Petit commentaire de la scène ci-dessus (Par Miriam Varca) Don Juan, un gentilhomme seducteur qui vit dans le plaisir et la jouissance de l’instant présent, en s'opposant aux contraintes et aux règles sociales, morales et religieuses, a l'intention de seduire Zerlina (jaune payanne) le jour de son mariage avec Masetto. Don Juan, ayant faillit seduire Donna Anna (fille du Commandeur et fiancée de Don Ottavio) remarque Zerlina, qui lui plaît, et se débarrasse du fiancé jaloux, Masetto. Dès que Don Giovanni est seul avec Zerlina, il commence à la séduire. C'est ici donc qu'on reconnait le mode de faire et la personnalité d'un manipulateur. C'est-à-dire le bonheur de controler sa victime mais aussi une double motivation : il a une joie simple et autonome de dominer quelqu'un et le plaisir qu'il éprouve en soi. http://www.youtube.com/watch?v=NqPcb1nKZYg De même quand le désir s'arrête sur une jaune paysanne, Zerlina, il l'emporte, tête tournoyante, dans un vertige contagieux - qui laissera les traces. Mais encore une fois, bien plus que les paroles, toujours timides, c'est la musique qui dit la réalité de l'émotion, la musique qui radiographie les sentiments profonds. Ainsi, dans le duettino "la ci darem la mano", les soupirs des vents à la fin des phrases-caresses qui font frissonner Zerlina ponctuant l'émoi qui lui enfle le souffle, lui met la rose aux joues, tumecence du désir qui soulève la poitrine. E peu à peu, envoûtée par le chant de Don Juan, qui fait naître en elle, en la révélant, ce sentiment qu'elle ne connaissait pas, elle reprend cette figure moelleuse, sensuelle, d'un frémissant vertige: elle est prise dans le mouvement de la répétition : le désir a circulé... DON JUAN : "la ci darem la mano" (la on se donnera la main) ZERLINA : "vorrei e non vorrei" (je voudrais et je ne voudrais pas) Il ne lui reste plus qu'à s'abandonner, ce qu'elle fait dans un souffle en répétant cet "andiam" (allons) que lui lance Don Juan et qui est comme un "oui" délicieusement livré, s'épanchant sur un point d'orgue alangui "Andiam!" Il réapparait plus loin ce jeu du désir, dans la manière dont Zerlina, qui semble à travers la découverte de la séduction en avoir gardé comme l'étincelle au contact de Don Juan, l'utilise pour reconquérir Masetto (c'est l'air "Batti, batti, o bel Masetto"). Mais l'investissement de tout son être par ce désir révélé transparaît sourtout quand, se retrouvant de nouveau face à Don Juan, Zerlina (qui se sait observer par Masetto) accumule les dénégations verbales alors que la musique dit ce frémissement quasi-physique qui la prend. Et, aloes qu'elle fait le geste de s'éloigner, elle va en faite vers Don Juan, en proposant cette fois la mélodie sinueuse et sensuelle que Don Juan reprendra, ravi. ZERLINA : "Ah lasciatemi andar via!" (Laissez-moi partir!) DON JUAN : "No, no, resta, gioia mia!" (No,no, reste, ma joie!) ZERLINA : "Se pietade avete in core..." (Si vous avez pitié dans le coeur) DON JUAN : "Si, ben mio, son tutto amore..." (Si, mon bien, je suis fais tout d'amour) Circulation du désir encore, en miroir, en miroirs. Zerlina sait à présent utiliser ce désir dont elle a pris conscience avec délices. Elle ne s'en privera pas : son air "Vedrai carino", dit parfois "air de l'apothicaire", montrera comment il l'habite et comment à son tour, pour poursuivre le mouvement de la grande roue dont Don Juan lui a tourné la tête et le corps, elle saura en touche Masetto - et lui proposer "certain baume" ("un certo balsamo che porto addosso") dans une phrase qui se fait câline, suave, d'un érotisme non dissimulé que les sonorités laiteuses des vents contribuent à insinuer dans une ondulation caressante. VARCA Miriam TL3