rapport de stage 2009

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Arriola & Fiol Arquitectes

ESPAGNE

BARCELONE

Margot Chabert - Stage 3A - École Nationale Supérieure de la Nature et du Paysage - 2008-2009


SOMMAIRE I - Introduction : La ville, le pays

La catalogne Barcelone Un peu d’histoire Le développement urbain

II - L’agence

Présentation Sélection de leurs travaux L’équipe Le travail et journées types

III - Les projets

Concours de Lungomare di Bari Concours de Guineueta Concours de Cerdanyola

IV - Ce que je retiens...

Barcelone


INTRODUCTION : La ville, le pays J’ai réalisé mon premier stage « technique et conception » dans une agence d’architectes, Arriola & Fiol, qui se trouve à Barcelone, en Espagne. Située dans la province de la Catalogne, Barcelone est une ville de 1 600 000 habitants, capitale historique, administrative et économique de la Catalogne. Massif d’El Garraf

LA CATALOGNE Au nord-est de la péninsule ibérique, la Catalogne est devenue l’une des premières destinations touristiques d’Espagne, et constitue une véritable nation à l’intérieur d’une nation. Profondément attachée à son autonomie, le sentiment nationaliste des Catalans se ressent fortement dans la vie de tous les jours, notamment à travers la langue catalane. L’identité de la Catalogne s’est forgée au MoyenÂge, où elle est devenue une grande puissance naGarraf

Massif d’El Garraf

Roses

Une plage relativement peu fréquentée...


la Catalogne restant la première région économique d’Espagne, grâce à l’industrie (construction automobile, électronique, chimie et agroalimentaire…), mais aussi grâce à l’aéronautique qui depuis quelques années s’affirme. Les services représentent plus de 65% de l’activité, l’industrie et le bâtiment 33% et l’agriculture moins de 1,5%.

BARCELONE Jardin botanique de Pina Rosa

vale sous l’autorité des comptes de Barcelone. Les armes des comtes de Barcelone sont devenues les couleurs de la Catalogne et forment son drapeau. La région est caractérisée par un art roman et gothique extraordinaire, mais aussi par les œuvres de grands génies contemporains tels Gaudí, Picasso, Miró, Dalí ou Tàpies. Les paysages de la Catalogne sont incroyablement variés. Des pics les plus hauts des Pyrénées, à plus de 3000 m, aux calanques les plus secrètes de la Méditerranée, en passant par les massifs d’altitude moyenne, le relief volcanique et les vastes dépressions des bassins de l’Ebre, Vallès et Penedès au centre. C’est une destination touristique de premier choix, notamment en matière de tourisme balnéaire avec ses petites criques pittoresques miraculeusement préservées de la Costa Brava (au Nord) et ses longues plages plus animées de la Costa Daurada (au Sud). D’un point de vue économique, comme toute l’Espagne, la Catalogne subit de plein fouet la crise sociale et économique actuelle, ce qui véhicule un climat social plutôt morose. Le taux de chômage y reste cependant inférieur à la moyenne nationale,

Barcelone est la véritable vitrine culturelle de la région. Capitale et porte-drapeau de l’identité catalane, c’est une ville cosmopolite en perpétuel mouvement, dynamique, au charme unique, et pleine de contrastes. Barcelone possède une atmosphère grisante de grande métropole. Cette ville en perpétuel mouvement et qui surprend à chaque visite, à l’image de son monument emblématique, jamais inachevé, la Sagrada Família. La capitale de la Catalogne, dotée d’une séduisante façade maritime, a su préserver toute la richesse de son splendide patrimoine gothique et moderniste, symbole du glorieux passé catalan. Comme au temps où elle


fut capitale d’un vaste empire méditerranéen, la ville est redevenue le grand pôle d’attraction de l’Europe du Sud. Architecture, art, design et mode, autant de domaines où se manifeste un profond souci de l’image, comme en témoigne le slogan affiché partout depuis les années 1990 : Barcelona, posa’t guapa ! (« Barcelone, fais-toi belle ! »). Si elle possède de nombreux musées et des monuments majeurs, Barcelone est avant tout une ville que l’on prend plaisir à regarder vivre. Barcelone est une ville cosmopolite et ouverte, au charme unique et insaisissable. La ville est florissante, dynamique et envoûtante, mais c´est, avant tout, une ville riche de contrastes et de surprises. Toute personne qui vit à Barcelone est partie intégrante de son activité et de sa dynamique. Cela contribue à créer une ambiance changeante et chaleureuse au sein de laquelle culture, communication et loisirs font partie de la vie au quotidien.

Le soir du match où le Barça a gagné la coupe d’Europe

Le marché de la Boqueria


Un peu d’histoire Barcelone est l’une des plus anciennes villes d’Espagne. On ignore si elle était habitée avant la période romaine, mais on suppose qu’un camp fut établi vers 230 av. JC sur la colline de Montjuïc par le Carthaginois Hamilcar Barca qui aurait donné son nom à la ville. En 1753 est construit le quartier ouvrier de La Barceloneta, aujourd’hui métamorphosé en un haut lieu touristique. La population augmentant de 28 % par an, il faut sans cesse agrandir la ville. Une extension est créée (l’Eixample), reliant la ville de Barcelone à la ville de Gracia, qui n’est plus qu’aujourd’hui un quartier de la capitale. Au milieu du 19e siècle naît la « Renaixença », un mouvement littéraire et social qui réveille le nationalisme catalan. Au début des années 1920, les catalans réclament l’indépendance. Des grèves terribles éclatent, à tel point que l’état de guerre est déclaré à Barcelone. Peu après, le général Miguel Primo de Rivera fait un coup d’État et met en place une dictature opposée à la fois au nationalisme catalan, à la bourgeoisie barcelonaise et au radicalisme de la classe

ouvrière. En 1936 éclate le guerre civile espagnole. La ville deviendra à l’automne 1937 la capitale des Républicains. Au tout début de l’année 1939, le 25 janvier, Barcelone tombe aux mains des nationalistes franquistes. Franco va entreprendre un vaste programme de castillanisation de la province. Le catalan est banni des écoles et interdit dans la rue, environ 200 000 Catalans choisissent l’exil, et près de 200 000 autres sont tués lors des répressions. Seule la mort du dictateur en 1975 mettra fin à cette dictature. Aujourd’hui, l’Espagne est divisée en 17 « régions et nationalités autonomes » qui disposent du droit de s’autogouverner. Le Generalitat (le gouvernement autonome de la Catalogne) prend seul les décisions concernant la culture, l’urbanisme, le commerce, le tourisme et les affaires sociales, mais il partage le pouvoir en ce qui concerne par exemple les transports et l’énergie. En 1992, Barcelone accueille les Jeux Olympiques. La ville tout entière se met en chantier, c’est l’occasion de construire des hôtels, d’améliorer ses voies d’accès, ravaler ses façades, nettoyer ses rues, ses plages, réorganise et agrandit son port. Un tout


nouveau quartier sera créé sur la côte au Nord-Est de la ville.

Le développement urbain Un simple plan de la ville reflète l’histoire de son architecture et la façon dont les différentes époques se sont entrecroisées pour former un panorama aussi riche et varié. Barcelone a été marqué par deux grandes phases de rénovation urbaine. La première commence en 1859 avec le lancement d’un concours pour un grand programme d’extension de la ville : L’Eixample, à cause d’une population de plus en plus nombreuse. C’est projet d’Idelfons Cerda qui est retenu : un plan formé d’un quadrillage régulier, aéré par des jardins publics et des parcs. Cependant, la spéculation immobilière étant telle, les espaces verts sont peu à peu supprimés pour faire place à de majestueuses maisons bourgeoises au style très caractéristique. Ce programme d’extension coïncide avec une vague artistique particulière, notamment en architecture. Antoni Gaudi en est le parfait exemple, et nombre d’architectes modernistes surgissent au même

Gracia

L’Eixample

la vieille ville

moment, entraînant une sorte de compétition entre eux qui a grandement stimulé les audaces des architectes pendant une trentaine d’années. La deuxième phase commence à la fin des années 1980, juste avant les Jeux Olympiques (de 1992). Oriol Bohigas, une figure de l’architecture, est nommé à la tête du projet d’urbanisme de la ville. Cela marque un véritable tournant. Plus de 150 architectes travaillèrent sur 300 projets avant les JO ! Un grand nombre de bâtiments spectaculaires sont construits, et des quartiers complètement métamorphosés. Le projet le plus important reste celui de Diagonal Mar, qui bénéficia de 2,5 milliards d’euros de budget, et permis la création d’un nouveau quartier au Nord-Est de la ville. Aujourd’hui encore, il y a un très grand nombre de chantiers en cours. Le quartier d’El Poblenou par exemple (Nord-Est), futur pôle high-tech de Barcelone où des bâtiments au designs plus originaux les uns que les autres poussent comme des champignons. Au Sud-Ouest, dans le quartier de l’Hospitalet, se développe un nouveau centre d’affaire en même temps que la Ciudad Judicial (« cité judiciaire »). Le centre ville est également en pleine rénovation, petit à petit des zones laissées à l’aban-


don reprennent vie. Les parcs et espaces verts ne sont pas très fréquents dans toute la ville. On retrouve des petits jardins coincés en cœur d’îlots dans l’Eixample, mais les grands parcs se font plutôt rares, et se situent surtout en périphérie de la ville. Barcelone est considérée comme la « cité des architectes », pour lesquels elle représente un véritable terrain de jeux. Les grands architectes ayant participé à la construction de Barcelone (Ildefons Cerda, Antoni Gaudi, Lluis Domènech i Muntaner, Josep Lluis Sert, Isozaki, Santiago Calatrava, Norman Foster, Bofill, Martorell, Bohigas, Mackey, Enrique Miralles, Jean Nouvel, Toyo Ito, Franck Gehry etc…) en ont fait, et continuent à en faire un symbole de l’architecture mondiale où se mêlent tous les styles et les tendances, et où les nouvelles technologies jouent un rôle de plus en plus important.

La Torre Agbar de Jean Nouvel

Le Musée d’art moderne (MACBA)

Panneaux solaires


L’AGENCE Présentation Andreu Arriola et Carme Fiol travaillent ensemble depuis 1981, date à laquelle ils ont tous deux été diplomé de l’école d’architecture de Barcelone : l’E.T.S. De 1981 à 1988 ils ont été architectes au Département de Projets Urbains de la Mairie de Barcelone responsable des Espaces Urbains (19811987), et Andreu fut également Directeur Associé à l’Institut de Promotion Urbanistique et Jeux Olympiques de Barcelone 1992, et est toujours professeur à l’ETS. Leurs travaux ont été rapidement reconnus avec le premier prix ex-aequo au concours du Parc de la Villette à Paris (1982-1983). Ils décidèrent de fonder l’agence Arriola & Fiol en 1987, leurs objectifs étant principalement d’explorer les relations entre l’Architecture et l’Urbanisme grâce au dessin de places publiques. Les différents projets réalisés au cours des années leur ont permis également de travailler sur des projets de paysage et de parcs urbains, et d’architecture industrielle et intérieure.

La véranda

des maquettes partout...

Les projets qu’ils réalisent sont très variés, en taille et en « genre » (paysage, architecture, urbanisme…), principalement en Espagne, et les maîtres d’œuvres sont généralement des municipalités ou des organismes privés. La plupart du temps, l’agence a recours à des collaborateurs pour les aider dans la réalisation des projets pour les points techniques (ingénieurs civils, biologistes, paysagistes…) ou pour la réalisation des pièces graphiques illustrant le projet. L’agence est aujourd’hui (depuis une petite dizaine d’années) installée Carrer de Mallorca, dans un quartier chic de l’Eixample et dans un très beau bâtiment de l’époque Moderne. Les locaux, d’environ 350m2, sont divisés en plein de petits espaces et 3 grands : la salle de travail, la véranda (dont la fonction n’est pas très claire - salle de réflexion de projet, et de stockage des fournitures ?) et la bibliothèque.


Une sélection de leurs travaux et projets: Place de Les Gloriès Catalanes, Barcelone 1992 - Superficie: 25000m - Budget: 30 050 605€ - Maître d’ouvrage: Holding Olimpic S.A. La place Gloriès était le point de croisement des deux grandes diagonales Est-Ouest qui traversent Barcelone, donc un espace principalement de circulation automobile, et peu fonctionnel. Dans le plan de rénovation urbaine, il était question de résoudre les problèmes de trafic et de créer un grand parc public. Les architectes se penchent alors sur la redistribution des transports autour de cette place, donnant lieu à une forme giratoire et un parc central. Le parc articule ainsi les communications et non l’inverse. Sa position centrale devient alors un atout. Depuis plus de cinq ans maintenant, le parc est fermé et son accès interdit. L’organisation de cette place est de nouveau remise en question, le quartier devenant un pôle high-tech et culturel important.

Le parc aujourd’hui, envahi par la végétation. Ambiance magique


Place de Virrei Amat, Barcelone 1999 - Superficie: 18000m² - Budget: 2 289 913 euros - Maître d’ouvrage: Pro Nou Barris S.A. Cet espace était anciennement un lieu sans réelle fonction, où le trafic avait une grande importance. Sa requalification permis d’agrandir l’espace public existant, de 2500 m2 à 1800 m2, offrant deux espaces distinct : un espace de jeux pour enfants et un espace de repos. Les circulations ont été complètement repensées, la place des automobiles réduite et celle des piétons rendue plus agréable, et guidée par les différents espaces crées. Enfin, une grande pergola majestueuse et un bassinfontaine offrent une identité au site.


Parc Central de Nou Barris, Barcelone 2003 - Superficie: 166.000m - Budget: 15.897.729€ - Maître d’ouvrage: Pro Nou Barris S.A. De loin leur réalisation la plus connue, la plus récompensé et celle donc ils sont le plus fiers ! Ils ont reçu le « International urban landscape award 2007 » pour ce parc. Le site était un espace vide, résultant des constructions massives de barres d’immeubles des années 1960-1970, à endroit qui n’était occupé que par des champs. Ce projet avait pour but de relier les quartiers entre eux, tout en offrant un nouveau parc urbain aux habitants. Le projet de Arriola & Fiol, très graphique, est une composition de surfaces complexes triangulaires, plus ou moins larges. Les architectes ont souhaité mettre en valeur le skyline des logements, entité inséparable et essentielle du paysage urbain.


Caserne de Pompiers, Montblanc 2005 - Superficie: 893 m2 - Budget: 1.182.528€ - Maître d’ouvrage: Gisa Comme il s’agit d’une agence d’architectes, il est important de présenter une de leurs récentes réalisations architecturale. Cette caserne de pompiers s’inscrit dans un site à la topographie marquée. Il s’articule autour d’un espace central où les camions sont garés. Le reste du bâtiment comprend les cuisines, les chambres et d’autres pièces de la caserne. La façade « dentée » fait référence aux collines Montsants auxquelles elle fait face. Ce bâtiment est voulu comme un « accident topographique » dans le paysage, plutôt que comme une « boîte » dans le contexte de la zone industrielle.


L’équipe En plus d’Andreu et Carmen, l’équipe ne compte que 2 salariés, dont une à temps partiel. L’agence a l’habitude de fonctionner avec des stagiaires, qui vont et viennent tout au long de l’année. Nous avons été, au plus grand nombre, une dizaine de stagiaires. De ce fait, beaucoup de jeunes travaillent ensemble ce qui crée une ambiance plutôt agréable et sympathique, mais cela pose aussi des problèmes d’organisation (notamment des données sur le serveur), et de place puisque l’agence n’est pas assez équipée (manque de place et d’ordinateurs).

Xavi Arriola : architecte 12 mois Marina : stagiaire

3 mois Marius : stagiaire 3 mois

12 mois Laura : stagiaire

3 mois Léonard : stagiaire 2 mois Guillaume : stagiaire

Moi : stagiaire

3 mois Gulia : stagiaire 3 mois Andreu Arriola : architecte Carmen Fiol : architecte

Alessandra : architecte

Fabrizio : stagiaire

3 mois Francesca : stagiaire

12 mois Andrea : stagiaire


Le travail et journées types Le travail, c’est 9h00 – 19h00, mais les Espagnols ne sont pas très ponctuels donc on s’est très souvent retrouvé à attendre devant la porte le matin, jusqu’à ce qu’on décide de ne plus arriver trop à l’heure ! Il y a une pause, vers 11h généralement, mais on peut la prendre quand on veut ou ne pas la prendre du tout si l’on a trop de travail. Ensuite, le déjeuné c’est de 14h à 16h, ce qui fait de très longues matinées et des après-midi plutôt courts. C’est un rythme difficile car la pause pour déjeuner est trop longue, mais pas assez pour avoir le temps de rentrer chez sois et se reposer, et le soir nous finissons trop tard (le plus souvent vers 20h) pour avoir le courage de faire quoi que ce soit. J’ai beaucoup travaillé sur ordinateur au début, sur le concours de Bari et sur des dossiers de candidature pour divers concours. S’habituer à leur logiciel MicroStation fut assez dur, surtout qu’il arrive souvent qu’on change d’ordinateur, et donc d’interface et d’organisation des onglets et des différentes fonctions… C’est également très dur de ne

La salle des maquettes

pas comparer avec VectorWorks que l’on connaît bien, et de trouver leur logiciel beaucoup moins logique et intuitif, ce qui a tendance à énerver un petit peu… J’ai également été préposée aux maquettes (des projets en cours + restauration de leurs vieilles maquettes) pendant quelque temps, ce qui était bien au début, mais est vite devenu fatiguant à cause du manque de matériel. Le manque de place rend également le travail difficile : lorsqu’on se retrouve à 5 dans la toute petite salle de maquette, travaillant sur différentes choses, on se marche très vite dessus…


LES PROJETS Lungomare di Bari (6 semaines) C’est le premier projet sur lequel j’ai travaillé : un concours pour requalifier une partie du front de mer de la ville de Bari, dans le Sud de l’Italie. Le projet s’étend sur une bande côtière d’un peu moins de 2km de long, entre l’arrivée dans la mer de deux canaux : un artificiel et un naturel au grand intérêt paysagé. Ce site fait partie de l’extension récente de la ville (années 1970), et n’est actuellement qu’une zone de banlieue résidentielle, mal équipée, et très peu investie. La demande était de dessiner un front de mer, en développant une nouvelle promenade pour promouvoir un espace public de qualité. Il fallait également recréer une zone de baignade, et penser à la protection de la côte car, étant orientée au Nord, il y a peu de soleil et beaucoup de tempêtes qui aggravent l’érosion des berges. Le premier travail qui m’a été confié fut de dessi-


Détail du plan

Détail du plan de plantation

Élévation et détail en plan d’un ponton

ner l’un des pontons. Ça consistait à placer dans tous les sens, comme un jeu de Tetris, des « dominos » comme ils appellent ça. Concrètement, cela donnerait des pontons en bois au bout desquels se trouveraient des gros blocs de rochers rectangulaires sur différents niveaux, de manière irrégulière. On était assez autonome dans notre travail, on avait un objectif et personne n’était sans cesse à venir vérifier si on avait assez avancé ou pas. Ça rendait le travail agréable, même si à la fin de la journée il y avait plein de choses qui n’allaient pas et qu’il fallait changer le lendemain ! Cela a duré un certain temps car le dessin du projet n’étant pas fixé, il fallait sans cesse rectifier certaines choses que les chefs de l’agence avaient changé d’un jour à l’autre. Ensuite, Léonard, Guillaume et moi, étant les seuls paysagistes de l’agence, nous avons été chargé du choix des végétaux et du plan de plantation. Il y avait à faire un alignement de palmiers sur tout le long de la promenade, ainsi que les plantations dans toutes les « bananes » (grandes fosses de plantation en forme de bananes disposées le long de la promenade), en jouant sur les hauteurs : haut du côté de la ville, bas du côté de la mer.


Pour les palmiers, nous avons choisi 3 sortes aux hauteurs très différentes : des Chamærops (environ 4m), des Braheas (environ 10m) et des Washingtonia (environ 20m) . Pour les bananes, nous avons conservé et renforcé la présence de Tamarix, puis ajouté des Pitosporum, des Stipa et des Carpobrotus. Pour les représenter en plan, nous avions choisi des formes représentatives de la structure de la plante, et nous en avions créé de nouvelles pour les palmiers. Malheureusement, les chefs de l’agence ont préféré simplifier les formes : de simples ronds pour les Tamarix, et de simples traits croisés en étoiles (avec plus ou moins de traits selon l’espèce) pour les palmiers… Une fois que le plan de plantation fut fini, Léonard et moi avons été chargés de réaliser une maquette au 1/1000e du projet. J’ai par la suite retravaillé et texturé les photos de cette maquette pour illustrer de manière schématique le projet. L’agence n’a pas reçu le premier prix pour ce concours, mais a été lauréate. Je pense que cela est une très bonne chose pour eux, compte tenu du fait que leur projet n’était ni économique (des gros blocs de roche taillés en 2,5x5x0,5 m et disposé de

Photo de la maquette texturée

manière horizontale - donc réfléchie - sur tout le long de la promenade et au bout des pontons), ni écologique (à la question « que faites-vous des eaux usées ? », ils ont répondus qu’il allongeaient juste un peu le tuyaux qui les rejetait dans la mer actuellement…).

Vues 3D


Guineueta - Pronoba (2 semaines) Après divers petits travaux de mise en pages, ce projet est le deuxième qui m’a été confié, avec Léonard. Il s’agit d’un îlot situé au nord de Barcelone, à la limite de la banlieue, d’environ 27000m2. Le site est très pentu sur sa totalité, et une douzaine de hautes barres d’habitations ainsi qu’une église et trois bâtiments commerciaux s’y trouvent. C’est un concours pour lequel il fallait produire un diagnostic du site, une esquisse d’un projet et un planning d’estimation de la réalisation du projet. La demande consistait en la requalification du paysage urbain et de l’espace entre tous ces bâtiments, et d’en faciliter l’entrée. Il fallait redonner une fonctionnalité à chaque espace en intégrant des espaces de jeux pour les enfants, des espaces de détente et des pistes de pétanques. Le travail de la topographie était important car il fallait rendre la totalité du site accessible aux handicapés. Dans un premier temps, les chefs de l’agence nous ont demandé de nous rendre sur le site pour


prendre des photos et leur expliquer comment c’était. Nous leur avons fait un petit dossier photographique légendé de l’état des lieux / diagnostic, en prenant la liberté de prendre parti concernant l’état des espaces et des végétaux, et quelques cartes illustrant schématiquement la topographie et l’emplacement et l’état des végétaux, et en donnant des conseils sur ce qu’il serait judicieux de faire... Ils ont été agréablement surpris par la qualité d’analyse du site que nous avions eu et nous ont donc demandé de continuer notre analyse par une proposition de projet. Nous leur avons fait plusieurs propositions, en essayant de souligner les différentes trames présentes sur le site (végétale, circulations, bâtiments…). Compte tenu de l’état actuel du site, il nous a semblé primordial d’essayer de redonner une identité au site. Pour cela, nous avons réfléchi à différentes trames de circulations autours desquelles s’articule la végétation (arbres et parterres) de manière cohérente, logique et fonctionnelle. Les chefs de l’agence nous ont guidé vers celle qu’ils préféraient, en nous disant d’insister encore plus sur les lignes structurantes. Nous avons en plus réalisé une maquette au 1/500e


pour illustrer l’articulation de la trame développé autour des bâtiments. J’ai également réalisé une vue de principe, très « clichée », censée montrer au jury tout ce qu’ils veulent voir sur ce site, donc censée beaucoup leur plaire. Malgré les 15 jours que nous avions avant l’envoi des dossiers aux organisateurs du concours, les chefs de l’agence ont insisté pour que nous fassions ce projet en 10 jours. J’ai trouvé cet exercice très dur, car il est difficile de penser à un possible projet sans avoir pris le temps de bien étudier le site et le diagnostic, sans avoir le temps d’essayer dix fois, vingt fois ou plus jusqu’à trouver une trame cohérente et logique, une trame qui marche sous tous les angles et pour tous les utilisateurs. Cependant, ce projet fut très intéressant pour son site et pour le temps imparti, et aussi très gratifiant de voir que l’on a réussi et que les chefs de l’agence étaient très satisfaits de nous. Le projet gagnant de ce concours ne sera annoncé que le 15 juin, donc à l’heure de rédaction de ce rapport, je ne sais toujours pas si nous sommes sélectionné ou pas !

Vue «poudre au yeux», pour plaire au jury...


Cerdanyola - Coridor Verde (3 semaines) Ce projet est le dernier sur lequel nous allons travailler. Il se situe à Cerdanyola Del Vallès, une ville située à une vingtaine de kilomètres au NordOuest de Barcelone. Il s’agit d’un concours pour lequel l’équipe d’Arriola & Fiol, parmis 5 autres, a été sélectionnée pour y participer. Chaque équipe est constituée d’un architecte, d’un biologiste ou d’un écologiste, d’un ingénieur agronome ou d’un biologiste spécialisé dans la revégétation, et d’un ingénieur civil. Il est surprenant de voir qu’aucun paysagiste n’est prévu dans la liste, alors qu’il s’agit d’un projet de grand paysage… Arriola & Fiol ont tout de même sollicité la participation du paysagiste français Christophe Girot. Le projet consiste à restaurer et réorganiser, en prenant en compte les critères environnementaux et paysagés, un site naturel de 142 ha au pied de la chaîne de collines de Collserola. Cette coulée verte est actuellement le seul lien entre deux grands parcs naturels, et se trouve dans


une zone en pleine urbanisation. Les objectifs de l’action consistent à récupérer la « connectivité biologique » de la faune de cette région (entre les deux grands parcs naturels), à restaurer l’environnement, à intégrer les activités des différents acteurs du site (agriculteurs, promeneurs, automobilistes…), et à créer un espace de loisirs pour les deux villes limitrophes : Sant Cugat et Cerdanyola. Un des points importants de ce projet et de travailler le franchissement des différents obstacles anthropologiques (autoroute, routes, voies ferroviaires) par la faune et par le piéton. D’autres actions importantes sont la promotion des valeurs écologiques des habitats typiques de ce paysage urbain, la fourniture d’une qualité de son et d’un éclairage adéquat, le traitement de l’eau pour une meilleure qualité de l’environnement (plusieurs cours d’eau traversent le site), la création d’un itinéraire pour des activités de plein air et pour des zones d’éducation à l’environnement, et enfin la définition d’outils de gestion nécessaires à la bonne conservation de ces espaces. La méthode de travail qu’on nous demande d’avoir pour ce projet est quelque peu inhabituelle


et destabilisante. À peine Léonard et moi avons eu connaissance du projet, que nous avons commencé le long travail d’analyse des quelques 400 documents Pdf fourni afin de se familiariser avec le site, recréer une cartographie de l’état des lieux plus simple et plus explicite, et essayé de comprendre la structure du site, son fonctionnement et son articulation avec les entitées environnantes. Cependant, Carmen (la chef de l’agence) nous a dit qu’elle ne voulait pas que l’on fasse des documents informatisés mais qu’on imprime toutes les cartes contenant les informations importantes sur un A1 ou A0, et qu’on mette du calque pour commencer à dessiner dessus. Elle ne sait pas se servir d’un ordinateur, donc elle panique dès qu’on veut faire quelque chose avec parce qu’elle ne le comprendra pas. On a donc colorié un plan en format A1, à la craie Crayola (encore une fois, ils manquent de matériel et n’ont aucun feutre ou Marquer…), pour faire l’état des lieux. Carmen nous a longuement expliqué que pour faire un projet, il ne faut pas seulement penser au design, qu’il faut voir le site avant, le comprendre, ne pas lui imposer son dessin. Cinq minutes plus tard, elle nous explique qu’elle a déjà une idée précise


Réunion avec l’équipe

pour le projet, qu’elle veut continuer la grille de la zone qui va être urbanisée juste à côté, la continuer comme un filet qui représente « un match de foot - l’emplacement des joueurs formant une grille flexible en fonction des mouvements de chaque joueur », et elle commence à nous montrer schématiquement (à dessiner des grilles sur le calque) en nous disant de dessiner cela à l’échelle du site. Nous sommes mercredi, cela fait 24h que nous avons reçu les documents d‘informations sur le site, Carmen n’a pas lu le programme en entier et ne le comprend pas, donc ne peut pas nous l’expliquer pour l’instant, elle ne sait pas quelle est la demande, nous n’avons pas encore été sur le site, et nous devons commencer par dessiner son idée de projet, avant de faire le diagnostic. À la question « donc on commence par dessiner le projet, pour ensuite faire le diagnostic et l’état des lieux, ? » elle répond, toute souriante, « oui ! c’est ça, c’est exactement ça ! ». Nous devons donc faire un projet en sens inverse, sans comprendre le site, sans le connaître. Essayer de faire coller son idée de grille coûte que coûte. C’est un très bon exercice, comme une démonstration par l’absurde. Une bonne leçon de vie qui

nous confirme l’importance d’avoir une méthode, et nous apprend à gérer notre frustration... En fin de semaine, nous avons eu une visite organisée du site. Cela m’a paru très étrange que les maîtres d’œuvres organisent une visite guidée et commentée du site pour l’ensemble des équipes, mais d’après Yael Ifrah (la femme de Christophe Girot, ce dernier n’ayant pu se déplacer ce jourlà), c’est une pratique très courante, voir même systématique lorsqu’il s’agit d’un projet de grand paysage. La visite était malheureusement en Catalan, donc je n’ai pas compris grand chose, mais Léonard et moi avons fait des photos représentatives du site, que nous avons du organiser et localiser sur la carte pour les chefs de l’agence. Ces derniers sont venu à la visite sans appareil photo ni carnet de note. Le projet est à rendre début août, et la sélection sera annoncée en septembre. L’équipe gagnante recevra 205.870€, les autres équipes 9000€.


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