Coursetatetpolitique

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L'Etat et la politique Quelques définitions importantes

La politique : (du grec « polis » ­ la Cité) La politique désigne l'activité par laquelle les communautés humaines s'efforcent de régir leur « destin » (entre guillemets car un destin, au sens strict du terme, ne peut jamais être parfaitement dominé ou maîtrisé), c'est­à­dire d'imprimer des directions fortes à leur devenir. La loi, qui constitue la concentration des forces d'une communauté et la mise en cohérence de ses volontés, est l'instrument de cette ambition humaine. La politique est donc le lieu ultime de l'expression de la question de la liberté, non plus comme rapport individuel aux obstacles de l'existence (altérité, irrationalité, désir, déterminismes...), mais comme modalité collective, historique et concrète d'une libération par rapport aux cadres restrictifs du réel. La praxis (qui donne l'adjectif « pratique » au sens que lui donne Kant dans Critique de la raison pratique): action humaine qui engage le devenir d'autrui. La politique s'inscrit dans le cadre général de la réflexion sur la pratique, c'est­à­dire sur les fins ou valeurs qui doivent régir l'action humaine, en tant que cette action engage le devenir des autres. Ainsi, même si la loi, potentiellement, par sa forme, semble constituer un gain d'efficacité et de cohérence pour l'action, ses modalités concrètes peuvent être multiples et pas nécessairement équivalentes. C’est le propre de la philosophie politique que d’essayer de déterminer avec la plus grande précision la nature des lois, leur fondement, et leur expression la plus aboutie, c’est­à­dire la plus juste.

● L’Etat: L’Etat est une institution censée surplomber la société sur laquelle il exerce de façon souveraine (c’est­à­dire indiscutable dans le temps de son exercice) un pouvoir. Dans la définition que donne Max Weber : “L’Etat est le monopole de la violence physique légitime”, on peut aisément saisir tout l’enjeu de la réflexion politique, en particulier lorsqu’elle se concentre sur le concept d’Etat. La violence est par définition ce qui porte atteinte à la liberté et à l’intégrité de quelqu’un et en tant que tel, ce qui ne peut être juste. La souveraineté, en revanche, est le gage même de l’efficacité de la loi, la condition même de son fonctionnement. La loi ne peut être qu’indiscutable dans le temps de son exercice, c’est en cela qu’elle peut être violente, sous peine d’être proprement inexistante et d’abolir l’ambition de liberté que recouvre le projet politique. La politique est donc le lieu paradoxal où s’exprime un projet humain de liberté, qui se concrétise cependant par la présence et la mise en place de contraintes, dont l’Etat est la source et le garant. « S’il n’existait que des structures sociales d’où toute violence serait absente, le concept d’État aurait alors disparu et il ne subsisterait que ce qu’on appelle, au sens propre du terme, l’ « anarchie »1. La violence n’est évidemment pas l’unique moyen normal de l’État – cela ne fait aucun doute ­, mais elle est son moyen spécifique. De nos jours la relation entre État et violence est tout particulièrement intime. Depuis toujours les groupements politiques les plus divers – à commencer par la parentèle2 – ont tous tenu la violence physique pour le moyen normal du pouvoir. Par contre il faut concevoir l’État contemporain comme une communauté humaine qui, dans les limites d’un territoire déterminé – la notion de territoire étant une de ses caractéristiques ­, revendique avec succès pour son propre compte le monopole de la violence physique légitime » . 1 au sens “propre” ou étymologique : où il n’y a pas de pouvoir.2 Famille au sens élargie, ensemble des parents. Max Weber, Le Savant et le politique ( 1919), trad. J. Freund, E. Fleischmann et É. de Dampierre, Éd. Plon, coll. 10/18, p. 124.

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Coursetatetpolitique by Emmanuel DELESSERT - Issuu