Vers quel urbanisme balnéaire? Regards croisés entre la France, l'Uruguay et la Russie

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Vers quel urbanisme balnéaire? Regards croisés entre la France, l’Uruguay et la Russie

Marie Baguet Directeur de mémoire: Gilles Novarina Tuteur d’apprentissage: Gaëlle Lechenard Université Pierre Mendès France Institut d’Urbanisme de Grenoble Structure d’Accueil: Atelier Villes & Paysages - Lyon Master sciences du territoire: Urbanisme et projet urbain1 17 Septembre 2013


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Notice Analytique PFE

Auteur: Marie BAGUET Titre: Vers quel urbanisme balnéaire? Regards croisés entre la France, l’Uruguay et la Russie. Soutenance: 17 Septembre 2013 Organisme d’affiliation: Institut d’Urbanisme de Grenoble - Université Pierre Mendès France Directeur de mémoire: Gilles Novarina Collation: Pages: 144 Annexes: 1 Références bibliographiques: 75 Mots-clés: Urbanisme, Littoral, Stations balnéaires, Développement responsable, Intégration spatiale et environnementale, Intégration fonctionnelle, Intégration temporelle Mots-clés géographiques: En France : Deauville, Cabourg, Sables-d’Orles-Pins, La Grande Motte, Lacanau, Le Graudu-Roi. En Uruguay: Maldonado, Punta del Este, Punta

Ballena, El Placer, La Barra, José Ignacio. En Russie: Daguestan, Derbent, Makhachkala, Kaspiysk, Izberbash. Mots-clés des organismes: Atelier Villes & Paysages, Egis. Résumé en français Aujourd’hui, les stations balnéaires sont l’illustration la plus visible de la place qu’a pris le tourisme dans l’aménagement du territoire en bord de mer. Elles cristallisent l’ensemble des problématiques liées au devenir du littoral: hausse de la fréquentation touristique, protection de l’environnement et des ressources naturelles, vie sociale et touristique dépendante des saisons… Dans ce contexte, la question du devenir des stations balnéaires se pose. Quelles leçons tirer de l’urbanisme des stations balnéaires en France? Vers quelles formes d’urbanisme balnéaire s’oriente-t-on aujourd’hui? Quelles stratégies urbaines, sociales et environnementales développer pour l’élaboration de nouvelles stations, pour assurer la cohérence du projet dans la durabilité? Comment le projet urbain et les jeux d’acteurs impactent l’avenir des stations balnéaires? Par l’observation de l’essor des stations balnéaires en France, de l’approche mise en place pour développer un nouveau tourisme balnéaire en Uruguay, ainsi que par l’analyse des projets

développés sur le territoire du Daghestan, en Russie, nous tenterons de définir les enjeux des territoires littoraux d’hier, d’aujourd’hui et de demain. Résumé en espagnol Hoy en día, las ciudades costeras son la illustración más visible de la importancia que ha tenido el turismo en la ordenación del territorio en el paseo marítimo. Cristalizan el conjunto de las problemáticas atadas al devenir del litoral: subida de la frecuentación turística, protección del medio ambiente y de los recursos naturales, vida social dependiente de las temporadas turísticas... En este contexto, la cuestión del futuro de las estaciones costeras surge. ¿Qué lecciones recordar del urbanismo de las estaciones balnearias en Francia? ¿ Hacia cuáles formas de urbanismo balneario nos orientamos hoy? ¿Qué estrategias urbanas, sociales y ambientales desarrollar para la elaboración de nuevas estaciones, para garantizar la coherencia de la sostenibilidad del proyecto? ¿Cómo el proyecto urbano y conjuntos de actores impactan el futuro de las estaciones balnearias? Mediante la observación del crecimiento de las estaciones balnearias en Francia, del enfoque implementado en Uruguay para desarrollar una nueva forma de turismo balneario, así como el análisis de los proyectos desarrollados en el territorio del Daguestán, en Rusia, intentaremos definir los temas de los territorios costeros de ayer, de hoy y de mañana. 3


Situation

Apprentissage: du 3 septembre 2012 au 31 Août 2013 Structure d’accueil: Atelier Villes & Paysages, région sud-est, Lyon, au sein du pôle urbanisme Maître d’apprentissage: Gaëlle Lechenard, Architecte, Chef de projet. Susanne Otto, Chef de projet, Architecte, Urbaniste, responsable du pôle urbanisme région sud-est Tuteur à l’Institut Grenoble: Gilles Novarina

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d’Urbanisme

de


Remerciements

Je tiens tout d’abord à remercier l’ensemble de l’équipe d’Atelier Villes & Paysages à Lyon pour la qualité de leur accueil, leur bonne humeur, et l’attention qu’ils m’ont accordé tout au long de mon apprentissage. J’adresse mes remerciements à Emilie Beneyton, Katarina Fussekova, Gaëlle Lechenard et Susanne Otto pour leurs conseils et leurs enseignements. Une attention particulière sera adressée à Gaëlle Lechenard pour son investissement tout au long de mon apprentissage. Je tiens également à remercier Alma Varela, enseignante à la Faculté d’Architecture de Montevideo pour m’avoir permis de découvrir la côte littorale uruguayenne et de travailler au sein de l’Institut d’Urbanisme de Montevideo. Mes remerciements vont également à l’ensemble de l’équipe enseignante de l’Institut d’Urbanisme de Grenoble, pour la qualité des enseignements reçus, ainsi qu’à Gilles Novarina, pour avoir supervisé l’élaboration de ce p mémoire.

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Sommaire

A/ Introduction .................8 B/ Essor, développement et urbanisme des stations balnéaires en France .........................11 1/ Les facteurs de l’essor des stations balnéaires ...................11 1.1/ Les campagnes de stabilisation du littoral et la question foncière. 1.2/ L’apparition des congés payés. 1.3/ Le développement des modes d’accès, facteur de la fréquentation touristique. 2/ Le développement des stations balnéaires ............................14 2.1/ L’essor du thermalisme et de la balnéothérapie. 2.2/ Du curatif à l’héliotropisme. 2.3/ Évolution vers un tourisme de masse. 3/ Les modèles d’organisation urbaine .........................16 3.1/ La géographie du littoral, typologies et particularités. 3.2/ Les grands modèles d’aménagement urbains des stations balnéaires. 3.3/ Des stations balnéaires préexistantes aux stations balnéaires créées ex-nihilo, l’exemple 6

de la Grande Motte. 3.4/ Un aménagement urbain stratifié. 3.5/ La Plage, centre de la station balnéaire.

C/ Vers quelles stratégies de développement responsable? .......33 1/ De multiples enjeux .............33

4/ Temporalités et Pratiques .......30 4.1/ Les stations balnéaires au fil des saisons. 4.2/ Les pratiques balnéaires aujourd’hui. 5/ Bilan urbain et touristique des stations balnéaires françaises .....31

1.1/ La nécessaire protection du Littoral. 1.2/ Phénomène de mode et urbanisation. 1.3/ Le développement d’enclaves touristiques. 1.4/ Tourisme, équipement et capacité d’accueil. 1.5/ La mutation des pratiques touristiques. 1.6/ Vers une perte d’identité du territoire littoral 2/ Stratégies pour un aménagement durable du littoral, l’exemple du département de Maldonado en Uruguay .....48 2.1/ Les stations balnéaires dans le département de Maldonado. 2.2./ Plan de Ordenamiento Territorial de Maldonado. 2.3/ Intégration spatiale et environnementale: Pour une inscription des stations balnéaires dans leur territoire. 2.4/ Intégration Temporelle: Des stations balnéaires pour vivre au fil des saisons. 2.5/ Intégration fonctionnelle: Vers une urbanité assumée. 3/ Vers de nouveaux modèles de stations balnéaires ...................72 3.1/ Intégration spatiale, environnementale,


fonctionnelle et temporelle des stations balnéaires. 3.2/ Les stations environnementales (SEN), ou l’intégration des préoccupations environnementales. 3.3/ Les stations éco-touristiques (SEC), ou l’intégration du potentiel touristique de la nature littorale. 3.4/ Les stations intégrées (SLI), ou la production du modèle d’aménagement touristique durable. 4/ Pour une intégration des stations balnéaires .........................75

D/ Vers un Urbanisme Balnéaire Intégré: Mise en pratique au bord de la Mer Caspienne en Russie .....77 1/ Contexte de la mission ..........77 2/ Quel avenir pour la Mer Caspienne? ...............77 2.1/ Environnement, croissance urbaine et patrimoine. 2.2/ Le développement touristique de la Mer Caspienne aujourd’hui. 3/ Le Daghestan, nouvelle destination balnéaire? .........................80 3.1/ Situation politique, économique, touristique et sociale du Daghestan. 3.2/ Vers une nouvelle destination touristique en Russie. 4/ Analyse et choix des différents sites ..............................82 4.1/ Topographie, hydrographie et accessibilité du littoral au Daghestan. 4.2/ Analyse des sites potentiels. 4.3/ Critères et choix des sites. 5/ Quatre stations balnéaires: Concept thématique et positionnement économique ..............................98

5.1/ Makhatchkala Business Beach. 5.2/ Balneo, la station thermale. 5.3/ Golden Sand, la station sportive. 5.4/ Samour, la station découverte. 5.5/ Une offre touristique diversifiée sur le littoral caspien. 6/ La prise en compte du contexte dans le projet / Intégration spatiale et environnementale ..................100 6.1/ 6.2/ 6.3/ 6.4/

Makhatchkala Business Beach. Balneo. Golden Sand. Samour.

7/ Diversification de l’offre touristique / Intégration temporelle ....114 7.1/ 7.2/ 7.3/ 7.4/

Makhatchkala Business Beach. Balneo. Golden Sand. Samour.

8/ Intégration fonctionnelle ......122 9/ Projet urbain et gouvernance: De l’utopie à la réalité .............124

E/ Conclusion: retrouver l’esprit station .......................127 7


A/ Introduction

«Aujourd’hui comme hier, les zones côtières figurent parmi les lieux les plus dynamiques de la planète, et concentrent aujourd’hui près des deux tiers de la population mondiale. En France comme à l’étranger, le littoral change. C’est aujourd’hui une des parties du territoire qui connaît les évolutions les plus rapides, avec une attraction résidentielle, touristique et économique qui ne se dément pas. D’ici trente ans, on estime que les trois quarts de l’humanité vivront dans des zones proches du rivage. On peut alors se demander comment le littoral va évoluer dans les années à venir.»1 Les vastes horizons marins ont toujours fascinés les hommes. Certains se limitent à les admirer de la terre quand d’autres voguent au loin. Le littoral est également le lieu de toutes les utopies, de toutes les légendes, de toutes les peurs aussi. Pour certains, il s’agit d’un monde hostile, où la force de la nature est plus présente qu’ailleurs. Pour d’autres, le littoral représente le dernier morceau de territoire épargné par les hommes, le dernier espace naturel, vierge, idéal pour l’élaboration d’un nouveau modèle social en harmonie avec son environnement. Autrefois objets de répulsion, la mer, mais aussi la montagne et la forêt, sont désormais perçues comme belles et comme sources d’émotions nouvelles. Le romantisme participe à cet état de fait. Longtemps perçu comme le «territoire du vide»2, le littoral devient, petit à petit, de plus en plus attrayant. C’est entre 1750 et 1840 que naît puis se déploie en Europe ce qu’Alain 8

1. DATAR, 2004, Construire ensemble un développement équilibré du littoral, Paris, La Documentation Française.

Corbin, historien des sensibilités, appelle le «désir de rivage»3. Au bord de la mer, l’individu se confronte aux éléments naturels et profite de la beauté des paysages. L’horizon, l’océan et la plage deviennent alors l’élément central du territoire littoral, s’opposant aux pathologies de la civilisation urbaine. Le littoral attire ainsi l’attention des artistes et des intellectuels. Cet engouement pour le littoral s’exprime également à travers la fonction touristique. Les stations balnéaires sont une des conséquences les plus notables de la place qu’a pris le tourisme littoral dans l’aménagement du territoire, français en particulier, depuis le XIXe siècle. Ces entités touristiques ne sont pas à proprement parler des villes littorales mais elles cristallisent sur un même lieu l’ensemble des problématiques liées au devenir de ces territoires : baisse de la fréquentation touristique, protection de l’environnement et des ressources naturelles, discrimination entre population sédentaire et population estivale, forte densification du bâti, vie sociale et touristique dépendante des saisons… Dans ce contexte, la question du devenir des stations balnéaires se pose. Afin de répondre, dans une certaine mesure, aux multiples enjeux du territoire littoral, ce mémoire s’appuie sur plusieurs territoires, dans des pays et cultures différentes. Ainsi, ce travail est le fruit de l’observation de l’essor et du développement des stations balnéaires en France, de la découverte des stations littorales et de l’approche mise en place par les autorités pour développer un nou2 et 3. CORBIN A., 1988, Le territoire du vide, L’occident et le désir du rivage, 1750-1840, Paris, Editions Aubier.

veau tourisme balnéaire dans le département de Maldonado en Uruguay, ainsi que de l’analyse des projets développés au cours de mon apprentissage au sein d’Atelier Villes & Paysages à Lyon, sur le territoire du Daguestan, en Russie. Ainsi, nous verrons dans une première partie, à travers l’histoire des stations balnéaires en France, les différents facteurs qui ont permis leur essor, les principaux mouvements culturels qui caractérisent l’évolution de l’urbanisme balnéaire, ainsi que les pratiques touristiques et sociales qui en résultent. Nous nous attacherons également à définir les principaux modèles d’organisation urbaine de ces entités entre terre, ciel et mer. Nous tacherons ainsi de comprendre comment ont-elles été conçues, pour qui, pour quels usages… et comment celles-ci ont évolué au fil des années et des moeurs. Dans une seconde partie, nous tenterons de définir les enjeux qui sont ceux des territoires littoraux aujourd’hui, que ceux-ci soient environnementaux, urbains ou sociaux. Dans cet objectif, nous nous pencherons sur le territoire littoral français mais aussi étranger. L’observation des stratégies de développement mises en place sur la côte uruguayenne nous permettra de définir des pistes de réflexions afin de répondre aux multiples enjeux de ces territoires, et de considérer le développement des stations balnéaires. Enfin, dans une troisième partie, nous nous


pencherons sur le projet de quatre stations balnéaires en Russie, élaborées par l’Atelier Villes & Paysages. En effet, à l’heure où les stations balnéaires existantes, en France comme à l’étranger, s’engagent dans un processus de valorisation de leur territoire afin de renforcer leur attractivité touristique, la République du Daguestan s’élance dans un vaste projet d’élaboration de stations balnéaires au bord de la Mer Caspienne. Nous verrons comment les pistes de réflexions définies précedemment peuvent s’appliquer à un territoire encore intact, dépourvu de toute infrastructure touristique. Cette réflexion autour de la création de stations balnéaires ex nihilo est l’occasion de questionner l’avenir de la station balnéaire à travers la vision du projet urbain, mais aussi au travers des nécessités touristiques, économiques, sociales et environnementales. Cette expérience est aussi l’opportunité de questionner le rôle de l’urbaniste et des stratégies qui peuvent être mises en place pour assurer la cohérence du projet de station balnéaire dans la durabilité. Ainsi, au travers des regards croisés entre la France, l’Uruguay et la Russie, ce mémoire s’attachera à porter un regard sur les stations balnéaires d’hier, d’aujourd’hui et de demain, sur le devenir des territoires littoraux et sur notre société.

1. Stations balnéaires en France, Uruguay et Russie.

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2. Une plage quelque part sur la cĂ´te atlantique, France

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B/ Essor, Développement et Urbanisme des Stations Balnéaires en France

1/ Les facteurs de l’essor des stations balnéaires En France comme à l’étranger, le tourisme s’est développé avec la civilisation industrielle. Cependant, l’essor des stations balnéaires n’a été possible que grâce à trois facteurs déterminants: la stabilisation du littoral, l’apparition des congés payés mais aussi et surtout, le développement des modes de transports. 1.1/ Les campagnes de stabilisation du littoral et la question foncière Autrefois, en l’absence d’un emplacement sûr pour l’édification d’un port, les populations de bord de mer installaient les implantations minimales nécessaires à la pratique de la pêche, qui constituait pour eux une ressource économique essentielle. Si la mer restait calme durant quelques décennies, l’implantation se pérennisait et prenait la forme d’un petit port, puis d’un village, jusqu’à ce qu’une tempête plus violente que les autres ne détruise tout. Le littoral était perçu comme un territoire dangereux, contre lequel il fallait se protéger. A la fin du XVIIIème siècle, les travaux des Desbiey et de Brémontier, ingénieurs, en renforçant la fixation des dunes par des plantations de pins dans les Landes de Gascogne, sont donc d’abord venus en réponse à des préoccupations locales, plus ou moins vitales pour les populations habitant les littoraux sableux. C’est donc à eux que l’on doit la place qu’occupe encore aujourd’hui le pin maritime dans nos paysages littoraux.

Par la suite, Napoléon créa la «commission des dunes», dirigée initialement par Brémontier et chargée, par l’arrêté du 2 juillet 1801, de poursuivre la fixation des dunes et côtes de Gascogne. En 1810, un nouvel arrêté compléta le premier et préconisa la fixation des dunes dans tous les départements du littoral français. Car le littoral n’était pas seulement instable, ce qui empêchait les populations de s’y installer durablement, il était surtout très mal connu. Plus précisément, il était mieux connu des marins anglais que des militaires français, ce qui en faisait un point faible pour la sécurité du territoire national. Grâce à une couverture cartographique au 1/14400e, le littoral, relativement dédaigné par les Cassini, est progressivement devenu la partie la mieux représentée du territoire français. Les territoires sableux du littoral vont donc changer radicalement de statut dès le début du XIXe siècle. L’aboutissement des vastes campagnes de stabilisation du littoral français a eu pour conséquence de rendre disponibles des terrains constructibles à proximité des plages, au moment même où l’expansion de la pratique du bain de mer leur donne une nouvelle utilité. Cette stabilité du littoral sableux était une des conditions nécessaires à l’implantation des stations balnéaires. Mais le développement du balnéaire sur les côtes françaises a représenté un phénomène bien plus important que partout ailleurs, du fait

3 et 4. Plantation de pins sur les littoraux sableux

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du nombre des stations créées et de la rapidité avec laquelle elles l’ont été. Cette particularité tient à la grande longueur du littoral français, notamment sur sa façade atlantique, là où la fraîcheur de la mer répondait aux attentes en vogue à l’époque. Mais une telle urbanisation n’aurait pas été possible si elle n’avait pas été favorisée par la disponibilité des terrains sur lesquels elles furent implantées. Tant qu’ils étaient instables et dangereux, les cordons dunaires littoraux étaient considérés comme vacants, et personne ne songeait à y marquer sa propriété. En 1790, par décision de l’Assemblée Constituante, tous les territoires considérés comme «biens vacants» furent déclarés propriété de l’État. Les espaces littoraux instables en faisaient partie, et ils furent progressivement rétrocédés aux communes au milieu du XIXe siècle. Une fois stabilisés, ceux-ci furent mis en vente tout au long du XIXe siècle, par les communes et parfois par l’Etat, achetés par des promoteurs d’autant plus facilement qu’ils ont eu le plus souvent affaire à un propriétaire unique. C’est cet aspect foncier, particulièrement déterminant, qui, par l’étonnante disponibilité de ces territoires littoraux, récemment stabilisés, a permis aux promoteurs des stations balnéaires de réaliser leurs projets avec autant de rapidité.

1.2/ L’apparition des congés payés L’un des facteurs, et non des moindres, qui a permis l’essor des stations touristiques, est l’apparition des congés payés. En effet, si ceux accordés en 1936 eurent plus de valeur symbolique que de portée réelle, c’est l’octroi de la troisième, la quatrième et la cinquième semaine de vacances (1956, 1968, 1982) qui a entraîné un développement significatif des départs en vacances, décuplant ainsi l’attractivité du littoral. Les nouvelles stations balnéaires vont alors rencontrer un succès retentissant auprès de la population qui, jusqu’à présent, n’avait pas eu l’occasion ou la possibilité de venir à la mer. Certains petits ports de pêche sur le déclin vont, profitant de la tendance, savoir se reconvertir et connaître un développement touristique nouveau. L’apparition des congés payés, en permettant à un plus grand nombre de personnes de venir en vacances sur le littoral va également permettre une mutation et une diversification des pratiques. Les loisirs et les vacances deviennent alors accessibles au plus grand nombre et la notion moderne de loisirs, définie par opposition au «temps du travail» fait son apparition. Cette période marque donc l’avènement de la société de consommation et de loisirs de masse qui ne verra réellement le jour qu’après la seconde guerre mondiale. 5. Veules-les-Roses, Janvier 1934. 6. Nice Août 1930.

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1.3/ Le développement des modes d’accès, facteur de la fréquentation touristique Enfin, l’un des facteurs les plus significatifs du développement des stations balnéaires, en France comme à l’étranger, est l’évolution spectaculaire des transports, améliorant ainsi l’accès et la desserte de ces stations. Le rail a d’abord joué le plus grand rôle, la route a ensuite pris le relais, concurrencée aujourd’hui par l’avion. En effet, le tourisme balnéaire va se développer fortement avec la multiplication des liaisons ferroviaires, permettant à une nouvelle clientèle d’accéder à ces territoires éloignés. L’arrivée du chemin de fer, permettant d’attirer des touristes de plus en plus nombreux, fut souvent l’évènement majeur qui fit de petites localités, jusque là à l’écart des réseaux de transport, des stations balnéaires accessibles et attractives. La durée de déplacement va également se voir considérablement réduite. Conscientes des revenus qu’offrait l’accroissement du nombre de visiteurs de passage et de vacanciers, les compagnies ferroviaires, avant de rentabiliser leurs lignes, investirent alors largement dans l’infrastructure ferroviaire et touristique, participant ainsi à la création de destinations attractives. La ville d’hiver d’Arcachon est ainsi créée de toutes pièces par les frères Pereire, propriétaires de la Compagnie du Midi. Cependant, si la voie ferrée permet de desservir le littoral, elle dessine toutefois «un territoire des vacances discontinu qui est celui des

gares», pour reprendre l’expression de C. PRELORENZO C. et A. PICON.4 L’apparition de la voiture va également bouleverser les territoires en bord de mer. Mais c’est surtout sa démocratisation qui, à partir de la fin de la seconde guerre mondiale, entraîne une massification de la fréquentation touristique. Le développement des moyens de transport individuels, en particulier la voiture mais également celui des transports collectifs, concurrençant la voie ferrée, favoriseront ainsi nombre de stations balnéaires qui, jusque là, n’était accessibles qu’en train, et permettront à de nouvelles stations balnéaires d’émerger. Le développement des réseaux de circulation illustre également l’évolution du rapport au littoral. Celui-ci devient alors accessible au-delà des gares ferroviaires. Il est dorénavant possible de parcourir le littoral d’un bout à l’autre des côtes françaises. Le défilé d’automobiles sur l’autoroute du soleil au mois d’août est une image forte de cette évolution du tourisme balnéaire. La France se couvre alors de tout un réseau de routes touristiques tracées en corniche pour permettre la découverte du paysage littoral «au volant».

alors distinguer les voies de grande communication qui forment les réseaux d’accès et les réseaux de desserte interne. Par la suite, le développement des transports aériens, à partir des années cinquante, a considérablement élargi l’espace touristique, au-delà même du territoire national. De plus, les compagnies aériennes, en permettant aux populations de voyager au-delà des mers, a permis à de nombreux pays de développer leur potentiel touristique. La Tunisie peut être citée en exemple, car elle doit l’essentiel de sa clientèle au développement aérien. Aujourd’hui, la carte touristique du monde peut se lire, dans une certaine mesure, comme un calque du réseau des liaisons aériennes. En outre, le tourisme, et en particulier le tourisme balnéaire, a beaucoup profité du développement des moyens de transport. L’essor touristique est en quelque sorte le produit de la révolution sociale, technologique et industrielle, contribuant à structurer le paysage balnéaire à des échelles diverses.

De plus, la démocratisation de l’automobile va considérablement influencer l’aménagement urbain des stations. Les réseaux de circulation créés deviennent peu à peu l’armature urbaine du territoire littoral, reliant trois entités spatiales: le rivage, la station et la plage. On peut 4. PRELORENZO C. et PICON A., 1999, L’Aventure du balnéaire. La Grande Motte de Jean Balladur, Marseille, Éditions Parenthèses, collection Eupalinos.

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2/ Le développement des stations balnéaires L’histoire du tourisme en général, et des stations balnéaires en particulier, est étroitement liée à l’histoire des mœurs. Avant de devenir des destinations estivales de choix, les stations balnéaires furent des lieux de villégiature et/ou de soins. La mode des bains de mer commence à se développer au milieu du XVIIIe siècle mais la vogue des grandes stations balnéaires ne commence qu’au milieu du XIXe siècle, se modifie dans l’entre-deux-guerres avec la crise économique de 1929 et connaît un nouvel essor après la seconde guerre mondiale en répondant à une demande sociale bien différente, le tourisme de masse. 2.1/ L’essor du thermalisme et de la balnéothérapie Les médecins, d’abord en Angleterre, puis en Europe, afin de soulager leurs contemporains de la dégradation sanitaire et de la pollution de l’air des villes liée à la Révolution industrielle, encouragèrent l’édification d’établissement de bains sur le littoral. Ainsi, en 1740, le docteur Russell fut à l’origine de la création de Brighton, en Angleterre, la première station balnéaire. Les médecins français reprennent l’idée et dès 1769, Maret publie son mémoire sur les bienfaits des bains de mer, la vertu des bains froids, la vivacité de l’air et leurs effets contre les rhumatismes et les infections pulmonaires.

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7. Affiche de la station balnéaire de Calais

8. Affiche de la station balnéaire d’Arcachon

Ce courant hygiéniste répond alors aux besoins d’une certaine partie de la population qui demande à la mer de leur apporter l’énergie et la santé dont elle pense être privée en vivant en ville. La beauté du paysage littoral, au même titre que les bains froids, est alors réputée pour assainir l’esprit et revigorer l’âme des populations citadines. En effet, poussées par l’inconfort croissant des villes industrielles, les classes sociales favorisées de l’Europe Occidentale découvrent les vertus thérapeutiques et mondaines du littoral, d’abord en réinvestissant les stations thermales, puis en s’installant dans ces «villes nouvelles» que sont alors les stations balnéaires. Dédiées à l’origine aux classes privilégiées de l’époque, celles-ci s’ouvrent au XIXème siècle à la bourgeoisie industrielle, puis enfin, au milieu du XXème siècle, à la classe ouvrière.

La plupart des stations touristiques créées durant cette période s’organisent autour d’équipements structurants : le Casino et les Thermes. Le front de mer est aménagé, grâce notamment à la mise en place d’une digue-promenade qui permet de dominer l’étendue marine. La station balnéaire du XIXe siècle et début du XXe siècle est donc le produit d’un modèle d’aménagement touristique propre au contexte sociétal de l’époque, sous l’impulsion d’une société privilégiée, qui cherche à reconstituer, au grand air, des modes de vie propres à la ville. En outre, des opérations de promotion commerciale savamment orchestrées célèbrent la notoriété de ces stations et entretiennent une image visant à fonder un mythe. Les stations thermales, balnéaires, climatiques seront classées, et finalement reconnues par la loi de 1919, comme des entités à part entière.


2.2/ Du curatif à l’héliotropisme Cependant, dans l’histoire des stations balnéaires, la première période où le bain de mer est présenté comme une activité thérapeutique, pour laquelle la fraîcheur de l’eau est un critère positif, laisse peu à peu la place à une période plus récente où l’activité balnéaire est surtout associée au soleil et à la chaleur estivale. Ce fut la «révolution américaine»5, générée par l’arrivée massive de touristes américains sur la côte d’azur dans les années 1920, qui modifia durablement la modification des pratiques balnéaires. La mode est alors à la chaleur, au bronzage et aux bains de soleil sur la plage. Dès lors, les sites littoraux propices à ces pratiques se développent, reléguant touristiquement peu à peu les lieux fondés sur le pâle et le froid. L’aspect curatif de la mer est remplacé par l’héliotropisme, consacré dans les années trente, qui atteindra son apogée dans les années soixante. Les trois S (sea, sand and sun) en sont l’emblème. Par conséquent, si le bain de mer est l’activité fondatrice du tourisme sur la façade atlantique, en Méditerranée, en revanche, c’est la douceur du climat qui est à l’origine du développement touristique. Il importe donc de ne pas confondre le tourisme estival et le tourisme thermal. On n’y pratique pas le même type de villégiature ni, surtout, à la même saison. Les stations balnéaires accueillent alors les baigneurs l’été et les malades l’hiver. Le temps des soins devient peu à peu celui du divertissement. Parallèlement, le nombre 5. Equipe MIT, 2005, Tourismes 2, moments de lieux, Paris, Editions Belin, collection Mappemonde.

et la nature des stations balnéaires évoluent au rythme de la place croissante qu’occupent les loisirs dans la vie de la société. 2.3/ Évolution vers un tourisme de masse Après la Seconde Guerre Mondiale, qui provoqua l’écroulement des nombreuses stations, par la diminution significative de la fréquentation touristique sur le littoral, l’aménagement balnéaire ne répondait plus au même projet touristique. La formidable croissance économique des Trente Glorieuses vit l’avènement de la classe populaire qui accéda à la consommation et au plaisir de vivre, grâce notamment à la mise en œuvre effective et généralisée des congés payés. Cette période connut alors un grand boom de départ en vacances. «L’objet de l’aménagement du littoral devient alors un projet éminemment social, celui de permettre l’accès à la mer au plus grand nombre, tel un droit naturel, garanti et inaliénable.»6. L’essor du niveau de vie, la liberté du mouvement individuel, ouvrent ainsi les stations balnéaires à d’autres formes d’hébergement, plus modestes (petits pavillons), plus pratiques (appartements) ou plus légères (camping). Le tourisme qui, jusque là, était réservé à une classe aristocratique, puis bourgeoise, devint ainsi accessible à tous. Les vacances à la mer deviennent alors un rite annuel. Les vacances de Monsieur Hulot, film de Jacques Tati, sorti en 1953, qui présente, à 6. FOUGNIE S., 2008, L’intégration géographique comme mode d’interprétation de l’évolution des stations balnéaires, Presse universitaires de Rennes.

9 et 10. Images tirées du film «Les Vacances de Monsieur Hulot» de Jacques Tati

travers différentes anecdotes, une galerie de portraits de vacanciers et de leurs pratiques, est représentatif de cette évolution du tourisme balnéaire. Le succès est immédiat. 15


3/ Les modèles d’organisation urbaine 3.1/ La géographie du littoral, typologies et particularités Outre l’organisation urbaine qui les compose, les stations balnéaires sont également définies par la géographie du territoire dans lequel elles s’insèrent. Si chaque station s’intègre dans un territoire qui a ses caractéristiques propres, les particularités géographiques de ces territoires peuvent être cependant regroupées par typologies. Ceci afin de spécifier, dans une certaine mesure, ce qui participe à l’identité d’une station. Aussi, nombres de stations balnéaires sont implantées sur une presqu’île ou une péninsule. Ce morceau de littoral est le plus souvent de matière rocheuse, les plages se situant de par et d’autre de cette avancée sur la mer. La plupart des presqu’iles sont repérables grâce à la présence d’un phare, afin de prévenir les navires de la proximité des côtes. A l’inverse, la géographie du littoral comporte de nombreuses criques et calanques dans lesquelles viennent s’insérer villes et stations balnéaires comme dans un écrin. C’est le cas de nombreux villes et villages de la côte d’Azur, à l’image de la Ciotat. Cette particularité géographique du littoral permet en outre de protéger les aménagements urbains de la violence des flots pendant les tempêtes. D’autres stations s’insèrent sur des bandes de 16

terre entre deux eaux. C’est le cas de Lacanau, qui se déploie entre l’Océan Atlantique et le Lac de Lacanau, en Gironde. Le cordon littoral est également une configuration géographique entre deux eaux, entre un océan et une lagune, sauf qu’il s’agit ici d’une bande sableuse. Ces deux figures ont en commun un relief peu marqué et la possibilité d’offrir, à la station balnéaire qui s’y implante, deux visages distincts. L’estuaire est un écotone mouvant défini par l’effet dynamique de la marée sur les eaux fluviales. On y trouve des espèces marines, des espèces d’eau douces et des espèces propres aux estuaires. La station balnéaire d’Arcachon est située à proximité immédiate d’un estuaire. D’autres stations se nichent, quant à elles, sur une île… Celle-ci peut être petite ou grande, faire partie d’un archipel, être entourée d’un récif corallien, ou constituer un atoll. Enfin, pour la plupart des stations créées ex nihilo, celles-ci s’implantent au bord de l’eau, sur un territoire dont la géographie est la plus neutre possible. Cependant, le projet de station comportant parfois l’instauration d’une marina, les aménageurs créaient alors une crique ou une presqu’île artificielle afin de répondre au programme fixé. Port-Grimaud, Marina Baie des Anges ainsi que La Grande Motte ont ainsi été conçues autour d’une marina artificielle, tandis que Dubaï est célèbre pour le gigantisme des aménagements mis en place sur l’eau.

En fonction de la situation géographique dans laquelle s’insère les stations balnéaires, les atouts du site, l’identité ainsi que les usages varient en conséquence. Le découpage de la côte et l’importance du relief sont également des éléments pouvant influencer l’édification d’un plan d’aménagement urbain.


11. La péninsule

12. La crique

13. Le cordon littoral

14. Entre deux eaux

15. L’estuaire

16. L’estuaire fluvial

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17. L’île

18. L’île récifale

19. L’atoll

20. La ligne

21. La crique artificielle

22. La presqu’île artificielle


3.2/ Les grands modèles d’aménagement urbains des stations balnéaires «De tout temps les hommes se sont fixés en bord de mer, mais ces implantations, résultant d’une lente et progressive installation des populations exploitant la mer, n’ont rien à voir avec le développement des stations balnéaires. Ces dernières se sont répandues sur le littoral français avec une rapidité étonnante et sont, pour nombre d’entre elles, de véritables « villes nouvelles » balnéaires. Les raisons d’être d’une station balnéaire, lieu de villégiature, de distractions ou de soins, ne sont en rien comparables aux problématiques qui ont poussés des populations à s’installer durablement sur le littoral.»7 La convergence des facteurs historiques que nous venons de voir a eu pour conséquence l’émergence sur une période relativement courte, d’un très grand nombre de stations balnéaires sur le littoral français. Elles sont apparues dans des conditions le plus souvent comparables et ont, en conséquence, revêtu une forme urbaine qui tend vers une certaine ressemblance.

tions balnéaires, au détriment de l’arrière-pays et des pratiques sociales qui s’y exerçaient. «Puisqu’il a fallu transformer en lieu de loisir et de pratique sociale un espace auparavant vacant, la question fondamentale s’est posée de savoir comment conférer à ce «territoire du vide» le statut d’un espace aménagé et attrayant. Dans quelle mesure les stations balnéaires ont-elles donc constitué des champs d’expérimentation pour de nouvelles formes urbaines ? Ont-elles été le prétexte d’innovation et de création architecturales?»8 Les éléments de typologie présentés ici ne sont pas exhaustifs et ne permettent pas de caractériser l’ensemble des stations balnéaires, mais, en tant que modèles, ils sont représentatifs de la plupart des stations balnéaires conçues au cours du XIXème siècle.

En effet, la majorité des stations balnéaires ont été créées ex nihilo. Elles ont alors été l’occasion d’expérimenter certaines utopies urbaines du XIXème siècle. Il en résulte différents modèles assez simples caractérisés par l’optimisation de l’espace urbanisé en bord de mer. Le front de mer, et plus particulièrement la plage, constitue, en effet, l’élément essentiel de la structuration de l’espace de la plupart des sta7. Station balnéaire en France, Emergence des «Villes nouvelles balnéaires», www.wikipédia.org

8. TOULIER B. (dir.), 2010, Villégiatures des bords de mer, Architecture et urbanisme,Editions Volumen Dummy, Collection Patrimoines en perspective.

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3.2.1/ Le plan en damier (ou hippodamien), le cas de Deauville Implantées sur des terrains particulièrement malléables, et organisées afin d’optimiser la relation physique et visuelle entre les bâtiments et la plage, la plupart des stations furent conçues selon un plan qui tend à être toujours le même: un quadrillage orthogonal appuyé sur le front de mer. La répétition quasi-systématique de cette forme urbaine rappelle les villes coloniales et le peu de relations qu’elles ont avec leur territoire. Le plan en damier permet ainsi de s’adapter au relief du littoral. Malgré une architecture très créative, les stations balnéaires tendent cependant à se ressembler entre elles, tant par leur forme que par la manière dont elles répondent à une attente sociale unique : la pratique du bain de mer. «Le bain, comme d’ailleurs dans la nouvelle fréquentation des stations thermales, n’est souvent qu’un prétexte servant à donner une caution médicale à des pratiques essentiellement mondaines. Mais le fait social est là, et pour qu’il y ait bain, il faut qu’il y ait plage : c’est donc en relation avec celle-ci que se construiront les stations balnéaires. Le seul paysage qui intéresse ces nouveaux villégiateurs étant la mer, les plans d’urbanisme seront dessinés selon cette simple relation.»9 En conséquence, un alignement de villas et d’hôtels est installé le long du front de mer, en 20

9. VIDAL R., 2012, L’urbanisme balnéaire : processus de colonisation ou aménagement durable du littoral? L’exemple de Sables-D’or-les-Pins (Côtes-d’Armor,

arrière d’une digue qui sert à la fois de protection contre la mer et de lieu de promenade. Chaque habitation dispose idéalement d’un accès immédiat à la plage, tout en étant, jusqu’à la généralisation de l’automobile, à une distance raisonnable de la gare, ce qui limita, durant une certaine période, l’extension possible du schéma. Les problèmes posés seront résolus en doublant la voie en front de mer d’une seconde voie, destinée à la desserte et située en arrière de la première rangée de villas. Celle-ci sera complétée par quelques rues supplémentaires, parallèles à la mer, et le long desquelles seront installées de nouvelles villas. Afin de maintenir un accès à la mer le plus direct possible pour chacune de ces villas, on complètera le plan d’ensemble par une série de rues perpendiculaires. Ainsi, de cette simple optimisation des fonctions originelles d’une station balnéaire résulte un quadrillage, dont la forme urbaine s’appuie, pour toute relation avec le territoire existant, sur la linéarité d’un front de mer parallèle à la plage. Une des premières stations balnéaires françaises, Deauville, dans le Calvados, conçue à l’initiative du duc de Morny, par l’architecte Breney et inaugurée en 1858, ne s’éloigne guère de ce modèle en damier. On remarquera que si l’organisation urbaine de Deauville est plus complexe que le schéma théorique, l’ensemble s’organise néanmoins autour du front de mer, 1924), modèle précurseur de cohérence territoriale, publié dans Projets de paysage.

du casino et de la gare. Le port de Trouville ne joue ici pratiquement aucun rôle si ce n’est celui de limite Est de la station. La jetée est utilisée comme promenade, mais pas comme élément structurant du plan urbain. La station de Deauville ne manque pas d’une identité forte, même si elle est un peu le prototype de cet urbanisme minimal. Mais elle doit cette identité au fait d’avoir été la première en France, d’être toujours la plus proche de Paris et de bénéficier d’une notoriété soigneusement entretenue. L’identité deauvilloise n’est pas liée à la place qu’elle occupe dans son territoire mais à cette position médiatique qui, de fait, estompe l’identité des nombreuses autres stations construites sur le même modèle et qui, en conséquence, apparaissent comme de simples copies du modèle original.


25. La station en damier

23 et 24. Vue aérienne et Plan général de la station balnéaire de Deauville, France

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3.2.2/ Le plan radioconcentrique, le cas de Cabourg Dans l’élaboration de nouvelles stations balnéaires, d’autres types de plan urbain ont été mis en oeuvre, et notamment le système radioconcentrique de Cabourg. A première vue relativement différents, ils se ressemblent dans la mesure où ils s’appuient tout autant sur le trait de côte et par leur indépendance vis à vis de leur territoire. Schématiquement, l’image initiale du plan radioconcentrique est la reprise d’un modèle urbain connu depuis l’Antiquité: des rues concentriques tournent autour d’un point central et sont croisées par des perpendiculaires convergentes. La seule nuance est que l’on a coupé le cercle en deux pour pouvoir l’appuyer sur un front de mer linéaire. On peut également considérer ce type de plan comme une simple variante du quadrillage décrit précédemment, auquel on aurait simplement appliqué une courbure pour le faire tourner autour d’un point central. Ce schéma n’a été que très rarement appliqué tel quel. Outre un découpage parcellaire difficile à gérer et l’existence nécessaire de rues en impasse, il présente l’inconvénient de générer de grandes difficultés de circulation (même au XIXe siècle) du fait que trop de rues convergent vers le même point. Au milieu du 19e siècle, la mode des bains mer déferle sur les côtes normandes à la tesse d’un raz-de-marée. Et la commune Cabourg n’échappe bien sûr pas à la règle. 22

de vide En

1853, l’avocat parisien Henri-Durand-Morimbau découvre Cabourg et sa plage lors d’un séjour. Séduit par la beauté du site, il décide alors de créer la station balnéaire à la place des dunes qui séparent le vieux Cabourg de la plage. Un jeune architecte, Robinet, est alors chargé d’élaborer le plan de la ville nouvelle. Celui-ci se présente donc comme un éventail, avec un réseau de voies qui converge vers un même point central, le casino. Cette construction imposante marque le début d’une longue série de réalisations architecturales, dont la variété des matériaux et des styles en fait la singularité et la richesse. Près de 150 demeures seront érigées entre 1862 et 1875. A travers l’observation du plan en damier et du plan radioconcentrique, qui correspondent à deux des plus anciennes stations balnéaires françaises, nous pouvons considérer que, d’un point de vue urbanistique, la station est ici un lieu préétabli, multipliable à l’infini et, de ce point de vue, presque indifférent au site dans lequel il s’inscrit. Cependant, ce type de dispositifs géométriques offre deux avantages. Le premier est celui de l’optimisation de l’occupation de l’espace. Le second celui de la facilité et de la rapidité de la mise en œuvre. Ces deux modèles furent ainsi à l’origine de l’organisation urbaine de la plupart des stations balnéaires. Celle-ci résulte parfois d’une

combinaison entre les deux modèles, de sorte à adopter la simplicité du premier en reprenant la centralité urbaine qu’apporte le second. En outre, au cours de leur développement, les stations conçues sur le modèle hippodamien ou radioconcentrique se sont étendues tout naturellement en ajoutant des rues supplémentaires à un système qui fut conçu en ce sens au temps des villes coloniales. De plus, avec l’usage de plus en plus répandu de l’automobile, la distance de la gare n’étant plus un facteur important, de nombreuses stations se sont développées jusqu’à se rejoindre, créant ainsi un front de mer urbanisé continu le long des côtes.


28. La station circulaire

26 et 27. Carte postale et vue aĂŠrienne de la station balnĂŠaire de Cabourg, France

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3.2.3/ Le plan paysager, l’exception de Sables-d’Or-les-Pins Cependant, certaines de ces stations, se singularisent par le fait qu’elles résultent d’un projet plus complexe, qui prend également en compte l’existence d’un arrière-pays et les ressources paysagères qu’il représente. Sables-D’or-lesPins fait partie de ces exceptions.

la construction d’un front de mer continu. On remarquera que la faible densité du bâti, l’importance donnée aux espaces publics, la largeur des allées et des rues, la prise en compte du relief existant dans le plan d’aménagement, contribuent à donner l’apparence d’une station qui s’inscrit dans l’histoire et la géographie de son territoire.

Conçue comme une ville-parc de bord de mer, mais en relation avec l’ensemble de son territoire, elle est l’œuvre d’un entrepreneur associé à deux paysagistes, les frères Treyve. A l’inverse des plans de Deauville ou de Cabourg, ils proposèrent une nouvelle organisation du territoire, appuyée sur une connaissance appronfondie des usages antérieurs et à venir.

De plus, un simple regard sur une photographie aérienne de Sables-D’or-les-Pins permet de se rendre compte de l’importance de la végétation dans la station et en particulier à proximité de la mer. Les frères Treyve ont en effet valorisé la place du végétal au coeur de la station et selon deux échelles distinctes: la première étant celle de la ville, avec des «vallées boisées», tandis que la seconde concerne la transition entre espaces publics et privés. Ainsi, quelle que soit leur échelle, les espaces verts de Sables-D’orles-Pins furent pensés dès l’origine comme une composante du plan d’ensemble et contribuèrent à la qualité paysagère de la station.

La particularité de Sables d’Or les Pins résulte de la singularité de son plan urbain qui, au lieu de «bétonner» le front de mer pour affirmer une vocation purement balnéaire, met en avant sa vocation de «ville-jardin de bord de mer» en développant une offre touristique à la fois écologique et culturelle, largement tournée vers l’arrière-pays et ses composantes architecturales et naturelles. La station s’organise donc en relation avec la mer et la plage, mais aussi avec la lagune qui la jouxte du côté ouest et avec le coteau qui monte vers les bourgs de l’arrière-pays. Le faible coefficient d’occupation du sol et le retrait plus important imposé aux constructions le long du rivage ont empêché, jusqu’à aujourd’hui, 24

En outre, on pourrait dire que ce qui différencie le mieux Sables-D’or-les-Pins des autres stations balnéaires c’est que, précisément, elle est moins balnéaire que les autres, plus paysagère qu’urbaine, bien qu’elle soit implantée sur le littoral et que la présence d’une plage fut à l’origine de sa création. Elle est moins balnéaire, parce qu’elle est aussi autre chose : une réalisation qui, en se démarquant de cette relation exclusive à la mer, contribue, dans une certaine mesure, à une certaine forme de cohérence

à l’échelle du territoire. La station de SablesD’or-les-Pins prouve ainsi qu’un projet de petite envergure (une centaine d’hectares), s’il est conduit avec un souci d’intégration territoriale, peut avoir un impact positif sur la perception, le vécu et l’organisation d’un territoire beaucoup plus vaste.


29, 30 et 31. Plan et vues aériennes de la station balnéaire de Sables-d’Or-les-Pins, France

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3.3/ Des stations balnéaires préexistantes aux stations balnéaires créées ex-nihilo, l’exemple de la Grande Motte Près d’un quart des stations balnéaires les plus fréquentées avant 1914 sont déjà créées à la fin du Second Empire. Si les premiers lieux de villégiature sont accolés à une agglomération préexistante, de plus en plus de stations balnéaires, afin de répondre à une demande de plus en plus forte, sont créées ex-nihilo.

l’Or au Nord-Ouest et l’étang du Ponant à l’Est, sur la commune de Mauguio. A l’époque, ce territoire était peu fréquenté car c’était un marécage infesté de moustiques et isolé des villages alentour. «Lorsque les acteurs de l’aménagement du littoral languedocien s’informèrent sur les solutions adoptées ailleurs pour affronter les nouvelles exigences des vacances pour tous, ils s’accordent très vite pour critiquer et réfuter deux modèles, et non des moindres. Le premier est celui de la Côte d’Azur, le second celui du littoral espagnol, Costa del Sol et Costa Brava.»10

Celles-ci s’implantent sur des lieux qui sont absolument ou presque entièrement vierges de constructions. Si le terrain à bâtir est nu, le champ de la réflexion est en revanche peuplé d’idées, de modèles, d’utopies... Les années soixante, qui marquent le début des vacances de masse, et de la résidence balnéaire, ont donné le jour à de nombreuses réalisations de grande envergure, souvent spectaculaires. La Grande Motte, située dans le Languedoc-Roussillon, est de celles-ci.

Ils choisirent alors de donner carte blanche à l’architecte Jean Balladur, qui rompit, à La Grande Motte, avec la tradition de l’architecture pittoresque des villes balnéaires qui privilégie le Grand Hôtel, la promenade du bord de mer, et le casino ou les thermes à l’attention d’une clientèle aisée.

Cette dernière naquit grâce à la mise en place de la mission interministérielle d’aménagement touristique du littoral du Languedoc-Roussillon, plus connue sous le nom de la mission Racine, créée en 1963 par l’État pour conduire de grands travaux d’infrastructure en vue de développer le littoral de la Méditerranée dans les départements du Gard, de l’Hérault, de l’Aude et des Pyrénées-Orientales.

A la place, la station de la Grande Motte s’organisa autour de la création d’une marina. Des terrains de sports, un palais des congrès, des commerces, une plage bordée d’un simple chemin piéton, et un plan de desserte des plages en peigne, composent le plan de la Grande-Motte. La plage, séparant l’espace naturel de l’espace construit, devient alors un simple lieu de jeu pour les enfants.

Les travaux commencèrent en 1966 sur un terrain vierge, délimité par deux étangs, l’étang de

La station se caractérise également par une grande homogénéité architecturale, dont les

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10. PRELORENZO C. et PICON A., 1999, L’Aventure du balnéaire. La Grande Motte de Jean Balladur, Marseille, Éditions Parenthèses, collection Eupalinos.

éléments les plus visibles sont les immeubles en forme de pyramide. L’objectif de celles-ci, disposées selon un angle de 60° par rapport à la plage, est de fournir à chaque logement et à chaque étage, des points de vue différents et de réaliser une transition douce entre le littoral et la chaîne montagneuse des Cévennes. Grâce à cette réalisation architecturale remarquable, la ville a reçu le label «Patrimoine du XXème siècle». En trente ans à peine, la station balnéaire de la Grande Motte fut construite de toutes pièces. La Grande Motte ne se détache de Mauguio pour devenir commune à part entière qu’en 1975. En répondant à la démocratisation du tourisme de masse, avec deux millions de touristes par an, c’est l’une des stations préférées des Français. Cependant, certains équipements urbains structurants de la Grande Motte, dont un lycée et un collège, fonctionnent à la moitié de leur capacité. De plus, les habitants permanents se concentrent autour du port, sur l’Avenue de l’Europe et dans le quartier des villas, ce qui laisse la plus grande partie de la station, notamment le quartier du Couchant, désertée l’hiver. En outre, depuis l’importance accordée aux loisirs jusqu’aux problèmes posés par la création ex nihilo d’espaces urbains et architecturaux à grande échelle, les différents aspects de la fondation d’une station balnéaire contribuent à donner tout son intérêt à l’histoire d’une opération comme La Grande Motte.


35. Une marina comme centre de la station

32, 33 et 34. Affiche et vues aĂŠriennes de la station balnĂŠaire de la Grande Motte, France

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3.4/ Un aménagement urbain stratifié L’aménagement urbain des stations balnéaires construites au cours du XIXème siècle est, de manière générale, conçu de manière stratifiée, selon un agencement souvent similaire. Schématiquement, l’implantation de la station commence naturellement par la présence d’une plage. Les principaux espaces, publics en particulier, des stations balnéaires, étant liés à la mer, la plage, en tant qu’espace atypique, occupe en effet une place centrale dans l’organisation de la station. En bordure de cette plage, le «boulevard de la mer» ou «promenade des anglais», outre son rôle de défense contre les eaux, est l’épine dorsale de la mise en scène balnéaire. On y déambule, profitant du paysage, entre la plage et les édifices du front de mer. Ce dernier, en retrait de ce boulevard de la mer, est composé par un alignement de villas et d’hôtels, composant un ensemble urbain essentiel à la structuration d’une station. Ce front de mer regroupe également la plupart des centralités de celle-ci. Les stations balnéaires ayant été conçues sur des modèles très proches, leur centralités sont donc souvent semblables. La station s’organise donc, le plus souvent, autour d’un centre principal en bord de mer, constitué par le casino et le grand hôtel, et d’un centre secondaire constitué par la gare. Cette dernière, pour des rai28

sons techniques qui font que les voies ferrées s’accommodent très mal des sols sableux, est toujours située en retrait. L’existence de ces deux centres ne modifie pas le plan d’ensemble lorsqu’il s’agit, cas le plus fréquent, d’un simple quadrillage. Tout au plus justifient-ils le tracé d’une ou deux diagonales qui rompt, dans une certaine mesure, la monotonie de l’ensemble. De part et d’autre de ces centralités se situent les quartiers de villas et les hôtels, constituant le noyau de la station. Enfin, les équipements de loisirs (golf, terrains de sports, …), situé à la périphérie de la station, sont bordés par une zone boisée qui marque les limites de celle-ci. En outre, la station correspond à une configuration connue qui est celle de la ville, avec ses espaces hiérarchisés et ses lieux de sociabilité. La station balnéaire se structure, espace par espace, avec sa plage, sa digue-promenade, son front de mer, son casino, ses hôtels, ses villas, et ses campings, rejetés en périphérie. Ce modèle est aujourd’hui remis en question par les problèmes de gestion de l’environnement qu’il a entraîné. 3.5/ La Plage, centre de la station balnéaire La plage est le lieu privilégié du contact avec la nature, permettant de s’évader de l’urbanité parfois étouffante des villes. Elle est le lieu de la rencontre, de la détente et du divertissement.

Les populations résidentes comme les populations touristiques s’y rendent, presque quotidiennement en période estivale, pour bronzer, se baigner, faire du sport (volley, jogging, surf, kite-surf, natation, …), pique-niquer, lire, se retrouver, ou simplement pour étendre sa serviette. A l’image des terrasses des cafés parisiens, la plage est l’endroit idéal pour observer les passants. Aujourd’hui, dans la plupart des stations, comme le montre les exemples de Deauville et de Cabourg, de par leur organisation urbaine, la plage correspond au centre de la station et de la vie balnéaire. En outre, la plage constitue le principal, sinon le seul espace public de la station balnéaire. Les aménagements de ces plages répondent donc à cette caractéristique principale de cet espace, et des pratiques qui en découlent.

36. Un aménagement urbain stratifié


37. La station isolée

38. L’extention

39. La station éclatée

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4/ Temporalités et Pratiques 4.1/ Les stations balnéaires au fil des saisons L’un des aspects le plus caractéristique des stations balnéaires est la double temporalité qui rythme les pratiques, l’attrait, et l’image d’une station. En effet, l’activité et le fonctionnement d’une station dépend en grande partie des saisons: la haute saison qui correspond aux mois d’été et le hors saison qui englobe le reste de l’année. La haute saison est la période pendant laquelle une station offre le maximum d’agréments, d’équipements et de services. A l’inverse, le hors saison est généralement présenté comme négatif et subi. Pourtant, cette période, marquée par l’attente, est surtout le produit des représentations. Il est alors nécessaire de comprendre ce qui définit cette période et en quoi l’activité balnéaire conduit également à vivre l’année différemment. Les discours présentent le hors saison comme une période où l’on ne peut plus rien faire, à l’attente. Or, dans la réalité quotidienne des populations littorales, le hors saison est une période particulière, essentielle au bon fonctionnement d’une station. Il s’agit de la période durant laquelle il faut faire fructifier les bénéfices engrangés durant la haute saison. Contrairement aux apparences, le hors saison n’est donc pas une période d’inactivité pour la population locale. Pour certains, il s’agit même 30

d’une période d’activité assez intense, même si le touriste n’est plus au centre de l’organisation sociale. En effet, outre la préservation de la station balnéaire, le hors saison est le moment idéal pour procéder à l’équipement de la commune… Ainsi, afin de ne pas nuire au bon fonctionnement de la station durant les mois d’été, les communes évitent d’effectuer des travaux lorsque la présence des vacanciers est la plus importante. La relation entre haute saison et hors saison est donc forte puisqu’elle participe, malgré les apparences, à l’économie d’une station balnéaire toute l’année. En outre, saison et hors saison s’alimentent mutuellement, quand les projets d’aménagement peuvent être réalisés au cours du hors saison tandis que l’arrivée de touristes crée une source de profit non négligeable en période estivale. Faire fructifier le temps du hors saison, période apparemment inactive, devient donc rapidement une nécessité pour espérer accroître les profits de la haute saison.

néaire investie par les touristes l’été, celle-ci redevient une simple commune littorale durant la majeure partie de l’année. Il s’agit pourtant d’un même espace, mais qui change selon la période de l’année. 4.2/ Les pratiques balnéaires aujourd’hui Au sein des stations touristiques balnéaires, les pratiques balnéaires évoluèrent au fil des décennies, des modes et des mœurs. L’attrait des bains froids laissa peu à peu la place à une pratique plus tournée vers la chaleur estivale, le soleil et la plage, ce qui explique en grande partie la fréquentation différenciée des stations balnéaires en été et en hiver. En conséquence, au cours de la seconde moitié du XIXe siècle, les sites balnéaires abandonnèrent progressivement leur première fonction hygiénique au profit d’une orientation plus touristique, transformant ainsi les espaces et réorganisant les pratiques.

Cependant, on remarque qu’aujourd’hui, la notion de haute saison marque toujours la perception que l’on peut avoir d’une station balnéaire. Cette perception est alimentée notamment par le fort écart entre la population sédentaire et la population estivale. Peu de stations ne sont pas l’objet d’une fréquentation différenciée en été et en hiver.

En effet, les touristes d’aujourd’hui ont des demandes nouvelles. Ils veulent pouvoir pratiquer des activités sportives diverses, accessibles à tous, encadrées et multiples au cours d’un même séjour ou d’une même journée. Si, dans les années 1950, les gens se contentaient de bains et de promenades, de multiples activités sont aujourd’hui revendiquées et prolifèrent en visant à supprimer la perspective de l’ennui.

Aujourd’hui, une station balnéaire reste perçue différemment selon les saisons. Station bal-

Progressivement les individus glissent donc vers une recherche du bien-être personnel et vers


l’hédonisme : besoin de rencontres et de convivialité, recherche de la forme et du bien-être corporel. C’est à cette période que va se développer le tourisme ludo-sportif (villages de vacances, tourisme social, Club Med, ...) associant vacances et activités physiques et sportives. Les pratiques deviennent alors plus accessibles financièrement, plus nombreuses en choix, ouvertes de plus en plus à tous les individus, quels que soient leur sexe ou leur âge, tandis que les équipements sportifs se multiplient. Les collectivités locales mettent alors en place, peu à peu, des structures à l’image des écoles de voile et des centres nautiques afin de favoriser les activités en pleine nature liées à la mer pour les vacanciers et leurs enfants. Cependant, les notions de loisirs et de sports balnéaires tendent, en ce début de XXIe siècle, à s’interpénétrer, voire à se confondre. Nul besoin de lister les équipements qui, aujourd’hui, sont construits : bases nautiques, parcours d’accro-branches, sentiers pédestres et équestres, parcours de golf, aménagement de campings, parcs nautiques, etc. Ces installations et offres sportives représentent autant de moyens pour attirer les touristes que pour les fidéliser. Enfin, les comportements de nos contemporains au sein des stations balnéaires peuvent être regroupés en quatre modèles: les uns désirant le repos quand d’autres multiplient les activités; les consommateurs marqués par la rationalité, en quête d’un bon rapport qualité-prix

s’opposent à ceux qui ambitionnent un statut par l’ostentation. 5/ Bilan urbain et touristique des stations balnéaires françaises «À l’inverse des multiples implantations urbaines du littoral, les stations balnéaires ne résultent pas d’une lente et progressive installation des populations sur un territoire. Elles se sont répandues sur le littoral français avec une rapidité étonnante et sont, pour nombre d’entre elles, de véritables « villes nouvelles » planifiées, représentant, à elles seules, un phénomène unique dans l’histoire de l’urbanisme.»11 Avec 5 533 kilomètres de côtes, la France jouit d’un patrimoine balnéaire exceptionnel, qui s’est construit pendant plus de deux siècles sur un espace vacant pour devenir un territoire attractif dont l’impact socio-économique est aujourd’hui d’une importance capitale. L’architecture et l’urbanisme balnéaires reflètent également un esprit, un mode de vie, des pratiques devenues avec le temps davantage un modèle qu’une simple mode.

fondées au cours des décennies a eu pour conséquence de couper radicalement le littoral de ses relations à l’arrière-pays. Chaque année, en période estivale, on observe une importante migration de touristes sur le littoral, attirée par la plage, le soleil et la mer. Longtemps, l’urbanisme de ces stations n’a été pensé que pour permettre d’accueillir davantage de vacanciers, en témoigne le plan hippodamien qui peut s’étendre à l’infini. Aujourd’hui, il est nécessaire de prendre la mesure de l’impact de ce type de planification urbaine sur le milieu naturel, afin de ne pas répéter les mêmes erreurs. Malgré ses milliers de kilomètres de côtes, le littoral français, surtout s’il continue d’être considéré uniquement comme une bande étroite longeant le rivage, n’est pas extensible. La relation entre la station et son territoire est au cœur de la définition même de l’identité des stations balnéaires.

Mais l’attraction du littoral ne produit pas que de l’imaginaire. Elle entraîne aussi l’installation de nouveaux occupants et d’activités nouvelles, parfois polluantes. Les tendances à l’œuvre montrent un urbanisme éclaté, une occupation de plus en plus déstructurée de l’espace et bien peu économe en ressources. De plus, la forme urbaine de la plupart des stations balnéaires 11. VIDAL R., 2012, L’urbanisme balnéaire : processus de colonisation ou aménagement durable du littoral? L’exemple de Sables-D’or-les-Pins (Côtes-d’Armor, 1924), modèle pré-

curseur de cohérence territoriale, publié dans Projets de paysage.

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40. PĂŠninsule de Punta Ballena, Uruguay

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C/ Vers quelles stratégies de développement responsable?

1/ De multiples enjeux «Les littoraux du monde ne sont plus, aujourd’hui, des espaces périphériques.»12 La densité des territoires en bord de mer est aujourd’hui estimée à 170 habitants au kilomètre carré, soit une valeur moyenne cinq fois plus élevée que la densité observée sur les terres non littorales. On constate également que plus des 4/5ème des populations littorales sont citadines. Ces quelques chiffres suffisent à signifier la place centrale qu’a prise le littoral dans la société contemporaine. A l’échelle internationale, la France occupe une place privilégiée dans le tourisme balnéaire, notamment grâce à ses 5 500 km de linéaire côtier, ses quelques 2 000 plages et 750 stations balnéaires. Pour toutes ces raisons, le développement touristique reste l’un des objectifs majeurs de la politique d’aménagement du territoire. Cependant, depuis les années 60, les sociétés littorales se trouvent confrontées à un ensemble de phénomènes qui provoquent, pour leurs milieux de vie et pour elles-mêmes, des mutations sans doute plus importantes que celles subies jusqu’à présent. En effet, l’héliotropisme, ainsi que la forte attractivité de la plage et des activités de loisirs en bord de mer ont généré un tourisme balnéaire de masse, de plus en plus consommateur d’espace, notamment par la construction de résidences secondaires. 12. DATAR, 2004, Construire ensemble un développement équilibré du littoral, Paris, La Documentation Française.

Aujourd’hui, le littoral, espace attractif par excellence, restreint par nature, est un espace qui doit répondre à de multiples enjeux: environnementaux, sociaux, économiques et humains. 1.1/ La nécessaire protection du Littoral Le littoral est un bien rare, non extensible et fragile. En cela, il mérite une protection particulière afin de conserver, sur le long terme, les qualités qui caractérisent son attractivité touristique. Il doit notamment faire l’objet d’un traitement spécifique en raison de son rôle écologique. En effet, le littoral est un espace linéaire et donc limité, mais qui abrite un certain nombre d’écosystèmes qu’on ne trouve nulle part ailleurs et qu’il convient de préserver. Les caractéristiques naturelles des sites littoraux (falaises, dunes, caps, havres, ...) et ses écosystèmes, inventoriés par les services gouvernementaux, constituent des réserves biologiques, ornithologiques, ou simplement des paysages de «beauté naturelle exceptionnelle» à respecter. Depuis près de 20 ans, plusieurs évolutions en termes d’aménagement illustrent la progressive prise en compte des considérations environnementales et du respect de l’identité géographique du littoral. Cette prise de conscience du caractère fragile de ces territoires a engendré l’élaboration d’une succession de textes réglementaires, imposant certaines restrictions d’urbanisme et octroyant à la protection de la nature un caractère d’intérêt général. La loi lit-

toral viend, en 1986, formaliser l’ensemble de ces évolutions. 1.1.1/ La loi de protection du littoral en France La loi concerne, sur l’ensemble de leur territoire, les communes riveraines de la mer ou d’un plan d’eau intérieur de plus de 1 000 ha, ainsi que les communes d’estuaire listées par l’État. Située au sommet de la «pyramide normative», elle s’impose à tous les documents de planification et d’urbanisme. La loi Littoral (Cf Annexe), en interdisant toute construction et installation nouvelle à moins de 100 mètres du rivage en dehors des zones urbanisées, et en rendant inconstructible les coupures d’urbanisation (qui englobent la plupart des espaces non construits perpendiculaires au rivage, quelle que soit leur taille), a bouleversé la géographie des territoires littoraux. De plus, l’extension des périmètres de protection de la nature et, surtout, la mise en œuvre de la loi Littoral ont rendu durablement inconstructible la quasi-totalité des espaces naturels côtiers. La protection de ces espaces repose uniquement sur la loi Littoral, et plus précisément sur un seul de ses articles, le L 146-6, qui instaure une inconstructibilité totale sur les espaces naturels dits « remarquables ». «Les communes voient alors s’effondrer leurs réserves foncières et les promoteurs disparaître leurs plus belles opportunités, mais des dizaines 33


de milliers d’hectares trouvent enfin une protection durable.»13 Si certaines communes ont réussi à conserver des zones constructibles, d’autres n’ont plus aujourd’hui aucune possibilité d’extension. Il a donc suffit d’un seul article pour remettre radicalement en cause le mode de développement socio-économique et provoquer une pénurie de terrains à bâtir elle-même lourde de conséquences. Cependant, avec l’effondrement du potentiel de constructibilité, les communes sont passées brutalement d’un modèle de développement économique «quantitatif», basé sur une croissance touristique et urbanistique rapide, à modèle «qualitatif», cherchant à optimiser le bâti existant. «De plus, le blocage du foncier littoral va accélérer le déversement urbain vers l’arrière-pays. On peut y voir un rééquilibrage du territoire régional qui demande lui aussi à être maîtrisé, mais que nul n’avait jusqu’alors réussi à mettre en œuvre.»14 En outre, la Loi de protection du littoral constitue, jusqu’à présent, le seul texte ayant réussi à véritablement ralentir ou contenir l’urbanisation côtière. «Elle n’est cependant pas suffisante pour fixer les règles d’un aménagement durable du littoral qui risque, de plus en plus, de se voir coupé de son arrière-pays. Elle ne résoudra pas non plus le problème que rencontrent 34

13. DALIGAUX J. et MINVIELLE P., 2010, De la loi Littoral à la Gestion Intégrée des Zones Côtières, Méditerranée, Éditions Publications de l’université de

aujourd’hui la plupart des stations soumises à un abandon qui dure souvent plus de neuf mois par an.»15 1.1.2/ Des paysages à protéger, des ressources naturelles à préserver Les paysages littoraux, par leur originalité, participent à l’attractivité touristique des régions côtières. La nature occupe, au sein de ces paysages, une place centrale, même si cette nature a beaucoup changé au fil des décennies, transformée par le développement touristique. Les dunes, les forêts, les promontoires, les caps, la découpe des côtes rocheuses et de l’horizon, sont l’expression de cette nature sauvage qui capte le regard et nourri l’imagination. Le maintien et le développement sur le littoral de nombreuses activités économiques dépendent très largement de la capacité à préserver et à protéger un environnement, des milieux et un cadre de vie de qualité. C’est le cas notamment des activités telles que l’aquaculture qui suppose la préservation de la qualité des eaux côtières. Mais c’est aussi le cas des activités balnéaires pour lesquelles la qualité des eaux de baignade est essentielle. Le devenir d’activités traditionnelles comme la pêche s’inscrit également dans une politique globale de gestion et de préservation des écosystèmes marins.

principales, contribue à l’artificialisation des littoraux et à la dégradation, parfois irréversible, des paysages. En France, la part de linéaire côtier artificialisé est ainsi passée de 39% en 1960 à 61% dans les années 1990. Enfin, les espaces naturels du littoral sont des espaces très fréquentés par les populations résidentes et les clientèles touristiques. Les infrastructures de traitement des eaux usées ne sont, bien souvent, pas adaptées au gonflement de la population durant la période estivale. On observe alors une dégradation alarmante de la qualité des plages et des eaux de baignade. Les politiques d’aménagement des sites doivent donc répondre à la demande d’accès au public à la nature tout en évitant une surfréquentation qui les détériorerait irrémédiablement. L’objectif est alors, en ce qui concerne la protection des ressources naturelles, de retrouver, conformément aux directives européennes, un «bon état écologique» des eaux et des milieux. Cet objectif implique la prise en compte du respect des paysages littoraux et des milieux lors de l’élaboration d’un projet urbain.

Aujourd’hui, les constructions, implantés sans cohérence, que ce soit pour le tourisme (plus de 50% des touristes séjournent à moins de 500m de la mer) ou que cela concerne les résidences

En outre, la mise en valeur des espaces naturels, la protection des paysages des territoires littoraux et un environnement littoral de qualité jouent un rôle essentiel pour développer une économie touristique dynamique et diversifiée. Jusqu’à présent, «la tendance dominante était à opposer protection de la nature et urbanisation, considérant le plus souvent que la sauvegarde

Provence. 14. DALIGAUX J., 2005, La loi Littoral à l’épreuve des SCOT, Études Foncières.

15 et 16. VIDAL R., 2012, L’urbanisme balnéaire : processus de colonisation ou aménagement durable du littoral? L’exemple de Sables-D’or-les-Pins (Côtes-d’Armor, 1924),


de la première dépendait de l’efficacité avec laquelle on saurait contenir la seconde.(...) La contribution de l’urbaniste permet de poser la question autrement, en montrant que la sensibilité d’un concepteur pouvait conduire non pas à stopper l’urbanisation, ce qui a généralement pour effet de la reporter un peu plus loin, mais à mieux l’intégrer dans son territoire. Cette meilmodèle précurseur de cohérence territoriale, publié dans Projets de paysage.

leure intégration concerne à la fois les pratiques sociales antérieures et celles qui pourront être amenées à se développer dans l’avenir.»16 En ce sens, il est donc particulièrement important de promouvoir une gestion intégrée de l’espace littoral en général, et des stations balnéaires en particulier.

«Le littoral est et doit rester un espace de liberté, qui continue d’incarner cette fonction de plaisirs et de ressourcement dont témoignent sa fréquentation estivale. La préservation du caractère naturel du rivage, de la liberté de l’accès à la mer et le maintien de la diversité et de la 41 et 42. Campagne pour la diminution de la pollution marine

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typicité des paysages maritimes restent en tout état de cause des priorités.»17 1.1.3/ La lente érosion des plages Parmi les éléments qui constituent les paysages littoraux, la plage tient une place toute particulière, du fait de son pouvoir d’attraction pour de nombreux touristes. Cependant, en plus d’une urbanisation de plus en plus consommatrice d’espaces naturels, les plages sont altérées par l’érosion côtière. En réponse à cette menace, les fronts de mer des zones urbaines, touristiques ou industrielles, ont généralement été aménagés au moyen de digues, brise-lames, jetées, ou autres structures en enrochements. Les littoraux en France se sont donc, peu à peu, artificialisés par un surenchérissement d’ouvrages destinés à assurer la stabilité du front de mer. «Or, la plupart des études menées en Méditerranée française (Sabatier, 2001, Samat, 2007, Suanez, 1997, Certain, 2002, Durand, 1998) ont mis en évidence les impacts environnementaux négatifs des aménagements «durs», construits en majorité lors de la première phase d’aménagement du littoral (entre 1970 et 1990), à une époque où l’urgence et le manque de connaissance approfondie du phénomène érosif justifiaient des interventions lourdes. Ces études ont démontré l’inefficacité de ces méthodes audelà d’une certaine période, voire l’existence à moyen terme d’effets aggravants sur l’érosion induits par ces aménagements. Ces impacts négatifs se cumulent avec les nuisances paysagères et la pollution des sites, lorsque ces der36

17 et 21. DATAR, 2004, Construire ensemble un développement équilibré du littoral, Paris, La Documentation Française.

niers ne sont pas entretenus fréquemment.»18 Cependant, des techniques alternatives pour lutter contre l’érosion des plages existent. Ainsi, depuis 2003, la commune de Villers-sur-mer s’est lancée dans la mise en place d’un procédé écologique, élaborée au Danemark, qui consiste à récupérer le sable à chaque marée au moyen de drains enfouis sous la plage. «Pourtant, l’emploi de méthodes alternatives reste largement anecdotique sur les côtes françaises, pour diverses raisons. Ces méthodes sont mal connues des gestionnaires en charge des côtes, qui leur préfèrent les méthodes traditionnelles. Elles sont donc peu employées et manquent de validation expérimentale. Elles ont également un coût important, dû notamment aux études de terrain préalables à leur implantation, mais également à l’absence de généralisation de ce type de procédés en raison de leur spécialisation.»19 1.1.4/ La perturbation des activités traditionnelles Le tourisme est aussi une fonction fortement perturbatrice des activités traditionnelles: pêche, industries et agriculture littorales, activités portuaires,... Son essor accompagne le plus souvent le déclin de ces activités quand il ne le provoque pas. «C’est autour de cet état de fait qu’il faut considérer la vogue des mouvements écologiques sur les littoraux : ce qu’ils dénoncent, c’est moins le fait touristique luimême que les abus multiples qu’il engendre et 18 et 19. LAMBERT A., REY V., PROVANSAL M., SAMAT O. et SABATIER F., Lutte contre l’érosion littorale: efficacité des méthodes de stabilisation par drainage de plage, le cas de

les dégradations qu’il entraîne. Ce sont aussi les errances d’un système qui s’auto-entretient et où l’on pense que seul le développement touristique peut maintenir les populations au bord de la mer, en dehors de la saison estivale.»20 «Si elles ne structurent plus l’économie littorale, les activités maritimes traditionnelles continuent néanmoins à structurer le paysage et l’imaginaire de cet espace.»21 L’existence d’un véritable port de pêche au sein d’une ville touristique témoigne en effet de son lien séculaire avec la mer. De plus, la préservation des activités traditionnelle et de l’économie locale permet de promouvoir au sein de la station les produits locaux issus de la mer comme de la terre. Il nous faut donc, aujourd’hui, permettre une coexistence durable, dans un environnement préservé ou restauré, des activités touristiques et des activités traditionnelles.

la baie d’Agay, Var, Méditerranée, Editions Université de Provence.


1.2/ Phénomène de mode et urbanisation 1.2.1/ Attractivité des stations balnéaires, un phénomène de mode Les stations balnéaires touristiques du XVIIIème siècle furent inventées par et pour les populations aisées. En effet, l’initiative de quelques personnalités fortes fit la renommée des stations thermales et balnéaires. Arcachon a ainsi été inaugurée par l’empereur Napoléon III, Biarritz a été une station courue grâce à la présence de l’Impératrice Eugénie, Monaco est devenu mondialement célèbre grâce au couple de Grace Kelly et du prince Rainier, tandis que Saint-Tropez a connu la gloire grâce à la présence de Brigitte Bardot. Le succès de ces stations est lié également à la qualité des équipements de loisirs et de divertissements, des espaces publics et de l’architecture. Dans la concurrence entre les stations, à la recherche de reconnaissance et d’attractivité, le patrimoine balnéaire est ainsi devenu un enjeu identitaire des politiques territoriales, et par conséquent un facteur de développement économique. En ce sens, les stations balnéaires anciennes doivent aujourd’hui s’adapter afin de rénover leur image dans le but de maintenir un rayonnement qui serait vite dépassé. En effet, lorsqu’un site a fait le plein de touristes, ce qui l’a rendu attirant finit par lasser la clientèle, mobile par définition. Cette adaptation aux mœurs actuelles peut se réaliser de deux manières différentes. Dans le premier cas, 20. MIOSSEC A., 2004, Les littoraux, entre nature et aménagement, Editions Armand Colin.

l’espace urbanisé (constructions, équipements, ...) se renouvelle par une réhabilitation des espaces les plus désuets. Dans le second, ce sont les pratiques qui se transforment par la mise en place de manifestations sportives (comme la plaisance) ou culturelles (comme les festivals). Les deux solutions sont d’ailleurs le plus souvent combinées. Les stations se sont donc développées le long du littoral selon des logiques de création, continues ou discontinues, en fonction de leur pouvoir d’attraction. L’effet de mode reste, en tout état de cause, l’un des grands moteurs de création et de développement des stations balnéaires. 1.2.2/ Intensification de la consommation du foncier et densification du littoral La forme de développement des stations balnéaires s’est opérée à partir de pôles touristiques existants qui ont vu le jour à la fin du XIXème siècle. L’habitat jusqu’alors individuel et horizontal cède peu à peu la place à une verticalisation des constructions et surtout à une urbanisation relativement rapide. L’envol du prix des terrains, lié à la recherche systématique de la vue sur la mer, explique cette densification qui alourdit le front de mer, les promoteurs compensant en effet cette hausse des prix du foncier en construisant en hauteur. Cette recherche d’optimisation foncière génère également le développement d’excroissances pavillonnaires et d’équipements très consommateurs d’espace (campings, parcs de jeux, grands équipements de loisirs)

en périphérie de la station. Les stations balnéaires et communes littorales, déjà denses, continuent, aujourd’hui, d’absorber l’essentiel de l’augmentation de la population, ce qui n’est pas sans poser des problèmes en termes de préservation de l’environnement. De plus, la saturation de certains territoires proche du rivage pousse les populations à s’installer sur des espaces en retrait des zones urbanisées. On observe alors une pression urbaine et foncière de plus en plus forte sur les terres rurales, due en grande partie à ce modèle de développement urbain. En effet, la loi Littoral, en prônant la protection des espaces naturels remarquables, oriente l’extension urbaine vers les terres agricoles, fragilisant un peu plus les activités agricoles qui perduraient. L’aménagement urbain en direction de l’arrière-pays côtier est donc plutôt le résultat de tensions sur le marché foncier et l’effet indirect de politiques de préservation d’espaces naturels, que celui d’une politique volontariste visant une répartition de la population plus équilibrée entre littoral et arrière-pays. En outre, le développement d’un tourisme de masse a engendré l’émergence rapide d’un urbanisme peu planifié dont la conséquence est un paysage littoral fortement bétonné et marqué par la verticalité, perturbant la structure spatiale de la station. Il aura fallu attendre les années 1970 pour que se produise une prise de conscience des conséquences négatives de ce modèle de développement urbain sur le littoral. 37


1.3/ Le développement d’enclaves touristiques Qu’ils soient anciens ou nouveaux résidents, propriétaires fonciers, touristes ou résidents secondaires, pêcheurs ou agriculteurs, tous ont des droits sur le littoral. Cependant, des comportements antagonistes entre les populations peuvent se développer et générer de multiples formes d’enclaves. La pression économique et foncière étant plus forte, la situation est souvent plus conflictuelle que dans d’autres espaces. 1.3.1/ Impact du tourisme sur les sociétés d’accueil En apparence, en tant qu’industrie, le tourisme entraîne l’enrichissement économique d’un pays d’accueil. Cependant, des recherches montrent que ceux qui bénéficièrent du potentiel économique de la nouvelle dynamique touristique ne sont pas, en règle générale, les locaux. Ces derniers, fidèles à leurs domaines professionnels traditionnels (celui de l’agriculture et de la pêche), voient déferler, chaque été, une forte vague de vacanciers venant d’autres régions de France et d’Europe, et peuvent alors se sentir menacés, à l’instar de leur lieu de vie momentanément envahi. Aux attentes de résidents actifs qui s’expriment en termes de développement économique et d’emploi peuvent s’opposer celles des non actifs et des touristes, préoccupés par le maintien de la qualité des paysages et par la préservation des sites tout en exigeant un bon niveau d’équi38

pement et de services. Le rôle de la collectivité publique est alors d’assurer une gestion et un arbitrage des conflits possibles entre habitants temporaires et habitants permanents. On peut également noter que la difficulté, pour la population locale, à acquérir ou simplement à maintenir une résidence sur le front de mer, les incite à habiter dans des zones résidentielles plus éloignées de celui-ci. À travers la question de l’impact de l’arrivée massive de vacanciers sur les sociétés d’accueil, on peut considérer que, à une échelle différente, se pose l’un des principaux problèmes en matière de tourisme : celui de l’alternative entre tourisme intégré et tourisme enclavé, sachant que chacun de ces tourismes possède des avantages et inconvénients au regard de la population locale. En effet, si le premier favorise l’échange entre touristes et habitants, il tend néanmoins à perturber l’équilibre du milieu récepteur; et si le second vise à protéger l’équilibre de ce milieu, il tend en revanche à instaurer de multiples enclaves urbaines.

1.3.2/ Clivages entre la ville touristique et la ville « habitante », le cas de Lacanau et Lacanau-Océan Le développement du tourisme balnéaire à proximité de villes ou villages préexistants peut parfois générer des clivages entre la ville touristique et la ville habitante. «Dans les années 1960-70, une nouvelle forme d’aménagement s’est diffusée sur les littoraux, dans un contexte de laisser-faire et de forte pression touristique, il s’agit d’ensembles résidentiels isolés, construits d’une seule pièce et par un seul promoteur. Une longue polémique a surgi à propos de ce type d’aménagement qui consistait à proposer un grand nombre de logements en valorisant uniquement la proximité de la plage mais qui souvent s’accompagnait d’équipements médiocres voire inexistants et qui ne prenait en compte ni les aspects d’intégration au site, ni les conséquences sur les milieux écologiques, ni les relations avec les sociétés locales une fois le permis obtenu.»23

«Si tous ceux qui se retrouvent au cœur d’une station balnéaire participent d’un même lieu, ils ne s’y trouvent pas pour autant de la même manière. Et c’est dans ce dosage entre lieu unique et habitants multiples que se trouve une des clés de la réussite de la station.»22

Lacanau et Lacanau-Océan est un bon exemple de ce type d’aménagement. Cette station balnéaire s’est en effet développée au bord de la plage, niant ainsi la proximité du village existant, situé en arrière. Ce dernier, bien que relié par la route à la station balnéaire, ne profite que peu du dynamisme touristique. De plus, peu de personnes habitent à l’année au bord de mer, accentuant ainsi l’effet de station déserte en basse saison.

22. LAZZAROTTI O., Wimereux, station balnéaire de villégiature (1860-1930) : la « machine à habiter », In Situ, revue des patrimoines.

23. RENARD J., 1987, Une nouvelle génération de stations balnéaires ? L’exemple de Port-Bourgenay, Université de Nantes.


1.3.3/ Le cas des resorts, nouvelles enclaves touristiques, le cas de Port-Grimaud Le développement touristique sur le littoral a également généré l’apparition d’une nouvelle génération de stations balnéaires privées, les resorts. Apparu dans les années 1970, le resort est un centre de villégiature, caractérisé par une faible densité de constructions, accompagné le plus souvent d’un complexe de loisirs ou d’un parc d’attraction doté d’un ensemble hôtelier. Les vacanciers vivent alors dans une micro-société dont la promotion et la gestion sont aux mains de sociétés privées. L’archétype du resort en France est Port-Grimaud. Dans ce cas en particulier, logements et hôtels sont construits autour d’une crique artificielle à la manière d’un grand village, intégrant la pratique du bateau de plaisance comme activité principale. «La Nature théâtralisée attire beaucoup les touristes. Port-Grimaud est d’abord une création artificielle en site naturel.»24 Les Resorts ne sont pas, en règle générale, ouvert au public. Il s’agit d’un espace clos, donc l’accès est contrôlé. Tout est conçu et aménagé afin que le vacancier n’éprouve pas de réel besoin de sortir du Resort, et pour inciter la consommation le plus possible au sein de celuici. Le concept du resort est aujourd’hui étendu à toute la planète.

24. BOYER M., 1999, Le tourisme de l’an 2000, Presses universitaires de Lyon, 262 p.

43, 44 et 45. La station balnéaire de Port Grimaud, France

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1.3.4/ Le développement des résidences secondaires Avec l’apogée du tourisme de masse, les stations touristiques du littoral se développent et accueillent, de fait, de nouvelles populations. Si les populations permanentes augmentent, l’accroissement de la population temporaire se manifeste aussi et surtout à travers la croissance du nombre des résidences secondaires. Au sein des stations balnéaires, la présence de résidences secondaires s’affirme plus que partout ailleurs pour devenir parfois localement omniprésente. Les communes littorales comptent aujourd’hui plus d’un million de résidences secondaires. Celles-ci ne sont occupées en moyenne que 40 jours par an, ce qui témoigne d’un gaspillage d’une ressource rare, particulièrement lorsque ces hébergements privilégient les espaces naturels proches de la mer. De plus, le goût pour les constructions individuelles en zones naturelles entraîne un recours quasi obligatoire au tout-automobile. De plus, avec la réduction du temps de travail et le vieillissement de la population, la période actuelle se caractérise par une frontière de plus en plus floue entre résidence secondaire et résidence permanente : dans certains sites, les logements sont occupés plusieurs mois par an, à la belle saison ou dans le cadre de séjours multiples. Les politiques publiques doivent donc prendre en compte l’existence de cette population «intermittente» toujours plus nombreuse.

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On observe également une part croissante des retraités et des non actifs, des catégories socioprofessionnelles plutôt élevées parmi les nouveaux arrivants, signe que le littoral est très représentatif d’une économie résidentielle en plein développement. La croissance de la population alimente très positivement le chiffre d’affaires des activités commerciales et de services déjà en place. Dans cette économie, la plus grande partie des activités sont des activités de services à la population, au détriment des activités littorales traditionnelles.

En outre, la croissance attendue de la population sur le littoral entraîne une augmentation des besoins en logements, en services publics, en création d’emplois et en infrastructures de transport. Les politiques d’urbanisme sur les littoraux doivent anticiper sur les évolutions en cours en visant le maintien ou le rétablissement d’une diversification sociale, à travers un équilibre entre les différents usages et activités.

Cependant, la motivation principale des nouveaux résidents étant la qualité de l’environnement et du cadre de vie, l’économie résidentielle peut devenir un argument militant pour une meilleure préservation de l’environnement. L’installation d’une population résidente plus importante peut être également une réponse au manque d’animation des stations balnéaires hors saison. Néanmoins, le développement de ces hébergements, très peu économes en espace, mériterait d’être remis en cause au sein des territoires les plus fragiles. Pourtant, l’installation de populations nouvelles est une opportunité, pour de nombreuses communes littorales, à l’image de Lacanau, pour faire de la «couture urbaine», soit encourager une certaine densification des villes et les repenser en favorisant leur mixité sociale et fonctionnelle. Le soin apporté à la qualité des constructions, à la réhabilitation des quartiers et à l’espace public doit devenir une priorité. 25. MORICE J-R., DESIRE-PEBARTHE H., et VIOLIER P., 2008, Itinéraires de lieux touristiques du littoral atlantique, Editions Presses universitaires de Rennes.


1.4/ Tourisme, équipement et capacité d’accueil «Les stations balnéaires sont des lieux urbains au sens où ils sont constitués selon des normes et valeurs urbaines. Cette réalité est souvent mal perçue parce que l’observation est fondée sur les populations permanentes, ce qui, de fait, dévalorise les lieux touristiques. Mais si l’on prend en compte d’autres références comme l’animation, les équipements, les services, les formes urbaines, force est de constater que les lieux touristiques sont des lieux urbains.»25 En effet, au cours des années 1990, afin de répondre à la demande des vacanciers durant la période estivale, de nombreux équipements importants destinés à améliorer le produit touristique tels que les golfs, les thalassothérapies, les parcs de loisirs, les palais des congrès, les ports de plaisance et les casinos ont été réalisés.

les mêmes périodes. Si certaines communes du littoral fonctionnent comme des villes à part entière, où le tourisme ne constitue pas une mono-activité et où la population permanente reste supérieure au nombre de touristes, d’autres ne vivent que de l’activité touristique, et où le nombre de vacanciers en pleine saison dépasse très largement celui des habitants. Dans ce type de station, la composition du parc immobilier et les structures économiques, dédiées au tourisme de masse, engendrent un phénomène de désertion durant les mois d’hiver. «Plage de sable fin, mer et soleil, activités ludiques et sportives (piscine, golf, tennis, équitation, sports nautiques…), hôtels et restaurants de qualité, etc., sont ainsi devenus les descripteurs principaux de toutes les stations balnéaires, quelle que soit leur localisation géographique.»26

Cependant, ces infrastructures touristiques et sportives sont prévus pour répondre aux besoins de la population durant la haute saison, elles sont donc sous-utilisées en basse saison. Et cette faible utilisation est coûteuse pour l’ensemble des habitants permanents (total des subventions/nombres de licenciés, temps d’occupation des infrastructures/coût total des infrastructures, etc.). De plus, si de nombreuses installations sont inutilisées durant les temps de vacances, les associations culturelles et sportives sont également mises en sommeil durant

En outre, pour des raisons économiques, les stations sont amenées à offrir des équipements et produits touristiques de plus en plus standardisés, afin de répondre à une demande de plus en plus exigeante. Dans ce contexte, la notion de capacité d’accueil doit également être prise en compte.

26. VIDAL R., 2012, L’urbanisme balnéaire : processus de colonisation ou aménagement durable du littoral? L’exemple de Sables-D’or-les-Pins (Côtes-d’Armor, 1924), modèle pré-

curseur de cohérence territoriale, publié dans Projets de paysage.

strict, celle-ci permet de déterminer le nombre de personnes susceptibles d’être accueillies en permanence et/ou temporairement, dans les meilleures conditions pour toutes les parties (tourismes, permanents, professionnels… ce qui implique une forte dimension sociale : respect des facteurs de cohérence sociale tels que les modes de vie, la culture…) et dans le respect des équilibres environnementaux.»27 La capacité d’accueil, si elle est pensée en termes d’hébergement, intègre alors, presque simultanément à l’espace, l’aspect temporel de l’aménagement au sens général et du développement des communes littorales particulièrement. Le fait de dépendre d’une saison touristique implique pour la commune un développement de son territoire spécifique, qui doit non seulement prendre en compte les populations permanentes mais aussi temporaires. Ainsi, à travers la notion de capacité d’accueil, la question qui se pose est de savoir comment concilier pression urbaine, maintien des activités, préservation des écosystèmes et maintien de l’attractivité touristique balnéaire. Par conséquent, la capacité d’accueil induit, pour les communes, une réflexion sur la planification de leur territoire.

«La notion de capacité d’accueil introduite par la loi Littoral dès 1986 est longtemps restée un concept flou et encombrant. Si l’on s’en tient à la notion de capacité d’accueil au sens 27. POTTIER P., 2009, La capacité d’accueil et de développement des communes littorales, Editions Pays de la Loire.

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1.5/ La mutation des pratiques touristiques «Aujourd’hui, le tourisme est l’activité économique dominante du littoral. Cependant, les pratiques touristiques changent à des rythmes variés et ces évolutions affectent les lieux, en créant de nouveaux ou en favorisant la pérennité des plus anciens.»28 Aujourd’hui, la dimension touristique des stations balnéaires ne peut plus se concevoir uniquement en fonction de la plage. En effet, les vacanciers ne vont pas toujours à la plage pour se baigner (température de l’eau, peur de l’eau ou simplement par choix). La plage fait partie du cadre paysager d’une station mais n’en constitue plus le centre. On observe également une mutation du regard sur cet espace entre terre et mer. A la plage, rien ne semble être vu ni vécu comme ailleurs. L’espace s’ouvre sur l’horizon. Le temps se dilate. Le rapport au corps et à l’autre se transforme. En effet, si se dénuder est un geste à forte connotation en milieu urbain, s’exposer en maillot de bain sur une plage est aujourd’hui quelque chose de banal et de neutre. Le regard d’artistes contemporains sur la plage, comme celui des photographes Martin Parr ou Massimo Vitali, traduit cette mutation de la perception des rivages: un lieu qui, contrairement aux apparences, condense l’essence même de ce qu’est la société de consommation.

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28. Equipe MIT, 2005, Tourismes 2, moments de lieux, Paris, Editions Belin, collection Mappemonde.

On peut alors se demander quelle est l’identité d’une plage aujourd’hui, en été comme en hiver? Quels sont les nouveaux centres d’intérêts des vacanciers?

doit, peut-être, s’orienter, dans une certaine mesure, vers un tourisme de nature, permettant aux estivants de faire des excursions touristiques, culturelles et patrimoniales.

«Si le modèle symbolique du couple plage-soleil se déconstruisait, quel est celui qui le remplacerait? Une évolution du rapport au littoral est à la base de la mutation du modèle d’aménagement touristique.»29

Les stations balnéaires doivent, en outre, s’adapter à une nouvelle répartition des temps libres, à une mutation des pratiques et loisirs, faire face à de nouvelles demandes de plus en plus différenciées en fonction des désirs de chacun.

Aujourd’hui, la plage n’est plus le seul élément d’attractivité, d’autres éléments permettent de qualifier la renommée d’une station et d’attirer les touristes. La qualité et la préservation des paysages, on l’a vu, joue en effet un rôle majeur dans l’attractivité des territoires littoraux. La qualité sanitaire (eau et déchets), à laquelle le public est de plus en plus sensible, est également importante, tout comme la sécurité, en particulier de la baignade, qui explique la forte fréquentation des plages surveillées. Le niveau d’aménagement et d’équipement, qui détermine le confort et la capacité récréative des sites, doit être pris en compte. Enfin, le cadre et la qualité de vie, la présence d’espaces paysagers, d’un arrière-pays riche et dynamique, de circulations douces, sont autant d’exigences nouvelles. Une évolution du rapport au littoral et la prise en compte de l’émergence de nouveaux usages des espaces naturels, est à la base de la mutation du modèle d’aménagement touristique et de la recomposition des territoires. Le développement touristique et des pratiques balnéaires 29. FOUGNIE S., 2008, L’intégration géographique comme mode d’interprétation de l’évolution des stations balnéaires, Presse universitaires de Rennes.

Ci contre: 46 à 54. Photographies de Martin Parr Pages suivantes: 55 à 61: Photographies de Massimo Vitali


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1.6/ Vers une perte d’identité du territoire littoral «Espace restreint, écologiquement très riche et très fragile, le littoral vit depuis plusieurs décennies une modification radicale de ses modes d’occupation et d’appropriation, et donc une transformation profonde de ses sociétés. Cette mutation peut aujourd’hui générer des situations de forte instabilité. Il y a donc un fort enjeu de reconversion et de valorisation économique pour répondre aux besoins des populations qui y vivent ou qui résideront à l’avenir. Les territoires littoraux doivent retrouver à la fois un mode d’occupation de l’espace plus adapté à la rareté et à la fragilité des zones côtières, et construire des modes de développement originaux.»30 Le littoral est perçu dans l’imaginaire collectif comme le dernier espace de liberté, objet d’un important investissement affectif et symbolique, mais qui reste menacé par l’attraction résidentielle et touristique qui en découle. Les espaces saturés, les milieux dégradés, les paysages transformés et stéréotypés appellent des politiques nouvelles. Le tourisme, dont les logiques de développement sont mieux comprises, est à l’origine d’une réflexion d’ensemble sur la mer et les côtes. Comment faire cohabiter durablement différentes fonctions sur un espace aussi étroit? Comment éviter les gaspillages d’espace rare et fragile? Comment préserver les ressources naturelles du littoral, affectées par les pollu30, 31 et 32. DATAR, 2004, Construire ensemble un développement équilibré du littoral, Paris, La Documentation Française.

tions inévitables du fait de la concentration des hommes en bord de mer? La notion de développement durable a ici une grande importance dans l’aménagement du littoral et la mise en valeur du patrimoine culturel, des pratiques originelles, des milieux naturels et des savoir-faire traditionnels. «Au-delà des protections et des interdictions du droit à construire et de l’application des lois d’aménagement et d’urbanisme, les questions qui se posent sont celles du type de développement et d’urbanisme que l’on souhaite promouvoir.»31 Les enjeux sur le littoral ne sont pas seulement économiques, spatiaux ou environnementaux, ils sont aussi humains. Les territoires littoraux s’affirment en effet comme des ensembles majoritairement urbains, dans lesquels la population permanente qui n’a pas été suffisamment écoutée et prise en compte, et dont les besoins s’expriment en termes de logements, de services publics, d’emplois diversifiés et de qualité du cadre de vie. L’enjeu primordial pour les stations balnéaires est aujourd’hui de parvenir à faire émerger un sens collectif, construit avec la participation des sociétés littorales. Les politiques d’aménagement du territoire doivent désormais raisonner en termes économiques, mais aussi intégrer les enjeux culturels et sociaux propres au littoral.

des espaces littoraux, et du maintien de leur attractivité, qui est posée.»32 C’est aujourd’hui dans cette dynamique que se situent les stratégies mises en place par les autorités publiques sur le territoire du département de Maldonado en Uruguay. Le processus de valorisation du patrimoine culturel, paysager et agricole mis en place sur l’ensemble du département, afin de développer un nouveau tourisme balnéaire, ainsi que la participation des habitants dans l’élaboration du projet urbain sont aujourd’hui un exemple de l’exploitation d’un arrière-pays riche et de la construction d’une identité territoriale commune. Dans le cadre de cette étude sur l’urbanisme et le devenir des stations balnéaires, à travers l’analyse des stratégies touristiques et environnementales établies par les autorités, nous verrons que la prise en compte des caractéristiques propres à un territoire peut permettre de revitaliser un station balnéaire en état d’épuisement. Ainsi l’étude du contexte balnéaire uruguayen permettra d’élargir le champ de réflexion et de définir des pistes d’actions afin de considérer le développement des stations balnéaires, en France comme à l’étranger.

«A terme, c’est la question du maintien de la qualité de l’environnement et du cadre de vie 47


2/ Stratégies pour un aménagement durable du littoral, l’exemple du département de Maldonado en Uruguay Au cours d’une année d’échange en Uruguay en 2010-2011, j’ai eu la chance, grâce notamment à la rencontre d’Alma Varela, architecte et spécialiste en aménagement territorial et développement urbain, de participer au «Plan de Ordenamiento Territorial de Maldonado»33 au sein du Groupe d’Etudes Territoriales (GET), qui fait partie de l’Institut de Théorie en Architecture et en Urbanisme (ITU), rattaché à la faculté d’architecture de Montevideo. Cette expérience m’a permis, entre autres, de découvrir les stations balnéaires qui bordent le littoral uruguayen dans le département de Maldonado. 2.1/ Les stations balnéaires dans le département de Maldonado Les uruguayens aiment dire que la mer commence à Punta Del Este, littéralement «la pointe de l’Est». C’est en effet à cet endroit de la côte que le Rio de la Plata devient océan et que l’eau devient cristalline. Jusqu’au Brésil, la côte uruguayenne est ensuite ponctuée d’une multitude de petits villages de pêcheurs au charme intact et intemporel, bien loin de la démesure de Punta Del Este et de ses milliers de saisonniers. Le village de Cabo Polonio, dans le département de Rocha, aujourd’hui protégé pour son patrimoine naturel, est l’un de ceux-ci.

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33. Plan de développement territorial de Maldonado

2.1.1/ Le département dans le contexte national L’agglomération de Maldonado - Punta del Este est, par sa population résidente (80% de la population totale du département), la quatrième ville du pays, après Montevideo, Salto et Paysandu. C’est aujourd’hui le département qui reçoit la plupart du flux touristique du pays. • • •

Superficie: 4793 km2 soit 2,7% du total national Population en 2004: 140 192 habitants soit 4,3% du total national Densité de population moyenne: 27 habitants au km2

Géographiquement, le département est situé à l’est de Montevideo. Limité au sud par l’océan Atlantique, il est composé de collines, avec la Sierra de Caracoles et la Sierra de la Ballena, la Sierra de las Animas (avec le Cerro Animas, deuxième sommet du pays avec 501 m) et enfin dans le nord, la Sierra de las Cañas qui est coiffé par le Cerro Catedral (le point le plus haut du pays avec 513 m). Sa situation privilégiée fait de Maldonado, bien qu’il soit l’un des plus petits départements du pays, la seconde région la plus dynamique au niveau national grâce à sa population et sa production de richesses. 2.1.2/ Histoire de l’évolution de Maldonado - Punta del Este - San Carlos Au temps des colonies, le département était connu sous le nom de San Fernando de Maldonado. En 1816, il fut l’un des premiers départe-

ments de la nouvelle République d’Uruguay. La ville de Maldonado, créée en 1757, se situe à l’entrée de la baie, contrôlant ainsi le port naturel sur la rive nord de l’estuaire. Durant son premier siècle d’existence, la ville et son port passent par des périodes d’expansion et de stagnation, parfois avec une perte significative de la population. La ville ne sera officiellement reconnue qu’en 1887. La ville de San Carlos est, quant à elle, fondée en 1763, peuplée par les familles portugaises qui fuient les territoires reconquis par l’Espagne. En 1829 une première tentative de planification d’une ville sur la presqu’île de Punta del Este échoue. Elle sera répétée cinq ans plus tard. La ville de Punta del Este, officiellement reconnue comme telle en 1907, apparaît alors comme l’un des principaux ports de la côte et comme la dernière des villes fondées à l’initiative de l’Etat.


MONTEVIDEO

PUNTA DEL ESTE

62, 63 et 64. Tourisme à Maldonado, Uruguay

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2.1.3/ Principales activités économiques Economiquement, le département de Maldonado se situe à la seconde place au niveau national, sa principale source de revenu étant le tourisme. C’est en effet un haut lieu de la vie balnéaire sud-américaine. La spécificité du département réside dans l’existence d’un pôle urbain constitué par les villes de Maldonado et de San Carlos et par la station balnéaire de Punta del Este. Cette dernière, pôle d’attraction touristique de renommée internationale, est, avec Viña Del Mar au Chili et Mar Del Plata en Argentine, l’une des plus populaires d’Amérique du Sud. C’est donc le tourisme balnéaire, principalement constitué d’argentins fortunés, qui permit le développement de cette partie de la côte uruguayenne. La population employée dans le secteur de la construction (13,5%, soit plus du double de la moyenne nationale) montre la forte incidence du tourisme dans l’économie du territoire départemental, tandis que la proportion des personnes travaillant dans l’industrie, les transports, ou l’administration publique est en dessous des moyennes nationales. Paradoxalement, l’activité historique du département de Maldonado n’est pas celle du tourisme de masse. C’est aussi et surtout une grande région productive d’Uruguay, avec une forte activité agricole et minière. Le secteur rural est, en effet, très important en Uruguay. On trouve à Maldonado les plus vieilles carrières du pays, d’importants établissements agricoles (cultures 50

de maïs, de blé, de fourrage, de légumes, de vignes, etc.) et d’élevages de bétails ovins et bovins. La pêche est également une activité importante au sein du département. De plus, de nouvelles entreprises industrielles se développent aujourd’hui, notamment dans le secteur énergétique. En effet, le département s’est doté récemment de nombreux champs éoliens, s’affichant ainsi comme un modèle de production énergétique en Uruguay. Des gisements de gaz naturel furent également découverts en juin 2008, au large de la station de Punta del Este, à environ 160 km de la côte. En parallèle, l’existence de pétrole au même endroit a été estimé comme très probable. Pour un pays qui importe la majorité de ses besoins en énergie, c’est un fait très significatif. Même s’il est trop tôt pour exploiter ces nouvelles ressources, il est probable que cette découverte marque certains changements importants dans l’économie du territoire. En outre, la zone côtière s’est fortement développée, grâce au tourisme, depuis le début du XXe siècle. Le littoral, jusqu’alors composé de de petits villages se transforma rapidement par l’édification de véritables stations balnéaires, à l’image de Punta del Este. L’intérieur du département, quant à lui, s’est peu à peu dépeuplé, la population émigrant vers la côte, diminuant ainsi l’activité productive rurale. Le département de Maldonado présente donc un double visage, l’un touristique et urbain, l’autre

65. Carte de la force des vents en Uruguay

agricole et rural. L’économie touristique balnéaire qui, au fil du temps, s’est développé dans certaines zones tandis que d’autres stagnaient, a généré un paysage hétérogène, expression physique des diverses réalités sociales et économiques du département. Au niveau urbanistique, on observe aujourd’hui une frontière distincte entre la zone côtière et l’intérieur rural.


2.1.4 / Evolution de la population et du logement Entre 1985 et 1996, la croissance annuelle moyenne pour le département était de 3135 personnes. Cette croissance a été localisée dans les villes, villages et stations balnéaires proches de la côte tandis que la population rurale, comme dans tout le pays, a continué de baisser. En 2004, dans l’agglomération de Maldonado – Punta del Este, la population résidente dépassa les 140 000 habitants. Cependant, la population non-résidente (les touristes étrangers, les touristes uruguayens provenant d’autres départements, les travailleurs étrangers et les travailleurs saisonniers provenant d’autres parties du pays) pouvait atteindre l’ordre de 160 000 personnes. Ceci indique que pour la période de fréquentation maximale, la population totale de l’agglomération Maldonado - Punta del Este San Carlos était d’environ 270 000 habitants. En supposant l’accentuation de ce phénomène, le nombre de résidents permanent de l’agglomération Maldonado - Punta del Este - San Carlos augmenterait de 33% environ d’ici 2025, soit environ 146 000 personnes. On estime également l’augmentation du nombre de touristes entre 200 000 et 255 000 par an, ce qui signifierait une augmentation moyenne de 45% de la population en période estivale. Parallèlement, le nombre total de logements privés a continué de croître de 1996 à 2004, principalement en raison de la forte croissance

du logement saisonnier. Cependant, malgré les améliorations constatées par rapport à la qualité des logements, la précarité continue d’exister au sein du département, en particulier à Garzon, à La Capuera, au Cerro Azul et à Eden. En 2004, 5,5% de la population totale du département vivaient dans des logements informels et souvent insalubres, situés principalement dans les environs de Maldonado - Punta del Este. Ci-contre, la juxtaposition de photographies anciennes et actuelles montre les énormes changements qui ont eu lieu au fil du temps sur ce territoire. En un peu plus de 50 ans, les mutations de l’occupation du sol et le degré de l’impact humain sur la péninsule sont remarquables. Les pages suivantes proposent un petit tour de l’horizon balnéaire uruguayen, à travers la présentation des différents visages du département de Maldonado.

66 et 67. La péninsule de Punta Ballena, Uruguay: hier et aujourd’hui

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2.1.5/ Les différents visages du département de Maldonado L’intérieur du département de Maldonado Département de collines, Maldonado se caractérise par son intérieur rural et agricole et sa côte sablonneuse et touristique. Les principaux cours d’eau sont el río Solís Grande qui sert de frontière avec le département de Canelones, et el arroyo Maldonado qui se jette dans l’océan Atlantique. L’intérieur du département, tout comme le reste du pays, est rythmé par les cours d’eau, les estancias, les champs à perte de vue, les forêts d’eucalyptus, les routes de terre, etc. Maldonado Capitale du département éponyme, Maldonado est moins touristique que Punta del Este. C’est une ville moyenne de l’Uruguay qui tend cependant à se fondre peu à peu avec Punta del Este. On trouve également de nombreux asentamientos34 en périphérie de la ville. Ces zones urbaines pauvres, manquent d’infrastructures, d’équipements publics et de système de transport adéquats.

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34. Bidonvilles

68 à 75. Intérieur du département de Maldonado, Uruguay


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Punta Del Este Punta del Este, à deux heures de bus de Montevideo, est, quant à elle, LA station balnéaire de l’Uruguay. Le village commença à être peuplé en 1857. Le phare de 45m de hauteur fut construit en 1860 et le port entre 1885 et 1887. La route (l’ancien chemin passait dans les dunes) fut quant à elle construite en 1911. L’architecture de la ville, inspirée à l’origine par le style colonial, est surtout composée aujourd’hui d’immeubles et de résidences secondaires typiques des stations balnéaires, que celles-ci soient contemporaines ou d’une facture que l’on pourrait qualifier de pastiche. L’ensemble s’articule avec le principal port de plaisance de la région, des grands magasins, des restaurants et casinos. C’est aujourd’hui l’un des centres touristiques parmi les plus importants d’Amérique du Sud, la majorité des touristes venant d’Argentine et du Brésil mais aussi d’Europe et des Etats-Unis. La ville offre pas moins de 122 hôtels, 80 restaurants, un aéroport international et un port de plaisance pouvant accueillir 500 navires. En pleine saison (c’est-à-dire en janvier), la population de la ville peut atteindre alors 400 000 habitants. Pour cette raison, la ville est surnommée la «Saint-Tropez» de l’Amérique Latine. Cependant, contrairement à Maldonado, la ville est presque déserte en hiver. 54

76 à 83. Punta del Este, Uruguay


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Punta Ballena La péninsule de Punta Ballena (soit la Pointe de la Baleine, en raison de sa forme mais aussi des cétacés que l’on peut apercevoir au large) se situe à 130 km de Montevideo et à 15km de Punta del Este. On y accède par la route 60 appelée aussi route panoramique. Punta Ballena est une zone en mutation rapide. L’influence de Punta del Este, plus argentine qu’uruguayenne, y est importante. C’est également un des seuls endroits en Uruguay où l’on peut voir la forêt rejoindre la mer. Cette forêt est l’œuvre d’Antonio Lussich, un armateur, arboriculteur et écrivain uruguayen. Elle est considérée comme le plus grand arboretum d’Amérique du Sud. Elle s’étend sur 470 hectares qui rassemblent 30 espèces natives et plus de 300 espèces provenant des cinq continents. La péninsule abrite aussi la Casa Pueblo, fabuleuse construction utopique toute de blanc vêtue, œuvre du peintre et sculpteur uruguayen Carlos Páez Vilaró, et une des principales attractions de la péninsule. L’artiste a commencé à travailler sur le projet en 1958, et a pris 36 ans pour l’achever. Elle est reconnue dans le monde entier comme un exemple de «sculpture vivante».

84 à 89. Punta Ballena, Uruguay

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El Placer Situé à l’embouchure de l’Arroyo Maldonado sur l’océan Atlantique, c’est une zone humide importante, réserve ornithologique, riche du point de vue de la biodiversité, qui doit donc être préservée. Cette zone accueille un bidonville peuplé essentiellement par des pêcheurs. Aujourd’hui, la volonté de la municipalité en place est de «nettoyer» ce secteur pour y construire un nouvel eldorado touristique à l’image de Punta del Este, sans considération à l’égard de la population qui vit des eaux riches qui bordent ce lieu.

90 à 95. El Placer, Uruguay

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La Barra Jusque dans les années 1940, La Barra fut un modeste village de pêcheurs. Puis les habitants de San Carlos commencèrent à y construire leurs résidences d’été. Aujourd’hui, c’est devenu une station balnéaire très prisée, peut-être même la plus populaire ces dernières années. La Barra et José Ignacio sont maintenant des sortes de villages touristiques design à la mode, réservés aux classes aisées.

96 à 102. La Barra, Uruguay

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José Ignacio Ce petit village situé 38km au nord de Punta del Este conserve sa touche pittoresque avec ses barques de pêcheurs sur les rivages, et son phare construit en 1877. Aujourd’hui, José Ignacio est le lieu de villégiature des plus grosses fortunes d’Uruguay et d’Argentine, de la jet-set, et de quelques personnalités étrangères qui fuient la foule de Punta del Este et l’ambiance «branchée» de La Barra.

103 à 108. José Ignacio, Uruguay

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2.2./ Plan de Ordenamiento Territorial de Maldonado35 En 2005, dans le cadre d’une convention de Coopération scientifique et technique souscrite entre l’Intendancia de Maldonado et l’Université de la République, l’Institut de Théorie en Architecture et en Urbanisme (ITU) s’est engagé à développer des projets de recherche et de développement afin d’appuyer le processus d’élaboration d’un système de planification pour l’ordonnancement territorial du Département de Maldonado. Le projet développé par l’ITU, nommé «Construyamos el Territorio Departamental entre todos»36, a obtenu la «Mención Especial del Concurso Nacional de Innovación para el Desarrollo Humano»37 et fait aujourd’hui office de loi pour le département. 2.2.1/ Trois Échelles de Planification et de Gestion Afin de définir les différentes actions projetées, la planification s’appuie sur trois échelles fondamentales: • Le contexte régional et international (MERCOSUR). • Les huit microrégions du département : Laguna del Sauce – Portezuelo – Punta Ballena – Laguna del Diario; Piriápolis; San CarlosLa Barra; Maldonado-Punta del Este; Pan de Azúcar; Solís-Gregorio Aznárez; Garzón-José Ignacio; et Aiguá. • L’agglomération de Maldonado – Punta del Este – San Carlos. 64

35. Plan de développement territorial de Maldonado 36. Construisons ensemble le territoire départemental

2.2.2/ Vision et objectifs pour 2025 Dans le cadre du processus de planification, trois axes de réflexion sont ressortis de l’exposé des éléments de diagnostic: • L’intensification de la consommation du foncier en raison de l’expansion de l’urbanisation du tourisme, en particulier le long des côtes. • La pression urbaine sur les terres rurales. • Le changement rapide du modèle touristique traditionnel «Sol y Playa»38, qui se diversifie peu à peu et s’étend dans tout le territoire, réaffirmant l’importance de maintenir la qualité des conditions environnementales, de préserver les valeurs patrimoniales et d’améliorer l’image des principales zones urbaines. En conséquence, la vision d’ensemble du département à long terme est celle d’un modèle territorial touristique, conçu pour donner la priorité à la qualité de vie des personnes les plus défavorisés, basé sur la protection et la gestion des ressources naturelles et du paysage rural, et le développement durable de l’activité agro-industrielle. Population prospective à l’horizon 2025: Basse Saison : de 150 000 à 160 000 habitants. Haute saison : de 250 000 à 300 000 habitants. Objectifs du Plan de Ordenamiento Territorial de Maldonado: •

Limitation du processus d’urbanisation en

37. Mention spéciale au concours national d’innovation pour de développement humain 38. Soleil & Plage

cours (dispersion et expansion territoriale), et soutien de la qualité de vie de la population résidente en particulier dans les secteurs à faible revenu. •

Gestion responsable des modes d’utilisation et d’occupation des sols et protection des ressources naturelles et culturelles.

Protection et amélioration de la production agricole en milieu rural.

Protection du paysage naturel ou bâti, des systèmes lagunaires, montagneux et côtiers ainsi que des zones humides de l’Arroyo Maldonado (fleuve).

Participation des habitants dans le processus de construction du territoire.

Amélioration des installations portuaires, des hôtels, des équipements éducatifs, des services.

Amélioration de l’accessibilité.


109 et 110. Plan de Ordenamiento Territorial de Maldonado

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2.3/ Intégration spatiale et environnementale: Pour une inscription des stations balnéaires dans leur territoire 2.3.1/ Protection de l’activité agricole et des écosystèmes Il est commun de dire que le paysage représente la culture territoriale d’un peuple, qu’il est une expression formelle ou le résultat concret sur le territoire de la gestion quotidienne des ressources naturelles et de l’habitat. La large bande côtière sur laquelle se situe le territoire du département de Maldonado est ainsi un élément central dans l’élaboration de la culture et de l’identité uruguayenne. Le département de Maldonado, constitué de prairies, collines, dunes, forêts côtières, rivières et ruisseaux, qui se rencontrent pour former un paysage varié, fait partie de la «réserve de la biosphère des zones humides de l’Est», qui couvre environ 3 850 000 hectares et offre un incroyable éventail d’attractions écotouristiques. En ce sens, le système lagunaire, les terres humides de Maldonado, les îles, la mer et la région vallonnée de Aigua sont des sites d’intérêt à protéger. Afin de procéder à cette protection du paysage côtier, l’Uruguay a institué un outil de sauvegarde de l’environnement, de la biodiversité et des écosystèmes, tout en favorisant le développement économique et social du Département. Il s’agit de la Loi 17.234 du 22 Février 2000 qui incite les municipalités à créer et à gérer, 66

dans l’intérêt général, un système national d’aires protégées (SNAP), qui comprend «les zones naturelles, continentales, insulaires ou les écosystèmes marins représentatifs du pays, qui, en raison de la qualité environnementale, historique et culturelle de leurs paysages»39, méritent d’être conservés et reconnus comme patrimoine national, même si ceux-ci ont été transformés en partie par l’homme. «Les objectifs comprennent la protection de la biodiversité et des écosystèmes, le maintien des paysages naturels et culturels, la protection des objets, sites et structures culturelles, historiques et archéologiques, des espaces de loisirs en plein air compatibles avec les caractéristiques naturelles et culturelles de chaque région, ainsi que le développement de l’écotourisme, en encourageant la participation des communautés locales.»40 Depuis 2005, sept régions ont ainsi entamé le processus d’incorporation au SNAP: Quebrada de los Cuervos (département de Treinta-y-Tres), Valle del Lunarejo (Rivera), Esteros de Farrapos et Islas del Rio Uruguay (Rio Negro), Cerro Verde, Laguna de Rocha et Cabo Polonio (département de Rocha) et Chamanga (Flores). Trois de ces zones comprennent des écosystèmes côtiers et marins uniques. Cependant, on observe ces dernières années une forte baisse des activités traditionnelles telles que l’agriculture céréalière, la production laitière, et l’horticulture. Ce constat préfigure 39 et 40. www.snap.gub.uy

un tableau contradictoire, avec une sous-utilisation des sols présentant pourtant de grandes ressources naturelles. L’urbanisation galopante (logements, équipements de loisirs, etc.), où le retour sur investissement est beaucoup plus rentable, explique en partie cet état de fait. Elle favorise en effet l’abandon de l’activité productive et encourage la spéculation foncière. La monoculture est aussi une autre menace en raison de la perte des qualités paysagères du territoire. Le Plan de Ordenamiento Territorial, afin de faire face à ces différents constats, a mis en place un système de catégorisation et de gestion des sols sur l’ensemble du département. Cet outil de gestion des terrains consiste à diviser le territoire en trois catégories : urbain, périurbain et rural. Ces statuts sont appliqués sur la base de plusieurs idées centrales : les modes d’utilisation, le contrôle de la densification, la préservation des espaces naturels, etc. De plus, au sein du territoire dit rural, les sols ont été classés en en trois grandes catégories. La première comprend les sols pour l’usage agricole, soit un peu plus de 63 000 hectares, représentant 13% du département total. La seconde catégorie comprend les sols pour l’élevage d’ovins et de bovins. Ils constituent la majorité des sols dans le département (74%), couvrant 350 000 hectares. La troisième catégorie, quant à elle, regroupe des écosystèmes à préserver. Ils occupent près de 58 000 hectares, soit plus de 12% du département.


2.3.2/ La Ruta del Olivo, el Arco del Sol, et l’Arboretum Lussich: trois exemples de tourisme responsable Le tourisme à Maldonado et Punta del Este, est historiquement tourné vers le soleil et la plage. Cependant, depuis plusieurs années, afin de diversifier les activités touristiques, les autorités du département ont développé une offre alternative au modèle côtier « Sol y Playa », composée de circuits écotouristiques au sein des zones rurales. Les projets comme «el Arco del Sol»41, un sentier pour découvrir les villages et leurs coutumes, ou encore «la Ruta del Olivo»42, circuit touristique qui inclut la présentation et la dégustation des produits agricoles, sont des exemples de cette dynamique. El Arco del Sol est un parcours entre Pueblo Garzon, Solis Grande et Canelones, qui permet d’apprécier la diversité des paysages du département de Maldonado. Tout au long de ce parcours, le touriste découvre également une multitudes de produits naturels locaux cultivés et façonnés par des producteurs de petites villes comme Aiguá, Velasquez, Lascano, Cebollati, Charqueada, Vergara, Rincon, Santa Clara, Cerro Chato et Pan de Azúcar, qui ne profitaient pas auparavant de l’économie touristique du littoral. La Ruta del Olivo est également un circuit en pleine nature, en relation directe avec les zones productives (vignes, cultures d’olives, fermes, ...) et les producteurs, afin de promouvoir un nouveau tourisme écologique et gastronomique 41. L’Arc du soleil 42. La route de l’olive

à l’intérieur du département. Les différentes étapes de ce circuit ont été définies selon les caractéristiques naturelles du site, du paysage, et la présence de petites villes comme Garzón, Aigua et Eden. De plus, cette région est particulièrement intéressante comme alternative à la plage pour ceux qui aiment la randonnée, l’équitation, le VTT et l’observation des oiseaux. Pour en savoir plus, beaucoup de ces circuits ont leur propre site Web: El Camino de las Ánimas (www.caminodelasanimas.com.uy), la Ruta del Olivo (www.rutadelolivo.com.uy), la Sierra de los Caracoles (www.circuitosierradeloscaracoles.com), les circuits écotouristiques de Gregorio Aznárez (www.aznarezunlugardiferente. com.uy) et las Sierras de Aiguá. On remarquera également, à proximité immédiate de Punta Ballena, et à seulement 15 kilomètres de Punta del Este, une autre destination touristique alternative, l’Arboretum Lussich. Le 5 Octobre 1896, Antonio Lussich, armateur, arboriste et homme de lettres uruguayen, acheta un terrain qui à l’époque se composait seulement de dunes de sable et de pierres. L’année suivante, il entreprit des travaux forestiers qui avaient pour objectifs, d’une part, d’arrêter les vents violents provenant de l’océan, et d’autre part, de créer une zone de protection de la faune et de la flore. Pour ce faire, Antonio Lussich, grâce à l’entreprise des contrats de sauvetage maritime obtenus partout dans le monde, réussi à obtenir des graines, plantes et arbres de nombreux continents. L’Arboretum est aujourd’hui

111. Ruta del Olivo, Uruguay

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ouvert au public et est devenu une destination touristique qualitative. L’ensemble de ces pratiques nouvelles relève d’une meilleure prise en compte de la nature côtière, qui conduit à la reconnaissance et la mise en valeur de l’identité du littoral, c’est-àdire de l’ensemble des éléments qui en font sa spécificité géographique. 2.3.3/ El Frente Territorial43, vers une amélioration de l’accessibilité et de la mobilité sur le territoire Le littoral uruguayen est un espace dont le réseau routier est depuis longtemps saturé. En haute saison, l’axe principal d’accès aux stations balnéaires, «El Frente Costero»44, est complètement congestionné par le flux de touristes, résidant pour la plupart à Punta del Este, et qui remontent le long de la côte afin d’accéder aux plages les moins polluées... De plus, l’étroitesse de certaines rues et le nombre important des voies à sens unique, totalement inadaptés aux niveaux de fréquentation du territoire en période estivale, aggravent la situation.

112 à 115. Arboretum Lussich, Uruguay

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Le projet «Frente Territorial» est un élément fort du plan d’aménagement du département de Maldonado. Il s’agit en effet d’un nouvel axe de circulation créé afin de désengorger la circulation le long de la côte, de mieux desservir l’intérieur du département et ses différentes zones urbaines, et de favoriser le tourisme rural. Conçu comme un circuit ouvert sur le grand paysage, c’est aussi une trace qui définit les 43. Le front territorial 44. Le front de mer


limites entre l’espace urbain de Maldonado Punta del Este et l’espace rural plus au Nord. Il permet également de relier plus directement des équipements importants tels que l’aéroport international de la Laguna del Sauce, les ports de Piriápolis et de Punta del Este, etc. En outre, cet axe est le fruit de la mise en œuvre d’une politique de gestion innovante dans les loisirs et le tourisme sur tout le territoire. Il mériterait cependant d’être articulé à un maillage plus fin du territoire. La desserte des stations et des plages en vélo, à pied et en transport en commun, ainsi que des schémas de stationnement cohérents sur les plages pourraient également être développés. En effet, la qualité du réseau de circulation ayant en effet une incidence sensible sur la fréquentation des plages, offrir aux touristes une chaîne complète de transports collectifs au sein de la station jusqu’aux plages, renforcerait l’attractivité du littoral. 2.3.4/ L’arrière-pays comme potentialité de développement touristique des stations balnéaires Aujourd’hui, le développement du littoral de Maldonado repose sur l’articulation de deux enjeux économiques différents. D’un côté, il s’agit d’apporter un soutien aux activités traditionnelles (pêche, construction navale, agriculture, activité portuaire…) en leur permettant d’évoluer. De l’autre, il faut faciliter le développement des activités émergentes ou en pleine croissance (aquaculture marine, énergie éolienne, tourisme, nautisme…).

Les projets élaborés pour le Plan de Ordenamiento Territorial de Maldonado et mis en place par l’Intendencia, révèlent la pertinence de l’aménagement des littoraux au-delà des limites administratives qui les définissent habituellement. Les exemples de la Ruta del Olivo et de l’Arco del Sol montrent que l’arrière-pays est un espace qui fait partie intégrante du littoral et qui possède ses caractéristiques propres mais aussi un attrait touristique qui mérite d’être exploité. «Même si la majorité de la construction reste concentrée dans les communes littorales, ces arrière-pays sont de plus en plus des territoires à enjeux, en relation forte avec le littoral proche. Leur évolution est très dépendante de la situation du littoral proche (saturation, effet de diffusion…) et les interrelations fortes entre ces deux espaces (migrations alternantes, transports …) justifient que leur aménagement soit conçu et réalisé conjointement. L’aménagement du littoral doit dépasser les communes du littoral et être réalisé à l’échelle des bassins de vie littoraux, incluant ces arrière-pays.»45

«Les littoraux ne peuvent plus être appréhendés indépendamment de leurs arrière-pays et des régions dont ils dépendent. A bien des égards, leurs évolutions dépendent des interactions qu’ils entretiennent avec leurs proches arrière-pays, dans le partage des activités et des fonctions. D’un point de vue prospectif, ce serait une erreur, pour certains littoraux, de ne raisonner que sous la seule problématique littorale, tant ces espaces participent au dynamisme des régions concernées, mais aussi à celui du territoire dans son ensemble.»47

«La perception dimensionnelle du littoral évolue, puisqu’il ne s’agit plus d’un simple littoralbande côtière, mais d’un littoral-pays.»46 Côté terre comme côté mer, l’avenir côtier est directement lié à celui de son arrière-pays: développement raisonné de l’urbanisation comme de l’habitat de loisir, élargissement de l’offre d’activités, etc. Il s’agit désormais de concevoir le littoral dans toute sa diversité. 45 et 47. DATAR, 2004, Construire ensemble un développement équilibré du littoral, Paris, La Documentation Française.

46. FOUGNIE S., 2008, L’intégration géographique comme mode d’interprétation de l’évolution des stations balnéaires, Presse universitaires de Rennes.

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2.4/ Intégration Temporelle: Des stations balnéaires pour vivre au fil des saisons 2.4.1/ Repenser la haute saison et la basse saison Aujourd’hui, en France comme en Uruguay, se pose le problème des stations balnéaires désertées en hiver et la multitude de dysfonctionnements sociaux, économiques et environnementaux que cela entraîne. Les élus des communes littorales veulent désormais limiter cette différenciation entre hors saison et saison, en attirant une population qui résiderait de manière permanente grâce à la construction de logements de qualité, de services et de commerces, sans pour autant tuer la poule aux œufs d’or touristique. «L’équilibre en question se trouve dans la plurisaisonnalité ou la fin pure et simple de la saison. (...) Un nouveau rapport au temps touristique s’impose donc.»48 L’objectif est de restaurer ou de créer une véritable qualité urbaine, grâce à une politique d’aménagement des espaces publics. Il s’agit notamment de lutter contre l’impression de villes désertées hors saison, en créant des cœurs de station concentrant des activités permanentes et des lieux collectifs de convivialité et de rencontres. «La durabilité impose en outre de mettre un terme au suréquipement, qui caractérise le consumérisme des décennies 1960 et 1970. 70

48, 49 et 50. FOUGNIE S., 2008, L’intégration géographique comme mode d’interprétation de l’évolution des stations balnéaires, Presse universitaires de

Un équilibre doit être trouvé entre les besoins, éphémères, d’une sur-fréquentation touristique et ceux, permanents, d’une population locale parfois très peu nombreuse.»49 2.4.2/ Diversifier les usages pour vivre au fil des saisons «La station balnéaire est construite sur l’utilisation temporaire de l’espace côtier que constitue la plage. La pratique de la baignade a ainsi imposé l’existence de la saison, qui n’est pas sans poser quelques problèmes de gestion pour les communes.»50 Les circuits écotouristiques aménagés sur l’ensemble du département de Maldonado montrent qu’une diversification des pratiques permet de prolonger la saison touristique sur toute l’année. Une meilleure intégration dans le territoire et une mise en valeur du patrimoine par le tourisme ou une promotion des activités de loisirs en milieu naturel vont dans ce sens.

Les stations sont amenées à compléter non seulement leur offre estivale, mais aussi hivernale, notamment par la recherche d’un équilibre entre activités extérieures et intérieures, permettant de s’affranchir des changements climatiques, et donc de la saison. Ces mesures permettent également d’assurer, dans une certaine mesure, la fréquentation de la station, en été comme en hiver. En outre, le printemps et l’automne doivent devenir de nouveaux enjeux touristiques de l’aménagement du territoire littoral. L’intégration géographique et temporelle apporte de nouvelles perspectives, en proposant une utilisation plurielle du littoral et en permettant ainsi de s’affranchir, dans une certaine mesure, de la saison.

Les stations balnéaires doivent développer leur relation avec leur territoire d’accueil, en mettant en valeur leur arrière-pays et la diversité des activités possibles autour du patrimoine naturel et culturel. «La clé pour gérer durablement le littoral, tout en gérant aussi la forte demande sociale qui s’y exerce toujours, semble être plutôt dans une réflexion globale portée sur le territoire à une échelle qui doit surtout sortir de la mono-fonctionnalité qui a caractérisé la plupart des projets balnéaires.»51 Rennes. 51.VIDAL R., 2012, L’urbanisme balnéaire : processus de colonisation ou aménagement durable du littoral? L’exemple

de Sables-D’or-les-Pins (Côtes-d’Armor, 1924), modèle précurseur de cohérence territoriale, publié dans Projets de paysage.


2.5/ Intégration fonctionnelle: Vers une urbanité assumée Le plan d’aménagement du territoire de Maldonado fut réalisé à partir d’un processus de planification participative. En ce sens, cela a constitué un pilier fondamental pour la participation des citoyens à la prise des décisions dans la construction de projets stratégiques pour le développement du territoire. Les Talleres Territoriales52 furent la première étape de la définition et de la mise en place du système de planification projeté. Ils ont été constitués spécifiquement pour le dialogue et l’apprentissage, afin de faciliter la concertation publique et la définition d’actions concrètes.

trative a permis qu’un certain type de décisions puissent être adoptés par les autorités locales, afin d’éviter une centralisation excessive, pouvant générer des effets non désirables pour la population locale, et de rapprocher les destinataires directs des projets qui les concernent. Beaucoup de problèmes sociaux et environnementaux du littoral sont liés à une urbanisation mal maîtrisée, éclatée et inapte à produire du lien social. La complexité des phénomènes met en évidence l’importance d’intégrer différentes perspectives interdisciplinaires. La multiplicité des acteurs et des enjeux nécessitent de plus en plus une vision du littoral partagée par tous. La tâche n’est sans doute pas aisée, mais elle n’en est pas moins nécessaire.

Le processus participatif territorialement différencié fut fondé sur l’organisation judiciaire, politique et administrative existante. Par conséquent, la programmation et la gestion des Micro-régions coïncident avec les juridictions ou les conseils locaux respectifs. Enfin, le fonctionnement de ces ateliers a observé deux étapes bien différenciées : dans un premier temps l’ouverture comme espace de dialogue social et dans un deuxième temps la définition des différentes propositions. La participation de la population fut ainsi un outil indispensable dans le processus d’élaboration d’un projet urbain et social qui convienne à tous. De plus, la décentralisation politique et adminis52. Ateliers territoriaux 53. Construisons ensemble le territoire départemental

116. «Construyamos el territorio departamental entre todos»53

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3/ Vers de nouveaux modèles de stations balnéaires 3.1/ Intégration spatiale, environnementale, fonctionnelle et temporelle des stations balnéaires Aujourd’hui, la question du devenir des stations balnéaires se pose. L’étude des stratégies mises en place sur le département de Maldonado montre que des solutions existent. Cependant, la réussite du Plan de Ordenamiento Territorial, réalisé par l’Institut d’Urbanisme de Montevideo, réside dans le fait qu’il fût le résultat d’une volonté politique forte, qui avait à cœur de construire un projet d’aménagement en collaboration étroite avec l’ensemble de la population. Une telle démarche, même si elle demande un investissement important de la part de tous les acteurs et que les effets doivent être observés sur le long terme, reste exceptionnelle sinon trop rare.

qué une modification structurale majeure de sa production spatiale spécifique qu’est la station balnéaire. Nous voulons ici proposer une interprétation de cette mutation en nous penchant sur le niveau d’intégration de la nature au cœur du processus d’aménagement touristique.»54 En ce sens, Sébastien Fougnie, expose, dans «L’intégration géographique comme mode d’interprétation de l’évolution des stations balnéaires», une autre manière de considérer l’urbanisme littoral en général et balnéaire en particulier. Il propose notamment trois modèles théoriques de stations balnéaires: le modèle environnemental, le modèle écotouristique et enfin le modèle intégré, qui se veut le plus optimal possible. Ces modèles reposent notamment sur leur niveau d’intégration spatiale, environnementale, fonctionnelle et temporelle: •

Au regard des divers phénomènes, naturels ou humains, qui menacent le littoral, il nous faut aujourd’hui répondre, dans une certaine mesure, aux multiples enjeux de ce territoire particulier, notamment par l’émergence de nouveaux modèles de stations balnéaires qui soient plus responsables vis à vis de leur environnement et des populations locales, en un mot, plus durables. «Le développement durable (...) a en tout état de cause bouleversé les pratiques de l’aménagement touristique, et par conséquent, provo72

L’intégration spatiale et environnementale «relève de la capacité du modèle d’aménagement à considérer l’environnement littoral et la station comme faisant partie d’une même réalité. L’intégration implique, en outre, que l’environnement littoral, tant du point de vue naturel, culturel que social, soit appréhendé et considéré dans toute démarche d’aménagement, en respectant et reconnaissant son identité propre.»55 L’intégration fonctionnelle «implique la mixité sociale, la concertation, et tout ce qui participe à pratiquer ce qu’en termes de durabilité on nomme la gouvernance. Tous les

54 à 66. FOUGNIE S., 2008, L’intégration géographique comme mode d’interprétation de l’évolution des stations balnéaires, Presse universitaires de Rennes.

acteurs de l’aménagement sont alors concernés. L’intégration fonctionnelle nécessite de parfaire la connaissance du littoral, de faire intervenir des professionnels dans une perspective pluridisciplinaire la plus large possible, dans le cadre d’une logique de projet de territoire. Ce rôle incombe au pouvoir politique local, qui doit mettre en place un plan d’actions concertées et discutées.»56 •

L’intégration temporelle et géographique des stations littorales «apporte de nouvelles perspectives, en proposant une utilisation plurielle du littoral et en permettant ainsi de s’affranchir, dans une certaine mesure, de la saison. Le fait de reconnaître le littoral non plus comme une simple bande de sable, mais comme un espace géographique riche et spécifique, ouvre des perspectives de développement d’activités variées : randonnées, promenades de découverte, sports de nature, pédagogie de l’environnement, manifestations culturelles, etc.»57

«C’est en estimant et conceptualisant le degré d’intégration de cette nouvelle perception dans le processus d’aménagement qu’il est possible de décliner des modèles spatiaux originaux des stations environnementales, éco-touristiques et intégrées.»58


3.2/ Les stations environnementales (SEN), ou l’intégration des préoccupations environnementales Le premier modèle défini par S. Fougnie est celui des stations environnementales. Celles-ci relèvent «d’une prise de conscience de la nécessité de garantir un cadre de vie agréable, afin d’assurer la pérennité de la fréquentation, par la satisfaction des besoins d’espace, de dépaysement, de contact avec la nature»59. Dans ce cas en particulier, la réintroduction ou la protection d’espaces naturels devient alors un des objectifs phares de l’aménagement urbain des stations balnéaires existantes. Cependant, si la nature prend une place importante au coeur de la station, celle-ci «ne s’ouvre pas véritablement sur l’arrière-pays ou la périphérie, qui restent sous-exploités»60. Le centre de la station reste orienté vers le rivage et la plage. Celle-ci continue en effet «d’assurer l’essentiel de l’animation touristique. (...) Globalement, la structuration spatiale de la station n’est que peu perturbée par cette intégration partielle»61. En outre, les stations environnementales sont caractérisées par: «un modèle d’aménagement touristique défini par un rapport au littoral se limitant à l’utilisation de la nature dans l’unique but de valoriser le cadre de vie; une politique manquant de transversalité, de concertation et de conceptualisation d’un projet global; des pratiques urbanistiques et architecturales dominées par l’impact visuel des interventions et

la préoccupation de la qualité du paysage urbain.»62. L’arrière-pays littoral n’est pas ici mis en valeur, puisqu’il ne participe pas directement au cadre de vie de la station. Les stations environnementales, malgré un souci de préservation de la nature au sein même de leur enceinte, nient l’ensemble des éléments qui constituent leur territoire. 3.3/ Les stations éco-touristiques (SEC), ou l’intégration du potentiel touristique de la nature littorale «L’écotourisme fait du milieu naturel un produit touristique, ce que le rapport Bonnot dénommait une « infrastructure naturelle » (repris par L. Le Pensec, 2002). La logique est de justifier la protection de la nature par sa rentabilité touristique. Les paysages littoraux sont alors hissés au rang de patrimoine et participent à construire une consistance identitaire à la station, qui se «recontextualise» ainsi dans la réalité géographique de son site.»63 Les stations écotouristiques ont le même soucis de préservation et de mise en valeur de la nature, mais à une échelle différente. «Le rayonnement structurel s’ouvre alors largement sur la périphérie et l’arrière-pays balnéaires, qui entrent dans le domaine productif de la station. Le centre de gravité n’est alors plus dirigé vers l’unique front de mer, mais également vers l’intérieur des terres et les espaces périphériques. Le système touristique sort de son cadre purement urbain.»64

En conséquence, les stations éco-touristiques nécessitent des équipements d’information spécifiques afin de promouvoir les activités possibles auprès du public et d’assurer une bonne communication entre les différents acteurs du territoire. «Des centres spécifiques, tels les écomusées, peuvent y prendre place afin de renforcer, auprès du public comme de la population locale, la compréhension, la diffusion et donc l’intégration des liens unissant la station et son contexte géographique littoral.»65 En outre, les stations environnementales sont caractérisées par: «un modèle d’aménagement touristique défini par: un rapport au littoral basé sur l’exploitation de la nature, devenue un équipement touristique, mais également constitutive d’une identité patrimoniale; une politique locale investissant dans cette exploitation grâce à l’équipement des sites et assurant l’éducation «éco-citoyenne» de l’ensemble des acteurs; des pratiques urbanistiques et architecturales privilégiant des structures intégrées du point de vue environnemental et limitant les atteintes au milieu naturel.»66 3.4/ Les stations intégrées (SLI), ou la production du modèle d’aménagement touristique durable «En prolongeant notre interprétation de l’intégration géographique du littoral dans le système d’aménagement touristique, il est possible de proposer un modèle de station répondant aux exigences de la durabilité et aux trois niveaux d’intégration préalablement définis. La Station 73


Littorale Intégrée doit être considérée en cela comme ce que M. Chadefaud (1987) dénommait un «modèle optimal» : Station y fait référence à l’activité touristique qui produit des espaces spécifiques, Littorale figure le contexte naturel, social et culturel qui construit l’identité ou l’authenticité du lieu (l’adjectif «balnéaire» étant devenu, de fait, trop réducteur), Intégrée car elle émane d’une intégration géographique. La SLI se définit avant tout par un rééquilibrage entre ses différentes composantes (de la plage jusqu’à l’arrière-pays) qui coexistent en interrelation durable et équilibrée. L’effet en est une atténuation des discontinuités, tant spatiales que sociales, par la mise en place de « liants spatiaux » (urbanisme intégré par exemple) et de « liants sociaux » (gestion intégrée avec un directeur de station par exemple). La cohérence de l’aménagement intégré nécessite d’apporter des modifications substantielles à chacune des composantes de la station. La plage doit retrouver un fonctionnement systémique le moins perturbé possible. Le front de mer se dédensifie et offre une place à la recréation de nature (cordon dunaire, végétalisation), au détriment du béton ou des équipements lourds.

rer à la fois la qualité paysagère des quartiers urbains, leur fonctionnalité et leur développement nécessaire. Quant à l’arrière-pays et la périphérie, ils focalisent de nouveaux enjeux et participent activement à la définition identitaire de la station; ils deviennent des composantes productives, intégrées au projet de développement et de mise en valeur.»67 La station littorale est intégrée à trois niveaux: environnementalement, à l’échelle du territoire dans son ensemble; fonctionnellement, grâce à la participation et à l’investissement de chacun des acteurs concernés; et temporellement, permettant des activités de loisirs au fil des saisons, «assurée par une diversification de l’offre (activités autres que purement balnéaires) et un programme événementiel adapté, par une pérennisation annuelle des services et par une politique favorisant la sédentarisation de quelques segments de clientèles (jeunes couples, retraités)»68. Il n’y a alors plus un seul centre de gravité, mais plusieurs centres attractifs qui fonctionnent en réseau. Aujourd’hui, ce modèle de stations intégrée n’existe pas réellement, et reste malheureusement théorique. Sa réalisation nécessite une volonté forte de l’ensemble des acteurs.

La composante urbaine de la station fait l’objet d’une restructuration, tant du point de vue paysager que fonctionnel, et d’une patrimonialisation, pour les vestiges architecturaux remarquables. L’intégration existe dans le fait d’assu-

«La démarche aboutissant à l’identification de la Station Littorale Intégrée, modèle d’application d’aménagement touristique durable, implique, de par sa nature, une intention optimiste, celle d’une responsabilisation des acteurs et d’une

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67, 68 et 69. FOUGNIE S., 2008, L’intégration géographique comme mode d’interprétation de l’évolution des stations balnéaires, Presse universitaires de Rennes.

meilleure intelligence sociale des systèmes de production spatiale. Toutefois, des questions restent posées, notamment celle de l’échelle d’intervention et de l’applicabilité d’un tel modèle. Le respect d’une identité géographique nécessitera logiquement de s’affranchir des limites purement administratives. C’est pourquoi il est indispensable d’intégrer la réalité des «pays», ou des «unités intercommunales à référence de pays», qui semble apporter une certaine cohérence entre la réalité géographique littorale et le processus de construction identitaire.»69


4/ Pour une intégration des station balnéaires «Le nouveau rapport à la nature littorale s’est imposé dans la législation mais également dans les pratiques d’aménagement et touristiques, au travers du concept du développement durable. L’émergence puis l’affirmation de la durabilité comme projet de développement de la société rompt avec la logique de la croissance continue et bouleverse progressivement les pratiques de tous les acteurs de l’aménagement et du tourisme en particulier. (...) Les politiques touristiques ne peuvent aujourd’hui plus faire l’économie d’une requalification qualitative, dans le respect des principes de la durabilité. Les stations qui connaissent actuellement un regain d’activité sont précisément celles qui ont su s’imposer de telles exigences. En effet, l’intégration sociale de la durabilité est telle qu’elle est devenue très attractive.»70

Au cours de mon apprentissage au sein de l’Atelier Villes et Paysages à Lyon, j’ai pu participer à la réalisation d’un projet de stations balnéaires ex nihilo dans la République du Daguestan, en Russie. L’analyse critique de ces stations balnéaires au bord de la Mer Caspienne, à travers les notions d’intégration spatiale, fonctionnelle et temporelle, permettra de déterminer la cohérence, en terme de durabilité, du projet développé. Ce regard porté sur ces stations permettra également de les «labeliser» comme des stations environnementales, écotouristiques ou intégrées.

En outre, les modèles d’intégration balnéaires décrit par Sébastien Fougnie, l’étude des stations balnéaires uruguayennes et françaises nous permettent de cerner plus précisément la réalité des stations balnéaires d’aujourd’hui et leur évolution dans les années à venir. «Le tourisme littoral semble se reconstruire sur une nouvelle base symbolique, celle de l’authenticité patrimoniale et identitaire. Elle répond à une évolution des sensibilités, des exigences et des pratiques sociétales.»71 70 et 71. FOUGNIE S., 2008, L’intégration géographique comme mode d’interprétation de l’évolution des stations balnéaires, Presse universitaires de Rennes.

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117. Le littoral caspien, Russie

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D/ Vers un Urbanisme Balnéaire Intégré: Mise en pratique au bord de la Mer Caspienne en Russie 1/ Contexte de la mission La Mer Caspienne est apparue au cours de la dernière décennie comme l’une des zones du globe les plus prometteuses en termes d’investissements et de développement de nouvelles ressources. La République du Daghestan, en bordure littorale de la Mer Caspienne, profite pleinement de cette situation stratégique, entreprenant ainsi de nombreux projets, visant à promouvoir son territoire sur le plan national. Dans le cadre de la stratégie de développement de la côte maritime daghestanaise, ROSS ENGINEERING et NORTH CAUCASUS RESORTS, dont les missions ont pour but le développement social et économique des régions du sud de la Russie, ainsi que le niveau de vie de la population locale, à travers des projets d’infrastructures dans le secteur du tourisme et des industries connexes, ont lancé un vaste projet de développement touristique balnéaire entre Makhatchkala et la frontière sud de la république du Daguestan. C’est dans ce cadre que les équipes pluridisciplinaires du groupe Egis, de l’Atelier Villes et Paysages, ainsi que ses partenaires Orex Loisirs et le groupe Pierre et Vacances - Center Parcs, spécialisées dans l’aménagement de grands projets urbains, ont mis en commun leur compétences afin de développer un projet harmonieux et durable sur le littoral touristique de la Mer Caspienne.

La mission réalisée d’abord sur site au Daguestan, de Makhatchkala jusqu’au sud de Derbent, puis développée en France, s’est déroulée selon la méthodologie suivante : Mission sur site – Collecte données terrain, analyse, diagnostic : • Analyse et évaluation des différents sites potentiels pouvant accueillir les futures stations balnéaires • Collecte des informations sur le développement des activités touristiques Développement Mission en France – Etudes de marché et conceptualisation des stations balnéaires : • Recherches marketing sur le potentiel touristique • Réflexions sur la mise en place du développement touristique • Diagnostic des sites prédéfinis pour proposer des schémas de développement des stations balnéaires

Toutes les illustrations suivantes (schémas, plans, tableaux, photographies) ont été produites au sein d’Atelier Villes et Paysages. Elles relèvent de la réglementation en vigueur et toute utilisation à des fins personnelles, professionnelles et commerciales relève d’une autorisation de la part de cette structure.

2/ Quel avenir pour la Mer Caspienne? Le projet de réalisation de stations balnéaires sur le littoral du Daghestan va permettre de redynamiser toute une région. Il convient cependant d’intégrer cette stratégie de développement touristique à une échelle plus large, celle de la Mer Caspienne et des régions qui en dépendent. 2.1/ Environnement, croissance urbaine et patrimoine La Mer Caspienne, plus grande étendue d’eau intérieure au monde, avec un littoral de 7 000 km et une superficie de 371 000 km2, est unique. En raison de l’afflux actuel de l’eau douce à partir de plus de 130 cours d’eau - dont la Volga est le plus important - la Mer Caspienne est un lac d’eau douce dans ses régions septentrionales, alors qu’elle est plus salée sur la rive iranienne. Mondialement célèbre pour le caviar produit à partir de l’esturgeon, elle renferme également un écosystème exceptionnel avec des espèces endémiques de poissons et d’oiseaux. Cependant, à l’échelle régionale, la Mer Caspienne représente le milieu récepteur d’eaux résiduelles urbaines et industrielles, générant une pollution inquiétante de l’environnement. Ainsi, on estime que la biodiversité de la faune et de la flore en Mer Caspienne aurait été réduite de plus des deux tiers depuis le début du siècle. La pollution de la Mer Caspienne résulte davantage de ce qui est produit en amont que des 77


activités industrielles ou agricoles des zones littorales. En effet, chaque année, la Volga déverse 140 millions de tonnes de rejets polluants dans la Mer Caspienne. L’exploitation du pétrole et de ses dérivés ainsi que l’industrie chimique (Derbent, Makhatchkala) constituent également une source de pollution importante de la Mer Caspienne, en particulier par la construction de pipelines sous-marins. Toutefois, l’agriculture demeure le secteur le plus polluant, la Russie et l’Azerbaïdjan étant les plus gros pollueurs de la région.

DAGHESTAN

De plus, sur le littoral du Daghestan, le traitement des eaux usées est très insuffisant, voire inexistant. D’autre part, la croissance urbaine, à la fois récente et rapide, qui constitue un trait commun à tout le littoral caspien, a contribué à la dégradation de la santé publique. Toutes ces conditions font que la zone d’étude constitue un milieu sensible et impose des contraintes spécifiques fortes en matière d’assainissement des eaux usées. Cependant, la région de la Mer Caspienne dispose de nombreux atouts, dont de nombreux sites historiques, tels que le parc national de Gobustan, reconnu comme patrimoine mondial de l’UNESCO, le musée en plein air Qala à Bakou, et la capitale Sarai Batu du souverain mongol Batu Khan, fondé au milieu du 13ème siècle, près d’Astrakhan. La Mer Caspienne profite également de la proximité de centres urbains historiques tels que Derbent, dans la République du Daghestan, qui remonte au 8ème siècle avant 78

118 et 119. La Mer Caspienne


J-C, le centre historique de Bakou qui date du premier siècle de notre ère, Astrakhan, fondée au début du 13ème siècle, et Makhatchkala, datant du milieu des années 1800, située à proximité du site de Taki, construit au 15ème siècle. Au cours des dernières années, chacun de ces principaux centres urbains ont développé des attractions et installations touristiques (musées, théâtres, restaurants), ainsi qu’un hébergement hôtelier de bonne qualité - même si les installations de la République du Daghestan sont d’un niveau moindre - afin d’attirer un nombre croissant de visiteurs. En outre, les ressources naturelles, historiques et culturelles de la Mer Caspienne et des régions avoisinantes constituent une base solide pour le développement touristique local, régional et international. 2.2/ Le développement touristique de la Mer Caspienne aujourd’hui Le secteur du tourisme est une priorité pour l’ensemble des institutions gouvernementales, nationales et locales des pays de la Mer Caspienne. Ces régions ont en effet développé des stratégies à moyen terme, orientées vers une expansion importante des secteurs touristiques. L’une de ces stratégies, et non des moindres, est le développement du tourisme de croisière multi-destinations sur la Mer Caspienne. En effet, en dépit des tentatives passées, le fait que les extensions et nouveaux développements

portuaires (à Bakou, Makhachkala et Olya) prévoient la construction de terminaux pour les passagers est une indication de l’intention sérieuse des autorités pour soutenir les opérations des navires de croisière, voyant dans ce projet des avantages économiques et commerciaux non négligeables pour le secteur touristique. L’attrait principal d’une croisière en Mer Caspienne réside dans le fait de pouvoir visiter plusieurs pays au cours d’un seul et même voyage. Et si l’étendue de la Mer Caspienne implique inévitablement de longs délais de traversées, des activités basées sur les éléments du patrimoine naturel et culturel des pays de la Mer Caspienne pourrait être développé afin d’atténuer la monotonie d’un paysage changeant rarement. L’élaboration de ce projet est aussi une manière de nouer des liens économiques et sociaux plus forts entre les différents pays concernés, la mise en place de navires de croisière multi-destination sur la Mer Caspienne ayant été identifiée comme une forme de développement touristique partagée par tous. Le développement du tourisme de croisière a même été le thème central de la Conférence internationale de Décembre 2011 sur le développement du tourisme dans la région de la Mer Caspienne, indiquant clairement l’importance des avantages politiques et économiques d’une telle entreprise, et la volonté d’établir une coopération régionale forte pour permettre à une telle opération d’être réalisée.

Cependant, plusieurs problèmes apparaissent. Le fait que la Mer Caspienne est un espace fermé pose en effet des difficultés en matière de navigation afin de déplacer les bateaux vers des eaux plus chaudes pendant les mois d’hiver (comme c’est pratique courante chez les opérateurs de croisières océaniques ou méditerranéenne). De plus, la question des protocoles entre les pays de la Mer Caspienne sur les conditions dans lesquelles les passagers peuvent faire de brèves visites à terre de moins de 24 heures doit être abordée. Enfin, avec une saison d’exploitation de huit mois au plus, des doutes ont été exprimés concernant la viabilité du projet, en tenant compte des coûts d’acquisition et d’aménagement des navires. Le vaste projet de création d’une culture des loisirs balnéaires propre au Daghestan ne concerne pas que la Russie. La réalisation de stations balnéaires répond à un dessein plus vaste de valorisation touristique de l’ensemble des régions qui bordent la Mer Caspienne.

79


destination

souvent laissées à l’abandon ou transformées en zone de dépôts de déchets.

3.1/ Situation politique, économique, touristique et sociale au Daghestan Historiquement, le Daghestan était une destination prisée des touristes russes, position perdue suite au climat d’insécurité de ces 15 dernières années. Aujourd’hui, le marché touristique est en crise, en raison notamment des problèmes de sécurité actuels et des conseils gouvernementaux incitant les étrangers à ne pas entreprendre de voyage au sein de la République du Daghestan.

La présence de sanatoriums dans l’arrière-pays, désuets et laissés à l’abandon, est un autre signe d’une culture balnéaire inexistante au Daghestan. Jusqu’à aujourd’hui, seules quelques tentatives assez modestes d’aménagement touristique ont été réalisées sur la côte. Elles illustrent l’absence de rationalité des collectivités en matière d’organisation et de planification à grande échelle.

3/ Le Daghestan, balnéaire?

nouvelle

Ce territoire n’est plus aujourd’hui une destination attractive. Bien que sévère, il s’agit d’un constat réel. Cependant, bien qu’il n’y ait pas d’établissements touristiques de niveau supérieur et que peu d’hôtels ont été construits au cours des dernières années, le service est généralement reconnu comme étant accueillant et chaleureux. Le littoral du Daghestan reste inexploité sur le plan touristique, malgré quelques plages près des centres urbains où l’on constate une pratique de la baignade en famille, ainsi qu’un ou deux centres d’hébergement datant de l’époque soviétique. Au sein de la République du Daghestan, les plages de quartier sont en effet des lieux publics par excellence qui accueillent chaque jour les enfants des villes et villages proches. Les autres plages, qui ne profitent pas de la proximité d’un centre urbain, sont le plus 80

3.2/ Vers une nouvelle destination touristique en Russie En dépit de ces expériences passées, la République du Daghestan souhaite aujourd’hui mettre en œuvre le programme de reconquête du marché touristique sur ce territoire par un aménagement touristique du littoral, permettant notamment d’appuyer la demande faite par la région de tenir les Jeux olympiques d’été junior en 2018. En ce sens, pour aller au-delà de simples équipements, il importe aujourd’hui de développer des projets plus ambitieux et plus structurants. Le littoral du Daghestan doit générer son propre modèle de développement balnéaire, approprié aux marchés, à l’environnement et à la population de ce territoire, en s’appuyant sur des fondamentaux économiques (rentabilité, capacité de renouvellement des investissements, industrialisation, …). Un modèle mixte, qui associe tourisme industriel et tourisme social, et assi-

mile les populations locales dans son processus, est essentiel. En outre, ce modèle de station balnéaire doit répondre à trois orientations majeures : •

Un modèle balnéaire économique diversifié, composé de différents types de stations et d’une série de plages publiques aménagées et équipées. Modèle qui se caractérise par la création de pôles économiques (les stations) et par une politique d’aménagement d’espaces publics et de constructions privées.

Un modèle d’aménagement soutenable qui préserve les espaces naturels notamment par la mise en œuvre de solutions de protection des zones côtières, de maintien des milieux et de la biodiversité, et qui maîtrise les pollutions côtières et maritimes.

Un modèle qui accompagne la croissance économique, favorisant l’établissement des populations locales, la création de filières économiques spécialisées et la formation des jeunes générations.

La vision à long terme (10 à 15 ans) pour la côte daghestanaise est celle d’un littoral équipé et structuré, desservi par des moyens de transport connectés à la capitale et à l’aire régionale, aménagé en préservant les acquis naturels, historiques et culturels de ce territoire en devenir.

120. Le Daghestan dans son contexte régional


81


4/ Analyse et choix des différents sites La maîtrise d’ouvrage, ROSSENGINEERING et NORTH CAUCASUS RESORTS, afin d’optimiser l’attractivité de nouvelles stations balnéaires sur le littoral daghestanais, a laissé à Atelier Villes et Paysages, et à ses partenaires, le choix de l’implantation de celles-ci. Neuf sites furent proposés, implantés sur 150 km de côte, entre la ville de Makhatchkala au Nord, et la frontière avec l’Azerbaidjan au Sud. Ils varient de 600 hectares à 2000 hectares. 4.1/ Topographie, hydrographie et accessibilité du littoral au Daghestan La qualité naturelle des sites et le parti d’aménagement adopté qui vise à la création d’un complexe touristique impliquent une intégration particulièrement soignée des équipements techniques tant sur le plan paysager qu’en matière de réduction des nuisances de toutes sortes (bruits, odeurs, etc.). Aujourd’hui, le rivage du Daghestan est soumis, à différentes échelles, à des phénomènes naturels liés à l’eau, dont l’inondation est le principal, impliquant un risque pour les biens et les populations. Il convient également de prendre en compte la modification d’écoulement des fleuves côtiers induit par une montée des eaux de la mer Caspienne, et ce depuis la fin des années 1970. On estime en effet que le niveau de la mer augmente régulièrement de 10 à 13 cm par an 82

depuis 1978, soit une remontée d’environ 2,2 mètres en 18 ans. Cette montée des eaux accentue l’érosion de la cote dont les conséquences menacent directement Makhatchkala, Derbent et Kaspiysk. Ainsi, des zones aujourd’hui non concernés par le risque inondation pourront être submergées lors de crues si le niveau des eaux continuait à monter. Etant donné la topographie des sites, une prise en compte du risque d’inondation et d’une remontée des eaux de la mer Caspienne est indispensable à l’aménagement balnéaire du littoral. La question du traitement des eaux usées est également un point à prendre en considération lors du projet urbain. En effet, les stratégies de gestion et d’assainissement sont conditionnées par la présence d’un système de collecte et de traitement à proximité des sites d’étude. Si les zones d’études 1 et 2 se situent à proximité immédiate de la station de traitement des eaux usées de Makhatchkala, le raccordement des effluents urbains générés par ces sites à la station existante semble l’option à suivre à la condition que celle-ci dispose d’une capacité de traitement suffisante. Dans les cas de sites isolées ou dépourvus de système de traitement des eaux usées dans un rayon de quelques kilomètres (ce qui semble être est le cas pour les sites 3 à 9), il faut envisager un système d’assainissement propre à chaque site. En effet, la présence de plages destinées à la baignade et autres activités de loisir interdit tout déversement dans la mer d’eaux uséex insuffisamment traitées.

Concernant l’accessibilité, la desserte aérienne des sites est assurée actuellement par l’aéroport régional de Makhachkala (vols principalement en provenance de Moscou). Quant à la desserte routière, le réseau défectueux rend difficile l’accès aux sites par la route (3h sont nécessaires pour parcourir 150 km). Si le réseau ferré permet de desservir plus rapidement les sites, il coupe en revanche le rivage de la plupart des centres urbains, créant ainsi une frontière difficile à franchir. Enfin, la proximité des villes telles que Makhachkala, capitale de la République du Daghestan, qui compte environ 700 000 habitants, et Derbent, qui compte quant à elle 120 000 habitants, est un atout non négligeable.

121 à 124. Le littoral daghestanais, Russie


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4.2/ Analyse des sites potentiels 4.2.1/ Sites 1 et 2 Atouts A proximité immédiate de la ville de Kaspiysk et de l’aéroport de Makhachkala, on remarque la présence de lacs, marais et étendues d’eau, sur l’ensemble des sites 1 et 2, constituant une réserve ornithologique et floristique notable. On notera également la qualité des plages. Contraintes Les principales contraintes du site découlent de ses principaux atouts. La première est géotechnique étant donné la présence de marais sur l’ensemble du site. La seconde est environnementale étant donné la biodiversité observée. Points à explorer En termes de marché, l’étude des loisirs existants et à développer est nécessaire.

125 à 128. Site 1 et 2, Daghestan, Russie

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4.2.2/ Site 3 Atouts On notera la présence d’une plage urbaine fréquentée, au sein d’une baie protégée, à proximité de la ville d’Izberbach. Contraintes Le front de mer est déjà occupé par des résidences et différentes activités, rendant difficile le développement d’un projet à grande échelle. De plus, la présence de falaises sur le littoral rend complexe l’accès à la plage. Points à explorer Le site est déjà trop urbanisé pour l’implantation d’un station balnéaire. Son aménagement consisterai plutôt à la réhabilitation du front de mer et à l’accompagnement des activités balnéaires existantes.

129 à 133. Site 3, Daghestan, Russie

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4.2.3/ Site 4 Atouts Le site 4 est, dans l’ensemble, propice au développement d’un tourisme haut de gamme. La plage, bien qu’assez étroite, est de bonne qualité (sable fin blond). Le site, à proximité du réseau routier et ferroviaire, comporte peu de contraintes topographiques et environnementales. Contraintes La principale contrainte du site, et non des moindre, réside dans l’étroitesse de l’assiette foncière disponible, du fait de la proximité de la voie ferrée par rapport au rivage. Points à explorer Des infrastructures routières complémentaires seront nécessaires afin d’accéder au site.

134 à 138. Site 4, Daghestan, Russie

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4.2.4/ Site 5 Atouts Le paysage du site 5 est composé de lacs et d’étendues d’eau, limités en front de mer par une bande dunaire. Deux zones de pisciculture sont toujours en activité. On peut également remarquer la présence de sanatoriums, bien que désuets et laissés à l’abandon, témoins d’une présence de sources d’eau thermale sur le site. Contraintes Parmi les contraintes observées sur le site, on peut noter la difficulté de l’accessibilité par la route. Points à explorer Le positionnement envisagé sur ce site est celui d’une station balnéaire orientée autour du sanatorium existant.

139 à 145. Site 5, Daghestan, Russie

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4.2.5/ Site 6 Atouts Proche de Derbent, permettant des excursions culturelles et la découverte de la ville, le site est bordé par une plage de 8 km de long. Cet espace est fréquenté par la population locale et ce, depuis l’époque soviétique. Un hôtel pouvant accueillir 150 personnes permet d’or et déjà de recevoir des vacanciers. Le site ne possède pas de contraintes particulières en termes topographique et environnementale, permettant ainsi de développer des structures d’hébergement proche du rivage. En outre, la qualité environnementale de ce site permettrai de développer des animations et activités sportives en bord de mer. Contraintes On notera cependant une accessibilité difficile par la route ainsi que la présence de petites unités urbaines. Points à explorer Il convient, dans le cas du site 6, de vérifier la nature des occupations et des possibilités de démolitions. Une infrastructure routière complémentaire doit également être créée afin d’accéder au site.

146 à 150. Site 6, Daghestan, Russie

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4.2.6/ Site 7, 8 et 9 Atouts Les sites 7, 8 et 9 sont remarquables et présentent un fort potentiel pour un développement touristique intégré à son environnement. Ils constituent en effet des espaces exceptionnels alliant forêt subtropicale (comprenant chênes, cèdres, lianes, pins), cours d’eau (dont le fleuve Samour), lacs, plage, abritant une faune et une flore remarquable. De plus, il s’agit du seul endroit sur le littoral du Daghestan où la forêt s’approche de la mer. Contraintes Les sites sont situés à proximité immédiate de la frontière avec l’Azerbaïdjan, à 150 km de Makhachkala et de son aéroport (3h de route). De plus, la desserte par la route reste difficile. Un aéroport serait aujourd’hui envisagé près de la ville de Derbent à environ 40 km. La faisabilité du projet reste cependant à confirmer. Points à explorer Les diverses qualités du site orientent le positionnement touristique vers une station intégrée dans la forêt et proche du front de mer. L’exploitation des cours d’eau et des aires boisées pour des activités de loisirs (nautiques et sportive) est possible.

151 à 156. Site 7, 8 et 9, Daghestan, Russie

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4.3/ Critères et choix des sites L’analyse des différents sites potentiels montre un environnement exceptionnel au sein du site 9, à la frontière avec Azerbaidjan, les autres sites présentant des qualités moindres et des contraintes qui limitent, dans une certaine mesure, l’aménagement balnéaire sur le rivage. Ainsi, les sites retenus sont les suivants: •

Les sites 1 et 2, de par leur proximité avec la ville de Kaspiysk et de l’aéroport de Makhachkala, assurant ainsi une bonne desserte ainsi qu’une clientèle locale non négligeable. Le site 5, de par la présence de sanatoriums et du potentiel de développement d’une station balnéaire orientée vers les soins thermaux.

Le site 6, de par sa qualité environnementale, permettant de développer de multiples activités de loisirs et sportives.

Et enfin les sites 7, 8 et 9, de par leur environnement et leur biodiversité exceptionnels, constituent un cadre naturel idéal à l’implantation d’une station balnéaire.

Malgré les qualités notables des sites 3 et 4, l’urbanisation existante du premier et l’étroitesse du second ne correspondent pas à l’édification de stations balnéaires de grande ampleur. Ils restent cependant des sites qualitatifs, 96

Sites

Accessibilité

Qualité de plage

Intérêt environnemental

Caractère du site

Constructibilité

Classement

1&2

+

+

+

+

+

3

3

-

++

-

++

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5

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-

++

-

++

+

4

5

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+

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-

+

6

6

-

++

-

+

++

2

7, 8 & 9

--

++

+++

+++

++

1

qui pourront accueillir des équipements balnéaires dans une étape ultérieure du développement touristique du littoral de la République du Daghestan. En effet, afin de transformer ce territoire en véritable destination balnéaire touristique, il semble nécessaire, pour la maîtrise d’ouvrage, de développer des infrastructures, hébergements et équipements capables d’accueillir 50 000 personnes. La problématique de l’accessibilité reste toutefois cruciale sur l’ensemble des sites proposés. Le modèle d’aménagement doit améliorer les dessertes et les temps d’accès aux sites par une

(diversité topographique, diversité végétale ...)

organisation intermodale des transports depuis la capitale Makhatchkala en associant l’aéroport au rail. Sur la base des 4 sites sélectionnés, les stations touristiques pourront créer une offre diversifiée, à destination du tourisme interne (Russie) et régional (Azerbaidjan, Géorgie, …). Une étude de marché confortera ou infirmera cette hypothèse.

157. Synthèse des avantages et contraintes qui caractérisent les sites proposés par la maîtrise d’ouvrage. 158. Sites retenus: situation géographique et accessibilité


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5/ Quatre stations balnéaires: Concept thématique et positionnement économique Le concept thématique et la stratégie touristique de chaque station résultent du positionnement économique établi par l’équipe d’Orex Loisirs. Le Projet Caspian Sea Resorts se compose donc de quatre stations balnéaires aux identités et typologies variées, qui résultent de positionnements économiques différents, génèrant ainsi une offre diversifiée le long du littoral caspien au Daghestan. Chacune de ces stations s’intègre dans son environnement proche. C’est cet environnement qui a permis de définir leur identité et l’offre touristique qui s’y rattache. Néanmoins, ces positionnements sont des premières pistes de réflexion issues des visites de sites et doivent être affinés en fonction des résultats de l’étude de marché ainsi que par une connaissance plus accrue de cette région et de la Mer Caspienne. Les concepts produits sont donc susceptibles d’être modifiés. 5.1/ Makhatchkala Business Beach A proximité de la ville de Kaspiysk et de Makhatchkala, la station balnéaire, qui porte le même nom que la capitale de la République du Daghestan, est conçue comme le premier Business Resort de la Caspienne. Le positionnement touristique de cette station est déterminé autour du concept du tourisme d’affaire, considéré comme un axe de développement économique pour la région. Cette dernière souhaite en effet 98

se positionner sur le marché des matières premières et sur l’exploitation du pétrole de la Mer Caspienne. On peut donc considérer la station balnéaire de Makhatchkala comme le pôle business de la capitale qui illustre le renouveau du Daghestan. Le Business Resort de Makhatchkala, et son futur centre de congrès doit, en outre, permettre à la République du Daghestan de devenir le siège privilégié des négociations inter-états et interentreprises du secteur, face à des concurrents comme l’Azerbaïdjan, le Turkménistan, l’Iran, le Kazakhstan, et les villes côtières russes du littoral nord. Le centre international d’affaires est résolument orienté vers l’aire régionale et audelà vers l’Asie centrale. De plus, ce positionnement offre l’opportunité de développer une pépinière d’entreprises spécialisées dans le commerce international et le négoce des matières premières. Un partenariat avec l’université de Makhatchkala permettra également de développer une filière de formation spécialisée dans l’économie et le commerce des secteurs énergétiques. Le positionnement du tourisme d’affaire de la Caspienne requiert une offre hôtelière significative et une série d’équipements technique et ludique qualitatifs afin de participer à la renommée de la station. Enfin, l’implantation au sein de la station d’un centre d’affaires, d’un pôle universitaire, d’un

centre culturel et d’un centre commercial étoffe la programmation du projet, couvrant ainsi un champ plus vaste de positionnement. La station balnéaire de Makhatchkala doit donc devenir à la fois un centre économique, un hub régional de transport, une métropole politique et un centre touristique. C’est dans ce contexte de développement économique que ce projet d’aménagement mixant économie, tourisme, loisirs et résidentiel doit voir le jour. 5.2/ Balneo, la station thermale La station balnéaire de Balneo résulte du potentiel économique de la présence de sources thermales naturelles sur le site. Elle est appelée à devenir un centre thermal qualitatif à l’échelle de la Mer Caspienne grâce à l’exploitation de ces sources (bains de boues, centre médical, production de produits cosmétiques, etc.). 5.3/ Golden Sand, la station sportive Le positionnement de la station balnéaire de Golden Sand est celui d’une destination touristique de loisirs et de découverte, axée sur la jeunesse et la pratique d’activités sportives en plein air. Grâce à son environnement paysager et culturel remarquable, Golden Sand doit devenir «LA» station sportive du littoral au Daghestan, idéale pour passer des vacances en famille ou entre amis. 5.4/ Samour, la station découverte Le positionnement développé concernant les sites 7, 8 et 9, à proximité du fleuve Samour, est celui d’une station enveloppée dans la forêt,


permettant le développement d’activités sportives en pleine nature et la découverte de la faune et de la flore locale. La forêt native, la plage et le biotope sont les éléments principaux de la mise en scène de cette station. 5.5/ Une offre touristique diversifiée sur le littoral caspien L’élaboration de ces quatre stations balnéaires fait partie d’un processus long de structuration du paysage du littoral au Daghestan et qui organisera le marché du tourisme dans la région.

Cependant, le rythme d’aménagement du littoral caspien dépend entre autres de la mise en cohérence d’une politique globale qui concerne les transports, la suppression des pollutions diverses, l’harmonisation des documents d’urbanisme, la mise en conformité des réseaux, l’acquisition de réserves foncières, etc. Ces actions simultanées et successives pondèrent la cadence de développement de stations balnéaires sur le littoral.

vants: Comment traiter le front de mer? Quel urbanisme appliquer au cœur de la station? Comment valoriser les caractéristiques naturelles du territoire? Comment se positionner par rapport à une urbanisation et à des pratiques balnéaires existantes? Quelle relation entretenir avec l’arrière-pays côtier? ...

L’enjeu de l’analyse des stations développés au sein de l’Atelier Villes et Paysages est de comprendre le principe de composition urbaine de celles-ci et de mettre en évidence le degré d’intégration du plan urbain dans son contexte, d’un point de vue spatial et environnemental, social et temporel.

De plus, l’obtention d’une taille critique est déterminante pour créer une «destination» attractive à l’échelle de la Mer Caspienne (il s’agit de définir des lieux plutôt qu’une série d’équipements). En plus d’une question économique, c’est également une question de marketing. Les principales questions qui doivent être abordées au cours de la réalisation du projet urbain et qui apporteront de la cohérence à l’aménagement proposé se rapportent aux thèmes sui99


un cadre naturel remarquable, support d’activités sportives nautiques.

6/ La prise en compte du contexte dans le projet / Intégration spatiale et environnementale

Concernant l’organisation urbaine de la station, le centre-ville de la station balnéaire est établi entre ces deux équipements majeurs, et de part et d’autre de l’axe généré par l’implantation du monorail. La densité de construction est plus importante le long de cet axe et s’estompe à mesure que l’on s’en éloigne. Le front bâti n’est donc pas, comme dans le cas de Deauville et de Cabourg, le long du rivage mais bel et bien perpendiculaire au trait de côte.

6.1/ Makhatchkala Business Beach Le projet d’une station balnéaire à proximité de Kaspiysk s’intègre dans la continuité urbaine de la ville et réinterprete le plan de développement de celle-ci, conçu par l’agence WATG (www. watg.com), qui s’étend sur l’ensemble du site d’étude. Ce dernier s’organise autour de microcentralités qui hiérarchisent le tissu urbain. Parmi ces multiples centralités, l’une d’elles, située à l’Est, entre la Mer Caspienne et le lac, nous sembla la plus propice à l’édification d’une station balnéaire, d’une part pour ces qualités paysagère et d’autre part, pour sa proximité avec Kaspiysk. Les axes majeurs de desserte et de composition urbaine de la station sont ainsi le prolongement des voies existantes. L’axe qui fut imaginé par WATG, entre le cœur de la station et l’aéroport international de Makhatchkala, est renforcé par la création d’un monorail, offrant ainsi une alternative plus rapide d’accès au bord de mer. La nouvelle station balnéaire de Makhatchkala s’articule donc autour de cet axe majeur défini par le monorail. En outre, trois gares viennent desservir les principaux équipements de la station: le golf, le quartier des affaires et le centre de congrès. La définition de cet axe permet également de caractériser les différentes phases du projet. Ainsi le développement urbain de la sta100

tion se concentrera, dans une première étape, le long de cet axe, puis dans une seconde étape, au nord et au sud de celui-ci. De plus, la station balnéaire de Makhatchkala est située entre deux éléments forts du site: la Mer Caspienne à l’Est, et le lac à l’Ouest. L’aménagement urbain élaboré et les principaux équipements de la station viennent, en conséquence, souligner les deux visages de cette pièce territoriale. Ainsi, le golf s’oriente vers le lac tandis que le centre de congrès, agrémenté par la présence d’une marina, est situé côté mer, mettant ainsi en valeur les atouts du site, qui constitue

L’aménagement du front de mer de manière qualitative est ici un enjeu majeur de la composition urbaine de la station. L’interface entre la plage et le centre-ville fait donc l’objet d’un aménagement paysager, notamment par la création d’un parc humide, salin et naturel. Cet aménagement permet également de limiter fortement la circulation automobile en bord de mer, repoussée vers le centre-ville, libérant ainsi le maximum d’espace à proximité de l’eau pour la pratique d’activités de loisirs et la promenade. Il permet aussi d’offrir un complément diurne et nocturne à la plage, diversifiant ainsi l’offre touristique. Le zonage programmatique se décompose de la manière suivante: • Equipements administratifs, commerciaux et culturels le long de l’axe du monorail • Hôtellerie moyen et haut de gamme en bord de mer


160. Contexte du projet de la station de Makhatchkala.

161. Plan de développement de la ville de Kaspiysk conçu par l’agence WATG.

162. Positionnement par rapport au plan de développement.

159. Page de gauche, Concept du projet de la station de Makhatchkala.

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• •

Résidentiel individuel en bordure du golf Tissu mixte en cœur de quartier.

La distance des constructions par rapport à la plage, une réglementation de la hauteur maximum pour les hôtels, l’organisation d’un ensemble de villas plus basses intégré dans la trame urbaine, le faible coefficient d’occupation du sol à proximité du rivage, la création d’un paysage de proximité en recomposant une végétation d’essences natives, l’incorporation dans le design d’éléments de l’architecture caractéristiques du Daguestan (prescriptions architecturales), la mise en scène des équipements structurants, tout cela façonne l’identité de cette station. Enfin, l’édification de cette station balnéaire est envisagée comme une première étape de la réalisation du plan de développement de WATG. Une fois cette première centralité établie, il sera possible d’entamer le développement d’une nouvelle centralité plus au sud, notamment autour du futur Stade National.

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163. Esquisse du projet de la station de Makhatchkala. 164 à 172. Benchmarking


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6.2/ Balneo La station de Balneo est située entre la mer et le lac, dans le voisinage immédiat des cordons dunaires et des sanatoriums existants, avec un accès direct à la mer, ce qui permet de créer une atmosphère confortable de détente et de tranquillité. L’organisation urbaine de la station s’articule autour d’une des caractéristiques principales du territoire, la présence de sources thermales naturelles.

ter le développement. La station de Balneo n’a donc pas vocation à s’étendre. Elle peut cependant constituer un réseau avec d’autres stations balnéaires qui intégreraient un programme davantage résidentiel. Aujourd’hui comme hier, la pratique des bains (bania) tient une place privilégiée au sein de la culture russe. En ce sens, les sources thermales occupent une place centrale au cœur de cette station, la plage n’étant alors qu’un élément du décor. Les eaux thermales naturelles deviennent ici un produit touristique à part entière, et définissent l’identité et l’attractivité de la station.

L’aménagement des zones humides à proximité de ces sources reste léger (pontons et passerelles en bois, villas sur pilotis, parcours de santé) composant ainsi un parc naturel paysager qualitatif. A proximité de ce parc, les multiples équipements et hébergements de la station, implantés entre le cordon dunaire et le parc thermal, bénéficie ainsi d’une double orientation sur deux paysages naturels radicalement différents. Les multiples équipements et l’offre hôtelière proposés constituent, ensemble, un complexe thermal orienté autour de la balnéothérapie, d’activités récréatives et de procédures médicales de haute technologie. De plus, la présence de sources thermales naturelles est également le support privilégié pour la production et le commerce de produits cosmétiques et thérapeutiques autour des eaux thermales du site. Les équipements et locaux d’activités sont une composante majeure de cette station et s’organisent sur l’ensemble du site. 104

La présence de commerces de proximité, de restaurants et d’un théâtre en plein air permet d’animer la vie de la station en dehors des activités thermales. Enfin, afin de garantir la tranquillité du site, une aire de stationnement paysager est implantée à l’entrée de celui-ci et permet de desservir la zone commerciale, le théâtre et la zone industrielle thermale. L’ensemble des programmes sont développés lors d’une même phase afin de marquer le marché thermal autour de la Caspienne et de créer une réelle destination touristique. Cependant, afin de conserver le caractère naturel et apaisant de la station, il est indispensable d’en limi-

173. Contexte du projet de la station de Balneo. 174. Page de droite, Esquisse du projet de la station de Balneo. 175. Page de droite, Concept du projet de la station de Balneo. 176 à 183. Page suivante, Benchmarking.


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6.3/ Golden Sand Le projet de la station balnéaire Golden Sand vient s’implanter sur un ancien complexe de vacances soviétique aujourd’hui fermé. Une voirie principale vient traverser le site et desservir tous les différents complexes hôteliers et résidentiels, animée par des équipements tels que restaurants et petits commerces, où les vacanciers peuvent flâner au grès de leurs soirées estivales. Une promenade piétonne en front de mer, proposant des restaurants, bars et petites boutiques, vient se connecter à cet axe structurant de la station balnéaire. Les hébergements (hôtels, campings, bungalows, etc.) sont construits parallèlement au trait de côte. Ceux-ci sont largement ouverts sur l’extérieur, et traités le plus «horizontalement» possible afin de limiter l’impact visuel sur le paysage, notamment par des toitures planes végétalisées. De plus, un centre commercial et un parc d’attraction aquatique viennent s’insérer entre l’urbanisme existant et la nouvelle station balnéaire. Enfin, un espace boisé récréatif vient envelopper l’ensemble. En outre, les équipements proposés reflètent le concept de la station comme un lieu de divertissement et de loisirs sur le modèle de l’UCPA (Union nationale des Centres sportifs de Plein Air). Les activités proposées se déclinent tant sur terre (tennis, centres équestre, parc d’attraction aquatique) que sur la plage et la mer, avec ses activités liés directement à l’eau (kite-

surf, voile, beach volley, ...). La plage est ici un front animé diurne et nocturne, support de multiples activités. L’esquisse réalisée pour l’édification de cette station balnéaire répond à une première phase de construction du tourisme sportif sur le littoral caspien. Il sera tout à fait possible, par la suite, d’étendre la station vers le Nord. La station doit être fonctionnelle, accueillante et fournir aux vacanciers une sensation de sécurité et de convivialité. Les espaces publics sont donc composés comme des espaces dynamiques et accessibles à tous. Il s’agit de créer une station attractive, dont les aménagements garantiront sa pérennité dans le temps, et dont l’image assurera sa promotion.

184. Contexte du projet de la station de Golden Sand.

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185. Concept du projet de la station de Golden Sand. 186. Esquisse du projet de la station de Golden Sand. 187 Ă 194. Page de droite, Benchmarking.

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6.4/ Samour L’un des éléments caractéristique du site est son réseau hydrographique important, notamment par la présence du fleuve Samour, le troisième cours d’eau du Daguestan par son débit, dont l’alimentation provient des glaciers caucasiens. Ce dernier marque en amont la frontière entre la Russie et l’Azerbaïdjan sur près de 30 km. Avant son rejet en mer Caspienne, le Samour, se divise en de nombreux bras de rivière, formant un delta à cheval sur les deux pays. Ce territoire est, en outre, constitué de zones humides, marais ou de lagunes côtières peu profondes. L’intérêt principal du site vient cependant de sa diversité floristique et faunistique, notamment par la présence d’une forêt subtropicale, exceptionnel sous ces latitudes. Celle-ci, composée d’une variété d’essences remarquables tels que des résineux, des eucalyptus, et des feuillus tropicaux, est située dans la partie sud du delta, dont la surface est découpée par de nombreux ravins peu profonds. Cette forêt est aujourd’hui reconnue comme une réserve naturelle protégée. Les qualités paysagères et environnementales de cette réserve classe ce site parmi les plus intéressants de la Caspienne. La mise en place d’une offre touristique sur ce territoire doit tenir compte de cet environnement. Le second élément du décor est constitué par la plage, bien qu’assez étroite. Sans être éloignée, elle n’est pas pour autant facilement accessible 110

195. Contexte du projet de la station de Samour.


depuis la route. Le projet urbain doit en conséquence améliorer l’accessibilité du bord de mer depuis la forêt. Cet enjeu contribuera à l’ergonomie et à la fonctionnalité de la station et à la création d’un système récréatif qualitatif. Le biotope est également un constituant important de la qualité du site et un facteur de dépaysement valorisable. Son maintien assure la présence et la diversité de la faune et de la flore. La vaste zone lagunaire qui absorbe le trop plein des eaux douces de la forêt forme une réserve naturelle unique. Sa proximité par rapport à la Mer Caspienne est exceptionnelle pour la création d’une station écotouristique de bord de mer. C’est donc une caractéristique du site à préserver et à magnifier dans la conception globale du projet. L’embouchure du fleuve Samour, le biotope et la qualité des espaces boisés sont ainsi les supports de l’identité de la future station balnéaire. En conséquence, le site d’ancrage de cette dernière est situé entre la lisière de la zone forestière classée, afin d’y accéder facilement et de développer des activités de découverte et sportives, et la plage. Afin de connecter le site à la route fédérale M29, un ouvrage est prévu pour traverser le fleuve. A l’entrée du site, une zone de logistique pour décharger les camions de livraison, un parking relais paysager pour les vacanciers, un service de navettes électriques et un centre de location de vélos, permettent de limiter l’utilisation de

la voiture pour les déplacements au cœur de la station. Le centre de l’aménagement de celle-ci est ici constitué par un golf qui s’ouvre sur la mer en valorisant l’ensemble du foncier implanté sur sa périphérie. Les résidences hôtelières s’organisent ainsi autour de ce vaste espace et proposent deux façades contrastées, la première tournée vers la mer, la seconde orientée vers la forêt. Au sein de cette dernière, afin d’être au plus près des arbres, des petits éco-lodges sont disséminés de façon aléatoire. Ce type d’hébergement est conçu sur pilotis de façon à conserver la transparence des sous-bois (avec une emprise au sol limitée et un impact restreint des fondations), et dispose d’ouvertures suffisantes pour ne pas souffrir de la pénombre provoquée par la couverture végétale. Ces éco-lodges se regroupent pour former des ensembles modulaires, reliés par des passerelles en bois. Enfin, les constructions seront préfabriquées afin de limiter au maximum les nuisances et déchets liés aux chantiers.

Enfin, pour subvenir dans une certaine mesure aux ressources alimentaires de la station et pour répondre à une qualité de produits alimentaires «biologique», un potager est disposé dans la partie inconstructible du site. La localisation de la station à proximité d’un espace naturel protégé limite son développement. De ce fait, le plafond de 2 000 lits est proposé pour maintenir le caractère exceptionnel de celui-ci. Une première tranche de 150 logements pourrait être lancée (environ 750 lits) pour une emprise au sol de 10 000 m2 à 12 000 m2. Quant aux équipements, leur extension est dépendante du nombre de lits, de leur taux d’occupation et des autorisations administratives. La zone forestière étant classée, un développement futur de la station ne sera possible que vers le Nord-Ouest. En outre, le projet de la station balnéaire de Samour prend en compte les caractéristiques naturelles et environnementales du site d’implantation, créant ainsi un espace enveloppé dans un écrin végétal, un refuge naturel qualitatif à l’abri des regards extérieurs.

Quant aux équipements de loisirs (commerces, restaurant panoramique, etc.), ces derniers ponctuent l’aménagement et constituent des micro-centralités tout autour du golf. L’équipement majeur, qui se compose d’un complexe aqua-détente et d’un jardin tropical en intérieur, prend place au cœur du dispositif et marque la composition de l’ensemble. 111


196. Concept du projet de la station de Samour. 197. Esquisse du projet de la station de Samour. 198 Ă 206. Page de droite, Benchmarking.

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7/ Diversification de l’offre tique / Intégration temporelle

touris-

7.1/ Makhatchkala Business Beach Outre les attributs de la station touristique (plage, promenade, hôtels et restaurants), Makhatchkala possède des fonctions qui lui confèrent une réelle urbanité. Elle constitue un lieu polyfonctionnel, même si l’activité touristique y est principale et que beaucoup de fonctions urbaines sont en relation avec elle. La plage, quant à elle, joue un rôle économique clef, à travers son influence sur l’image de la station, et n’est pas seulement un secteur de jeu et de repos. L’offre touristique proposée au sein de la station balnéaire Makhatchkala est propre à satisfaire les vacanciers comme les citadins, qui souhaitent trouver, sur leur lieu de travail une densité et une diversité de services, ainsi qu’un niveau de confort similaires à ceux de leur lieu de résidence habituel. Ce haut niveau de services peut également attirer une population appartenant aux classes supérieures de la société russe, qui viendrait s’y installer à l’année. Les axes de développement sont tous destinés à répondre à une ambition bien précise qui est de faire de ce territoire une véritable ville touristique à l’année, et d’effacer le statut de simple station balnéaire estivale. Ouverture: Toute l’année 207, 208 et 209. Plan et perspectives de Makhatchkala.

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7.2/ Balneo Entre mer et lac, entre dunes et sources naturelles, le site capitalise sur son environnement naturel et offre aux visiteurs une multitude d’activités en extérieur (plages, promenades, bains de boues, sources thermales, balnéothérapie, etc.), qui peuvent se pratiquer en été comme en hiver. Ainsi, la nouvelle station thermale du Daghestan peut fonctionner toute l’année. Ouverture: Toute l’année Durée des séjours: de la journée à la semaine et plus

210 et 211. Plan et perspective de Balneo.

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7.3/ Golden Sand Golden Sand est « LA » station balnéaire sportive de la Mer Caspienne, elle accueille les familles, les adolescents et les enfants. Le sport sur la plage dément l’idée que l’on y va uniquement pour bronzer. Née au Brésil et en Amérique du Nord, le concept de plage sportive s’est étendu en Europe et dans le monde. Il s’agit de alors développer un site mêlant hébergements, équipements sportifs ainsi qu’une vie associative qui sait créer une dynamique collective mobilisant les vacanciers et des animations attractives. L’image véhiculée est donc très ludique, populaire et familiale.

ses nombreux canyons, permet d’offrir une variété d’activités culturelles, sportives et récréatives en dehors de la plage. La station possède donc toutes les caractéristiques pour devenir une destination de vacances privilégiée pour la population régionale. L’offre de loisirs et d’activités proposées à Golden Sand est orientée principalement autour des pratiques balnéaires mais également autour d’excursions culturelles et sportives possibles dans l’arrière-pays. Cependant, malgré la

diversification de cette offre, il n’est pas certain que celle-ci puisse fonctionner durant les mois d’hiver, l’économie de la station reposant principalement sur les loisirs de plage et les activités nautiques. Le projet est donc vulnérable sur le long terme si les objectifs de fréquentation fixés ne sont pas atteints. Ouverture: mi-avril à mi-octobre Durée des séjours: 7 jours et plus en fonction de la saison (villégiature estivale) 212 et 213. Plan et perspective de Golden Sand.

La station balnéaire de Golden Sand est un lieu où l’on vient faire du sport en famille ou entre amis, et qui nécessite donc des installations et des équipements spécifiques. Ainsi, les espaces extérieurs sont aménagés pour offrir un large panel d’activités sportives: tennis, équitation, randonnées, VTT, planche à voile, kite-surf, et beach volley. Les équipements de loisirs sont implantés au Nord comme au Sud de la station. Le cœur de ville, plus dense, propose un front bâti aménagé sur une promenade en bord de mer qui relie ces équipements et s’anime de restaurants, de kiosques et d’équipements de plage. De plus, la situation géographique de la station, proche de la ville de Derbent, dont la Citadelle est classée patrimoine mondial de l’humanité par l’UNESCO, et des montagnes du Caucase et 119


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7.4/ Samour Les activités proposées au sein de la station Samour s’articulent autour de la forêt avec des activités de marche, de ballade à vélo, d’accrobranche (avec des possibilités d’accès direct à la mer via une tyrolienne), du fleuve avec de la pêche, des ballades en bateau et canoë, et de la plage avec la création d’un embarcadère et des équipements de plage (rangement, bar de plage, école de ski-nautique, planche à voile…). Cependant, les activités proposées se pratiquant à l’extérieur, et étant donné le climat de la région en hiver, il est peu probable que l’ouverture de la station soit rentable durant les mois les plus froids. Ouverture: mi-avril à mi-octobre Durée des séjours: 7 jours et plus en fonction de la saison (villégiature estivale)

214 et 215. Plan et perspective de Samour.

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216. IdentitĂŠ et activitĂŠs des stations.

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8/ Intégration fonctionnelle Aujourd’hui, à cette étape du projet, il n’est pas possible de s’exprimer sur le degré d’intégration fonctionnelle (selon la définition de Sébastien Fougnie72) des stations balnéaires esquissées. Au-delà du débat sur l’usage de la démocratie participative en Russie, on peut supposer que dans ce cas précis, la complexité de l’administration russe, le manque de transparence dans les jeux d’acteurs, ainsi que les objectifs économiques qui dépendent de la réussite du projet, laissent peu de place à la parole des habitants.

pulation locale, en développant un cadre de vie attractif et qualitatif au bord de mer (prise de conscience des atouts de la Mer Caspienne, volonté de valoriser les plages et mise en place de leur entretien), d’impliquer la population locale dans le processus, être source d’un développement économique qui impactera de manière positive l’activité locale (culture de la vigne, artisanat, agriculture…) et de dépasser une activité saisonnière parfois artificielle pour favoriser une implantation pérenne et prolongée sur l’année.

Or, une vision du territoire, partagée par tous, basée sur la participation citadine dans l’élaboration de projets urbains et sociaux est essentielle afin d’assurer leur durabilité. L’autorité de la République du Daghestan doit mettre en place, au cœur du projet, un système de participation de l’ensemble des acteurs concernés, y compris la population locale. «Les lieux touristiques naissent et sont transformés par de multiples acteurs qui interagissent: touristes, entreprises, habitants, collectivités territoriales et États. La mise en tourisme, autrement dit, la création d’un lieu touristique, se présente donc comme un processus dynamique et anthropique.»73 Les enjeux fondamentaux des nouvelles stations balnéaires créées seront alors de changer le rapport entre un territoire particulier et la po72. FOUGNIE S., 2008, L’intégration géographique comme mode d’interprétation de l’évolution des stations balnéaires, Presse universitaires de Rennes.

73. LE BRAZIDEC N., 2009, Une approche géographique du tourisme dans un pays émergent. L’exemple du Brésil. Mémoire de Master 2. Paris : Institut des Hautes Études

de l’Amérique latine, Université Paris 3-Sorbonne Nouvelle.

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9/ Projet urbain et l’utopie à la réalité

gouvernance:

De

L’analyse critique de ces stations balnéaires créées ex nihilo au bord de la Mer Caspienne, à travers les notions d’intégration spatiale, fonctionnelle et temporelle, permet de déterminer la cohérence, en terme de durabilité, du projet développé pour chacune de ces stations. Concernant la station balnéaire de Makhatchkala, la prise en compte des éléments qui composent son territoire d’implantation (proximité d’un centre urbain important, plans d’eau remarquables, architecture locale, ...) dans l’élaboration de son plan d’aménagement, détermine son intégration spatiale et environnementale. Celle-ci s’attache à valoriser les espaces naturels existants et à créer une identité touristique qui corresponde aux enjeux actuels et aux opportunités économiques du territoire. On peut donc qualifier la station balnéaire de Makhatchkala comme étant une station environnementale au sens large. Le plan de la station de Balneo met également en valeur les caractéristiques principales du site sur lequel elle s’implante. L’exploitation maîtrisée des ressources naturelles de ce lieu permettra de développer des activités tout au long de l’année et de renforcer une identité territoriale déjà présente. Cependant, tout comme la station de Makhatchkala, cet aménagement ne s’ouvre pas sur son arrière-pays et ne participe donc pas à l’élaboration d’une dynamique éco124

nomique et touristique globale sur l’ensemble du territoire littoral. En conséquence, on ne peut pas identifier cette station comme étant éco-touristique mais environnementale.

Sur chacun des sites étudiés, nous avons envisagé notre intervention comme un acte fondateur, posant les bases d’un développement futur ou d’une activité nouvelle.

La station balnéaire de Golden Sand, quant à elle, a vocation à valoriser son arrière-pays, celui-ci étant identifié comme le support possible de multiples activités culturelles et sportives. Ce sont ces activités qui caractérisent l’image de la station et garantissent sa fréquentation durant les mois les plus chauds. Si la mise en place de structures touristiques et de loisirs n’assure pas le fonctionnement de la station tout au long de l’année, elle participe à une dynamique touristique et économique sur l’ensemble du territoire, incluant son arrière-pays. Elle correspond donc à une station éco-touristique, selon la définition de Sébastien Fougnie.

Le regard sur l’urbanisme des stations balnéaires françaises, notamment sur les stations de Deauville ou de Cabourg, nous a permis de considérer le territoire comme une composante essentielle à l’élaboration d’un projet urbain.

Enfin, concernant la station Samour, on peut également affirmer qu’il s’agit ici d’une station éco-touristique puisque son plan d’aménagement valorise le paysage forestier, le biotope et la géographie de ce territoire dans son ensemble. Sa réalisation permettra de faire connaître, auprès du grand public, la beauté et la richesse de ces paysages. Cependant, l’absence de la mise en place d’un processus de participation des habitants, afin que ceux-ci puissent influencer sur l’élaboration de ces projets, nous empêche de qualifier ces différentes stations comme étant des stations intégrées.

L’expérience balnéaire uruguayenne, quant à elle, nous a sensibilisé sur l’importance à accorder à la diversification des activités proposées, à la valorisation des richesses du territoire au sens large (ressources naturelles, patrimoine culturel et historique), ainsi qu’à la création d’une identité forte pour chacune des stations balnéaires esquissées. En outre, les enjeux fondamentaux de notre approche furent les suivants: •

Les sites devront interagir avec leur environnement direct (connexion à l’urbanisme existant, intégration paysagère...)

Développer une offre de loisirs variée qui va au-delà de la plage et la baignade.

Enrichir l’offre de tourisme balnéaire par un tourisme d’affaire (convention center, palais des congrès, centres de séminaires...)

Proposer une mixité dans les typologies et


les gammes de résidentiel (habitat à l’année, habitat saisonnier, collectif, individuel, en accession ou en locatif...) Cependant, au cours de l’élaboration de ces projets sur le territoire du Daguestan, nous avons pu constater que notre marge de manœuvre, face à un opérateur privé important et influent, reste minime. Nos propositions d’aménagement du territoire ne furent pas toutes retenues. De plus, un dialogue autour de ces projets avec la population locale, à l’image des projets développés sur le littoral uruguayen, n’a pas été possible. Il nous apparaît aujourd’hui que les objectifs de la maîtrise d’ouvrage répondent avant tout à une volonté de créer des stations balnéaires de haut standing, destinées à une population aisée, ceci afin d’attirer des investisseurs étrangers sur le territoire national. Les objectifs de rentabilité et de valorisation de l’image de la Russie en général, et du Daghestan en particulier, bien que louables, ne suffisent pas à créer un projet qui soit soutenable et pérenne. Or, il importe que ce projet touristique, afin de garantir la durabilité de celui-ci, s’accorde avec les besoins actuels et futurs des habitants, et prennent en compte leurs capacités financières en termes de tourisme et de loisirs. Le projet urbain doit répondre à une vision commune entre investisseurs privés, autorités publiques et habitants. Une approche globale de la gouvernance et des jeux d’acteurs, afin de construire

une identité territoriale touristique qui corresponde à tous, est essentielle. À cette fin, un document d’aménagement doit fixer dans le détail les conduites à tenir (il sera nécessaire pour chaque station). Celui-ci précisera également, entre autres, le programme global des constructions et des équipements publics à réaliser, les modalités prévisionnelles de financement échelonnées dans le temps, les modifications à apporter éventuellement à l’étude d’impact, les droits à construire attachés à chaque parcelle, les prescriptions techniques, urbanistiques et architecturales imposées sur l’ensemble du littoral, etc. Enfin, la mise en œuvre d’un document d’urbanisme, spécifique à l’aménagement de chaque station, permettra de contrôler son évolution au fil du temps. Le développement du tourisme balnéaire sur le littoral de la République du Daghestan nécessite en outre la réalisation d’une étude de marché du secteur et permettant de définir la capacité d’accueil finale de chacun des sites. Cependant, aujourd’hui, la poursuite de l’élaboration de ces quatre stations balnéaires est malheureusement incertaine en raison notamment de différents financiers entre la maîtrise d’ouvrage et la maîtrise d’oeuvre.

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217. JosĂŠ Ignacio, Uruguay

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E/ Conclusion: Retrouver l’«Esprit Station» Si l’urbanisation du littoral est aujourd’hui un fait avéré, c’est la vitesse de plus en plus élevée du phénomène qui constitue désormais un enjeu titanesque pour les pouvoirs publics, dont le rôle est d’en contrôler les impacts. Il s’agit à la fois de préparer l’accueil de populations nouvelles, de renouveler et de moderniser les activités, et de préserver l’usage d’un espace fragile de plus en plus convoité. La façon dont l’urbanisme façonne l’identité des stations balnéaires affecte directement non seulement la qualité de vie des habitants, mais aussi son environnement. Leur défaillance peut avoir des conséquences potentiellement graves: espaces publics inadaptés, stations désertée une grande partie de l’année, inondations, pollution des milieux naturels, absence de mixité sociale, etc. La prise en compte des caractéristiques environnementales, sociales et urbaines des territoires littoraux est d’une importance capitale dans l’élaboration d’un projet urbain, et de stations balnéaires en particulier. Chaque territoire comporte des particularités qui lui sont propres et doit donc être considéré comme un espace singulier. «L’optique de durabilité est aujourd’hui devenue une perspective incontournable pour les réflexions en termes de processus de développement. Une telle conception, alliant économie, environnement et social, s’avère particulièrement pertinente pour les stations balnéaires. 74. MARCELPOIL E. et LANGLOIS L., Protection de l’environnement et développement touristique en station : du conflit à l’organisation des proximités, Editions Développement

Ces dernières sont à la fois des objets socioéconomiques, mais également des supports de mesures de protection de l’environnement, conformément à l’idée de richesse écologique du littoral.»74 L’élaboration d’un projet urbain en vue de la création de nouvelles stations balnéaires sur un territoire encore dépourvu de structure touristique ou la requalification de stations existantes nécessitent de ce poser les questions suivantes: Vers quel urbanisme balnéaire s’orientons-nous aujourd’hui? Quelles stratégies d’aménagement du littoral adopter? Comment adapter la composition urbaine d’une station à un territoire qui a ses caractéristiques propres? Ces multiples questionnements incitent à se pencher sur l’histoire de l’urbanisme balnéaire. Comme nous avons pu l’observer, la France, qui comporte certaines des plus anciennes stations balnéaires, et qui possède un patrimoine littoral exceptionnel, est un territoire d’étude idéal pour ces questions. L’analyse des stations françaises a permis d’identifier les différents facteurs qui participèrent à leur élaboration, les modèles urbains qui furent mis en place à cette époque ainsi que les pratiques touristiques et sociales qui en résultent. Ceux-ci, longtemps considérés comme étant les plus rentables, d’un point de vue de l’optimisation de l’occupation de l’espace ainsi que de la facilité et de la rapidité de la mise en œuvre, et transposés sur de multiples territoires, furent à l’origine de nombreux problèmes spatiaux, sociaux et environnementaux, aggradurable et territoires.

vés par le vieillissement naturel des stations et l’évolution du mode de vie des occupants. Aujourd’hui, l’objectif, pour de nombreuses stations, en France comme à l’étranger, est d’atténuer les effets négatifs générés par ce mode d’intervention sur les territoires littoraux. Tout comme les stations balnéaires françaises, celles d’Uruguay doivent répondre à ces multiples enjeux. La particularité de l’expérience uruguayenne réside dans la mise en place et la réussite d’un processus de valorisation de leur territoire afin de renforcer leur attractivité touristique. L’observation des stratégies de développement élaborées sur la côte uruguayenne a permis de se rendre compte des potentialités de développement des stations balnéaires si on considère le territoire du littoral de manière plus large et si l’on prend en compte les multiples facettes qui le composent. L’objectif de cette recherche sur l’urbanisme des stations balnéaires fût de confronter l’élaboration d’une nouvelle destination touristique en bord de mer aux préceptes de l’urbanisme français et aux stratégies mises en place sur le territoire littoral uruguayen. Il en ressort que l’élaboration d’une station balnéaire ex nihilo est un processus complexe, qui nécessite une observation approfondie des caractéristiques propres du territoire d’accueil. Les jeux d’acteurs ont également un rôle important dans l’élaboration d’un projet urbain, qu’il convient de développer, notamment dans le cas des stations balnéaires au Daghestan, afin que l’ensemble des acteurs 127


concernés puissent prendre part au processus, et ainsi s’identifier aux aménagements réalisés. L’élaboration de regards croisés sur les stations balnéaires en France, en Uruguay et en Russie montre qu’il n’existe pas de recettes d’aménagement qui soient transposables d’un territoire à un autre. On peut cependant esquisser des enjeux et orientations communs: préservation du milieu naturel, implication de la population locale dans le processus d’aménagement urbain, diversité des loisirs et activités proposés, intégration des stations dans leur territoire, mise en valeur des richesses des arrières-pays et des cultures et activités traditionnelles. En outre, la réalisation de ce mémoire m’as permis de porter un regard critique sur les projets développés au bord de la Mer Caspienne et de considérer de manière plus sensible l’élaboration de projets urbains sur le littoral. De plus, son élaboration a permis de mettre en parallèle mon expérience en tant qu’usager des stations balnéaires françaises puis uruguayennes, ma participation au plan d’aménagement du département de Maldonado au sein de l’Institut d’Urbanisme de Montevideo, et enfin le travail accompli au cours de mon apprentissage au sein de l’Atelier Villes et Paysages. Le chemin qui reste à parcourir afin de préserver ce qui constitue l’attrait du littoral, tout en développant de nouvelles stations, est encore long, mais des solutions existent. Elles nécessitent non seulement une solide volonté poli128

75. DATAR, 2004, Construire ensemble un développement équilibré du littoral, Paris, La Documentation Française.

tique associée à un engagement de l’ensemble des acteurs concernés, un intérêt fort pour ce qui concerne la protection de l’environnement littoral, mais aussi et surtout une remise en question des modèles d’aménagements préétablis.

équilibre entre attractivité touristique, préservation du littoral, et qualité de vie tout au long de l’année. Leur avenir réside dans leur capacité à définir leur identité touristique propre sans porter préjudice à l’environnement naturel dont elles dépendent.

«Le littoral est et doit rester un espace de liberté, qui continue d’incarner cette fonction de plaisirs et de ressourcement dont témoignent sa fréquentation estivale et l’attrait croissant du public pour les propriétés du Conservatoire du littoral. La préservation du caractère naturel du rivage, de la liberté de l’accès à la mer et le maintien de la diversité et de la typicité des paysages maritimes restent en tout état de cause des priorités.»75 Il nous faut aujourd’hui, que ce soit à travers l’élaboration de nouvelles stations ou que ce soit par la requalification de stations existantes, retrouver «l’esprit station» qui caractérise l’attrait des stations touristiques sur le littoral. Ces dernières doivent continuer à illustrer l’imaginaire propre au rivage, à représenter un lieu de vie attractif et qualitatif pour les populations locales comme pour les populations extérieures, par la mise en place d’espaces de détente, de partage, de rencontres, d’évènements festifs, et d’activités sportives, récréatives et de découverte. A mon sens, les stations balnéaires ne sont pas destinées à devenir des villes à part entière mais des entités à part entre terre et mer. Elles doivent, dans les années à venir, trouver un

218. Cabo Polonio, Rocha, Uruguay


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219. JosĂŠ Ignacio, Uruguay

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Annexe

La loi de protection du littoral en France 1 - L’urbanisation est interdite dans certains types d’espaces a - Disposition dite «espaces naturels remarquables» (art. L 146-6 du Code de l’Urbanisme) Sont inconstructibles les espaces naturels qui constituent un site ou paysage remarquable ou caractéristique du patrimoine naturel ou culturel du littoral, sont nécessaires au maintien des équilibres biologiques ou présentent un intérêt écologique. Seuls y sont autorisés des aménagements légers lorsqu’ils sont nécessaires à leur gestion, leur mise en valeur économique ou leur ouverture au public. À condition toutefois qu’ils ne dénaturent pas le caractère des sites, ne compromettent pas la qualité paysagère et architecturale de l’espace, et ne portent pas atteinte à la préservation des milieux. Peuvent y déroger les travaux ayant pour objet leur protection, et certains aménagements lourds (ouvrages nécessaires à la sécurité maritime ou aérienne, à la défense nationale, aux services publics portuaires hors plaisance dont la localisation répond à une nécessité technique impérative). b - Disposition dite «bande des 100 mètres» (art. L 146-4-III et L 146-5 du CU) En dehors des espaces urbanisés, les constructions ou installations sont interdites sur une bande littorale de 100 mètres à compter de la

limite haute du rivage. Les campings y sont également interdits. Des dérogations sont envisageables pour les «installations nécessaires à des services publics et des activités économiques exigeant la proximité immédiate de l’eau». c - Disposition dite «coupures d’urbanisation» Sont inconstructibles les coupures d’urbanisation. Les documents d’urbanisme locaux doivent les préserver. d - Disposition dite «espaces boisés les plus significatifs». Sont inconstructibles les espaces boisés les plus significatifs. Les documents d’urbanisme locaux doivent les préserver et les classer en Espaces Boisés Classés au titre de l’article R 130 du Code de l’urbanisme.

agglomérations et les villages existants. À titre dérogatoire, elle peut se faire sous la forme de hameaux nouveaux intégrés à l’environnement. 3 - La création de routes nouvelles est soumise à conditions (art. L 146-7) Les nouvelles routes de transit doivent être localisées à une distance minimale de 2 km du rivage. La création de nouvelles routes est interdite sur les plages, cordons dunaires, dunes ou en corniche. Les nouvelles routes de desserte ne peuvent être établies sur le rivage, ni le longer.

2 - L’urbanisation est encadrée dans certains types d’espaces a - Disposition dite «espaces proches du rivage» (art. L 146-4-II du CU) Dans les espaces proches du rivage, l’extension de l’urbanisation est possible mais doit être justifiée et limitée. En l’absence de SCOT, les ouvertures de zones à l’urbanisation doivent obtenir l’accord du préfet. b - Disposition dite « urbanisation en continuité de l’existant » (art. L 146-4-I du CU) Sur l’ensemble du territoire communal, l’urbanisation doit se faire en continuité avec les 131


220. La Barra, Uruguay

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137


Table des Illustrations

Première et dernière de couverture: UDELAR, La Frontera del Agua, el paisaje costero del Uruguay, Universidad de la Republica, (www.farq.edu.uy) Image page 4: Atelier Villes et Paysages. Tous droits réservés Image page 5: Marie Baguet. Tous droits réservés Image 1, 2, 11 à 22, 25, 28, 35 à 40, 62 à 64, 68 à 87, 89 à 108, 112 à 115, 118 et 119, 217 à 220: Marie Baguet. Tous droits réservés Image 3: www.saintgeorgesdedidonnehier.blogs.sudouest.fr Image 4: www.fao.org Image 5 et 6: www.linternaute.com/actualite/magazine/ photo/a-quoi-ressemblaient-nos-vacances-autrefois Archives de Danielle Brun et Daniel Thierry Image 7: www.herve-tavernier.e-monsite.com Image 8: www.lusile17.centerblog.net 138

Image 9: www.critikat.com Image 10: www.toutlecine.com Image 23: Charlélie Coutinho, 2008 www.survoldefrance.fr Image 24: www.commons.wikimedia.org Image 26: www.odile-halbert.com Image 27: Christian de Lucca, 2005 www.survoldefrance.fr Image 29: www.sallevirtuelle.cotesdarmor.fr Image 30 et 31: www.projetsdepaysage.fr Image 32: www.macamargue.net Image 33: Christophe Ben, 2009 www.survoldefrance.fr

Image 34: Charlélie Coutinho, 2008 www.survoldefrance.fr Image 41: www.paperblog.fr Image 42: www.surfsession.com Image 43: Frédéric Hédelin www.nautisme.lefigaro.fr Image 44: Bruno Boudet, 2008 www.survoldefrance.fr Image 45: Etienne Louis, 2007 www.survoldefrance.fr Images 46 à 54: Martin Parr, www.martinparr.com Image 55 à 61: Massimo Vitali, www.massimovitali.com Image 65: www.energiaeolica.gub.uy Image 66: www.vivapunta.com


Image 67: www.puntadeleste.olx.com.uy Image 88: www.trekearth.com Image 109 et 110, 116: www.maldonado.gub.uy Image 111: www.fincababieca.com.uy Image 118, 120 à 163, 173 à 175, 184 à 186, 95 à 97, 207 à 216: Atelier Villes et Paysages. Tous droits réservés Image 164: Oslo Opera House / Snohetta www.archdaily.com Image 165: Centre commercial Beaugrenelle / Paris www.agencesearch.fr Image 166: www.skippers.tv Image 167: Intercontinental Sanya Resort / WOHA www.plataformaarquitectura.cl Image 168: Rio 2016 Golf / Gil Hanse www.archdaily.com

Image 169, 171, 176, 179, 181, 183, 188, 189, 190, 194, 202, 206: Google image Image 170: CityCenter’s people mover / Las Vegas www.treehugger.com Image 172: Centre des congrès / Lyon www.lyon-france.com Image 177: www.thermes-les-ecureuils.com Image 178: Blue Lagoon / Islande www.azurever.com Image 180: Blue Lagoon / Islande / Sisse Brimberg www.nationalgeographic.com Image 182: Les bains des docks / Le Havre / Jean Nouvel www.trendsnow.net

www.architecture-and-sport.com (consulté le 15/08/2013) Image 198: Center Parc les Tois Forêts www.centerparcs.com Image 199: Jardin des glaciers de Baie-Comeau www.flickr.com Image 200: www.1000-annonces.com/vente-immobilier/ belgique/chalet-6-personnes-center-parcs Image 201: www.architectsjournal.co.uk Image 203: www.tourisme-broceliande.com Image 204: www.beg-ing.com Image 205: www.rantsports.com

Image 191: www.dedominicis.fr Image 187 et 192: www.es.wikiarquitectura.com Image 193: Le Grand Stade / Fontainebleau / Joly & Loiret 139


Table des Matières

Notice Analytique PFE

A/ Introduction .................8

Situation .......................4 Remerciements ...................5

B/ Essor, développement et urbanisme des stations balnéaires en France .........................11

Sommaire ........................6

1/ Les facteurs de l’essor des stations balnéaires ...................11 1.1/ Les campagnes de stabilisation du littoral et la question foncière. 1.2/ L’apparition des congés payés. 1.3/ Le développement des modes d’accès, facteur de la fréquentation touristique. 2/ Le développement des stations balnéaires ............................14 2.1/ L’essor du thermalisme et de la balnéothérapie. 2.2/ Du curatif à l’héliotropisme. 2.3/ Évolution vers un tourisme de masse. 3/ Les modèles d’organisation urbaine .........................16 3.1/ La géographie du littoral, typologies et particularités. 3.2/ Les grands modèles d’aménagement urbains des stations balnéaires. 3.3/ Des stations balnéaires préexistantes aux stations balnéaires créées ex-nihilo, l’exemple

140

de la Grande Motte. 3.4/ Un aménagement urbain stratifié. 3.5/ La Plage, centre de la station balnéaire. 4/ Temporalités et Pratiques .......30 4.1/ Les stations balnéaires au fil des saisons. 4.2/ Les pratiques balnéaires aujourd’hui. 5/ Bilan urbain et touristique des stations balnéaires françaises .....31


C/ Vers quelles stratégies de développement responsable? .......33 1/ De multiples enjeux .............33 1.1/ La nécessaire protection du Littoral. 1.2/ Phénomène de mode et urbanisation. 1.3/ Le développement d’enclaves touristiques. 1.4/ Tourisme, équipement et capacité d’accueil. 1.5/ La mutation des pratiques touristiques. 1.6/ Vers une perte d’identité du territoire littoral.

fonctionnelle et temporelle des stations balnéaires. 3.2/ Les stations environnementales (SEN), ou l’intégration des préoccupations environnementales. 3.3/ Les stations éco-touristiques (SEC), ou l’intégration du potentiel touristique de la nature littorale. 3.4/ Les stations intégrées (SLI), ou la production du modèle d’aménagement touristique durable. 4/ Conclusion ......................75

2/ Stratégies pour un aménagement durable du littoral, l’exemple du département de Maldonado en Uruguay .....48

D/ Vers un Urbanisme Balnéaire Intégré: Mise en pratique au bord de la Mer Caspienne en Russie .....77 1/ Contexte de la mission ..........77 2/ Quel avenir pour la Mer Caspienne? ...............77 2.1/ Environnement, croissance urbaine et patrimoine. 2.2/ Le développement touristique de la Mer Caspienne aujourd’hui. 3/ Le Daghestan, nouvelle destination balnéaire? .........................80 3.1/ Situation politique, économique, touristique et sociale du Daghestan. 3.2/ Vers une nouvelle destination touristique en Russie.

2.1/ Les stations balnéaires dans le département de Maldonado. 2.2./ Plan de Ordenamiento Territorial de Maldonado. 2.3/ Intégration spatiale et environnementale: Pour une inscription des stations balnéaires dans leur territoire. 2.4/ Intégration Temporelle: Des stations balnéaires pour vivre au fil des saisons. 2.5/ Intégration fonctionnelle: Vers une urbanité assumée.

4/ Analyse et choix des différents sites ..............................82

3/ Vers de nouveaux modèles de stations balnéaires ...................72 3.1/ Intégration spatiale, environnementale,

5/ Quatre stations balnéaires: Concept thématique et positionnement économique ..............................98

4.1/ Topographie, hydrographie et accessibilité du littoral au Daghestan. 4.2/ Analyse des sites potentiels. 4.3/ Critères et choix des sites.

141


Annexes 5.1/ Makhatchkala Business Beach. 5.2/ Balneo, la station thermale. 5.3/ Golden Sand, la station sportive. 5.4/ Samour, la station découverte. 5.5/ Une offre touristique diversifiée sur le littoral caspien. 6/ La prise en compte du contexte dans le projet / Intégration spatiale et environnementale ..................100 6.1/ 6.2/ 6.3/ 6.4/

Makhatchkala Business Beach. Balneo. Golden Sand. Samour.

7/ Diversification de l’offre touristique / Intégration temporelle ....114 7.1/ 7.2/ 7.3/ 7.4/

Makhatchkala Business Beach. Balneo. Golden Sand. Samour.

8/ Intégration fonctionnelle ......122 9/ Conclusion et gouvernance: De l’utopie à la réalité ..................124

E/ Conclusion: retrouver l’esprit station .......................127 142

131

1/ La Loi Littoral en France ......131

Bibliographie .................133 Table des Illustrations .......138 Table des Matières ............140


143


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