#52
CYBORG PARIS / JAPON
Fougères de forêt primitive.
Revue d’atelier Marc Vaye
Printemps 2017
Ce tableau, une toile montée sur chassis de format 90 x 90, peinte à l’acrylique, a été exécutée en août 2017, pendant une retraite estivale, dans un oasis du haut plateau désertique persan. C’est une humble reproduction du célèbre tableau de Diego Rivera “La vendeuse d’arums”. En choisissant de rendre hommage à ce peintre majeur du XXe siècle, j’ai souhaité retrouver l’émotion ressentie devant la toile originale découverte à l’occasion de l’exposition “Mexique 1900/ 1950” qui s’est tenue au Grand Palais à l’automne 2016. Le génie des Muralistes mexicains, ce communiste athée, dénommé l’ogre par ses proches, ose peindre à la gloire des Indiens des fresques où il les incite à prendre machettes et fusils pour jeter à bas la trinité démoniaque du Mexique. L’homme de toutes les révolutions du début du XXe siècle. Les révolutions politiques, celle du Mexique qui espère renouer avec son passé indigène, la Renaissance Mexicaine, puis celle des Soviets, celle de Trotsky qu’il fréquente à Mexico. Les révolutions artistiques, celle de Paris où il rencontre Pablo Picasso et découvre le Cubisme naissant, puis celle des Muralistes avec David Alfaro Siqueiros et José Clemente Orozco, membres comme lui du syndicat des peintres et des sculpteurs qui publient un journal titré “El Machete” où la première page porte les vers de Graciela Amador : La machette sert à couper la canne, à ouvrir une brèche dans les forêts épaisses, à décapiter les serpents et à détruire les nuisibles, et à briser l’orgueil des riches sans pitié. Enfin celle des Surréalistes et d’André Breton, lui aussi cotoyé à Mexico, si proche de la sorcellerie et de la médecine par les plantes de sa nourrice indienne Otomi, Antonia, pour qui il garde une image à la fois onirique et charnelle, dont il est resté amoureux toute sa vie et qui a représenté pour lui la force et la beauté pure du monde préhispanique. “Visuellement, elle était pour un artiste l’idéal de la femme indienne classique, et je l’ai souvent peinte de mémoire, dans sa longue robe rouge et son châle bleu”. Cette œuvre est pleine d’humanité.
Mémoire - Projet Le mémoire - projet est un néologisme à l’usage des jeunes générations, une valise didactique pour étudiants du siècle naissant. La notion rappelle le caractère indissociable de la réflexion et de la projetation. Non il n’y a pas de réflexion séparée et antérieure à la projetation mais bien une activité hybride et conjointe où la théorie et la pratique sont entrelacée. Il s’agit donc dès les premiers instants de la formation des étudiants en architecture de demander que pensée et dessin soient articulés. Oui, il faut fréquenter indifféremment les mots, les chiffres et les schèmes pour former à la conception. Les travaux qui suivent, pour ma part la première tentative, illustrent ce qu’il est possible de demander et d’obtenir dès la première année. A vous d’en juger.
Mémoire / Pièce écrite illustrée Le mémoire articule “texte et image” au bénéfice d’une réflexion qui fonde le projet, la proposition architecturale. Il comprend dans l’ordre : * un titre éventuellement complété d’un sous-titre + un schème (croquis originel) * un court récit décrivant l’identité de Cyborg (portrait & attentes) * une étude thématique * une analyse des contextes * une déclaration d’intention (texte, mots clefs, références, schémas, croquis,…) * une bibliographie, filmographie, sitographie,… Il suppose une stratégie de mise en page et comprendra au minimum 30 pages (conception graphique générale, couverture, sommaire, pagination,…) .
Projet / Documents graphiques titrés 2 Formats A0 verticaux (montés sur carton plume) : 1 pour le Soho 1 pour la Maison délicieuse * Plan de masse / situation * Plans & Coupes contextualisées (échelles 1/200e, 1/50e, 1/20e) * Croquis d’ambiance * Perspective contextualisée * Maquettes concept et d’études + Maquettes finales (échelles 1/50e, 1/20e)
L’habitat de Homo Sapiens Te Qui est Cyborg Hybride d’homme et de machine, individu parfait parce que rendu pleinement autonome par la technologie, Cyborg est une fiction, un mixte d’imaginaire, de pratiques et de réalisations concrètes. Le terme, contraction des mots cybernétique et organisme, désigne une intégration de type nouveau entre l’homme et la machine. Cyborg est né en 1960 dans une revue d’astronautique, l’article signé de Manfred Clynes & Nathan Kline est titré Cyborgs and space. Cyborg est donc né, non pas d’un désir d’étoiles, d’une rêverie, mais d’un projet technique : échapper au milieu humain. Cyborg est donc un être qui n‘a plus besoin de la Terre, il a franchi les murs de cette niche écologique. En revanche, il ne peut se passer des machines qui sont devenues ses prothèses. Cyborg est un être mécanisé par son monde mécanique. L’ambition de fusion entre l’homme et la machine est à l’œuvre dans la thématique de Cyborg comme par exemple pour l’automobiliste de Crash (James G. Ballard 1973), un mixte de chair et de mécanique né de l’accouplement de chair meurtries et de tôles froissées. La présence d’un cerveau biologique ainsi que le respect de schèmes corporels sont la ligne de démarcation entre Cyborg et le robot. Cyborg est un surhomme mais sans échapper à la condition humaine, en passe de devenir machine mais aussi définit par sa capacité de résistance à cette machinisation. Comme tout hybride, comme le Sphinx ou l’Ange, Cyborg suscite à la fois désir et effroi. Il a vocation à se définir par rapport aux frontières qu’il transgresse, c’est une figure de l’interférence et de la médiation. Cyborg est la forme achevée de l’individu : autonome, solitaire, libre de toute attache… mais tributaire des techniques et nostalgique.
chnologicus / Cyborg Où habite Cyborg Dans un monde où les frontières entre naturel et artificiel s’effondrent, une technonature, entouré de beaucoup de machines, Cyborg vit dans l’urbain diffus, dans la ville territoire. Discontinue, celle-ci est le produit de la juxtaposition de séquences spatiales et fonctionnelles autonomes, c’est un paysage d’événements, un paysage fragmentaire, contrasté, plein de surprises, répétitif. La ville territoire est marquée par l’absence de limites, le hors échelle, l’itération, le manque de lisibilité, la prédominance du temporel sur le spatial. Chaos programmé, le corps de la ville territoire n’a plus rien de commun avec la conception anthropomorphique tant des édifices que de l’agglomération. Dans un tel paysage, il n’est plus question de composition urbaine où les maisons et la ville forment un tout organique. Ici au contraire chaque bâtiment, isolé, vit de son existence propre. L’élément de cohésion, c’est le tapis vert sur lequel il repose et le réseau voyer. “Plug-in city”, “Walking city” d’Archigram, où l’humanité est branchée sur de multiples réseaux. “Non stop city” d’Archizoom, où la forme architecturale est réduite à une enveloppe pauvre. “Il monumento continuo” de Superstudio, où le bâti disparaît au profit d’un maillage régulier de la planète par des réseaux sur lesquels se branche une population nomade. Un monde artificiel où réel et imaginaire, passé et présent se téléscopent, un monde circulatoire à base de juxtapositions et de contrastes violents, d’événements planifiés et d’émotions provoquées, comme dans un parc à thème. Une ville où l’impact des infrastructures et des réseaux rend l’architecture, l’art urbain et la planification, secondaires, nostalgiques, dérisoires. Dans cet univers cloisonné, marqué par la multiplication des frontières, seuils, points de passage et interfaces, les figures dominantes sont la clôture, le branchement, la nappe, la texture, l’interconnexion.
Multirésidence de Cyborg Soho / Machine automobile / L’habitat de Cyborg n’est habitable que par le truchement de la machine qui matérialise les mythes qui l’ont conduit vers cet habitat : le véhicule automobile. Cet habitacle autonome qui prolonge le cocon de l’espace domestique dans l’inquiétante étrangeté de l’espace public. Circuler dans le désert du Taklamakan ou sur Broadway, c’est être dans le même espace, le seul qui compte, celui de la mondialisation. Le véhicule incarne l’espace sauvage en pleine ville, incarne le désir d’ascèse érémitique de Cyborg. Cyborg est donc la figure de la combinaison véhicule/pavillon. Son habitat caractérise un genre de vie grand consommateur d’espace et d’énergie. Il aspire à le situer dans le paysage pour y mener une vie d’éternel touriste, à être en contact direct avec la nature, sans l’intermédiaire du travail, dans une jouissance libre et contemplative. Mais Cyborg préfère se déclarer nomade plutôt qu’ermite. Cyborg est célibataire, d’origine japonaise par sa mère, européen par son père. C’est un jeune urbain professionnel indépendant momentanément basé à Paris et qui pratique la multirésidence, c’est-à-dire pratique un triptyque qui comprend un Small Office HOuse (SOHO), une Machine automobile et une Maison délicieuse. Le Soho est compact, acosmique (orientation et fondations sont souvent maltraitées), situé au cœur de la ville dont il parasite un bâtiment existant ou un vide de l’espace urbain, qu’il soit public ou privé. En réalité Cyborg a choisi l’emplacement pour son accessibilité et la vue sur la ville. Le Soho appartient à l’univers des micros architectures. La tendance généralisée à l’exiguïté de la cellule domestique conduit à considérer ce thème comme une approche et un champ d’action des plus pertinents à la jonction de l’architecture, du design, voire de certaines expressions artistiques. C'est une question "à la frange", située dans le hors champ de la discipline et qui invite à "être hors sujet" pour nourrir et redéfinir le sujet. En résumé, c’est un territoire d’expérience. Le Soho cible à la fois le domaine de l'intime et de l'indi-
Maison délicieuse viduel. L'intime individuel, c'est la question de la seconde peau. La miniaturisation ramène l'architecture à une échelle plus humaine démultipliant ainsi nos capacités d'interaction avec elle. Cyborg sera attiré par la complexité des plans, la richesse des détails de construction, ainsi que par la sensualité des matériaux ou des jeux des formes. Concernant la Machine automobile nous savons seulement que Cyborg a recours à un service universel qui lui permet de pouvoir disposer du véhicule adapté à chaque situation concrète, ce qui permet un large choix de véhicules. Enfin la Maison délicieuse perdue au Japon, au bout du monde, répond à la fois à ses attentes les plus archaïques et ses désirs les plus intimes. Elle permet de recevoir un ami et incarne à ses yeux un paradis terrestre, à l’image de la cabane des origines ou du pavillon de thé, “Chashitsu”. Située à l’écart de la zone côtière et de la plaine urbanisées, là où s’étendent les métropoles, la maison délicieuse est implantée dans l’érème, “ye”, dans un espace que l’on peut qualifié de sacré, celui des forêts et des montagnes, celui des divinités, des ermites et autres marginaux. C’est un jardin retraite offrant au milieu même du monde environnant, un havre de fuite hors du monde. Cyborg est séduit par le double et paradoxal mouvement qu’elle autorise : celui de repli et d’ouverture. C’est le miracle de la proximité lointaine ou de l’horizon proche, l’alliance ineffable de l’intérieur et de l’extérieur, le “filtre - philtre”. Le filtre qui épure sons et lumières, le philtre qui transforme les trivialités du quotidien en rumeur du bonheur et fait aimer le monde en lui restituant à la fois distance et intimité. La Maison délicieuse est en prise avec son contexte, elle qualifie le paysage plus qu’elle ne s’y intègre. Elle permet d’entretenir la mémoire et les savoirfaire éprouvés tout en innovant. Dans la Maison délicieuse tout est paysage.
Cadrage du projet et méthode Concevoir à la fois un Soho et une Maison Délicieuse, c’est imaginer un projet double, une réponse duale à la même question celle de l’habitat de Cyborg, cet hybride qui pratique la multirésidence. Le Soho concerne la mégapole et sa densité, sa qualité est l’accessibilité, son thème la compacité, sa caractéristique majeure l’efficacité ergonomique et fonctionnelle. En terme de surface il n’excède pas 30 m2. Il offre un extérieur. La Maison délicieuse, du latin “delicious”, “extrêmement agréable” ou “qui excite les sens et l’esprit” concerne le rapport au milieu, c’est un otium permettant une co-habitation avec un invité qui peut y séjourner durablement et confortablement. La définition de son programme est libre et peut intégrer tous dispositifs spatiaux adaptés aux attentes de Cyborg. La recherche du site du Soho se fera essentiellement par arpentage de Paris, c’està-dire par une découverte “in situ” (terrains en friche, zones délaissées de la ville, interstices, toitures des bâtiments existants qu’ils soient ordinaires ou exceptionnels). Celle de la Maison Délicieuse se fera par la navigation dans Google Earth, c’est-à-dire par une découverte “in visu” (zones agricoles, forestières, montagnardes, littorales). Dans les deux cas les choix seront justifiés par le potentiel du lieu. Les sites seront l’objet d’une analyse détaillée (climat, topographie, ressources, paysages, coutumes, mythes, architectures…).
Eléments bibliographiques Générale * La ville territoire des cyborgs / Antoine Picon, éditions de l’imprimeur 1998 * Un paysage d’événement / Paul Virilio Galilée 1998 * Les quatre concepts fondamentaux de l’architecture contemporaine / Richard Scoffier Norma éditions 2011 Japon * Eloge de l’ombre / Tanizaki Junichiro, Pof 1986 * L’empire des signes / Roland Barthe, éditions du Seuil 2005 * Le sens de l’espace au Japon, Vivre, penser, bâtir / Augustin Berque avec Maurice Sauzet, éditions Arguments 2004 * Pensées sur l’architecture et le paysage / Tadao Ando Yann Nussaume, Arléa 2014 * Tokyo Portraits & Fictions / Manuel Tardits, Le Gac Press 2011 * La maison Sugimoto / architecture 5 ARTE film, 26 “ Pensée paysagère * Court traité du paysage / Alain Roger, Gallimard 1997 * Mouvance 1, 50 mots pour le paysage + Mouvance 2, 70 mots pour le paysage / Augustin Berque, Michel Conan, Pierre Donadieu, Bernard Lassus, Alain Roger, Editons de la Villette 1999 * Le jardin planétaire / Claude Eveno, Gilles Clément, éditions de l’aube 1997 * Les raisons du paysage / Augustin Berque éditions Hazan 1995
Bioclimatique * Climats / conférences de Malaquais 2012 * L’architecture de l’environnement bien tempéré Reyner Banham HYX 2011 Microarchitectures * Temps fugaces temps précaires Eclats quaderns 224 * Occuper sans s’installer, construire sans bâtir Collège des architectes catalunya * Constructions de petites échelles, mini PA n°29, Ed. Pavillon de l'Arsenal 2002 * XS Grandes idées, Petites structures Phyllis Richardson sous la direction de Lucas Dietrich, Thames and Hudson 2002 * XS Grandes idées, Petites structures, vert Phyllis Richardson sous la direction de Lucas Dietrich, Thames and Hudson 2007 * XS Grandes idées, Petites structures, extrême Phyllis Richardson sous la direction de Lucas Dietrich, Thames and Hudson 2009 * Technique & architecture N° 458 février mars 2002, alternatives solutions * Technique & architecture N°451 déc 2000/ jan 2001 grammaire du minuscule * Technique & architecture N°450 oct 2000/nov 2000, génération transculture * D'A “Ces édicules pas ridicules” N°107, décembre 2000, p 24 /30 * Architecture d'aujourd'hui N°328 juin 2000, microarchitectures, p 112 /115 * Shelter Shelter publication 1973 * Mobile, art of portable architecture / Jennifer Siegal, Princeton architectural press New York 2002 * More mobile, portable architecture for today/ Jennifer Siegal, Princeton architectural press new York 2008 Revue d’atelier Marc Vaye / ateliermarcvaye.blogspot.com #6 Pavillon de thé, #11 Bioclimatic, #13 Habiter la circulation, #38 Japonisumu, #42 Abécédaire, #45Habitus Domus Domesticus, #47 Kare-Sansui, #51 Multirésidences Paris Japon
Soho Maison DĂŠlicieuse
Alina, femme cyborg Baloul Badr Elle est l’œuvre d’un accident, elle a perdue sa jambe et n’y a pas renoncée. Amputée, Alina ressent un monde qui se meut en profondeur. Une posture, un geste et elle est passagère d’un monde qui ne cesse de remuer. Son nouveau membre issu de la technologie lui permet de dialoguer avec la planète, de ressentir son secret impénétrable. Ainsi sa jambe est dotée d’un capteur, d’un deuxième cœur dont elle ignore le fonctionnement. Deuxième accident, erreur médicale, souffrance, hostilité, tremblement symptomatique, elle se laisse posséder par l’écho, veut fuir toute autre intervention, fait taire sa jambe. Eteinte, elle perd le fonctionnement de sa jambe mécanisée. Quand le silence s’installe entre deux, trois, quatre, cinq, six, sept, huit, neuf tremblements, des instants de silence. Comme une musique, et entre les notes rien ne se passe. Son attention entre le silence et l’épreuve fait naître en elle la note qui la comble dans la surprise de l’attente. Capteurs éteins, agitation, remous et aveux cessent.
Alina ressent par tout son corps les vibrations du plus profond de la terre. Elle est membre du Centre national de surveillance sismique. Pour se retrouver, elle se rend, s’abandonne à travers la danse au rythme d’oscillations et de variations. Elle ondule, remue, saute, tourbillonne et s’allie intimement laissant le mouvement naitre et s’inspire alors de cette rencontre. Paris, New York, Japon, là où elle se rend, sa jambe mécanisée lui confère habilité. Cette chose incontrôlée issue d’une indicible surprise et qui dans son langage limité, s’offre au public. Une étrangeté, lourde pour celui qui la regarde, striée et lisse à mesure que l’on suit ses moulures pour arriver au nombril. Polies étaient les fesses d’Alina et le plaisir de la douceur attisait la caresse. D’une chaude main, froide caresse. Le profil d’Alina affichait l’irrégularité de la chose. Quand sa jambe se déploie elle laisse apparaitre un pauvre objet, on le devine brisé, tranché, arraché, à l’allure d’aluminium. En nous Alina existe. Pour nous, Alina s’offre.
Transcription spatiale Je veux un espace continu et évolutif où je puisse déambuler, comme une promenade dans un jardin paysager, je veux être miroitée. Vous êtes constamment à l’écoute de la terre et ceci grâce à votre jambe. Quel espace vous intéresserait ? J’aimerais pouvoir projeter mon regard dans les coins, les recoins et les hiatus, je veux aussi voir sans être vue. Être vue lorsque je serai tournée vers les autres, au rythme de pas, d’une danse. Au lieu de scènes clairement articulées comme les espaces de la maison de mes grand-parents ou du restaurant universitaire, je veux des scènes qui glissent les unes dans les autres. Un espace proche d’un environnement de sons. Ceux que les arbres peuvent produire. Le vent qui se faufile entre deux parois, les oiseaux qui chantent... Je veux voir les personnes qui déambulent comme dans une scène de cinéma muet, puis se retrancher dans un coin. Je veux susciter des pauses chez les passants. Je veux des cadrages différents. Je veux un espace situationnel, rythmé par les phénomènes de la terre, le son, l’air, le froid, le chaud. Je veux des phénomènes fluides, instables des pièces instables. Alina, quel Lieu désirez-vous ? Je veux un lieu où les personnes se rencontrent, hors de la ville mais dans la ville. Un lieu de paix où on se rencontre. Un lieux où avoir moins peur, être les uns avec les autres. Un lieu où les différences se côtoient. Les différences sont des richesses à trouver.
Thème / Le pont habité Le pont habité comme élément liant des éléments. La ville qui m’entoure se mure, elle se déploie et il me semble que dans ma chambre je ne suis que spectateur distant du ciel, lorsqu’il gronde et qu’il se met à pleuvoir, le double vitrage ne me laisse ni percevoir le son ni les gouttes sur le vitrage sophistiqué d’une fenêtre battante en inox. Deux extrêmes se distinguent dès lors, chez moi et dehors. Dans ma chambre, le vent comme déplacement d’une masse d’air ne vient que rarement me baigner du son qu’il peut produire en se faufilant entre deux parois. Ma première réflexion est celle de l’étrangeté et de la magie du pont, un territoire privilégié entre terre et ciel, entre le monde des mortels et des divins tel qu’évoqué par Heidegger. Bâtir sur un pont peut engendrer, de manière
concrète un nouveau type d’occupation du temps et de l’espace. On évoque de plus en plus la rareté de l’eau, sous le pont elle est souveraine. Dans la ville on crée des morceaux de paysage qu’il faut absorber. Le pont ne crée pas des morceaux de paysage mais relie et pose un lieu. L’eau y est magnifiée mais suit son cours. L’ontologie cartésienne est dominée par la notion de substance héritée qui ne s’interroge pas sur les conditions originaires de la donation des phénomènes. En privilégiant la substance et la subsistance. L’œil domine et semble oublier les phénomènes. Je pense que le pont est un phénomène. L’eau est instable, je ne peux pas la prendre dans ma main, elle coule, fuit, et pour la capturer je la met dans un verre. Je la cap-
ture donc et c’est bien ce verre qui le permet. Sous le pont, le verre c’est le fleuve, c’est la terre. “Sous les arches du pont l’eau se faufile comme sur le creux de ma main qui ne sait contenir l’eau. Le pont laisse au fleuve son cours et en même temps il accorde aux mortels un chemin afin qu’à pied ou en voiture, ils aillent de pays en pays”. Les ponts conduisent de manières variées. Toujours et d’une façon chaque fois différente, le pont ici ou là conduit les chemins hésitants ou pressés. De ses arches élevées ou basses, le pont saute le fleuve que je le garde en mémoire ou que j’en oublie l’élan. Heidegger affirme que le lieu n’existe pas avant le pont. Sans doute y a-t-il le long du fleuve beaucoup d’endroits qui peuvent être occupés par une chose ou une autre ?
Finalement l’un d’entre eux devient un lieu et ceci grâce au pont. Je n’habite pas parce que j’ai bâti mais je suis toujours habitant. Je suis habitant car je ménage et lorsque je ménage je ne dois pas penser que je ne fais rien à ceci ou à cela, que j’épargne. Le véritable ménagement est positif et c’est Heidegger qui le dit. Quand j’habite ma chambre je suis en sureté mais comme je l’ai évoqué ma chambre ne laisse pas les éléments la pénétrer. Selon Heidegger “habiter”, être mis en sureté, veut dire : rester enclos dans ce qui nous est parent, c’est-à-dire dans ce qui est libre et qui ménage toute chose dans son être. Cela m’amène à penser que je suis un mortel qui séjourne dans les choses. Quand on parle de ponts habités, les premières images
“Ce o ce pole” à Ispahan © Marc Vaye
Le Rialto à Venise Le Ponte Vecchio à Florence © source inconnue
qui me viennent naturellement à l’esprit sont celles des plus connues, peut-être des plus réussies, mais de toutes façons des derniers survivants : le Ponte Vecchio à Florence et le Rialto à Venise. C’est aussi le “ce o ce pole” à Ispahan où la vie se déploie près de l’eau, où on lit des poèmes, où on se rafraîchit. Le pont habité, offrait une toute autre façon de vivre. Dans le cours de philosophie de Mr. Bertrand Renaud nous avons évoqué que pour Heidegger, il n’y a de lieu véritable, de lieu pour l’homme qu’entre terre et ciel. Sur la terre au sens d’un support, d’un point d’appui qui sert à affirmer une présence verticale et un effort, et sous le ciel c’est-à-dire vers le ciel. A Paris je ne peux pas dire que je n’ai jamais franchit de pont, la ville de Paris en comprend
37, essentiellement au-dessus de la Seine, mais également au-dessus des canaux. Le pont ne veut pas être quelque chose mais il est une chose visible et qui se veut être hors du bâti, il épargne l’eau, la laissant circuler librement, comme la route qui se dessine dans nos villes. Celle-ci devient lieu par un pont d’autant plus que nous nous asseyons pas n’importe où et que l’une des premières architectures c’est l’assise. Le pont est assit, accroupit sur le fleuve. Lorsque je le traverse j’ai le sentiment qu’il m’assoit, supporte mon poids et me dessine le chemin. Levinas affirme que le lieu est en nous. Si le lieu est en moi, alors qu’est-ce que le pont ? Un appui entre le fleuve et la distance du vide qui me sépare de la chute ? Du lieu ne demeure alors selon
Levinas que la notion d’appui. Sur cette rivière et au contraire dans la perspective heideggérienne, le lieu apparaît d’autant plus que moi-même je m’efface. Ménager l’être du Quadriparti n’est pas donné si le “bauen” tel qu’il l’évoque est soigné au sens de préservé, il est aussi construire sans faire violence au monde. Une multitude de lieux qui deviennent lieux grâce au pont. Il y’a plusieurs lieux qui s’établissent si je fragmente mon implantation. L’essentiel se passe au niveau du sol, l’édifice lui-même est secondaire. Si le lieu est en moi alors qu’est-ce que le pont ? Un appui entre le fleuve et la distance du vide qui me sépare de la chute ? Au sens de préserver, il est aussi construire. Lorsque je me rends chez moi, il y a une énorme pente,
lorsque je la monte mes muscles travaillent, mon corps est alerte. J’ai alors une lecture du sol rampant, mes yeux sont stimulés et mon cerveau aussi, mon équilibre aussi se développe. Alina danse au rythme des oscillations de la terre, là où notre planète est instable, où elle est faite de matière en fusion. Là où sa masse intérieure est liquide et de ce fait se déforme et se déplace. Le fait est là, je monte cette pente et je me rends chez moi. Contrairement à moi, Alina aspire à cet aspect incertain, par son aptitude, elle est convaincue que l’immobile s’oppose au liquide morphologiquement naturel de la planète Terre. C’est l’idée des surfaces infinies, des montagnes, des reliefs de la Terre.
L’architecture oblique Claude Parent & Paul Virilio
Pourquoi ne pas lui offrir ce que Claude Parent développe dans son ouvrage avec Paul Virilio, une oblique habitable où le mobilier vient s’insérer ? Me vient aussitôt à l’esprit la satisfaction de la montée d’une montagne lorsque je prend des moments de pause sur une surface moins pentue. La poétique d’une attente, d’arriver au sommet de la montagne. La position presque nécessairement oblique du spectateur le conduit en effet naturellement à la vision d’angle en apparence aigue, cependant qu’elle lui permet d’autre part de multiplier les rapports dimensionnels de l’œuvre en profondeur. Tout cela m’amène à un phénomène, celui de l’en-
trelacs. Croiser pour générer. Je ne suis pas charpentier mais je jouis du sol. Le pont est dépourvu de tout obstacle et de ce fait offert à tous lorsqu’il est primitif et qu’il ne vise aucune fin que lui-même, il y a place pour tout ce qu’il faut et tout ce qui déborde. Un sol et une toiture qui débordent ? Si mon projet s’inscrit dans la continuité du sol en le magnifiant, une toiture à fleur avec le sol qui donne assise. Des espaces accordés ménagés et par là même ouverts, comme un enfant, on peut s’y étendre de toutes les façons en compagnie des nuages, de l’eau et des éléments. Un pont qui me relie à moi-même et qui me lie autant là-bas qu’ici.
Soho Déclaration d’intention L’ intention est de miroiter Alina à travers le potentiel des vies qui s’offre à elle, entre une typologie ouverte et fermée du projet, une structure-vêture dont la seconde peau est intérieure et latérale, où des tissus se déploient pour reprendre les ombres des arbres, un tableau qui magnifie le potentiel riche du lieu. Le corps d’Alina doit être éprouvé en mouvement, lorsqu’elle est sur l’oblique son corps est alerte, lorsqu’elle descend l’oblique elle est euphorique. J’ai pour ambition de faire pénétrer les arbres pour qu’ils puissent effleurer la structure et être au plus près d’elle, pour lui donner un sentiment qui n’a pas de prix. Le point de départ : caractère générateur de vue, une transparence et un miroitement. Au-delà de sa simple forme, pouvoir glisser mon œil à travers lui, en lui et que je puisse le déverser sur un extérieur.
Soho La halte
Maison délicieuse Déclaration d’intention
L’intention est de créer plusieurs lieux au travers de la rivière qui sépare les deux rives et que l’on puisse être ici et en même temps là-bas. La pente où on s’installe, où les fonctions sont poussées à bout. Tout cela en permettant aux passants le franchissement entre les deux rives, sans qu’ils ne viennent empiéter sur la vie privée d’Alina. J’aménagerai des assises car la première architecture est la chaise. On ne s’assoit pas n’importe où. Dans un premier temps je me suis mis à la recherche d’une forme que je ne connaissais pas avant de l’avoir réalisée, c’est-à-dire que je me suis intéressé à l’usage que l’homme peut avoir dans une pièce précise. Le projet du Japon est une extension du Soho, une expérience dans nulle part, comme la halte dans un désert. Mille lieux dans le désert. Dans un second temps j’ai essayé de tirailler la fonction et de m’en éloigner, ainsi une nouvelle forme est apparue, cette forme je l’ai obtenu par la superposition de deux formes et des intersections qu’elles généraient.
A chaque intersection une nouvelle circulation est apparue et un usage plus intéressant a pu naître par le lien que pouvait avoir deux pièces. Ainsi la chambre à coucher d’Alina donnera subtilement sur une bibliothèque illuminée où finalement ce n’est plus une bibliothèque mais un salon, où la passerelle extérieure est une terrasse qui est aussi la source de lumière indirecte pour la chambre d’Alina lorsque les tissus sont dépliés. La chambre d’Alina c’est plus qu’une chambre, c’est aussi un lieu où l’on va méditer, grande, ouverte, c’est un hall. Il sera d’autant plus intéressant d’être dans une bibliothèque où les livres sont illuminés, nous invitant à nous saisir du savoir. La lumière se matérialise dès lors sur les livres et magnifie le savoir. La lumière ne sait pas ce qu’elle est avant de venir effleurer le bois. Je me sens tout petit en traversant la porte d’entrée mais grandit en la traversant. Les toilettes affleurent sur la rivière, c’est l’occasion de prendre un bain froid.
Maison dĂŠlicieuse La douceur bienveillante
© Filippi Nicolas fotograficasa
Frédéric Forest est un designer de renom exerçant à Paris, il est passionné de dessin et de photographie. Il mesure 1m80, pèse 75kg et porte un implant oculaire cybernétique. En effet, sa sensibilité visuelle est minimale, c'est-à-dire qu'il ne capte et n'analyse que les lumières à forte intensité. Malheureusement, grandissant avec cet handicap son système nerveux s'est adapté à mettre au point sa vision sur de longues distances, maximisant ainsi les lumières reçues. Cette adaptation lui a fait perdre la faculté de focalisation et de dilatation de ses pupilles, empêchant la mise au point de ses yeux sur de courtes distances et rendant les ombres omniprésentes dans sa vie courante. Un implant cybernétique dénommé NewRegard lui fut adapté et implanté pour corriger son trouble originel ainsi que pour rétablir sa fonction nerveuse de focalisation à sa guise. Accentuant la réception
neuronale par un système d’implant photorécepteur il perçoit les lumières environnantes par intensification, ce procédé lui permet de s’approcher du rendu d’un œil humain mais nécessite plus d’exposition lumineuse qu’un œil original. Les filtres lumineux dont il dispose du fait de son équipement cybernétique le protègent d’une surexposition lumineuse non adaptée, ses yeux ayant évolués avec son handicap jusqu’à l’âge adulte demeurent sensibles. A l’aide de sa prothèse oculaire il est capable de faire une mise au point sur un objet allant de la distance D+0,10 à D+150 mètres. Ceci lui permet une concentration détaillée et un cadrage réglable à chacun de ses coups d’œil. Son nouveau regard est ainsi associé à une technologie Canon prévue pour le développement d’appareil photo numérique. Un œil humain perçoit deux millions de couleurs alors que les cartes
UMBRA ... LUX Nicolas Filippi graphiques de couleur des appareils numériques en offre plus de seize, c’est le nombre approximatif de nuances colorées que la prothèse NewRegard offre à Frédéric Forest. Il a donc besoin d’une luminosité couvrant le maximum de surface pour analyser son espace. Pour faciliter sa vie il ne se muni que d’objets épurés et lisses pour ne pas avoir à se focaliser sur les détails environnants, ceci lui permettant de reposer ses yeux mais ouvre un ressenti plus fort sur la matière, une nouvelle sensation semblable à un toucher visuel. Son implant joue le rôle de deux corrections : accentuation des lumières et des couleurs perçues, capacité à mettre au point son regard sur tous types d’objets à moins de 150 mètres de distance. Frédéric Forest maîtrise parfaitement sa particularité et vit pleinement avec satisfaction son ressenti extraordinaire des choses qui l’entourent.
©Source inconnue
© John Carling
© Petitgrimoire.tumblr.com
Transcription spatiale Frédéric Forest est un être sensible à l’énergie lumineuse. Il la perçoit, l’analyse et l’interprète d’une manière qui lui est propre. Les matériaux qui reçoivent la lumière doivent être travaillés pour lui être agréables. Ils ne doivent pas endommager sa concentration visuelle mais bien lui apporter la réception lumineuse nécessaire à la compréhension de son espace. Une forte exposition au soleil de son habitat est primordiale. Même soignée et aidée par sa prothèse, la lumière naturelle offre l’énergie lumineuse nécessaire à sa vie. Sa prothèse lui offre tout autant une faculté à s’adapter à l’ombre en faisant des mises au point semblables à la dilatation naturelle de la pupille de l’être humain lorsqu’il fait nuit. Cette mise au point lui offre une forte concentration et capacité de zoom sur les éléments qui l’entourent. Une faculté spéciale qui lui offre des qualités de vie hors du commun par une accentuation de sa vision sur un élément lointain et flou pour lui offrir un rendu visuel net
©Nicolas Polli
proche et parfaitement structuré. Semblable à un objectif photographique surdéveloppé, cette qualité l’assiste dans sa quête d’observation de la nature comme inspiration artistique. Occupé ainsi dans sa vie de tous les jours par un souci du détail, du champ de vision, de l’angle et bien sûr de l’exposition lumineuse, Monsieur Forest vit et enrichit sa force d’imagination dans les observations accrues de ce qui l’entoure, tel un photographe argentique qui cherche la poésie des formes et des lumières. Cette recherche cependant laisse une expérience riche à l’ombre de son environnement. L’ombre présente, régit une force et parfois même une qualité nécessaire à certains espaces. La qualité de l’ombre ne devra donc pas être dénaturée ou omise, mais être traitée avec subtilité. La perception du nombre de couleurs de l’œil de Monsieur Forest est bien plus élevée que celle de l’œil humain. Il perçoit approximativement seize millions de couleurs contre deux millions. Cette acuité visuelle est intensifiée lors de ses déplacements et de ses observations
quotidiennes. C’est pourquoi son habitat ne doit pas avoir de concentration de diverses couleurs, ceci fatiguerait ses yeux et son regard alors que la concentration colorée simple d’un espace repose sa vue. Le calme, la sérénité font partis des qualités qui régissent la recherche artistique de Frédéric Forest. Son observation se base sur un développement émotionnel neutre et en totale osmose avec la nature et sa position dans l’espace. Grâce à cette préparation, cette méditation, le designer n’offre pas un jugement mais un ressenti de toutes les qualités qui l’entourent. C’est pour cela que Monsieur Forest ne doit pas être dans un environnement qui n’offre qu’une simple vue sur le ciel ou juste une forte lumière. Il doit être dans un environnement en constante évolution qui varie au gré des saisons, des climats et de l’empreinte de l’homme. La vue n’est pas qu’un sens utile pour Monsieur Forest, elle est fondamentale.
Thème / Ombre et lumière “Plus claire la lumière, plus sombre l’obscurité... Il est impossible d’apprécier correctement la lumière sans connaître les ténèbres.” Jean-Paul Sartre ”Comment la lumière peut- elle structurer un espace, une surface et y apporter un ordre, une échelle, une texture, une hiérarchie ? Le dialogue entre la lumière et les surfaces qu’elle illumine ou traverse produit l’expérience spatiale, une véritable transformation continue de la forme. Ce n’est pas la lumière en elle-même qui crée l’espace, ce sont les ombres qu’elle projette.”
© Rembrandt / A man in a room
“Chaque espace doit être défini par sa structure et le caractère de sa lumière naturelle. […] Un espace architectural doit révéler l’évidence de sa création par l’espace lui-même. […] Le choix d’une structure est synonyme de la lumière et de ce qui donne son image à cet espace. La lumière artificielle est un petit moment statique singulier de la lumière, c’est la lumière de la nuit, et elle ne peut jamais égaler les nuances d’atmosphères que créent l’heure du jour et la merveille des saisons.” Louis Isadore Kahn
Transformation spatiale La lumière crée une transformation spatiale, elle est temporelle, se déplace à travers l’espace. Elle subit donc une transformation. En passant sous un faisceau de lumière la surface avance vers le regard ou s’en éloigne et l’espace que traverse la lumière s’étend ou se contracte le long de son trajet. ©Antonino Cardillo - Coral Cave © Carlotta Corpron / Design with light
Textures L’exposition lumineuse peut mettre en valeur et accentuer les textures tout comme elle peut les aplanir. Les matériaux vivent ainsi du jour à la nuit parcourant les jeux d’ombre entre intérieur et extérieur.
Š Steven Holl Architects / Kiasma Museum
Clair-obscur
Distortion L’expérience spatiale se transforme par la chorégraphie entre source lumineuse et surface éclairée. Les espaces sombres semblent éclairés et les espaces éclairés avancer. Par ce jeu on peut créer un effet de profondeur dans un espace peu profond. Les volumes peuvent paraître plus plats ou au contraire plus prononcés et leurs dimensions plus grandes ou plus petites. Ces séquences de ressentis diffèrent selon le déplacement de l’obscurité à la lumière et inversement.
Le contraste entre lumière et obscurité permet de délimiter les frontières des espaces et des éléments d’un programme. Un contraste peut être obtenu en faisant entrer la lumière par une ouverture maîtrisée. Cette découpe définit la qualité et la quantité de lumière qui pénètrent un espace, laissant ainsi à l’imagination le soin de compléter ce qui reste dans l’obscurité.
© Pascal Broccolichi - Sound Installations
© Marc Vaye / Casa Gilardi / Luis Barragan
Couleur “L’œil ne voit aucune forme. Le clair, l’obscur et la couleur constituent un ensemble de ce qui pour l’organe distingue un objet de l’autre, et les parties de l’objet entre elles.” Johann Wolfgang Goethe - Traité des couleurs. Certains matériaux, certaines couleurs reflètent la lumière tandis que d’autres l’absorbent. On peut modifier, intensifier la profondeur spatiale d’un champ de vision en plaçant une surface de couleur claire sur un arrière-plan plus sombre. Un volume blanc sur un fond noir paraît plus grand qu’un volume noir sur un fond blanc. La perception de l’échelle se modifie en fonction de l’interaction entre les formes. Elle procure un réconfort, marque une focalisation ou peut égayer une surface par ailleurs monotone. On distingue aussi deux propriétés d’interprétation de la couleur qui sont : la couleur picturale et la couleur architecturale. La couleur picturale ne participe pas à l’organisation de l’espace. Elle n’a pas de lien avec le principe constructif. Tandis que la couleur architecturale participe au sentiment de l’espace en relation à sa couleur.
Instruments de lumière La lumière dispose d’instruments la modifiant : des dispositifs optiques sont capables de diriger ou de modifier une lumière générique par filtres ou motifs pour créer ou correspondre à des états intérieurs. La manipulation de la forme par la compréhension des ombres projetées signe la présence génératrice de la lumière.
© Transparent Church / Gijs Van Vaerenbergh
© Alberto Campo Baeza S. Dona di Piavel
Soho Déclaration d’intention L’objectif est de créer un environnement compact, protecteur, personnel, inspirant et pratique en y laissant la lumière s’intensifier et donner le ton de chaque espace qui y est défini. Parois de verre, reflets métalliques, perforations dans une des peaux de l’habitat vont faire danser la lumière dans l’espace. L’orientation plein sud des différents espaces de vie invite la lumière dans la maison afin de ne pas en perdre la force. Les parois métalliques et la transparence de l’habitat sur le paysage offrent un rendu épuré à l’œil sensible de cyborg. Les fortes lumières ne le dérangeant pas, le soleil s’invite dans le Soho. L’espace rez-de-chaussée offre une lumière intrusive intensifiée et évolutive dans l’habitat pour répondre aux caractéristiques des programmes qui y sont aménagés. Des parois coulissantes et modulables sont présentes dans un espace mi-séjour mi-salle-à-manger. Ainsi cet espace sera agencé selon les envies de son habitant. Un escalier permet une montée sur une mezzanine surplombant les différents espaces de vie de la première partie. L‘exposition lumineuse est forte grâce à de grandes parois de verre et les reflets du métal dans l’habitat. La prise de hauteur est une qualité pour observer la ville, la vie aux alentours et aussi pour évader son esprit le matin et le soir grâce à un panorama particulier diffusé par la transparence des ouvertures. Espace entredeux permettant le passage de l’espace de vie, de repos, à un espace plus petit réservé au travail. Cet espace est ouvert, il laisse la lumière et l’air le faire vivre. Le sol est composé d’une dalle et de sable dans l’esprit du karesansui, le sable est en
© Rostiger Nagel / Stefan Giers Susanne Gabriel
interaction avec le climat pour se dessiner sous la pluie, le vent ou selon les humeurs de Cyborg. Cyborg bénéficie d’un espace de travail de grandes proportions où la lumière est présente dans un espace de travail manuel et moins forte dans un espace bureautique, informatique. Il pourra y mettre ses différents instruments de travail ainsi que ses outils de découpe informatisés. L’espace offre un panorama parisien unique. La première peau composée d’alignement rythmé de poutres de bois permet une libre circulation de l’air jusqu’à la peau principale de l’habitat composé en grande partie de verre et donc de fenêtres. Cette qualité permet l’aération de la maison à grande échelle durant les périodes de fortes chaleurs. Cette première peau joue aussi avec le lieu choisi en fonction de la construction qui y sera effectuée. En effet les angles forts et le caractère parfois agressif des aciers vient trancher avec la forme arrondie du parc, révélant ainsi mieux l’existence de l’architecture sur le site. Mais pour ne pas rompre avec son environnement et pour préserver l’intimité de son propriétaire, la peau de poutres bois est réalisée en courbes. Ces courbes vont abriter par endroits des planches de bois à fonction d’assise extérieure pour les usagers. L’acier corten disposé sur la façade extérieure offre une qualité visuelle particulière qui s’invite dans le paysage vert et jardinier environnant avec des couleurs semblables à la terre ou encore à l’écorce d’un arbre. Ainsi la vie de Cyborg sera confortable et agréable grâce à l’originalité de son habitat.
© Filippi Nicolas fotograficasa
Ce lieu présente un intérêt historique en hommage au sculpteur Antoine-Louis Barye, une figure artistique française importante par son approche de la peinture et sa définition des mouvements dans l’espace naturel. Orienté plein sud, la lumière est forte et présente tout au long de la journée grâce à un espace non parasité. Le parc est situé sur l’île Saint-Louis, l’une des deux îles naturelles de Paris,empreinte d’histoire et d’évolution : passée d’une simple prairie à un lieu de fêtes puis de résidences particulières. Le lieu offre une vue dégagée sur la Seine et Paris, un espace calme comme détaché de la ville. Parc vert, floral, composé d’arbres, statues, jeux pour enfants et de quelques marches selon les dénivelés. L’entrée se fait par un accès gardé par des portillons.
SOHO Square Saint Barye / 2 Boulevard Henri IV, Paris 4eme
Maison délicieuse Déclaration d’intention
L’objectif est de créer un environnement agréable, ouvert, lumineux, reposant, varié, reprogrammable et surprenant en y permettant une circulation aisée ainsi qu’une lumière douce ou intense selon la nature des espaces qui peuvent y être définis. L’orientation du bâtiment concorde avec les différentes structures et hauteurs vont créer un parcours surprenant entre découvertes de paysages et de modules d’habitations. Selon la nature de certains espaces définis, les expositions sur l’extérieur sont travaillées pour permettre un confort différent où seule la lumière pénètre l’espace. Une lumière faible et douce vient donner le relief nécessaire à la compréhension de l’espace sans pour autant tout révéler. Les sens sont alors en éveil. La position du soleil à l’heure de sa plus forte exposition journalière. Faite de bois et de verre la structure offre une forte progression lumineuse et des températures agréables. La conception des espaces, détachés mais liés, offre différents regards et interprétations des volumes. Chaque espace étant unique mais ouvert va permettre une approche différente selon les humeurs de Cyborg. La lumière s’y invitera tout au long de la journée grâce à différentes ouvertures pour créer une pro-
© Angophora House - Richard Leplastrier
grammation différente de la vie dans chaque installation. L’ombre et la lumière vont évoluer et créer un langage. Les différentes structures et hauteurs vont créer un parcours surprenant entre découvertes de paysages et de modules d’habitations. Selon la nature de certains espaces définis, les expositions sur l’extérieur sont travaillées pour permettre un confort différent ou seule la lumière pénètre l’espace. Une lumière faible et douce vient donner le relief nécessaire à la compréhension de l’espace sans pour autant tout révéler. Les sens sont alors en éveil. Cyborg y recherche différentes implications : le repos, la méditation, l’inspiration et le bien-être. Grâce à ce paysage Cyborg peut bénéficier d’un espace favorable à l’inspiration, presque imaginaire qui va lui offrir des couleurs et des formes crées naturellement. Une grande source d’inspiration et d’observations utiles à son esprit créatif. Il vivra dans cet environnement en fonction de ses envies en symbiose avec les différentes structures. Il trouvera dans cette construction une complicité avec la nature diverse qui l’environne pour éviter la sensation d’enfermement que la ville lui inspire par le poids des structures compressées qui y régissent la vie.
Maison délicieuse Aomori Mutsu Mont Osorezan Ce mont est connu pour son activité spirituelle, il est le lieu où les âmes montent vers l’au-delà. Le site comporte des éléments géographiques semblables à celui de l’enfer et du paradis bouddhiste avec huit sommets aux alentours et une rivière que devaient traverser les âmes pour atteindre la vie après la mort. La lumière est forte et présente tout au long de la journée grâce à un espace naturel dégagé selon l’axe en direction du lac. Situé à Aomori, ce mont fait partie des trois montagnes les plus sacrées du Japon. Non loin de son point culminant se trouve le lac Usori qui en son extrémité Ouest abrite un temple Bodaiji. De nombreux tas de cailloux entourent le temple. Ce sont des offrandes à Jizo qui protège les âmes des
©Kansaikansou blog photo
enfants morts durant leur périple. Lieu de méditation, de transe spirituelle favorisant une communication avec les éléments. Le lieu offre une vue dégagée sur le lac Usori ainsi que sur le paysage végétal et volcanique. La végétation est riche en activité volcanique, le sol est contrasté entre un sol gris stérile jonché de pierres volcaniques et une végétation dense, verte et diverse. Les pierres ont des formes sculptées uniques. Le lac est d’un bleu changeant et différent en raison de sa teneur élevée en souffre. La végétation varie tout au long des saisons et se marie à des sédiments et autres étendues de graviers aux couleurs différentes. Ce paysage exceptionnel varie au fil des saisons pour offrir un paysage naturel unique.
©Takoyaki photo
Maison dĂŠlicieuse Aomori Mutsu Mont Osorezan
Bibliographie *Alberto Campo Baeza / La idea Construida / Penser l’architecture : Editions de l’Espérou. *Le regard des sens / Juhani Pallasmaa : Editions du Linteau. *Un paysage d’événements / Paul Virilio : Editions Galilée. *Le sens de l’espace au Japon / Vivre, penser, batir / Augustin Berque avec Maurice Sauzet : Editions Arguments. *Eloge de l’ombre / Junichirô Tanizaki : Editions Verdier. *Poemotion 3 / Takahiro Kurashima : Editions Lars Muller Publishers. *Athmosphères / Peter Zumthor : Editions Birkhauser. *Les quatre concepts fondamentaux de l’architecture contemporaine / Richard Scoffier : Editions Norma.
Comment la création d’atmosphères peut devenir un élément déterminant dans l’architecture ? Dans le cadre de notre second semestre à l’Ecole Spéciale d’Architecture, nous devons réaliser un double projet d’architecture construit autour d’un thème, défini en atelier. Ce projet consiste en l’imagination d’un client dont la particularité est d’avoir un membre de son corps bionique. Nous devrons, en fonction de son métier et de sa personnalité définir ses attentes en tant que client et ainsi, un cahier des charges. Par la suite il nous est demandé de concevoir dans son ensemble deux projets : le Soho, appartement compact servant également de lieu de travail à Paris et la Maison Délicieuse, résidence de vacances du Cyborg au Japon. A travers des analyses de lieux, d’intenses recherches et une réflexion
approfondie sur ma thématique “Comment la création d’ambiances peut devenir un élément déterminant dans l’Architecture ?”, je conçois intégralement le projet jusqu’à une présentation de celui-ci. Dans ce mémoire je traiterai différents points : dans un premier temps je parlerai de l’identité de Cyborg, traiterai ensuite des attentes architecturales qui en découlent. Dans un troisième point j’expliquerai comment à partir de la personnalité de Cyborg, j’ai défini un thème à étudier et un projet à fonder. Dans une quatrième partie je ferai une analyse contextuelle des sites, et enfin une déclaration d’intention expliquant quels axes ont défini mon projet, suivie d’une bibliographie.
Atmosphères Tristan Huguen
Cyborg possède une personnalité simple mais mystérieuse. Son changement physique passé le fait se sentir à l’écart de la société et il est devenu petit à petit réservé et solitaire. En effet, après un accident de voiture, il dut se faire opérer des deux oreilles, aujourd’hui artificielles. Il lui arrive d’être nostalgique à propos de sa vie antérieure mais également de moments récents comme ceux passés dans sa Maison Délicieuse. Son enfermement progressif lui a fait découvrir une grande passion pour la philosophie et il cherche de manière constante à se cultiver. Il est aujourd’hui écrivain et philosophe et consacre une majeure partie de son temps à la lecture ainsi qu’à la musique. En effet, le dispositif électronique qui a remplacé son ouïe bénéficie des meilleures avancées technologiques et lui procure ainsi un sens au-
ditif extrêmement développé. Cyborg est ainsi particulièrement attentif au monde sensoriel qui l’entoure et ses sensations lors d’écoute de musique sont décuplées. Vivant dans un monde sans cesse connecté, il cherche tant dans son Soho que dans sa maison merveilleuse à s’évader et s’échapper en supprimant les appareils électroniques qui ne lui sont pas indispensables. Il cherche l’éveil personnel à travers la lecture qu’il apprécie particulièrement, la musique ainsi que la tranquillité et l’apaisement. Fusionner l’écoute musicale à la philosophie l’aiderait à atteindre l’éveil par la stimulation des sens. Selon Cyborg, l’homme n’ouvre pas assez ses yeux et ne focalise plus sur l’essentiel. Ainsi, il désire travailler, lire, se divertir dans un cadre simple mais qui stimule tous ses sens afin d’atteindre une sagesse d’esprit.
Transcription spatiale L’analyse de la personnalité de Cyborg permet de définir ses attentes architecturales qu’il faudra mettre en œuvre dans la création du double projet d’habitats. Nous pouvons définir deux points majeurs à traiter afin de respecter les attentes de ce client exigeant. Dans un premier temps, son ouïe particulièrement développée implique la création d’espaces de vie à la qualité acoustique parfaite. Cyborg doit avoir la possibilité de séjourner et de travailler dans des pièces bien isolées et adaptées à une écoute musicale digne de ce nom. Dans un second temps, il sera nécessaire de créer des espaces lui permettant de travailler et d’as-
souvir sa passion pour la littérature. Ainsi, Cyborg devra avoir à disposition tant dans le Soho que dans la Maison Délicieuse, un bureau et une bibliothèque aux ambiances chaleureuses et agréables pour favoriser sa concentration. De plus, sa culture impressionnante et son intérêt pour la nostalgie qui pour lui est un sentiment fascinant lui procurent également un intérêt pour l’architecture traditionnelle qu’il aime, mais fusionnée à l’architecture contemporaine. Il désire ainsi que son Soho à Paris lui rappelle, par de petits détails architecturaux, sa maison au Japon.
Thème / Acoustique Après avoir imaginé la personnalité de Cyborg et transcrit ses attentes architecturales, il me faut définir une thématique adaptée qui me servira de fil rouge. Comment répondre à des attentes précises tout en donnant un sens à ce double projet ? Comment lui donner une âme, en dehors de l’esthétique ? Son oreille artificielle exigeant une qualité acoustique parfaite, un des éléments majeurs de ce projet est donc d’étudier comment il est possible de faire d’un simple appartement ou d’une pièce un lieu où les sensations procurées lors de
l’écoute de musiques seraient décuplées par le biais d’éléments qui améliorent la qualité acoustique du lieu. J’ai ensuite déduit que sa volonté de trouver l’inspiration par la stimulation de ses sens devait se produire par un assemblage de petits sursauts légers dans son habitat qui mettraient son corps en éveil. Ma volonté est de créer plusieurs rebondissements et notamment à travers l’acoustique et créer ainsi plusieurs atmosphères, plusieurs ambiances. J’ai alors enfin défini le réel sujet de ce double projet. En quoi la création d’atmosphères peut devenir un élément majeur dans l’architecture ?
Le Soho, “Small Office HOuse”, c’està-dire habitat et lieu de travail compactés dans un seul bâtiment, se situe sur le toit d’un immeuble haussmannien, à l’angle de l’avenue Trudaine et la rue Turgot. L’entrée se fait au 17 avenue Trudaine. Placé au-dessus du sixième étage de ce bâtiment parisien, l’emplacement possède de multiples avantages. Il est situé au nord du 9ème arrondissement dans le quartier de Pigalle à Montmartre. Cyborg pourra apprécier la forte empreinte laissée par les artistes. Ce toit offre un cadre de vie agréable : bruit relativement faible, végétation (sur l’avenue ainsi que dans le square d’Anvers) mais surtout une vue extraordinaire sur les toits de Montmartre et le Sacré Cœur, luminosité
constante dans la journée. En cinq minutes à pied, Cyborg peut rejoindre de nombreuses lignes de métro et de bus. La Gare du Nord, à dix minutes à pied, permet un accès rapide aux banlieues et aux aéroports de Paris. De nombreux commerces se situent également à proximité. Cyborg, amateur d’architecture raffinée, de philosophie et de musique pourra apprécier les balades dans Montmartre, quartier des artistes et accéder à tout le matériel musical dont il a besoin. En effet, il pourra se rendre rapidement à la rue Victor Massé, au sein du quartier de Pigalle, connu pour son passé osé et sa festivité, une des rues de Paris où se situent de nombreux magasins d’instruments et matériels de musique.
Contextes
La Maison Délicieuse se situe sur le Chu Cape, au Sud de la ville de Yaigako sur l’île Japonaise de Shikoku. Au bord de l’Océan Pacifique, ce lieu isolé offre un cadre de vie parfait pour passer ses vacances. Ce site de la côte Est japonaise se distingue par de multiples avantages qui permettront de répondre aux attentes de Cyborg. Ce cap est facilement accessible par la route, à une heure et
demie de voiture depuis l’aéroport de Kochi et se situe à quelques kilomètres de Yaigako. Il offre un large panorama sur l’Océan Pacifique, de la végétation, un air marin frais ainsi qu’un isolement par rapport aux habitations. L’île de Shikoku est plus rurale que touristique et est réputée pour ses paysages et son pèlerinage dans ses 88 temples bouddhiste.
Références © Musée Chichu Tadao Ando © Fearon Hay Architects © Iwan Baan
Afin de créer des espaces de vie et de travail qui répondent aux attentes intimes de Cyborg, j’ai décidé de mêler, de lier ses différents besoins pour définir le projet autour d’une idée en lien avec la notion d’atmosphère architecturale, celle du parcours sensoriel. Cyborg souhaite habiter des espaces qui stimulent son imagination et qui disposent d’une parfaite acoustique. J’ai créé des pièces aux atmosphères différentes qui offriraient pour les habitants des “sursauts”. En analysant chaque composante de l’architecture, je joue avec ces paramètres afin de créer un parcours sensoriel : des vues dégagées et agréables, une forte exposition à la lumière afin de générer des ambiances différentes, des proportions et dimensions de l’espace différentes, de hauteurs sous plafond, de dénivelés. La matière également, au-delà du ressenti visuel, est très utile pour créer des atmosphères différentes : jouer avec la chaleur de la ma-
tière, le bruit qu’elle émet lorsque l’on marche dessus : passer d’une pièce couverte de dalles à une pièce couverte de parquet, mais aussi par les odeurs qu’elle émet. Enfin, il s’agit également de créer des confusions dans l’espace : mêler l’intérieur et l’extérieur, en intégrant une pièce entourée de végétation par exemple. Ainsi, fusionner tous ces paramètres travaillés et étudiés, permet de créer une succession d’atmosphères différentes au sein d’un même espace afin de stimuler les sens de Cyborg et de faire du Soho et de la Maison Délicieuse de réelles sources d’inspiration. Le second point à aborder est celui de l’acoustique. Cyborg attend des espaces d’une qualité acoustique parfaite pour satisfaire son ouïe développée, mais également dans le but de créer des atmosphères différentes : l’ouïe est un sens à traiter à part entière. J’ai choisi
Déclaration d’intention Parcours sensoriel stimulant et maîtrise acoustique de créer des espaces acoustiquement isolés, transformables en salle d’écoute. Pour cela j’ai décidé d’intégrer dans les espaces de vie, des cloisons acoustiques placées sur des rails, stockables, qui absorbent les fréquences médium du son. Au plafond, j’ai placé des réflecteurs convexes en bambou, qui absorbent les fréquences aigues du son. Enfin, en fond de pièces, j’ai placé des dalles d’absorbant, qui elles, absorbent les fréquences basses du son. Ces trois dispositifs permettent d’avoir une qualité acoustique parfaite, liée avec un vitrage particulier dit à double châssis fixe qui permet de limiter d’avantage une mauvaise réflexion du son. Pour la conception, je me suis inspiré de diverses références non contemporaine comme Cyborg les apprécie. J’ai inversé certains codes de l’architecture haussmannienne et ceux de l’architecture traditionnelle japonaise, tout en les
modernisant : le Soho tire sa forme de la maison traditionnelle japonaise mais garde un toit en zinc typiquement parisien, la Maison délicieuse adopte une forme contemporaine mais est construite en pierre de taille comme celle des immeubles parisiens, et possède sur sa terrasse un petit jardin dessiné selon les règles des jardins à la française. En continuant mes recherches, je me suis inspiré des shojis japonais pour créer les cloisons acoustiques, du salon de la Forest House de Fearon Hay Architects, du mélange béton bois et reprend l’apparence des dalles pour créer les dalles absorbantes, du Musée Chichu de Tadao Ando : utilisation de formes géométriques imposantes pour mettre le paysage en valeur, des trois axes qui symbolisent une ouverture sur le monde du Centre Pompidou de Metz, ces axes symbolisent l’ouverture sur le monde à travers la musique et la philosophie.
Bibliographie ClimatParis : http://www.meteofrance.com/climat/france/paris/75114001/normales Climat Shikoku: https://fr.climate-data.org/location/5047/ Topographie Paris : http://fr-fr.topographic-map.com/places/Paris-3715/ Topographie Japon: http://fr-fr.topographic-map.com/places/Japon-9839/ Eléments architecturaux japonais : https://fr.wikipedia.org/wiki/Sh%C5%8Dji Cours acoustique http://www4.ac-nancy-metz.fr/echanges-pedagogiques-btp/?q=node/159 Cours acoustique ESTP Google Earth Coimbra, Meilleurs diplômes de l’ESA 2015-2016 Centre Pompidou de Metz http://www.centrepompidou-metz.fr/une-architecture-unique Atmospheres, Peter Zumthor
SOHO
MAISON DELICIEUSE
Il s’appelle Keita Olsen. Il a une trentaine d’années, est né à Londres. Ses parents se sont rencontrés lors d’une université d’été en Californie. Sa mère est japonaise et son père franco-britannique. Ils l’ont élevé dans la maison familiale dans la banlieue d’Osaka. Keita parle français, anglais et japonais. Il a fait ses études d’astrophysique à l’Université d’Osaka. Il est ingénieur-astrophysicien à la Nasa car ses capacités cerébrales lui permettent d’agir dans des situations d’urgence. Mais un jour où il se rend à Cap Canaveral pour un contrôle de routine, il est victime d’une fuite de carburant auquel l’exposition est le plus souvent fatale. Heureusement il survivra à ce tragique accident mais les radiations qu’il subit l’ont privé de l’usage de ses membres, contaminées ses muscles et son sang. Les médecins l’ont donc doté d’un nouveau corps de synthèse mécanisé qui surpasse
Keita Olsen le cyborg Titien Fargier-Lagrange en force et en endurance le corps humain. Mais surtout ses yeux, dont il avait aussi perdu l’usage, ont été réparés grâce à de nouvelles rétines artificielles avec lesquelles il peux zoomer sur chaque détail à volonté. Il voit de manière augmentée chaque détail, chaque sursaut, chaque mouvement, qui survient dans son champ de vision et cette surabondance de stimulis explique pourquoi il recherche souvent le calme et la paix. Malgré son incroyable résilience, son corps le gène et il ne veut pas s’exposer au regard du public. C’est pourquoi il aime aussi regarder la vie et les gens, observer ses voisins et les habitants de son quartier. Il se sert de ses nouvelles habilités dans son travail mais, travaille le plus souvent depuis son domicile puisqu’il a trop peur de faire face à un nouvel accident. Il préfère la lumière naturelle à
la lumière artificielle car celle-ci le renvoi à sa propre condition et à sa dépendance à ses prothèses. Il regrette le temps où il pouvait sentir de vraies sensations, pas des stimulis artificiels crées par son corps mécanique. Il aime lire des livres ou écouter des disques, ces antiquités depuis longtemps obsolètes et dépassées qu’il collectionne dans sa résidence. Il joue du piano et pratique le ski et l’alpinisme sur les montagnes du Japon. Pour qu’il se sente bien, il a besoin de lumière et d’espace. Mais aussi d’une certaine proximité avec la nature. Il aime les matières naturelles, le bois notamment. C’est une personne sensible, disciplinée et attachée aux traditions, plus particulièrement celles du Japon, mais il peut aussi prendre des décisions risquées et il n’a pas peur du danger et des sensations fortes.
Transcription spatiale Cyborg étant quelq’un de solitaire son rapport à l’architecture sera privilégié. Il aura besoin d’un espace qui lui serve de refuge, comme un cocon. Ses aptitudes sensorielles mais surtout sa vision augmentée le place naturellement dans un lieu en hauteur, de préference avec un regard sur la ville, mais sans être vu. Il a besoin d’un espace privé où il peut être seul mais aussi accueillir un invité. Un des enjeux du projet est de proposer un espace sensible mais fonctionel qui soit adapté à son mode de vie. Le Soho de 30m2 à Paris sera son lieu de travail, mais aussi un lieu de méditation et d’introspection. La Maison Délicieuse sera son refuge et son lieu de villégiature.
Dieu Janus
Thème / Maison Janus Un Habitat à deux Visages Dans la mythologie, Janus est le dieu du début, de la transition, de la fin, de manière concrète ou abstraite, le mouvement, le changement, le choix, le temps. Janus est un dieu exclusivement romain, protecteur de la ville de Rome. Il est souvent associé à Vesta (déesse des foyers) et à Saturne (Chronos dans la mythologie grecque). Sa particularité est qu’il a deux visages, supposément un tourné vers le passé, l’autre vers l’avenir. Une statue de Janus marque de ses mains le nombre de trois cent soixante cinq, pour exprimer la mesure de l’année. On le représente tenant d’une main
une clef, et de l’autre une verge, pour marquer qu’il est le gardien des portes (latin janua/porte) et qu’il préside aux chemins. Ovide dit que Janus a un double visage parce qu’il exerce son pouvoir sur le ciel, sur la mer comme sur la terre ; il est aussi ancien que le monde ; tout s’ouvre ou se ferme à sa volonté. Lui seul gouverne la vaste étendue de l’Univers. Il préside aux portes du ciel et les garde en compagnie des Heures. Il observe en même temps l’orient et l’occident. Dans la mythologie, Saturne (le Kronos des Grecs) dévorait ses enfants. Mais son fils Jupiter s’échappa. Devenu adulte, Jupiter chassa Saturne. Saturne cherchait la
© Kennerly architecture & planning
tranquillité. Il fut accueilli avec hospitalité en Italie par Janus, qui était alors le roi des Latins et le dieu des portes des Enfers. En plus de son hospitalité, Janus proposa à Saturne de s’associer tous deux sur le trône. Janus et Saturne s’entendaient merveilleusement bien, il n’y avait jamais de querelles. Ils ne travaillaient jamais, car la terre était toujours féconde. C’était l’Âge d’or. En souvenir d’une pareille époque, les Romains fêtaient les Saturnales où, pendant trois jours, tous étaient égaux : il n’y avait ni maîtres, ni esclaves.
Qu’est-ce qu’une maison Janus ? Quand on commence un projet qui s’appelle Maison Janus, la première chose à laquelle on pense est cette idée de bâtiment avec deux parties hétérogènes qui sont collées l’une contre l’autre. Cela fait souvent écho à une orientation longitudinale de la parcelle. On a deux orientations, deux thématiques au projet qui se puisent souvent dans l’environnement. C’est notamment l’idée du projet de Yoda architecture dans la banlieue de Lille ou de l’agence Kennerly Architecture & Planning à San Francisco. Dans le projet lillois, on a, un coté sur la rue et un autre sur les champs, il se place dans un quartier résidenciel en banlieue. Les architectes
© Yoda architecture
ont décidé de souligner cette double orientation par le choix de deux matériaux distincts ce qui donne un effet visuel clair. Dans le projet californien, par contre, la dualité se fait entre les deux rues puisque l’on a une parcelle tranversante et un bâtiment déja existant. C’est donc une dualité visuelle mais aussi une différence d’époque et de temporalité. Au lieu de traiter ce thème de manière trop directe je vais m’attarder sur ce que représente vraiment la thématique de l’habitat double. C’est-à-dire ne pas faire que les deux visages de mon habitat regardent seulement dans des directions opposées, mais qu’ils se toisent, se défient mais se parlent aussi et dialo-
guent. Tout d’abord la spatialité sera divisée entre l’espace public et privé, entre l’intime et le partagé. La temporalité sera un élément essentiel, chaque moment de la journée peut être scénarisé mais en laissant la liberté à l’habitant de déroger à ce scénario. Cette thématique joue sur la dualité et la liaison des espaces. C’est une invitation à jouer sur les orientations, les distances et les mouvements ainsi que sur la transparence et l’opacité. Une maison Janus est donc une maison qui ouvre sur son environnement plusieurs visages et dont les espaces communiquent de manière double. Mais aussi qui joue sur les temporalités (déroulement des jours, passages des saisons et des années).
Š neverends.net
© Associated press
Contextes Gare Saint-Lazare La première gare, l’embarcadère de l’Ouest a été construit en 1837 devant la place de l’Europe pour relier Paris à Saint Germain en Laye (ce qui correspond plus ou moins aux Transiliens J et N) c’est le premier en date des terminaux ferroviaires. En 1841-1843 la gare de l’ouest est reportée plus au sud par l’architecte Alfred Armand. Une nouvelle gare est construite de 1842 à 1853 par l’architecte Alfred Armand et l’ingénieur Eugène Flachat rue SaintLazare dont elle prend le nom. La façade actuelle a été réalisée de 1885 à 1889 par l’architecte Juste Lisch afin d’accueillir les voyageurs attirés par l’Exposition Universelle de 1889.
L’hôtel Terminus est érigé entre deux places, la cour du Havre et la cour de Rome. Flux et transit La gare accueille 100 millions de voyageurs par an (450 000 par jour), c’est la plus grande gare de Paris, de France et d’Europe. Elle comporte 27 Voies et 1700 circulations s’y effectuent par jour soit un train qui entre ou sort toutes les 28 secondes en heure de pointe. Elle est définie par la Sncf comme une gare pendulaire, principalement fréquentée par des Franciliens pour leurs déplacements domicile-travail.
Asahidake / Hokkaido Le mont Asahi est la plus haute montagne d’Hokkaido au Japon. Elle est située dans la partie septentrionale du parc national de Daisetsuzan. La montagne est très appréciée des randonneurs en été et peut être facilement atteinte à partir de l’Onsen Asahidake vers le téléphérique de Sugatami. L’étang Sugatami est placé directement en dessous de la crête, il est célèbre pour ses réactions, la neige rencontrant les vapeurs s’échappant des bouches volcaniques. Dans la région, le flux touristique atteint 300 000 visiteurs par an, mais seulement 12 000 grimpent sur les flans de la montagne soit 32 par jour.
Habitat vernaculaire et peuple Aïnous
Histoire des Aïnous Peuple originel de l’Ile d’Hokkaido Les Aïnous constituent une population aborigène vivant dans le nord du Japon et à l’extrême est de la Russie. On compte, de nos jours, entre 25 000 et 200 000 membres de ce groupe ethnique, mais aucun recensement exact n’a été tenu car beaucoup d’Aïnous cachent leur origine ou, dans bien des cas, ne la connaissent pas, c’est dû aux anciens problèmes de racisme et de discrimination. Ce peuple de pêcheurs et chasseurs possède une structure sociale patriarcale et polygamique. Leur religion est de type animiste : l’ours y est l’entité la plus vénérée. Ils s’établissent en villages appelés kotan aux
bords des rivières ou des mers, dans des zones où ils s’estiment protégés des désastres naturels. Chaque famille a sa cise (maison) et en moyenne, un kotan se compose d’une dizaine de cises. L’entrée des maisons aïnous se trouve à l’ouest. Elles n’ont qu’une seule pièce. Le centre de la maison est occupé par un foyer. Les maisons n’ont pas de cheminée. L’évacuation des fumées se fait par des orifices laissés à l’angle du toit. Les habitations des Aïnous ont toujours trois fenêtres. Deux d’entre elles sont toujours dans la même direction. Il n’y a jamais de fenêtre au nord.
Soho / Un peu de Japon à Paris Maison délicieuse / Refuge hors du monde
Le Small Office HOuse permet à Cyborg à la fois d’exercer sa profession et de se loger. Situé sur le toit de la gare Saint Lazare il bénéficie d’une vue exceptionnelle sur les toits de Paris. Le Soho est composé de deux parties. La partie “living” comprend tous les programmes nécessaires à la vie, chambre, cuisine, salle de bain, salon. La partie “office” est le bureau du propriétaire, elle doit pouvoir accueillir quelques visiteurs occasionnels et est accessible directement de l’extérieur. Le bâtiment forme un “L” autour du jardin. C’est un espace de méditation et d’introspection. Cyborg y pratique le yoga et le tai shi. De l’autre coté, la terrasse orientée sud permet de profiter du soleil tout au long de la journée et prendre ses repas en été. Un escalier relie la terrasse au bureau situé en hauteur. La surface est divisée en 19 tatamis, 13 pour la partie living et 6 pour la partie office. La terrasse permet une vue plongeante sur la cour de Rome. Le jardin est
ouvert sur les toits de la gare et la circulation des trains. Depuis le bureau, on peux observer le transit des 450 000 voyageurs qui empruntent la gare chaque jour. L’accès se fait par la tour d’accès au toit qui se trouve rue de Rome. Ensuite on circule sur les toits sur un chemin qui sera aménagé jusqu’a l’habitation. Deux entrées sont possibles. L’une, publique, est à destination des clients et de ses collaborateurs mène directement à la partie bureau. Durant la montée on a un aperçu du jardin magnifique de la cour. L’autre, privée, à destination du propriétaire et de ses proches, pénètre directement dans le jardin. La disposition des programmes dans l’espace est pensée selon la lumière reçue au moment de l’utilisation de l’espace et selon l’enchainement de l’utilisation de ces espaces. La chambre est exposée à la lumière du soleil levant et profite des premiers rayons du soleil. La salle de bain se situe dans la continuité de la chambre et bénéficie de la lumière à la
Déclaration d’intention fois le matin et le soir. La partie “lounge” constitue la charnière entre les parties jour et nuit mais aussi entre la terrasse et le jardin. La cuisine est ouverte pour desservir la terrasse. Les plans de travail font face au jardin pour que l’habitant puisse admirer le jardin en cuisinant. Un engawa permet de faire le lien entre toutes les pièces et le jardin. Le projet repose dans le dialogue entre le jardin au nord et la terrasse qui mène au bureau. Sur un dispositif inspiré des shôjis japonais, des panneaux en verre sablé permettent de fermer l’espace du coté de la terrasse et de se recentrer sur le jardin. La nuit, c’est comme une boîte à lumière qui rayonne sur le toit de la gare, à la manière d’une lanterne japonaise. La Maison Délicieuse est l’espace de villégiature où Cyborg se retire du monde et profite du calme et de la sérénité du mont Asahi. Elle se place entre deux petits lacs à flanc de montagne où il y a une vue
imprenable sur la vallée d’Asahikawa. L’activité volcanique du mont permet au deux lacs d’être à une température convenable toute l’année. Etant donné le climat rude la majeure partie de l’année, la maison sera semi-enterrée et va bénéficier de l’inertie thermique du sol. Le dispositif s’ouvre sur les deux lacs et utilise la réflexion du soleil pour optimiser l’éclairage au cours de la journée. Le plan s’articule autour d’une cour centrale circulaire. D’un coté, quatre modules qui ouvrent des vues sur l’ensemble du paysage. De l’autre coté, un espace ouvert en demi-cercle. Les modules s’ouvrent chacun sur des vues différentes de la vallée d’Asahikawa : vers la station Sugatami, les lacs Suribachi et Kagami et au loin la ville d’Asahikawa. Une rampe circulaire est le point nodale de la maison et lie chaque module, chambre d’amis, chambre principale, grand salon, cuisine salle à manger, toilettes.
Bibliographie Lloyd Kahn, Bob Easton, Shelter,1973. Italo Calvino, Le Baron Perché, Einaudi, 1957. Rem Koolhaas, Delirious New York : A Retroactive Manifesto for Manhattan, 1977. Peter Zumthor, Atmosphères, Birkhauser, 2008. Junichiro Tanizaki, L’éloge de l’ombre, (première publication 1933). Tadao Ando, Pensées sur l’architecture et le paysage, Arléa, 2014.
“En effet, l’espace architectural n’est plus seulement un espace de la seule perception visuelle, mais va servir au déploiement du sonore. L’architecture s’entend, tout autant qu’elle se voit. C’est le son qui va à son tour créer un espace, un espace propre et singulier”. Espace de perception / Jean Phillippe Velu
Jaune rouge bleu, 1925, Vassily Kandinsky.
Audio-sphères Paul Vilisques Neil Harbisson, tout premier homme cyborg, muni de l’Eyeborg, dispositif permettant de voir des couleurs à partir de sons.
Cyborg est calme, attentif. Inlassable contemplateur du monde il voyage quand le temps le lui permet. Silencieux par nature, il évolue avec grâce dans un univers qu’il trouve bruyant, désordonné, illogique. Sa voix grave et profonde invite au silence, silence qu’il cherche généralement à briser lorsqu’il s’installe dans la discussion. Cyborg aime les grandes places animées, là où la vie ruisselle dans les regards de chaque personne, dans leurs gestes, leurs sourires. Ces espaces lui permettent d’évoluer sans risquer de heurter quiconque, lui donnent la liberté d’étendre son regard à l’infini et de
rencontrer, dans un même mouvement, la vie qui se déploie. Il aime les cafés, la vue sur la mer, les ponctuations et les retours à la ligne. Il n’aime pas le bruit du papier journal qui se froisse, ni celui des chaussures lorsqu’elles sont remplies d’eau. Il aime le rire des enfants dans le parc de Sceaux, les chuchotements des couples devant le “Jaune rouge bleu” de Kandinsky à Beaubourg, le silence avant qu’on commence à jouer les sonates de Beethoven. Car Cyborg entend des couleurs. Le bruit des pas sur la moquette, le grille-pain qui se déclenche, les moustiques qui viennent courir près de ses oreilles, le voisin qui
commence à jouer du John Coltrane au saxo à cinq heures du matin, ces sons lui parviennent sous forme de couleur. A chaque son s’associe une couleur et sa forme. Elles se mélangent, s’opacifient, se délient, le monde audible devient une symphonie de nuances colorées que seul Cyborg est en mesure de percevoir. Il a ce que l’on peut nommer une audition colorée synesthésique. Le jour de sa capture restera dans sa mémoire, son agression fut si brutale et impromptue que sous l’effet du choc qu’il reçut à l’arcade sourcilière, il perdit connaissance. A son réveil, il était enveloppé de noir. D’un noir si épais, si oppressant qu’il se mit à hurler, hurler de toutes ses forces. Une douleur inconnue déchirait sa tête et agitait tous ces membres, il avait perdu la vue. C’est ainsi que, plongé dans le noir le plus total et soumis à des agressions auditives continues, entrecoupées de zones de si-
lence, il se mit à apercevoir ses premières couleurs. Des murs entiers recouverts d’un rouge pourpre, des champs d’éclairs orangés. Au début, ils rajoutèrent un niveau à sa souffrance, puis il se mit à visualiser des espaces mentaux, des portes de sorties colorées, des fenêtres de lumière. Il se mit à adapter les sons qu’il entendait en formes géométriques plus élaborées, en paysages, puis en architecture. Il apprenait de nouvelles teintes, son cerveau découvrait sans cesse de nouveaux mélanges, combinés et rangés dans les pièces qu’il créait, il établissait une bibliothèque mentale de ces couleurs-sons qu’il découvrait au fur et à mesure. Et il se promenait dans ces pièces, c’était le seul refuge qu’il avait face aux agressions dont il était l’objet. Il se faisait le gardien, le domestique de ses trouvailles qu’il mettait en cage, pour ensuite s’installer confortablement à l’intérieur. Un jour on l’emmena. Ce fut seulement
quelques heures plus tard qu’il réalisa qu’il venait d’être libéré. Parce qu’une autre partie de sa vie s’ouvrait devant lui tandis qu’une autre se refermait, il lui vint le nouveau nom de Cyborg. Cyborg car, de plus, le gouvernement tint à lui rendre la vue. Il subit une opération de plusieurs jours durant laquelle il patienta dans une dimension extérieure, extérieure à l’agitation qui régnait dans les blocs opératoires, extérieure à lui-même. Il vivait dans un coma partiel, endormi par les anesthésiants, sonné, étourdi par les calmants, aucune pensée cohérente ne parvenait à s’aligner. Des vagues de couleurs claires traversaient sa tête, un océan de teintes bleutées comme un clair de lune venait s’étendre autour de lui… A son réveil, il parvenait à voir de nouveau, mais voir était devenu une notion absurde, obsolète. Désormais, toutes les couleurs devinrent éblouissantes, surnaturelles. Les images mentales qu’il
avait apprivoisé s’ouvraient devant lui, ce qu’il avait bâti durant son emprisonnement voyait le jour, sa Maison délicieuse à laquelle il avait tant rêvée, construite dans l’espoir de ne pas devenir fou, était là, étonnement sonore dans tout ce silence. Il n’avait plus qu’à la bâtir. Depuis cet incident, incident qu’il considérait comme une renaissance, il s’était mis à écrire. Ecrire ce qu’il voyait, car la peinture, même dans les nuances infinies qu’elle recelait pour nourrir ses gammes de couleurs ne disposait pas des couleurs qu’il comprenait. Le résultat, s’approchant du fauvisme dans sa forme, du cubisme dans son fond, ne le satisfaisait pas. Il se fit poète, poète des sons et poète des espaces, car ses sons prenaient de l’espace, comblaient du vide et ses couleurs y apportaient la lumière. Il se fit poète au service d’une architecture mentale, de son architecture, car il la savait unique.
Transcription spatiale Cyborg se mit à aimer les grands espaces, les espaces qui forment des caisses de résonnance, qui amplifient les détails sonores peuplant le quotidien d’une personne. C’était une source d’inspiration sans limite. Il lui suffisait de marcher pour que le bruit que produisait sa marche additionnée à celui de tous les autres bruits ambiants serve à la création d’une nouvelle esquisse poétique. Sa trajectoire était la structure de ses strophes, ses traversées de salle étaient ses vers. Il aimait recevoir des amis, aller écouter des orchestres le soir. Il avait un faible pour Messiaen, mais était aussi charmé par la magie des pièces de Debussy et Ravel, et, à chaque fois, il replongeait dans son univers et composait avec l’orchestre les paysages qu’ils dessinaient. Il allait souvent leur parler à la fin, leur parler de ce qu’il ressentait, de son admiration envers eux. Il pouvait
enfin redevenir enfant, bien qu’il l’ait toujours été. Ses habitations se situeront de préférence en hauteur, quoi qu’il entreprenne de construire, la hauteur lui permettrait de pouvoir saisir le spectre sonore le plus étendu. Les lieux sauront s’aménager autour d’un espace central et se répartiront suivant les usages public/privé. Public dans une première partie, des espaces où l’on entre, où l’on se déchausse, où l’on parle et l’on écoute. Puis viendront des espaces de transition, des espaces de liaison, et enfin des espaces privés. Le privé, c’est la place du repos, c’est la place du silence, du calme et du recentrement sur soi. Il saura privilégier les formes courbes, il faudra donc tout redimensionner pour satisfaire ses attentes, créer des meubles sur mesure, des baies prévues pour des murs arrondis, des portes pour des cloisons courbes.
Thème / Acoustique L’enjeu premier de Cyborg est de créer une atmosphère sonore dans un bâtiment. Dans les sociétés contemporaines, l’architecture est exacerbée par sa médiatisation, et le principe de la médiatisation, c’est qu’elle passe intégralement par le visuel. Restreinte à des images, des photos de conceptions affichées sur la toile, dématérialisées, aucune chance n’est laissée aux autres sens qui concourent pourtant aussi à la perception de l’espace. Pourtant, Cyborg s’est auparavant lui-même laissé floué en admirant les photos d’un site qui met en valeur ses bâtiments de façon objective. Mais une fois sur place, c’est le ressenti global de chacun qui prime, et là, c’est l’atmosphère qui compte. Et l’atmosphère vient avec le travail de l’acoustique, la qualité sonore du site, si le lieu n’est pas pollué acoustiquement par la proximité d’une autoroute, si les sons
produits dans un appartement mitoyen ne créent pas de nuisances trop intenses. Cyborg veut donc se servir du son comme un matériau de construction, tout autant que les musiciens cherchent à le spatialiser. Cyborg veut se mettre au contrôle d’atmosphères en se servant de l’existant, du préexistant, de la nature qui est à sa disposition. Une de ses contraintes sera de préserver l’écosystème sonore autour de lui et de s’en servir (et non pas d’essayer de s’y soustraire) et ainsi de renouer avec notre environnement sonore au lieu de s’en isoler. L’argument sur lequel Cyborg s’appuie est celui-ci : l’architecture est aussi sonore que visuelle. Le son étant une onde qui se propage dans l’air, l’architecture peut devenir un parcours, un trajet qui se prête à la progression de cette onde. Dans l’architecture jouant sur l’acoustique, la
recherche est souvent tournée sur l’intérieur, sur l’impact des matériaux dans chacune des pièces. La force du projet de Cyborg repose sur un autre cheminement, c’est celui de créer un continuum spatial et sonore entre l’intérieur et l’extérieur. Il pense donc jouer sur différents facteurs, facteurs qui permettront d’appréhender l’architecture qui l’entoure comme un espace vivant. En effet, l’espace architectural n’est plus seulement un espace de la seule perception visuelle, mais va servir au déploiement du sonore. L’architecture s’entend, tout autant qu’elle se voit. C’est le son qui va à son tour créer un espace, un espace propre et singulier. Jouer avec les différents matériaux / Les doubles cloisons avec lame d’air entre chacune. La première perforée avec des orifices de forme choisie et la seconde. Cette lame d’air permet de reproduire l’effet de caisse de résonance, elle vibre, oscille et reproduit les sons qui s’y infiltrent. Les matériaux perforés, les panneaux membraneux selon le type de fréquence à absorber, des matériaux poreux (absorbant pour fréquences aigues) suivant si Cyborg veut son son plus grave ou plus aigu. Ensuite, pour les parties réservées au sommeil, au repos, d’autres matériaux seront à privilégier : une mousse acoustique en mélamine destinée à absorber, isoler, atténuer les sources sonores. La laine de roche grâce à sa structure ouverte et enchevêtrée : elle freine les mou-
vements des particules d’air et dissipe l’énergie sonore; elle favorise ainsi une isolation et une absorption acoustique optimale et empêche alors la transmission de bruits aériens, des bruits d’impact et leur réverbération. Enfin, elle apporte un véritable confort acoustique. Jouer avec les contraintes spatiales, avec les volumes et les surfaces, les parois en vis-à-vis / La durée de réverbération, aire d’absorption équivalente donnée par la formule de Sabine. La notion de paralléllisme des parois. Jouer sur la forme de l ’architecture / La notion d’angle, de courbes pour les parois intervient dès lors qu’on veut insister sur les qualités du son suivant si Cyborg le veut doux, continu, feutré, profond ample ou net. Jouer sur les techniques acoustiques : champ direct ou reverbéré, échos / Le champ direct sera à privilégier pour des endroits que l’on veut silencieux, des endroits liés à la méditation, au repli sur soi, ou à l’écoute des détails, concert de piano. Le champ réverbéré permettra quant à lui d’intensifier, d’amplifier les sons, les répéter, les décaler dans le temps. Les différentes formes d’échos, les flottants et les francs. Calculer les constantes de local à chaque fois : connaissances précises des surfaces au sol, au mur et au plafond, plus connaissance précise de chacun des matériaux dont sont composéés chacune des parties des salles. Lorsque R augmente, le niveau sonore baisse, l’ap-
L’architecture comme parcours propice à la progression des ondes sonores.
port d’absorbant va servir à réduire la réverbération pour des distances plus ou moins éloignées. Cette distance à laquelle il faut traiter les lieux, la salle, est donnée par une distance critique. “Dans la salle de concert, lorsque je rouvre les yeux, l’espace visible me parait étroit en regard de cet autre espace, où tout à l’heure la musique se déployait, et même si je garde les yeux ouverts pendant que l’on joue le morceau il me semble que la musique n’est pas vraiment contenue dans cet espace précis et mesquin”. Merleau-Ponty Phénoménologie de la perception
Les MÊgaphones, Estonie, Hannes Praks Š Tonu Tunnel
Marsyas, Anish Kapoor
Références Pour réaliser ses structures, Cyborg s’est inspiré de différents artistes, de différentes architectures. Se servant de la forme du pavillon comme leitmotiv, il découvrit le travail de jeunes étudiants d’Estonie. Le but de Cyborg étant de capter les sons de son environnement, il essaye par-là de rapprocher l’architecture de la nature (voir la Maison délicieuse) ainsi qu’aux sons urbains (voir le Soho) à l’image d’Hannes Praks, l’architecte d’intérieur à l’initiative du projet basé dans la forêt estonienne, qui dit prêter l’oreille au livre sonore de la nature. Ces cornets de trois mètres de diamètre ont été placé à la distance et à l’angle adéquat pour que, lorsque l’on est placé au centre de l’installation, le son arrive des trois mégaphones à la fois et
crée un effet de son-surround unique. Un tel projet, plein de poésie et d’empathie, nous invite à renouer un lien introspectif avec la forêt, à prendre le temps dans ce refuge protecteur et à écouter la forêt qui pousse. Cette forme et ce concept prennent donc sens dans le travail de Cyborg. L’étape suivante sera de transformer cette installationœuvre d’art en habitat pour Cyborg, tout en préservant la force du dispositif. La seconde inspiration de Cyborg provient du célèbre artiste Anish Kapoor qui a travaillé sur une installation singulière, appelée Marsyas, dont la forme peut rappeler l’œuvre précédente. “Mon travail s’appuie sur le ressenti individuel du spectateur pour métamorphoser l’espace clos et environnant” commente-t-il. Son but est de créer des
Maison du son, Meili & Marcus Peter.
Ali Qapu, Ispahan, salle de musique au sixième étage du palais. Décoration de niches circulaires complexes ayant une fonction acoustique donnant un effet de résonnance à toute la pièce.
Maison du son, Meili & Marcus Peter.
choses qui semblent émaner d’un autre monde, et dont l’étrangeté nous suggère d’autres façons de voir. Son désir est de “créer un refuge contre les soucis matériels, un sanctuaire de sentiments profonds”. Cyborg, dans la continuation de son projet, s’intéresse à la notion d’espace clos et d’espace ouvert, puis plus largement sur les notions d’étroit et de profond, car tous ces concepts d’organisation du lieu font revêtir aux sons des similarités. Ainsi conjointement au dualisme étroit/large gravitent les notions sonores de feutré/résonnant Après avoir puisé dans diverses ressources conceptuelles, Cyborg s’est en-
suite inspiré architecturalement de la KlangHaus, ou maison du son, conçue par Marcel Meili et Markus Peter, dans la vallée de la Schwendisee. Cette structure a un écho exceptionnel car les murs sont pliés en parabole afin de récolter, comme de l’eau de pluie, toutes les sonorités du paysage dont les musiciens venus ici jouer s’inspirent. Ce projet combine habilement l’acoustique architecturale et le paysage sonore : c’est une technique totalement inédite. “L’architecture est cette machine à émouvoir, qui, par sa forme, évalue, rend tangible la sensation de présence dans le paysage, presque comme un écho artificiel de la nature”.
Audio-sphère de Montmartre Ainsi, pour exercer son métier, Cyborg a tout de suite eu besoin d’un environnement animé, en constante effervescence. Après son opération, il choisit de trouver un endroit où il pourrait s’épanouir pleinement, un endroit étroitement corrélé à sa personnalité, qui reflèterait ses penchants intimes. Il se mit à apprécier et côtoyer les abords de Montmartre, à marcher sur ses rues pavées, ses places animées, à découvrir ses magasins d’artisanat et ses boutiques populaires. Immédiatement charmé par ce quartier où fourmillent vendeurs de rue, Parisiens branchés, touristes, peintres et toutes sortes d’artistes nomades, il se perdait les soirs jusqu’à tard dans la nuit pour savourer chaque instant, pour trouver une inspiration et profiter des hauteurs de Montmartre afin de contempler Paris dans son ensemble. Paris dans sa splendeur, dans ses déclinaisons de couleurs en fonctions des saisons, des jours, des heures.
Souvent, instinctivement, comme attiré par une sorte de charme invisible, ses pas convergeaient en direction de la place Emile Goudeau. Cette place pavée, légèrement en pente, agrémentée d’une multitude d’arbres et d’une fontaine Wallace (sûrement l’élément le plus insolite du lieu) tout cela agissait sur lui avec force. Les bruits de l’eau pure qui tombe des mains des enfants l’été, les miasmes des feuilles des grands marronniers au printemps, les langues du monde qui viennent se mélanger autour de lui. Lui adossé contre un mur, à contempler la vue sur Paris d’un oeil, le joueur de guitare posé sur les marches devant lui de l’autre. Ce n’était pas lui qui avait choisi cette place, c’était l’endroit qui s’était imposé à lui. A force de flâner, il commença à s’intéresser à l’histoire de la place, aux gens qui y avaient séjourné, à ceux qui y avaient résidés. C’est ainsi qu’il dé-
Contextes
couvrit, et non pas sans une certaine joie, qu’au numéro 13 bis s’était rassemblé toute une communauté d’artistespeintres, gens de lettres, hommes et femmes de théâtre et marchands d’art. Ainsi cette place avait-elle séduit d’autres gens avant lui. Appelée “Bateau-lavoir” par Max Jacob la maison compartimentée en petits logements d’une pièce avait été un lieu de rencontres et d’échanges pour des artistes tels que Pablo Picasso, Paul Gauguin, Amédéo Modigliani, Juan Gris et d’autres encore. Souvent en passant devant elle il contemplait sa façade avec un mélange de respect et de nostalgie, il se dessinait l’intérieur de l’époque, s’imaginait parmi tous ces gens qui, un siècle plus tôt, repeignaient le monde avec un regard neuf. Il apprit que l’actuel Bateau-Lavoir est une reconstruction qui date de 1978, la cité d’artiste originelle ayant été détruite par un incendie en 1970,
un an seulement après avoir été classée au titre des Monuments historiques grâce à André Malraux. Il apprit aussi qu’au cours du Premier Empire, la guinguette Tivoli Montmartre dite du Grand Poirier avait pour attraction principale une sorte de cabane construite dans un poirier centenaire où dînaient et buvaient les noceurs. Les sols minés par les anciennes carrières de gypse étaient fragiles et le cabaret-restaurant victime des effondrements de terrain dut fermer. Ces carrières furent consolidées par l’Etat sous le Second Empire. De nos jours, le poirier a disparu, laissant la place à de grands marronniers qui procurent une ombre bien venue à la place lors des fortes chaleurs. Avide de nouveauté, Cyborg ne voulut plus seulement se contenter de passer son temps libre ici, il avait décidé d’y aménager un véritable espace pour son travail, un espace à réinvestir, à insérer
Place Emile Goudeau, Montmartre.
sur cette place, à quelques mètres de hauteur, sur le toit légèrement incliné du bâtiment juste à droite du numéro 13. Il voulait un espace modulable, qui puisse être conçu pour laisser entrer la lumière des jours et les sons de la place en contrebas. Longtemps il avait négligé le fait qu’un espace, qu’il soit pour recevoir des amis, dormir ou plus particulièrement travailler, se devait de refléter les convictions, les goûts, l’humeur générale de ses occupants. Il considérait les architectures qu’il allait concevoir comme une partie intègre de son travail
de poète, de son travail d’homme-machine. L’image qu’il se faisait de son Soho serait un accomplissement, une matérialisation authentique de son soi pensant, écoutant, ressentant. Le Soho est une micro-architecture se développant sur trente m2. Situé sur le toit du bâtiment servant aux ateliers des artistes, on y accède grâce à un escalier en colimaçon. En franchissant la dernière marche au sommet de cet escalier, on pénètre par la gauche dans l’espace intérieur du Soho, intérieur qui est en porte-à-faux de cinquante cm par rapport au rebord du toit. En passant ce
premier sas qui délimite donc la partie privée de celle publique, Cyborg entre au cœur d’un espace structuré par un pavillon ouvert sur la place. Ce style à échelle humaine de cornet acoustique est muni d’une casquette courbe dépassant du promontoire du toit. Il capte ainsi un maximum de sons en provenance du bas de la place. Le Soho est composé de deux pièces distinctes et d’une pièce progressive, qui se décompose en deux parties. La cuisine, de sept m2, est accessible immédiatement sur la gauche après un petit espace bureau. La cuisine, comme la salle de bain (cinq m2 située aussi sur la gauche quelques mètres plus loin) est un espace acoustiquement neutre. Elle suit les règlementations et les normes classiques en matère d’isolation thermique et acoustique. La troisième pièce, fondue entre un couloir sonore et la chambre, est celle par laquelle on arrive, celle que l’on poursuit et celle à laquelle on aboutit en fin de parcours. C’est une pièce transitoire et, avec ses onze + sept m2, c’est la plus grande du Soho. En première partie, c’est la pièce de résonnance, la cellule de vie de l’édifice. Les murs, doublés en lame d’air troués par ces trous de différentes tailles font vibrer la structure, amplifier les oscillations et propager les sons à travers
le couloir. La forme pure arrondie sert à l’onde sonore de rencontrer un nombre limité d’obstacles. Ainsi, facilité dans son pacours, le son va prendre vie, entretenu par l’architecture circulaire alentour. Dépassant le stade du simple ornement sonore, il fait partie intégrante de l’habitat. Passé le premier virage, il va commencer à s’estomper, s’atténuer naturellement. Cette atténuation est reprise par le choix des matériaux qui va lui aussi évoluer, mais aussi par la présence d’une étagère en hauteur qui marque visuellement le passage du couloir acoustique au début de la chambre. On entre là dans la partie intime du Soho, sept m2 où tous les sons sont cette fois-ci amortis. Plus de durée de réverbération, sons feutrés, champ direct pur, moquette par terre et dans le double mur de la laine ou de la mousse isolante. L’apport de lumière naturelle est décroissant. Profitant pleinement de l’ouverture principale de l’habitat, puis entretenus par les percées le long du couloir, les rayons lumineux crééent leur propre espace grâce aux multiples formes et percements courbes qu’ils rencontrent. Dans la chambre, la lumière y est moins représentée, bien que l’on puisse contempler la place Emile Goudeau sans que les passants perçoivent l’intérieur de l’habitat.
Parc national de Nikko.
Lac Chuzenji
Audio-sphère du lac Chuzenji Après la densité sonore urbaine, après l’effervescence et l’agitation, Cyborg pensa à trouver un lieu où il puisse se concentrer, expérimenter de nouvelles conceptions acoustiques, mais surtout reproduire ce que son imaginaire lui avait suggéré il y a quelques mois. Cet espace encore rempli de couleurs et de sons ne cessait de revenir à son esprit. Il imagina un lieu de nature, aux bords d’un lac et implanté dans une forêt. Après avoir arpenté Bornéo, le Cambodge, le Viet-nâm, il trouva un site au Japon qui remplissait ses critères. Le lac
Chuzenji, situé à l’ouest de la ville de Nikko dans la préfecture de Tochigi (sur l’île Honshu), culmine à 1269 m d’altitude et est situé au cœur d’un parc national et est classé zone naturelle protégée. Cette étendue d’eau, d’une superficie d’environ douze km2, constitue la source de la rivière Daiya, un cours d’eau du bassin versant du fleuve Tone. Elle apparaît il y a 12 000 ans, au cours d’une brève période d’activité du mont Nantai, un volcan appartenant au complexe volcanique des monts Nikko dans le parc national de Nikko.
Traditions locales et coutumes Depuis sa découverte, à la fin du VIIIe siècle, par un moine bouddhiste, le lac Chuzenji est un territoire sacré du bouddhisme. Cyborg a trouvé un lieu sauvage au pied d’une montagne sacrée : un havre de paix pour sa fuite hors de la civilisation. Les sanctuaires et temples de Nikko, ainsi que le cadre naturel qui les entoure, sont classés au patrimoine mondial de l’Unesco. Ils constituent depuis des siècles un lieu sacré où se sont élevés des chefs-d’œuvre d’architecture et de décoration artistique. Ils sont étroitement liés à l’histoire des shoguns Tokugawa, c’est un lieu de mémoire nationale. Faune et Flore Oku-Nikko est une zone naturelle protégée dont l’étendue correspond à celle du parc national de Nikko. Calme, peu fréquenté, cet endroit invite au repli sur soit tout en restant ouvert sur un monde qui bruisse de mille bruits : celui des rivières, des branches des arbres, des pas du cerf Sika, des cris des buses du Japon ou du faucon pèlerin et de très nombreux autres oiseaux sauvages qui se tiennent sur les rives du lac ou sur les étendues forestières dans ses
alentours. Ce lieu est donc la source d’une riche biodiversité. Tout ce panel de sons et couleurs a définitivement contribué à donner à Cyborg les raisons de s’implanter ici. L’environnement naturel immédiat du lac Chuzenji est essentiellement constitué de forêts à flanc de montagne. Dans les sous-bois, le long de la plage Senju, poussent de larges colonies de primevères du Japon, le long de la rivière Yanagizawa près de la plage Senju. Rhododendrons qui fleurissent au printemps. Hêtre du Japon, une des espèces d’arbre qui soutiendra la Maison délicieuse. Ce lac est une sorte de cuvette naturelle vouée aux activités de culte et qui accueille un festival d’été millénaire. Ainsi, c’est un lieu qui accueille une fois par an le 4 août une compétition d’art martial et de tir à l’arc (le kyudo), ce qui fait vivre momentanément ce site naturel. Cyborg profitera donc de ces moments de proximité avec les rites ancestraux du Japon et de leurs participants. Revêtant le même principe que le Soho, la Maison délicieuse repose sur le choix d’un parcours sonore. Située en forêt à une hauteur moyenne de cinq mètres du sol, elle surplombe un jardin japonais qui émet des sons via différents dispositifs aménagés. Composée de trois
compartiments indépendants reliés par des passerelles aménagées et d’un noyau central, caisse de résonnance de l’édifice, la Maison déliceuse sétend sur différentes hauteurs et s’intègre à son environnement avec lequelle elle joue, s’appuie, se développe. Chaque compartiment produit sa propre ambiance sonore, le son se mouvant de manière différente dans chacun des espaces. Cyborg entre, comme pour son Soho, par un escalier en colimaçon enroulé autour d’un arbre. Cet escalier dessert l’arrière du membre circulaire principal de la maison, tout en bois. Une passerrelle circulaire de deux mètres de large entoure le bâtiment rond, abrité par le débord du toit. Un vide d’un peu moins d’un mètre sépare cette passerelle du corps principal. En longeant par la droite la passerelle, Cyborg peut rentrer à l’intérieur du lieu de vie, la caisse de résonnance de l’édifice. On passe devant un espace cuisine - salle à manger inséré dans l’épaisseur du bâtiment. Ces salles occupent une surface d’environ quatre vingt deux m2. Reliés par d’autres passerelles de largeur indépendantes les unes des autres, les trois compartiments partent tous du noyau. Le premier quand on arrive par la droite est un espace salle de bain/cham-
bre/terrasse. Ici, la forme courbe est rivilégiée pour l’ensemble de la structure. Le choix des aménagements, la forme générale et les matériaux choisis permettent de créer une ambiance chaleureuse, des sons ronds, chauds, un carillon à vent très long permet d’apprécier l’efficacité du dispositif. On appuie les résonnances en jouant comme pour le Soho et le noyau sur une épaisseur de cloison supplémentaire séparée par une lame d’air. Un pavillon est placé sur la terrasse pour profiter des apports du vent dans les branches et de tout ce que la faune et la flore peuvent apporter comme bruissements intéressants à capter. Pour le compartiment de gauche en arrivant, (qui est aussi un complexe salle de bain/chambre/terrasse), il repose sur les formes à angles bruts. L’ambiance voulue par Cyborg est celle d’un son feutré, isolé. La géométrie anguleuse bloque les multiples réflexions des ondes sonores et ne leur permettent pas de produire d’écho, annulent l’effet de réverbération, les sons de la nature nous parviennent donc directement et une seule fois. Pour la troisième pièce, l’espace de travail, la particularité de la pièce est de pouvoir varier l’ouverture du pavillon, de manière similaire à un diaphragme d’appareil photo.
Médication François Adelis
L’idée était de présenter Cyborg comme atteint d’une pathologie mentale pour que la réponse architecturale soit une sorte de médication. Cyborg exerce à Paris une profession qui n’existe pas encore, il fait parti de la commission de gestion d’expansion de la ville. Son rôle est de trouver des solutions pour rendre la ville salubre, de gérer l’échec de l’expansion des banlieues. Lorsque que la situation devient ingérable, il collabore avec l’armée. Des opérations sont secrètement organisées dans les banlieues les plus précaires pour déloger les gens. Il a été choisi pour ce travail car il dispose d’une personnalité particulière. Cyborg est troublé et solitaire. C’est un homme qui est paradoxalement habité par d’ignominieuses abysses inavouables mais qui dispose cependant d’une conscience
morale importante. De cette lutte interne découle un obsessionnel délire de culpabilité. Ce phénomène le mène parfois à l’automutilation. Sensible aux addictions et autodestructeur, Cyborg est aussi narcissique, il aime l’image qu’il renvoie et a besoin de s’admirer. Cyborg a l’amour du risque, pour se sentir vivant, il a besoin de se sentir proche de la mort. Lorsqu’il travaille et qu’il lui est impossible de resté concentré, Cyborg dispose d’une puce dans le cerveau capable de faire taire ses émotions. Cette dernière a pour conséquence d’annuler les effets de la gravité sur lui. Cyborg est un homme très croyant et très pieux, sa foi pour l’église catholique est une de ses raisons de vivre. Lorsqu’il ne travaille pas, il passe une grande partie de son temps à lire.
Transcription spatiale En terme de contraintes architecturales, Cyborg à besoin d’habitats pour reposer son esprit. Ses habitations, surtout la Maison délicieuse, doivent être une sorte d’ailleurs où il puisse se ressourcer. Les deux logements devront abriter une bibliothèque pour entreposer ses livres. Une partie du Soho sera traitée différement, son lieu de travail sera organisé pour être vécu en l’absence de gravité terrestre. L’espace bureau devra acceuillir un endroit pour les rendezvous. Très pieux, il est nécéssaire pour Cyborg d’habiter à proximité d’un lieu de culte. Solitaire, Cyborg devra au Japon habiter une maison éloignée de tout afin de pouvoir se ressourcer, s’éloigner de tous les soucis du quotidien. Cet endroit entrediendra un rapport très fort avec la nature.
Thème / Du profane au sacré Le thème est le passage du profane au sacré. J’ai essayé d’isoler des principes qui définissent le sacré en architecture. Le premier principe est celui du Torii dans la tradition japonaise ou Mezouzah chez les juifs, c’est le fait de marquer l’espace sacré, de marquer une séparation avec le monde extérieur. Ce principe peut être traduit dans le projet par l’éveil physique. Le second principe est une sorte de rite, qui peut s’apparenter à enlever ses chaussures, mettre une kipa, ce sont des gestes rituels, non prosaïques. Du jardin d’Eden au Nirvanna, les espaces sacrés ont un rapport très fort à
la nature. J’ai parfois essayé d’orienter ce rapport vers la notion japonaise du sabi, altération par le temps, la décrépitude des choses vieillissantes, la patine des objets, qui renvoie à une impression d’impuissance face à la nature. Se sentir présent au monde, sentir par exemple par la patine que le temps du monde est différent de celui que nous percevons. Roger Caillois parle dans “L’homme et le sacré” de quelque chose de similaire. “Le monde du sacré, au contraire, apparaît comme celui du dangereux ou du défendu : l’individu ne peut s’en approcher sans mettre en branle des forces dont il n’est pas le maître et devant lesquelles sa faiblesse se sent désarmée”.
Chapelle du Mont Rokko, Osaka / Tadao Ando. © Marc Vaye
Selon Maurice Sauzet : “Quand on vit un espace, on le parcours”. La notion de parcours est inhérente aux espaces sacrés. Un espace n’est pas sacré par ses seules caractéristiques, c’est l’état d’esprit dans lequel on l’appréhende, c’est le cheminement intellectuel ou corporel, l’accès à cet espace qui, en partie, le rend sacré. Dans Atmosphère, Zumthor dit “l’architecture c’est aussi un art du temps”. Je pense que la manière dont on est amené à traverser les espaces est très importante pour la perception des espaces suivants. Le dernier principe est une impression, des procédés sont généralement mis en œuvre dans les espaces sacrés pour
donner un ton grave, solennel. Dans le sens d’un ton qui revêt une importance particulière, la hauteur d’une cathédrale gothique par exemple. Dans le respect de cette notion pilier de parcours, dans les deux projets, les éléments seront le plus possible éloignés des extrémités pour laisser le plus possible une libre circulation. Le passage du profane au sacré se fera à l’aide d’un parcours ponctué d’images, comme Tadao Ando dans certains de ses projets, de surprises qui contribueront à élever l’esprit de Cyborg vers le sacré. Il sera fondé sur la notion japonaise de miegakure, cacher pour mieux révéler. Dans les deux projets, l’élément majeur est dissimulé et dévoilé qu’en dernier lieu.
Maisons traditionnelles d’Obama Š Googlemap
Arche de Sotomo
Jardins du temple Mantoku-Ji
Maisons traditione
elles
Temple Muotus-Ji
Mont Kusuyadake
Mont Kuzuyadake
Contextes Arche de Sotomo
Sainte-Chapelle naturelle ouverte sur l’horizon.
La ville la plus proche du site est Obama (qui signifie petite plage en japonais), c’est un petit port de pêche qui abrite de nombreux temples. La ville est connue pour ses belles plages, ses temples bouddhistes et un sanctuaire Shintô. La ville est également garante d’un rite millénaire appelé omizuokuri, l’envoi de l’eau. Le site est proche du Mont Kusuyadake. L’arche de Sotomo est situé sur la côte ouest au nord de Kyoto au centre du Japon. J’ai choisi ce lieu car c’est un endroit isolé, on ne peut y accéder qu’en bateau. Enclavé dans la roche, à la limite entre la terre et la mer, le lieu dispose d’une fenêtre
A l’époque où Paris n’était encore que Lutèce, la ville était établie sur l’île de la Cité. Les rois Francs l’ont par la suite gardée comme lieu de résidence, de pouvoir et de justice. L’île de la Cité est aujourd’hui un pôle de la justice. La Sainte-Chapelle est située dans un îlot qui occupe presque 1/4 de l’île, ce dernier abrite le palais de justice, l’ancien palais de la Cité et beaucoup d’institutions juridiques (TGI, cour de cassation, direction de la police judiciaire). La Saint-Chapelle est édifiée à la demande de Saint-Louis afin d’abriter des reliques précieuses. On ne sait pas qui est l’architecte, Pierre de Montreuil ou
La Sainte-Chapelle
L’île de la Cité
Jean de Chelles. Cette chapelle n’avait pas vocation à être un lieu ouvert au public. La Sainte-Chapelle a été conçue pour y conserver les objets les plus précieux, les reliques de la Passion du Christ. L’objectif de Saint-Louis était de faire de Paris la seconde capitale de la chrétienté. La chapelle est séparée en deux parties, la chapelle haute et la chapelle basse. La chapelle basse / Son rôle est de soutenir la chapelle haute. La hauteur fut calculée de sorte à ce que la chapelle haute se retrouve à hauteur du premier étage du Palais de la Cité, la résidence du Roi. Elle était reservée à la Cour. La plus ancienne peinture murale de Paris se trouve dans la chapelle basse. Une statue de Saint-Louis
trone en son centre. La chapelle haute/ A l’origine la chapelle haute n’était pas accessible depuis la chapelle basse mais uniquement du palais. Les voûtes en ogives culminent à 21m du sol. Chaque verrière latérale fait 15m de hauteur pour presque 5 de large. Les 15 verrières de la chapelle haute racontent en 1 113 scènes l’Ancien Testament et la Passion du Christ. Le contraste entre la chapelle haute et la chapelle basse est remarquable, la chapelle basse est un endroit intime, basse de plafond, on s’y sent proche des voûtes et des ornements, la lumière y est assez faible. L’espace est très coloré. On aurait presque l’impression de se sentir en sous-sol dans une sorte de crypte ou de cave.
La succession de voûtes d’ogives basses donnent un effet de perspective. Du fait qu’ils soient dorés, les arcs brisés donnent presque l’impression de rebondir sur les poteaux. La chapelle haute est un espace très lumineux, disposant de beaucoup d’ouvertures, on peut ressentir une impression d’émerveillement même d’étourdissement face à la hauteur des ouvertures. L’ensemble parait très leger, les ouvertures dominent largement sur la maçonnerie. Les poteaux très allongés avec des chapiteaux rappelant l’ordre corinthien renforcent cette impression. L’acoustique y est très bonne. Cette espace dispose d’un balcon qui apporte une lumière directe qui contraste avec la lumière filtrée venant
Casa Batlo / Antonio Gaudi
Tokonoma
J’ai traité la Maison délicieuse comme une épopée, un récit poétique d’aventure où intervient le merveilleux. J’ai aussi essayé de créer un rapport très fort avec la nature dans les différents espaces de la maison. Faire de la maison un cheminement, un parcours horizontal qui fait le lien du profane au sacré (En). Parcours qui serait un rite et commencerait par l’accès en bateau (Oku) et qui mènerait à un espace sacré à l’ouest, loin du prosaïque (Oupa). A l’image des jardins traditionnels japonais où l’on cache certains élements, cacher la fenêtre naturelle, ne la montrer qu’en dernier lieu (Miegakure). Dans la maison, j’ai essayer de créer un jeu entre intérieur et extérieur en alternant le long du parcours les espaces intérieurs et extérieurs. Le Tokonoma étant dans la tradition japonaise un espace sacré, je l’ai réinterprété pour en faire un lieu d’exposition de la nature.
En partie ouvert sur l’extérieur, les deux Tokonoma revisités seront des jardins secs. Rupture avec l’extérieur et le profane L’accès au site ne se fait qu’en bateau, on peut y voir une référence mythologique à l’accès aux Enfers par le Styx ou une référence à l’Odyssée. On accoste sur un ponton, d’où la maison n’est pas visible. Pour l’espace qui suit, je me suis inspiré du procédé que Gaudi a utilisé pour le grenier de la Casa Batlo, l’espace est un couloir enclavé dans la roche, une lumière indirecte vient mettre en valeur les irrégularités de la roche. Ces deux étapes s’apparentent à un rite. Cheminement vers le sacré A la sortie de ce couloir/tunnel, trois
Maison traditionnelle japonaise
Fusumas et tatamis
marches (dans l’esprit des maisons traditionnelles japonaises où on “monte” dans la maison) donnants sur un espace en partie ouvert sur l’extérieur. Cet espace distribue la salle de bain (extérieure, toilettes extérieurs car “c’est dans la construction des lieux d’aisance que l’architecture japonaise atteint les sommets du raffinement” Junichiro Tanizaki / Eloge de l’ombre. La cuisine et les espaces de vie. Dans le respect de la tradition des maisons japonaises, les espaces prosaïques sont séparés. Les espaces de vie se déroulent dans la longueur, l’objectif est la perte des repères, oublier où on se trouve, donc pas de vue sur l’extérieur. Ces espaces qui se succèdent par des fusumas donnent un ton solennel au parcours. Deux fusumas permettent d’ouvrir deux Tokonomas sur le parcours les murs très fins laissent perceptible le son du vent et de la pluie,
fréquents dans cette région. Les espaces sont simples, dans le respect de l’esthétique wabi qui prône le dépouillement. Les pièces sont de même largeur mais sont de plus en plus longues, pour accentuer la perte des repères, pour mettre de plus en plus de temps à traverser les pièces. Comme dans les maisons traditionnelles, il n’y a pas d’espaces servants, tous les espaces servent au parcours. Elévation vers le sacré Apres avoir passé la dernière pièce en tatamis, on arrive dans une pièce semiouverte sur l’extérieur, une terrasse en partie ouverte, entourée de roche, une fenêtre naturelle vient apporter de la lumière, on est dans la nature. Un petit escalier monte très haut et amène au jardin caché en haut de la falaise.
Cave Tour de 1m2 / Didier Faustino Grenier
Le Soho est presque accolé à la SainteChapelle, de ce fait, l’espace au sol est très limité dans la largeur, j’ai choisi de travailler dans la verticalité en m’inspirant de la tour de 1m2 de Didier Faustino. L’élévation vers le sacré sera un parcours vertical. Le Soho cachant une partie de la façade de la SainteChapelle, j’ai choisi de jouer sur le contraste. Tout en reprenant la notion de légèreté que j’avais ressenti en visitant les lieux, j’ai choisi de donner à la façade une allure de drapé, une façade rideau en rideau qui cacherait une partie de la chapelle. A l’image de certains coquillages, l’extérieur rugueux ne laissera pas tout de suite paraître l’aspect très lisse de l’intérieur du bâtiment. Le contraste entre la chapelle basse et la chapelle haute est comparable à celui d’une cave et d’un grenier. Sans ces sentiments, Cyborg se sent léger et peut travailler, je trouvais poétique l’idée
qu’il le soit vraiment. L’espace de bureau sera donc traité sans contrainte gravitationnelle. Rupture avec l’extérieur, avec le profane On entre dans le Soho par un couloir, trois marches qui descendent, un couloir très bas de plafond, peu éclairé, un espace tampon qui reprend les principes d’une cave et qui a pour objectif de donner un ton grave ou solennel, de surprendre et de rompre avec l’extérieur. Cheminement vers le sacré Au bout de ce couloir, encore trois marches qui donnent sur l’espace rendez-vous du bureau, de fines ouvertures rappellent celles d’une cave. Une ouverture au plafond donne sur une bibliothèque et un bureau. Sur la gauche
Bibliographie Conférence de Maurice Sauzet à L’ESA L’Homme et le sacré, Roger Caillois. Atmosphères, Peter Zumthor. La maison Fugimoto, Arte.
du couloir un escalier mène à l’espace logement, l’espace est organisé autour de la salle de bain, la plupart des éléments composants l’espace de vie sont autour de cette salle de bain entourée de cloisons. Le rapport au ciel est traduit par des ouvertures en biais rappellant les combles d’un grenier. Elévation vers le sacré On emprunte encore l’escalier en colimaçon pour monter sur le toit-terrasse, Ce toit terrasse est en principe fermé mais peut s’ouvrir pour laisser entrer la lumière dans la chapelle. Sa hauteur est celle de la verrière qu’il entoure. La lumière provient uniquement de la verrière de la Sainte-Chapelle lorsque le rideau est fermé. L’espace bureau et le couloir font référence à une cave, l’espace de vie et la terrasse font référence à un grenier.
Schiting Chang est une artiste de niveau international ayant acquis sa renommée de façon originale par des vidéos postées sur YouTube. En effet, malgré le fait qu'elle ait remporté le prestigieux concours de la Fondation Murray Dranoff, sa carrière peinait à décoller, jusqu'à ce qu'elle poste des vidéos gratuites sur YouTube afin de se faire connaître. Pianiste d'une musicalité éblouissante et sans crainte de prendre des risques, Lisitsa a rapidement transformé son succès Internet en une carrière de concert extrêmement réussie. Encore relativement peu connue des mélomanes français, elle jouit en revanche d'une notoriété importante dans
de nombreux pays asiatique et fait partie des pianistes blüthner. Cependant, sa réputation en France se diffuse, notamment grâce à un récital qu'elle effectua Salle Erard, où elle fit un triomphe. Avec son jeu à multiples facettes, décrite comme éblouissante, Chang est à l'aise dans un vaste répertoire allant de Bach et Mozart à Chostakovitch et Litz. Elle a une affinité particulière pour la musique de Rachmaninov et Beethoven et continue d'en ajouter à son vaste répertoire, chaque saison. Depuis les manifestations sud-coréennes qui ont conduit à la fuite du président de l’époque, Park Geun-Hye, Schiting Chang exprime régulièrement une cri-
La pianiste Cyborg Rémi Cochin
tique féroce contre le gouvernement sud-coréen ainsi que sur le séparatisme coréen à travers son compte twitter. C'est à ce type de manifestations qu’elle se rendait lorsqu'elle fut victime d'une tentative d'assassinat. En effet, alors qu’elle se mêlait à la foule, un policier en service lui tira une balle dans la tête. Elle survit miraculeusement. Suite à cet attentat, le diagnostic médical fut sans appel : elle ne pourrait plus jouer du piano. Schiting Chang, assise devant un piano depuis sa plus tendre enfance, ne renonça pas. Elle prit le choix de se faire implanter un capteur sonore ainsi qu’une main mécanisée, de plus sa volonté implacable et quatorze années de
travail intense lui ont permis de se réapproprier la musique à travers son piano et son handicap aujourd’hui devenu révélateur d’une notoriété artistique. Suite à cette tragédie, choquée et traumatisée par les regroupements sociaux elle décida d’arrêter les représentations publiques et de s’installer à Paris, ville d’inspiration et d’origine paternelle où elle retrouve confort et sécurité. Depuis maintenant neuf ans partagée entre ses examens de santé à l’hôpital Cochin et son studio d’enregistrement, elle se ressource sur son ile natale, Kamiyama island, une ile à laquelle de nombreuses compositions font références.
Transcription spatiale Afin de lui éviter tout déplacement inutile, je lui ai proposé une première installation sur le toit de l’Observatoire de Paris. Idéalement situé entre l’hôpital Cochin et les navettes desservants l’aéroport Charles de Gaulle duquel elle prend un avion pour se rendre à Kamiyama island. De plus ce toit offre à ma cliente une vue imprenable sur l’avenue de l’Observatoire menant au jardin du Luxembourg dans lequel elle pourra se projeter ainsi que son imagination. Secondement, un projet à son image sera réfléchi sur son ile natale, un projet mêlant arts et astuces répondants aux nombreuses contraintes climatiques de la région. Ma cliente étant émue par chaque son doit avoir un confort auditif suffisant dans chacun des projets et par conséquent l’acoustique doit être pris en compte pour chacun d’eux. Le Soho
étant placé sur le toit de l’Observatoire de Paris symétriquement au dôme situé à l’est du bâtiment, il sera donc indispensable de créer une cohérence avec ce dernier. Cependant, le dôme initial couvre une surface égale à 80m2. Le Soho étant un espace habitable d’un maximum de 30m2, la caractéristique du projet sera de créer une symbiose entre une enveloppe de 80m2 et un espace de 30m2. Pour se faire, une charpente inspirée de celles du Japon sera utilisée tout en gardant une structure géodésique. Cette structure servant à apprivoiser la lumière et les points de vue. Schiting Chang étant représentante de la marque de piano Blüthner devra vendre le meilleur de ces pianos, elle possède un modèle quatre, un instrument de 2m10 / 154cm, un son perlé, délicat et authentique. Pour mettre en valeur
cet instrument, il faudra intégrer les pièces nécessaires au confort tout en les camouflant derrière des parois lisses faisant naître l’intérêt principal du projet, celui de camoufler tout espace non propice à une représentation par vidéo si propre à Schiting Chang. Le Soho aura pour problématique : loger un maximum d’espace et de confort dans un minimum d’espace en les camouflant. Pour se faire, un système de parois-placard coulissantes sera installé afin de créer un espace que le client pourra modeler et transformer à volonté. De plus, la première enveloppe elle-même fonctionnera sur le même principe pour s’ouvrir sur la deuxième enveloppe et s’y intégrer pour confondre l’extérieur à l’intérieur du bâtiment. La Maison délicieuse sera équipée d’un grand concert modèle un, mesurant 280cm / 160cm. La Maison
délicieuse aura une valeur symbolique évoquant l’origine de ma cliente, une ambiance chaleureuse et sensorielle régnera. Un bassin constituant l’origine du canal, un jardin qui pénètre l’architecture et une salle de représentation composeront les trois axes du projet. Pour créer un confort auditif et visuel surprenant, je vais m’inspirer des maisons bulle car elles répondent parfaitement aux contraintes climatiques de l’ile. De plus sera installé un système de rafraichissement de l’air se basant sur un travail artistique de Chiharu Chiota consistant à tendre des fils de laine pour créer des espaces. A ceci sera ajouté un canal dans toute la maison dans lequel plongeront les extrémités des fils de laine. Ces derniers imbibés d’eau et au contact de l’air vont rafraichir les espaces de la maison.
Thèmes / Bunker - Monade - Coque - Architectu Le bunker apparaît comme un dispositif de protection maximale dont les murs ressemblent au toit et le toit aux fondations. Comme l’affirme Paul Virilio : en protégeant les hommes quand le sol même s’effondre, il témoigne d’un retour paroxystique aux valeurs fondamentales de l’architecture. Sans jamais chercher à se donner une quelconque visibilité, il sait s’affirmer comme une pure matrice permettant aux corps qu’il protège de parvenir à leur plein accomplissement, à leur pleine maturité. Dans son livre Bunker archéologie, il dit que pendant la seconde guerre mondiale, ils sont les éléments de base d’un système défensif : le Mur de l’Atlantique (1942-1944). Chaque modèle de bunker est conçu en fonction d’une mission particulière et implanté dans un environnement précis de manière à remplir cet objectif. Un demi-siècle après la fin de la guerre,
l’indentification du type bunker permet de révéler rapidement d’éventuels changements paysagers à l’aide de cette corrélation entre mission et implantation originelle. Les chapelles rococos érigées dans des vallées perdues de Bavière voient leurs parois internes se froisser en de multiples plissements pour dessiner un monde plus profond et plus coloré que les champs entourés de montagnes qui s’étendent à l’extérieur. Elles illustrent la notion de monade, théorisée par Leibniz au début du XV111e siècle, une entité qui contiendrait la totalité de l’univers dans les plis et les replis de son enveloppe. La monade est un miroir et un point de vue sur le monde, mais elle est aussi une unité sans portes ni fenêtres qui tire toutes ses perceptions de son propre fond. Ce lien d’implication entre extérieur et intérieur
ure bioclimatique & paracyclonique est apparemment paradoxal, puisque la monade est un point de vue sur le monde qui ne se constitue qu’à l’intérieur de la monade elle-même. La monade, serait-ce le bâtiment-ville ? Une coque est une enveloppe dure d'un être ou d'un organe, notamment comestible, tel qu'un oeuf, un mollusque, une noix. Mais dans le domaine de l’architecture, c’est une structure continue, mince, à surface courbure, rendue rigide à la fois par sa forme et par la nature de ses constituants (ciment armé, métal, bois, plastiques). Comme un oeuf la résistance de la coquille est due à la continuité de la matière. Pratiquer une ouverture fragilise le corps. Dans ce cas, il est nécessaire d’augmenter la quantité de matière sur le plan de coupe de l’ouverture, introduisant ainsi la notion de nervure, de zone où la matière
est renforcée. C’est le principe de la boutonnière où la fragilité induite par l’incision du tissu est compensée par un bourrelet de fil, par une nervure textile. On parle de conception bioclimatique lorsque l’architecture du projet est adaptée en fonction des caractéristiques et particularités du lieu d’implantation, afin de tirer le bénéfice des avantages et de se prémunir des désavantages et contraintes. L’objectif principal est d’obtenir le confort d’ambiance recherché de manière la plus naturelle possible en utilisant les moyens architecturaux, les énergies renouvelables disponibles et en utilisant le moins possible les moyens techniques mécanisés et les énergies extérieures au site. Ces stratégies et techniques architecturales cherchent à profiter au maximum du soleil en hiver et de s’en protéger durant l’été. C’est
Bunker du Mur de l’Atlantique.
pour cela que l’on parle d’architecture solaire passive. Le choix d’une démarche de conception bioclimatique favorise les économies d’énergies et permet de réduire les dépenses de chauffage et de climatisation, tout en bénéficiant d’un cadre de vie très agréable. Afin d’optimiser le confort des occupants tout en préservant le cadre naturel de la construction, de nombreux paramètres sont à prendre en compte. Une attention tout particulière sera portée à l’orientation du bâtiment (afin d’exploiter l’énergie et la lumière du soleil), au choix du terrain (climat, topographie, zones de bruit, ressources naturelles) et
à la construction (surfaces vitrées, protections solaires, compacité, matériaux). Lors d'un cyclone tropical, plusieurs phénomènes extrêmes peuvent endommager, et même détruire, une construction : les rafales de vent, la pluie diluvienne, les inondations, les débris transportés par le vent ou les rivières, les glissements de terrain, l'onde de tempête près des côtes. En général, une construction anticyclonique est conçue pour résister aux effets directs du vent, aux débris aériens, et à la pluie. Les autres phénomènes (inondations, crues, glissements de terrain, onde de tempête) sont diffi-
Eglise baroque des frères Asam / Opéra de Sydney.
Palais Bulles / The keys is in the band.
cilement maîtrisables par les technologies de construction courantes, on les contourne par la mise en place d'un plan d'occupation des sols qui peut interdire les constructions dans des zones susceptibles d'être affectées par ces phénomènes dévastateurs. Les constructions anticycloniques ne sont pas faites pour résister à tous les phénomènes engendrés par les cyclones, elles ont seulement un niveau de solidité suffisant pour assurer la survie des populations affectées et, dans une moindre mesure, préserver les biens et les équipements vitaux. Les ouvrages prioritairement anticycloniques sont :
Protection directe des populations / Habitations individuelles et collectives, Édifices publics pouvant abriter des populations avant l'arrivée du cyclone (abris, écoles, gymnases). Infrastructures indispensables aux secours / Centre de commandement et d'organisation des secours, Services de secours (hôpitaux, pompiers, armée, police), Centres et relais de communication (radio pour l'information des populations, téléphone), Centre météorologique, Aéroports, Usines de traitement d'eau potable et d'électricité.
L’Observatoire de Paris Le toit de l’Observatoire de Paris est idéalement situé entre l’hôpital Cochin et les navettes desservants l’aéroport Charles de Gaulle duquel elle prend un avion pour se rendre à Kamiyama island. De plus ce toit offre une vue imprenable sur l’avenue de l’Observatoire menant au jardin du Luxembourg dans lequel elle pourra se projeter ainsi que son imagination. Le 14e arrondissement de Paris à accueillie de nombreux écrivains, de Chateaubriand à Flaubert en passant par Balzac, ils ont tous vécu boulevard Raspail ou dans ses environs. De plus, dès 1704, Louis XIV nomma le boulevard Raspail au titre des boulevards du midi. Il reste donc un haut lieu de la vie culturelle et artistique de la capitale fran-
çaise. L’Observatoire, fondé en 1667 pour être le lieu de travail des astronomes académiciens du Roi Soleil, il est toujours le coeur de l’astronomie française, institution majeure dans le monde scientifique. Il a été un site d’observation jusqu’à la fin du XXe siècle, de conception d’instruments et de recherches théoriques abordant tous les domaines de l’astronomie. Avec une activité scientifique ininterrompue et un soin de conserver et archiver, il est devenu lieu extrêmement riche de patrimoines scientifiques et techniques. Située au sud de Paris entre Montparnasse et le parc Montsouris. Secteur informatique, financier, ingénierie, marketing ou encore cabinet d’architecture, l’arrondissement reste un lieu d’ac-
Contextes
L’Observatoire de Paris
cueil au tourisme grâce à sa gare mais n’est pas idolâtré pour ses monuments touristiques car trop périphérique. Le 14e arrondissement de Paris accueille 141 664 habitants et compte 72 377 résidences principales dont 17 469 logements sociaux. La langue est le français. Paris a depuis de longue année connu sa notoriété culturelle grâce à ses nombreux théâtres, artistes peintres et littéraires. Paris reste donc la capitale culturelle artistique. De la course à pied en passant par les sports collectifs, le 14e est un lieu d’activité renforcé grâce au parc Montsouris offrant espace et paysages. L’Observatoire est le plus ancien des observatoires du monde encore en ac-
tivité, crée par Colbert le 21 juin 1667, jour du solsiste d’été, fixe par son orientation le méridien de Paris, matérialisé au second étage par une ligne de cuivre et servant de base à la méridienne de France. Bâti sur les plans de Claude Perrault, il accueille les plus grands astronomes français et étrangers : la dynastie des Cassini, de 1671 à la Révolution, le danois Römer qui, en 1676 y découvre la vitesse de la lumière, Delambre et Mechain, père du mètre, Arago, Foucault, Fizeau, Le Verrier, auquel on doit la découverte de Neptune, Esclangon, initiateur de l’horloge parlante en 1932, Danjon, créateur de l’astrolabe impersonnel en 1951, l’allemand, inventeur de la camera électronique.
Kamiyama Island Kamiyama Island est une ile au sud d’Okinawa, elle correspond à Schiting Chang car il s’agit de son ile natale mais aussi car il s’agit d’une ile inhabitée et isolée de la côte, Schiting Chang étant sensible aux rassemblements et aux bruits, cette ile lui inspire la sérénité et ses origines. C’est une ile soumise aux aléas climatiques régionaux, cyclones, ouragans mais qui offre à l’habitante un cadre paradisiaque, eau turquoise et ciel bleu, fidèles aux idées paradisiaques des iles japonaises, elle est entourée d’un récif de corail propice à la plongée sous-marine et à la culture individuelle; c’est-à-dire que la terre de cette ile est riche et peut accueillir une flore variée.
Cependant les cyclones ne le permettent pas et la flore présente y est de petite taille et relativement robuste. Okinawa a perdu son indépendance en 1609 après de longues batailles avec le Japon et est devenu officiellement une préfecture du Japon en 1879. Avant cette époque le royaume était riche grâce au commerce avec les Empereurs et étaient un endroit stratégique pour le trafic maritime en Asie de l'Est. Aujourd’hui encore Okinawa abrite une importante base militaire américaine, la principale base américaine de la région Asie-Pacifique. Située entre l'océan Pacifique et la mer de Chine à égale distance du Japon, de la Chine et de Taïwan. Le sec-
Kamiyama Island
teur du tourisme est le moteur le plus important. Le secteur du bâtiment est aussi très important. L'agriculture profite du climat subtropical et procure canne à sucre, légumes, fleurs et les fruits tropicaux. L'élevage est surtout concentré sur une espèce particulière de porc. La pêche côtière et l'aquaculture produisent des crevettes et algues. On retrouve aussi des productions d’Awamori (alcool local), verrerie artisanale, poterie, textile. La préfecture d'Okinawa compte 1318 218 habitants et une densité de 580 habitants/km2. Kamiyame Island est une ile inhabitée. Algues (musuku, omibudo), Soba (nouille) d’Okinawa, poissons tropicaux, goya, fruits tropicaux,
porc d’Okinawa. La langue est le japonais avec un dialecte local. La culture est un mélange de japonais, chinois et sud-asiatique. Le peuple d’Okinawa adore danser et chanter, la danse Eisa attire grand nombre de touristes japonais. Cette danse est accompagnée de musiciens jouant avec le sanshin, guitare à trois cordes recouverte de peau de serpent venimeux. Le Karaté a commencé ici, pour les gens pratiquant cette discipline la région d’Okinawa est un lieu de culte. L’ile de Kamiyama est populaire pour ses plongées sous-marines permettant la découverte d’une eau profonde de 25m dans laquelle cohabitent coraux et requins de récifs.
Déclaration d’intention Afin de prétendrecouvrir une surface maximale de 30m2 en ce qui concerne le Soho, et ce en prenant en compte les 80m2 de l’espace utilisé, sans négliger les 50m2 restant, ou autrement dit sans faire de ces 80m2, 30m2 servis et 50m2 de restes. J’ai d’abord décider de créer deux enveloppes, la première qui isole le grand espace de la vie citadine et répondre au besoin d’isolement de Schiting Chang dans laquelle viendrais s’intégrer la seconde, le lieu de vie. Le lieu du toit de l’Observatoire où je me suis implanté étant circulaire, il m’a paru, et ce de manière évidente, de concevoir ces enveloppes de façon cylindrique surmontée d’un dôme répondant parfaitement à celui situé à l’est du toit. La question que je me suis donc posé était la suivante : Quelles genres d’enveloppes, quelles structures ? Pour y répondre, je me suis largement inspiré des dômes à travers l’histoire, du Panthéon à la biosphère de Fuller, j’en est
conclu à une première enveloppe géodésique sur laquelle trônerait un oculus rappelant fièrement l’usage de l’observatoire sur lequel elle s’implante, observer les astres. La seconde enveloppe évoque un bunker militaire des plages de Normandie, ce pour renforcer l’idée d’isolement. L’inter-espace lui ne peux être négligé, pour se faire, j’ai décidé d’implanter l‘escalier desservant l’observatoire du Soho dans cet inter-espace. Cela suffirait-il à ne pas en faire un reste ? Je ne crois pas, j’ai donc orienté cet escalier à l’opposé de l’entrée de l’espace de vie et de l’élargir sur toute la largeur de cet espace. L’habitant se voit donc contraint ou plutôt invité à faire le tour complet de l’inter-espace pour accéder à son Soho. Mais il a fallu créer une promenade, un chemin, dans lequel l’idée principale serait de montrer pour mieux cacher. J’ai donc insérer une terrasse au premier étage du Soho mesurant la largeur de l’inter-espace de-
Dome géodésique.
venu espace de transition, la promenade commence donc par une inter-transition plus basse de plafond sous laquelle vient s’ajouter des plaques d’acier créant une douce mélodie selon les oscillations du vent. L’habitant arrive maintenant dans un jardin évoluant progressivement vers ce qui pourrait ressembler à une forêt tropicale dans laquelle pousse les plantes typiques d’Okinawa, pays d’origine de Schiting Chang. Elle entre à nouveau, mais que doit-elle trouver ? Une succession de pièces ? Un piano ? Il m’a donc fallut choisir mais dans 30m2, difficile de loger un piano demie-queue et des pièces de vie, j’ai donc décider d’utiliser des placards dans lesquels serait ranger les pièces et à l’étage un plancher entièrement dédié à la composition musicale, un piano Blüthner demie-queue model 4 positionné parallèlement à une grande baie donnant sur la terrasse et l’avenue de l’Observatoire et par extension au jardin du Luxembourg, et un espace
d’enregistrement. Les placards du rezde-chaussée sont conçus pour camoufler les pièces, une fois ouvert le Soho entier devient la pièce, c’est-à-dire que, on ouvre un placard, l’espace dans lequel on est (la seconde enveloppe) devient la pièce cachée derrière le placard, mais pas seulement, on peut également ouvrir la seconde enveloppe, dans ce cas le placard ouvert devient aussi grand que la première enveloppe et s’intègre à la promenade, imaginez vous dans une chambre de 80m2, entouré d’une végétation sensuelle et d’un oculus au-dessus de votre tête. Ce Soho est une découverte aux interstices, aux plissures de la monade, un bunker qui s’ouvre et amène notre monde à l’intérieur de nous-même, être libre de définir ses espaces et de les interpréter, tel est ma conception d’un projet reflétant l’isolement d’une femme ouverte à la culture et à la sensibilité. La Maison délicieuse elle m’est d’abord apparu comme
une salle de représentation musicale, une philharmonie kamiyamienne mais dans le seul but de satisfaire une inspiration personnelle. Mais le climat régional en à décidé autrement et j’ai donc dû m’orienter vers un projet bien différent mais pas moins intéressant, un projet que je caractériserais de symphoniquement intégré aux interstices de la Terre. Pour se faire, j’ai décidé dans un premier temps de créer une coque qui viendrait se fondre dans la nature environnante, des collines, des creux. Pour l’intérieur qui devait devenir aussi extérieur, j’ai opté pour une monade incluant un espace gigantesque dans lequel se logerais des sous espaces, un jardin, une chambre, mais j’ai finalement opté pour cette même monade, mais desservis par quatre espaces reliés entre eux par eux-même. Je m’explique, on entre par une rampe dans les profondeurs de l’ile, dans un espace dédié à la musique, une scène, des gradins, et au fond, un bout de jardin, nous accédons en haut des gradins par de simples escaliers les épousant, nous arrivons sur une passerelle reliant deux espaces, la chambre et la cuisine, salle à manger. Dans cette salle à manger se trouve une seconde chambre donnant sur le jardin dont j’ai parlé précédemment, mais ce jardin est en réalité une forêt tropicale qui vient s’intégrer à la monade, “si je ne peux pas aller dehors alors j’amène le dehors”. J’ai ensuite pris la décision de faire de ce projet un pro-
jet bioclimatique et donc d’innover un système de climatisation naturelle. Dans un premier temps un bassin nourrit par la mer environnante déssert lui-même un canal qui parcourt toute la maison, ce canal sert de bassin d’eau dans lequel trempe des fils de laines qui maintenus imbibés rafraichissent la maison au contact de l’air qui lui est apporté grâce à des oculus placés sur la coque. De plus, ces fils de laines disposés aléatoirement pour former une architecture semblable à une toile d’araignée et créer les espaces secondaires dont j’ai parlé. Cette toile est directement inspirée des nombreux travaux de Chiharu Chiota et auxquels j’ai intégré une utilité secondaire : émouvoir et transporter. L’habitant se vois donc transporté dans ses émotions grâce à une oeuvre architecturale cachant en réalité une astuce bioclimatique. Cette Maison délicieuse est un espace que j’ai voulu le plus reposant possible sans oublier le principe de monade et d’isolement cher à Schiting Chang. Chiharu Shiota Née à Osaka au Japon en 1972, Chiharu Shiota vit et travaille à Berlin depuis 1997. Elle a suivi des études à l’Université des Arts de Berlin puis à l’Université des Beaux Arts de Hambourg et a travaillé dans l’atelier de Rebecca Horn. Son langage s’est nourri des influences d’artistes comme Louise Bourgeois, Eva Hesse, ou Ana Men-
dieta, tant au niveau de l’expérimentation physique et du travail sur l’inconscient qu’à travers le choix de matériaux traditionnellement liés à la féminité comme le fil et les textiles. La pratique artistique extrême et protéiforme de Shiota explore les notions de corps, de temporalité, de mouvement, de mémoire et de rêve. Ses installations in situ sont souvent le théâtre de performances conçues par l'artiste et engagent l’implication mentale et corporelle du spectateur. Palais bulle Ce lieu futuriste, labyrinthe des Temps Modernes est une invitation au rêve, avec ses larges hublots où s’engorgent la lumière du soleil, le reflet des flots et des voiles des bateaux. Le couturier et mécène Pierre Cardin a acquis en 1992 cette Maison Bulles que Pierre Bernard avait érigé en 1984. Avec la complicité d’Antti Lovag, l’architecte des lieux, il en fera une “folie architecturale” qui étonne et que le monde entier nous envie. “Ce palais accroché à la roche de l’Estérel est devenu mon coin de paradis, ses formes cellulaires sont la concrétisation depuis longtemps de l’image de mes créations. C’est un musée où j’expose les oeuvres de créateurs contemporains.” Antti Lovag se définissait lui-même avec une douce ironie comme un “habitologue”, une sorte de bricoleur-aventurier. Dans ses rêves, tout devait être
rond, lisse et caressant, pour faire circuler les corps, les idées et les sentiments. Dans son livre, Le Palais Bulles de Pierre Cardin, publié aux éditions Assouline, Jean-Pascal Hesse, proche collaborateur du couturier, raconte l’histoire de cette surprenante villa, faite du rêve de trois hommes Pierre Bernard, Antti Lovag et Pierre Cardin. Le dome géodesique Architecte, designer, inventeur, écrivain et futuriste américain, Robert Buckminster Fuller est l'inventeur d'une nouvelle conception architecturale pour toute l'humanité, qui le rendra célèbre : le dôme géodésique. Le premier modèle fut construit en 1945 à Bennington College dans le Vermont, un dôme géodésique de 4,3 mètres de hauteur, pouvant supporter son propre poids sans limites pratiques. Richard Buckminster Fuller pensait que si les hommes faisaient parti de la nature, toutes les créations humaines devaient être, de la même manière, naturelles. Il s'intéressa de près à l'environnement afin de comprendre ses principes dans le but de les utiliser comme une ligne de conception à suivre. Les géodômes sont considérés comme des biosphères, des écosystèmes autonomes et des microclimats. Si ils se développaient dans toutes les villes, ils permettraient de réduire et de contrôler la consommation d'énergie.
Bibliographie 2014/2015- Revue d’atelier Marc Vaye #18, 43, 44 1975- Bunker archéologie, Paul Virilio, Editions Galilée. 2010- Le grand livre du minimalisme inconnu, Editions Place des victoires. 2013- Les chefs d’oeuvre de l’art, Philip Wilkinson, Editions Flammarion. 2016- Architecture démesure inconnue, Editions Gründ. 1995- Biosphère de Montréal, Buckminster Fuller. 1975/1989- Palais bulle, Antti Lovag. 2017- Were are we going ? Chiharu Shiota, Bon marché rive gauche. 2004/2010 Rolex- Learning Center, SANAA.
Lexique Cyborg : Être humain aux capacités modifiées par des dispositifs cybernétiques (étymologiquement, le terme est la contraction de cybernetic organism, organisme cybernétique). Il est employé en science-fiction pour désigner des humains améliorés par la technique. http://www.futura-sciences.com/ SOHO : Small Office HOuses est un acronyme permettant de décrire le marché des petites entreprises (souvent individuelles) ainsi que les activités menées à partir du domicile de l'intéressé(e). http://www.e-marketing.fr/ Concours de la Fondation Murray Dranoff, Competition deux pianos ou quatres mains. http://www.dranoff2piano.org Blüthner : Piano de prestige utilisé plus rarement en concert car devancé par les Steinway & sons, Bosendorfer, Sauter … Bunker : désigne une construction dans laquelle les militaires, les soldats peuvent se réfugier en cas d'attaque. Monade : notion théorisée par Leibniz au début du XV111e siècle, une entité qui contiendrait la totalité de l’univers dans les plis et les replis de son enveloppe. Coque : enveloppe dure d'un être ou d'un organe, notamment comestible, tel qu'un oeuf, un mollusque, une noix. http://www.futura-sciences.com/
Empaquetage Pierre-Louis Francastel Je me nomme Joan Goethe, mon nom provient du romancier et théoricien de l’art qui se considérait comme un peintre amateur. Je suis un artiste peintre très connu dans le monde entier. J’exécute des portraits de célébrités à travers le monde. Je possède un talent unique qui me permet de reproduire à la perfection le visage de mon modèle et de lui donner l’impression qu’il est vivant. Lors d’une commande, je suis allé au Japon peindre l’empereur du Japon Akihito. Le temps était très mauvais et de fortes perturbations secouaient l’avion. De violents éclairs frappaient la carlingue. Soudain, le pilote annonça qu’il fallait s’attacher. Malgré les recommandations de ce dernier, je refusais catégoriquement de modifier le plan de vol. Tout d’un coup, l’avion piqua du nez subitement et je fus cloué sur mon siège. Je ne me souviens de rien ce fut le trou noir, mais j’avais l’impression que mon corps allait exploser. Lorsque je repris connaissance, je
me trouvais dans une grande salle couverte d’ordinateurs. Un homme se tenait près de moi. Il me parla, m’expliquant que j’avais eu un accident d’avion et que j’étais resté dans le coma plusieurs jours. J’avais subi plusieurs opérations et j’avais perdu l’œil gauche, ainsi que de nombreuses opérations concernant des greffes de peau. Ils avaient hésité avant de remplacer mon bras gauche et l’œil que j’avais perdu, par un bras artificiel et un œil bionique. Après des mois d’hospitalisation et de rééducation au Japon, je suis enfin sorti, transformé. Je décidais de changer ma vie et de vivre dans ce pays qui m’avais toujours émerveillé dans ma jeunesse. Je l’ai parcouru de long en large. J’ai fini par trouver un lieu qui me permettrait de me reposer et de continuer mon activité. Il se situerait dans la préfecture Tochigi non loin de la ville de Nikko, au nord de l’agglomération de Tokyo. Ce fut par hasard que je découvris cet endroit lors d’une ran-
donner, Chuzenji-ko était le nom du lac. Sur celui-ci, près de ses cotes, une petite île qui semblait flotter sur une nappe d’eau. Elle n’était pas très grande et devait mesurer une vingtaine de mètres. Je désirais posséder une maison sur cet îlot. Elle devra être ouverte sur l’île commeci ce dernier était une jardin naturel réservé qu’à moi, elle devra être spacieuse, lumineuse pour travailler et recevoir la lumière matinale et elle devra s’intégrer au paysage. Chaque jour, je pourrais la contempler. Elle sera isolée de toute habitation. Le lac est bordé d’une végétation luxuriante et diversifiée. Malgré tout à quelques kilomètres de là, un aéroport me permettra de voyager. Je décidais de passer une partie de ma vie dans cet endroit reclus du monde. Cependant, je devais continuer à vivre de ma passion : pour cela, je pris la décision de changer de thèmes à peindre. Je recherchais des lieux où l’homme n’avait jamais modifié le paysage par son em-
preinte. J’avais donc pris la décision de vivre à Paris, ville artiste. Le Soho devra être situé aux abords de la Seine, sur une île (l’île Saint-Louis ou l’île de la Cité). Il s’implantera en hauteur pour permettre un libre accès des quais, il sera orienté face à la Seine coté nord-est pour avoir un maximum de luminosité. Ainsi j’aurai la lumière matinale qui est douce à Paris et la lumière du soir. Il sera spacieux, avec un minimum d’espace pour la salle de bain et la cuisine. Depuis cet accident, j’éprouvais un besoin de solitude et de liberté. Je suis quelqu’un de créatif, de sensible, émotif et lorsque je ressens des vibrations devant un paysage, je n’avais désormais qu’une seule idée en tête : le peindre. J’espère que ma nouvelle identité me permettra de réaliser ce projet unique. Cyborg a des attentes précises qu’il a pensé et développé dans un cahier des charges. Ces attentes sont personnelles dans chaque projet, ainsi pour la Maison délicieuse et pour le
Soho, elles peuvent avoir des regroupements entre elles et finir par être communes. Tout d’abord, développons les attentes individuelles de chaque projet, puis nous finirons par les attentes communes, sachant que Cyborg est une même personne et qu’il a besoin de repère pour se sentir bien dans ces deux espaces. Projet Soho : Pour ce qui est de l’habitation, il souhaite un espace de vie uniforme formant un espace ouvert, il doit avoir une surface de 30m2 maximum inspirant un espace libre. Il suggère un type d’architecture minimaliste. Il doit s’implanter dans un lieu accessible par les moyens de transport de la ville. Ce lieu doit être surélevé pour qu’il n’empêche pas la libre circulation des citoyens de la ville qui viennent se reposer. C’est à la fois un lieu privé et isolé et un lieu de passage et de contemplation. Une habitation fermée sur l’extérieur et ouvert
sur deux faces (l’avant et sur une partie du toit) permettant de laisser pénétrer la lumière. Cet espace minimaliste est un lieu de travail et il doit lui permettre de s’isoler pour se concentrer et pour peindre. Comme il réalise de grandes toiles et qu’elles nécessitent beaucoup de temps ; il doit aussi pouvoir se reposer. L’espace de vie doit être fonctionnel, une cuisine, une salle de bain, des toilettes, dans un minimum de place afin de ne pas gêner l’espace de travail et de circulation. La chambre sera en hauteur avec un accès par un escalier et en retrait pour que la lumière qui pénètre l’atelier puisse être maximum. Il y aura en plus des grandes ouvertures de l’espace atelier, une petite ouverture au niveau de la chambre pour recevoir la lumière matinale afin de ne pas rester dans l’obscurité. De là-haut, il doit pouvoir contempler ses œuvres, car il a besoin de recul et il a aussi besoin de rentrer dans la toile pour qu’elle s’imprègne de sa personnalité.
Projet Maison délicieuse : Elle doit évoquer le voyage et comprendre un espace circulaire. Elle doit être fusionnelle avec la nature et doit s’intégrer au site. Elle doit le ressourcer et être un lieu d’harmonie et de paix. Elle doit être loin de tout et du monde, dans un endroit où l’homme ne l’a jamais approché. Peutêtre une île flottante sur un lac et qui se couvre de brume chaque matin. Un lieu de poésie pour l’âme. Il ne doit pas être vu de l’extérieur. Cette maison est comme un paradis qu’il s’octroie. Un jardin qu’il possède pour lui tout seul et qu’il interdit l’accès. Cette construction est comme une couronne qui l’enserre. Il est le gardien de ce lieu unique. Sa journée doit commencer par un réveil matinal, un concert que lui offre la nature. Le piaillement et les chants des oiseaux. Il doit pouvoir marcher sans s’arrêter avec une partie vitrée pour laisser entrer la lumière dans cette structure, de même, il peut contempler la nature et admirer les
grands arbres qui se dressent au centre grâce à une terrasse en caillebotis circulaire pour le pas empêcher les arbres de s’étendre. Mais, elle doit aussi être accessible par une route qui conduit à l’aéroport où il prend l’avion pour se déplacer entre Paris et le Japon. Elle doit aussi le mener à un village afin de ne pas être totalement isolée du monde. Depuis peu, il s’immerge dans un monde spirituel lisant, s’instruisant de la religion bouddhiste. Il recherche les racines du Japon qu’il admire. Il peut aussi lui arriver d’accueillir un acheteur et pour cela il lui faut un espace convivial, mais zen. Il doit partager avec son invité un grand salon, une cuisine et une salle de bain rudimentaire, mais fonctionnelle. Le reste de la surface doit se composer d’un atelier, d’un lieu d’exposition où il peut accrocher contre le mur ses tableaux afin de lui permettre de montrer son travail artistique et d’une bibliothèque pour la culture du lieu qui l’entoure afin de s’im-
prégner de cette atmosphère. Cette habitation n’a pas de surface définie, elle peut être très grande, mais doit s’intégrer au site. C’est une maison minimaliste où l’espace et le vide sont très important. Rappeler qu’elle est un lieu de méditation, de repos et de travail pour Cyborg. Sa construction doit être légère et un peu aérienne sans trop quitter le sol. Elle doit être comme une protection du lieu comme une enveloppe. Relation entre les deux structures / Suite à son accident d’avion, il a passé un cap difficile où il a dû se reconstruire, physiquement et moralement. Au fond de lui, il commençait à éprouver une certaine lassitude de peindre des portraits de personnalités. Il a vendu les maisons qu’il avait dans le monde pour se recentrer sur des lieux uniques, à Paris et sur cette île japonaise perdu au bout du monde. Il veut s’approprier la vue et ne jamais se lasser du paysage qui comme ses tableaux défile sous ses yeux. Les maisons doivent
s’intégrer à la nature du lieu, elles doivent être presque invisibles dans la conscience des gens, comme si elles étaient là depuis toujours. Elles doivent communiquer avec la lumière qui entre, il a un besoin énorme de peindre cette lumière qui donne le relief et l’atmosphère de ses toiles. Il souhaite avoir une vue dégagée sans limite spatiale afin de contempler la beauté du paysage urbain ou naturel. Les deux lieux doivent respecter la distance entre les habitations des citadins. Malgré que le Soho se situe dans le centre de Paris, la maison doit être comme une île ancrée entre terre et ciel. La Maison Délicieuse entoure l’île comme une auréole, comme un empaquetage, protégeant la nature vierge de toute civilisation. Ce qui lui donne le privilège unique d’être un spectateur. Un dernier critère, il veut que chacune d’elle fonctionne sur une approche écologique et qu’elles suffisent à elle-même. Pour résumer, des maisons vertes.
Thème / Empaquetage Au Japon, on utilisait une méthode d’empaquetage, un art japonais que l’on appelle Furoshiki dont la signification est “baluchon pour le bain”, puis il a évolué et est devenu un moyen d’emballer et de décorer les cadeaux. Depuis la forte consommation des sacs plastiques et des mouvements écologiques, le gouvernement japonais a instauré son retour afin de limiter la surconsommation de papier et de plastique. Il est apparu à l’époque Nara (794 après J-C) sous le nom de Tsutsumi, et servait à garder des objets de valeur. Un courant artistique le Land Art est une intervention d’artiste sur le paysage urbain et naturel. Il n’a pas lieu uniquement dans le désert. Divers matériaux sont utilisés, au départ naturels puis manufacturés. Ces artistes creusent, déplacent, transportent, accumulent, tracent, plantent. Ils introduisent des produits manufacturés tels que des poteaux. L’empaquetage est la prise de pos-
session d’un espace, d’un lieu. Il dissimule une construction et ne garde que son volume. Sous cet empaquetage, l’objet, ou l’espace deviennent secrets, il peut alors être réservé à son auteur. Comme par exemple Christo se revendique davantage du courant des Nouveaux Réalistes et refuse l’appellation Land Art. Christo et Jeanne-Claude sont intervenus plusieurs fois pour s’approprier un lieu. Mais celui-ci peut amener à une nouvelle dimension sculpturale du monument dont on ignorait l’importance. Il dissimule et donne une autre identité au lieu ainsi il change le regard du public. Leur œuvre donne une autre vision du paysage urbain ou naturel, son travail est de révéler en cachant. Au final, l’empaquetage peut être un geste de préservation, de protection pour s’approprier un objet, un lieu, un corps à habiller, à recouvrir, à étouffer. Emballages, Mur de barils de pétrole, Valley Curtain.
Empaquetage du Pont-Neuf / Christo, 1985. © Marc Vaye.
La Maison Délicieuse Une maison circulaire entoure l’île formant un empaquetage qui emprisonne cette minuscule bande de terre où pousse une végétation d’arbres et de plantes sauvages. Elle est comme une barrière de corail qui la protège des agressions extérieures. Cette ceinture fait office d’une nouvelle terre tel un vaisseau spatial protégeant la faune et la flore de l’homme. Cette habitation englobe la forme de l’île; elle donne à Cyborg la vision d’un paradis terrestre. Cet empaquetage cache un mystère, car aucune ouverture ne se présente à notre vision extérieure.
Le Soho La maison minimaliste se situe sur l’île Saint-Louis. C’est un lieu urbain. La construction est posée sur des pilotis prenant appui sur le quai. Ces façades sont en béton, la face donnant sur la Seine et le toit donnant sur le ciel ont une grande ouverture. Celle-ci est comme un mirador qui surveille le paysage. L’ensemble de la construction peut rappeler un papier plié, l’art de l’origami. Elle est comme un grand oiseau qui voudrait déplier ses ailes pour s’envoler.
Contextes Ile Saint-Louis
De par son métier, il a l’obligation de rester principalement à Paris, amené à travailler à proximité de galeries d’art ou de lieux d’exposition. J’ai donc repéré les zones touristiques et historiques. De plus, il doit vivre dans une zone passante, mais pas de forte affluence, car il a besoin d’observer l’émotion des gens dans la rue, cela dégage une certaine atmosphère au lieu, ce qui est important pour le dessin. A travers chaque tableau qu’il crée se dégage une émotion par l’œil de celui qui regarde. Il a besoin d’un point de vue privilégié pour ses observations. Dans son enfance Cyborg à jadis aimé l’eau, cela lui permettait de ce resourcer. La mélodie de l’eau est apaisante, elle éveille les sens et procure une sensation
de vitalité. D’autre part, il est très attaché à l’histoire du lieu où il peint et veut être au cœur de Paris, pour s’implanter dans un lieu accessible par les moyens de transport de la ville. Tous ces critères assembler m’ont mené à choisir un lieu adapté pour ses besoins et attentes, la pointe de l’île Saint-Louis, orientée Nord, place Louis Aragon. De là, on aperçoit Notre-Dame de Paris. L’île Saint-Louis est reliée au quatrième arrondissement par des ponts : le pont Louis-Philippe, le pont Saint-Louis, le pont de la Tournelle, le pont Marie, et le pont Sully. Elle est traversée par la rue Saint-Louis en l’île, une rue commerçante et touristique. On accède au Soho par le quai de Bourbon. Ce site donne une vision plus large de la Seine,
Ile Saint-Louis
car l’île la sépare en deux branchements. Cette pointe donne sur l’île de la Cité et sur le pont d’Arcole. C’est un endroit où les galeries sont importantes, c’est un lieu historique par son histoire, hôtel de Lauzan, bibliothèque polonaise de Paris, église Saint-Louisen-île datée de 1726. De plus, par le fait que de grands hommes de renom ont peint les quais de Seine comme “bord de Seine” de Camille Pissarro, “La Seine et Notre-Dame de Paris” de Johan Barthold Jongkind. Proche de l’Institut du Monde Arabe pour exposer ou s’inspirer d’œuvres d’art. A proximité de l’Hôtel de Ville de Paris qui rythmera la vie de Cyborg, par d’importants flux de circulation, du fait de la présence des bouquinistes de
Paris cela anime le lieu. Pour capter l’instant dans ses peintures. De plus, l’île est desservie par la ligne 4 qui est l’une des principales lignes de Paris. C’est un lieu tranquille, où règne le calme et l’apaisement. Le climat Paris possède un climat océanique dégradé et tempéré. Son ensoleillement est de 1690 heures par an et son ensoleillement est le plus important à l’équinoxe d’été. Elle a une température moyenne entre 12°C avec un minimum de 2°C en hiver et de 27°C en été. Il pleut en moyenne 475 mm par an et les vents atteignent 95km/h au maximum et 64 km/h en été en moyenne.
Maison dans les pins / Lacaton Vassal
Histoire du lieu A cet emplacement, initialement, un îlot s’était constitué juste en amont de l’île de la Cité et à proximité de la confluence de la Seine et de la Bièvre. Sous les Carolingiens, les comtes de Paris en avait la jouissance. Toutefois, en 867, Charles le Chauve le confia au Chapitre de Paris : l’îlot devient l’île Notre-Dame. Elle sert alors principalement de pâturage et d’entrepôt, notamment pour la construction de bateaux. Selon la légende, Saint-Louis y serait venu pour prier et y rendre la justice. Il y aurait pris la croix en 1269 avant de partir en croisade. Vers 1356, en continuité avec l’enceinte de Philippe Auguste et pour protéger Paris, il est décidé de pouvoir barrer
la nuit le fleuve avec une lourde chaîne de fer entre la Tour Barbeau, rive droite et le bastion de la Tournelle, rive gauche. Un chenal est creusé : la partie ouest sera l’île Notre Dame et la partie Est l’île aux vaches. Suite à l’urbanisation du Marais, la construction de la Place Royale, qui deviendra la Place des Vosges, on décide d’aménager cet espace. En 1614, sous la commande de Louis XIII, Christophe Marie se charge de combler le fossé entre l’île Notre Dame et l’île aux vaches et construire des ponts reliant la nouvelle île Saint Louis à la rive droite et à la rive gauche : il s’agit du pont Marie au nord, puis le Pont des Tournelles au sud, sans aucune maison, à la manière du Pont Neuf. Les rives sont remblayées et les
Carrelets de pêche
Mirror house, Italie
quais apparaissent. L’espace est découpé avec des rues parallèles de manière perpendiculaire à la Seine. Les travaux de construction des maisons durent de 1616 jusqu’en 1660. De très nombreuses personnes importantes du royaume souhaitent disposer d’un hôtel sur les bords de la Seine. Contrairement aux habitudes où les corps de logis sont situés au fond des cours, les appartements, ici, donnent directement sur les quais. Les nouveaux habitants font appel à des architectes de grande réputation : Les Le Vau, Libéral et Sébastien Bruant. Les peintres Le Brun et Le Sueur sont mobilisés notamment. Sur ces quais, l’urbanisme n’est pas imposé comme pour les places royales mais on retrouve des façades
homogènes. Parmi, les hôtels construits alors sur l’île Saint Louis, certains sont remarquables comme l’Hôtel Lambert (quai d’Anjou), la Maison au Centaure (Quai de Bourbon). L’ensemble prend alors le nom de Saint Louis, suite au baptême de la première église Saint Louis en l’île. Cette rue, au centre, parcourt l’île dans la direction de la Seine. Elle conserve encore aujourd’hui son caractère marchand.
Lac Chuzenji
Lac Chuzenji La qualité première du site de la Maison délicieuse de Cyborg est comme pour le Soho un bon point d’observation. Ce n’est pas la même observation qu’à Paris. Tout d’abord, elle est située sur une île au beau milieu d’un lac, il s’agit donc d’une zone relativement isolée des grandes agglomérations japonaises et de ses millions d’habitants. L’objectif ici, est différent car l’environnement parisien de Cyborg tourne autour de son travail, alors que l’environnement Japonais peut être un havre de paix et de zénitude en lien avec la faune et la flore. D’où l’observation attentive de la nature. Quoi de mieux que la texture d’un lac pour ressentir la tranquillité des lieux ! En effet, les lacs ou les vastes étendues d’eau sont comme une pause dans une atmosphère apaisante où la nature prédomine l’environnement urbain qui est nuisible car
l’homme ne la dénature pas. On peut s’y baigner, les poissons y vivent et les oiseaux y chassent mais aussi y chantent, la surface de l’eau peut être troublée par une averse. A Paris, les citadins sont les principaux acteurs de l’espace, alors qu’au Japon tout est différent. Cependant, la Maison délicieuse est une maison où l’on peut se reposer après un intense travail dans une ville où la vitesse et le bruit prédominent le calme, où peut loger un ami, elle doit donc être accessible par une route non loin de l’habitation. D’autre part, le Japon est le pays des sources chaudes naturelles, les onsen, parfaits pour se reposer et se débarrasser du stress des mégalopoles. J’ai donc choisi la région du lac Chuzenji, proche de Nikko, dans la préfecture de Tochigi, sur l’île Honshu au nord de l’agglomération de Tokyo. C’est une ré-
gion connue pour ses onsens, située au pied du mont Nantai, au nord-est du lac d’origine volcanique. Le site se situe sur l’île Kosuke sur le lac et offre un panorama exceptionnel sur les alentours. Le climat est du type continental humide. La température annuelle moyenne est d’environ 7°C et les précipitations annuelles sont de 2169 mm. L’hiver, les températures descendent jusqu’à -9°C et grimpent l’été jusqu’à 23°C. Le lac Chuzenji est une étendue d’eau, d’une superficie de 11,9 km2, constitue la source de la rivière Daiya, un cours d’eau du bassin versant du fleuve Tone. Il apparait, il y a 12 000 ans, au cours d’une brève période d’activité du mont Nantai dans le parc national de Nikko. Aux bords du lac, une importante forêt, avec une faune et une flore diverse et variée. Sur ces rives, on peut visiter la villa de l’ambas-
sade italienne, construite en 1928. Elle a servi de lieu de villégiature d’été des ambassadeurs italiens jusqu’en 1997. La visite du sanctuaire Futarasan Chugushi qui regroupe trois temples (temples célèbres de Nikko). Il contient des reliques provenant de fouilles sur le mont Nantai ainsi que d’anciennes épées. On peut aussi gravir le mont Nantai comme l’avait fait le moine Shodo Shonin en 766. La visite du temple Tachiki Kannon bâti en 784 par le moine Shodo Shonin et rendu célèbre par la statue de Tachiki Kannon. Le moine aurait vu cette déesse aux 11 visages et 1000 mains, c’est alors qu’il l’aurait sculptée, la représentant en utilisant un tronc d’arbre. On peut effectuer de nombreuses randonnées et profiter des stations thermales de sources chaudes.
Déclaration d’intention Ce projet, porté par la caractéristique de la personne qui va habiter ces deux maisons, est une pensée des attentes de Cyborg, qui est un personnage mihomme et mi- robot, qui a développé des capacités surhumaines, grâce à la technologie et à la mécanique. Suivant un cahier des charges spécifique, deux projets ont vu le jour : le Soho situé sur la pointe de l’île Saint-Louis à Paris ainsi que la Maison Délicieuse située sur le lac Chuzenji au Japon. Le Soho C’est un lieu dans lequel Cyborg passe une grande partie de son temps, tout en sachant que sa deuxième maison est au Japon car c’est un endroit pour se reposer et pour accueillir un ami où des acheteurs. Il travaille la plupart du temps chez lui, seul. L’habitat est étroit
pour un minimum de confort, avec une surface qui n’excède pas 30 m2. Il s’agit ici de créer un habitacle pour un cyborg dans un endroit peu conventionnel pour utiliser le peu d’espace disponible. J’ai choisi de me placer sur la pointe de l’île Saint-Louis pour mon Soho. L’accès se fait par le quai de Bourdon au niveau de la place Louis Aragon, où on emprunte une petite passerelle pour entrer dans l’habitacle, comme l’entrée des carrelets à Bordeaux. Vient ensuite l’accès à l’intérieur du Soho qui se développe sur deux étages en mezzanine. Dès le franchissement de la porte d’entrée, au rez-dechaussée on a directement une vue dégagée sur l’espace de travail et sur la Seine grâce à une grande ouverture qui amène la lumière sur ce dernier, sur la gauche on accède à l’espace de vie : la
salle de bain très petite et la cuisine qui mesure toutes deux pas moins de 10 m2. Cet espace est un endroit assez aéré, où l’on peut se mouvoir et travailler dans cette petite habitation. Le principe de cette disposition des pièces est d’avoir un très grand espace de travail pour déplacer les tableaux et aussi pour avoir un espace où la lumière électrique n’a pas besoin d’ête très sollicitée. La lumière naturelle suffit à elle seule. En sortant du Soho, au niveau de l’espace de travail est disposé une loggia, pour pouvoir s’imprégner de l’ambiance de Paris, où tout simplement se reposer. La hauteur sous plafond n’est pas très importante 2m50. Contrairement au rez-de-chaussée, c’est à l’étage que se situe la chambre qui est accessible par une échelle à escalier, mais c’est aussi un espace où l’on retrouve une mini-bi-
bliothèque. Cet espace correspond à un endroit où la mobilité est très réduite. La hauteur sous plafond est identique à celle du rez-de-chaussée. C’est aussi un endroit privilégié pour Cyborg car cela lui permet d’observer ses œuvres et de recevoir la douceur de la lumière du matin par une petite ouverture coté bibliothèque. La Maison délicieuse C’est une maison secondaire, un havre de paix. Cyborg et un ami peuvent y loger dans un grand confort, sur les rives du lac Chuzenji. Elle offre un panorama sur tout le lac, les forêts et les montagnes aux alentours, grâce à des ouvertures sur chaque espace de la maison ainsi que deux terrasses situées en opposition l’une de l’autre. Pour ne pas dégrader le lieu et rester dans l’esprit
de la maison verte, une maison sur pilotis semble plus judicieuse. La maison s’appuie et entoure l’île grâce aux huit pilotis qui la soutiennent en porte-àfaux. Elle a donc de nombreux points d’appuis pour assurer la stabilité de l’ouvrage. Tout comme pour le Soho, la Maison délicieuse est confortable. L’accès se fait par l’île, où cette dernière se fait à pied car la profondeur de l’eau entre l’île et la rive est peu importante. En arrivant en haut, on arrive directement sur une terrasse qui est assez importante, où l’on peut admirer l’intérieur de l’île comme les alentours du lac. A l’opposé de celle-ci, l’on retrouve une autre terrasse identique mais plus intime et plus discrète, car l’accès se fait par les chambres. Il y a deux accès où l’on peut faire le tour intérieur de la maison, l’un est un engawa couvert, mais ouvert sur la droite par une partie complètement vitrée, pour laisser pénétrer la lumière et l’autre se fait à coté par une partie non couverte, il s’agit donc d’une terrasse en caillebotis pour que la nature se propage et se promène sans obstacle, comme si cette construction était là avant la nature et que cette dernière reprenait ses droits. Pour ce qui est de l’espace intérieur, le plancher est composé de
lattes de bois, avec par-dessus un sol couvert de tatamis, car dans les maisons japonaises les chaussures se retirent à l’entrée. Les tatamis dimensionnent chaque espace (salle de bain, chambres, bibliothèque, espace d’exposition, cuisine et salon/salle à manger). Chaque espace est délimité par un shoji qui sert de séparation entre les différentes pièces, mais qui sert aussi d’accès. En arrivant sur la terrasse qui sert d’accès pour entrer ou sortir de la maison, sur la partie de gauche nous avons des espaces d’accueil et de culture qui seront utilisés par une personne lambda, alors que sur la partie de gauche nous avons plus une partie de lieu de vie qui sera réservée à Cyborg. Sur la partie gauche, on accède directement à l’espace salon et d’exposition, par la suite si nous continuons, on accède à l’espace de culture qui sert à l’inspiration de Cyborg, puis l’accès à la chambre d’ami se fait par l’extérieur. C’est-àdire qu’il faut revenir dans le salon et emprunter l’engawa pour y accéder. Comme dans la tradition japonaise, la chambre la plus éloignée de l’entrée est réservée à la personne la plus importante, ici l’ami de Cyborg. Sur la partie droite, on accède à l’espace de salle à manger et de la cuisine, toutes deux sé-
Bibliographie www.infoclimat.fr parées par des shojis. L’accès à la chambre se fait comme sur la partie de gauche. Cette chambre est réservée à Cyborg. Chaque chambre contient une petite salle d’eau privée réservée à l’hygiène quotidienne. Ces deux chambres ont un accès direct sur la terrasse privée et offrent un panorama sur le mont Nantai, coté nord-est. Cette terrasse est protégée par un garde de corps en bois. Cette maison sur pilotis surplombe l’île avec ces sapins de grande hauteur. Il faut noter que ce n’est pas parce que la maison est en porte-à-faux qu’elle est déconnectée et irrespectueuse de la nature. Premièrement la méthode des pilotis induit une modification minime du terrain existant, l’environnement reste quasiment intact, en ce sens elle agence bien la maison à la nature. De plus, le vide laissé entre le sol et le plancher du rez-de-chaussée permet aux arbres de pousser et donc d’approcher de plus en plus la maison. Les pilotis sont donc une jonction entre l’habitation et la nature. La Maison délicieuse doit forcément s’intégrer au paysage. La Maison délicieuse de Cyborg laisse place à beaucoup de liberté pour qu’il s’y sente bien pendant longtemps et qu’il puisse apprécier une autre approche de l’espace que dans son Soho parisien.
http://voyageursaparistome4.unblog.fr/ 2014/05/30/lile-saint-louis/ http://www.unjourdeplusaparis.com/pari s-balades/balade-ile-saint-louis http://www.panoramio.com/photo/965 89543 http://www.levoyageur.net/climat-villeNIKKO.html https://www.sunearthtools.com/fr/tools/ coordinates-latlong-sunpath-map.php https://www.vivrelejapon.com/villenikko/lac-chuzenji-nikko-kanto http://planetemaneki.com/itinerairejapon-nikko-que-faire-autour-du-lacchuzenji https://fr.wikipedia.org/wiki/Lac_Ch% C5%ABzenji http://blog.archionline.com/une-maisonen-verre/ https://www.lacatonvassal.com/data/documents/20140218-192854LV_BookFchA4_HabitatMaisons_bd.pdf
L’œil bionique de Cyborg
Identité Nom : Cyborg Age : 24 ans Nationalité : Franco-Japonaise Situation : Célibataire Profession : Photographe Début : Né d’un père français et d’une mère japonaise , il vit avec cette double culture depuis son plus jeune âge. Emerveillé par la beauté des paysages lors de ses vacances au Japon, il est très vite passionné par la photographie. La tragédie Au début de son adolescence, celui-ci a été victime d’un accident qui lui a malheureusement coûté la perte de la vue. Ne pouvant plus pratiquer sa passion, celui-ci se senti oppressé par cette obscurité permanente et tombe dans une profonde dépression.
Panorama Mohamed Lemseffer
L’espoir Mais à l’âge adulte, celui-ci subit une opération chirurgicale afin de retrouver la vue. Mais ce n’est pas tout, car cette opération va surtout lui permettre d’augmenter son acuité visuelle. Cela consiste a` remplacer le cristallin naturel de l’œil humain avec une lentille bionique reliée directement au nerf optique et au cerveau. Cette lentille va lui permettre de dépasser les limites d’un œil humain. En effet, il pourra photographier, enregistrer, filmer, et transposer sur un écran tout ce qu'il observe. Il peut aussi zoomer, passer en mode noir et blanc, ou encore choisir divers filtres. La délivrance Ayant retrouvé le plus important de ses sens, Cyborg se sent affranchi de cette obscurité dont il a été captif presque
toute son adolescence et l’ayant empéché de pratiquer sa passion. Il peut donc grâce à` cette opération s’adonner entièrement à la photographie et décide de devenir photographe. Le projet C’est pourquoi le projet repose sur la thématique du belvédère. Un belvédère (de l'italien bellevue) est une construction pavillonnaire de type terrasse ou plateforme établit en un lieu surélevé, comportant une table d'orientation afin d’admirer le champ de la vue qui s'étend au loin. Par extension, il s'agit aussi d'un élément architectural qui peut être en forme de rotonde, au-dessus du toit d'une demeure, pour admirer la vue. Mais c’est surtout la notion d’admirer la vue et le champ de vue qui s’étend au loin qui sera développée tout au long du projet.
Transcription spatiale Le Soho se situe sur le toit de la tour Montparnasse. Cependant, sur le toit de la tour, les conditions climatiques sont différentes. En effet, la forte présence du vent m’a amené à réaliser le concept de la maison dans la maison. En fait, Cyborg décida d’insérer la maison dans une serre afin d’obtenir un microclimat et d’assurer une certaine stabilité de la température. S’installant sur une des deux largeurs du toit, la serre est entièrement vitrée et permet d’obtenir une luminosité importante mais aussi de chauffer l’air à l’intérieur de manière rapide et avec peu d’apport de soleil. On va chercher à minimiser
la chaleur d’été et maintenir la chaleur l’hiver. En fait, au plus fort de l’été, le rayonnement solaire peut devenir très intense, et la structure en triangle du toit de la serre permettra de tendre un voile d’ombrage par exemple minimisant les excès de température. Enfin, placé au centre de la serre, le Soho est assez lumineux et ne présente plus de problème face aux aléas climatiques. Cyborg peut donc se balader dans la serre et obtenir une vue à 360° de Paris.
Blottie au cœur des montagnes, la Maison délicieuse possède une vue panoramique sur le village, sur la rivière Shokawa et sur les montagnes. Elle reprend la forme de la maison traditionnelles du style Gassho-Zukuri avec son toit de chaume en forme de triangle pentu. Elle est constituée de 3 niveaux : le rez-de-chaussée comprend les éléments de la vie quotidienne (chambre pour invité, salon, irori, cuisine, salle à manger). Le 1er étage est entièrement destiné à` Cyborg (chambre, salle de méditation) et présente une passerelle vers un salon de thé surmonté d’une tour belvédère où Cyborg s’isole,
contemple le paysage et réalise ses photographies. De plus, étant donné que Cyborg est fasciné par le papier washi, le 2e étage est un atelier entièrement destiné à la fabrication de celui-ci. Il est bien sûr utilisé pour les shojis de la maison. Enfin la présence des shojis et d’un engawa tout autour de la maison laissent à penser que l’espace est entièrement ouvert. En effet, les shojis, translucides et l’engawa entièrement vitré permet d’obtenir une luminosité importante dans toute la maison et permet à Cyborg de se projeter vers l’extérieur dans n’importe quelle partie de celle-ci.
Différentes positions en belvédères.
Thème / Belvédère Comme dit précédemment, un belvédère (de l'italien bellevue) est une construction pavillonnaire de type terrasse ou plateforme établie en un lieu surélevé, comportant une table d’orientation afin d’admirer le champ de la vue qui s'étend au loin. Par extension, il s'agit aussi d'un élément architectural qui peut être en forme de rotonde, au-dessus du toit d'une demeure, pour admirer la vue. Associé à la notion d’horizon et d'altitude, le belvédère concrétise sur le plan architectural une position dominante, celle qui permet de voir et d’observer. Devenu photographe, Cyborg, du fait de son acuité visuelle très développée
nécessite pour son travail un point de vue aménagé et sans vis-à-vis génant la vue. Le toit de la tour Montparnasse, culminant à plus de 210 m de hauteur représente ainsi un belvédère du fait de sa position dominante sur le centre de Paris et son champ de vision dégagé. De même, la Maison délicieuse à Ainokura rejoint le Soho sur ce concept d’habiter la hauteur. En effet, située au cœur des montagnes, la Maison délicieuse possède une tour représentant un belvédère donnant sur la rivière et le village d’un côté et de l’autre sur les montagnes, laissant ainsi Cyborg contempler les paysages offerts par cette montagne belvédère.
Contextes
Tour Montparnasse La Tour Montparnasse est implantée dans le quartier Necker, dans l'est du 15e arrondissement, a` la limite avec le 14e et le 6e. Par sa position centrale dans Paris et s’insérant dans le prolongement de l'axe crée par le palais de Chaillot, le Trocadéro, la Tour Eiffel, le Champ de Mars et l’Ecole Militaire, en parallèle avec l’axe historique. Son
toit culmine à plus de 210m d’altitude et possède une vue panoramique sur tout Paris. Etant photographe, la position centrale de la tour et la vue panoramique à plus de 210m de hauteur va permettre à Cyborg de repérer tous les recoins de la ville tels que les monuments, les grands axes, afin de réaliser ses photographies.
Ainokura
Papier washi
Ainokura, Nanto, Préfecture de Toyama En plein cœur de la préfecture de Toyama, se cache une véritable perle rare : le hameau d'Ainokura. Perché dans son écrin de montagnes, ce petit bourg de campagne ainsi que deux de ses voisins (Ogimachi et Suganuma) sont classés au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1995. La vallée de Gokayama qui abrite ces joyaux d’une autre époque est depuis fort longtemps réputée pour son accès difficile et son isolement, ce qui lui a permis de maintenir une grande partie de culture traditionnelle. Les maisons sont construites dans le style Gassho-Zukuri. Leur principale caractéristique est leur toit de chaume en forme de triangle pentu, comme des mains en prière (gassho), afin de supporter le poids de la neige, abondante dans cette région. Paysages / Une fois entré, le village de
style gassho d’Ainokura vous amène dans le beau paysage traditionnel et nostalgique du Japon. Lorsque vous êtes entouré par la vue qui change chaque saison, vous oubliez votre vie quotidienne et vous vous sentez apaisé sans savoir pourquoi. La vue dans la journée est bien sûr magnifique, mais vous devez absolument voir l’illumination réalisée dans chaque saison, qui crée l’espace de rêve attrapant votre cœur et vous permetant d’apprécier le moment inhabituel. Dans ce hameau de Nanto, les montagnes enneigées ont arrêté le temps et préservé un artisanat millénaire. Bordée au nord par la mer du Japon, la préfecture de Toyama fait partie de ce Japon de l’envers, rude et rustique, en opposition à` celui de l’endroit, plus ensoleillé, qui déroule ses mégalopoles le long de l’océan Pacifique. Eloigné des grands axes de cir-
culation, le pays des cinq montagnes est un voyage dans le Japon rural, blotti entre rizières et rivières. Coutumes / Etant isolé, Ainokura a pu maintenir beaucoup de sa culture traditionnelle. Cela se voit dans ses danses folkloriques et musicales, qui utilisent un certain nombre d'instruments traditionnels propres à la région. Après le diner servi autour de l’âtre ouvert dans une pièce au sol recouvert de tatamis, les convives auront l’occasion d’entendre leurs hôtes jouer du binzasara, un instrument de musique à lames de bois au son voisin de celui d’une crécelle. Il suffit alors de se laisser porter par les notes de la chanson de Kikiriko, considérée comme la plus vieille chanson folklorique du Japon, pour se trouver plongé dans les temps anciens. De plus, Ainokura est connue pour son papier
washi, un papier aux longues fibres de mûrier à papier entrelacées et fabriqué artisanalement depuis le VIIe siècle. Selon la légende, la technique a été apportée ici de Kyoto à la fin de la période Héian lorsque les survivants du clan Taira se sont échappés dans cette région après leur défaite face au clan Minamoto. Cyborg est fasciné par la fabrication du papier washi et possède dans sa Maison délicieuse un étage entièrement destiné à sa fabrication. Jusqu’à aujourd’hui, sa fabrication, entièrement à la main, se perpétue dans les ateliers encore en activité et assure un complément de revenus aux habitants. Après de multiples étapes et notamment un séchage sur la neige pour blanchir l’écorce de koto (tissu), le papier washi sert à confectionner portes coulissantes, lanternes, ombrelles pour les grandes occasions.
Déclaration d’intention Devenu photographe, Cyborg, du fait de son acuité visuelle très développée nécessite pour son travail un point de vue aménagé et sans vis-à-vis génant la vue. C’est ainsi que la Maison Délicieuse, située au cœur des montagnes, possède une tour représentant un belvédère donnant sur la rivière et le village d’un côté et de l’autre sur les montagnes, laissant ainsi Cyborg contempler les paysages offerts par cette montagne belvédère.
Bibliographie La serre dans l’architecture, Simon Nacmias, 2013. Construire une serre, Claudia Lorenz-Ladener, Ulmer, 2013. https://www.dezeen.com/2015/10/09/tailor-made-arkitekterarchetypal-barnglasshouse-architecture-uppgrenna-nature-housesweden/ https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-00357023/ http://www.lavieimmo.com/mieux-habiter/une-maison-sousserre-pour-avoir-sonpropre-microclimat-34848.html https://www.dezeen.com/2016/05/20/effekt-designs-regenvillages-produce-ownfood-energy-danish-pavilion-venicearchitecture-biennale-2016/ https://fr.wikipedia.org/wiki/Serre https://mrmondialisa@on.org/ce-couple-vit-dans-une-maisonserre-ecologique/ http://inhabitat.com/naturhus-an-entire-house-wrapped-in-itsown-privategreenhouse/ https://www.treehugger.com/sustainable-product-design/naturhus-wraps-a-housein-its-own-private-greenhouse.html http://bengtwarne.malwa.nu/natureH.html
Fait a Paris le 25/03/2028 Salut, moi c’est Constantin, j’ai 35 ans, je suis musicien, et je crée des partitions de musique, pour la publicité. Je manie plusieurs instruments et j’enregistre sur ma tablette et j’envoie chaque morceau à mes clients. Étant aveugle depuis la naissance, je retrouve dans la musique une sensibilité spéciale, je vois le monde en musique, j’entends le monde. A mes 20 ans, j’étais volontaire pour tester une nouvelle invention pour la cause des non-voyants, qui fut un succès. Depuis ce jour, j’ai une antenne radar implantée dans le cerveau avec un capteur de distante et des yeux robotisés qui me permettent de voir. Pourquoi avoir une caméra radar si je vois grâce à mes yeux me direz-vous ? Et bien, simplement que la science d’aujourd’hui n’est pas allée assez loin dans
la robotique. Effectivement je ne vois que pendant quelques minutes, mes yeux robotiques se déchargent très vite. Le fait que ma vision soit réduite à quelques minutes, je la réserve pour pouvoir admirer les plus beaux paysages quand je le peux. J’ai donc besoin de mon radar à certains moments. Ce radar capte grâce à des ondes les distances face à moi. Je vis comme certains animaux. C’est comme si j’avais un 2eme sens du toucher à distance. Un nonvoyant utiliserait un canne ou ses mains pour déterminer la forme d’un objet, moi, je le fais à distance. Ce radar m’est propre, il a été créé pour moi. Chaque distance perçue par les ondes m’est retranscrite par une note de musique. Par exemple, deux mètres seront un do. J’ai pu installer ce système avec l’héritage de mes parents. Je leurs dois beaucoup, et c’est pour cela que je retourne souvent me ressourcer dans mon lieu d’ori-
Constantin Edwin Risk gine, au Japon, sur l’île Kikai. J’aime savoir d’où je viens. Je suis fasciné par la musique silencieuse si paisible qui se trouve sur cette île où ils vivaient. Je peux y reposer mon oreille loin de tout, et plus que de ne voir personne, je ne ressent personne. Aveugle depuis la naissance, certains penseraient que je ne ressent aucune émotion par rapport au monde qui m’entoure. Mais aujourd’hui, grâce à la science je vois ce monde en musique, je le ressens et je l’entend. J’aimerais que mon lieu de travail et de vie ne se résume pas à une note, mais que ce soit mon habitat qui devienne une symphonie. Savez-vous ce que je trouve le plus regrettable à Paris ? Ce sont ces petits studios, avec trois pièces, cinq murs, formés comme une cage, avec une fenêtre qui ne donne même pas sur la rue. Un grand bureau, pour un petit salon,
ou une grande terrasse pour une chambre miniature. Des endroits dont je me lasse très vite, alors que j’ai à peine le temps de les voir. J’aimerais une Maison délicieuse au Japon, où je puisse m’évader, sortir de cette routine parisienne, de cette vie où tout va vite, où les gens ne regardent même plus devant eux. Vous savez, un jour, un jeune m’a bousculé en sortant du métro, car il regardait son téléphone. Et c’est moi l’aveugle. Je voudrais voir le monde différemment, le découvrir, en prenant mon temps, en l’observant d’un œil nouveau. De plus, mon inspiration manque énormément, il me faut du renouveau dans les idées. Je pense vous avoir tout dit, merci de votre attention sur mon cas particulier. Cordialement Constantin
Transcription spatiale Suite au portrait envoyé par Cyborg, j’entreprend l’étude d’architecte. Cyborg à besoin d’un Soho à Paris pour y vivre et travailler. Il lui faudra aussi une Maison délicieuse au Japon pour maintenir le lien avec les origines. Je décide de me lancer sur l’étude de l’écholocalisation, pour savoir à quel problème je fais face, et quelles solutions je peux apporter. D’après ses principaux vœux, je dois offrir à Cyborg des paysages uniques qu’il contemplera depuis sa maison, autant à Paris qu’au Japon. Je simplifierais la circulation pour y faciliter l’intégration. Le Soho sera le plus compact possible, je propose un espace modulable, réglable à volonté. La maison délicieuse sera un donjon, qu’il faudra gravir par étapes, observer à chaque niveau.
Thème / Echolocalisation Certains animaux n’ont pas la capacité de se déplacer grâce au sens de la vue. Leur déplacement se fait donc grâce au système de l’écholocalisation. Il est important de rappeler le principe de l’écholocalisation. Un système qui repose sur les caractéristiques physiques des ondes sonores. Les ondes envoyées heurtent tous les obstacles de l’environnement avant de revenir à l’émetteur, lui donnant une image en 3 dimensions de l’environnement. Le principe a été démontré par le déplacement des chauvessouris qui se déplacent avec leurs oreilles, au XVIIIème siècle par le zoologiste Charles Jurine, associé avec Lazzaro Spallanzani, biologiste. Ce travail fut ignoré jusqu’au XXème siècle, à l’invention du sonar, où la question du déplacement de certains animaux a été plus
profondément étudiée. Ces découvertes ont permis de comprendre comment certains animaux ayant une visibilité réduite se déplacaient dans leur environnement. Comment fonctionne l’écholocalisation, et quelles sont ses principales caractéristiques physiques ? Le phénomène de l’écholocalisation chez les différentes espèces. Le système est basé sur le principe d’exploitation des ultrasons. Des échos sont émis spécifiquement et permettent de détecter des objets environnant. Les ultrasons sont à très basse fréquence et non audibles par l’homme, supérieurs à 20khz. Caractéristiques physiques L’écholocalisation permet de déterminer plusieurs caractéristiques qui permettent d’observer l’environnement
GushMag Dardevil, Franck Miller.
grâce aux ondes : la distance, la taille, l’azimut (angle dans le plan horizontal entre la direction d'un objet et la direction de référence), le caractère vivant, la hauteur et la vitesse. J’analyse ci-dessous les paramètres de chaque caractéristique défini grâce à l’écholocalisation chez un mammifère chiroptère (chauve souris). La distance est calculée avec le retard de l’écho par rapport au cris émis. Le caractère vivant est défini avec les micro-vibrations de l’onde sonore de l’écho créé lors de l’impact de l’onde sur l’obstacle. La taille est définie par l’angle par rapport à l’émetteur et
à l’amplitude de l’écho. L’azimut est défini par le retard de l’écho entre l’oreille droite et gauche. Ce sont ces caractéristique qui permettent à un animal de retranscrire une image 3D, de déterminer le type d’objet ou d’obstacle dans l’environnement. Utilisation de la haute fréquence par les animaux. Différentes raisons expliquent l’utilisation des hautes fréquences par les animaux. La haute fréquence n’interfère pas avec d’autres sons, comme le vent, le bruit des arbres... La basse fréquence à une longue portée, mais est très peu précise, alors que la haute fréquence a une plus
basse portée, mais est beaucoup plus précise. La Principale utilisation de ce phénomène est utilisé par certains animaux pour la chasse. L’animal utilisera des ultrasons à rythme espacé et régulier. Ce rythme s’accélère pendant la capture d’une proie et ceci jusqu’à ce qu’il l’attrape. Par exemple la sérotine des maisons émet environ cinq cris par seconde, de dix à quinze millisecondes. Quand celle-ci rencontre une proie, la fréquence des ultrasons augmente de l’ordre de 200 cris/s. La propagation des ultrasons varie selon le milieu (eau, air) et sa température. Dans l’eau à 15°C, la vitesse de propagation est de 1500m/s, dans l’air à 15°C elle est de 340m/s, elle augmente légèrement avec la température, soit dans l’air à 25°C : 346m/s. L’écholocalisation est donc utilisable dans l’eau et dans l’air. Le phénomène de l’écholocalisation chez la chauve-souris. Cet animal nocturne, utilise l’écholocalisation pour se déplacer et chasser. C’est l’espèce qui représente le mieux ce principe chez les espèces volantes. Grâce à l’écholocalisation, les chauves-souris peuvent détecter jusqu’au moindre insecte. Elle fait partie de la famille des micro-chiroptère. Cette famille émet des ultrasons jusqu’à une fréquence de l’ordre de 20000Hz, d’une durée de cinq à
quinze ms jusqu’à la proie. Ce système se déclenche suite à la contraction du larynx, et les ultrasons sont émis par la suite, avec les narines ou la bouche selon l’espèce. Après avoir percuté la proie, l’ultrason est renvoyé sous forme d’échos aux pavillons des oreilles (plus ou moins courtes selon le type de vol) de la chauve-souris. L’information est ensuite transmise à l’oreille interne, puis conduite jusqu’au cerveau pour être analysée, et ainsi déterminer les différents paramètres de l’environnement et de la proie. Contrairement aux chauves-souris ou aux pensées communes, le dauphin a une très bonne vision, il voit dans l’eau et hors de l’eau. C’est surtout pour chasser ses proies que cet animal aquatique utilise l’écholocalisation. Les radars des dauphins on principalement été découvert durant la seconde guerre mondial, lorsque les sonars militaires pensaient percevoir des ondes des bateaux ennemis. Ces ultrasons s’avéraient être ceux des dauphins. Le dauphin a un système d’écholocalisation assez complexe. Il crée des poches d’air dans l’eau grâce à son nez, qu’il peut ouvrir à différentes tailles et diamètres. Ces poches d’eau sont ensuite réfléchies sur une partie osseuse du crane qui dirige l’air vers le melon du dauphin. Le son sera alors
Organes d’écholocalisation du dauphin et de la chauve-souris.
concentré en un rayon envoyé sous forme d’ultrason. Ces ultrasons ayant percutés l’obstacle seront renvoyés sous forme d’échos, qui viendront se caler au niveau de l’oreille du dauphin. Ce son sera transmis à l’encéphale. Ce système permet au dauphin de se crée une perception auditive de son environnement, et de se représenter les caractéristiques spécifique de la cible. Néanmoins, différemment aux animaux volant, l’écho sera perçu par la mâchoire du dauphin, et retransmis à l’oreille interne.
Conclusion Nous pouvons tirer de cette étude que le système d’écholocalisation est un développement de perception très fiable.
Autant dans l’eau que dans l’air, certaines espèces en sont dépendantes. Ce système est devenu indispensable pour l’homme après sa découverte, il est utilisé dans le milieu de l’armement, le nautique et pour faire évoluer la science comme chez certaines personnes aveugles. Malheureusement, l’utilisation de ce système par l’homme influe négativement sur certaines espèces, venant brouiller leur échos (comme les dauphins qui captent un sous-marin comme cible). Malgré tout, ce système peut parfois être développer par l’homme, sans avancée scientifique. Certains aveugles, n’ayant pas pu développer leur sens de la vue, ont pu développer un système d’écholocalisation, notamment grâce à un système de claquement de langue, qui leur permettent de produire des sons et analyser son écho.
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Cyborg Paris / Japon Atelier Marc Vaye Invités du jury Bertrand Renaud, Doris Von Drathen, Marc Le Cœur, Fanny Tassel, Estelle Barucq. Assistant Frédéric Melon
© Alberto Giacometti
Ecole Spéciale d’Architecture
Cycle 1 Semestre 2 François Adelis Badr Baloul Behety Mathilde Victor Breyne Rémi Cochin Christophe Dagron Titien Fargier-Lagrange Nicolas Filippi Pierre-Louis Francastel Raphaël Gauthier Claudia Haddad Tristan Huguen Samy Khedi Mohamed Lemseffer Héloïse Miltat Arthur Mony Edwin Risk Camille Sauze Romain Thibault Ishaka Traoré Paul Vilisques Aili Yibulayin
Printemps 2017