Plaquette PFE 2017 MClaudinot

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[l'intervalle] Renouvellement urbain du centre historique de Perpignan

Agir sur le bâti pour dynamiser l’espace public

PFE 2017 - Présenté par Marie CLAUDINOT Domaine : Architecture & Milieux Directeur d’étude : Guy Jourdan



Intervalle

(n.m)

Espace de temps entre deux instants Espace qui sépare un lieu d'un autre Les écarts et les intervalles qui séparent les constructions permettent d'en saisir la forme et d'établir entre elles des relations signifiantes. L'espace comme forme, les intervalles comme choses. N'est-ce pas dans ce creux hospitalier de ces constructions que réside le vide de l'architecture ? Nous habitons tous autant dehors que dedans. Ce n'est pas seulement la maison que j'habite mais ici mon pallier, ici ma rue, ici près des arbres, ici dans la clairière. Et ainsi l'extérieur du contenu est encore du contenu, et le parvis de la maison est aussi un contenu. Un retournement de la négativité? (...) S'il n'y avait précisément d'architecture que de l'espacement, s'il se trouvait que l'expérience du vide y avait été plus déterminante que celle de l'édifice. Ce que j'ai désigné comme l'espace du désastre, c'est l’absence d'un rapport calculé entre toutes choses qui est le fruit d'un travail du négatif. Construire deux ensembles collés bord à bord et tous deux intelligibles, l'un positif, concret, visible, l'autre qui adhère à lui, invisible et qui est son négatif, l'espace creux qu'on nomme normalement dehors - telle est la difficulté qu'affronte tout architecte. (...) On conviendra qu'il faut un dehors au dedans. Mais qu'en est-il du dehors de la maison, sinon qu'il ne peut être neutre puisqu'il fait lien entre les édifices. L'espace n'appartenant à personne, il appartient à tous. Creuset de la démocratie ? Henri Gaudin : "le vide est ce qui relie" Conférence Centre Pompidou 2010


SOMMAIRE

AVANT-PROPOS

p.7

1. CONSTATS SUR LA VILLE DE PERPIGNAN

p.9

2. LE PROJET URBAIN

p.49

-

Désenclaver St Jacques Redonner une place aux piétons Améliorer les espaces publics La mixité oui mais laquelle ?

p.50 p.52 p.54 p.58

3. LE PROJET ARCHITECTURAL

p.61

-

-

Une ville sur son territoire p.10 Un climat méditerranéen p.12 Des risques naturels p.14 Le mitage du paysage p.16 Une ville hétérogène p.18 Sur-densité du centre historique p.20 St Jacques, un quartier particulier p.24 Un quartier enclavé p.26 Une volonté politique p.28 Un quartier moyenâgeux p.32 L'espace public p.37 La question sociale p.44

Un îlot entre deux espaces publics p.62 Créer des intervalles p.64 Créer un lien entre espace public et privé p.72 Re-dessiner l'espace public p.80 Un programme de logements p.86 Penser la flexibilité p.88 Matériaux et ambiances p.102


CONCLUSION

p.106

BIBLIOGRAPHIE

p.107

REMERCIEMENTS

p.108



AVANT-PROPOS

Ce rapport illustre la démarche créative d’un Projet de Fin d’Etudes sur le thème du renouvellement urbain à Perpignan. L’enjeu est de mettre en lumière les réflexions qui ont permis d’envisager ce projet complexe, qu'elles soient urbaines comme architecturales : Quel impact peut avoir un bâti sur l'espace public d'une ville? Comment peut il aider ce dernier à mieux fonctionner ? Ainsi, dans ce projet, il a été question d’établir un regard sensible sur le sujet très dur que représente la rénovation urbaine qui touche aujourd’hui le centre ville de Perpignan récemment intégré au PNRU (Plan National de Rénovation Urbaine). Ce travail, qui a commencé en S9 (permettant ainsi de définir une partie du projet urbain utilisé pour le PFE) s’achève avec ce projet qui tente d’apporter une solution ciblée à un problème urbain particulier du quartier St Jacques.

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Vue de l’agglomération de Perpignan depuis le quartier Moulin à Vent


1. CONSTAT SUR LA VILLE DE PERPIGNAN


UNE VILLE SUR SON TERRITOIRE

Perpignan est une ville du Sud-Ouest de la France. La ville est entourée d’un paysage particulier marqué par la chaîne pyrénéenne au Sud et à l’Ouest et par la mer Méditerranée et ses étangs à l’Est (Perpignan se trouve à 13km de la mer et 85km de la première station de ski). De même, la ville se trouve à quelques kilomètres de la frontière espagnole. Elle est la dernière ville méditerranéenne d’importance avant l’Espagne. (Barcelone se trouve à 190km). Perpignan entretien donc un fort lien avec l’Espagne et particulièrement avec la Catalogne (Perpignan fait partie du pays Catalan - région qui s’étend entre l’Espagne, l’Andorre et la France où le Catalan est parlé). Malgré tout, Perpignan ne profite pas de cette position centrale entre Barcelone et Montpellier et reste une des villes les plus pauvres de France.

Le paysage de Perpignan Carte topographique de la plaine du Roussillon 10


Montagne

Etangs

Rivières Plaine

Littoral


UN CLIMAT MÉDITERRANÉEN

amène des précipitations abondantes.

A Perpignan, la période d’Hiver est caractérisée par un ensoleillement supérieur à la moyenne (443h en moyenne), des températures douces (12°C en moyenne), un taux d’humidité et des vents plus forts qu’en Été (67% d’humidité). La période d’Été, elle, est caractérisée par des températures assez hautes (19,8°C de moyenne), un taux d’ensoleillement fort (709h en moyenne), des vents forts et un taux d’humidité supérieur à 50%.

L’humidité et l’ensoleillement influent sur les températures ressenties. Comme nous avons pu le noter précédemment, la forte humidité est principalement due au vent, le Marin, qui vient de la mer. De plus, la région des Pyrénées-Orientales est soumise aux épisodes de pluies Cévenoles se déroulant au mois d’Octobre, c’est pourquoi l’humidité est la plus importante sur cette période (environ 75mm de pluie sur un mois avec un taux de 80% d’humidité). C’est aussi à partir du mois d’Octobre que l’ensoleillement diminue pour passer sous la barre des 200h d’ensoleillement/mois. Ainsi, la température commence elle aussi à baisser pour passer en dessous des 20°C. *

Le climat Méditerranéen est caractérisé par des températures douces (15°C en moyenne), un taux d’humidité et un vent assez forts.

Les vents dominants sont le Marin et la Tramontane. En moyenne, la vitesse du vent est de 18km/h mais on remarque qu’en Hiver le vent atteint des pics de force bien plus importants qu’en Été, ce qui influe beaucoup sur la température ressentie. La Tramontane, est un vent du NordOuest. C’est un vent violent et froid (surtout en températures ressenties) soufflant par rafale pouvant aller jusqu’à 100km/h. Il souffle souvent au printemps et sur des périodes continues pouvant durer jusqu’à une semaine. Le Marin, est un vent du Sud-Est qui souffle sur le littoral méditerranéen. C’est un vent fort et régulier, parfois violent mais doux. Il est très humide et 12

* Source: Climat Consultant


Tableau des tempĂŠratures et taux d'humiditĂŠ


DES RISQUES NATURELS

Perpignan se situe sur une plaine traversée par deux cours d’eau : la Têt et la Basse, qui, lors des épisodes Cévenoles, sortent souvent de leur lit. Malgré tout, beaucoup de travaux ont été faits pour enrayer les crues et aujourd’hui il y a de moins en moins d’inondations. Le centre ville qui est bien plus élevé que les berges de la Têt ne risque pas l’inondation. Par contre, cette zone ayant un sol très perméable et peu d’espace végétalisé, est exposé au phénomène du ruissellement qui peut avoir aussi comme conséquence des inondations dans les points bas de la ville. La hauteur de la ville peut varier de 8 à 95 mètres au dessus du niveau de la mer. Ce qui provoque de forts dénivelés, surtout dans le centre ville. Les risques sismiques existent à Perpignan (en zone 3 de la carte sismique) à cause de la chaîne Pyrénéenne qui se trouve à proximité. Le dernier séisme ressenti date du 26 octobre 2016 avec une magnitude de 3,6 sur l’échelle de Richter. Même si ces séismes ont généralement une force assez faible, tout nouveau bâtiment doit être construit en respectant les normes antisismiques en vigueur. Cette situation peut poser problème 14

si l’on veut réhabiliter le centre ville historique qui est constitué majoritairement de bâti en pisé construit sans fondations.


1. Carte du réseau pluvial et des risques d’inondation

2. Carte des risques sismiques du massif pyrénéen planseisme.fr

3. Les éléments du site de Perpignan A.Marrez, Les origines de Perpignan, Article publié dans revue géographique des Pyrénées et du Sud-Ouest, 1936


LE MITAGE DU PAYSAGE

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L’étalement urbain est très important dans l’aire urbaine perpignanaise provoquant le mitage du paysage. On remarque que la population préfère s’installer dans les villages de la première couronne pour profiter du cadre de vie agréable qu’ils offrent grâce au peu de densité urbaine. Ainsi, on retrouve dans ces zones périurbaines les familles qui ont besoin de logements plus grands et sont à la recherche d’espaces extérieurs sécurisés pour permettre à leurs enfants de jouer. Un des objectifs de la mairie de Perpignan est donc de recentrer son urbanisation sur sa ville et particulièrement sur la centre pour éviter que les ménages partent dans les communes alentours. Cela passe alors par une réorganisation du tissu urbain afin d'offrir de meilleurs espaces bâtis mais aussi de meilleurs espaces publics aux habitants à la recherche de nature en ville.


1. Identification des villages de l’agglomération perpignanaise

2. Schéma explicatif de l’étalement urbain


UNE VILLE HETEROGENE

Perpignan c’est peu à peu étendue au delà de ses remparts (qui ont presque totalement disparus) pour aujourd’hui toucher les villages qui l’entourent. Cet étalement urbain (discontinu) a principalement suivi les axes routiers. Ce phénomène a créé de nouveaux quartiers très différents des quartiers du centre ville amenant alors à un patchwork urbain tant les différences urbaines comme sociales peuvent être grandes entre les quartiers. Le centre ville, plus encore que le reste, concentre ces disparités. Par exemple, le quartier St Jacques, où l’on se concentrera pour le projet, est l’un des quartiers les plus pauvres de Perpignan, avec St Mathieu. Entre ces deux quartiers déshérités, se trouvent les quartiers de St Jean et la Réal qui sont, eux, des quartiers commerçants bien plus riches et fréquentés.

Quelques chiffres : Superficie totale de Perpignan : 68,07km2 Population de Perpignan : 120 100 habitants (une population permanente de 117 905 habitants) (2009) Nombre de logements: 64 340 logements (dont 2 195 résidences secondaires et plus de 10% de logements vacants) Densité: 1 764,36 habitants/km2 (2009) Évolution démographique de la ville: 760 à 1 200 habitants de plus par an (Une augmentation de 25% est prévue à l’horizon 2030) Composition des ménages: 39% de célibataires, 41% de couples mariés et 11% de divorcés. Nombre de personnes par ménage: 2,04 personnes (contre 2,27 personnes par ménage dans l’agglomération) Classe d’âge : 23,2% de la population est constituée par les moins de 20ans et 25,3% par les 60ans et plus. La population est plus âgée que la moyenne nationale. (Une augmentation de 77% est prévue pour la classe d’âge des 60ans et plus à l’horizon 2030) Prix moyen du m2 à Perpignan centre (appartement): 1 521 € Prix du moyen du m2 dans l’agglomération (maison): 1 879 € 77% des ménages de Perpignan sont exonérés de taxe d’habitation (taux le plus fort de France)

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1. Développement de Perpignan entre 1966 et 2006 Fanny Romain, La construction des paysages fluviaux urbains au Nord de la Méditerranée, publié dans Projets de paysage le 23/12/2009

2. Les quartiers de Perpignan, un patchwork urbain


SUR-DENSITE DU CENTRE HISTORIQUE

La sur-densité est le principal problème du centre historique. A cause de cette forte densité, les habitants sont en manque d’espaces publics et d’espaces végétalisés en général, ce qui , en plus de rendre le centre peu agréable pour la population, pose aussi le problème de l’îlot de chaleur urbain. Le tissu dense engendre des rues étroites qui ne sont pas du tout adaptées à une circulation à la fois automobile et piétonne. Malheureusement, le plus souvent c’est la voiture qui prend le pas sur le piéton et le centre se voit alors déserté car très peu agréable pour la promenade: l’espace public est aujourd’hui envahi par la voiture. Une zone piétonne et la circulation d’un petit bus ont été décidés dans une petite partie du centre ancien pour remédier à ce problème et relancer le commerce. Mais le centre reste désert car aujourd’hui il est concurrencé par les grandes zones commerciales implantées aux abords de la ville qui, elles, permettent une circulation piétonne sécurisée sans confrontation avec la voiture. On dénombre un taux de -26 magasins/an dans le centre historique de Perpignan.

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1. Identification des espaces végétalisés En dehors du centre ville de Perpignan, la ville est assez arborée grâce aux cultures, aux jardins de particuliers environnants et aux rives des cours d’eau (La Têt et la Basse) qui forment des poches végétales. Par contre, dans le centre ville historique la présence d’arbres se fait rare (à peine 10ha).

2

100m

2. La circulation aux abord du centre historique Les boulevards prenant place sur l'emplacement des anciens remparts encerclent le centre et forment une frontière. La voiture peut difficilement pénétrer à l'intérieur du centre historique. Malgré tout, une grande rue carrossable traverse le centre en desservant les principaux points commerciaux. Cette rue est très fréquentée par la voiture et pousse le piéton a utiliser les rues plus petites et souvent moins commerçantes.



Minorité (n.f)

Ensemble de ceux qui se différencient dans un même groupe. Une minorité désigne au sens large, un groupe humain englobé dans une collectivité plus importante. La catégorie de minorité est tout à fait relative, toujours susceptible de se déplacer, car elle dépend du contexte et du point de vue emprunté. (…) L’enjeu fondamental soulevé par l’existence de minorités est celui du degré d’hétérogénéité culturelle et sociale qu’une nation ou qu’une société peuvent accepter en leur sein. En amont, la notion de minorité renvoie donc à une problématique qui est celle de la construction sociale de l’identité collective et du rapport à l’altérité : quelle image la collectivité se fait-elle d’elle-même ? Comment assure-t-elle une cohésion sociale et culturelle interne ?

Historiquement, le terme « minorités » (employé au pluriel) a pourtant longtemps été utilisé pour désigner plus spécifiquement un peuple (défini en référence à l’ethnie et/ ou à la langue ou à la religion) inclus dans un Etat comportant une nation dominante. Dans les sociétés antérieures à l’État-nation moderne, les minorités furent sujettes à l’arbitraire du pouvoir central. La « politique des minorités » a principalement consisté à diviser pour mieux régner et à subordonner les minorités en imposant l’allégeance au groupe dominant. Un régime de protection pouvait leur offrir quelques garanties tout en les tenant dans un rang inférieur. Mais, en raison même de leurs différences, les minorités, notamment celles rassemblées et concentrées en milieu urbain (ghettos), furent souvent objet de racisme ; elles firent aussi parfois office de bouc émissaire, avec transfert de violence. (…) Dans le monde occidental, les phénomènes d’oppression organisée des minorités ont largement coïncidé avec la naissance des Etats-nations. La question des minorités au sein des Etats-nations renvoie aussi notamment au « principe des nationalités », mis en œuvre en particulier au XIXe siècle et qui préconise la coïncidence de l’ethnie et de l’État. (…) Le mauvais ajustement des frontières politiques et de la carte des minorités demeure une source permanente de revendications, de conflits et de déstabilisations géopolitiques. Dictionnaire des Sciences sociales, Jean François Dortier, 2013, Edition Sciences Humaines

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Quelques chiffres :

ST JACQUES, UN QUARTIER PARTICULIER

St Jacques est un quartier bien spécifique de Perpignan. Il est surtout caractérisé par la présence historique de la communauté gitane (environ 60% des habitants de St Jacques font partie de la communauté gitane) qui a été une des premières communautés gitanes de France à s’être sédentarisée à partir des années 1820. La communauté gitane se partage St Jacques avec la communauté maghrébine (environ 40% des habitants de St Jacques sont issus de la communauté maghrébine). La cohabitation entre ces deux communautés foncièrement différentes peut parfois amener à des heurts: en 2005 de violents affrontements se sont produits entre les deux communautés faisant des morts et des blessés.

La Rue des Cuirassiers au coeur du quartier St Jacques (photo 2016) 24

Superficie: 0,19 km2 Le quartier est divisé en deux zones qui sont habitées par deux communautés différentes (la communauté gitane et la communauté maghrébine) Nombre d’habitants à St Jacques: 5 672 habitants (2010) La population est relativement jeune (29% ont entre 11 et 24 ans) On remarque par contre qu’il y a beaucoup moins de femmes que d’hommes Composition des ménages : 26% des ménages sont composés d’une famille avec 3 enfants Taux de variation de la population : +30,8% (entre 2006 et 2010) Taux de chômage : 85% (2011) contre 23% dans l’ensemble de Perpignan. Chez les jeunes de moins de 24 ans le taux de chômage atteint les 91%, chez les 25-54 ans le taux de chômage atteint 85%, chez les 55-64 ans le taux de chômage est de 31%. Ces statistiques montrent que la population de St Jacques est de moins en moins intégrée au système. Revenu médian annuel : 2 124 € Niveau de diplôme à la sortie de la scolarité : 83% des jeunes sont sans diplôme, 7% atteignent un diplôme d’enseignement supérieur (contre 23% dans l'ensemble de Perpignan). Le taux d’absentéisme à l’école primaire de la Miranda (école primaire gitane de St Jacques peut atteindre 60% Prix du m2 : 1 031€ Etat du parc immobilier : Petits logements, 3% de logements sociaux, 2% de résidences secondaires et 14% de logements vacants. On retrouve 86% de locataires.



UN QUARTIER ENCLAVE

Le quartier St Jacques est un quartier particulièrement fermé sur lui même à cause des grandes barrières physiques mais aussi psychologiques qui se trouvent tout autour : - Au Nord le rempart qui ne s’ouvre que pour laisser passer un escalier. - Au Sud une barrière de logements ferme le bâtiment du collège dont l’entrée se fait du côté place Jean Moulin. Le même diagnostic peut être fait pour la Casa da Musica qui s’ouvre du côté du quartier du Palais des Rois de Majorque à cause des habitations qui ont été construites le long de l’Église des Carmes désacralisée. - A l’Ouest, la Rue du Ruisseau forme une réelle frontière car tous les bâtiments construits le long ne s’ouvrent pas du côté de cette rue. En effet, la rue a été pensée pour faire circuler l’eau jusqu’au bas de la pente (point bas de la ville). Les ruelles perpendiculaires a cette rue sont donc très étroites et ne contribuent pas à ouvrir le quartier St Jacques sur St Jean. 0n peut également noter que les entrées des bâtiments publics tournent le dos à St Jacques comme par exemple le Couvent des Minimes, dont l’entrée historique se faisait côté St 26

Jacques : il s’ouvre aujourd’hui du côté des remparts.

Analyse des barrières physiques de St Jacques



UNE VOLONTE POLITIQUE

Apporter de la mixité St Jacques dispose d'un grand nombre d’équipements publics qui sont installés en bordures du quartier. Le fort taux d’équipements associatifs engendre une dynamique positive dans ce quartier déshérité. A partir de la rentrée prochaine le nouveau bâtiment qui abritera l’Université de Droit sera inauguré. Ce projet est pour la mairie une manière d’amener une certaine mixité à l’intérieur du quartier. En effet, elle espère qu’avec cette nouvelle université, les étudiants et peut être les professeurs viendront s’installer à St Jacques. De plus, une Université est généralement un équipement plutôt apprécié des riverains car elle amène souvent une dynamique positive dans la zone où elle s'implante. Malheureusement la mixité forcée fonctionne rarement. La nouvelle Université ne fait pas l’unanimité, que ce soit du côté de la communauté gitane qui se sent menacée par cette nouvelle infrastructure qui ne leur aie pas destinée ou du côté des étudiants qui, finalement, n’ont pas vraiment le choix de leur campus et aimeraient le voir implanté ailleurs. Il est intéressant de souligner 28

qu’une expérience similaire a déjà été tentée à Marseille après l’implantation d’un pôle de l’Université d’Aix-Marseille 2 à Belsunce, quartier maghrébin. Ce pôle avait été voulu sans cafétéria, comme pour l’Université de Droit de Perpignan, pour forcer les étudiants à sortir et à consommer dans le quartier. Malheureusement l’expérience a été plutôt mal vécue à Belsunce car les habitants ont vu dans les étudiants des envahisseurs venant mettre en danger leur vie de quartier. " « Les filles de la fac là, elles viennent pas pour nos tissus, elles veulent nous voler nos fils, et puis elles ont plein de cochon dans les mains, dans leurs sandwich et elles viennent caresser nos tissus », (...) Ces étudiants venaient perturber leur entre-soi et puis ils n’y voyaient pas d’avantage." A la Rencontre de la sociologie de Alain Tarrius, Mehdi ALIOUA Doctorant en Sociologie LISST-CERS, Université de Toulouse le Mirail

Analyse des espaces publics à St Jacques (ou à proximité) classés par type



Insalubrité

(n.f)

Caractère de ce qui est mauvais pour la santé, malsain. Un logement est déclaré insalubre à partir du moment où son état de dégradation peut avoir des effets dangereux sur la santé de ses occupants et/ou du voisinage. L’insalubrité s’analyse en se référant notamment à une liste de critères tels que, murs fissurés, humidité importante, pièces sans ouverture sur l’extérieur, terrain instable, absence de raccordement au réseau électrique ou d’eau potable, absence de système d’assainissement, odeur fétide ou produit fétide circulant dans l’atmosphère. L’inhabitable, Joy Sorman/Eric Lapierre, 2011, Collection mémoires urbaines Paris XXIe siècle

Vétusté

(n.f)

Etat de détérioration produit par le temps. C’est l’état d’usure résultant du temps ou de l’usage normal des matériaux et éléments d’équipements dont est constitué l’immeuble ou le logement.

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Logement non-décent Tout logement insalubre est indécent mais tout logement indécent n’est pas insalubre. Il existe différents degrés d’habitat dégradé, et toutes les situations ne relèvent pas de l’insalubrité. L’indécence d’un logement relève des relations contractuelles entre le bailleur et le locataire. La notion de décence s’apprécie par rapport à la conformité du logement, à des caractéristiques minimales de confort et d’équipement mais aussi de salubrité et de sécurité. (ADIL 78)

Habitat indigne La notion d’habitat indigne recouvre l’ensemble des situations d’habitat qui sont un déni au droit au logement et portent atteinte à la dignité humaine. Cette notion recouvre les logements, immeubles et locaux insalubres (locaux où le plomb est accessible, immeubles menaçant ruine, hôtels meublés dangereux, habitats précaires) et dont la suppression ou la réhabilitation relève des pouvoirs de police administrative exercés par les maires et les préfets. (ADIL 34)

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UN QUARTIER MOYENAGEUX

Etat du bâti Le quartier St Jacques a été construit au XIIe siècle. Le tissu urbain est aujourd’hui, pour la plupart des bâtiments, encore d’époque. Ce qui pose de gros problèmes à certains endroits. En effet, ce tissu médiéval a évolué au cours des siècles pour se densifier et répondre à l’afflux toujours plus grand d’habitants dans le quartier. Cette densification s’est faite par la construction d’extensions dans les cours arrières des parcelles, mais aussi par la construction d’étages additionnels qui ont alors mis à rude épreuve la structure moyenâgeuse faite de murs en pisé sans fondation. Au XIIe siècle, le quartier était constitué de maisons de villes construites en R+1. Ces maisons disposaient d’un jardinet à l’arrière. Aujourd’hui le bâti peut atteindre jusqu’à R+4 et les jardinets ont disparu. Entre la base structurelle en pisé et les extensions (le plus souvent en cayroux), il peut y avoir jusqu’à deux siècles d’écart sur la structure d’un même mur porteur. Aujourd’hui ce tissu menace de s’effondrer à cause des fortes charges que doivent supporter les murs en pisé (et ce sans 32

fondation), et du très mauvais état de ces derniers (les murs en pisé, ayant été recouverts par des enduits empêchant la perspiration, pourrissent). Ainsi, chaque parcellaire tient grâce à son voisin. La chute d’un des immeubles pourrait entraîner la chute de l’îlot entier. A l’intérieur, la sur-densification n’a pas non plus été une bonne chose. En effet, la plupart des appartements ne sont pas traversants : il y a donc un fort déficit de lumière à l’intérieur de chaque bâti, et les ventilations naturelles sont très mauvaises voire inexistantes, ce qui engendre un fort taux d'humidité affaiblissant encore plus la structure porteuse en pisé. Certains appartements ont même été déclarés comme indignes. C’est à St Jacques que l’on retrouve le taux le plus élevé de logements indignes. Le quartier fait aujourd’hui l’objet d’un financement de l’ANRU (Agence Nationale de Rénovation Urbaine) car la situation est devenue critique. Évolution du bâti du centre historique de Perpignan En plan, le bâti de chaque îlot est généralement penché pour permettre de diriger l’eau vers les points bas et ainsi éviter aux murs en pisé d’être trop exposés.


Un tissu urbain aéré (fin du XIIe siècle jusqu’au début du XIVe siècle)

Densification (A partir du XIVe siècle)

Sur-densification atteignant jusqu’à 300logements/ha (A partir de la fin du XIVe siècle)


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10 9

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8 4

5-7

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50m

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Carte des habitats déclarés "indignes" - Production Anouck Ducros & Elodie Martinet (2015)

A gauche: Visite de Saint Jacques (photo 2016)


Plan structurel d’un îlot du quartier St Jacques - Extrait du PSMV Alain Vernet

Mur en pisé

Mur en cayroux

10m


L'ESPACE PUBLIC

Les places

Le quartier St Jacques est caractérisé par 3 places principales considérées comme des places inter-quartier : - la Place du Puig, - la Place Cassanyes - la Place Jean Moulin Sur ces 3 places, seule la place Cassanyes est réellement dynamique grâce au marché qui y est installé tous les jours. La place du Puig, parvis de la caserne du même nom, est la place principale de la zone gitane avec ses 4 700m2. Elle a, aujourd'hui, un usage principal de parking.

place du Puig. De plus, cette place n’est entourée que d’îlots d’habitation ce qui lui donne une vocation de place de village où les gens du quartier pourraient venir se retrouver. Il est intéressant de noter que les familles gitanes ont une appropriation particulière de l'espace public. Généralement, les familles ne prennent possession que de l’espace public proche de leur habitation : pour discuter on s’assied dehors, à proximité de sa porte d’entrée et sans forcément se mélanger entre familles.

Deux places de quartier complètent ces trois places interquartier. - La place des Carmes (côté communauté maghrébine) - La place Berton (700m2) où se concentrera le projet architectural (côté communauté gitane). Aujourd’hui, cette place est très peu utilisée du fait du manque d’aménagement. Par ailleurs, son traitement (une grande dalle de béton recouverte de pavés, terminée par des escaliers) ne contribue par à la rendre agréable et forme un mur dans la progression du piéton jusqu'à la 37


Analyse des places du quartier St Jacques

A droite: L’espace public de Saint Jacques (photo 2016) 1. La place du Puig 2.La place Berton 3. La place Cassanyes


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2

3


La rue Les rues du quartier St Jacques, comme nous l’avons souligné précédemment, sont étroites et sinueuses. Elles ne permettent généralement pas la cohabitation entre piétons et voitures. Malheureusement, très souvent des voitures sont garées dans les ruelles ce qui peut même empêcher la progression des piétons. A St Jacques, il n’y a aucune zone piétonne. La circulation des véhicules se fait principalement via les rues François Rabelais, d’en Calce, du Ruisseau et Lucia. Mais finalement toutes les autres rues sont plus ou moins utilisées par les habitants pour rejoidre leur garage (malgré le tissu urbain très dense, chaque parcelle a son garage) ou le devant de leur porte considéré comme une place de parking. La rue est généralement peu accueillante pour le passant: toujours à l’ombre à cause de la trop grande hauteur des bâtiments. Elle n’offre aucune vue, aucun horizon. Ainsi, on peut vite se sentir enfermé à l’intérieur de ce labyrinthe de ruelles. Cet enfermement est accentué par le fait qu'aucun des rez-de-chaussée n’est destiné à des locaux commerciaux, ce qui n’amène aucune dynamique dans la rue. On remarque que le quartier gitan n’attire pas les passants car rien n’y est offert. En comparaison avec le quartier maghrébin juste à côté, la zone gitane ressemble à un ghetto où 40

il ne fait pas bon se promener. En effet, du côté maghrébin on trouve des commerces spécifiques qui en font la réputation (marché sur la place Cassanyes, restaurant kebab, épicerie arabe, boucherie hallal). Le passant peut venir s’y perdre pour trouver un certain dépaysement et les perpignanais peuvent trouver un intérêt à s'y rendre pour acheter des biens ou des services particuliers qu’ils ne trouveraient nulle part ailleurs. C’est pourquoi le quartier maghrébin est finalement plus apprécié que le quartier gitan. Un autre sentiment souvent ressenti par les "étrangers" au quartier qui accentue l’effet ghetto est la sensation d’être observé. Ceci est du au fait que les rez-de-chaussées sont habités mais aussi par l’appropriation particulière de la rue par des gitans. Généralement, les femmes sortent une chaise et s'assoient sur le pas de leur porte pour regarder ce qu’il se passe à l’extérieur. Bien entendu, on ne ressent aucune animosité, mais plutôt un intérêt pour les activités des "étrangers" circulant dans le quartier.

La Rue d'en Calce (photo 2017)



La voiture dans St Jacuqes


Repérage des commerces (ouverts et fermés) de la Rue Lucia - Révision du PSMV 2016 Un axe de circulation traverse le centre ville, passant par St Mathieu, La Réal et St Jacques. Il constitue un axe majeur d’échange entre ces quartiers très différents et permettait, à l’époque, la dynamisation des quartiers. Aujourd’hui ces quartiers sont en perte de vitesse comme cet axe. En effet, il est trop petit pour accueillir à la fois une circulation voiture à double sens et une circulation piétonne large et sécurisée pour permettre aux habitants d’aller faire leurs courses tranquillement. Cet axe regroupe alors un grand nombre de magasins fermés.


LA QUESTION SOCIALE

La communauté gitane La communauté gitane donne une grande singularité et un grand intérêt à St Jacques. En effet, la mairie, malgré son discours double, reconnaît que cette communauté est importante pour l’image de la ville. L’identité gitane du quartier doit donc être préservée, même si beaucoup soutiennent qu'il faut diminuer son impact sur le quartier. Les gitans se considèrent comme français et parlent Catalan. En qualité de ressortissants français, ils considèrent qu’ils n’ont pas besoin de faire d’effort d’intégration : la nationalité est synonyme, pour eux, d’intégration. Ce comportement amène à de forts conflits entre communauté. Aujourd’hui la communauté gitane de St Jacques est en perdition en raison, d’une part, de la perte récente du patriarche qui n’a finalement pas été remplacé (le patriarche appelé "el tio" est souvent l'interlocuteur principal de la mairie, sans lui il est difficile pour les institutions étatiques de communiquer avec la communauté) et, d’autre part, de la drogue qui s’est installée dans le quartier. Le quartier est alors vécu comme un ghetto par certains qui 44

préfèrent partir pour échapper à la dynamique négative qui s’est mise en place dans St Jacques (fort taux de chômage, illettrisme). Ceci se remarque surtout avec l’école de la Miranda qui est une école primaire ayant un programme adapté à la communauté gitane, fermant alors toute possibilité de mixité. Ainsi, beaucoup de familles préfèrent scolariser leurs enfants dans l’école d’à côté bien que le directeur soit Algérien. Cette précision est importante à souligner car, finalement, on dit qu’il y a beaucoup de racisme entre la communauté gitane et la communauté maghrébine du fait qu’elles vivent dans deux espaces bien différenciés à l’intérieur du même quartier et ne se mélangent pas, mais ce jugement est peut être un peu hâtif. En effet, il concerne surtout la communauté gitane «traditionaliste» qui est finalement la plus visible dans le quartier. Une autre partie de la communauté, que l’on remarque peu, rêve d’une évolution des traditions qui, pour elle, sont dépassées : les femmes veulent un avenir meilleur pour elles et leurs enfants. Ceci passe par l’émancipation et, pour certain, par l’exil : ils vont habiter dans d’autres zones de Perpignan pour rechercher l’intégration et la mixité. Ces familles concernées sont des familles souvent plus éduquées que le reste de la


communauté et, le plus souvent, ayant un travail. Malgré tout, il est important de dire que ces exils ne sont pas des exils forcés mais voulus. Ils se différencient totalement des déplacements de familles qui ont été ordonnés pour permettre la rénovation urbaine du quartier. Ces exils forcés sont très mal vécus par la communauté qui se sent alors menacée. Une des aspirations de toute famille s’étant vue relogée dans une autre zone de Perpignan au titre de l’opération de rénovation urbaine est de revenir chez elle, dans son quartier et dans son appartement. En effet, on remarque qu’il y a une forte tradition du clan dans

la communauté gitane : certaines rues sont habitées par la même famille. De même il y a la notion de mémoire et de « chez soi » qui est très importante.

Photo d’une gitane de St Jacques revenant tous les jours s’asseoir devant son ancienne maison qui va être démolie bien qu’elle aie été relogée ailleurs. Crédit Photo © Oliveira de Carvalho


Les besoins de communauté gitane

la

Nous ne vivons pas et n'utilisons pas l'espace de la même manière en fonction de nos origines et de notre éducation. Aujourd'hui, la société cherche à répondre aux besoins du plus grand nombre. Par cette volonté d'uniformisation elle gomme peu à peu toutes les spécificités. Ainsi, les gitans ont un mode de vie tout à fait différent de la population issue de communautés sédentaires. Il ont également une conception très élargie de la notion de famille qui s'assimile plutôt à la notion de clan. L'utilisation de l'espace se fait donc différemment. Par exemple, ce n'est pas parcequ'une personne âgée, veuve, est seule qu'elle n'a besoin que d'un T2. En effet, généralement la grand-mère (voire l'arrière grand mère dans la majorité des cas) doit pouvoir accueillir (voire même loger) ses (arrières) petits enfants. J'ai pu rencontrer des familles gitanes à Montpellier dans la Cité Gély et voir la manière dont elles utilisent l'espace. Tout d'abord, une famille gitane a besoin d'espace, de plusieurs pièces pouvant faire office de chambres pour un ou plusieurs enfants. La chambre est uniquement un lieu où l'on dort. Généralement les enfants jouent dehors et ne font jamais leur devoirs scolaires chez eux. La famille a aussi besoin d'une grande cuisine où elle peut 46

accueillir de grandes tablées. Le salon n'est pas un espace obligatoire. Pour ce qui est du garage, il sert généralement de débarras et d’entrepôt pour le matériel de jardin (chaises, tables, barbecue) car dès l'arrivée des beaux jours le clan se retrouve dehors en bas de chez lui. Par ailleurs, une carte Gulliver a été faite par l’atelier d’urbanisme de Perpignan, pour regrouper tous les désidératas des habitants de St Jacques par rapport aux espaces publics. Selon le rapport, ceux-ci voudraient plus de jeux pour les enfants, des espaces de rencontre (des barbecues ont été proposés) et des places de parking. Il est vrai que la question du parking est importante à Perpignan, comme nous avons pu l’expliquer précédemment. Mais aujourd’hui l’espace public est littéralement envahi par la voiture. L’objectif serait donc de centraliser les espaces de parking pour éviter que des voitures viennent prendre la place des piétons. De plus, cela permettrait de rendre les espaces publics plus agréables et ainsi, peut être qu’ils seraient plus respectés et entretenus par les habitants. En effet, on remarque que, généralement, l’espace public du quartier gitan de St Jacques est très mal entretenu et très sale (pour les familles gitanes, l'extérieur ne leur appartient pas, ce n’est pas


chez eux. C’est pourquoi ils jettent tous leurs déchets dans la rue et sur les places.) Ainsi, avec des espaces publics plus sécurisés car débarrassés de la voiture, des jeux pour enfants pourraient être installés. Pour la conception du projet ces observations ont été très utiles car bien que cette utilisation particulière de l'espace ne soit pas si différente de "la normale", elle reflète néanmoins des besoins particuliers. Appropriation de l'espace public par les gitans Cité Gely (Montpellier) Photo de Sandra Mehl - vice.com



2. LE PROJET URBAIN

Plan masse


DÉSENCLAVER ST JACQUES

Créer une urbaine

promenade un jardin à l’intérieur de la cour

Ouvrir St Jacques sur les autres quartiers peut permettre d’amener une certaine mixité d'usage dans la zone. Une traversée reliant le quartier des Platanes au quartier du Palais des rois de Majorque en passant par St Jacques est donc intéressante et permettrait de faire tomber les murs, tant physiques que psychologiques isolant le quartier. Cette promenade engendrerait la modification de la zone du Puig : - Une seconde traversée des remparts serait proposée grâce à l’aménagement du rempart en face de la Caserne du Puig. - La caserne du Puig serait réhabilitée et pourrait être traversable. - La place du Puig serait réaménagée pour créer une vraie place inter-quartier où des événements (type brocante) pourraient être organisés. La zone de parking serait donc en partie supprimée pour être divisée en plusieurs endroits dédiés (en bas et en haut des remparts, quelques places seraient gardées sur la place du Puig). Dans le même temps, de l'autre côté de l'axe, le bâtiment du collège serait ouvert pour créer 50

actuelle et ainsi permettre une communication directe avec la place Jean Moulin aujourd’hui inutilisée. Cette promenade passerait donc au travers de St Jacques en suivant la Rue d’en Calce, rue structurante du quartier. La Rue d’en Calce, une des seule rue sans chicane de St Jacques, est la rue la plus empruntée par les "étrangers" au quartier car c'est la plus rassurante. Malheureusement, cette rue n’a aujourd’hui aucun dynamisme. L'objectif est donc de la faire vivre grâce à la création de locaux commerciaux en rez-de-chaussée plutôt que des logements. Ces locaux commerciaux pourraient permettre de renouer avec les savoir-faire propres à la communauté gitane (atelier de réparation, traitement du cuir, rempaillage de chaise, brocante, musique).

Intention du projet urbain


Lien

Murs physiques

Projet architectural

Murs psychologiques


REDONNER UNE PLACE AUX PIÉTONS

Le but premier est de réorganiser la circulation des voitures pour redonner une place centrale aux piétons et aux mobilités douces (vélo et "petit bus" dont le trajet sera prolongé pour passer Rue d’en Calce, en plein coeur du quartier St Jacques). Rue d’en Calce, les voitures seront interdites, seuls les résidents et les moyens de transport doux auront le droit d’y circuler. La rue sera alors libérée pour permettre aux piétons de se promener plus agréablement et de profiter des magasins. En effet, la rue est assez étroite (5,5m de large) et aujourd’hui le trottoir ne fait que 60cm.

Réorganisation des circulations 52


Circulation voiture Circulation douce (petit bus)

P

Parking


AMELIORER LES ESPACES PUBLICS

Végétaliser et Perméabiliser Aujourd'hui les espaces publics sont peu agréables et ne donnent pas envie d'y stationner à cause du peu de place dédiée aux piétons mais aussi du peu d'ombre qu'ils offrent. C'est pourquoi ce projet urbain ambitionne d'augmenter la surface plantée des espaces publics et donc de les rendre plus perméables, ce qui permettrait également de limiter le ruissellement des eaux de pluie. Le centre historique de Perpignan ne dispose que d'un seul réseau d'eau utilisé à la fois pour les eaux usées et les eaux de pluie. Un nouveau système serait donc installé pour permettre la récupération des eaux de pluie pour l'entretien des espaces verts.

Les nouveaux matériaux utilisés 54


Stabilisé Terre plantée Pavés

Cuve et système de récupération d’eau de pluie


Coupe transect sur l'axe du projet urbaine


Le bâtiment du collège, le projet rue d'en Calce et le projet de la Caserne ponctuent la nouvelle promenade urbaine.


LA MIXITÉ OUI MAIS LAQUELLE ?

Il serait préférable de reloger les habitants de St Jacques dans leur quartier après rénovation au risque d’encourager l’effet ghetto du quartier. De cette façon, le « droit au retour » des habitants permettrait de garder cette identité forte qu’à St Jacques mais aussi d’éviter toute tension à l’intérieur de la zone due à la mixité forcée que pourrait engendrer cette rénovation. On remarque par exemple que dans le quartier de la Roquette à Arles, les opérations de rénovation urbaine ont entièrement transformé le quartier gitan et l’ont totalement défiguré (sushi bars et galeries d’arts se sont installés au détriment des besoins des habitants). La communauté gitane étant toujours implantée dans ce quartier vit très mal la gentrification de la zone ce qui provoque des tensions sociales très fortes. La mixité est un phénomène très complexe. Pour ma part, je pense que cette mixité doit se faire petit à petit. Ce qui serait donc intéressant c’est de réintégrer un dynamisme, une possibilité de commerce ou d’artisanat qui ferait la réputation du quartier gitan. Elle attirerait des étrangers au quartier, instaurant ainsi une mixité dans la fréquentation mais pas obligatoirement dans 58

l’habitation. Ainsi, en journée des personnes extérieures au quartier (étudiants, consommateurs) viendraient dynamiser la zone. Le projet sera donc constitué de logements, car c'est ce dont le quartier a le plus besoin, mais en rez-de-chaussée ce programme sera complété par quelques locaux commerciaux pour permettre l’implantation d’un attrait particulier dans le quartier.

Photomontage de l'ambiance voulue dans le quartier, Rue d'en Calce



Vue de la place Berton


3. LE PROJET ARCHITECTURAL


UN ÎLOT ENTRE DEUX ESPACES PUBLICS

L’îlot sélectionné est l’îlot central de la Rue d’en Calce qui sépare la rue de la place Berton, deux espaces publics très importants dans le quartier mais très différents. La nouvelle conception de l'îlot permettra une porosité entre les deux espaces publics qui le

bordent. Le dynamisme créé Rue d’en Calce grâce au projet urbain pourra alors pénétrer Place Berton et inversement.

Schéma concept du projet urbain


ENJEUX

Rue dʼe

n Ca

lce

1. Reconstruire les murs en pisé et retrouver la division parcellaire d’origine.

Rue d

ʼen C

alce

Place Berton

Le système constructif vernaculaire des murs en pisé est réutilisé pour sa grande qualité tant structurelle que thermique. Le pisé, par son épaisseur a une bonne inertie et demande donc peu, voire pas d’isolation. (Attention, le système de construction peut être réutilisé mais pas les murs actuels qui sont très fragilisés à cause du manque d’entretien.)

2. Transformer l’îlot sélectionné en un intervalle permettant de créer des liens tant visuels que physiques (possibilité de traversée piétonne et lien végétal) entre les deux espaces publics.

Rue d

ʼen C a

lce

Place Berton

Place Berton

3. Créer une gradation entre espace public et espace privé par l'utilisation d'espaces tampon et de filtres. 63


CREER DES INTERVALLES

Comme nous l'avons souligné précédemment, les "étrangers" au quartier se sentent généralement peu en sécurité en traversant St Jacques. Ceci est du à la forte densité de la zone qui n'offre presque aucune échappatoire. Cette sensation est accentuée par la hauteur des bâtiments pouvant dépasser le R+3.

de stockage de matériels.

La Rue d'en Calce sera à terme la rue la plus fréquentée du quartier par ces "étrangers". Pour la rendre plus accueillante, il faut donc dé-densifié la zone et offrir des percées visuelles, voire même physiques . Le projet sera donc limité en hauteur pour atteindre au maximum un R+2. De même, des passages ouverts seront créés au travers de l'îlot : 2 passages réservés aux habitants mais permettant un lien visuel entre la rue et la place et 1 passage permettant un lien physique entre ces deux espaces publics. Les intervalles visuels seront des espaces collectifs réservés aux habitants du projet. Ces espaces accueilleront à la fois les circulations (escaliers et ascenseurs) mais également des espaces de rencontre avec un barbecue et des espaces annexes 64

Vue dans un des intervalles visuel



Faรงade de l'intervalle visuel



Façade de l'intervalle piÊton




Qu'est ce que la Rue ?

La rue est définie comme "un chemin bordé de bâtiments" selon Nicolas Soulier. "La rue est ce qui nous connecte au monde. L'une de ses particularités, c'est donc qu'elle dessert mais jamais en cul-de-sac, cela deviendrait une impasse." Dans l'idée de Rue, ce n'est pas tant l'espace qui est intéressant mais le fait qu'il s'agisse du théâtre de la vie : la rue est le lieu de la vie sociale informelle. Aujourd'hui, nous assistons à une stérilisation de l'espace de la rue : on tourne le dos à la rue pour se protéger des désagréments qu'elle engendre. Mais en définitive, en agissant de la sorte, on déshumanise la rue. Les voitures prennent alors total possession de l'espace et aggrave de ce fait le phénomène. La rue pourrait être en fait vécue comme un interface entre l’intimité préservée et l'espace public. (...) La notion de frontage vient du Québec. Il signifie l'espace que l'on trouve devant la maison. Il est composé d'un sol différencié où l'on retrouve un espace pour s’asseoir et de la végétation. Le frontage est un terme réinventé en France car, bien que ce mot vienne de l'ancien français, la notion avait disparu de notre langage. En effet, nous avons le terme de trottoir qui littéralement désigne l'endroit où l'on "trotte" soit où l'on passe et non où l'on stationne. Le frontage, qui investit le trottoir devient un espace gênant la circulation et de ce fait un acte répréhensible. Nicolas Soulier défend l'espace du frontage comme étant "la délicate rencontre entre la vie riveraine et celle des flux". Avec le frontage, on peut accueillir des gens chez soi sans être chez sois. Cette interface existe dans de nombreux pays, aux Etats-Unis elle est symbolisée par le porche (...)

Qu'est ce qui fait la rue ?

La présence de plusieurs éléments. La rue ne doit pas être un espace lisse. Tout est une histoire de bords et de débords "tolérés". La rue ne doit pas être un produit fini, il faut qu'elle soit mutable : "habiter l'espace au sens de l'occuper". (...)

Cycle urbanisme 2016-2017 cremaschiblog - Thomas Hubert après intervention de Nicolas Soulier à la Galerie La Fenêtre de Montpellier en 2014 dans le cadre des Cafés patrimoines 71


CREER UN LIEN ENTRE ESPACE PUBLIC ET PRIVE

Le frontage Aménager un frontage côté rue mais également côté place permet de maintenir un lien continu entre l'espace public et l'espace privé en créant un seuil brouillant cette séparation trop souvent vécue comme une frontière. Les habitants s’approprieront donc plus facilement et spontanément l’espace de la rue et l'entretiendront certainement mieux. Ainsi, le frontage permettra d'institutionnaliser l'appropriation de la rue à la manière gitane qui est aujourd'hui informelle. De même le frontage permettra d'apporter du végétal dans cette zone qui en manque cruellement.

Croquis d'intention et inspiration En retrait par rapport à la rue, le bloc de frontage en acier regroupant à la fois le bac pour les plantations et le banc permet un recul sur la rue et la place et permet une pleine appropriation de l'espace. Ce bloc de frontage vient dans la continuité du soubassement en acier inoxidable qui protège le bas des murs en pisé. 72



Les coursives Créer une circulation en façade par le biais de coursives du côté de la place Berton permet de créer une transition intéressante entre l'espace de la maison et l'espace de la place. Les coursives permettent à la fois de faciliter l'adaptabilité du bâti (pour répondre aux normes incendies des ERP il est préférable de réfléchir à des circulations extérieures) mais aussi, permettent de créer un espace collectif appropriable : on peut venir y garer son vélo, y étendre son linge, venir s'y asseoir pour surveiller ses enfants jouant en bas sur la place...

Coupe détail de la façade Est sur coursives 74


1

100

160

Coursives Caillebotis Structure acier HEA100 Poteaux profil rond ø200

Frontage Bac en acier inoxidable Sol Pavés


Faรงade sur la Place



Faรงade sur la Rue



RE-DESSINER L'ESPACE PUBLIC

La Place Berton La Place est modifiée pour créer un espace public en prolongement des espaces collectifs du projet (utilisation du même traitement au sol pour les espaces collectifs et l'espace central de la place). Des murs de soutènement alignés aux murs en pisés viennent dessiner l'espace et permettent une progression plus en douceur du piéton (cette place de 700m2 absorbe un dénivelé de 4m) et ainsi permettre plus facilement l'appropriation et la rencontre. La place sera aussi plus arborée avec des essences feuilles caducques pour amener de l'ombre en été tout en ne bloquant pas l'apport de lumière en hiver, important pour les logements. De même, la place pourra accueillir des jeux pour enfants sur les deux plateaux situés à l'extrémité de la place, traités avec du stabilisé.

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Texture des matériaux utilisés

Pavés pour les espaces circulables

Stabilisé pour les espaces de la place "à coloniser"

Béton désactivé pour les seuils

Vue sur l'un des intervalles visuels Le sol en pavés de la place se prolonge dans l'intervalle pour créer une continuité.


La Rue d'en Calce La Rue ne va pas subir de grandes transformations : seuls les trottoirs seront élargis pour permettre une progression plus facile des piétons. La voie sera alors réduite et sera donc réservée à la circulation des mobilités douces (petit bus, vélo) et aux riverains de la zone. La rue sera végétalisée grâce aux habitants qui viendront planter dans leur bac de frontage de 50cm de large les plantes et buissons de leur choix, ce qui permettra de créer également une continuité végétale entre la place arborée et la rue. Ainsi, nous aurons une totale appropriation de la rue par les habitants. Plus qu'un endroit de passage elle deviendra un espace de rencontre et de partage.

Coupe-schéma avant-après le projet




Flexibilité

(n.f)

Aptitude d'un espace construit à se plier à une utilisation différente dans le cadre d'un même programme architectural.

Adaptabilité (n.f) Capacité d'un espace bâti à se transformer dans l'optique d’accueillir un programme architectural différent.

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UN PROGRAMME DE LOGEMENTS

Des typologies à réinventer pour correspondre à un mode de vie particulier Les typologies d’habitation flexibles sont assez intéressantes économiquement (gain financier et de surface) et correspondent totalement aux modes de vies des communautés issues de cultures nomades. L'îlot du projet deviendra donc le prototype d'une nouvelle manière d'habiter. Les typologies seront à la fois flexibles à l’intérieur de chaque logement mais aussi entre logements. Ainsi, en fonction de l’évolution de la famille, les habitants pourront investir ou non le logement d’à côté sans avoir de grand travaux à faire. Par exemple, un jeune couple cherche à s’installer. Un T3 est une typologie bien trop grande pour son besoin mais il pourrait avoir l’envie de l’acquérir en pensant au futur. Aujourd’hui les typologies n’étant pas adaptables ce couple s’endetterait pour acheter ce bien ou déciderait d’emménager dans un logement plus petit tout en sachant qu’il devra en changer de logement. Avec la possibilité de logements flexibles, le couple pourrait acquérir le T3 qui sera organisé pour permettre une division T2+T1 et ainsi louer le T1 en attendant d'en avoir besoin. Ainsi, on arrive à une vraie économie car le couple pourra financer en partie son prêt grâce au loyer du T1 perçu et ne sera certainement pas obligé de déménager.

La flexibilité du logement impose 86

la réflexion d'un plan libre tenu grâce à un système structurel caractérisé par une ossature primaire (murs ou poteaux) le long desquels sont organisés les réseaux. L’ossature secondaire, permettant la flexibilité du plan doit, elle, être constituée de "cloisons sèches", facilement abattables ou déplaçables. Le plan libre engendre également l’adaptabilité du bâti en permettant plusieurs usages (logements/ bureaux/commerces). En fonction de l’évolution et des dynamiques du quartier le bâti pourra donc évoluer assez facilement. Ceci est possible en suivant quelques recommandations : - 2,7m entre chaque dalle pour permettre le passage des réseaux - Une circulation en façade pour faciliter les circulations incendie.

Référents : 1. La cité Manifeste, Mulhouse, Lacaton&Vassal - 2005 Le Jardin d'hiver ou "La pièce en plus" d'une largeur de 2,50m minimum : une même typologie, différentes appropriations 2. La maison traditionnelle japonaise totalement personnalisable 3. Atelier provisoire Architectes - VIM Bordeaux


1

2

3


PENSER LA FLEXIBILITE

Le plan libre

La première chose a été de garder la division parcellaire à l'intérieur de l'îlot en reconstruisant les murs en pisé mais en y intégrant une nouvelle trame rectiligne non porteuse. Ensuite, il a fallu dessiner un plan libre. Un plan libre c'est tout d'abord réfléchir aux réseaux et aux circulations verticales. Le plus simple est d'organiser tous les espaces techniques ayant besoin d'eau, d'évacuation ou d'aération le long de la structure principale du plan, soit, dans notre cas, les murs latéraux en pisé. Cette partie technique s'est donc positionnée sous forme d'un doublement du mur central séparant deux unités de logement.

Schéma de l'implantation des espaces techniques 88


Espace technique (salle de bain, cuisine, rangements)

1 unitĂŠ 1 unitĂŠ


Organiser le plan

transparence.

Le but est de permettre de regrouper deux unités de logement en fonction des besoins du ménage. Il faut donc porter une attention particulière au positionnement des espaces de vie et des espaces de nuit. Les plans étant de type couloir (entre 20 et 25m de long sur 4 à 8m de large) les espaces de vie ont naturellement été positionnés aux endroits les plus lumineux: soit derrière les façades de la rue et de la place. Pour permettre de ménager des espaces extérieurs à chaque unité de logements, des jardins d'hiver et des loggias ont été aménagés de chaque côté, agrandissant ainsi l'espace de vie dessiné. En cas de regroupement de deux unités de logements pour n'en créer qu'une, le jardin d'hiver peut alors devenir une pièce à part entière comme un bureau, un atelier, une salle de jeux... Ces espaces extérieurs permettent également de créer une zone tampon entre l'extérieur -collectifet l'intérieur -privé-. Ceci est accentué par le choix des matériaux : du polycarbonate alvéolaire pour les jardins d'hiver (matériau translucide qui permet une certaine intimité tout en gardant un communication entre l'espace intérieur et l'espace extérieur indispensable pour ne pas faire mourir l'espace public), et des rideaux de différents types (thermique, occultant) qui permettent de jouer sur la 90

Plan schématique de l'organisation du plan


Polycarbonate alvĂŠolaire + rideau thermique

Jardin dĘźhiver rideaux occultants

espace nuit

espa

rideaux occultants

ce te

chni que

Loggia


Un plan, appropriations

différentes

Le but principal de cette réflexion sur la flexibilité du logement était de permettre une appropriation extrêmement facile et intuitive de son espace de vie et ce par la possibilité de modifier facilement l'espace, que ce soit pour un temps court ou un temps long. Pour permettre cette extrême flexibilité, la réflexion s'est tournée vers les cloisons amovibles et plus précisément vers le rideau. Le rideau est, en effet, le dispositif le plus spontané pour diviser un espace. Il est très utilisé aujourd'hui par les habitants de St Jacques pour créer un peu plus d'intimité. Ces rideaux faisant office de cloisons seraient plus épais que des rideaux occultants pour permettre un minimum d'isolation phonique. Ils seraient constitués de deux toiles Ferrari (2kg chacune) enfermant un isolant acoustique, le tout lesté, ce qui permettrait d'arriver à un affaiblissement de 24dB. Ce système permettrait donc de faire évoluer l'espace en fonction du nombre de personnes à l'intérieur du logement et pourrait donc totalement s'adapter aux différentes manière d'habiter de chaque communauté. Le projet accueille donc trois différents types de typologies: - Des typologies en simplex, flexibles et pouvant s'agrandir 92

- Des typologies en duplex, flexibles et pouvant aussi s'agrandir - Des maisons de villes, pensées sur le même principe de flexibilité intérieure (avec des rideaux à la place des cloisons) mais sans possibilité d'agrandissement ou de couplage avec une autre unité de logements. Ces maisons de ville disposent toutes d'un garage.

Vers l'adaptabilité

Le projet est dessiné sur la base de plans libres, en respectant les recommandations pour une reconversion de logements en bureaux (hauteur sous plafond de plus de 2,7m et circulation en façade grâce aux coursives pensées en respect des normes incendies). Tous les logements peuvent donc être adaptables et se transformer en espace de bureaux. Plus d'une dizaine de scénari sont possibles. En voici 4: - Scénario A : 2 unités de logements 1. 1couple + 2 enfants 2. 1 couple - Scénario B : 2 unités de logements 1. 1 couple 2. 1 étudiant - Scénario C : 1 unité de logement 1 couple + 3 enfants - Scénario D : 1 unité de logement 1 couple (avec suite parentale) + 2 enfants

- Scénario E : Logement converti en bureaux


Scénario A

Scénario B


Scénario C

Scénario D


ScĂŠnario E


Plan RDC


Plan 1er ĂŠtage


Plan 2nd ĂŠtage


Plan 2nd ĂŠtage mezzanine


Coupe AA



MATERIAUX ET AMBIANCE

Le pisé Les murs porteurs (tous les murs périphériques) seront en pisé. Le pisé a été choisi d'une part car c'est le matériau qui avait été utilisé historiquement pour la construction de l'îlot, mais également car c'est un matériau biosourcé qui a de bonnes caractéristiques thermiques (malgré tout, un isolant thermique fin est recommandé pour les murs au Nord et plus généralement les murs non exposés au soleil). Le pisé est un matériau qui demande quelques connaissances techniques avant de le mettre en oeuvre. Les murs en pisé sont faits par addition de couches successives de terre qui sont, au fur et à mesure compressée et séchées. Des benches placées tous les 60cm servent à la construction du mur. Traditionnellement, les planchers et ouvertures (souvent assez larges - le pisé supportant mal les petites ouvertures-) se placent au niveau de ces benches. Pour la bonne tenue du pisé un chaînage doit être fait dans les angles. Ce chaînage se fera en brique cayroux dans le projet Le pisé a besoin d'un soubassement pour éviter les remontées capillaires et d'un drain au niveau 102

des fondations pour permettre l'évacuation de l'eau. En effet, l'eau et surtout l'humidité sont les principaux ennemis du pisé. C'est pourquoi il est aussi préférable de créer des débords de toiture pour protéger le matériaux de l'érosion que la pluie pourrait causer. Si ces débords de toiture ne sont pas possible, il est alors préférable de venir couvrir le pisé avec un enduit perspirant (comme un enduit à la chaux) d'environ 5cm. Dans le projet les murs des façades Est et Ouest seront en pisé brut (50cm) sans enduit (ceci permis grâce au débord de toiture de 1m) et donneront une certaine inertie au bâtiment. Les murs Nord, mais aussi Sud (car ils seront dans tous les cas peu exposés au rayons solaires) seront, isolés par l'intérieur sur 8cm d'épaisseur avec un isolant végétal laissant passer l'humidité. Cet isolant sera recouvert avec un enduit à la chaux de 2cm permettant ainsi la réverbération de la lumière à l'intérieur. Ces murs seront aussi recouverts avec un enduit à l'extérieur pour protéger les 30cm de pisé porteur.


Texture des matériaux utilisés

Pisé

Croquis de composition des murs en pisé

Chaux


Le polycarbonate alévolaire L'îlot mesure entre 20 et 25m de large et est orienté Est-Ouest. Pour permettre une luminosité optimum à l'intérieur (surtout au centre de l'îlot) il est nécessaire d'avoir de grandes ouvertures sur les façades Est et Ouest. Or ce sont ces façades qui donnent respectivement sur la place et sur la Rue. Percer de grandes ouvertures en milieu urbain engendre inévitablement des vis à vis. L'objectif était donc d'apporter de la lumière tout en protégeant au maximum l'intimité de l'espace privé. A plusieurs endroits des jardins d'hiver ont donc été créés derrière la façade et de grandes baies en polycarbonate alévolaires ont été percées.

Ambiance créée sur l'espace public Le polycarbonate alévolaire engendre une ambiance de nuit particulière, les façades éclairées de l'intérieur offriront un défilé d'ombres chinoises.


L'acier Pour les espaces extérieurs (coursives, bac de frontage, protection du soubassement des murs en pisé, garde-corps sur la place) il est apparu que l'acier était le matériau le mieux adapté tant par sa finesse que sa légèreté. Il encadrera donc les espaces, qu'ils soient en pavé ou en stabilisé et permettra de marquer les différences de niveaux des trois plateaux de la place.

Référents pour l'aménagement de la place - Arbora paysagiste


CONCLUSION

La ville de Perpignan est une ville pleine de potentiel tant par son emplacement que par son histoire. Malheureusement, ce potentiel a été gâché par la politique de la ville qui frêne son évolution. Elle a enfermé le centre historique dans un carcan immuable qui en a fait aujourd'hui un lieu inhabitable. La seule solution qu'à actuellement la mairie est de détruire pour reconstruire le tissu urbain en très mauvais état. Cette démarche est symbolisée par les projets au titre de l'ANRU qui viennent réinterpréter le tissu historique et imposer une nouvelle logique au centre ancien. Ceci est surtout symbolisé par la tentative de gentrification dont le quartier St Jacques fait aujourd'hui l'objet. Mon projet se situe dans cette logique de rénovation urbaine mais tente de proposer une alternative à la gentrification en s'interrogeant sur le rôle et l'impact de la mixité sociale dans un quartier. Ainsi, [l'intervalle] propose de nouvelles typologies basées sur la flexibilité et l'adaptabilité tout en tentant de répondre aux modes de vie gitans, population majoritaire dans le quartier étudié. Ce projet est issu d'une réflexion 106

urbaine plus globale ayant pour but d'améliorer l'existant tout en ne détruisant pas plus que nécessaire. Une attention particulière a en effet été portée sur les espaces publics et surtout sur les échanges qui peuvent exister entre eux pour tenter de faire revivre tout une zone grâce à un seul projet. Cette réflexion architecturale complète le mémoire que j'ai développé sur la thématique de l'évolution de la ville et de la protection du patrimoine. Celui-ci étudiait l'impact de la rénovation urbaine dans un quartier historique d'Istanbul par l'analyse d'un projet en construction.


BIBLIOGRAPHIE

Carte Gulliver, Atelier d’urbanisme, 2016 Dictionnaire des Sciences sociales, Jean François Dortier, 2013, Edition Sciences Humaines Espèce d’espace, Georges Perec, 1974, Babelio Fin de siècle incertain à Perpignan, Alain Tarrius, 1999, Editorial Perpinya Formes urbaines, de l'îlot à la barre, Philippe Panerai/Jean Castex/ Jean-Charles Depaule, 1997, Parenthèses L’inhabitable, Joy Sorman/Eric Lapierre, 2011, Collection mémoires urbaines Paris XXIe siècle Mémo sur les maux de St Jacques, Mairie de Perpignan, 2016 Seuil et d'ailleurs, Henri Gaudin, 1992, Demi-Cercle

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REMERCIEMENTS

Arrivée au terme de mes études à l’ENSA-Montpellier je tiens tout d’abord à remercier tous les enseignants que j’ai pu croiser lors de mon parcours et qui ont contribué à enrichir ce dernier. Je tiens tout particulièrement à remercier mon directeur d’étude Guy Jourdan qui a pu permettre l’accomplissement de ce PFE grâce à sa disponibilité et à son suivi. Enfin, je voudrais remercier mon entourage qu’il soit familial, amical ou professionnel pour le soutien et l’aide qu’il a pu m’apporter.

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[l'intervalle] ou comment créer des liens entre espaces publics grâce au bâti.


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