Sons et translittération de l’égyptien ancien.. ..
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Classification des hiéroglyphes.. .. .. .. .. .. .. .. .. 14 Paléographie, calligraphie et polychromie des signes .. .. .. .. .. .. .. .. .. 15 Liste des signes .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. ..
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Exercice 1.. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. ..
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Leçon 1
Sons et translittération de l’égyptien ancien Avant de commencer à étudier les hiéroglyphes, il faut apprendre les conventions de translittération qui servent à noter en alphabet moderne les sons (dits aussi phonèmes dans le vocabulaire spécialisé de la linguistique) de l’égyptien hiéroglyphique :
Signe
Lettre Clavier
A
A
i
i
i. Le yod. Transcrit j ou y par l’école allemande
y
y
y. Double yod
a
a
Le aïn, entre « a » et « eu », comme dans « Allah ». Souvent transcrit â ou ê
/
w
w
ou. Souvent transcrit w par l’école anglaise
b
b
b
/
p
p
p
f
f
f
m
m
m
n
n
n
r
r
« r » roulé, parfois « l »
h
h
h aspiré comme dans l’anglais « house »
/
/
10 — Leçon 1
Remarques
Le aleph, sorte d’attaque vocalique, comme le ha dans « les haricots ». Souvent transcrit a
Signe
Lettre Clavier
Remarques
H
H
h doublement aspiré
x
x
comme le « ch » dans l’allemand « ach ». Souvent transcrit kh
X
X
sorte de « tch » ou de « sh » doux comme dans l’allemand « ich »
s, z s, z
s, anciennement z
s
s
s
S
S
ch. Souvent transcrit sh
o
q
Le qof, k du fond de la gorge. Parfois translittéré q
k
k
Le kaf, k
g
g
g
t
t
t
T
T
sorte de « tj ». Finit par se confondre avec le t
d
d
d
D
D
dj. Finit par se confondre avec le d
Leçon 1 — 11
Les signes hiéroglyphiques de ce tableau sont appelés alphabétiques ou unilittères car ils ne représentent qu’une seule lettre. Ils sont particulièrement répandus et il convient de les apprendre par cœur le plus tôt possible. À partir du Nouvel Empire, deux lettres très fréquentes, le m et le n, possèdent une seconde forme pour permettre une répartition plus harmonieuse des signes dans certaines séquences. Le double yod est quant à lui souvent noté de façon simplifiée par les deux traits quand il est en position finale, de la même manière que le w peut être écrit par sa variante hiératique en forme de spirale plus facile à tracer. Certaines lettres n’ont pas de correspondantes dans l’alphabet latin ; elles servent à noter des sons inconnus des langues européennes. Les égyptologues ont donc créé un alphabet dit de translittération pour pouvoir les transcrire avec une typographie de forme occidentale. Comme plusieurs de ces sons se retrouvent en hébreu, les chercheurs du xixe siècle ont emprunté la terminologie de cette écriture pour désigner les lettres A (aleph), a (aïn), i (yod), o (qof) et k (kaf). L’alphabet de translittération utilise ce qu’on appelle des signes diacritiques, comme le point, le trait, ou le croissant (dit aussi cupule), placés en dessous ou au dessus, pour noter les lettres inconnues en latin. De plus, le yod i s’écrit avec une sorte d’apostrophe à la place du point sur le i ; le aïn a ressemble à un petit c en lévitation ; le aleph A à deux apostrophes l’une sur l’autre ou à un 3. Cela nécessite l’usage d’une police de caractères spéciaux.
L’ordre de classement de la translittération
Adolf Erman (1854-1937)
12 — Leçon 1
Le classement moderne de cet « alphabet » est particulier. Comme il est utilisé par les dictionnaires hiéroglyphiques, il est important de s’y familiariser dès le début. Il place en premier les voyelles longues, puis les explosives labiales (b, p), puis le f, puis les liquides (m, n, r), les fricatives gutturales (h, H, x, X), les fricatives dentales (z, s, S), les explosives gutturales (q, k, g), et enfin les explosives dentales (t, T, d, D). Cet ordre, quelque peu arbitraire mais incontournable, s’est formé peu à peu au cours du xixe siècle. Il a été définitivement fixé en 1892, par les règles imposées par l’égyptologue Adolf Erman aux auteurs d’articles de la prestigieuse Zeitschrift für Ägyptische Sprache und Altertumskunde (ZÄS – Revue pour la langue égyptienne et l’archéologie – un périodique international d’égyptologie publié à Berlin). Les anciens Égyptiens suivaient un ordre différent, qui commençait probablement par h, r, H, m, (le «halaHam», connu ailleurs dans le Proche-Orient, avant d’être en général supplanté par le classement a, b, g, d qui a donné notre ABCD).
Translittération
A
i
a
H
x
X
S
T
D
A
i
a
H
x
X
S
T
D
Unilittère
Clavier ASCII
Avec le développement des applications informatiques est apparue la nécessité de pouvoir rendre toutes ces valeurs avec un clavier minimal (c’est à dire un clavier anglosaxon sans caractères spéciaux, dont le standard a été défini en 1968 sous le nom American Standard Code for Information Interchange, ASCII). Ce système est aujourd’hui adopté par tous les programmes d’édition hiéroglyphique, et est également fort utile pour les échanges de messages électroniques. Comme la plupart des langues sémitiques, dont l’arabe et l’hébreu, l’égyptien hiéroglyphique ne note que les consonnes et les semi-consonnes. Les semi-consonnes, qui sont donc par définition aussi des «semi-voyelles», peuvent servir de voyelles longues. Mais elles jouent plus souvent le rôle de « lettres support » servant à « accrocher » une voyelle courte. Dans les mots créés au Nouvel Empire (noms étrangers par exemple), il semble que le aleph A puisse à la fois avoir la valeur d’un a long, d’un o long ou d’un i long, que le yod i soit devenu un stop glottal (c’est à dire une sorte de a très court), et que le w puisse représenter la consonne w, le son ou ou un o court.
Prononciation conventionnelle et transcription On ne connaît que fort imparfaitement la prononciation de l’égyptien pharaonique. L’absence de notation des voyelles en est une cause. De nombreux mots sont certes passés dans l’arabe égyptien contemporain, et plus encore dans le copte (écriture égyptienne dérivée du grec et qui notait les voyelles). Cependant, les siècles ont souvent altéré les sons originels, et la reconstitution approximative de la façon dont les mots pouvaient être prononcés fait l’objet d’études complexes. Par exemple, c’est en analysant l’écriture cunéiforme de la correspondance diplomatique des lettres d’Amarna que l’on déduit que le mot ra, soleil, qui figure presque constamment dans le nom de couronnement des rois, devait se dire à peu près riya sous les règnes d’Amenhotep III et de son fils Akhénaton. On sait aussi qu’assez tôt, le son z a disparu au profit du s, et qu’au Nouvel Empire les emphatiques T et D ne se distinguent plus des t et d. On trouve également trace d’un son l sans lettre propre, mais pouvant être exprimé par un A, un n ou un r, etc. Néanmoins, il faut en général se contenter de principes purement conventionnels quand on est amené à « prononcer » des mots égyptiens à des fins pédagogiques. Ainsi, les égyptologues intercalent des « é » ou des « è » entre les consonnes, à la place des Leçon 1 — 13
Hsb hhésséb
arabe hhisaab
voyelles disparues. On prononcera donc « hhésséb » (avec un h bien aspiré si l’on veut être plus fidèle) le mot Hsb (« compte »), qui a donné « hhisaab » en arabe moderne (utile notamment pour demander « l’addition » dans un restaurant). Le jeu est plus compliqué pour les noms propres. Les usages sont très variés suivant les auteurs, parfois influencés par les transcriptions grecques ou les différentes écoles de linguistique. Ainsi, , DHwty-ms, pourra être transcrit Thoutmosis, Touthmosis (suivant la tradition grecque) ou Thotmès par les francophones, Tuthmosis, Thutmosis ou Thutmose par les anglophones, etc. On pourra même trouver des transcriptions dont on sait aujourd’hui qu’elles sont fautives, comme Aménophis pour imn-Htp.w. Or Aménophis est en réalité la forme grecque d’un autre nom, imn-m-ipt ; il est donc plus exact de dire Amenhotep. De plus, en français, on trouve tantôt ê, tantôt â pour rendre le aïn a (d’où les formes Râ ou Rê pour désigner le dieu soleil ra ). De même, on peut lire Chonsou et Khonsou pour le dieu xnsw ( ), Chéchonq et Sheshanq pour le nom SSnq ( ), etc. Ce n’est souvent qu’une affaire de goût. Le parti pris de cet ouvrage est d’essayer de rester au plus près de la translittération, pour des raisons mnémotechniques, tout en gardant les usages les plus répandus, pour des raisons de clarté.
de la catégorie Z, qui n’est pas la dernière, puisqu’un groupe Aa sert à recenser tous les glyphes d’identification incertaine qui n’ont pas pu être casés ailleurs. Cette liste a été complétée depuis par un grand nombre de variantes et combinaisons trouvées dans les textes (particulièrement nombreuses à la fin de l’histoire des hiéroglyphes, à partir de l’époque Ptolémaïque), et comprend aujourd’hui plus de 6 700 références. Les anciennes fontes d’imprimerie hiéroglyphiques, développées dès les années 1840, sont aujourd’hui tombées en obsolescence et ont fait place à des polices de caractères exploitées par des logiciels d’édition de textes hiéroglyphiques (le plus utilisé actuelle ment est Jsesh, créé par le Français Serge Rosmorduc et librement téléchargeable). Pour écrire en hiéroglyphes avec ces programmes, il faut taper le code ou parfois aussi la valeur phonétique en ASCII du signe désiré. Pour trouver le signe du roseau fleuri , on y écrira donc indifféremment M17 ou i.
Paléographie, calligraphie et polychromie des signes Si, comme pour la calligraphie arabe ou chinoise, on catégorisait les grandes familles de styles de graphies hiéroglyphiques – qui sont les différentes manières et styles que les scribes et les artistes connaissaient pour dessiner des signes suivant les supports ou les textes, on en compterait probablement une vingtaine au Nouvel Empire égyptien : hiéroglyphe monumental polychrome, variante trichrome minéral rouge-bleu-vert, gravure en relief ou dans le creux, peinture pleine monochrome, hiéroglyphe cursif en contour sur papyrus, gravure cursive, etc.
Classification des hiéroglyphes Le nombre de signes utilisés au cours du Nouvel Empire approche les 700 : on trouve à peu près 350 hiéroglyphes de base dont il faut mémoriser les valeurs ; environ trois cent autres ne sont que des variantes ou des idéogrammes dont le sens se laisse deviner sans trop d’effort. Le premier standard de classification internationalement adopté est celui mis au point par l’égyptologue anglais Alan H. Gardiner pour sa grammaire publiée en 1927. Cette liste comprenait à peu près 700 signes, classés dans des catégories indiquées par des lettres. L’ordre suit une hiérarchie anthropocentrée : le groupe A contient les représenta tions d’hommes, commençant par le signe A1 , le B de femmes, le C de divinités anthropomorphes, le D de parties du corps (ainsi, la bouche r se trouve sous la réfé rence D21, l’avant-bras a a le code D36, la main d D46, et le pied b D58), le E des mammifères, le F des parties de mammifères, le G des oiseaux, le H des parties d’oiseaux, etc., les végétaux sont à M, le ciel, la terre et l’eau à N, puis viennent les autres inanimés (architecture O, bateaux P, meubles Q, jusqu’aux outils U), les objets en corde V, les paniers et les récipients W, etc. Les signes les plus abstraits comme les simples traits font l’objet 14 — Leçon 1
Différentes calligraphies de l’un des hiéroglyphes les plus communs, le signe de la caille (voir p. 25, G43).
Dès la fin du xixe siècle, à une époque où la faible qualité des reproductions photogra phiques ne permettait pas beaucoup d’alternatives, les textes égyptiens ont été publiés grâce aux fontes d’imprimerie hiéroglyphiques qui faisaient la fierté des institutions les possédant. Si cela a permis à la philologie égyptienne de progresser plus vite, la standar disation des signes dans les ouvrages savants a conduit à une certaine négligence de Leçon 1 — 15
l’analyse des tracés et des variantes des signes. Non seulement la paléographie (l’évolution des graphies dans le temps), mais aussi l’épigraphie (le déchiffrement des documents originaux) et la calligraphie restent aujourd’hui sous-étudiées. Ce manuel tente de contribuer à y remédier, en présentant quatre formes différentes de chaque signe rencontré. Celles qui ont été reproduites ici sont toutes des formes peintes ou dessinées – elles sont plus intéressantes que les textes gravés pour les débutants, car elles permettent de comprendre les tracés ; cela aide l’étudiant à les reproduire et à reconnaître les variations cursives. La première calligraphie présentée dans les fiches de signes du présent ouvrage est celle des hiéroglyphes monumentaux polychromes. Le corpus de référence est la tombe de Nefertary, grande épouse royale de Ramsès II, l’un des plus beaux sites de la nécropole thébaine, avec un très grand nombre de hiéroglyphes en couleurs conservés ; les signes qui n’y apparaissent pas ont été recherchés dans des collections similaires du Nouvel Empire, tombe de Séthy Ier, temple d’Abydos, tombe de Rekhmirê, etc. La deuxième calligraphie est constituée de signes monochromes Tête D1 (p. 121). pleins tels qu’ils sont peints sur les parois de tombes thébaines, avec pour référence primaire le caveau de Pached, complété par celui de Sennedjem et d’autres sources contemporaines pour les signes les plus rares. Les hiéroglyphes tracés cursivement sur papyrus font l’objet de la troisième calligraphie proposée dans ces leçons, tirés du livre des morts d’Any si possible ou de papyrus semblables. Enfin, une introduction aux signes hiératiques, graphies très cursives et simplifiées de hiéroglyphes utilisées notamment sur les papyrus et ostraca de lettres ou de documents administratifs, est également fournie. La forme choisie, la plus standard possible, est souvent tirée du papyrus Harris, et déjà présentée dans la paléographie hiératique publiée par Georg Möller. Toutes les calligraphies présentées dans les leçons sont des fac-similés améliorés : elles ont été dessinées sur ordinateur par dessus une photographie ; si les caractéristiques individuelles de chaque signe et des traits qui la composent ont été reproduits, les zones abîmées par le temps et quelques autres petits défauts éventuels ont été gommés.
Les couleurs de la calligraphie polychrome ont par ailleurs été standardisées. Les signes sont orientés de droite à gauche, ce qui était le sens d’écriture normal. Si la présentation de ces différentes formes a pour vocation d’aider à reconnaître les hiéroglyphes sur les documents, il faut cependant garder à l’esprit qu’elles peuvent faire l’objet de nombreuses variantes, comme dans toute écriture manuscrite.
Un héraldisme égyptien Les hiéroglyphes monumentaux égyptiens sont probablement la seule écriture de l’histoire de l’humanité à utiliser une palette de plusieurs couleurs pour produire du sens. Rarement purement naturaliste, la colorisation des glyphes suit une symbolique des couleurs qui constitue un véritable héraldisme. L’univers chromatique de la sémantique symbolique égyptienne contient au Nouvel Empire six couleurs de remplissage de base qui représentent trois pierres semiprécieuses – le rouge cornaline, le bleu lapis-lazuli, le bleu-vert turquoise – deux métaux – le jaune or, le blanc argent – et le noir.
Houe U7 (p. 66), jambes marchant D54 (p. 104), cœur F34 (p. 121), dunes N25 (p. 123), aiguières W17 (p. 105), soleil N5 (p. 41), œil D4 (p. 63).
Le rouge a pour référence minérale la cornaline. Ses nuances vont du brun-rouge au rouge brique en passant par le vermillon. Il est produit par des pigments d’ocre rouge. Il sert notamment à colorer le bois, la chair des personnages égyptiens masculins, la viande, le sable du désert, les poteries, le soleil, les iris, le cuir, et certains habits et étoffes.
Terre N16 (p. 65), plan de maison O1 (p. 105), plante héraldique de Basse Égypte M26 (p. 122), poignard T8 (p. 80), trône Q1 (p. 66), pot versant de l’eau D60 (p. 144). Méthodologie : à partir de photographies, les contours sont décalqués, puis sont remplis de couleurs standardisées correspondant à l’original.
16 — Leçon 1
Le bleu lapis-lazuli peut prendre une teinte qui va du bleu foncé au bleu céruléum. Probablement premier pigment synthétique de l’histoire, il est produit grâce à l’oxyde de cuivre contenu dans le sable quartzite, parfois augmenté de minerais de cuivre et Leçon 1 — 17
cuit. Il peut symboliser la terre (y compris donc la brique crue des maisons, qui est parfois verte aussi au Nouvel Empire), le bord noir des poteries, la chevelure des dieux ou les perruques, le ciel, certaines branches et tiges végétales, le fer et les métaux argentés, le granit et les autres pierres noires, l’ébène et quelquefois l’onde.
Femme B1 (p. 23), pavillon O21 (p. 105).
Marais M8 (p. 159), corbeille V30 (p. 66), corde V13 (p. 28), lever de soleil N28 (p. 65), échassier G29 (p. 110), déesse Maât C10 (p. 49).
Le vert turquoise va du bleu pâle au vert moyen. C’est un mélange de pigments bleus et jaunes ou directement de malachite voire encore de faïence bleue pilée. Il sert à colorer les végétaux, la vannerie, les cordes, la lumière de l’aube (et donc aussi les obélisques), parfois également l’ivoire. Il est aussi utilisé pour figurer le plumage grisâtre des oiseaux, ce qui est cru, l’eau et d’autres fluides. Son association avec la vitalité des plantes permet d’exprimer l’idée de renaissance et explique que les chairs de certaines divinités, notamment funéraires, puissent être vertes.
Le blanc est lui assimilé à l’argent. Il sert à représenter le beige du lin des vêtements, et celui des pierres claires comme le grès ou le calcaire, les plumes et le poil blanc ou encore le pain ou le gras, les rouleaux de papyrus. Parfois remplacé par du jaune, il devient également turquoise dans les compositions trichromes. À l’époque ramesside, il se raréfie, probablement pour augmenter le contraste des signes sur les fonds pâles, et certains hiéroglyphes voient leurs parties blanches passer en vert (comme le papyrus Y1 voir p. 81, la moelle de F39, p. 89, ou F40, p. 121) ou en rouge (comme les organes F34, p. 121, et F35, p. 50).
Scarabée L1 (p. 50), deux traits Z4 (p. 29), onde N35 (p. 26).
Oriflamme sacré R8 (p. 51), visage D2 (p. 78), museau F63 (p. 121), poussin de caille G43 (p. 25), pot harnaché W19 (p. 125), lune montante N10 (p. 145).
Le jaune est associé à l’or. Il est produit par des pigments d’ocre jaune. Les objets dorés comme les ustensiles de culte, le cuivre clair, la chair des femmes et des étrangers septentrionaux, le poil ou le plumage fauve, les ficelles, la lune. Il peut aussi servir de variante au blanc brillant, par exemple pour la couronne blanche de Haute-Égypte, notamment quand la couleur de fond de l’inscription est blanche. Dans les calligraphies trichromes, le jaune est remplacé par le bleu-vert turquoise.
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Le noir fait rarement office de couleur de remplissage, car le bleu sombre lapis-lazuli lui est en général substitué. On le trouve cependant souvent pour les cheveux, le scarabée, les traits et l’onde.
Caneton G47 (p. 159), oie G38 (p. 111).
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Cette palette s’enrichit par ailleurs d’autres couleurs d’emploi très occasionnel et restreint à certains hiéroglyphes sur des monuments particuliers, quand le symbolisme est délaissé au profit d’une recherche naturaliste. Ainsi, dans la tombe de Néfertary, on trouve une nuance de rose-brun qui ne sert qu’à une poignée de signes comme certains oiseaux. On peut également noter une tendance à utiliser le rose pour représenter le sable, surtout au Moyen Empire. Le gris est quant à lui rarissime. Outre ces couleurs de remplissage, l’héraldisme égyptien dispose aussi de couleurs associées pour les contours, ce qui montre bien le raffinement de ses concepts chromatiques. Le noir, le bleu et le vert ont en général des contours dessinés en noir, le rouge a des contours noirs ou brun foncé, le jaune et le blanc ont le plus souvent des contours rouges ou bruns, le rose a des contours bruns. La couleur de fond sur laquelle sont peints les hiéroglyphes a également une importance. Elle est en général blanc crème pour imiter les pierres blanches, ocre jaune ou bleu-gris. Certains hiéroglyphes peuvent prendre une coloration différente suivant la couleur de fond, afin d’améliorer les contrastes, comme le signe des phases de la lune (N10, voir page 145). Par ailleurs, les glyphes qui comportent un espace ouvert à l’intérieur ont parfois ce fond coloré en blanc ou en jaune pour leur permettre de mieux ressortir sur un mur d’une autre couleur.
Certaines teintes sont parfois nuancées pour permettre un contraste plus fort : si deux zones blanches sont côte à côte, l’une peut être légèrement crème ; lorsque deux rouges sont proches, il n’est pas rare que l’un soit légèrement affadi (par exemple, un personnage masculin pourra avoir un vêtement rouge carmin et la peau rouge brique). Les principes de cet héraldisme égyptien se retrouvent à quelques nuances près dès l’Ancien Empire ; si quelques Gardien A47 (p. 110). signes changent de couleur au cours de l’histoire (par exemple, les objets de corde ou de vannerie passent du jaune au vert), d’autres sont remarquablement constants. Outre les variations chronologiques, certains hiéroglyphes peuvent prendre des couleurs voire des formes différentes à une même époque et ainsi convoyer des nuances sémantiques intraduisibles en langage parlé ou en écriture phonétique. Certains signes d’objets rares, à l’identification oubliée ou aux teintes peu spécifiques peuvent bien entendu avoir des couleurs changeantes. La défense d’éléphant F18 par exemple est parfois représentée en blanc, en jaune ou en vert (voir page 78). Mieux encore, quelques objets peuvent être faits de matières variables et donc prendre des couleurs différentes. Par exemple le signe du socle, Aa11 (voir page 91), qui symbolise l’ordre, la vérité et la justice, est originellement rouge, pour évoquer un socle en bois. On le trouve également en blanc car il peut être en calcaire, en jaune pour figurer le bois doré. Cependant, à la fin de la XVIIIe dynastie, il prend en général une couleur bleue dans les textes royaux, pour représenter une matière plus riche, le granit.
Les signes dont les couleurs peuvent changer restent cependant en général constants sur un même monuments ou à une même époque.
Ces hiéroglyphes datent de la IVe dynastie, de l’époque de Khéops, constructeur de la Grande Pyramide au xxvie siècle avant notre ère. Ce sont parmi les plus anciens signes polychromes conservés. Ils ont déjà la plupart de leurs couleurs canoniques, y compris leurs contours. Tout au plus peut-on remarquer quelques signes très communs dont certaines parties jaunes deviendront vertes quelques siècles plus tard pour accroître leur contraste avec le fond.
20 — Leçon 1
Les lions ont la crinière parfois rouge, selon une symbolique naturaliste, parfois bleue comme la chevelure divine, par anthropomorphisme. Selon ce même principe, les hiéro glyphes de personnages peuvent être pourvus de riches colliers dans des tableaux royaux, alors qu’ils en sont dépourvus normalement (voir notamment B1, page 23). L’indi vidualisation contextuelle peut aller encore plus loin : dans le tombeau de la reine Néfertary par exemple, le glyphe qui représente la partie avant d’un lion (F4, voir page 104) est transformé en lionne, sans crinière et à la face verte évoquant la déesse Sekhmet.
Leçon 1 — 21
A1
Homme assis, les bras pliés. Déterminatif (commun) : nom d’homme. Peut aussi servir de pronom personnel.
Liste de signes À l’issue de chaque leçon de ce livre, la plupart des hiéroglyphes utilisés dans les exercices sont présentés suivant un modèle identique : sous le code de classification du signe (parfois accompagné d’un raccourci en ASCII plus facile à retenir et utilisable dans les logiciels d’édition hiérogyphique) et son rendu dans une police hiéroglyphique standard (orientation gauche-droite) se trouvent sa description et ses valeurs. Celles-ci sont accompagnées d’une indication sommaire de fréquence, du plus courant au moins répandu : commun, fréquent, rare et très rare. Comme la récurrence des signes dépend du type de texte étudié, il s’agit plus d’une approximation générale destinée à guider les débutants que d’une information très précise. Puis viennent quatre fac-similés, d’orientation droite-gauche, et qui sont à partir de la droite un hiéroglyphe monumental polychrome, un hiéroglyphe monochrome plein, un hiéroglyphe cursif et un signe hiératique. Parfois, cette présentation est complétée par des images pour mieux comprendre le signe, ou encore une proposition de tracé constituée de traits numérotés, qui est non seulement une aide pour dessiner des signes difficiles mais aussi un moyen de comprendre plus facilement les graphies cursives. Il est suggéré de dessiner à la main tous les hiéroglyphes des listes dans leurs quatre calligraphies avant de s’attaquer aux exercices. Les deux premiers styles se dessinent de préférence au crayon, stylo ou feutre, tandis que les deux formes cursives se prêtent bien à l’usage de stylos de calligraphie qui permettent des pleins et des déliés (des pinceaux-stylos souples destinés à la calligraphie chinoise sont tout à fait adaptés, et des stylos au bout biseauté aussi). Les fiches de glyphes de la première leçon contiennent des informations qui ne seront expliquées qu’à la deuxième leçon, car elles ont vocation à continuer à être consultées comme référence ultérieurement.
22 — LISTE DES SIGNES / Leçon 1
1 4
2 3
B1
Femme assise. Dans les graphies très détaillées, elle peut connaître de
nombreuses variantes, notamment quand elle sert à décrire des reines ou des déesses : perruque à un ou deux pans, robe colorée, collier, parfois aussi support de couronne (signe B7C ci-contre en bas). En hiératique, son dessin est le même que le signe de l’homme A1 , avec un petit trait derrière en plus, semblant représenter la longue perruque de la femme. Déterminatif (commun) : nom de femme. Peut aussi servir de pronom personnel.
D21 (r)
Bouche Phonogramme (commun) : r. Idéogramme (rare) : rA, bouche, ouverture, paroles.
D36 (a)
Avant-bras. Phonogramme (fréquent) : a. Peut également remplacer des signes où la main offre quelque chose, comme le hiéroglyphe du verbe donner (D37 p. 104).
LISTE DES SIGNES / Leçon 1 — 23
D46 (d)
Main ( Drt). Phonogramme (fréquent) : d. N. B. : historiquement, le son d tend à remplacer le son D.
D58 (b)
Jambe. Phonogramme (fréquent) : b. Idéogramme (rare) : bw, la place, l’endroit (où l’on peut mettre le pied...).
G17 (m)
Effraie (tyto). Phonogramme (commun) : m.
2
5 1
4
3
Poussin de caille. Phonogramme (commun) : w. N.B. : en hiératique, il est presque constamment remplacé par le signe Z7 ( ), qui lui sert plus rarement de variante dans les textes hiéroglyphiques.
G43 (w)
F32 (X) Probablement l’enveloppe fœtale d’une vache1. Des exemples plus an
ciens sont rouges. La couleur du remplissage intérieur peut varier, jaune ou blanche notamment. Phonogramme (rare) : X. Valeur idéographique dans le mot Xt, ventre.
1
G1 (A) Vautour percnoptère (neophron percnopterus). Petit vautour migrateur, au cou jaune et à la queue blanche en forme de coin. Dans les petites gravures, c’est notamment son cou faisant un angle G5 aigu avec l’aile qui permet de le distinguer du faucon Phonogramme (fréquent) : A. Idéogramme (rare) : 1°/ vautour percnoptère 2°/ oiseau (en général)
4 3
I9 (f)
Vipère à cornes (cerastes fy). Phonogramme (commun) : f. Spécial (rare) : Peut servir comme une sorte de bilittère dans l’écriture d’it ( ), père
I10 (D)
Naja ( Dt). Phonogramme (commun) : D.
1
4
2
2 3
1. G. Roquet, Société d’ethnozoologie et d’ethnobotanique. Bulletin de liaison 15, 1984-1985, pp. 3-20.
24 — LISTE DES SIGNES / Leçon 1
LISTE DES SIGNES / Leçon 1 — 25
M17 (i)
Roseau fleuri. Phonogramme (commun) : i (transcrit j dans certains systèmes de translittération). Il remplace parfois le signe A1 ( ), notamment dans les pronoms personnels.
N37 N38 N39 (S)
O4 (h)
Bassin, étang. La variante N39 fait figurer des ondes aquatiques à l’intérieur, N38 n’a qu’un trait de remplissage, N37 est vide. Phonogramme (commun) : S. Idéogramme (rare) : étang (S).
lan d’une maison rurale en terre, avec une cour et une pièce intérieure P dont l’entrée est conçue pour offrir plus d’intimité au quartier d’habitation. On en trouve des témoignages archéologiques. Phonogramme (fréquent) : h.
La formule Dd mdw in, « Dire les paroles par », qui introduit souvent les discours divins (voir p. 117).
N29 (q) Escarpement. Sa couleur bleue évoque un remblai de terre. On le trouve
N35 (n)
anciennement en rose ou blanc, avec des points rouges à l’intérieur, pour représenter une butte sableuse. Phonogramme (fréquent) : o. Peut aussi également servir comme déterminatif pour les collines.
O34 (z)
Schéma d’après Henry George Fisher
F ermeture, en général en bois, utilisée pour les meubles. Elle était glis sée dans des anneaux posés à l’extérieur d’une porte. Les protubérances du milieu servaient à bloquer le verrou dans les anneaux (cf schéma infra). Phonogramme (fréquent) : s (z à l’Ancien Empire). Idéogramme (rare) : verrou. Dans les cartouches des Ramsès, ce signe peut également être une abréviation pour le pronom personnel dépendant de la 3e personne du singulier sw.
Onde à la surface de l’eau. Le nombre de sommets est variable, en gé-
néral supérieur à quatre. Il s’agit d’un des rares signes dont la couleur de remplissage est en général le noir, parce qu’il s’agit d’un trait. Phonogramme (commun) : n. C’est l’un des signes les plus communs de l’écriture égyptienne. Seul, il sert à écrire la préposition n, « de, à, pour ». Dans ses variantes cursives et hiératiques, il est figuré par un simple trait horizontal, où il peut être confondu avec d’autres signes. Sa variante verticale est (S3). Lorsqu’il est répété trois fois , il prend la valeur de l’idéogramme / déterminatif de l’eau (N35A, mw).
26 — LISTE DES SIGNES / Leçon 1
Q3 (p) Natte en vannerie. Dans les plus anciens exemples prédynastiques, le
signe est un simple quadrillage, sans les bords. Remplit 1/4 de cadrat. Sur certaines gravures, il peut éventuellement se confondre avec un signe Z1 ( ) épais. En hiératique, il remplit parfois un cadrat entier. En hiératique aussi, il peut être confondu avec N25 (voir p. 113), m ais en général il se distingue par la longueur de son trait horizontal qui dépasse des deux côtés les traits verticaux. Phonogramme (commun) : p
LISTE DES SIGNES / Leçon 1 — 27
S3 (N)
Couronne rouge de Basse Égypte. Phonogramme (fréquent à partir de l’époque ramesside) : n. Idéogramme (rare) : couronne rouge (dSrt). Substitut (rare) du signe L2 (voir p. 64).
V31 (k) Corbeille en vannerie avec une anse. Dans les graphies polychromes, la corbeille est parfois quadrillée en damier bleu et vert. Son orientation V31A
V31A), mais comme la corest inversée en hiéroglyphes cursifs ( beille finit par ressembler à une boucle, cela se rapproche de la forme du signe originel. Le trait horizontal peut descendre très bas en hiératique. Remplit 1/2 cadrat. Phonogramme (commun) : k
S29 (s) Étoffe rouge pliée. Le fond au milieu est souvent blanc lorsque le signe
est peint sur un enduit coloré (voir exercice 3 D , p. 53). honogramme (commun) : s. Dans les cartouches des Ramsès, ce signe P peut également être une abréviation pour le pronom personnel dépendant de la 3e personne du singulier sw.
W11 (g)
upport de jarre en terre cuite. La graphie de ce signe est parfois idenS T28 Xr (voir p. 146). Les couleurs rouge et tique à celle du billot blanche peuvent être inversées. Phonogramme (fréquent) : g. Idéogramme / déterminatif (rare) dans nst, siège, trône.
V13 Corde à deux œillets en guise de poignées. La variante V14 avec un V14 (T) trait diacritique est d’abord apparue en hiératique pour indiquer les
sons qui continuaient à se prononcer T alors que beaucoup s’étaient déjà transformés en t. Cette variante est devenue la norme en hiératique alors même que le son T avait déjà disparu – elle permet en effet de distinguer plus facilement ce signe d’autres graphies similaires. Elle est également parfois utilisée en hiéroglyphes cursifs. Remplit 1/2 cadrat. Phonogramme (rare) : T. Parfois remplacé par t .
V28 (H)
issu tressé (mèche de lampe ou couverture de bivouac). A parfois une T tresse en moins. Remplit 1/2 cadrat. Idéogramme (commun) : H.
X1 (t) En général, supposé être un pain (car le terme du pain se translittère t), le signe, en raison de sa constante couleur sombre, représente peutêtre plutôt un monticule de terre. Il est strié dans quelques rares exemples. Phonogramme (commun) : t. N. B. : au cours des âges, le son t a tendance à remplacer les sons T, d et D, alors que les terminaisons en t du féminin, elles, disparaissent. Ce tout petit signe est souvent très simplifié en hiératique.
Z4 Deux petit traits obliques (Z4) ou verticaux (Z4A). Remplit 1/4 de cadrat. Z4A (y) Originellement déterminatif (commun) du duel, il devient phonogramme (commun) y en variante de (fréquent) : snw, deux.
28 — LISTE DES SIGNES / Leçon 1
. On le trouve aussi comme idéogramme
LISTE DES SIGNES LISTE DES / Leçon SIGNES 1 — 29
Z7 (W) Ornement ou corde en spirale. Parfois jaune. Remplit 1/4 de cadrat.
Abréviation hiératique du signe de la caille G43 , utilisé en hiéroglyphes surtout à partir du règne d’Amenhotep IV - Akhénaton. Phonogramme (fréquent) : w.
Aa1 (x) Parfois encore présenté comme un placenta, il s’agit plus probable
ment d’une corbeille vue de haut. Les plus anciens exemples, à l’époque prédynastique, ont le fond quadrillé. Phonogramme (commun) : x.
Exercice 1 Afin de mémoriser les signes alphabétiques égyptiens, et bien que cela donnera un résultat très peu authentique, vous pouvez vous amuser à transcrire des prénoms, comme le font les marchands de souvenirs. Il y a deux écoles : écrire toutes les lettres une à une, ou, et cela sera sans doute un meilleur début, tenter d’approcher la prononciation. Pour cela, vous pouvez par exemple laisser les e non écrits ou les marquer par un a, prendre w pour les sons o, ou et u, w ou b pour v, r pour l (ou alors le lion présenté page 40). Terminez les prénoms masculins avec le dessin d’un homme assis, et les prénoms fémi nins par une femme assise ou un bouquet de fleurs . Écrivez de gauche à droite ou de droite à gauche, mais avec tous les signes dans le même sens. Essayez de les arranger de manière esthétique suivant leurs proportions. À vous d’écrire votre prénom et celui de vos proches en hiéroglyphes. Exemples :
Aa15 (im)
Peut-être une côte d’animal. Phonogramme (commun) : m (à partir du Nouvel Empire) ou im.
Renaud rnw
Anne an
Duncan dnoan
Michel miSr
Catherine oAtrin
30 — LISTE DES SIGNES / Leçon 1
EXERCICE — 31