de la Première Guerre Mondiale en France. A partir du XIXe siècle, sous l’influence idéologique des lumières et du positivisme, l’intérêt général devient une préoccupation de l’Etat. L’urbanisme à « travers l’activité de programmation, vise à exprimer une demande sociale interprétée et transformée en commande par le maitre d’ouvrage »22. Par ailleurs, l’idéologie sociale de cette procédure peut être rapidement reconsidérer. L’habitant ne peut s’exprimer en remplissant une seule condition : répondre à une enquête publique lors d’une procédure d’expropriation. Au vue de cette procédure, l’urbanisme durant deux siècles s’est voulu sociétale, mais seulement sous l’idée du bien général, décidé par des autorités publiques peu enclin à consulter les habitants des villes. Op. cit. ZETLAOUI-LEGER, JODELLE. Wikipédia – Urbanisme en France. 22 Ibid. référence à ZETLAOUI-LÉGER J., 2009, « La programmation architecturale et urbaine : émergence et évolutions d’une fonction », Les Cahiers de la recherche architecturale et urbaine, no 24-25, p. 143-158. 20 21
17
Urbanisme participatif. Métiers et pratiques en questions.
1.2.3 L’entrée de la participation dans l’urbanisme. L’urbanisme
du
XXème
en
Europe,
est
basé
sur
l’idéologie
du
« fonctionnalisme ». Cette logique de production rationalise et formalise les besoins. Les acteurs traditionnels qui sont l’Etat, les architectes set les prometteurs ne portent aucun intérêt aux besoins des habitants et à la spécificité de chaque lieu. « Le courant postmoderne met notamment en évidence les tendances technocratiques des pratiques urbanistiques et remet en cause l’utilité même de la planification pour améliorer la qualité de vie des citoyens ».23 On voit alors apparaitre à la fin des années 1960 des « mouvements contestataires qualifiés par les sociologues de "luttes urbaines" ».24 On retrouve ces contestations à travers le monde en particulier en Europe et en Amérique du Nord. Celles-ci sont dues en grande partie par la destruction massive
de quartiers anciens, induisant l’expulsion de
population entière. Dans ce contexte d’urgence, les architectes et les étudiants ont pris part à cette lutte. Leurs interventions vont se formaliser sous une forme institutionnalisée à partir des années 90 le community planning. Cette démarche de « concertation citoyenne en urbanisme » se définit comme « un processus collaboratif très structuré dans lequel les parties prenantes incluant la population locale travaillent de concert sous la conduite d’experts indépendants issus de disciplines variées, en vue de projeter ensemble le future de leur territoire ou de certains aspects de la vie locale. ».25 En France, une deuxième forme de contestation apparait dans les quartiers en périphéries d’agglomération. Le manque de services et de moyens de transports conduisent les habitants à créer un nouveau mode d’habiter : l’habitat participatif. « En France, l’implication des habitants dans la production urbaine est désignée jusqu’au milieu des années 1970 aussi par ses militants que par les pouvoirs public, par le terme de participation »26.La participation se déploie par des démarches de coproduction, d’autogestion, d’information et de concertation. Robert Fossaert dans Le contrat socialiste en 1969, esquisse la distinction entre deux types de participation:
BACQUE, MARIE-HELENE, et MARIO GAUTHIER. “Participation, urbanisme et études urbaines: Quatre décennies de débats et d’expériences depuis « A ladder of citizen participation » de S. R. Arnstein. Participations 1, no. 1 (2011): 36. (Page 9) 24 Op. cit. ZETLAOUI-LEGER, JODELLE 25 Op. cit BACQUE ET MARIO. Référence à HAUPTMANN E. et WATES N. Concertation citoyenne en urbanisme. La méthode du Community planning. Paris, Adels/Yves Michel, 2010. (Page 13) 26 Op. cit. ZETLAOUI-LEGER, JODELLE 23
18
celle qui s'exerce " à l'ombre du pouvoir" et celle qui permet de" s'inscrire dans le réseau du pouvoir". La consultation et la concertation en sont les formes respectives.27 Hélène Hatzfeld28 définit la concertation comme « l’idée que certaines décisions peuvent être prise non pas par un seul acteur mais par la confrontation du point de vue de plusieurs, qu'il peut exister un partage des responsabilités.». Par ailleurs, la consultation a toujours été un processus employé avec parcimonie. Elle révèle des limites car, elle maintient toujours une forme de dominant/dominé entre les pouvoirs publics et les associations/habitants : Hélène Hatzfeld dénonce une " participation-bidon ". Par ailleurs, suites à la multiplication de ces pratiques alternatives, la cadre réglementaire français évolue avec « la promulgation des lois pour l’Aménagement et le Développement
Durable du Territoire
(dite
Voynet,
1999),
Solidarité
et
Renouvellement Urbain (dite SRU, 2000) et Démocratie de Proximité (Vaillant, 2002). »29 Ainsi, malgré une évolution au cours des années 2000 d’un urbanisme participatif, le parti pris des habitants a été peu considérée dans la fabrication de la ville. La crise sociale des années 1960 aux Etats-Unis et en France, a permis l’apparition de la notion d’urbanisme participatif où la "capacitation citoyenne" a été encouragé. De son anglo-saxon empowerment, aujourd’hui elle est traduite comme "pouvoir d’agir" par Marie-Helene Bacqué et Mohamed Mechmache dans me rapport au ministre François Lamy en juillet 2013.30 Au terme de cette analyse, on peut définir l’urbanisme participatif comme « une pratique de fabrication ou d’aménagements d’espaces habités associant des habitants, quel que soit le niveau de cette implication. »31. On voit apparaitre alors que l’implication des habitants, mais aussi des acteurs traditionnels, dans la fabrication de la ville est gouvernée par de nombreuses variables les incluant à différents niveaux de la participation.
27
HATZFELD HELENE. La participation une histoire ancienne. URBANISME (Revue). “Participation Ou Empowerment?,” no. 392 (printemps 2014): p. 31–67. (Page 33) 28 Ibid. (Page 34) 29 Op. cit. ZETLAOUI-LEGER, JODELLE. 30 LOUBIERE ANTOINE. Participation ou empowerment ? URBANISME (Revue). “Participation Ou Empowerment?,” no. 392 (printemps 2014): p. 31–67. (Page 31) 31 Op. cit. ZETLAOUI-LEGER, JODELLE.
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Urbanisme participatif. Métiers et pratiques en questions.
1.3
Qui ? Des acteurs stéréotypés.
La participation dans la fabrication de la ville fait appel à de nombreux acteurs appartenant classiquement aux acteurs traditionnels et professionnels, mais aussi aux usagers de la ville. Il est intéressant alors de considérer la place de deux d’entre eux : les architectes et les habitants. Il est notable alors de comprendre leurs statuts dans l’urbanisme participatif et de faire apparaitre les "a priori » les concernant. En effet, leur place dans la conception urbaine est très souvent sujette à des stéréotypes.
1.3.1 L’habitant comme figure abstraite.
« La multiplicité des termes utilisés pour nommer cet "autre" - citoyen, habitant-riverain, etc. est d'ailleurs en elle-même significative de la représentation que s'en font les acteurs traditionnels. » Elise Macaire, Véronique Biau et Michael Fenker.32 La position de l’habitant dans le processus de production de la ville est complexe et incertaine. Un seul terme ne peut suffire à décrire sa complexité d’usage dans la ville. Guillaume Faburel33 nous propose de l’identifier en trois individus : le riverain, l’usager et le profane. Le riverain appartient « à l’aire immédiate de l’emprise foncière de l’équipement ».Il est propriétaire et habite un espace précis de la ville. L’usager est le « consommateur plus ou moins averti de l’espace à l’échelle des pratiques du quotidien ». Il est celui qui utilise l’espace public et qui le fréquente quotidiennement. Il en connait ses usages. Le profane est un « individu méconnaissant justifiant alors de l’informer, le sensibiliser et de l’éduquer ».
32
MACAIRE E., BIAU V. et FENKEL M. Les professionnels face aux exigences participatives. URBANISME (Revue). “Participation Ou Empowerment?,” no. 392 (printemps 2014): p. 31–67. (Page 36) 33 FABUREL GUILLAUME. L’habitant et le savoir de l’habiter comme impensé de la démocratie participative. RAMAU." L’implication des habitants dans la fabrication de la ville métiers et pratiques en question." Paris: Éd. de la Villette, 2013.
20
« Le sujet n'est donc que très rarement habitant, ou, s'il l'est, toujours autrement qualifié et ce en miroir (déformant) d'un enjeu technique (usage), d'un risque juridique (riverain), d'un savoir autorisé (profane) propres au projet et à son déploiement rationnel. »34 D’après la typologie de Henri Sauvage35, plusieurs modes d’habiter sont ignorés : une condition habitante dans l’opposition d’une volonté extérieure, une identité habitante mettant en avant la confrontation entre résider et habiter, et une compétence habitante comme producteur et connaisseur de son environnement. Ainsi, l’habitant se retrouve confronter à une relation ambigüe avec son "habiter": il appartient à son cadre de vie, mais il est en dépossédé sous la force décisionnelle extérieure. Par ailleurs, par son environnement, « le sujet se transforme en habitant; il devient indissociable de son double spatial, cette localité protectrice et existentielle, qu'il le construit, habite et imagine. »36. On ne peut résumer l’habitant comme la personne qui habite une maison (Larousse). Sa complexité met en place une définition multiple sous la forme de figure complexe. L’habitant est acteur de son cadre de vie, il le pratique (usager), il l’habite (riverain) mais aussi le découvre (profane). On ne peut définir l’habitant comme une unique figure. Ainsi, sa diversité d’appropriation de l’espace permet à l’habitant de s’inscrire dans un usage profane de son environnement. Par ailleurs, elle implique aussi une difficulté pour les acteurs du territoire à comprendre son rôle dans le processus urbain de transformation. 1.3.2 L’architecte comme professionnel. D’après l’Ordre des Architectes37, la vocation de l’architecte est de participer à tout ce qui relève de l’aménagement de l’espace et plus particulièrement de l’acte de bâtir. L'architecte intervient sur la construction, la réhabilitation, l'adaptation des paysages, des édifices publics ou privés, à usage d'habitation, professionnel, industriel, commercial, etc. Il répond aux attentes de chaque usager en veillant au respect de l'intérêt collectif. En France, font appel à l’architecte : le particulier, l’élu local, le commerçant, le promoteur, l’industriel, les copropriétaires et l’agriculteur. Op. cit. FABUREL GUILLAUME (Page 38) Op. cit. FABUREL GUILLAUME Référence à SAUVAGE A. Les habitants, de nouveaux acteurs sociaux. L’Harmattan, 1992. 36 Op. cit. FABUREL GUILLAUME) Référence à LOLIVE J. De la planification environnementale à l’émergence de cosmopolitiques. Institut de géographie, Université Joseph Fourier, Grenoble. 37 http://www.architectes.org 34 35
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Urbanisme participatif. Métiers et pratiques en questions.
« L’histoire du métier d’architecte est l’histoire de la séparation de différents corps de métiers. »38. La profession s’est formée comme une élite du secteur de la construction en se distinguant entre activités manuelles et activités intellectuelles. L’architecture est fondée sur la doctrine de la position formelle et esthétique de l’espace bâti. Elle appartient à l’art et la construction comme « activité intellectuelle qui précède et ordonne le travail manuel et la mise en œuvre »39. L’architecture devient alors une valeur culturelle donc l’architecte est le garant. Il se définit alors plus comme un artiste que comme un ingénieur. De plus, sa relation avec l’Etat lui permet d’avoir le monopole sur certains marchés comme la commande publique ; elle est considérée comme noble car elle n’appartient pas aux productions privées. En 1977, la loi sur l’architecture donne une protection à la profession d’architectes. Elle permet de considérer l’architecture comme d’"intérêt public" et incarne la qualité de la construction. La distinction de la profession d’architecte comme acteur noble de la construction met en perspective la figure de l’architecte « prince »40.L’architecture est considérée comme une élite et est parfois mal perçu par les individus profanes à la profession. En effet, Thierry Paquot41 montre que le métier d’architecte n’est plus en accord avec la société d’aujourd’hui. Tout d’abord, l’architecte est perçu par le commun des individus comme une figure intouchable, une star-système de l’architecture. Alors qu’au contraire, l’urbaniste est un professionnel peu connu et peu reconnu par les acteurs de la ville. Face à l’évolution de la demande architecturale, les architectes ont du mal à s’adapter et perçoivent ce changement comme une contrainte et non une opportunité. Enfin, du point de vue des habitants, les projets d’architecture sont souvent « signé par "un grand architecte" et posé là tel un ovni dans un champ de tournesol. »42. La profession d’architecte a toujours était perçue comme un métier d’élite possédant une valeur d’esthétique universelle de la construction. Aujourd’hui, la figure de "prince" de l’architecte n’est plus en adéquation avec la société actuelle. La profession a besoin de s’adapter aux besoins des habitants, mais aussi de muter devant la crise sociale. MACAIRE, ÉLISE. Actions pédagogiques et participatives en architecture, construction d’une hypothèse sur la socialisation ‘démocratique’ de l’activité d’architecte. Mémoire de master sous la direction de François Dubet, Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, 2006. (Page 8) 38
Ibid. (Page 9) Ibid. (Page 6) 41 PAQOT THIERRY. L’architecte, L’urbaniste et Le citoyen. Manière de voir. No. 114 (12/2010) :7. 42 Ibid. 39 40
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L’espace de la ville est composé d’entités propice à la fabrication urbaine. Leur qualité en tant qu’espaces interstitiels est d’inciter à l’expérimentation et à l’imagination. La crise sociale des années 1960 en France a fait émerger la notion d’urbanisme participatif. Patrick Geddes en est le précurseur. On a pu constater que l’implication des acteurs traditionnels et des habitants est dominé par la législation, et par une participation à différents degrés. Enfin, La recherche s’est établie autour de deux acteurs : l’architecte et l’habitant. La conception de l’habitant se définit par trois aspects. La complexité de cette figure abstraite engage une difficulté pour les acteurs du territoire, à comprendre son rôle dans le processus de création. Quant à l’architecte, il est catégorisée dans une position d’élite, éloigné des préoccupations actuelle de notre société.
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Urbanisme participatif. Métiers et pratiques en questions.
-2VERS UN ENGAGEMENT PROFESSIONNEL ET CITOYEN
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Les habitants et les architectes s’engagent dans la fabrication de la ville. Mais quelles sont leurs démarches ? Qui sont-ils ? Nous allons tenter de comprendre les métiers et les pratiques de la participation à travers ces deux acteurs. Par ailleurs, cette collaboration reste fragile. Il est nécessaire de préciser aux lecteurs en quoi elle peut être un frein ou un moteur à cet engagement professionnel et citoyen.
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Urbanisme participatif. Métiers et pratiques en questions.
2.1 L'habitant, un nouvel outil ? Les habitants sont aujourd’hui des acteurs à part entière dans la fabrication de la ville.
Ils interviennent sous forme individuelle ou bien collective par le biais
d’associations notamment les associations de quartier. Aujourd’hui, les habitants ne sont plus considérer comme simple usager ; au contraire, ils deviennent un nouvel outil par leurs connaissances. Il est alors nécessaire de déterminer les démarches de participation des habitants définies en quatre processus – processus liés aux recherches avant-coureur de Sherry Arnstein par l’échelle de la participation. 2.1
"Savoir citoyen" comme dispositif participatif. « Les expressions de « savoir d’usage », « expertise citoyenne » ou « savoirs ordinaires
sont utilisées par une diversité d’acteurs (élus, militants associatifs, consultants, chercheurs, etc.) pour justifier la mise en place de dispositifs participatifs. »43 Héloïse Nez, sociologue, nous propose d’établir une définition du "savoir citoyen" des habitants comme outil de la démarche participative. Les "savoirs citoyens" sont spécifiés sous trois groupes : des savoirs d’usages, des savoirs professionnels et des savoirs militants.44 Ceux-ci sont mis en relation avec des savoirs individuels et des savoirs collectifs caractéristiques de la participation des habitants à titre individuel ou associatif. La définition de chacun de ces savoirs permet d’établir la construction d’une structure du "savoir citoyen" dans la participation. Les savoirs d’usages s’appuient sur l’expérience et la connaissance qu’un individu possède sur son territoire en tant que usager de proximité. La transcription de ces savoirs est souvent réalisée par le biais de témoignages. Les savoirs professionnels sont caractéristiques des architectes et des urbanistes. Ils font appelles à des connaissances et à des techniques liés à leurs professions et utilisés comme outil de diffusion de la culture architecturale.
NEZ, HELOÏSE. “Nature et légitimités des savoirs citoyens dans l’urbanisme participatif. Une enquête ethnographique à Paris.” Sociologie 2, no. 4 (2011): 387. (Page 388) 44 Ibid. (Page 391) 43
26
Les savoirs militants sont des connaissances acquis en participant à des chantiers collaboratives, mais aussi au sein des collectifs comme les associations ou les partis politiques. Ces savoirs s’inscrivent « dans des réseaux d’acteurs et des savoirs et savoir-faire politiques »45. Ils peuvent aussi apparaitre sous la forme de connaissances méthodologiques acquises en participant. La mise en relation de ces trois types de savoirs avec les caractéristiques individuelles ou collectives des acteurs, construit une structure représentative des spécificités des "savoirs citoyens". Tableau des différentes dimensions du "savoir citoyen".46 TYPE DIMENSION
Savoir d’usage
Individuelle
Savoir d’usage individuel
Collective
Savoir collectif d’usage
Savoir professionnel
Savoir militant
Savoir professionnel
Savoir militant
individuel
individuel
Savoir professionnel
Savoir militant
collectif
collectif
Par ailleurs, ces savoirs sont inégalement utilisés dans le dispositif de participation. On définit alors trois types d’utilisation. Les savoirs sollicités qui regroupent principalement le savoir d’usage individuel, le savoir collectif d’usage et le savoir professionnel. Ils sont, en effet, directement utilisés par les pouvoirs publics et son reconnus dans le processus d’urbanisme. Ils sont employés principalement pour un statut d’usage du territoire, mais aussi pour «un statut de profane et une légitimité fondée sur une qualité de citoyen ».47 Les savoirs revendiqués regroupant l’intégralité des dimensions, sont peu reconnus par les autorités. Ils sont souvent appliqués comme dispositif contestataire imposé par les acteurs de la participation. Les savoirs déniés définissent l’incapacité des habitants à promouvoir leurs "savoirs citoyens" dans le processus participatif. Soit car ils concernent une minorité de personne, soit car ils ne sont pas utilisables sous forme d’outils conceptuels.
Op. Cit. NEZ HELOÏSE (Page 393) Voir Annexe page 73. Conférence NEZ, HELOÏSE. PASSAQUIN, SUZIE. BENCHARIF LELA. Séminaire. [Faire la ville avec les habitants : savoirs, expériences et retours], ENSASE, St Etienne, 21 avril 2015. 47 Op. Cit. NEZ HELOÏSE (Page 399) 45 46
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Urbanisme participatif. Métiers et pratiques en questions.
La spécificité des savoirs proposée par Héloïse Nez, conduit à considérer les habitants comme un outil de la participation. "Les savoirs citoyens" sont inégalement utilisés et reconnus par les pouvoirs publics, mais ils révèlent un atout dans l’élaboration de projets participatifs. Qu’ils soient d’usage, militant ou bien professionnel, les habitants ont aujourd’hui la possibilité de revendiquer leurs connaissances et leurs qualités, indispensables au processus de renouvellement de l’espace public. 2.2
Typologie des degrés de participation des habitants. La participation dans la fabrication de la ville s’est aujourd’hui créer « un
référentiel technique »48 afin de discerner les différentes démarches participatives. La création d’un vocabulaire autour de la pratique des habitants s’est établie sous quatre formes. L’information. Les habitants ont le droit d’être informés lors de la mise en place de projets par les pouvoirs publics. Un certain nombre d’informations sont délivrés aux habitants de telle sorte que le dialogue entre eux et les décideurs reste conditionnée dans un seul sens – les réactions des habitants ne sont pas pris en compte. La consultation est une forme passive de la participation. Elle consiste à recueillir l’avis des habitants à n’importe quel stade d’avancement du projet. Elle contraint, tout de même, l’habitant à un système de frustration, car le poids de son avis est souvent très peu pris en compte. La
concertation. Cette démarche, beaucoup plus active, impact le projet dès sa
conception. La mise en place d’outils relais et d’accompagnement sont nécessaires afin d’établir une forme de négociations entre les habitants et les commanditaires. L’objectif étant de décider de manière partagée un projet en commun. La coproduction est le quatrième degré de participation. Elle reconnait la légitimité de l’ensemble des acteurs sous la forme d’un partenariat équitable depuis le montage de projet jusqu’à sa réalisation. Elle intervient dans toutes les phases du projet et peut être ainsi poussée « jusqu’à la co-gestion où les acteurs participent à la gestion technique, financière, etc. »49.
La participation, cadre théorique et rôle de l’habitant. http://www.lafabriquedulieu.com/ CRDSU. Participation des habitants et renouvellement urbain. Cycle de qualification. Synthèse des journées du 25 novembre et 10 décembre 2008. http://www.crdsu.org 48 49
28
Au-delà de ce référentiel technique, un outil méconnu en France permet l’établissement de différents degrés de participation.
Cet outil est l’échelle de
participation élaborée par Sherry Arnstein en 1969. Elle se décompose en trois niveaux, avec chacun des degrés qui sont au nombre de huit au total.
Echelle de la participation par Sherry Arnstein.
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Urbanisme participatif. Métiers et pratiques en questions.
-
Le premier niveau, appelé
non-participation, correspond aux deux premier
degrés : la manipulation, éduquer les citoyens, et la thérapie, traiter les problèmes rencontrés par les habitants.
L’objectif est de donner aux habitants une unique
réponse à leurs besoins en utilisant uniquement des outils de communication sans pouvoir intervenir. -
Le second niveau, appelé
coopération symbolique, comporte trois degrés :
l’information, les habitants reçoivent des informations mais non aucun pouvoir d’agir, la consultation, les habitants expriment leurs avis au cours de réunions publiques, et la réassurance, quelques habitants peuvent prendre part aux décisions au cours du projet. A ce stade, la décision appartient principalement aux décideurs malgré une prise en compte de l’avis des usagers. -
Le troisième niveau correspondant au pouvoir effectif des citoyens, comporte trois
degrés : le partenariat, prise de décision réalisé par le biais de négociations entre citoyens et décideurs, la délégation de pouvoir, délégation d’une partie de la prise de décision aux habitants, et le contrôle citoyen, un groupe local gère de manière indépendante toutes les phases du projet, de la conception à la réalisation. La corrélation entre l’échelle de participation de Sherry Arnstein et le référentiel technique permet d’établir une structuration des démarches de la participation des usagers de la ville. Les habitants sont impliqués dans le processus participatif à différents degrés. On remarque alors un rapport de force inégale entre les acteurs publics et les citoyens – l’avis des habitants est plus ou moins considéré par rapport à la démarche de participation appliquée. Ainsi, l’habitant est aujourd’hui apprécié comme un nouvel outil de la participation. Son "savoir d’usage" est de plus en plus pris en considération dans le processus de conception de projet. Il n’est plus vu seulement comme un individu, mais comme un savant du quotidien.
Par ailleurs, son implication dans la fabrication
urbaine n’est pas clairement défini. La pratique participative des habitants s’établit à différents niveaux et sous différentes formes. L’utilisation de l’habitant comme outil est alors engagée à plusieurs niveaux selon le bon vouloir de la commande publique.
30
2.2
L’architecte, une nouvelle profession?
La participation des habitants dans la fabrication de la ville a fait évoluer la profession d’architecte. De nouvelles formes apparaissent comme les collectifs d’architectes qui proposent leurs services aux habitants, aux associations de quartier mais aussi aux acteurs étatiques. On note alors une typologie de ces démarches conçues pour et avec les habitants. 2.2.1 De nouveaux acteurs : les collectifs. Depuis quelques années,
une nouvelle forme de créateurs de la ville est
apparue : le collectif d’architecte. Cette émergence est due à une prise de conscience de la part d’étudiants en architecture et de de jeunes architectes, et à leur manque d’actions dans la fabrication de la ville. En effet, le travail en agence ne leur permet pas, par le jeune âge, d’avoir une influence immédiate dans le développement urbain. Afin de tracer leur propre trajectoire professionnelle, ils ont choisi de ne pas travailler en agence et ont mis en place des initiatives spontanées. Ces jeunes professionnels « défrichent une pratique alternatives de l’architecture »50qui permet de mobiliser les habitants et de créer une nouvelle approche du projet : l’expérimentation à l’échelle 1. En interpellant les riverains, ces jeunes architectes activent avec enthousiasme la création d’une nouvelle forme de pratique urbaine propice au développement positif et engagé de la ville. Par ces projets innovateurs, ils explorent les possibilités d’une nouvelle place pour l’architecte dans la fabrique de l’urbain. Les collectifs d’architectes se sont construits par une envie certaine de se frotter au réel. Ces nouveaux acteurs sont caractérisés par un besoin d’agir dans l’espace public par des initiatives spontanées et bénévoles. L’implication de ces jeunes architectes est une force majeur dans la volonté de créer de l’urbain. Seule leur présence sur le terrain peut permettre un vrai dialogue entre la population et ces professionnels. La recherche-action construit avec l’habitant permet à celui-ci de comprendre ces initiatives, mais aussi, de le faire agir, de sa propre initiative, à la fabrication de « sa » ville .En effet, « l’occupation festive d’un lieu et la co-construction
50
DARRIEUX MARGAUX, « Dossier : Collectifs d'architectes », AMC, 2014/04 n°232, p. 63-73.
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Urbanisme participatif. Métiers et pratiques en questions.
ouverte au public peuvent être des outils de préfiguration des usages et de sensibilisation de la ville. »51 La dynamique d’occupation permet aux collectifs de s’enraciner dans le territoire. Leurs projets sont souvent de courtes durées et spontanés, mais la multiplication des chantiers permet d’interpeller les initiateurs du développement urbain. De plus, l’initiative des collectifs commencent à s’institutionnaliser, permettant ainsi, par leur territorialisation, d’influer sur le long terme le projet urbain. Par ailleurs, ces jeunes architectes vont au-delà de leur profession. Souvent avides d’expériences et de conceptions, ils sont un peu touche-à-tout et aiment fabriquer de leurs propres mains ; « ils sont un peu programmistes, un peu concepteurs, un peu constructeurs »52. D’ailleurs, cette pratique collective et artistique invitent d’autres disciplines - disciplines souvent connexes à l’architecture comme l’art plastique, le graphisme, le design, le paysage ou bien même la sociologie. Les collectifs d’architectes apparaissent aujourd’hui comme un nouvel outil à la fabrication urbaine. Leurs actions directes avec les habitants permettent à leurs actions de se démocratiser mais aussi, de trouver une certaine reconnaissance de la profession. Leur volonté et leur énergie permettent à leurs chantiers de fédérer les citoyens. La pluridisciplinarité et l’aspect festif de leurs chantiers sont des valeurs importantes qui participent au bon déroulement des chantiers.
2.2.2 Typologie des enjeux et des démarches de la participation.
La prise en main des architectes
de l’espace de la ville avec et pour les
habitants, est conduit par des enjeux qu’il est nécessaire de définir. Yvan Detraz53, architecte et initiateur du Collectif Bruit du Frigo à Bordeaux nous propose les raisons, qui pour lui, engagent et fédèrent les habitants et les architectes dans la pratique participative. En effet, les projets participatifs doivent transcender l’ordinaire - créer un récit qui interpelle les habitants dans leur quotidien. Ensuite, les architectes veulent reconquérir l’espace public .Les contraintes imposées par la réglementation stricte de Ibid. Op. cit DARRIEUX MARGAUX 53 Voir Annexe page 71. SEGAPELI, SILVANA. CAMPOS, CARLOS. TIXIER, NICOLAS. DETRAZ, YVAN. Table ronde. Le projet impermanent. Les espaces publics entre animation et persistance. Biennale du Design St Etienne 2015, ESADSE, 19 mars 2015. 51 52
32
ces espaces, interpellent les architectes et conduisent à une sorte affrontement. On voit ainsi apparaitre l’investissement des architectes et des habitants dans l’espace urbain comme une forme de résistance face à l’inactivité des villes. Enfin, la ville est "un terrain de jeu" où l’architecte peut se risquer à de nouvelles formes d’urbanités et aller jusqu’au limite de l’expérience. Ainsi, on constate que les raisons qui engagent les architectes dans la fabrication urbaine, sont souvent conduites par une forme de lutte à l’ordonnance classique de la ville. Les démarches de participations des collectifs sont diverses et variées. Elise Macaire, nous propose dans son article Des architectes à l’épreuve de la ville.54, une typologie des enjeux et des démarches de la participation des architectes suite à étude sur plusieurs collectifs d’architectes français. La catégorisation proposée par Elise Macaire ne peut définir strictement la démarche des collectifs d’architectes car, ils ont la particularité de proposer de multiples modes d’actions. Par ailleurs, l’utilisation des recherches de cet auteur permet d’établir une possible définition de la pratique participative de ces architectes. Les processus des activités participatives sont regroupés sous différents termes d’après les professionnels interrogés : « médiation urbaine, concertation ou consultation. ». La "médiation" s’inscrit dans un cadre de commande qui est ici sous deux formes. Soit les collectifs répondent à une commande publique coordonnée par une collectivité locale ou par des programmes d’urbanisme. Soit ils contribuent à « la fabrique de la commande » en intervenant en amont du projet par le biais d’une analyse de la localité d’intervention. La "concertation" place les architectes « au côté des habitants ». La démarche est ici d’aller au-delà de la commande en mettant en avant l’aspect social aux dépens des commanditaires. La "consultation" interroge la démarche sur la relation aux institutions - « agir ou non dans le cadre institutionnel ». Les collectifs essayent de maintenir un distance forte par rapport aux institutions. S’ils interviennent souvent en tant que collaborateur, ils peuvent être en désaccord avec les commanditaires et proposer parfois des contre-projets. « Ils construisent ainsi une conscience professionnel » en gardant une indépendance par rapport aux commanditaires des projets.
MACAIRE ELISE, « Des architectes à l’épreuve de la participation », dans De Coninck (F.) et Deroubaix (J.-F.) (dirs.), Ville éphémère, ville durable - Nouveaux usages, nouveaux pouvoirs, éditions de l’OEil d’Or, Paris, 2009 : pp. 135-147 54
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Urbanisme participatif. Métiers et pratiques en questions.
La profession d’architecte engage une cadre de compétence souvent définie par le travail en agence. Ici, Elise Macaire propose de définir les démarches en opposition au travail d’architecte classique. La première opposition s’établit sous la distinction entre « projet coopératif et projet architecturale ». La production de "la parole habitante" est un projet très utilisé dans la participation. Les architectes proposent aux habitants de décrire leur quotidien et leur cadre de vie sous forme de récit, qui ensuite est utilisé dans la conception projectuelle. Par l’intermédiaire des compétences des architectes, les usagers peuvent intervenir dans le projet. « Plutôt que maîtres de l’œuvre (« maîtres d’œuvre ») ces architectes » deviennent « maître du processus ». Le propre de la participation est de créer une œuvre collective avec l’ensemble des participants. La vision de l’architecte comme élite est en rupture avec ce processus de projet. On notre alors une opposition entre « Création collective et œuvre individuelle ». Comme vue précédemment, habitants et architectes ont leurs propres savoirs. Le savoir de l’usage par les habitants est mis en lien avec le savoir de la construction spatiale des architectes. « Espaces de savoirs et savoirs de l’espace « sont ainsi si non vu comme un opposition, mais comme une complémentarité dans l’action projectuelle. Les enjeux et les démarches des collectifs d’architecte dans la participation sont caractérisé par une forme de lutte de l’ordonnance classique de la ville. L’approche collaborative des projets participatifs est prédominée par la place de l’habitant dans le processus. La démarche de ces collectifs se situe alors dans l’opposition ou la complémentarité de la profession institutionnalisée des architectes.
34
2.3
Une collaboration fragile.
La relation entre les architectes et les habitants se confronte à des limites dans la pratique participative de la fabrication urbaine. Les différents acteurs de la ville ont des positions différentes et parfois contradictoires limitant la mise en place du processus participation. Que ce soit les acteurs ou les modalités de la participation, la collaboration entre les architectes et l’habitant est fragile. 2.3.1 Limites liées aux acteurs de la participation. Malgré les propos tenus par les représentantes politiques des villes, les politiques de participation dans le sens de partage du pouvoir sont peu nombreuses. Les élus politiques sont-ils véritablement prêts au processus participatifs ? « Dans un contexte différent, la loi sur la Solidarité et le Renouvellement Urbain (SRU) a récemment mis les architectes, à la suite des maîtres d’ouvrage du secteur public, face à la consultation et la participation des habitants. »55. Les élus politiques sont aujourd’hui confrontés à une législation leurs imposant un dialogue avec les habitants dans la gestion de la ville. Comme on a pu le voir précédemment, lors de la mise en place de ces démarches, l’implication des habitants est considérée à différents degrés dans le processus. Le rapport de force entre les représentants politiques et les citoyens est parfois difficile l’avis des habitants est très rarement prit en considération. Les pratiques employées par les élus sont généralement limitées à l’information ou bien la consultation des habitants dans l’élaboration du projet. Les démarches de concertation et de coproduction sont quant à elles beaucoup moins employés, les pouvoirs publics prendraient le risque de remettre en cause leur statut par des décisions en opposition à l’avis de ses électeurs. "Les acteurs de l'aménagement urbain [...] veulent intégrer la concertation dans leurs pratiques mais ne sont pas toujours prêts à accepter l'opposition, la critique, le débat contradictoire, voire même les propositions, car elles mettent à mal les équilibres des savoirs et des expertises, les outils de conceptions des projets et finalement leur propre légitimité. »56 Les habitants demandent ainsi de s'exprimer mais dès qu'ils le font un peu trop fort, la parole leur est retirée. Op. cit. MACAIRE ELISE, « Des architectes à l’épreuve de la participation. » (Page 135) FOUCAULT THIERRY, LASIDA ELENA et PINHEIRO-CROISEL REBECCA. « Démarches participatives en urbanisme, que faire des contradictions ? », RAMAU, Concertation et contradictions, 2012 : 9. 55 56
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Urbanisme participatif. Métiers et pratiques en questions.
On note ainsi une contradiction dans la relation entre les acteurs publics et les habitants. En effet, des élus sont légitimés pour prendre des décisions à la place de la population, alors que l’on demande à la population de participer à la construction de la décision. Les pouvoirs publics utilisent la participation comme une condition de la bonne gestion du projet. « Un projet élaborée avec l'implication des habitants donne de bien meilleurs résultats et à terme est moins difficile à mener qu'un projet fait contre eux: elle est très souvent un peu les deux et est de ce fait contradictoire.57 L’implication des habitants dans le processus participatif semble être une démarche évidente. Mais, les habitants sont-ils réellement intéressés par la participation ? « La participation rencontre des difficultés au niveau des habitants eux-mêmes : soit qu'ils refusent car ils la perçoivent comme extérieure, soit qu'elle corresponde comme un moment perçu comme celui où leurs revendications leur échappent. »58 La participation des habitants est marquée par le désengagement public, voir le désintérêt pour la pratique participative – cette évolution politique ôte toute crédibilité à l’offre institutionnelle de la participation. En effet, la démarche participative engagée sur des projets « tout ficelés à l’avance »59 est rejetée, comme une forme de "participation-bidon". On retrouve ainsi un phénomène de fond que le Collectif Pourquoi Pas60 désigne comme la posture de consommateur de l’habitant. En effet, les usages viennent uniquement consommer ce qui est à leur portée.
Dès qu’ils doivent s’engager,
s’impliquer dans un processus participatif, ils font un pas en arrière Ils ne comprennent pas qu’en s’investissant, les projets peuvent améliorer leur consommation en apportant des solutions économiques bien moins chères. Ce désintérêt des habitants peut aussi nous interroger sur notre propre pratique : « S’il y avait une action comme ça près de chez nous, est-ce qu’on y mettrait les pieds ? »61
MASSIAH GUSTAVE. ARCHIMEDE ET LEONARD. De La Participation Des Habitants : Participation et Citoyenneté. Hors-Série 12. Paris: AITEC, 1995. (Page 7) 58 Ibid. (Page 6) 59 Ibid. (Page 13) 60 Voir Annexe. Transcription de l’entretien avec Benjamin et Etienne page 85. 61 Ibid. 57
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La position des architectes autour de la question de la participation n’en n’est pas moins débattue. Les architectes sont-ils nécessairement en accord avec le processus de participation ? Leur vision autour de ce types de démarches peut être considérer sous deux formes. Tout d’abord, certains architectes considèrent abordent, avec un certain scepticisme, les projets participatifs comme une démarche "spectacle". Pour eux, l’implication des habitants n’a pas de réelle valeur dans le projet. Ils perçoivent ces "chantiers de plein air " comme une caricature de la participation – où l’on fait croire que la participation est réellement utile. Ensuite, la pratique participative en tant qu’architecte est limitée pour une raison économique. En effet, « l'augmentation des charges de travail sans compensation financière adéquate, la difficulté d'accéder à des formations complémentaires ou encore la perte des compétences créatives au profit d'un collectif sont sources de préoccupation particulièrement forte chez les "professionnels de la conception »62. Le positionnement des architectes dans la participation induit un fragile équilibre au niveau financier, mais aussi professionnel. Il leurs est difficile de s’engager dans une action militante en parallèle à leur travail car la démarche participative demande beaucoup de temps, d’investissements, mais aussi de sacrifice dans le confort financier proposé par un métier stable en agence. 2.3.2 Limites liées aux modalités de la participation. Les projets participatifs ont pour but d’améliorer et de donner un sens au cadre de vie. En réponse à la crise du logement des années 60, nombreux d’entre-deux sont situés dans des quartiers
défavorisés, dans la "banlieue" des villes. Mais quelle
représentation peut-on donner à ce type de quartier ? Le rôle assigné à ces quartiers dans la structure des agglomérations urbaines est défini comme « lieux de ségrégation et de concentration de population »63. La qualité des quartiers comme "lieux de ségrégation" implique des notions contradictoires dans le processus participatif. En effet, l’implantation de chantiers participatifs dans ces espaces est une réponse aux besoins des personnes défavorisées
62
Op. cit. MACAIRE E., BIAU V. et FENKEL M. Les professionnels face aux exigences participatives. (Page 37) 63 Op. cit. MASSIAH GUSTAVE. De La Participation Des Habitants : Participation et Citoyenneté. (Page 13)
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Urbanisme participatif. Métiers et pratiques en questions.
qui l’habitent. L’idée est de donner une nouvelle identité, une nouvelle image du quartier en proposant des améliorations de types artistiques ou culturelles dans l’espace public. Par ailleurs, la multiplication de ces pratiques désigne ces quartiers comme des lieux à part dans la structure de la ville. Ainsi, les élus pratiquent une forme d’exclusion en initiant, à tort, des processus de réaménagement par la participation. La notion de ségrégation permet la prise en considération par les pouvoirs publics des besoins des habitants, tout en incluant une démarche d’exclusion en désignant les quartiers comme des lieux défavorisés. Les politiques de renouvellement urbain utilisent de plus en plus la participation des habitants comme outil de la fabrication de la ville. Cette multiplication intensive des processus participatif ne conduit-elle pas à une instrumentalisation ? Deux visions s’opposent autour de la démarche de participation. « Une vision enchantée portée par "les idéalistes " » qui voient dans ce développement un renouvellement des pratiques urbanistiques, et « une vison désenchantée portée par les "ultra-critiques" qui met l’accent sur l’instrumentalisation des dispositifs par les acteurs dominants. »64. Il ne faut pas, alors, céder à la démagogie participative, en initiant massivement des projets participatifs normalisés et désolidarisés de leur contexte. En effet, les dispositifs de participation introduisent une posture culturelle et artistique non dépourvues d’effets sur l’image de marque de la ville et de ses responsables politiques. L’instrumentalisation des processus participatifs par les représentants politiques n’est pas favorable à la participation des habitants – en les normalisant, la raison même de la participation perd tout son sens. Les projets participatifs s’inscrivent par définition dans une temporalité courte. Sont-ils alors des dispositifs limités dans le temps ? En effet,
la temporalité
de l’éphémère s’impose
dans la création de chantiers
participatifs, de lui-même car son processus est réversible et engage des matériaux peu coûteux. Par exemple, on peut constater une grande utilisation de palettes réutilisées dans la fabrication des espaces publics – que l’on désigne alors comme un "esthétiquepalette ". Mais cet esthétique est temporaire et se dégrade très rapidement. Il faut
64
Op. cit. BACQUE, MARIE-HELENE, et MARIO GAUTHIER. “Participation, urbanisme et études urbaines: Quatre décennies de débats et d’expériences depuis « A ladder of citizen participation » de S. R. Arnstein.“ (Page 56)
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garder une veille, car ses espaces peuvent, a contrario de leur objectif premier, desservir un quartier. « La plupart des expériences qui cherchent à institutionnaliser la participation des simples citoyens dans la durée échouent, faute de combattant, par désertassions pur et simple de leur public. »65. La principale limite à la temporalité éphémère de ce type de dispositif est la question de relais. En effet, dès lors que les collectifs ou associations d’architectes quittent le chantier, les habitants doivent maintenir une activité sur le site afin de contenir la dégradation des constructions. L’implication des habitants sur la base du volontariat et du bénévolat conduit à une responsabilité continue, qui est rarement relayée.
La collaboration entre les architectes et les habitants reste instable. Les acteurs de la participation la limitent par, des élus prompts à éviter le dialogue, des habitants désintéressés et des architectes déstabilisés par les changements en cours de leur profession. Quant aux modalités de la participation, elles limitent la collaboration par, une exclusion identitaire des quartiers défavorisés, une instrumentalisation et une normalisation des processus participatifs et par, une esthétique éphémère en danger.
Op. cit. FOUCAULT THIERRY, LASIDA ELENA et PINHEIRO-CROISEL REBECCA. « Démarches participatives en urbanisme, que faire des contradictions ? » 65
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Urbanisme participatif. Métiers et pratiques en questions.
Les habitants et les architectes sont de plus en plus engagés dans la fabrication participative de la ville. L’habitant est aujourd’hui, apprécié comme un nouvel outil de la participation. – son "savoir d’usage" étant un levier pour la compréhension de l’espace de la ville. Son engagement est défini à plusieurs degrés de participation, selon la commande des pouvoirs publics. Les architectes, quant à eux, investissent la participation sous la forme de collectifs. Leurs démarches s’inscrivent dans l’opposition et/ou la complémentarité de la profession institutionnalisée des architectes. Par ailleurs, la collaboration entre les architectes et les habitants est fragile. Les modalités et les acteurs de la participation limitent le processus participatif.
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Urbanisme participatif. Métiers et pratiques en questions.
-3MISE EN LUMIERE D’UNE NOUVELLE PRATIQUE – CAS D’ETUDE-
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La posture des architectes et des habitants évoluent dans la pratique participative. On voit apparaitre la notion de tiers-acteur portant la double casquette d’architecte-habitant ou d’habitant-architecte. Sa définition est introduite par plusieurs auteurs, dont Hélène Hatzfeld, et demande à être explorée. Suite aux entretiens réalisés avec plusieurs architectes, l’analyse des similitudes et des contradictions va permette d’identifier des mouvements dans la pratique participative. Enfin, nous établirons un constat global autour de la remise en question de la profession d’architectes dans le processus de participation avec les habitants.
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Urbanisme participatif. Métiers et pratiques en questions.
3.1
Processus de recherche.
La suite de la recherche autour des pratiques urbaines des architectes et des habitants se poursuit à travers la mise en place d’entretiens avec des architectes concernés par la participation habitante. On voit naitre ainsi une nouvelle notion, celle du "tiers acteur" qu’il est nécessaire d’expliciter au préalable. Concernant l’étude de cas, la méthode de recherche, ainsi que la présentation du terrain sont essentiel avant toute analyse. 3.1.1 Une nouvelle notion – le tiers acteur. « Dans chacune de ces figures de la participation, ce sont aussi de nouvelles pratiques des architectes et des urbanistes qui émergent, en collectifs ou en réseaux, déplaçant les lignes entre professionnels de la conception, artistes, chercheurs et habitants. » Hélène Hatzfeld.66 « Du face-à-face à la pluralité »67, ainsi Hélène Hatzfeld décrit le changement, l’évolution des pratiques et des métiers de la fabrication urbaine. Ce déplacement de l’exercice traditionnel des architectes, mais aussi de la pratique des habitants, fait apparaitre l’émergence de tiers. « Ces tiers peuvent être des habitants, des associations, des architectes-habitants ou experts dans l'habitat participatif. »68. Ce tiers est aussi présent dans l’espace de la ville, les espaces tiers, qui comme expliqué en première partie sont les espaces interstitiels (friches, jardins, etc.). En luttant contre la logique de l’affrontement binaire entre les acteurs architecte/habitant, cette nouvelle figure permet « le partage, le passage, le déplacement, le décentrement » du processus urbain de la fabrication de la ville. Hélène Hatzfeld n’est pas la seule à constater ce déplacement. En effet, Elise Macaire propose un bilan semblable. Elle considère que les activités de la participation modifient la perception et la représentation qu’ont les architectes de leur métier. Elle HATZFELD HELENE. La participation, une histoire ancienne. URBANISME (Revue). “Participation Ou Empowerment?,” no. 392 (printemps 2014): p. 31–67. (Page 34) 67 HATZFELD HELENE. Des mutations professionnelles révélatrices d’un monde en mouvement. RAMAU." L’implication des habitants dans la fabrication de la ville métiers et pratiques en question." Paris: Éd. de la Villette, 2013. (Page 316) 68 Ibid. 66
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constate l’apparition d’une « professionnalité particulière »69, acteur hybride, qui redéfinit les compétences traditionnelles des architectes par l’expérience sociale de la participation. Ainsi, Elise Macaire propose une nouvelle définition du tiers " le segment ". Elle suppose qu'un nouveau « segment » serait en cours de constitution au sein de cette profession, incarné par « un soucis de démocratisation des méthodes d'interventions à caractère pédagogique et coopératif »70. Afin d’apporter une nuance à ces propos, on note la notion du tiers acteur aussi dans la pratique artistique dans la ville. Acteurs engagés dans leur cadre de vie, les artistes peuvent utiliser la ville pour leur production. Sandra Trigano71 désigne ces artistes par le concept d’ « artiste-habitant ». En effet, « ils habitent la ville, en sont habités et l’habitent » en retour par leurs œuvres. Ces artistes à double casquette sont à l’articulation de leur imaginaire et de leur pratique de la ville. Leur rôle en tant qu’habitant prend une large place dans leur travail et permet ainsi de faire corps avec la ville elle-même. Le processus de création dans ces démarches artistiques impliquant la pratique des lieux par la marche « comme un mode d’habiter ». Comme les architectes, cette nouvelle figure de l’artiste propose une discordance
de la « conception
désincarnée »de l’artiste comme extrait de son cadre de vie et de qui l’entoure. Ainsi, on constate que la prise de positions des acteurs de la participation amène un déplacement des professions et des pratiques de la fabrication urbaine. Urbanistes et sociologues proposent une nouvelle définition de ces acteurs qu’elles identifient comme "le tiers acteurs", "le segment", "l’architecte-habitant" ou bien "l’artiste-habitant". Ce constat nous amène à interroger et à identifier cette nouvelle figure en proposant une recherche des transformations du métier d’architectes par un corpus d’entretiens de ces "tiers-acteurs".
MACAIRE ELISE, « Des architectes à l’épreuve de la participation », in De Coninck (F.) et Deroubaix (J.-F.) (dirs.), Ville éphémère, ville durable - Nouveaux usages, nouveaux pouvoirs, éditions de l’OEil d’Or, Paris, 2009, pp. 135-147. (Page 147) 70 Op. cit. Cahier RAMAU. GARDESSE CAMILLE. Les acteurs du projet urbain et la participation des habitants, entre évolution des pratiques et prégnance des codes culturelle. (Page 145) Référence à MACAIRE E. L'architecture à l'épreuve de nouvelles pratiques. Recompositions professionnelles et démocratisations culturelle. Thèse de doctorat, ZETLAOUI-LEGER J. (dir), Université Paris-Est, 2012. 71 TRIGANO, SANDRA. “Les imaginaires urbain et ouvrier chez des artistes-habitants stéphanois. Étude des (re)formulations d’images, de mythes, de stéréotypes et d’emblèmes locaux par divers 69
procédés artistiques.” , L’imaginaire urbain dans les régions ouvrières en reconversion, 2011.
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Urbanisme participatif. Métiers et pratiques en questions.
3.1.2 La méthode Afin de comprendre et d’illustrer les nouveaux métiers et les nouvelles pratiques de la fabrication de la ville, il a été nécessaire de réaliser un corpus d’entretiens avec différents architectes. La création de ce corpus s’est déroulée en plusieurs étapes afin de composer de réaliser une analyse pertinente. Tout d’abord, le choix des personnes interrogées s’est développé autour de différentes pratiques de la participation. J’ai ainsi réalisé des entretiens avec deux collectifs proposant un processus de participations différentes, un architecte enseignant à l’école d’architecture de Saint Etienne, ainsi qu’une architecte-urbaniste installée dans un local associatif. La sélection de plusieurs typologies d’architectes me permet ainsi d’avoir une vision globale, mais aussi multiple sur la participation. La confrontation de leurs points de vue permet alors de faire apparaitre les dissonances, mais aussi les ressemblances nécessaires à la compréhension du processus de création urbaine participatif. La méthode d’entretien s’est réalisée sous deux formes : l’entretien "semi-directif" et "biographique". L’entretien "semi-directif " a été mis en place par la réalisation d’une grille de question que l’on nomme "guide d’entretien"72. Ce guide permet de poser des questions avec une certaine liberté, en proposant des thématiques larges qui peuvent être approfondies en fonction des réponses données par la personne entretenue. La principale qualité de cette méthode se trouve dans la réalisation d’un corpus d’entretiens globale malgré des différences prononcées entre les personnes interrogées. L’entretien "biographique", quant à lui, a permis de créer une logique de questionnement dans la réalisation du guide d’entretien. En effet, il permet de valoriser la trajectoire professionnelle et ses moments clefs dans le processus interrogé. L’hypothèse de travail est celle, que les expériences successives en rupture ou en continuité avec l’exercice classique de la profession d’architecte ont construit l’identité professionnelle des architectes interrogés. Ainsi, la réalisation d’un guide d’entretien sous la forme de questions ouvertes autour de la pratique professionnel des architectes permet de mettre en cohérence les entretiens. 72
Voir Annexe page 77.
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Les entretiens ont été enregistrés avec trois des quatre architectes. Leur retranscription s’est réalisée sous forme de notes visible en annexe. Suite à la prise de notes, le processus d’analyse a été dirigé par la composition de deux tableaux : un tableau d’analyse des entretiens73 permettant de regrouper par thématique les différents éléments (note ou retranscription directe) selon la personne interrogée, un tableau de synthèse des entretiens74 regroupant les résumés de chaque thématique apparue au cours de l’analyse. La réalisation de ses tableaux montre ainsi les dissonances et les ressemblances entre les propos des architectes, selon la personne interrogée et le thème abordé. Cette étude analytique d’entretiens permet de soutenir les recherches établies en première et seconde partie. Son analyse et sa synthétisation donnent une vision qui se veut le plus globale possible, tout en incluant l’aspect unique et spécifique de chaque personne interrogée et de ses expériences. 3.1.3 Présentation du terrain. Afin de proposer une analyse de la transformation des métiers et des pratiques des architectes et des habitants dans la fabrication de la ville, il est nécessaire de présenter les parcours professionnel et l’inscription dans la vie associative des différents architectes. La présentation du terrain va permettre de poser un cadre d’analyse permettant la distinction entre chaque personne interrogée.
Laurie Guyot Laurie Guyot est une architecte D.E., diplômée à l’Ecole d’Architecture de Saint Etienne. Elle est à l’origine de l’association Carton Plein situé à "La Cartonnerie" à Saint Etienne. Carton Plein est une association pluridisciplinaire composée de sociologues, de graphistes, de professionnels de l’animation et d’architectes. Par des interventions expérimentales et artistiques, l’espace de "La Cartonnerie" est propice à la construction de nouvelles manières de faire la ville. Carton Plein mets en œuvre une interactivité
73 74
Voir Annexe sur CD-Rom. Voir Annexe page 94.
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Urbanisme participatif. Métiers et pratiques en questions.
avec la population en proposant des dispositifs, comme des chantiers créatifs, des événements ou des jardins partagés. Laurie s’inscrit à l’intérieur de l’association comme "médiateur" entre les habitants et les professionnels de l’urbanisme : « Je suis à l’interface de pleins de langages différents. »75. Son intérêt pour la pratique participative est apparu lors de ses études. En effet, son inscription dans le domaine D1 régi autour de la question de l’espace public, l’a particulièrement influencé dans son parcours professionnel. A la sortie de l’école, elle s’est pleinement investie dans l’association Carton Plein. Deux années plus tard, Laurie a ressentie le besoin de faire son année de HMONP. En effet, étant l’unique architecte de l’association, il était nécessaire qu’elle pratique dans un cabinet d’architecture pour pouvoir défendre ses compétences. Aujourd’hui, Laurie est un membre à part entière de Carton Plein en étant sous le statut de salariée. De plus, elle réalise une formation en géobiologie pour pouvoir compléter ses compétences.
Etienne et Benjamin du Collectif Pourquoi Pas. Etienne a été diplômé en 2015, architecte D.E à l’ENSA Lyon et ingénieur à l’INSA Lyon. Benjamin a été diplômé lui aussi en 2015, architecte D. E. à l’ENSA Lyon. Benjamin et Etienne appartiennent, tous les deux, au Collectif Pourquoi Pas installé à Vaulx-en-Velin dans le quartier du Mas du Taureau, tout proche de l’ENSA Lyon. Le Collectif Pourquoi Pas est une association crée par les étudiants de l’ENSA Lyon lors de leur dernière année d’étude. Elle s’est inscrit à la suite d’un enseignement proposé en master "La Fabrique" proposant un questionnement autour de la participation des habitants. Le groupe est constitué de 12 membres qui sont architectes, ingénieurs, ingénieurs-architectes et architectes-ingénieurs. Benjamin et Etienne font partis des quatre membres permanents du local "La Fabriqueterie", au contraire des autres membres qui travaillent en agence. Le collectif propose d’intervenir dans la ville en créant des chantiers-évènement dans le quartier du Mas du Taureau. La position de Benjamin et Etienne dans le processus de participation est remarquable par un parcours professionnel très court (diplômés seulement depuis 1 an et demi) et une vie associative récente. 75
Voir Annexe. Transcription de l’entretien avec Laurie Guyot page 79.
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Jelena Stamenkovic Architecte et urbaniste, Jelena Stamenkovic est installée à Saint Etienne dans le local associatif "Pied des Marches" au pied du quartier Crêt de Roc. Ce local est un bureau partagé –entre colocataires- appartenant à l’association Rues du Développement Durables qui initie des réseaux d’associations à Saint Etienne. Il est composé de deux parties : le bureau, mais aussi le Réfectoire, lieu d’accueil qui propose du mardi au vendredi des repas ou simplement une salle hors-sac. Jelena s’est installée ici car c’est un lieu d’échange dans le quartier proposant une pluralité d’espace et de multiples rencontres. Son parcours professionnel commence par 15 années de maitrise d’œuvre puis de maitrise d’ouvrage en tant qu’architecte. Elle complète ensuite sa formation par un enseignement en urbanisme. Travaillant dans une agence d’urbanisme à Paris, Jelena portera son travail dans la programmation. C’est pour elle un métier créatif car c’est un processus en amont de l’architecture. Par le biais de la programmation, elle envisage des programmes expérimentaux qui permettent de faire lien entre les bailleurs sociaux et les habitants. Cette étude autour de la programmation l’a conduit aujourd’hui à l’élaboration d’une thèse "Programmation et proximité" envisageant la participation des habitants dès la conception du projet. Jean-Michel Dutreuil Jean-Michel Dutreuil est architecte DPLG libérale et enseignant-chercheur. Il a obtenu son diplôme d’architecte en 1983 à l’ENSA Saint Etienne, où aujourd’hui il enseigne. Dans notre étude, il s’inscrit comme architecte classique pratiquant l’architecture en agence, mais aussi en tant qu’enseignant. Par ailleurs, son intérêt pour la participation des habitants dans la fabrication de la ville est présent. En effet, il est intervenu dans une émission radio76 à propos de l’image des villes et sur le chantier participatif du Collectif ETC. De plus, il a été particulièrement présent dans les débats lors de l’évènement "le B.E.A.U." initié par Carton Plein pendant la Biennale du Design de Saint Etienne77. Jean-Michel Dutreuil nous propose une vision de l’architecte classique, mais non désintéressé par des pratiques urbaines alternatives.
GACON JULIE, GACQUET, YVON, GAUBERT SOPHIE. « Sur la route… d’une ville à la recherche d’une nouvelle image : Saint-Etienne », Ville en campagne n°7, France Culture, 14 février 2014. 77 Constat personnel réalisé lors de ma propre participation au " B.E.A.U." 76
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Urbanisme participatif. Métiers et pratiques en questions.
On peut voir, à travers le parcours de ces quatre architectes, une définition et une pratique très différente de la participation. Leur singularité va nourrir le débat de l’évolution des pratiques urbaines, mais aussi identifier la multiplicité d’actions de ces "tiers-acteurs ", habitant et architecte de leur propre ville.
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3.2
La question vue par les architectes.
L’analyse des entretiens a permis d’élaborer deux axes de recherches : un axe autour de la formation professionnelle de ces architectes, et un axe autour leurs activités professionnelles dans la pratique participative. 3.2.1 Les formations des professionnelles. La formation professionnelle des architectes dans la pratique participative se construit par leurs expériences, que ce soit lors de leurs études, lors de leurs actions associatives ou bien dans la pratique traditionnelle du métier en agence. La question de l’enseignement Certains des architectes ont fait la rencontre du processus participatif dans leur scolarité. En effet, on remarque que Laurie et Guyot et les membres du Collectif Pourquoi Pas, se sont tous deux inscrits dans un domaine en master qui a influencé leur vision de la profession. Laurie Guyot s’est dirigée vers le Domaine D1 – domaine dirigé par Marie-Clément à l’ENSASE – qui d’établit autour de la question de l’espace public. Benjamin et Etienne, quant à eux, ont rencontrés la participation dans l’atelier La Fabrique in situ à l’ENSAL où l’idée, est de s’implanter directement dans les quartiers par la délocalisation de l’atelier. Ainsi donc, l’influence d’un certains types d’enseignements dans les écoles d’architectures peut conduire les étudiants à diriger leur vision du métier d’architecte dans la participation. Par ailleurs, on retrouve nettement dans les entretiens un scepticisme par rapport à l’enseignement. Pour Laurie Guyot, l’enseignement à l’école ne nous montre pas la véritable mission de la profession d’architecte. « A l’école, on nous fait croire à une vision du métier de l’architecte. » « On nous fait croire que l'archi c'est la lumière l'espace... » Pour Etienne et Benjamin, on retrouve dans la plupart des écoles « Une vision fermée et toujours concentrée sur les architectes suisses. ».
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Urbanisme participatif. Métiers et pratiques en questions.
C’est d’ailleurs le constat que réalise Jean-Michel Dutreuil, étant lui-même concerné par l’enseignement. En effet, Il y a un paradigme dans les écoles de l’architecte comme marchand, du projet comme un produit. « Ce paradigme-là, cette façon de donner du sens à la profession .Il est toujours dans la profession, il est toujours enseigner. Il est même dominant dans les écoles. Ils éliminent les contradictions, les complexités de la société, tout ce qui met en cause marchandisation de la ville. Ce ne sont plus des projets mais des produits. » Il y a des oppositions fortes entre les enseignants dans les écoles d’architectures autour de ce paradigme. Ainsi aujourd’hui, l’enseignement dans les écoles d’architectures doit se détacher du paradigme de l’"architecte marchand" et de l’"idéale suisse", pour pouvoir enfin se diriger sur une vision de l’architecture sociale. La question du métier traditionnelle. Le positionnement des architectes autour de la profession classique en agence reste mitigé. En effet, on retrouve la notion d’architecte comme élite dans de nombreux des discours. Pour Jean-Michel Dutreuil, L’architecte est là pour servir la représentation de son commanditaire. L’architecte est au service du client – c’est un paradigme très fort encore aujourd’hui. C’est une profession où l’on prend la pose. « On est une profession qui fonctionne jusqu'au 20ème de manière simple - un commanditaire (le prince) et celui qui sert le prince, c'est l’architecte. Le prince a besoin de représentation, l'architecte est là pour servir la représentation du prince. » « Aujourd’hui je pense que bon nombre de représentation restent sur ce schéma-là. » « L’architecture a du mal à changer de paradigme et de passer dans un système plus démocratique. » Pour les membres du Collectif Pourquoi Pas, la profession d’architecte « c’est quasiment un titre ! ». On note ainsi un repositionnement contestataire autour de la profession classique de l’architecte. En effet, pour Laurie Guyot, « On nous faire croire que c’est un truc de prestige. On sait tout faire et rien faire. » 52
La pratique des agences classiques est un modèle obsolète – « L'architecte classique arrive en bout de chaine. Tu subis le système de croissance, où tu dois répondre à des concours, et où tu n'es pas payé. ». Le format agence fige le projet. Les étudiants ont besoin de repositionner le métier à la sortie de l’école, car ils sont peu opérationnels après 5 ans d’études. Il est donc nécessaire d’envisager une nouvelle professionnalité autour d’un système plus démocratique et sociale – « le métier d’architecte va s’augmenter du social. » Il faut alors remettre en question les postures et les positions de l’architecte face à l’implication des habitants car «Dans la vraie vie, les premières personnes que t’as ce sont les clients et tu te sens "bête". » - Laurie Guyot. Pour le Collectif Pourquoi Pas, il faut « replacer l'architecte comme habitant d'un endroit qui a aussi un point de vue d’habitant, mais qui n’a pas toutes les clefs, et qui a besoin aussi d'autres entrées pour pouvoir faire son projet. ». Ainsi, les architectes doivent se nourrir de leur statut d’habitant pour pouvoir mettre en place une architecture plus sociale. Par ailleurs, Jean-Michel Dutreuil montre qu’il y a beaucoup d’architectes qui sont mal à l’aise avec l’idée que les habitants s'impliquent dans la question de leur habitat et de leur ville. Ainsi, on constate un repositionnement des architectes autour de la pratique classique des agences d’architecture. La position de l’architecte comme titre prestigieux n’est plus d’actualités. Les étudiants ont, en effet, besoin de repositionner leur vision du métier à la sortie des études car il est désormais désuet et ne répond pas aux exigences sociales actuelles. L’architecte doit alors se situer au niveau des habitants pour nourrir l’aspect démocratique de son projet. Toutefois, ce repositionnement n’est pas apprécié de tous ; on retrouve un certain malaise autour de l’implication des habitants dans leur cadre de vie. La question de la complémentarité et du statut. Ces architectes s’inscrivent dans une pratique autour de l’expérience participative qui remet en question leurs savoirs professionnels. Parfois, le positionnement de leur statut doit être justifié par des formations complémentaires. En effet, Laurie Guyot a ressentie le besoin de pratiquer de manière 53
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classique afin de s’affirmer dans les pratiques de la marge : « Si je veux trouver de la liberté dans ce que je fais, je dois faire ma HMO. » Pratiquer dans les agences classiques et se former par une année complémentaire, a permis à Laurie de justifier son statut et ses pratiques d’architectes dans les projets de l’association Carton Plein. Par ailleurs, plus qu’une opportunité, pour certains architectes, le travail en parelle dans une agence est une nécessité. Comme le signifie Jelena Stamenkovic, la pratique dans la maitrise d’œuvre devient obligatoire afin de répondre à des besoins financiers pour vivre. La situation des architectes dans la participation est relativement précaire. Ils doivent souvent allier pratiques participatives et pratiques professionnels classiques. La participation des architectes est souvent reliée au statut de militant – à l’envie de faire différemment. Par ailleurs, nombres de jeunes architectes ne trouvent pas de travail à la sortie des études. Beaucoup de collectifs se sont montés pour cette raison. « Sont-ils tous militant ? Pas forcément. » -Benjamin et Etienne Les collectifs ne sont pas tous militants, ils ont des convictions mais ce n’est pas leur objectif premier. La transformation de la profession d’architecte se joue en grande partie lors de sa formation professionnelle. L’enseignement, mais aussi la pratique classique en agence, sont souvent contestés et remis en question. L’architecte doit alors jongler entre statut professionnel et statut participatif afin de justifier sa pratique, mais aussi de répondre à des besoins financiers. Quant au statut de militant, il n’est pas l’objectif premier des collectifs d’architectes.
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3.2.2 Les activités des professionnelles. Les activités engagées dans la participation des architectes est créatrices d’expériences complémentaires à leur formation professionnel. Par leurs pratiques différentes, ils engagent différentes notions de la participation, différences processus d’intégration de l’habitant dans le processus de projet, mais aussi de multiples définitions de la place de l’habitant. La question de la participation. Pour Jean-Michel Dutreuil, la participation des habitants est une idée récente. « Elle apparait dans les années 68 sous forme de lutte sociale. ». Sa diffusion est réalisée par la reproduction de schémas de processus - une ville en avance fait modèle, puis le schéma est reproduit. De plus, il note que la participation est aussi due à la prise de conscience écologique en architecture et du développement durable. La participation passe par la notion de "panneau de chantier" pour le Collectif Pourquoi Pas .En effet, il faut ouvrir les habitants sur l’espace du chantier, qui habituellement est fermé au public. La notion de participation des habitants est aussi donner dans la construction car, « elle fait partie de l’acte créatif ». Elle se joue aussi dans le décloisonnement des disciplines par un échange de compétences entre les différents acteurs du projet Jelena Stamenkovic définit la notion de participation comme réponse aux besoins des habitants et des associations de quartiers. Elle constate que les concertations publiques sont de faux outils. En effet, il s’agit juste d’une démarche d’"information" et non une prise en compte des revendications sociales du quartier. Le quotidien est aussi une notion importante dans le processus participatif. « Quand on est en situation de précarité, le quotidien est important - il faut faire rencontrer les gens – créer des lieux de rencontre. ». Pour l’association Carton Plein, la participation est déterminée par "une recherche action". La participation, c’est aussi une coconception où on prend les contraintes de chacun et où on les fait dialoguer. La mise en place d’une méthodologie est aussi un processus participatif. En effet, ils conçoivent de « Créer un vocabulaire commun, un truc un peu évident, qui se déploie à grande échelle. »
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Urbanisme participatif. Métiers et pratiques en questions.
La participation est un phénomène récent qui se déploie suite à une crise sociale dans les années soixante et une prise de conscience des enjeux du développement durable. Selon les architectes interrogées, la participation s’inscrit sous différents notions : elle passe par la construction, le partage de connaissances, des lieux de rencontre, le dialogue, une recherche action et une méthodologie. Cette multiplicité conduit à définir la participation comme un processus variable qui doit s’adapter aux besoins des habitants et des architectes.
La question du processus de projet. Les architectes interrogés établissent dans leur travail différents processus de projet. Le Collectif Pourquoi Pas interroge, en premier lieu, la question d’échelle dans la production de la ville. En effet, elle est complémentaire au grand processus d’aménagement. De plus, le projet doit aussi susciter la curiosité des usagers en prenant place dans l’espace public. Le collectif définie alors un cadre d’intervention des habitants dans le processus de projet. « Dans quel cadre on intervient: - soit on achète la paix sociale en participant à la phase intermédiaire des chantiers de déconstruction. - soit volonté politique: il faut co construire les villes et amener les habitants au début du processus. » Enfin, Leur rôle est de mettre à plat "le mille-feuille administratif" et de créer un réseau pluriel afin car il « appuie plus fort ». Jelena Stamenkovic applique son processus de participation dans la programmation des projets. En effet, le programme peut être réfléchi comme une étude, une expérimentation d’espaces plausibles pour la rencontre. En programmation, il faut « remouliner le programme » afin d’intégrer une idée sociale sans dépasser le budget
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Pour Jean-Michel Dutreuil, il faut associer la population à la décision de leur cadre de vie. En parallèle, il faut mettre en place des outils de connaissances de l’espace physique, sociologiques et du processus de projet – une superposition de l’espace physique et l’espace social au sens large. « Lorsqu’on transforme un territoire, il y a quelque chose d'indispensable à construire en parallèle - la construction d'un récit urbain - un récit collectif. » Cette notion de récit est remarquable dans le processus de projet, car elle ne peut se faire sans les habitants et les associations de quartier. Laurie Guyot définit l’architecture comme un fait sociétal. Elle développe le processus de projets à travers plusieurs formes de participations. Tout d’abord, il faut trouver une méthodologie. En effet, il ne faut pas faire "participer" les gens à proprement dit, mais plutôt les "rendre capable" : « CAPACITATION CITOYENNE, EMPOWEMENT. ». Enfin, Il faut se positionner en tant qu’interface entre les différents acteurs du projet, et donner les moyens aux habitants d’avoir un poids sur les décisions.
La question de la place de l’habitant dans la participation. Lors des entretiens, l’évolution de la place de l’habitant dans la participation a été questionnée. Laurie Guyot considère que « la matière première de l’architecture c’est l’humain ». En effet, c’est la première condition au processus de participation. Par ailleurs, l’Etat « met des bâtons dans les roues ». Les habitants sont alors en position d’assistés, ne s’impliquant donc pas, seuls, directement dans le projet. Il faut alors rendre capable les gens, leur faire prendre conscience des enjeux autour de leur cadre de vie. « Je fais lien entre les bailleurs sociaux et les habitants. » Jelena Stamenkovic se positionne comme interface entre les bailleurs sociaux et les résidents. L’habitant prend donc place dans un processus de concertation comme individu ayant des besoins.
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Urbanisme participatif. Métiers et pratiques en questions.
Pour le Collectif Pourquoi Pas, Les habitants ont tendance à avoir une posture de consommateur. Quand ils doivent s’investir dans un projet, ils reculent car ils ont peur de s’impliquer. Les ateliers de sensibilisation à l’architecture permettent aux usagers de se sentir concerner par leur cadre de vie. Jean-Michel Dutreuil considère que les habitants ont toujours été impliqués dans la fabrication des villes - les villes traditionnelles étant construites par les habitants en fonction de leur besoin. Aujourd’hui, la société est différente. Ce sont les personnages de pouvoir qui dirigent la fabrication urbaine. Par ailleurs, la notion d’urbanisme actif apparait de plus en plus. Les habitants prennent place alors dans « la notion de maitrise d’usage », du savoir de l’usage de leur cadre de vie. Ainsi, on peut définir la place de l’habitant dans la participation comme un "bien savant". Son savoir sur le quotidien de son cadre de vie, est un outil indispensable à la compréhension des espaces publics. Par ailleurs, on remarque une position d’ "assisté", de "consommateur" de la part des habitants, rendant alors difficile la mise en place de processus participatif.
La réalisation de ces entretiens s’est réalisée autour de l’implication des habitants et des architectes dans la fabrication de la ville. Au cours de l’analyse, deux axes ont été mis à jour : les formations et les activités professionnelles des architectes. On a pu voir apparaitre à travers ces deux axes des ressemblances et des dissonances entre les architectes interrogées. Ce constat met en évidence une pratique participative en mouvement perpétuel : les acteurs interviennent à différents moments du processus participatif en engageant et en mutualisant leur savoirs et savoir-faire individuelles. .
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3.3
Une remise en question globale.
L’implication des habitants dans la fabrication remet-elle
en question la
profession des architectes. Suite à l’analyse et aux recherches développées précédemment, il est possible de déterminer trois axes autour de l’évolution des statuts et des pratiques engagés par les architectes : le déplacement de la professionnalité à l’engagement, le processus collaboratif entre architecte et habitants et, la diffusion de la culture architecturale.
3.3.1 Déplacement de la professionnalité à l’engagement. Les acteurs du processus urbain participatif sont multiples et engagent à la fois des acteurs institutionnels (politiques et professionnels) et des acteurs noninstitutionnels (les habitants). Par la multiplication des projets collaboratifs par les politiques publiques, un nouvel acteur est apparu dans le processus de la participation. Urbanistes et sociologues78 proposent une
définition de ce nouvel acteur en
l’identifiant comme "le tiers acteurs", "le segment", "l’architecte-habitant" ou bien "l’artiste-habitant". L’émergence de cet acteur hybride est due à un déplacement de position entre les architectes et les habitants. En effet, l’engagement des architectes dans la participation amène celui-ci à se mettre au niveau des habitants. L’architecte n’est plus seulement considérer comme un professionnel de l’urbain, mais comme un usager, un habitant qui pratique sa ville. En luttant contre la logique de l’affrontement binaire entre les acteurs architecte/habitant, cette nouvelle figure permet le partage, le passage, le déplacement, le décentrement de la professionnalité à l’engagement. L’engagement des professionnels dans la fabrication participative de la ville est né d’une contestation de la profession d’architecte. Il est vrai que le statut de l’architecte dans l’imaginaire collectif est définit par un statut d’élite. Il est vu comme un professionnel inaccessible qui régit les droits de l’esthétique urbaine. Sa position de "prince" qui sert à la représentation de son commanditaire donne à l’architecte une position de "marchand" où le projet devient "une marchandise». Le format des agences 78
Référence à la partie 3.1.1.
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Urbanisme participatif. Métiers et pratiques en questions.
d’architectures fige le métier d’architecte dans une position en bout de chaîne. Il subit le système de croissance de notre société, qui divise et complexifie la démarche de construction du projet. En effet, celui-ci ne peut s’impliquer complétement dans le processus de projet car, contraint dans un programme, décidé par des programmistes et, n’impliquant pas les besoins sociaux du site. Afin, de sortir de ce système, la démarche participative des collectifs d’architectes invitent à intégrer les habitants au cœur du processus de projet. L’esprit contestataire est aussi visible dans l’enseignement donné dans les écoles d’architecture. En effet, les étudiants ressentent un certain scepticisme à l’enseignement du projet. Une "aseptisation " du processus projectuel est proposée par les enseignants ; les problématiques économiques, sociologiques et politiques du site ne sont pas prises en compte. Un second constat autour de l’enseignement est dénoncé par de nombreux étudiants. En effet, à la sortie de leurs études, les étudiants se retrouvent confronter à un monde professionnel qui ne correspond pas à ce qu’ils ont étudiés. Le "fossé" entre l’enseignement et la pratique conduit les jeunes architectes à travailler comme simple dessinateur et non, comme concepteur après, plus de 5 années d’études. C’est dans cet esprit contestataire que les collectifs d’architectes se créent. Mais aussi, par le fâcheux constat du manque de propositions d’emplois dans la profession d’architecte. Par ailleurs, les collectifs ne sont pas tous militants ; ils ont des convictions mais ce n’est pas leur objectif premier. La position des architectes dans la participation implique un équilibre entre travail participatif et travail en agence. C’est une situation précaire car, l’engagement dans la participation demande beaucoup de temps et d’investissements. La rémunération y est très faible, et contraint donc les architectes à combiner deux pratiques en même temps. L’engagement des architectes dans le processus participatif de la fabrication de la ville est né dans un esprit de contestation face aux enseignements et aux pratiques classiques du métier. Ses modalités de fonctionnement exigent des architectes engagés un positionnement précaire, un équilibre incertain entre deux pratiques.
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3.3.2 Le processus collaboratif entre architecte et habitant. La participation implique une mise en réseau des acteurs de la fabrication de la ville. Les savoirs et les savoir-faire des habitants et des architectes sont mis en commun. Tout d’abord, les architectes engagés se retrouvent sous la forme de collectifs. Ceux-ci sont déterminés par une pluridisciplinarité qui engage des connaissances multiples et globales dans la conception du projet. On décloisonne les disciplines – on échange les compétences. Ces ensembles d’acteurs appartenant à des disciplines variées contribuent à la mise en place d’un réseau par le biais d’échanges entre associations (collectifs ou associations de quartiers). L’aspect festif de leurs chantiers participatifs et leurs actions directes dans l’espace public, ont le mérite d’être efficace au niveau de la popularisation de ces processus aux habitants. De plus, on constate une grande variété de projets participatifs propre à chaque collectif. La multiplication de ces associations conduit donc à l’édification d’un corpus de processus collaboratifs uniques et spécifiques. Les collectifs d’architectes apparaissent aujourd’hui comme un nouvel outil à la fabrication urbaine. Les habitants sont aujourd’hui des acteurs à part entière dans l’urbanisme participatif de nos villes. Ils interviennent sous forme individuelle ou bien collective par le biais d’associations. Aujourd’hui, les habitants son appréhender comme un nouvel outil. En effet, le savoir d’usage propre à la pratique quotidienne de l’espace public, est nécessaire à l’élaboration d’un projet urbain pertinent. L’implication des habitants est définie par plusieurs degrés participation. Les politiques publiques utilisent plus ou moins bien le potentiel des usagers. En effet, selon les modalités des démarches des acteurs publiques, l’avis et les besoins des habitants est peu ou prou pris en compte dans le processus de projet. Par ailleurs, la collaboration entre les architectes et les habitants reste fragile. Les processus de projet participatifs peuvent être instrumentalisés par les autorités publiques. Les habitants peuvent ne pas se sentir concernés par ces procédés. En effet, on retrouve souvent l’habitant dans une position de "consommateur" par peur de s’investir, ou bien d'"assisté" par une réglementation contraignante propre à notre culture démocratique française.
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Urbanisme participatif. Métiers et pratiques en questions.
L’engagement des habitants est difficile dans la pérennisation du temps du chantier. « La question clé est de savoir comment les habitants de ces quartiers peuvent passer d'une situation d'assistés relativement apathiques à celle de citoyen et de là, à une situation d'adhérents à un projet puis au statut de militants, voire de responsables communautaires. »79 Les métiers et les pratiques des acteurs de l’urbanisme participatifs peuvent être identifiés comme la construction de nouveaux outils : les habitants et les collectifs d’architectes. Les nouvelles définitions de ces acteurs permettent de reconnaitre l’implication des habitants dans la remise en question du métier d’architecte. Par ailleurs, elles se retrouvent confronter à des limites par les acteurs, mais aussi les modalités de la participation.
3.3.3
Une diffusion de la culture architecturale Les processus participatifs donnés par les collectifs d’architecte sont définis par
une prise de position dans le projet. Inciter les habitants à modifier leur cadre de ville est difficile à mettre en place. Les collectifs d’architectes utilisent différents moyens à plusieurs niveaux pour créer un intérêt chez le public. On retrouve la participation dans la programmation par la mise en place de recueils des avis des habitants. Elle peut être aussi conduite directement dans l’espace public par la mise en place de chantiers ouverts incitants les habitants à s’"approcher". Afin de diffuser ses processus, il est nécessaire de concevoir, puis d’appliquer une méthodologie de la participation. Cette méthodologie est caractérisée par la création d’un vocabulaire commun entre les acteurs. Elle implique aussi de créer un processus permettant non pas de faire participer les gens, mais de les rendre capable. Ce que l’on nomme la capacitation citoyenne ou l’empowerment. L’architecte se positionne alors en tant qu’interface entre les acteurs, permettant une diffusion de la culture par une méthodologie inclusive des habitants.
79
Op . cit. MASSIAH GUSTAVE. De La Participation Des Habitants. (Page 13)
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La question de l’enseignement dans la diffusion architecturale est primordiale. L’enseignement dans les écoles d’architectures est dominé par la conception du projet. Les disciplines comme la sociologie, l’anthropologie ou bien la philosophie sont très peu pris en considération dans la construction du savoir des étudiants. Elles sont regroupées sous le label de "savoirs annexes", alors qu’elles abordent la qualité sociale de l’architecture. Le paradigme de la culture du projet et de l’architecture suisse doit être oublié. En effet, il y a un réel besoin d’enseigner dans la pratique du projet une vision sociale de l’architecture. La remise en question de l’enseignement dans les écoles d’architecture est nécessaire, afin que les étudiants ne se sentent plus démunis face à leurs clients, les habitants. La diffusion architecturale doit être présente, non pas uniquement chez les architectes, mais aussi plus généralement dans la population. On connait très peu d’initiatives de la part des écoles (primaires ou d’architectures) de l’enseignement de la culture architecturale. Par ailleurs, les collectifs d’architectes proposent régulièrement des ateliers de sensibilisation à l’architecture. Sensibiliser les habitants, dès leurs plus jeunes âges à la notion d’espace et d’architecture, pourrait résoudre part les problèmes de compréhension autour des projets. La construction de cette culture architecturale permettrait ainsi aux habitants de comprendre le vocabulaire architectural, trop spécifique, lors de débat dans la démarche de concertation et de coproduction. La diffusion de la culture architecturale est nécessaire dans l’évolution et la remise en question des architectes et des habitants. En effet, la mise en place d’une méthodologie de participation donne les clefs pour un dialogue entre les acteurs de la participation. Les écoles d’architectures doivent proposer aux étudiants une culture du projet sociale, mais elles ont aussi la responsabilité d’enseigner et de sensibiliser les enfants à la culture architecturale. Enfin, on note un véritable besoin d’apprendre la culture architecturale de la part des habitants. Elle passe par la construction d’un vocabulaire commun aux architectes et aux habitants, et par la mise en place d’ateliers de sensibilisation.
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Urbanisme participatif. Métiers et pratiques en questions.
La multiplication des processus de participation dans la fabrication de la ville a conduit à l’apparition d’une nouvelle pratique dans la participation. La notion de "tiers acteur" comme nouvel acteur de la participation engage une nouvelle définition de l’architecte et de l’habitant. En effet, il peut être défini comme la réunion de ces acteurs sous la forme d’"architecte-habitant". La réalisation d’une étude de cas a été nécessaire pour établir les spécificités de cette nouvelle pratique. Quatre entretiens ont été réalisés avec des architectes engagées dans la participation. Au cours de l’analyse, deux axes ont été mis à jour : les formations et les activités professionnelles des architectes. On a pu voir apparaitre à travers ces deux axes des ressemblances et des dissonances entre les architectes interrogées. Ce constat met en évidence une pratique participative en mouvement perpétuel. Suite à l’analyse et aux recherches développées précédemment, il est possible de déterminer trois axes autour de l’évolution des statuts et des pratiques engagés par les architectes : le déplacement de la professionnalité à l’engagement, le processus collaboratif entre architecte et habitants et, la diffusion de la culture architecturale. Le constat établit après cette étude de cas nous a permis de mettre en lumière une nouvelle pratique de la participation.
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Urbanisme participatif. Métiers et pratiques en questions.
CONCLUSION
L’urbanisme participatif est un processus récent dans la conception de la ville. Le développent de cette urbanisme repose sur un territoire – la ville – constitué d’espaces en marges propices à l’expérimentation. Son évolution au cours des cinquante dernières années a mis en confrontation des acteurs de la ville. A travers ce développement, deux acteurs se sont détachés : les habitants et les architectes. Perçus comme des figures stéréotypées, ils se sont redéfinis comme outil de la participation par leur engagement citoyen et professionnel. L’habitant, par son "savoir d’usage", est utilisé à différents niveaux du processus participatif. L’architecte, sous la forme de collectifs, propose une démarche qui s’inscrit dans l’opposition et/ou la complémentarité de la profession classique des agences d’architectures. Par ailleurs, leur partenariat reste fragile face à des acteurs et de modalités de la participation, qui limitent le processus participatif. La vulgarisation des projets participatifs a mis en lumière une nouvelle pratique de la participation. Acteur hybride entre architecte et habitant, le "tiers acteur " déplace les lignes entre acteurs institutionnels et citoyens. Quatre entretiens ont été réalisés avec des architectes engagées dans la participation. L’analyse de leurs discours a permis d’établir une définition sur évolution de la profession d’architecte à travers sa formation et ses activités participatives. Une remise en question globale permet alors de définir les évolutions des statuts et des pratiques engagés dans la participation : le déplacement du statut classique de l’architecte à un engagement militant, un processus collaboratif entre acteurs de la ville en perpétuel mouvement, et la diffusion de la culture architecturale. Ainsi, on peut affirmer que l’implication des habitants dans la fabrication de la ville conduit à la transformation des pratiques de la profession d’architecte.
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La fabrication de la ville est un processus qui évolue tous les jours. Que ce soit dans le domaine de la recherche, ou bien dans la construction de projets participatifs, la participation est en perpétuellement mouvement. Cette agitation continue complexifie la tâche de la recherche car on y rencontre beaucoup de textes et beaucoup de théories. Par ailleurs, la mise en place d’un cas d’étude sous la forme d’entretiens apporte, ou du moins essaye, de proposer un cadre, des pistes, des exemples autour de l’engagement des architectes dans la profession. L’analyse des discours vise à illustrer mes propos, ou plus précisément, à affiner mon propre regard et ma propre pratique en architecture. La multiplication des projets participatifs questionne continuellement la pratique des architectes et des habitants. Des questions restent alors ouvertes autour de l’avenir de la profession des architectes dans une culture techno-démocratiques. Une étude plus détaillée de ces pratiques pourrait être poursuivie par une rechercheintervention avec plusieurs architectes engagés.
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ANNEXES
Table des annexes - Retranscription Conférence --------------------------------------------------------
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SEGAPELI, SILVANA. CAMPOS, CARLOS. TIXIER, NICOLAS. DETRAZ, YVAN. Table ronde. Le projet impermanent. Les espaces publics entre animation et persistance. Biennale du Design St Etienne 2015, ESADSE, 19 mars 2015. - Retranscription Conférence --------------------------------------------------------
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NEZ, HELOÏSE. PASSAQUIN, SUZIE. BENCHARIF LELA. Séminaire. [Faire la ville avec les habitants : savoirs, expériences et retours], ENSASE, St Etienne, 21 avril 2015. . - Guide d’entretien auprès des architectes ----------------------------------------- Transcription personnelle d’après enregistrement de l’entretien avec Laurie Guyot (Association Carton Plein) ----------------------------------. - Transcription personnelle d’après enregistrement de l’entretien avec Etienne et Benjamin (Collectif Pourquoi Pas) ------------------------------
77
79
85
- Transcription personnelle d’après prise de notes de l’entretien avec Jelena Stamenkovic (Association Pied des Marches) ---------------------
87
- Transcription personnelle d’après enregistrement de l’entretien avec Jean-Michel Dutreuil (Enseignant ENSASE) ------------------------------
89
- Tableau synthèse des entretiens ----------------------------------------------------
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Annexe complémentaire sur CD-Rom - Tableau analyse des entretiens. 69
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SEGAPELI, SILVANA. CAMPOS, CARLOS. TIXIER, NICOLAS. DETRAZ, YVAN. Table ronde. Le projet impermanent. Les espaces publics entre animation et persistance. Biennale du Design St Etienne 2015, ESADSE, 19 mars 2015. 71
Urbanisme participatif. Métiers et pratiques en questions.
> Le projet impermanent, les espaces publics entre animation et persistance. Réinterroger les processus de construction de la ville. Aldo Rossi – théorie des persistances. > Le philotope : pour une théorie des impermanences. - Paul Vigano – analyser physiquement la ville, projeter la ville. > L’inconscient de la ville Notion de fragilité : possibilité de l’intégrer au vocabulaire de la ville ? > Quels sont les persistances de la ville ? Interruption/cycle, permanence/impermanence Nouvel typologie à chaque intervention. Le conscient a du mal à oublier la permanence. Inconscient – germe du conscient Toujours des parties en attentes. Performances architecturales. YVAN DETRAZ, ARCHITECTE, BRUIT DU FRIGO________________________ Collectif Bordeaux 1995. Vient d’un mouvement de révolte en école d’architecture. Pratiques culturelles et artistiques – Fabriqué avec nos mains. L’éphémère s’impose à lui-même - réversible - peu couteux. Pour sortir du cadre des architectes et des urbanistes. Moyen d’action pour fédérer et mobiliser les gens. Moments de fêtes, évènements. - transcender l’ordinaire > créer du récit. - reconquérir l’espace public : + en + de contraintes imposées dans les lieux publics. - résistance face à l’inactivité de la ville. - envie de s’investir – Ex : Terrain d’aventure, friche légalisée de la ville de Bordeaux. - expérimenter de nouvelles formes d’urbanités, aller jusqu’au limite de l’expérience. Un urbanisme plus souple où l’éphémère peut avoir un rôle et où il y a un souci de l’action citoyenne. Ex : Le jardin des remparts : perturber l’ordinaire d’un espace/lieu public ATTENTION PRATIQUE DE L’EPHEMERE : -
Normalisation. Souvent venant d’un programme. Réduction des possibilités. Ça devient du spectacle. Politisé. Belle image mais action banalisé. NICOLAS TIXIER, ARCHITECTE, CRESSON, BAZAR URBAIN______________ Qu’est ce qui anime l’espace ? Point de vue rétrospectif et récitatif. > André Sauvage, Paris Nord – révèle des situations déjà vues mais aussi des situations possibles.
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NEZ, HELOÏSE. PASSAQUIN, SUZIE. BENCHARIF LELA. Séminaire. [Faire la ville avec les habitants : savoirs, expériences et retours], ENSASE, St Etienne, 21 avril 2015. 73
Urbanisme participatif. Métiers et pratiques en questions.
HELOISE NEZ, ENSEIGNANTE-CHERCHEURE__________________________ Livre : Urbanisme, la parole citoyenne. . Les savoirs citoyens – dispositif participatif Lutter contre les conceptions élitistes de la démocratie. . Pourquoi l’urbanisme ? - le cadre de vie souvent centre de la discussion > Enquête de terrain de 2007 à 2010 à Paris. - budget participatif de la voierie - collectif citoyen Boulevard de Belleville - changer d’échelle – Paris rive gauche – 130 hectares En parallèle, ville de Cordoue en Espagne. La spécificité des SAVOIRS CITOYENS. TYPE
Savoir d’usage
DIMENSION Individuelle
Savoir d’usage individuel
Collective
Savoir collectif d’usage
Savoir professionnel
Savoir militant
Savoir professionnel
Savoir militant
individuel
individuel
Savoir professionnel
Savoir militant
collectif
collectif
. Les citoyens savent comment utiliser les espaces. Fonctionnement permanant. Les gens connaissent bien là où ils vivent. . Savoirs professionnels multidisciplinaire. Recherche social – faire ses recherche soi-même . Rive gauche – Tam Tam – développe une expertise de la méthode même de participation. . Inégalité entre les citoyens – pas la même casquette. > Des savoirs inégalement mobilisés. - savoirs sollicités : usages individuels - savoirs revendiqués : professionnels, militants, usages, individuels et collectifs - savoirs déniés : usages et professionnels individuels Légitimité : certaines conceptions élitistes inversées Les effets de la production de la ville. Intégration à la décision ? Question d’échelle Action au sein et en dehors de la concertation Légitimité d’investissement
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SUZIE PASSAQUIN, UNIVERSITE FORAINE______________________________ NotreAtelierCommun _ Patrick Bouchain . Permanences de chantiers ouverts : Rennes, Avignon, Clermont Ferrand Ex : La Gouttière, ancienne ZUP : mixité des populations 60, problème de pauvreté auj. Dédensifier le quartier : PUCA + NotreAelierCommun Les architectes : - vivent sur le lieu - lieu d’accueil - tisser un réseau (associations) - sortir les universités des universités - événements formels (spécialistes + habitants + ville) - activer le terrain Collectif YES WE CAMP Architecture signale – mémoire collective > Attention Il faut du temps pour appartenir à la vie du quartier – l’inertie de certains acteurs – trouvé quelqu’un pour prolonger l’action ANRU – donne des conditions qui formatent l’action - système rigide – difficulté
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GUIDE D’ENTRETIEN AUPRES DES ARCHITECTES Problématique : En quoi l’implication des habitants dans la fabrication de la ville remet-elle en question la profession d’architecte ? NOM/PRENOM: DATE : LIEU : TON PARCOURS PROFESSIONNEL (Sans indiscrétion, habites-tu dans le quartier)
TA RENCONTRE AVEC L’ASSOCIATION
TA POSITION, TES ACTIONS
LIEN ENTRE L’ASSOCIATION ET TON METIER
TON ACTION ASSOCIATIVE INFLUENCE-T-ELLE TON TRAVAIL, TA VISION DE L’ARCHITECTURE ?
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Urbanisme participatif. Métiers et pratiques en questions.
EVOLUTION PARTICIPATION DES HABITANTS
PROBLEMATIQUE Pour toi, En quoi l’implication des habitants dans la fabrication de la ville remet-elle en question la profession d’architecte ?
REMARQUES…..
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NOM PRENOM: Laurie Guyot (Association Carton Plein) Architecte DATE: 26/10/15 LIEU: LA CARTONNERIE SAINT ETIENNE, 45 rue Etienne Boisson
Ton parcours professionnel ENSASE, Cinquième année en D1 : à ce moment-là qu'il s'est passé un truc Déjà en Erasmus à Valencia, fasciné par l'espace public, ça a commencé à me passionner Question très politique, là où se passer la société, responsabilité éthique sociétale D1 > passionnée comme enseignement : sortir de l'école et pas envie de bosser en agence L’intuition qu’il y a un truc qui n’allait pas On nous faire croire que le métier d'architecte c'est comme ça, comprendre comment la société contemporaine marche D1 exercice ouvert: problématique; hyper juste car regard critique Comment chercher les problèmes pour les régler? On devrait savoir repositionner notre métier en sortant de l'école Ou agir? On est au bout de la chaine L’architecture est un fait sociétal il faut agir en amont pour se positionner On nous faire croire que c'est un truc de prestige, on sait tout faire et rien faire Master espace public: belle révélation, enseignement resté sur la fin Confronter à des disciplines différentes, être dans le même sac, trouver des outils communs Construire des outils pour travailler ensemble Faille : j'ai rencontré des gens sur la même longueur d'ondes J'ai un pote qui me dit qu’il y a une usine de carton: L’EPASE veut faire un espace public temporaire: à st Etienne il se passe des trucs qui m’intéressent Elle a rencontré Fanny Herbert, sociologue, aussi intéressé par cet espace Elle proposait quelque chose différent : elle a trop raison Elle ne proposait pas un projet d'aménagement mais un état des lieux de l'environnement local et un inventaire de projet dans ce sens Elle a proposé une étude. Montage de Carton Plein : Fanny est allé chercher des connaissances avec différentes compétences Plus stagiaire mais prestataire Yes Architecte. Lui ont proposé une mission. CDD puis CDI. Elle a fait sa HMO la bas. En // elle faisait la cartonnerie Elle devait dessiner la scène. Pas inscrit à l'ordre. Si je veux trouver de la liberté dans ce que je fais, je dois faire ma HMO. 2 3 ans plus tard. Manière de pratiquer en marge. Besoin de pratiquer pour pouvoir s'affirmer Mémoire de HMO. Quel légitimé pour l'architecte contemporain Expérience de la cartonnerie (expérience hybride et nouveau) et parcours en agence classique de maitrise d'œuvre Elle a pu constater des problèmes, elle s’est repositionnée sur ce qu'elle voulait faire 79
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Elle se sentait mal chez YES. Métier ingrat. L'archi classique arrive en bout de chaine, tu subis, système de croissance, ou tu dois répondre a des concours, et tu n'es pas payer Tu dois employer des nouvelles personnes et tu ne sais pas si ça va durer ca ne va pas. Modèle obsolète Frustration dans plein de situation Le projet aurait pu décoller, mais le format agence figé les choses et la programmation de le permettait pas. Je n'arrive pas à définir ce que je fais; son rôle : beaucoup de traduire les langages pour réfléchir au schéma D’être a l'interface de pleins de langages différents Formation à la géobiologie : l'étude de l'environnement, influence de l'environnement et de la terre sur les êtres humains Peut-être donner des cours à l'école d'archi. Jean Michel Dutreuil lui a proposé d'intervenir dans le S6 Jamais penser faire ça, car de par son parcours, je ne suis pas l'endroit où on attend les architectes je me sens bien la Vachement remonter par l'école et ce qu’on nous apprend Intéressant d'apprendre le projet, mais vu le contexte actuel, on devrait se positionnée avoir un regard critique sur la profession d'architecte Dans la vraie vie, les premières personnes que t'as ce sont les clients, tu te sens con. Aujourd'hui je peux le dire avant 6 ans de recul, la matière première de l'architecture c'est l'humain. On nous fait croire que l'archi c'est la lumière l'espace... La personne devant toi c'est la première condition de ton travail Sceptique par rapport à l'enseignement. Jamais imaginé d'être prof à l'école Jean Michel a été bouleversé par le BEAU. Très peu d'architectes sont venus voir à Carton Plein. Elle connait les archis de St Etienne et très peu on comprit ce qui, se passait. Un certain scepticisme Ce n'est pas toujours hyper figé, hyper comme Un truc en mouvement en recherche tous les jours Remise en question sur rendre visible ce qu'on fait aux gens Évolution dans la participation des habitants? La participation c'est un grand mot Carton Plein = recherche actions Plus d'argent public, il faut qu'on agisse. L'espace public appartient à tout le monde. On doit agir tous! L’état met des bâtons dans les roues. Les gens sont assistés Ce n'est pas de faire participer mais de rendre capable CAPACITATION CITOYENNE, EMPOWEMENT Autre degré de participation, beaucoup bossé avec les structures locales Carton plein = médiateur Interface entre société civile, professionnel, aménageurs publics En tant qu'architecte, malaise de faire participer des gens Médiateur, plus les choses ont pris, plus on informer les gens, on parlait d'urbanisme Possibilité de s'investir Créer les conditions pour que les gens soient intégrer
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La participation s'est peut être au-delà et faire de la Co conception, prendre en compte les contraintes de chacun faire du dialogue Dans la fabrique de la ville, les politiciens, cravate... Coté clownesque, en introduisant de l'humour, on fait tomber les codes Développement d'outils décalé, toujours expérimental Créer un vocabulaire commun, un truc un peu évident, qui se déploient à grande échelle LE BEAU : interface sphère privée et publique Méthodologie inclusive: intégrer le plus grand nombre Évènement : action coup de poing Décalage humour Sujet sérieux parfois dur avec légèreté, rendre ça accessible Des gens revenaient souvent. Ils ont agrandi le groupe de réflexion Dialogue avec les gaffeurs, Comment on fait pour laisser la place à chacun Laurie, rôle ou tout le monde à trouver sa place, Inclusif et collaboratif Bonne compétence aux bons endroits Après 5 ans d'expérience ça a été possible Public divers Tellement hybrides permet de rencontrer pleins de publics différents Ce sont les architectes qui devraient changer directement Gros boum de ce type de pratiques: vulgarisation Ce n’est pas ces pratiques qui devraient faire changer les architectes, Mais ce sont les architectes qui devraient changer Ça passe par l'enseignement On sait qu’on a été parfois instrumentalisé Mais on a gardé notre idée, et si ce n’était pas avec nos valeurs, on a dû refuser Problème financement mairie En tant qu'architecte, tu es obligé de te positionner, Beaucoup d’esthétiques palettes L'esthétique éphémère, c'est bien, ça se dégrade plus vite, il faut garder une veille car ça peut desservir un quartier ETC, collectif nomade, one-shot Réflexion sur le après projet Hors du système, Carton plein, monte eux même leur projet, plus en phase On n’appelle pas aux appels d'offres, très fragile, on nous a proposé des appels d'offres qu'on a refusé Le jeu, l'identité de ville et la fabrique de ville : on choisit, on va chercher les financeurs, on fait des choses qui nous ressemble, une optique de recherche Il faut changer le paradigme On se complète, on impacte partout
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NOM PRENOM: Étienne et Benjamin (Collectif Pourquoi Pas) - Architectes DATE: 06/11/15 LIEU: Mas du Taureau, Vaulx-en-Velin
Nina -C'est quoi l'architecture participative? L’approche, la participation ne peut pas être spontanée Efficacité Faire quelque chose, suscité de la curiosité, et faire venir les gens, faire participer c'est quand on est plusieurs La participation par le panneau de chantier Plus que de l'information, l'accroche avec les gens dans le projet c'est l'action Chantier enceinte fermé avec panneau de mise en garde : ouverture du processus Si tu es curieux, tu peux venir participer - est ce qu'il y a de l'influence sur les gens? Tous seuls parfois? Il y a une différence L’année dernière, on était plus actif à l'extérieur Cette année, on est dans le local, la barrière st plus forte Personne n'ose frapper à la porte Projets souvent sur espaces publics, mise en scène pour être visible Point d'entrée: la terre crue, les anciens de la mosquée avaient des connaissances en terre crue A Clermont, retour d'évènements festifs, bon moyen d'impliquer les gens - est qu'on peut dire que les collectifs comme vous, peuvent construire les villes? Conférence avec Agence Construire, Patrick Bouchain Question d'échelle, quand peut-on dire que l'on construit la ville Ça ne peut être que complémentaire de l'aménagement Dans quel cadre on intervient: Soit ont acheté la paix sociale en participant à la phase intermédiaire des chantiers de déconstruction Soit volonté politique: il faut co construire les villes et amener les habitants au début du processus Ouverture 'un local pour les jeunes, un programmiste doit dessiner l'équipement de quartier On ne sait pas à quel moment les gens vont être sollicités Si il y a un besoin, ou bien se sévir du local pour consulter les gens, peut-être pour des choses futiles Les habitants n'ont pas des échéances
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Urbanisme participatif. Métiers et pratiques en questions.
- Quand vous partez? La suite? On a toujours travaillé avec des gens implanté sur le terrain Partenariat entre les gens sur le terrain en continu et des gens qui viennent ponctuellement pour dynamiser Espace public - calendrier pédagogie de l'école - fin de l'année scolaire - on est parti, les gens n'ont pas compris AAA _ les mecs montent les projets et ne partent pas tant que les habitants ne prennent pas les manettes du projet Ancrage territoriale - levier d'habitude Les gens acceptent ta présence - si tu appartiens à leur quotidien - question de l'administration? C'est le jeu d'acteur _ on essaye de mettre à plat On essaye de se mettre au même niveau que tout le monde On met à plat à la mille-feuille Un programmiste va réfléchir aux équipements de quartier _ nous en //, on boss sur le terrain Le but : les deux dynamiques convergent Faire émerger une nouvelle force de pression afin d'impacter les projets - Ta position dans le jeu d'acteur? On dépasse la mission du jeu d'architecte, on est pas gourment financièrement, on fait passer la pilule Action de plus en plus sollicité - ça ne peut être que complémentaire des actions traditionnels On est sur le terrain, on n’a pas la vision globale d'une agence d'urbanisme sur le grand Lyon Quelqu’un doit chapoter le projet pour mettre en cohérence des actions ponctuelles Mettre en réseau les gens : on appuie plus fort Si on met tout en réseau - tu peux faire du lobby BRIC - autre assoc. Manon - Parcours professionnel 12 - groupe constitué à l'ENSAQL - architecte et ingénieur architecte, puis ingénieur, et architecte- ingénieur Beaucoup de double cursus Ouvert à toute collaboration Parcours professionnel cours - diplômé depuis 1 an et demi - construit en dernière année Certains partirent pour HMO Bénévolat pour certains Ils sont 4 a travailler pour le collectif- les 8 autres travaillent en agence Tout le monde n’a pas les mêmes attentes - bénévole sur les chantiers - problématique financière Investissement de chacun, réponse différente 3 équivalences temps plein dans l'association L’argent dans l'asso - réinvestit dans l'asso et le reste on le partage à trois équivalents temps plein - pourquoi implanter ici ? Ils habitent la, L’école d'archi n'est pas loin. Discours de la maire de Lyon - il n'y a pas assez d'intersection entre le quartier et l'école Tisser un réseau avec les gens de Vaulx- Mas du Taureau - sujet intéressant sur le renouvellement urbain. 84
Partenariat avec l'école - la fabrique in situ - il délocalise l'atelier - il était dans un appart Idée d'ouverture sur le quartier - première année l'an dernier ou on rencontrait les gens du quartier - quels types d'actions? Pérennisé la présence au local Action extérieur - pour se faire connaitre On est en permanence sur le local - on a vendu notre présence continu On fait des liens avec des projets à Vaulx mais aussi dans un réseau de territoire plus large Première faisabilité - processus qui a intéressé le maitre d'ouvrage - on s'intègre a un projet avec du taff d'archi Ils n'ont pas tous HMO - co traitance et sous traitrance - partenariat avec un prof de l'école d'archi Benj - 8 mois à AAA Etienne n'a pas travaillé en agence Expérience bonne à prendre On trouve peu de travail _ puis envie de faire différemment Expérience bonne à prendre à tout moment 5 ans d'étude - pour se rendre compte qu’on n’est pas capable Peu opérationnel à la sortie - tu commences dessinateur Le complément peut se faire assez vite - vision de l'architecture ? Pourquoi une association? Pour pouvoir discuter avec les institutions, en particulier l'école qui nous a subventionnés Les structures associatifs permet de mettre en place un système de gestion - un système horizontal de responsabilité À but non lucratif - évolution de la participation des habitants? Propre à chaque projet - si il y avait une action comme ça près de chez nous- est ce qu'on y mettrait les pieds Phénomène de fond : posture de consommateur _ très difficile AAA - car ils venaient juste pour consommer Dès qu'il faut s'impliquer, les gens font un pas en arrière - peur de la surcharge - ne comprennent pas qu'en s’investissant, ça pourrait leur couter moins chère Demander aux gens ce qu'ils veulent - super délicat Le syndrome du city stade _ ils veulent un stade Commencer par faire quelque chose pour que les gens s'interrogent Blocage - il faut créer des choses pour récupérer les envies des autres - ça ne sert à rien de se mettre autour d'une table - problématique ? L’installation de la vie dans un lieu = architecture Archi _ le chef d'orchestre - tu es obligé de délégué les choses que tu ne sais pas faire - pout l'instant on met en réseau 85
Urbanisme participatif. Métiers et pratiques en questions.
On se remet au niveau de l'habitant Désacralisation du métier d'architecte - intimidation C'est quasiment un titre "Replacer l'architecte comme habitant d'un endroit qui a aussi un point de vue d’habitant, mais qui a pas toutes les clefs et qui a besoin aussi d'autres entrées pour pouvoir faire son projet" Ce n'est plus juste un créatif dans son bureau _ le métier d'archi va s'augmenter du travail social, de la relation avec les gens Ils font des ateliers de sensibilisation à l'archi - les gens doivent se sentir concerné par leur cadre de vie ils sont dépossédés- leur donner ce pouvoir Segmentation entre construction et dessin - on met les mains dans le cambouis et tu y vas Ne pas déléguer la construction - qu'elle fasse partie de l'acte créatif Chantier en terre - organisation qui se fait toute seule - lieu de transmission Le maçon s'implique d'autant plus i on le laisse faire son métier On décloisonne les disciplines- échange de compétence « A-t-on besoin de l'architecte finalement ? » -pluridisciplinarité ? Sympathisant du projet - viennent de milieu diffèrent On est incapable de mettre des mots sur ce qu'on fait- on à pas le baguage pour le faire Projet récent - on s'est rencontré à l'école Des gens s'ajoutent ponctuellement au projet Tendance à être touche à tout Ils ont bossé avec plusieurs collectifs Colloque super ville - faut-il faire une fédération de collectifs Pratique différente - force - concurrence saine Faut-il s'installer? Remet en question les circuits courts Des collectifs qui se sont monté car ils n'avaient pas de travail Sont-ils tous militant ? Pas forcement Peut-être des convictions mais pas objectif premier
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NOM PRENOM: Jelena Stamenkovic – Architecte Urbaniste DATE: 10/11/15 LIEU: PIED DES MARCHES, SAINT ETIENNE, 15 rue Robert
Parcours professionnel Architecte 15 année de maitrise d'œuvre puis maitre d'ouvrage Assistante à la maitrise d'ouvrage puis formation d'urbanisme Structure à Paris, la programmation Métier créatif car processus en amont important Le programme est important dans le projet Permet une mise à jour des programmes avec le bailleur Expérimentation Ex: Programme expérimental d'une buanderie de quartier Aujourd'hui, collectivité et bailleurs sociaux Personne à rencontrer: Juliana - Interlude - architecture collaborative Aider les bailleurs sociaux sur le programme Résorption habitat insalubre _ St Etienne et Paris PIED DES MARCHES - nom du local Rues du Développement Durable - lieu d'origine et met en place beaucoup de réseau Quartier Cret de Roc Bureau partagé - entre colocataire Mardi au Vendredi, Réfectoire, Salle hors-sac 0.50€ lieu chaud et service La MAP , ingrédient produit bio Lieu d'échange dans le quartier Pluralité d'espace entre 12h - 14h 2012-13 - Ville de St Etienne - évaluation politique public, la MOUS La SIAMP (?) proposition d'espaces ordinaires Laverie dans résidence sociale, couplé avec la fabrication de jeux recyclés Le programme peut être réfléchi comme une étude d'espaces plausibles pour la rencontre THÈSE : programmation et proximité à 3 niveaux Immeubles Belgrade Ici, possibilité de rencontrer d'autres personnes Vendredi, speak language : souvent en anglais Créer un cadre 87
Urbanisme participatif. Métiers et pratiques en questions.
TOUT EST PRÉTEXTE Dans la programmation, il faut tenir l'enveloppe et tenir financièrement le projet, on "remouline" le programme Question de mixité social > Maison de quartier, ça coute de l'argent et pourtant ça ne créer pas de lien Lieu du quotidien comme lieu de rencontre plausible " Je fais lien entre les bailleurs sociaux et les habitants" Pas de lien direct avec les habitants, mais lien directe avec bailleurs Aucune frustration, prône les métiers de l'architecte 4 architectes dont François Gazeau La difficulté : faire un programme de concours sans figer la création architecturale Il ne faut pas figer, ni frustrer. Les concertations publiques sont de fausses concertations. C'est juste de l'information. Il ne faut pas manipuler les habitants. Il faut traduire le besoin des associations de quartier. On ne peut satisfaire tout le monde de toute façon. En tant qu'habitant, on dépend des autres. Première partie de carrière : Différentes agences Arrivé en fin de projet > pertinent? y a t on réfléchit avant? Engagement auprès des élus Maitrise d'œuvre obligatoire à cause de besoins financiers pour vivre. Travail avec les personnes dans l'insalubrité Pour accompagner, il faut un conseil technique Auto habitation accompagnée Intérêt pour les groupes les plus démunis Moyen de prévenir les autorités et de donner une chance à ces groupes ANAH - évaluation auto habitation accompagné mettre aux services des professionnels Personne souvent repéré par les travailleurs sociaux - ça les dépasse. Donner une relation de sociabilité dans le quartier
Quand on est en situation de précarité, le quotidien est important - il faut faire rencontrer. Ex: Laverie Comprendre le fonctionnement Ouverture de la buanderie uniquement par clés. La vie des résidents n'étant pas facile, ils avaient l'impression d'être contrôlé.
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NOM PRENOM: Jean-Michel Dutreuil – Architecte. DATE: 16/11/15 LIEU: ENSASE, SAINT ETIENNE, 2 rue Buisson.
Problématique : Vaste question Qu'est-ce que m'inspire cette question? L'implication des habitants dans la fabrication de la ville deux aspects : politico technique et politique Les habitants ont toujours étaient impliqués dans la pas en terme de technicité ou de processus projectuelle mais en terme politique, en terme de lutte, de production directe La fabrication de la ville traditionnelle elle se fait par des moyens techniques et des procédures simples et par les habitants Technique jusqu'au milieu 19eme, début ère industrielle ca repose sur un processus, au lieu d'une technique ou des modalités technocratiques, sur un processus qui est de la typo morphologie Lien simple entre la population, leur besoin tel qu'ils le perçoivent, et la production de type architectural, qui s'insère dans un contexte général, le tissu et le parcellaire Il y a des types architecturaux qui se sont établis sur des décennies, des types locaux, des caractéristiques constructives particulières, "On peut se passer d'architecte" Petite bourgeoisie, programme informel Relation mode de vie, mode de représentation, esthétique et moyen constructif - la typologie est un mode de construction de la ville traditionnelle - ce n’est pas un catalogue - c'est une façon de produire la ville - il y a très peu d'architecte, Dalgabio Les habitants sont acteurs de leur ville Les couches sociales et les décisions politiques sont municipales St Etienne, les rubaniers décident de l'extension de la ville Dans un système tout à fait différent, situation post industriel, démocratique, société pluriculturel, transformation socio, éco, transformation très rapide Ça n'a plus de sens Qui c'est qui fabrique la ville ? Pour qui, relation cause à effet entre pour qui et par qui ? Comment se construit la ville? Comment se fabrique la ville ? Deuxième volet de ma réflexion : Aujourd’hui L’implication des habitants est relativement récente dans les idées En Europe, les luttes urbaines de Bologne en 68 et 69 - Bologne la rouge - mouvement socio et politique qui sont er d'une crise du logement à Bologne - à entrainer des luttes urbaines très durs 89
Urbanisme participatif. Métiers et pratiques en questions.
Luttes urbaines dans un contexte politiques favorable, de gauche, avec des architectes, des urbanistes, des intellectuels - une des idées - les habitants par les luttes urbaines arrivaient à avoir une certaine maitrise de la fabrication de la ville - en particulier l'habitat Pas fait inédit Plusieurs cas ou conflit socio et politique créer de nouvelles choses Boulogne - relevé par les élèves du bâti, relevé socio par rapport à l'état du bâti, toute une réflexion spatiale, architecturale, physique, économique ect Superposer l'espace physique et l'espace sociale au sens large - en gros toutes les opérations de réhabilitations en laissant la population en place On associe la population à la décision de leur installation - comité de quartier On préserve leur situation initiale, on l'améliore mais on ne les expulse pas Outil de connaissance de l'espace physique, des outils de l'état de la question sociologique et stratégique de projets Contexte de la période 68-75 - courant dans le même sens - la participation des habitants dans la doctrine architecturale Moins dans les questions de rapport de force - moins dans un héritage marxiste - préfigure un peu des pensées alternatives - réformistes, pas révolutionnaires Notion de participation, convivialité (mot inventé par Ivan Illich) Début de l'entrée de l'écologie dans les préoccupations architecturales - on prend en compte l’environnement, les usagers En Europe - Lucien Krohl - architecte belge - qui a travaillé d'abord en Afrique - 70-75 invente une forme d'association importante des usagers a la conception de leur cadre de vie Un projet très célèbre - résidence universitaire à Bruxelles - la Mémé et les fascistes -deux bâtiments - les étudiants participent à l'édification de la résidence - idée de recyclage - utilisé beaucoup de matériaux du second œuvre - en particulier la menuiserie Je suis allée le rencontrer On l'a tellement harcelé- il a été viré de son chantier - il a fait une bonne dépression nerveuse quelque chose de compliquer Les coopératives de constructions se développent - s'éteint à cause de la crise - et aujourd'hui ça réapparait On voit bien que les réflexions de cette période-là préfigurent un contexte ultérieur Remet-elle en question ? Oui bien sûr On est une profession qui fonctionne jusqu'au 20 Emme de manière simple - un commanditaire (le prince) et celui qui sert le prince c'est l'architecte Le prince a besoin de représentation, l'architecte est là pour servir la représentation du prince - il doit le valoriser 20eme -technique et usage se complexifient - préfigure le fonctionnalise, a l'édification a la technique Le paradigme - l'architecte au service du client - ça reste extrêmement fort Aujourd’hui je pense que bon nombre de représentation restent sur ce schéma là Ce qui est très grand public - maison Leroy merlin - l'archi comme objet de représentation Exemple Confluence : ça n'a ni queue ni tête Ce paradigme-là, cette façon de donner du sens à la profession Il est toujours dans la profession, il est toujours enseigner Il est même dominant dans les écoles
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Ils éliminent les contradictions, les complexités de la société, tout ce qui met en cause - marchandisation de la ville Ce ne sont plus des projets mais des produits Éliminent des questions embarrassantes- les questions sociales On ne s’embarrasse pas de milles questions L’architecture a du mal à changer de paradigme et de passer dans un système plus démocratique - c'est mon point de vue Il y a beaucoup d'architectes qui sont mal à l'aise avec l'idée que les habitants s'impliquent dans la question de leur habitat de leur ville Ça peut être la foire - la démocratie participative - phénomène parallèle en politique Petite part du programme - ou plus profond s'inscrit dans un tissu associatif - qui peut démarrer par exemple a l'école - aussi dans les écoles secondaires et primaires Poser des questions simples et intelligentes autour de ce qui nous entoure Pour les architectes c'est compliqué- la loi SRU impose une concertation Dans l'habitat - ils n'ont pas l'habitude - donc souvent symbolique C’est vraiment quelque chose d'important - et ça remet en question les postures et les positions de l'architecte - profession où on prend la pose - c'est une profession de marchand C’est une conception limité mais qui durera - couche social vont vouloir encore une représentation par leur maison - qui leur donne comme toutes objets, comme les bagnoles - qui confortent leur situation de pouvoir et les distingues Leur capital matériel contribue à renforcer leur capital culturel C’est un jeu de dupe - un jeu d'idiots Valeur de hiérarchie en esthétique - sur classement _vulgaire C’est jamais vraiment aborder dans les écoles - sujet compliqué- les professionnels et enseignants se mettent en danger en se dévoilant un peu Pourquoi les pavillons de banlieue ne sont pas une architecture ? J’aimerais débattre- je pense que le débat serait nul. Pour finir- il y a pleins de courants entre l’Europe et les Etats-Unis - les courants intellectuels sur la ville le territoire qu'on peut trouver en Asie en Afrique ou en Amérique latine Je pense qu'il y a pas mal d'archi qui ont pas mal d'avance sur les archi des villes post-industrielles. - la difficulté créé de l'intelligence -tu es obligé d'inventer des solutions face aux problèmes et bouger les paradigmes Émergence de la notion de maitrise d'usage - timide pour le moment Urbanisme actif ou les gens provoquent des évènements dans la cité - installation provisoire Ces expériences commencent à être conduites à Rennes - un gars de la métropole s'intéresse à cette question Dans les periodes transitoires compliqués, il y a la force des filières et des réseaux associatifs qui contribuent à ça - pleins de petits trucs _ pas si insignifiant que ça À leur façon - participe à la vie du quartier Pied des marches -Carton Plein (l’EPASE leur a filé trois cacahouètes)= Dès que ça prend de l'importance on les mets à la porte. L’institution et le pouvoir n'aiment pas ça - ils détestent qu'il y est des trucs qui se passent mais qu'ils ne peuvent pas contrôler Plus un effet d'affichage que d'une réalité profonde 91
Urbanisme participatif. Métiers et pratiques en questions.
Cas de diplôme aussi - intégrer l'autoconstruction - dans une école française c'est un risque important L’institution n'est pas suffisamment ouverte pour accepter ce genre de pratique - prise de risque Lorsqu’on transforme un territoire, il y a quelque chose d'indispensable à construire en parallèle - la construction d'un récit urbain - un récit collectif Ce n’est pas facile - une réalité passe a une réalité culturel - petit à petit - créer un récit commun à peu près partager Cette notion de récit est intéressante car elle se fait pas sans les gens - ça passe par des associations - pas des formes démocratiques de représentation Arriver à organiser un système -afin que les ides les plus communément partager - arriver à émerger et a être utiliser Ce n'est pas un programme ce n'est quelque chose de plus compliqué Dans les écoles - il y a des pensées dogmatiques et dominantes dans les écoles
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TABLEAU SYNTHESE ENTRETIEN
L’ASSOCIATION
LAURIE GUYOT
ETIENNE ET BENJAMIN
JELENA STAMENKOVIC
CARTON PLEIN
PIED DES MARCHES
Création de l’association avec Fanny Herbert.
Mis
en
place
par
JEAN-MICHEL DUTREUIL
COLLECTIF POURQUOI PAS ? POURQUOI PAS ?
RUES
Les réseaux associatifs sont très importants dans les périodes
DU Création de l’association en dernière année d’architecture à difficiles .A leur façon, ils participent à la vie du quartier et à la
Association de plus en plus structurée afin de rendre lisible leur DEVELOPPEMENT DURABLE
l’ENSAL.
action.
Quartier du Crêt de Roc
Composée de 12 membres : architectes ; architectes-ingénieurs et Par exemple à St Etienne : PIED DES MARCHES et CARTN
transmission des discours des habitants.
Il y a trois emplois fixes. C’est une situation précaire.
Bureau partagé entre colocataire
ingénieurs-architectes.
Actions très peu comprises par les architectes locaux.
Accueil pendant la semaine dans le Investissement
Equipe pluridisciplinaire. C
Réfectoire pendant le temps de midi différente à chaque personne.
de
PLEIN.
chacun
différents
problématiques Dès que ça prend de l’importance, on les mets à la porte. Les institutions n’apprécient pas de ne pas pouvoir tout
Tous les membres ont trouvés leur place – Laurie = interface comme salle hors-sac.
Implication temporaire – ou bien bénévolat.
entre les différents langages.
Il y a trois temps plein.
Lieu d’échange dans le quartier.
car
contrôler.
Trois lignes directives : Le jeu, l’identité de ville et la fabrique Pluralité d’espaces en un seul lieu
METIER DE L’ARCHITECTE
ENSEIGNEMENT
EN PARALLELE DU METIER
de ville. Il faut pratiquer de manière classique afin de d’affirmer dans la Maitrise d’œuvre obligatoire à cause des Les jeunes architectes ne trouvent pas de travail. Beaucoup de marge.
besoins financiers pour vivre.
Réalisation d’une formation supplémentaire en géobiologie.
collectifs se sont montés pour cette raison. Le travail en agence sera nécessaire en temps voulu. Les collectifs ne sont pas tous militants, ils ont des convictions mais ce n’est pas leur objectif premier.
Scepticisme par rapport à l’enseignement.
L’ENSAL propose un atelier ouvert sur le quartier environnant Il y a un paradigme dans les écoles : l’architecte comme
L’enseignement à l’école ne nous montre pas la véritable mission
– La Fabrique.
de la profession d’architecte.
L’atelier est en train d’être fermée. Comme l’ENSASE, l’ENSAL IL y a des oppositions fortes entre les enseignants dans les propose
une
marchand. Le projet est un produit. vision
architecturale
uniquement
basé
sur écoles d’architectures autour de ce paradigme.
l’architecture suisse.
L’enseignement dans les écoles d’architectures mais aussi dans
Quand on sort de l’école, on est peu opérationnel.
les écoles secondaires peut être porté sur une vision de l’architecture sociale.
Le format agence fige le projet. La programmation ne permet Il y a plusieurs métiers d’architectes. L’association dépasse le métier d’architecte. En effet, leurs L’architecte est là pour servir la représentation de son pas une grande liberté sur les projets.
L’architecte peut être programmiste. Ce actions sont de plus en plus sollicitées car elles complètent les commanditaire. L’architecte est au service du client – c’est un
L’architecte classique est en bout de chaine. Il subit le système n’est
pas
un
sous-métier.
La actions traditionnelles.
paradigme très fort encore aujourd’hui. C’est une profession
de croissance.
programmation par des architectes permet "Architecte" = chef d’orchestre
On devrait repositionner notre métier à la sortie de l’école.
de donner plus de possibilité aux confrères Les gens le voient comme un titre honorable. Il faut se replacer l’idée que les habitants peuvent aussi s’impliquer dans les qui vont réaliser le projet.
au niveau des habitants ; l’architecture va devenir plus sociale.
où on prend la pose. Les architectes sont mal à l’aise avec décisions autour de leur habitat et de leur cadre de vie.
POSTITION DANS LE PROCESSUS DE PROJET
L’architecture est un fait sociétal. Il faut agir en amont dans le Le programme peut être réfléchi comme Il faut susciter la curiosité en prenant place dans l’espace public. Il faut associer la population à la décision de leur cadre de vie. projet comme par exemple au niveau du programme.
une étude, une expérimentation d’espaces En effet, les locaux de l’association forment une "barrière" – les En parallèle, il faut mettre en place des outils
Il faut trouver une méthodologie. Il ne faut pas faire participer plausibles pour la rencontre. les gens mais les rendre capable : la CAPACITATION.
gens n’osent pas franchir la porte.
de
connaissances de l’espace physique, sociologiques et du
En programmation, il faut remouliner le Il y a une question d’échelle dans la fabrication de la ville – elle processus de projet – il faut superposer l’espace physique et
Il faut se positionner en tant qu’interface entre les différents programme afin d’intégrer une idée sociale est complémentaire au grand processus d’aménagement.
l’espace social au sens large.
acteurs du projet, et donner les moyens aux habitants d’avoir un sans dépasser le budget.
Les habitants peuvent être impliqués soit dans la phase de Lorsqu’on transforme un territoire, il faut réaliser un récit
poids sur les décisions.
déconstruction douloureuse, ou bien dans la phase de urbain – un récit culturel- afin de prendre en compte l’histoire
Le projet doit être entretenu, car éphémère, il est souvent
programmation. Il est très difficile de donner envie aux habitants des gens qui habitent. Cette notion de récit est intéressante
délaissé et donne au final, une mauvaise image du quartier.
de participer.
car elle ne peut se faire sans les habitants et les associations de
Leur rôle est de mettre à plat le mille-feuille administratif et de quartier. créer un réseau pluriel afin d’avoir un impact plus fort.
PLACE DE L’HABITANT
"La matière première de l’architecture, c’est l’humain." C’est en Devenir le lien entre les bailleurs sociaux Les gens acceptent ta présence quand tu appartiens à leur Les habitants ont toujours été impliqués dans la fabrication effet, la première condition à ton travail. Malheureusement, et les habitants.
quotidien.
l’Etat met des bâtons dans les roues et rend les gens assistés. Il
Les
faut rendre capable les gens, leur faire prendre conscience des
consommateur. Quand ils doivent s’investir dans un projet, ils Aujourd’hui, la société est différente. Ce sont les personnages
enjeux autour de leur cadre de vie.
reculent car ils ont peur de s’impliquer.
habitants
des villes. Les villes traditionnelles étaient construites par les ont
tendance
à
avoir
une
posture
de habitants en fonction de leur besoin. de pouvoir qui dirigent la fabrication urbaine. Par ailleurs, la
Les ateliers de sensibilisation à l’architecture permettent aux notion d’urbanisme actif apparait de plus en plus – les gens gens de se sentir concerner par leur cadre de vie.
provoquent des évènements dans les petits espaces de la ville en créant des installations provisoires.
NOTION DE PARTICIPATION
La participation par l’utilisation d’objets décalés – clownesque – Les concertations publiques sont de faux On décloisonne les disciplines- on échange les compétences.
La participation des habitants est une idée récente. Elle
afin de créer un vocabulaire commun où tout le monde (habitants outils. Elles sont souvent utiliser comme La participation passe par la notion de "panneau de chantier". En apparait dans les années 68 sous forme de lutte sociale. et personnes politiques) est sur le même pied d’égalité.
informations et non comme dialogue. Il effet, il faut ouvrir les gens sur l’espace du chantier qui Exemple de villes-projets : Bologne et Barcelone.
Participation = Recherche action.
faut en effet traduire les besoins des habituellement est fermé au public.
La participation c’est une coconception où on prend les associations de quartier. contraintes de chacun et où on les fait dialoguer.
Une ville en avance fait modèle puis le schéma est reproduit.
La participation se fait aussi dans la construction car elle fait Il y a aussi la notion de convivialité donné par Ivan Illich.
On ne peut satisfaire tout le monde mais le partie de l’acte créatif.
La participation est aussi due à la prise de conscience
recensement des besoins est nécessaire.
écologique en architecture et du développement durable.
"A-t-on besoin de l'architecte finalement ? "
La loi SRU impose une concertation qui n’est pas admise dans le processus de projet par les architectes.
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Urbanisme participatif. Métiers et pratiques en questions.
Thèses MACAIRE, ÉLISE. Actions pédagogiques et participatives en architecture, construction d’une hypothèse sur la socialisation ‘démocratique’ de l’activité d’architecte. Mémoire de master sous la direction de François Dubet, Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, 2006.
Conférences SEGAPELI, SILVANA. CAMPOS, CARLOS. TIXIER, NICOLAS. DETRAZ, YVAN. Table ronde. Le projet impermanent. Les espaces publics entre animation et persistance. Biennale du Design St Etienne 2015, ESADSE, 19 mars 2015. NEZ, HELOÏSE. PASSAQUIN, SUZIE. BENCHARIF LELA. Séminaire. [Faire la ville avec les habitants : savoirs, expériences et retours], ENSASE, St Etienne, 21 avril 2015.
Sites CRDSU : Centre de Ressource et d’échanges pour le Développement Social et Urbain. Participation des habitants et renouvellement urbain. Cycle de qualification. Synthèse des journées du 25 novembre et 10 décembre 2008. http://www.crdsu.org GEDDES Patrick : http://www.nls.uk/learning-zone/politics-and-society/patrick-geddes La Fabrique du Lieu: La participation, cadre théorique et rôle de l’habitant. http://www.lafabriquedulieu.com/ Ordre des architectes : http://www.architectes.org
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Je remercie chaleureusement Mme Catherine Gauthier pour m’avoir aidée dans l’élaboration de ce mémoire de fin d’étude. Je remercie également, Laurie Guyot, Benjamin et Etienne, Jean-Michel Dutreuil et Jelena Stamenkovic pour m’avoir accordés du temps pour me rencontrer et, pour avoir répondus avec amicalité à mes questions. Enfin, je remercie mes proches de m’avoir soutenue tout le long de l’écriture de ce mémoire.
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