Critiques et courants de pensée : CM Semestre 1 «En vouloir au images ?» Introduction : Que dire de l’image ? CONNAÎTRE L’IMAGE ? ... De “l’improbable expertise” en images... Le cours qui s’ouvre se veut une invitation à considérer quelques aspects à la fois traditionnels et contemporains de la question de l’image. Sous cette entrée en matière générale et convenue, se dissimule d’emblée une redoutable difficulté qui ne pourra qu’aiguiser en nous une certaine prudence. Faire cours sur, enseigner sur l’image, c’est courir le risque de prétendre la(?) connaître (comme si sa réalité était univoque), c’est risquer de faire fond sur une théorie plus ou moins réductrice au nom de laquelle les mots auraient enfin pu épuiser, circonscrire, rattraper un objet si volatile. Or, rien n’indique que les mots soient de nature à saisir avec une précision suffisante ce que sont, mieux encore, ce que font, les images. Rien ne nous permet de garantir que la multiplicité foisonnante des images puisse se réduire à une approche définitionnelle exhaustive et close, susceptible de constituer le socle définitif d’un savoir fiable et dûment établi.
...ETABLIR DES DISTINCTIONS PLUTÔT QUE REDUIRE A UN SEUL ASPECT Pourtant, il serait sans doute dommageable de renoncer à une approche, dans et par le langage, de ce phénomène de l’image, car cela pourrait conduire à en confondre toutes les dimensions, à renoncer à toute distinction et à noyer les écarts qui peuvent exister entre tous les types de recours à l’image. A renoncer à toute tentative, même modestement “approximative”, on perdrait sans doute de précieux moyens de s’orienter dans une (?) réalité (la question de l’unité du réel ne manquera pas de se poser) où les images sont omniprésentes et structurent nos mondes en profondeur. Connaître, à cet égard, ce n’est pas seulement ranger sous une unité, c’est déjà s’efforcer de distinguer... HYPOTHESE Une hypothèse de travail nous guidera par conséquent tout au long de notre travail : toutes les images ne se valent pas . Il s’agira donc moins d’en finir avec la question, en la refermant à partir d’un quelconque artifice idéologique, que de la tenir ouverte, en nous efforçant de délimiter au passage quelques bornes, susceptibles de servir de repères pour aiguiser notre “voir”, mais aussi de nous rendre plus à même de construire, et d’explorer à notre tour les latitudes permises par ces images dont la puissante expérience bouleverse cycliquement nos perceptions, et notre monde. Nous serons conduits, dans cette tentative à nous méfier progressivement de la tentation des entreprises globalisantes (que ce soit sur le mode de l’inclusion relativiste, qui donne à toutes choses une valeur égale, ou sous le mode de l’exclusion radicale, dans laquelle certaines théories ont prétendu ranger l’ensemble des images, à partir d’une insistance excessive et généralement infondée sur un critère). Nous tâcherons donc de multiplier les décalages et d’exploiter au mieux les marges offertes par le fait sans préjuger de la hiérarchie d’expressions telles que...Penser ce que nous voyons... Voir ce que nous pensons... Penser ce que nous ne voyons pas... Voir ce que nous ne pensons pas...