LE BARAZA A STONE TOWN Un élément architectural au cœur de la sociabilité urbaine
DZIEZUK Marie Faculté d’Architecture LaCambre-Horta 2015-2016 Promoteur : LHOAS Pablo
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LE BARAZA A STONE TOWN Un élément architectural au cœur de la sociabilité urbaine
DZIEZUK Marie Faculté d’Architecture LaCambre-Horta 2015-2016 Promoteur : LHOAS Pablo
Trois zanzibarites pelant des oignons sur un baraza, dans le quartier de Malindi (Crédits photos : toutes les photos ne mentionnant pas de sources ont été réalisées par Marie DZIEZUK)
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SOMMAIRE
Remerciements Abstract
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Préambule 10 Introduction 13 I. CONTEXTE DE L’ÉTUDE 17
A. Stone Town : histoire, politique et constitution de la ville
B. Le baraza : définition et influences
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1) Brève définition du baraza à Stone Town
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2) L’influence swahilie - le système du daka, du sebule et du baraza
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3) L’influence arabe - le système du majlis 38
4) L’influence indienne - la pratique du adda et le otla des bazaars
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5) D’autres exemples similaires dans le Monde
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II. LE BARAZA À STONE TOWN 51
A. Utilisations 52
1) Adaptation aux particularités climatiques 52
2) Modifications dues aux infrastructures 54
3) Favorisation de la sociabilité urbaine - le maskan 55
4) Gradation de l’intimité et séparation hommes/femmes 58
5) Restrictions dans les accès et usages 59
6) Utilisation à des fins commerciales - typologie du bazaar 60
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B. Reportage photo 64
1) Quartier Funguni 66
2) Quartier Malindi 80
3) Quartier Kiponda
4) Quartier Forodhani
5) Quartier Shangani
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6) Quartier Sokomuhogo
154
100
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7) Quartier Vuga
170
8) Quartier Kajificheni
188
9) Quartier Mkunazini
206
10) Quartier Mnazimmoja
222
11) Quartier Darajani
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C. CaractĂŠristiques techniques du baraza
252
D. La gestion du baraza et ses problèmes
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Conclusion
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Glossaire
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Bibliographie
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REMERCIEMENTS
J’adresse mes remerciements aux personnes qui m’ont aidée dans la réalisation de ce mémoire. En premier lieu, je remercie Monsieur Victor Brunfaut, professeur à la Faculté d’Architecture LaCambre-Horta et organisateur du workshop à Zanzibar, sans qui je n’aurais jamais découvert cette île paradisiaque. Sans son aide ce projet n’aurait sans doute pas vu le jour. Je remercie Monsieur Pablo Lhoas pour son travail de promoteur et ses conseils d’expert avisé. Mes remerciements vont ensuite à Madame Madina Khamis que je considère comme « ma maman locale » à Zanzibar. Elle m’a guidée à travers les rues de Stone Town, me faisant découvrir des aspects du sujet et des mentalités que j’ignorais jusque là. Je désire également remercier le Docteur Muhammad Juma, Directeur du Département d’Urbanisme à Stone Town, pour m’avoir conseillée et apporté de nombreuses informations. Enfin, je remercie Zoé et Salwat, mes amies de voyage ; notre dynamique commune m’a motivée et fourni de l’énergie. Je remercie encore les habitants de Stone Town qui ont répondu à mes questions, se sont pour certains laissés prendre en photo, semblant curieux de mon projet et impatients d’en connaître les aboutissants. Pour finir, je remercie ma famille, mes parents, ma soeur Elisa pour leur soutien de tous les instants ainsi que leurs encouragements.
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Une ruelle du quartier Forodhani
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ABSTRACT
Z
anzibar est un archipel qui recèle mille et une merveilles. Sa situation géographique, son histoire, ses influences culturelles, son architecture hétéroclite et ses habitants d’une humanité exceptionnelle, font la richesse de ce paradis terrestre. Stone Town, la vieille ville de Zanzibar, est un concentré de ce patrimoine. Ce mémoire se penchera sur une particularité architecturale essentielle pour les zanzibarites : le baraza. Les recherches historiques et l’analyse des différentes vagues d’immigration montreront que le baraza est un élément central, un fil conducteur qui relie et fédère toutes ces origines. Une étude de son concept et de sa forme révèlera son importance architecturale comme un élément indispensable du quotidien et un réel art de vivre, favorisant la sociabilité urbaine. Enfin un parcours cartographique et photographique accompagnera une analyse du baraza et ouvrira un questionnement sur sa gestion et son avenir au sein de Stone Town.
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PRÉAMBULE
L
ors de ma formation, j’ai eu la chance de participer à un workshop de relevés organisé par la Faculté d’Architecture LaCambre-Horta en avril 2015, qui se tenait dans la vieille ville de Zanzibar, Stone Town. À la fin de ce travail de relevés passionnant, nous sommes trois étudiantes à avoir prolongé notre séjour, ayant en commun une réelle soif d’en apprendre davantage. Durant les deux semaines supplémentaires que nous nous sommes accordées, nous avons eu la chance de rencontrer les acteurs de la conservation et du développement de la ville de Stone Town, et avons participé à un second workshop visant à développer un quartier de la ville. Nous avons également pris le temps d’arpenter les rues étroites de la vieille ville afin d’en comprendre son fonctionnement. L’un des points qui m’a toujours passionnée en Architecture est la question de la petite échelle, et en particulier comment celle-ci peut influencer et avoir un impact fort sur les échelles plus larges. Pour mon choix de mémoire, ce vaste sujet se précisa et s’imposa comme une évidence. Ma curiosité me mena sur les traces d’un élément architectural singulier de Stone Town : le baraza, simple assise en pierre longeant les rues étroites de la ville. Ce modeste élément, très fort dans la culture zanzibarite, devint ainsi le sujet de mon mémoire. Je cherchais alors à en savoir plus, et Madina Khamis, personnage actif de l’autorité chargée de traiter de la conservation et de la restauration de la vieille ville - la STCDA (Stone Town Conservation and Development Authority) - me guida dans mes recherches au fur et à mesure de mes questions. Notre soif de connaissances commune sur ce lieu suscita la curiosité autour de nous. Une confiance mutuelle s’instaura rapidement, et les membres de la STCDA et du département d’urbanisme de la ville décidèrent de nous confier la réalisation d’un projet public qu’ils souhaitaient déployer sur le front de mer de Stone Town. De retour à Bruxelles, Zoé, Salwat et moi développâmes ce projet, dans le cadre de l’atelier Terrains d’Architecture, dirigé par Victor Brunfaut, durant tout un semestre. Au fur et à mesure que l’on avançait dans le projet, nous entrions dans les questions de « détail architectural » ou de petite échelle, et je compris alors de plus en plus les usages et les besoins relatifs au baraza.
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A la fin de ce superbe semestre, il nous sembla inimaginable de laisser derrière nous cette belle aventure, et les retours des acteurs locaux sur notre travail nous incitèrent à décider qu’il fallait continuer. Avec l’accord de Victor Brunfaut, nous décidâmes de reprendre le projet au second semestre de l’année 2015-2016 pour le pousser jusqu’à son terme. Un second voyage à Zanzibar s’organisa alors, et en mars 2016, nous fûmes à nouveau sur place. Ce retour sur les lieux nous permit d’effectuer des recherches approfondies sur la ville et de rencontrer d’autres acteurs importants. Cela me laissa également le temps de me pencher plus sérieusement sur le sujet de mon mémoire. Ce workshop effectué à Stone Town à Zanzibar fut donc le point de départ d’un intérêt tout particulier pour l’architecture de l’archipel, et plus généralement de l’architecture africaine, et me donna envie de le comprendre, de l’étudier, de m’en imprégner à travers un concept important de l’héritage culturel swahili : le baraza.
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INTRODUCTION
Z
anzibar, dont le nom évoque à lui seul un paradis de plages entre ciel et mer, est caressé par l’eau turquoise des lagons, enjolivé de cocotiers et de grands palais aux allures arabisantes. C’est un archipel de l’Océan Indien situé en face des côtes tanzaniennes, formé de deux îles principales (Unguja et Pemba) et de plusieurs autres petites îles appartenant à la Tanzanie. Cet ensemble représente un véritable creuset de cultures, alliant influences européennes et arabes, indiennes et africaines. Stone Town, la vieille ville de Zanzibar classée au Patrimoine mondial de l’Unesco, compte 60 000 habitants, très majoritairement musulmans, qui fourmillent dans les ruelles étroites où le temps semble s’être arrêté. Les maisons d’influences diverses possèdent pour nombre d’entre elles un baraza, banc de pierre en bordure de rue le long des façades, où l’on se retrouve à toute heure de la journée pour bavarder entre amis. Cet élément fondamental de la culture locale constitue la caractéristique majeure de l’espace public. Une autre caractéristique architecturale de la vieille ville réside dans ses portes en bois sculpté, dites «de Zanzibar» ; il en subsiste plus de 500 à Stone Town, souvent plus anciennes que les maisons elles-mêmes. La problématique de cette recherche réside dans l’analyse de l’histoire et des influences à l’origine de cet élément significatif qu’est le baraza dans le paysage zanzibarite, afin de le décrire en tant qu’objet architectural dans une perspective plus large. Le baraza est essentiel dans la vie communautaire des zanzibarites. Il a pourtant tendance à disparaître. Nombre d’ouvrages traitent de l’histoire de cette ville et de sa constitution, ainsi que de sa conservation, mais mes recherches concernant les barazas se sont toutefois avérées assez difficiles. Le livre de référence sur ce sujet s’intitule Zanzibar : a Plan for the Historic Stone Town, et a été rédigé par un membre de l’Aga Khan Trust for Culture, Francesco Sivaro. Les descriptions que l’on y trouve concernant le baraza ne le décrivent qu’en quelques mots. D’autre part, les lois d’urbanisme ne font aucunement mention d’une quelconque intégration de cet élément dans la gestion du développement de la ville ; les lignes directrices rédigées par l’Aga Khan Trust for Culture, édictées afin de garantir une bonne conservation de la ville classée, ne mentionnent que très brièvement cet élément. C’est principalement la question sociologique et anthropologique derrière cet élément architectural qui semble avoir suscité le plus grand intérêt. Le Professeur allemand Roman Loimeier, véritable investigateur de la question anthropologique à Zanzibar et en Afrique de manière plus générale, a rédigé quelques articles traitant du baraza sous cet angle. Cet élément architectural, bien qu’ancré profondément dans les racines sociologiques de la ville et utilisé au quotidien par ses habitants, fait partie aux yeux de ses utilisateurs de la culture immatérielle ; celle-ci est définie par la Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel (adopté le 17 octobre 2003) comme ceci : «On entend par patrimoine culturel immatériel les pratiques, représentations, expressions, connaissances et savoir-faire [...] que les 13
communautés, les groupes et, le cas échéant, les individus reconnaissent comme faisant partie de leur patrimoine culturel. Ce patrimoine culturel immatériel, transmis de génération en génération, est recréé en permanence par les communautés et groupes en fonction de leur milieu, de leur interaction avec la nature et de leur histoire, et leur procure un sentiment d’identité et de continuité, contribuant ainsi à promouvoir le respect de la diversité culturelle et la créativité humaine». Il me faudra donc, à travers ce mémoire, tenter de décrire pour la première fois sous l’angle architectural cet élément si important de la culture locale. L’objectif de ma recherche sera donc de comprendre d’où provient le baraza, et de le décrire le plus précisément possible à travers ses formes, fonctions et usages. Malheureusement, cet élément fort de l’architecture zanzibarite tend à disparaître en raison du peu d’importance qu’on lui accorde dans les textes et lois urbanistiques. Toutes ces notions réunies pourraient apporter matière à argumenter et appréhender sa sauvegarde, afin qu’il ne sombre pas un jour dans l’oubli. Pour ce faire, j’ai tout d’abord tenté sur place de collecter un maximum d’informations sur le baraza actuel, au travers d’un reportage photo. J’ai également interviewé de nombreuses personnes expertes en la matière qui m’ont guidée dans les directions à prendre. J’ai ensuite essayé de comprendre chacune de ces photos, en les classant suivant une liste d’éléments, allant de la forme à l’usage. Au travers de mes déambulations dans la vieille ville, j’ai appréhendé une série d’exemples d’espaces publics et d’espaces intérieurs qui me semblaient importants, que j’ai alors relevés. J’ai également consulté les archives nationales de Zanzibar afin d’aller plus loin dans la compréhension du baraza, au travers de cartes historiques me permettant de comprendre la constitution de la ville. Après avoir amassé toutes ces données, de retour à Bruxelles, j’ai croisé ces informations avec les ouvrages que j’ai collectés au fur et à mesure de mes recherches, afin de confronter et de comparer les données théoriques, scientifiques et empiriques. Ce mémoire s’articule suivant deux grandes parties. La première, intitulée contexte de l’étude, explique la constitution de la ville au travers de ses diverses influences, et comment celles-ci ont créé le paysage architectural unique de la vieille ville. Ces faits historiques permettront alors de comprendre l’essence du baraza. La deuxième partie, le baraza à Stone Town, porte davantage sur mes observations, et décrit le baraza tel qu’utilisé aujourd’hui, au travers de ses formes multiples.
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Une rue de bazaars indiens dans le quartier Forodhani
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I. CONTEXTE DE L’ÉTUDE
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A. Stone Town : histoire, politique et constitution de la ville
Z
anzibar est un archipel situé à 50 kilomètres au large de la Tanzanie. Il est constitué de deux îles principales : Unguja et Pemba. Zanzibar Town en est la capitale, et se situe sur la côte Ouest de l’île d’Unguja (Fig.1). La vieille ville historique se nomme “Mji Mkongwe”, en anglais “Stone Town”, car ses maisons sont bâties en pierre de corail. L’autre partie de la ville, qui se nomme Ng’ambo, se caractérise par le mélange de demeures bourgeoises, d’immeubles construits dans les années 1960 et de maisons individuelles souvent vétustes et précaires1. Stone Town est classée depuis 2000 au Patrimoine Mondial de l’UNESCO selon plusieurs critères : - «La ville de pierre de Zanzibar est une exceptionnelle manifestation matérielle de fusion et d’harmonisation culturelle.» La fusion des influences swahilies, indiennes, arabes et européennes se retrouve dans les constructions de l’île, principalement réalisées en blocs extraits du massif de corail et en bois de palétuvier, liés et enduits par un mortier de chaux et de plâtre. La juxtaposition de demeures de styles arabes ou indiens aux portes de bois magnifiquement sculpté, et de modestes maisons swahilies, ainsi que d’échoppes indiennes et de petits commerces de rue, caractérise parfaitement l’ambiance et le décor de la ville. - «Pendant plusieurs siècles, une intense activité commerciale maritime a relié l’Asie et l’Afrique, ce qu’illustrent de façon exceptionnelle l’architecture et la structure urbaine de la ville de pierre.» Les principaux monuments datent des XVIIIe et XIXe siècles et témoignent de l’histoire de Zanzibar, des échanges commerciaux et d’un brassage culturel sans pareil. Les édifices principaux sont l’Ancien Fort arabe construit à l’endroit de l’ancienne église portugaise, la Maison des Merveilles construite par le Sultan Barghash, l’Ancien Dispensaire (mélange de style architectural indien et néo-classique anglais), la Cathédrale Saint Joseph construite selon les plans de l’architecte français Béranger, la Cathédrale Anglicane érigée sur le site de l’ancien marché aux esclaves, la Mosquée de Malindi Bamnara (une des plus anciennes mosquées de Zanzibar datant du XVe siècle) et les Bains Hamamni perses ; ces monuments chargés d’histoire ainsi que la structure urbaine en bord de mer reflètent ce riche passé d’échanges commerciaux. - «Zanzibar est d’une grande importance symbolique dans l’histoire de l’abolition de l’esclavage : en effet, important port d’Afrique de l’Est pour la traite des Noirs, il fut aussi un des sites où ses opposants, dont David Livingstone, furent singulièrement actifs.»2
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1_ LE COUR GRANDMAISON,Colette, CROZON, Ariel. Zanzibar aujourd’hui. Paris : Editions KARTHALA et IFRA, 1998. 402p., Collection « Hommes et Sociétés ». p. 9. 2_ UNESCO. La ville de pierre de Zanzibar, [en ligne]. http://whc. unesco.org/fr/list/173/ (page consultée le 10 mai 2016) Illustrations ci-contre : Fig. 1 : Contextualisation (Source : Wikipedia. 2011. [en ligne] https:// fr.wikipedia.org/ wiki/R%C3%A9volution_de_Zanzibar. Page consultée le 10 mai 2015. Retravaillé par Marie DZIEZUK)
Figure 1
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Inde
Oman
Inde
Oman
Zanzibar Zanzibar
Figure 2
Mogadishu
Mogadishu
Sofala
Delagoa Bay Natal
Sofala
Delagoa Bay Natal
Figure 3
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3_ Les shebaens venaient d’Arabie du Sud Ouest (actuel Yémen). C’était un peuple de marins. 4_ Les îles de Zanzibar, Mombasa, Malindi, Lamu et Kilwa avaient toutes leur propre sultanat et le commerce avec les arabes, perses, indiens et africains les enrichissait. Illustration ci-contre : - Fig. 2 : Moussons faisant circuler les commerçants dans l’Océan Indien. (Source : SIVARO, Francesco. Zanzibar: A Plan for the Historic Stone Town. Italie : Stampa Fratelli Palombi srl, 1996. p. 11. Retravaillé par Marie DZIEZUK) - Fig. 3 : La domination portugaise dans l’Océan Indien, XV e siècle (Source : ibid. p. 12. Retravaillé par Marie DZIEZUK)
C’est la proximité du continent qui a déterminé le destin africain de cet archipel et qui constitue la source de son succès. Les premiers habitants de Zanzibar datent du Ier siècle ; ils étaient des pêcheurs venus du continent africain, ayant traversé la mer avec de petits bateaux. Au IIe siècle, les routes de la soie et de la porcelaine passaient par Zanzibar, grâce aux indiens. En effet, les moussons du Nord-Est amenaient des marchands d’Arabie, de Perse, et d’Inde (de décembre à février), et les moussons du Sud-Ouest les ramenaient à bon port (mars-avril) (Fig.2). A cette époque, les shebaens3 possédaient la souveraineté de Zanzibar. Pendant les IIIe et IVe siècles, des peuples émigrèrent vers la côte Est de l’Afrique, originaires de la région correspondant au Cameroun actuel : les Bantous. Vers les VIIIe et IXe siècles, une autre vague d’émigration parvint à Zanzibar : les Shirazis de Perse développèrent un commerce d’or, d’ivoire, et de peaux d’animaux. Les Bantous commencèrent, à la même période, à se nommer les swahilis, et coexistèrent paisiblement avec les perses et arabes. Ils adoptèrent la religion musulmane ainsi que d’autres traditions et coutumes. Le commerce bâtait son plein, et Zanzibar était une monarchie opulente. Au XIIIe siècle des monuments en pierre commençèrent à se construire. Au XVe siècle, la côte swahilie était prospère4, mais l’arrivée d’explorateurs portugais (dont Vasco de Gama) interrompit ces commerces en établissant une domination sur tous les ports du golfe arabo-persique pendant un demi siècle (Fig.3). Le roi swahili, Mwinyi Mkuu, se vît contraint de s’assujettir au Portugal. Ils contrôlaient en 1525 une grande partie de la côte Est de l’Afrique, et en 1590, ils construisirent une église à Zanzibar qui amorça la construction de la ville. Mais une autre puissance européenne était intéressée par l’Océan Indien. Les britanniques convoitaient le contrôle de la côte orientale de l’Afrique car elle était située sur la route de l’Inde qu’ils commencaient à explorer. Malgré la construction de forts (en 1594 à Pemba et en 1595 le «fort Jésus» à Mombasa), la position portugaise s’affaiblit. Les Sultans d’Oman vinrent au secours de Zanzibar et de son roi, et en 1668 toute la côte Est tomba entre leurs mains. Les portugais furent chassés peu après de la région. 21
Zanzibar fut à partir de cette période gouvernée par le Sultan d’Oman, depuis Muscate, la capitale. Afin de consolider son pouvoir, un fort fut construit à la place de l’église portugaise en 1710 (Fig. 4). Les échanges commerciaux grandirent avec le pouvoir des omanais, et Zanzibar devint une plaque tournante du commerce d’esclaves africains (car la loi musulmane interdisait l’esclavagisme envers les musulmans) : au milieu du XVIIIe siècle, plus de 3000 esclaves par an transitaient par Zanzibar. En 1792, le Sultan bin Ahmad signa un traité de commerce et de navigation avec les anglais afin de renforcer ses territoires. Ce fut le début de l’alliance avec les britanniques. En 1840, la capitale du sultanat fut déplacée de Muscate vers Zanzibar et le Sultan d’Oman devint Sultan de Zanzibar. Parallèlement au succès de la culture du clou de girofle et du commerce, l’esclavage s’intensifia toujours davantage. Le Sultan Sayyid Said fit construire la même année un palais, le Beit El-Sahel (devenu aujourd’hui un musée). La capitale se développant, de nombreux marchands arabes influents s’y installèrent et construisirent de grandes demeures en pierre de corail. Le Sultan invita également des commerçants indiens. Ces derniers issus de plusieurs régions d’Inde et de confessions souvent différentes se regroupèrent sans surprise dans certaines parties de la ville, notamment à l’arrière du front de mer et du fort. Ils bâtirent diverses structures religieuses et formèrent des quartiers de « bazaar » (Fig. 5) dans un dédale de ruelles tortueuses.5 A la mort du Sultan en 1856, les sultanats d’Oman et de Zanzibar se scindèrent. Cependant le commerce des esclaves continua de battre son plein malgré les tentatives de limitations des européens. Le nombre d’esclaves annuels était encore de 20.000, et la population ne cessait de croître. Par ailleurs, la surproduction de clous de girofle faisait chuter son cours, et les habitants s’appauvrissaient. Des épidémies de choléra et de malaria décimèrent 1/6e de la population. En juin 1873, les anglais mirent la pression sur le Sultan afin de signer un traité pour la complète abolition de l’esclavage. Le marché aux esclaves fut détruit, et une cathédrale construite à sa place. Malgré cela, un marché clandestin d’esclaves se mit en place. Il fallut attendre 1890 pour que l’esclavage soit enfin aboli (Fig. 6). 22
5_ SIVARO, Francesco. Zanzibar: A Plan for the Historic Stone Town. Italie : Stampa Fratelli Palombi srl, 1996. p. 34. Illustration ci-contre : - Fig. 4 : Photo actuelle prise à l’intérieur du vieux fort construit par les omanais. (Source : Terra Incognita. 2015. [en ligne]. http://la-terra-incognita.com/2015/12/ zanzibar-un-pied-enorient-lautre-en-enafrique/. Page consultée le 10 juillet 2016). - Fig. 5 : Photo d’une ruelle de bazaar typique à Stone Town (quartier Kajificheni) -Fig 6 : Photo de la sculpture comémorant l’abolition de l’esclavage, trônant à côté de la cathédrale anglicane.
Figure 4
Figure 5
Figure 6
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Figure 7
Figure 8
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Illustrations ci-contre : - Fig. 7 : Le complexe palatial du Sultan vers 1890. Photo prise par J. Sturtz. (Source : Courtesy the Melville J. Herskovits Library of African Studies Winterton Collection, Northwestern University) - Fig. 8 : Photo colorisée montrant le complexe palatial après le bombardement des anglais sur le front de mer. (Source : Common Place Fun Facts, 2014. [en ligne]. https://commonplacefacts.wordpress.com/tag/ germany/. (page consultée le 10 avril 2015).
En 1883, alors que ses prédécesseurs avaient déjà construit des palais d’influence arabe sur le front de mer de la ville, le Sultan Barghash se laissa séduire par l’influence anglaise, mais aussi indienne6, et construisit le Beit-el-Ajaib, aujourd’hui connu sous le nom de House of Wonders7. Ce palais fut le premier monument de tout l’Est africain à recevoir l’électricité et à disposer d’un ascenseur électrique (Fig. 7). En 1890, Zanzibar, affaiblie économiquement, passa sous protectorat britannique, le Sultan n’ayant plus qu’un rôle restreint. En 1896 eut lieu le conflit le plus court de l’histoire (37 minutes), au cours duquel les britanniques bombardèrent le palais (Fig. 8) et chassèrent le nouveau Sultan, Khaled, fils de Bargash, qui tentait de s’emparer du pouvoir8. 6_ Dans les années 1900, l’architecte anglais J-H Sinclair construira dans Stone Town différents bâtiments au style architectural caractérisé comme «sarrasin» - style qui associe des éléments de l’architecture indo-islamique à l’architecture néogothique de l’Époque Victorienne. 7_ La House of Wonders est aujourd’hui le monument emblématique de la ville, et accueille le musée de la culture swahilie. 8_ Wikipedia. Histoire de Zanzibar - Présence portugaise. [en ligne]. https://fr.wikipedia.org/ wiki/Histoire_de_Zanzibar#Pr.C3.A9sence_portugaise (page consultée le 20 juillet 2016).
Après la Première Guerre Mondiale, les territoires allemands en Afrique de l’Est furent annexés par les anglais, qui formèrent alors le Tanganyika, un ensemble de territoires sous mandat. Après la deuxième guerre mondiale, la population zanzibarite eut la permission des anglais de participer à la politique de l’île. Plusieurs partis naquirent vers 1957, date de la première élection. Les deux plus importants étaient l’ASP (Afro Shirazi Party), dominé par les africains, et le ZNP (Zanzibar Nationalist Party), dominé par les arabes. Suite à des remous politiques et des émeutes, les anglais se rendirent compte qu’un gouvernement autonome devenait inévitable et en 1963 Zanzibar devint un sultanat indépendant. Cette indépendance fut de courte durée car une révolution éclata l’année suivante. De violentes émeutes raciales menées par des descendants d’esclaves, provoquèrent la mort de milliers de personnes arabes et indiennes. En janvier 1964, Sheik Abeid Amani Karume, chef du parti ASP, fut nommé président de la République Populaire de Zanzibar et mit en place une politique de type marxiste et tyrannique (Fig. 9). Les biens et terres furent confisqués par l’Etat, et une grande partie de la population quitta l’île. Ce patrimoine, non entretenu, se détériora au fil des années. Julien Nyerere, président du Tanganyika depuis 1962, rencontra Karume afin d’envisager une union politique. En avril 1964, ils s’unirent pour former la Tanzanie. Karume garda cependant Zanzibar à part et ne partagea aucun bénéfice 25
des commerces de l’île. Afin de redynamiser Zanzibar après le départ de nombreuses personnes économiquement importantes, Karume fit appel à la Chine, qui construisit son ambassade et des infrastructures, comme le château d’eau à Ng’ambo. Suivirent l’Allemagne de l’Est et l’URSS, puis Cuba. En 1972 à la mort de Karume, son successeur Aboud Jumbe Mwinyi, moins extrémiste, se rapprocha de la Tanzanie, et améliora ses relations internationales. Les années 80’ virent le cours du clou de girofle chuter ; l’économie privée fut donc relancée, et la libéralisation du commerce engendrée. En parallèle, l’UNESCO, attentive à la détérioration alarmante de la vieille ville, poussa un cri d’alarme, et le gouvernement céda des maisons aux étrangers, qui les transformèrent bien souvent en hôtels. Les années 90’ virent le tourisme de l’île se développer. Au niveau politique, les conflits faisaient toujours rage et en 1992 Zanzibar et la Tanzanie cessèrent d’être un état politique uni. L’idée montante d’un multipartisme démocratique posait de sérieux problèmes à Zanzibar, dans la sens où les revendications insulaires pouvaient aboutir au développement de l’indépendantisme, qui n’aurait pas été favorable à l’archipel. En octobre 1995, les élections de Zanzibar furent truquées et des protestations retentirent. La même situation de fraudes électorales se reproduisit en 2000 et Pemba et Zanzibar furent la proie de folles violences. Aujourd’hui, les problèmes politiques entre le parti CCM (Chama Cha Mapinduzi) et le parti CUF (Civic United Front) restent forts, mais s’effacent au profit d’une montée du tourisme, seul moteur du développement de l’archipel. Les élections organisées à nouveau en mars dernier, à la suite de l’annulation des précédentes en octobre pour cause de trucage, furent «encadrées» par une milice tanzanienne violente, afin de faire régner une terreur ne laissant aucune place à un renversement de pouvoir. La ville de Zanzibar constitue un contexte unique, tant dans sa culture, influencée par de nombreuses civilisations, que dans sa politique, qui encore aujourd’hui n’est pas stabilisée, comme dans bon nombre d’archipels de l’Océan Indien (Fig. 11). 26
Illustrations ci-contre : - Fig. 9 : affiche de propagande pour Karume. (Source : Laboratoire Urbanisme Insurrectionnel, 2016. [en ligne]. http://laboratoireurbanismeinsurrectionnel. blogspot.fr/2016/02/ zanzibar-socialiste.html (Page consultée le 26 mars 2016). - Fig. 10 : Les barres de logements de Michenzani (1102 appartements), construites par les chinois en 1970. (Source : Laboratoire Urbanisme Insurrectionnel, 2016. [en ligne]. http:// laboratoireurbanismeinsurrectionnel.blogspot. fr/2016/02/zanzibar-socialiste.html (Page consultée le 26 mars 2016).
Figure 9
Figure 10
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Figure 11
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Illustration ci-contre : Fig. 11 : Photo prise d’une terrasse et montrant le paysage historique urbain de Stone Town.
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B. Le baraza : définition et influences
1) Brève définition du baraza à Stone Town
L
e baraza est un terme utilisé en Kiswahili - la langue parlée à Zanzibar pour définir plusieurs choses : un lieu public de réunion, une pièce de réception, une plateforme surélevée. Mais c’est sous la forme d’un banc de pierre qu’il se retrouve adossé à la majorité des façades des rues étroites de Stone Town. Il constitue un important élément d’Architecture car il permet aux bâtiments surélevés de sa hauteur de ne pas se retrouver inondés durant la période des fortes pluies. Il revêt aussi une importance sociale car il fournit une « raison de s’asseoir ici » qui rend la conversation avec les passants naturelle et aisée. Simple assise pour se rencontrer et discuter entre amis, il peut aussi servir de vitrine à un commerce, de terrasse pour un vendeur de café, de table de jeux de sociétés, etc. Ses origines sont multiples, mais il sert toujours et avant tout de lieu de rencontre et de sociabilité. Ses formes sont héritées des influences et des hybridations au fil du temps (indiens modifiant des maisons arabes par exemple), ou des modifications par rapport aux usages (rampe pour deux roues ajoutée pour ranger son véhicule dans la maison). Le baraza constitue la première étape dans la transition de l’espace public vers l’espace privé ; il peut être un élément simplement adossé contre la bâtisse qui le supporte, ou faire partie d’un système plus vaste et ainsi comprendre de petites toitures couvrant du soleil et de la pluie par exemple. Dans les paragraphes qui vont suivre, je vais établir les origines du baraza, en m’attachant à expliquer où et comment elles naissent, puis je chercherai à comprendre et analyser comment ces influences se matérialisent à Zanzibar. Les empreintes arabes, indiennes et swahilies se sont réellement interpénétrées pour créer le baraza actuel de Stone Town.
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Illustration ci-contre : Fig. 12 : Une rue marchande bordée de barazas couverts de auvents dans le quartier Forodhani. (Source : The Seyyida Hotel&Spa, 2016. [en ligne]. http://theseyyida-zanzibar.com/ stone-town-zanzibar/#! (page consultée le 20 juillet 2016).
Figure 12
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Figure 15
Illustrations ci-contre : - Fig. 13 : une maison swahilie en terre à Ng’ambo, vers 1900. (Source : Courtesy the Melville J. Herskovits, Coutinho Brothers). - Fig. 14 : Plan d’une maison swahilie en terre (Source : LANIER, Royce, MCQUILLAN, Aidan. The Stone Town of Zanzibar - A Strategy for Integrated Development - a Technical Report. Ministry of Lands, Construction and Housing, Zanzibar (1983), p. 19. Retravaillé par Marie DZIEZUK) - Fig. 15 : Plan archétypal d’une maison swahilie en pierre (Source : STEYN, Gerald. The Lamu House - an East African architectural enigma.. Department of Architecture of Technikon Pretoria. p. 161. Disponible en ligne sur : http://www.repository. up.ac.za/bitstream/ handle/2263/15245/ Steyn_Lamu2002). pdf ?sequence=1. Page consultée le 27 mai 2016. Retravaillé par Marie DZIEZUK)
2) L’influence swahilie Le système du daka, du sebule et du baraza
L
’influence swahilie dans les constructions de Zanzibar provient majoritairement des typologies des maisons présentes sur la côte est-africaine. Le mode de vie qui découle de l’organisation de ces maisons s’est beaucoup diffusé dans la vieille ville. On compte deux typologies principales de l’habitat swahili, datant de deux périodes distinctes : Les premières constructions étaient des maisons en torchis, construites avec un toit appelé « makuti » constitué de feuilles de palmiers. La simplicité de la forme et de la mise en oeuvre de cette maison permettaient aux propriétaires de participer à la construction et plus tard de réaliser des modifications sans difficulté. L’entrée de la maison se situe au centre de la façade principale, dans une partie renfoncée créant un porche ouvert sur une plateforme surélevée. Ce porche fait face à la rue tel un espace d’assise semi-privé, et s’appelle baraza. C’est d’ici que les résidents prennent part à la vie publique et participent à des contacts informels avec les passants (Fig. 13). Le plan de ces maisons est caractérisé par un couloir qui traverse la maison, bordé de pièces de part et d’autre, et menant à la cour arrière. Les pièces secondaires se retrouvent dans une construction séparée à l’arrière de la cour, où toutes les fonctions domestiques sont prises en charge par les femmes, bien isolées de la vie publique (Fig. 14).
9_ LANIER, Royce, MCQUILLAN, Aidan. The Stone Town of Zanzibar - A Strategy for Integrated Development - a Technical Report. Ministry of Lands, Construction and Housing, Zanzibar (1983), p. 18.
Au fur et à mesure de la régénération graduelle des villes swahilies, ces maisons se sont construites en pierre de corail liées par du limon, surplombées d’un toit supporté par une structure en poutres de mangrove. Le plan a alors été conditionné par la méthode de construction : une série de pièces allongées de 2,5 à 3,5 mètres de large (déterminé par la longueur des poutres) étaient disposées parallèlement à la façade principale. En dehors de ces changements, le plan a conservé sa cour intérieure séparant les pièces de vie des espaces servants9 (Fig. 15). La deuxième typologie daterait du XVIIIe siècle. Aujourd’hui, les exemples les mieux préservés étant situés à Lamu au Kenya, ces maisons sont communément 33
appelées « maison de type Lamu »10. Elles se matérialisent par un bâtiment autonome en pierre qui accueille dans un plan rectangulaire toutes les pièces de vie, de service et de nuit qu’une maison avec domestiques requiert. Elle se dresse sur une petite parcelle (moins de 250m2) et occupe 70% de la surface, le reste constituant la cour. La plupart de ces maisons se développent sur deux étages : le rez sert au déploiement des espaces pour domestiques, et le premier étage contient les pièces d’habitation des propriétaires. Ce type de maison se développe selon un module constant de 3 mètres de large pour chaque pièce, pour les mêmes raisons que citées précédemment (Fig. 16).
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La plupart des rues swahilies sont très étroites : pour éviter un changement abrupt de l’environnement formel de la rue vers l’atmosphère intime de la maison, une forme de transition devient nécessaire. L’entrée de l’habitation se fait alors par un porche appelé daka (au pluriel madaka) d’environ 3 mètres de large, surélevé de une à trois marches au dessus du niveau de la rue, et bordé de barazas. Le changement de niveau, de matériau et de lumière qui s’opère en ce seuil favorise la transition de l’extérieur vers l’intérieur. Comme dans la première typologie, la maison est une boîte fermée. Malgré l’humidité, aucune ouverture sur l’extérieur n’est tolérée ; les besoins en lumière et ventilation sont donc assouvis via la cour intérieure. Par conséquent, les rues acquièrent une intimité propre ; en un sens elles agissent comme un salon public, une extension des madaka, ou porches semi-ouverts des maisons.
10_ STEYN, Gerald. An Analysis of an Omani House in Stone Town Zanzibar. School for the Built Environment, University of Pretoria. p. 110. Disponible en ligne sur : Research Gate, 2015. https://www. researchgate.net/publication/265889781_An_ analysis_of_an_Omani_ house_in_Stone_Town_ Zanzibar (page consultée le 27 mais 2016).
Le daka a deux portes sculptées, toujours à 2 ouvrants, une menant au rez, l’autre au 1er étage. La porte menant au 1er étage s’ouvre sur une volée d’escaliers qui, à mi-chemin, donne accès à un sebule, espace d’accueil des invités. Mais cet emplacement n’est pas une constante. Le sebule est parfois placé au rez, accessible par le daka à travers une autre porte. Les escaliers débouchent sur un espace extérieur de circulation couvert, le tekani, surplombant la cour rectangulaire, le kiwanda. Cette cour constitue le noyau de la maison, où la plupart des activités journalières prennent place, et autour de laquelle les autres espaces de la maison gravitent. La maison swahilie suit donc un axe en plan : plus on suit cet axe vers l’intérieur, plus les espaces deviennent graduellement sombres, décorés, privés. Cet axe sert de gradient d’intimité. Au départ de cet axe : le daka, l’espace le plus formel, suivi du sebule, espace de réception11.
11_ GHAIDAN, Usam. Lamu : A study of the Swahili town. Nairobi : East African Literature Bureau, 1975. p. 45. Illustration ci-contre : Fig. 16 : Plans d’une maison de type Lamu organisée autour de deux cours. (Source : ibid. p. 44. Retravaillé par Marie DZIEZUK)
Figure 16
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Figure 19
Figure 17
Figure 18
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Figure 20
12_ STEYN, Gerald. An Analysis of an Omani House in Stone Town Zanzibar. School for the Built Environment, University of Pretoria. p. 111. Disponible en ligne sur : Research Gate, 2015. https://www. researchgate.net/publication/265889781_An_ analysis_of_an_Omani_ house_in_Stone_Town_ Zanzibar (page consultée le 27 mais 2016). Illustrations ci-contre : - Fig. 17 : Maisons à Ng’ambo. - Fig. 18 : L’une des maisons swahilies restantes à Stone Town, quartier Funguni. - Fig. 19 : Les maisons swahilies mitoyennes. - Fig. 20 : L’un des 5 madaka restants à Stone Town, celui du Spa Jafferji dans le quartier de Sokomuhogo.
Voyons maintenant comment ces deux typologies se matérialisent à Zanzibar. La maison de terre s’implante sur l’archipel au XVIIe siècle, quand des familles swahilies d’autres endroits de la côte viennent s’installer et perpétuer la tradition architecturale de l’Afrique de l’Est. Elle constituait à l’époque la typologie la plus caractéristique de la péninsule. Comme sur tout le long de la côte, les maisons sont remplacées progressivement durant le XIXe siècle par leurs cousines en pierre, car elles n’étaient plus acceptées au sein de la ville12. Alors qu’elle constitue le type d’habitation commune à Ng’ambo (Fig. 17), à l’est de la vieille ville, cette typologie se fait rare à Stone Town. Les rares exemples que l’on trouve se situent majoritairement dans le quartier de Funguni, au Nord de la péninsule (Fig. 18). Historiquement, il est l’un des derniers à avoir été transformé en pierre, et constitue aujourd’hui le quartier des pêcheurs. Il se démarque des autres faubourgs par ses habitations souvent très basses (un à deux étages maximum), et par son espace public plus large et généreux. C’est ici que l’on comprend le mieux l’utilisation originelle du baraza tel qu’appliquée dans les maisons swahilies : les hommes s’y détendent, assis nonchalamment sur ce qui s’apparente à une terrasse semi-privée, et engagent la conversation avec tous les passants. Certaines de ces maisons swahilies se retrouvent mitoyennes, et les barazas fusionnent alors en une sorte de grande rue secondaire couverte (Fig. 19). Certains habitants profitent des poteaux supportant la toiture couvrant le baraza pour y accrocher des objets à vendre, comme des peaux de bêtes, ou des poissons séchés ; ils restent alors disponibles pour tout acheteur potentiel en s’asseyant sur le baraza et en discutant avec ses collègues pour patienter. La maison de pierre de type Lamu quant à elle ne se retrouve pas appliquée telle quelle à Stone Town. Sa typologie a directement été mélangée avec les influences arabes déjà présentes sur l’île lors de son importation, pour ainsi créer un hybride. Aujourd’hui, les seules traces visibles de cette typologie architecturale dans l’espace public sont les cinq madaka encore existants et disséminés dans la vieille ville (Fig. 20). A l’intérieur de la maison, on retrouve alors confondus les espaces de réception hérités des deux cultures : le sebule et le majlis, que je développerai plus loin.
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3) L’influence arabe Le système du majlis
L
’influence arabe à Zanzibar provient des typologies des maisons et hôtels particuliers de marchands venus s’installer sur la péninsule pour leur commerce. Les palais des Sultans d’Oman ont également modifié le paysage architectural urbain ; ils ont intégré à leurs constructions les mêmes manières de concevoir l’espace. Cette partie s’attardera donc à développer la typologie de la maison arabe, et en particulier son système d’entrée. La maison arabe telle qu’on la conçoit à Oman est une construction massive, répondant parfaitement au climat chaud et humide. Elle permet d’atteindre de fortes densités de peuplement, tout en offrant un espace privé extérieur. Les élévations de la rue sont harmonieuses, et la forme du plan est flexible13. Elle est généralement constituée de deux ou trois étages surmontés d’un toit plat, parfois avec un parapet crénelé (Fig. 21), et elle se construit autour d’une cour intérieure centrale. La religion a eu un impact majeur sur le développement et l’organisation intérieure des demeures omanaises. Le concept islamique de harem, où la nature privée de la vie de famille doit être maintenue et les femmes protégées de la vue du public, appelle à un retrait de la sphère privée vers l’intérieur de la maison. Parallèlement, la tradition de l’hospitalité appelle à un espace public formel dans lequel recevoir et divertir les visiteurs. La maison arabe suit donc une division pièces de réception/espaces privés et pièces pour hommes/pièces pour femmes. L’espace de réception pour les hommes est un espace très important dans la maison. C’est le majlis hall, qui sert à accueillir les invités ; on leur y sert souvent un café. Le majlis est souvent très décoré car c’est la pièce de représentation, avant le salon privé. Lors d’un déménagement, le changement de maison ne s’opère pas tant que le majlis n’est pas correctement décoré. Si l’espace le permet, on crée un premier majlis pour les réunions formelles (majlis hall, ou mugallat, avec canapés et sofas), et un second pour les rencontres informelles (majlis arabe, où l’on s’asseoit par terre). Le majlis « informel » peut servir également de salle à manger. L’entrée du majlis sert alors de rotule connectant tous les autres espaces entre eux : il constitue un lieu permettant de lier les pièces de réception masculines avec la partie familiale. Il peut également servir d’assise où l’on participe à de petites discussions (Fig. 22).
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13_ STEYN, Gerald. An Analysis of an Omani House in Stone Town Zanzibar. School for the Built Environment, University of Pretoria. p. 125. Disponible en ligne sur : Research Gate, 2015. https://www. researchgate.net/publication/265889781_An_ analysis_of_an_Omani_ house_in_Stone_Town_ Zanzibar (page consultée le 27 mais 2016). Illustrations ci-contre : - Fig. 21 : L’architecture traditionnelle omanaise, caractérisée par ses toits plats crénelés. (Source : SAMAR DAMLUJI, Salma. The Architecture of Oman, Garnet, 1998. p.1). - Fig 22 : Plans et coupe de la maison typique arabe. (Source : STEYN, Gerald. An Analysis of an Omani House in Stone Town Zanzibar. School for the Built Environment, University of Pretoria. p. 120. Retravaillé par Marie DZIEZUK)
Figure 21
Figure 22
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Figure 24
Figure 23
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Illustrations ci-contre : - Fig. 23 : Plan du rez d’une maison d’influence mixte à Stone Town. (Source : SIVARO, Francesco. Zanzibar: A Plan for the Historic Stone Town. Italie : Stampa Fratelli Palombi srl, 1996. p. 33. Retravaillé par Marie DZIEZUK). - Fig 24 : Photo d’un sebule dans le quartier Forodhani.
Le majlis féminin d’antan se situait dans la partie familiale de la maison, mais au fur et à mesure des modifications d’usages, il migra vers l’entrée, comme le majlis masculin. Les femmes préfèrent également voir séparés les espaces privés des espaces de réception, les visiteurs étant ainsi éloignés des pièces privées. En effet, les femmes ayant de plus en plus un travail, elles ne restent pas à la maison et ont besoin d’un espace de réception formel14.
14_ A. AL-NAIM, Mashary. The Home Environment in Saudi Arabia and Gulf States The dilemma of Cultural Resistance, volume II. Presses de l’université catholique de Milan, 2006. p. 139. 15_ STEYN, Gerald. An Analysis of an Omani House in Stone Town Zanzibar. School for the Built Environment, University of Pretoria. p. 128. Disponible en ligne sur : Research Gate, 2015. https://www. researchgate.net/publication/265889781_An_ analysis_of_an_Omani_ house_in_Stone_Town_ Zanzibar (page consultée le 27 mais 2016). 16_ SIVARO, Francesco. Zanzibar: A Plan for the Historic Stone Town. Italie : Stampa Fratelli Palombi srl, 1996. p. 33.
Voyons comment cette typologie se retrouve à Zanzibar. Les maisons omanaises sont les bâtiments en pierre les plus courants à Stone Town. Elles reprennent le plan de la typologie originale, en modifiant quelques détails. Vers la fin du XIXe siècle, les toitures plates sont pour la plupart couvertes par des plaques de tôle ondulée afin de garantir une protection contre la pluie tropicale ; des fenêtres zanzibarites à volets régulièrement espacées font face à la rue et à l’espace extérieur adjacent ; une porte zanzibarite richement sculptée définit l’entrée principale ; de nouveaux propriétaires d’origine indienne rachètent les maisons vers la fin du XIXe siècle et apportent leurs propres éléments architecturaux à la typologie de base (exemple des balcons en bois). Ces maisons représentent sans doute une valeur historique moindre par rapport aux monuments, mais elles contribuent néanmoins à donner à Stone Town son caractère distinctif. La plupart d’entre elles sont des propriétés privées et leurs propriétaires ne peuvent souvent pas se permettre de les restaurer. Certaines ont été transformées en hôtels, bureaux et même en immeubles d’habitation. Ces conversions ont inévitablement (et malheureusement) obscurci la clarté et la simplicité des dessins originaux15. La tradition de l’hospitalité, commune aux cultures swahilies et arabes, a fusionné dans le plan de l’habitat commun à Stone Town : tout d’abord, on ajoute un baraza à l’extérieur de la maison, qui permet un autre type de rencontre, davantage tourné vers l’espace public, et met encore plus en retrait les pièces privées. En entrant dans la maison, on passe ensuite par un hall de réception informel également bordé de barazas, appelé sebule, espace récupéré de la typologie des habitations swahilies (Fig. 23-24). D’un côté de ce hall se trouve le majlis, issu de l’influence arabe. Ces deux espaces (sebule et majlis) sont utilisés par les hommes de la famille pour recevoir et divertir les visiteurs masculins16. 41
4) L’influence indienne
La pratique du adda et le otla des bazaars
L
’influence indienne transparait dans le baraza via deux caractéristiques : l’influence architecturale des maisons de marchands indiens venus s’installer à la demande du Sultan Sayyid Said, mais aussi l’influence apportée par les pratiques sociales de certaines communautés. Concernant l’influence architecturale, il est difficile d’établir une zone géographique d’où proviendrait un type d’architecture en particulier. En effet, les commerçants indiens venus s’installer à Stone Town ont émigré de nombreuses régions indiennes différentes. Ils ont alors développé une typologie propre au lieu dans lequel ils s’installaient. Le adda est une pratique sociale très importante de la culture bengalie, et consiste en une réunion d’habitants (d’hommes principalement), participant à de longues discussions insouciantes et informelles avec des proches et amis dans l’espace public. Le adda fait partie intégrante de la vitalité des rues au caractère bengali, et se pratique à la manière du club, sur les rawks (vérandas, terrasses surélevées d’un bâtiment), mais également jusque dans les bureaux, les écoles, etc. Même les arrêts de bus sont encore aujourd’hui appelés « bus-addas ». De manière générale, les hommes faisant partie d’un adda (qualifiés parfois d’adhérents), se réunissent avant ou après leur travail dans le quartier dans lequel le plus grand nombre de ses adhérents habitent (Fig. 24). Le adda sert de lieu de représentation, et être qualifié de « bon au adda » est une valeur culturelle, une qualité. Les meilleurs orateurs de chaque adda se font même appeler rois ou empereurs du adda. La coutume du rassemblement entre hommes, mais aussi entre femmes dans des espaces sociaux séparés, pour parler de tout sujet affectant leurs vies, est une ancienne tradition (Fig. 25). L’espace le plus associé à ces addas est le rawk, ou rowak, une terrasse surélevée attachée aux vieilles maisons de Calcutta, où les jeunes hommes du quartier viennent se regrouper. Les propriétaires de classe moyenne des maisons concernées voient généralement cet attroupement comme agaçant, voire même comme une menace à leur respectabilité, surtout si de jeunes femmes résident là. Cette véranda extérieure, élément architectural des maisons bengalies jusqu’à ce que la montée du prix du terrain la rende obsolète, doit être une réminiscence du daoa qui entourait les maisons en terre dans les villages du Bengale.
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Illustrations ci-contre : - Fig. 24 : Des jeunes hommes pratiquant le adda en Inde. (Source : Géo, CHEYROU Joris, 2016. [en ligne]. http:// www.geo.fr/voyages/ guides-de-voyage/asie/ inde/(onglet)/photos/ (offset)/40). - Fig. 25 : Illustration montrant des hommes parlant ensemble autour d’un livre à gauche, ou d’un sujet quelconque à droite. (Source : Chakrabarty, D. 2000. Adda: A History of Sociality. In Provincializing Europe. Postocolonial Thought and Historical Difference, 180-213. Princeton: Princeton University Press. p. 196).
Figure 24
Figure 25
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Figure 26
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Illustrations ci-contre : Fig. 26 : Plan de 4 maisons indiennes développant leurs commerces sur les Otlas, et coupe d’une maison type montrant la régularité de la structure. (Sources : SIVARO, Francesco. Zanzibar: A Plan for the Historic Stone Town. Italie : Stampa Fratelli Palombi srl, 1996. p. 35. Retravaillé par Marie DZIEZUK / LANIER, Royce, MCQUILLAN, Aidan. The Stone Town of Zanzibar - A Strategy for Integrated Development - a Technical Report. Ministry of Lands, Construction and Housing, Zanzibar (1983), p. 21. Retravaillé par Marie DZIEZUK).
Le adda est encore aujourd’hui une pratique hybride, mélange de conversation de café, d’acte de démocratie, et de club à l’anglaise où l’on écoute les paroles d’un illustre ami qui dirige parfois la conversation. Aucun sujet n’y est évité, aucun horaire n’y est accolé, on s’y rencontre quand et pour ce que l’on veut17. Voyons comment cette pratique se retrouve à Zanzibar. Les marchands venus d’Inde s’installèrent dès le XIXe siècle à Stone Town et construisirent des quartiers de bazaars, caractérisés par des maisons mitoyennes ouvrant sur les rues (appelées biashara) des commerces au rez, et déployant les habitations aux étages (sur un ou deux niveaux). Ces bâtisses s’ancrent dans un alignement de structures identiques constituées de pièces en enfilade de maximum 4 mètres de large, dans des ilôts construits par des groupes de familles constitués en fonction de leur origine ou religion. Dans chacun de ces blocs se forme un passage couvert menant à un intérieur d’ilôt semi-privé partagé par ces familles. Au départ de taille modeste, ces maisons se développent par la suite, par l’ajout d’un étage, d’une rangée de pièces à l’arrière, ou encore d’un balcon s’avançant sur la rue. La journée, ces quartiers sont très animés, alors que la nuit ils se transforment en de calmes quartiers dortoirs.
17_ Chakrabarty, D. 2000. Adda: A History of Sociality. In Provincializing Europe. Postocolonial Thought and Historical Difference, 180-213. Princeton: Princeton University Press. p. 187-189. 18_ SIVARO, Francesco. Zanzibar: A Plan for the Historic Stone Town. Italie : Stampa Fratelli Palombi srl, 1996. p. 35.
Les espaces commerciaux au rez servent à la vente de détail, au stockage, ou encore au déploiement d’espaces de fabrication, allant de la menuiserie à la couture. Ils s’ouvrent directement sur la rue grâce à de grandes portes pliantes à quatre pans, dont la largeur égale quasiment la largeur totale du bâtiment. Ils sont surélevés d’un demi-mètre au dessus du niveau de la rue par une ou deux marches qui courent tout le long de la rue des bazaars. Ces plateformes, connues sous le nom de otla, fournissent une interface qui connecte les rues avec les magasins. Les otlas sont utilisés pour l’étalage des marchandises, mais aussi pour s’asseoir et socialiser avec les voisins et les clients (Fig. 26). A l’arrière du commerce se trouve parfois une petite cour de 3 mètres carrés appelée chowk qui sert aux activités domestiques de la famille. C’est généralement la deuxième pièce en enfilade en partant de la rue qui accueille un escalier en bois menant aux étages de la maison18. On constate, au travers de cette description, que les indiens ont un tout autre rapport à l’intimité et à la question de la gradation du public vers le privé : alors 45
que les arabes et swahilis mettent à distance les étrangers par toute une série de pièces de réception, les indiens invitent les visiteurs à entrer dans l’enceinte de leur maison par le commerce qu’ils ouvrent généreusement sur l’espace public (Fig. 27). Le otla, en comparaison au baraza, se développe également comme une plateforme sur l’espace public, mais ajoute un autre usage : celui de l’étalage, de la vitrine (Fig. 28-29). Il devient beaucoup plus public encore que le baraza, celui-ci ayant pour vocation de mettre à distance par rapport aux pièces de vie de la maison. Le lien entre ces deux formes d’avancée sur l’espace public reste l’accueil, des invités pour les arabes et swahilis, et des clients pour les indiens. Quant à l’apport du adda dans la sociabilité urbaine à Stone Town, il est indéniable que les définitions du baraza et du adda pourraient se confondre tant elles sont proches. Chakrabarty, auteur du livre Provincializing Europe, qui développe un chapitre sur la pratique du adda, écrit : « Dans le langage bengali contemporain, majlish (de l’arabe majlis, signifiant une rencontre, une réunion ou une fête), baithak (une assemblée […]) et d’autres mots similaires sont utilisés comme des synonymes pratiques [du mot adda]. On peut désormais utiliser les deux mots majlishi et addabaj pour se référer à une personne qui apprécie faire partie d’un adda ou majlish. »19 Cette explication souligne que les pratiques sociales arabes et indiennes tendent à se confondre dans la ville de Stone Town au travers de la pratique urbaine du baraza.
19_ Chakrabarty, D. 2000. Adda: A History of Sociality. In Provincializing Europe. Postocolonial Thought and Historical Difference, 180-213. Princeton: Princeton University Press. p. 188. Illustrations ci-contre : - Fig. 27 : des commercants attendant les clients, assis à l’enrée de leur magasin, quartier Forodhani. - Fig. 28 : Une rue des bazaars avec échoppes fermées, quartier Malindi. - Fig. 29 : Une rue des bazaars où les échoppes débordent sur les otlas, quartier Sokomuhogo.
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Figure 27
Figure 28
Figure 29
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5) D’autres exemples similaires dans le Monde
La barza au Congo La barza est définie comme la terrasse de la maison au Congo belge, et sert d’endroit de réception des visiteurs et de lieu de séjour20. « Nous habitions une belle villa, construite dans une architecture adaptée à l’Afrique, avec une large barza (véranda) filtrant en partie la chaleur lourde et humide de cette région ».21 Le perron, la véranda et la varangue dans la culture occidentale La varangue, également appelée véranda, apparait vers 1840. Elle est considérée par les réunionais comme une pièce de vie à part entière, et consiste, comme le baraza, en un lieu de convivialité et d’hospitalité à l’abri du soleil. On la considère comme l’espace de transition entre la case et le jardin, et servait avant de lieu d’apparat. Cette galerie se situe souvent au rez-de-chaussée des cases, mais peut aussi se retrouver au 1er étage. De la rue, on franchit d’abord le « baro », la grille d’entrée menant au jardin à l’avant de la maison ; une fois sur la varangue, celle-ci distribue deux petites pièces. Les varangues contribuent au confort des habitants, en particulier dans les logements sociaux où le jardin est réduit ou inexistant 22. La véranda, du portugais varanda, du latin vara, bâton, et une « galerie légère, protégeant du soleil, édifiée au pourtour de certaines habitations de l’Inde ou de l’Extrême-Orient »23. Le perron est un « escalier extérieur à marches peu nombreuses, se terminant par une plateforme sur laquelle donne une porte d’entrée ».24
20_ Wikipedia. 2014. [en ligne]. https:// fr.wikipedia.org/wiki/ Barza. (Page consultée le 13 juin 2016). 21_ JADOUL, Paul. Itinéraire d’un africain blanc. Editions Publibook, 2011. p. 48. 22_ Défense du patrimoine Réunion, 2012. [en ligne]. https:// dpr974.wordpress. com/2012/03/09/ la-varangue-une-tradition-en-mouvement/. (Page consultée le 20 juillet 2016). 23_ Larousse. [en ligne]. http://www. larousse.fr/dictionnaires/ francais/v%C3%A9randa/81464. (page consultée le 20 juillet 2016). 24_ Larousse. [en ligne]. http://www.larousse.fr/ dictionnaires/francais/ perron/59762. (Page consultée le 20 juillet 2016).
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C
ette première partie nous a permis de comprendre le contexte dans lequel s’implante le baraza, ainsi que les influences qui ont permis à celui-ci d’être ce qu’il est aujourd’hui. L’arrivée des indiens, des arabes, des européens et leur mélange à la culture swahilie a permis à celle-ci de s’enrichir, en particulier au travers de cet élément architectural. On pourrait trouver curieux qu’un apport européen ne soit pas davantage représenté dans la pratique sociale du baraza, ou dans ses caractéristiques formelles. On retrouve pourtant ce type de regroupements dans des pays comme l’Italie, où les habitants sortent bancs et chaises devant l’entrée de leurs maisons pour participer à la vie publique quotidienne. Je vais m’attarder, dans la deuxième partie de ce mémoire, à expliquer, raconter, rendre compréhensible les différents usages du baraza dans la vie quotidienne des habitants, au travers d’un reportage photo effectué sur place lors de mon voyage. Ces usages, confrontés au fonctionnement de la ville actuelle et à ses dynamiques de conservation et de développement, soulèveront des questions quant au futur du baraza.
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II. LE BARAZA À STONE TOWN
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A. Utilisations
1) Adaptation aux particularités climatiques
L
e baraza a une fonction importante en corrélation avec le climat et la météo. En période de fortes pluies, le baraza sert à réhausser la maison afin que celle-ci ne soit pas inondée. Le baraza se transforme alors en trottoir et permet aux habitants de ne pas marcher dans les rues submergées par les égouts qui remontent à la surface (Fig. 30). De plus, les barazas sont généralement surplombés d’un auvent, sorte de petite toiture de tôle ondulée, qui permet d’abriter de la pluie, mais aussi de protéger du soleil. Bien que nécessaires au bon fonctionnement des barazas, ils impliquent deux optiques différentes de la vieille ville. En effet, lorsque l’on marche dans les ruelles, notre perception de Stone Town s’arrête au rez-de-chaussée car la vue est généralement obstruée par les toitures surplombant les barazas. On lit alors le baraza comme une réelle continuité du rez, et une faible connexion existe entre la rue et les étages des maisons. Dès que l’on se retrouve sur des terrasses ou à un niveau élevé, le paysage est tout autre : on perçoit la tôle recouvrant les barazas et les bâtiments, la mer au loin et parfois le sillon des rues quand elles sont lisibles entre les toitures. D’autre part, dans certaines grandes maisons divisées en plusieurs logements, l’absence de cour entraîne une mauvaise gestion de la ventilation dans l’habitat. Les barazas permettent alors aux habitants de profiter d’un endroit à l’ombre et à l’air libre pour y effectuer des tâches et activités domestiques. Les ruelles étant souvent étroites, l’orientation des barazas importe peu car l’ombre portée des bâtiments protège du soleil. Dans les rues plus larges, l’ombre se fait rare et l’espace public est en pleine exposition au soleil, ce qui implique que les barazas ne sont pas utilisés et tendent même à se raréfier.
Illustration ci-contre : Fig. 30 : Photo montrant l’utilisation du baraza comme trottoir pendant une pluie tropicale.
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Figure 30
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2) Modifications dues aux infrastructures
L
e baraza voit parfois son usage détourné de façon technique : grâce à l’ajout d’une trappe de visite, il sert à cacher les tuyaux des canalisation d’eau ; les gouttières des toitures traversent le baraza afin que l’eau de pluie s’écoule dans la rue et non sur le baraza même ; des points d’eau ressemblant à de grands lavabos publics sont parfois creusés dans le baraza. Ces transformations témoignent d’une évolution de l’élément architectural au service d’une meilleure gestion de l’eau et de la technique dans la ville. Cependant, ces modifications, souvent mal effectuées, défigurent et dénaturent le baraza.
Figure 31
54
3) Favorisation de la sociabilité urbaine Le maskan
L
e baraza est le lieu de sociabilité par excellence à Zanzibar. Au sens abstrait du terme, il ne s’agit pas du baraza comme objet mais comme espace : c’est son emplacement dans le quartier de la ville qui compte. Ces espaces sont de nature publique comme certaines places à ciel ouvert (Jaw’s Corner), sous une varangue commerçante (comme à Funguni), dans une rue passante (Dagger Square) ou encore sur de simples bancs disposés en carré (à côté du CinéAfrique). Qu’il soit situé sur un banc de pierre ou au milieu d’une rue, il est avant tout un lieu informel de rencontre, d’échanges, de débats, où tous les sujets sont traités. On trouve ainsi des barazas où le thème des discussions sera axé aussi bien sur le sport que la musique, les potins, les soucis du quotidien, les tendances sociétales ou encore la politique. Pour signifier ce sens conceptuel où la réunion définit l’espace, on peut substituer à baraza le terme « maskan ». Aujourd’hui, chaque quartier de Stone Town possède un ou plusieurs maskans, et les voisins s’y réunissent pour parler. Ces barazas, exclusivement masculins dans la vieille ville, respectent les codes hiérarchiques de la société. Ainsi, les anciens ou les personnes importantes mènent la discussion tandis que les plus jeunes restent en retrait et n’interviennent que si la parole leur est donnée25.
25_ LE GUENNECCOPPENS, Françoise, PARKIN, David. Autorité et Pouvoir chez les Swahili. Collection Hommes et Société. Karthalan, 1998. p. 42. Illustration ci-contre : Fig. 31 : Des trappes défigurant un baraza.
Ces espaces de réunions, généralement ouverts sur l’espace public, ont parfois un caractère semi-privé. Cela concerne essentiellement les maskans politiques orientés vers tel ou tel parti et où les discussions restent discrètes. Ils se situent en léger retrait de l’espace public sans pour autant en perdre de vue l’activité et les va-et-vient. Ces barazas ne sont pas accessibles à tout le monde : il convient d’y être invité afin d’en devenir membre. Une personne d’un autre parti politique ne sera pas la bienvenue. Certains espaces dans la ville permettent aux maskans de prendre une certaine ampleur. Ces endroits particuliers sont connus des habitants pour être des lieux de rencontre réputés et populaires, “the place to be”. D’ailleurs, même les dirigeants du pays fréquentent ces endroits afin de connaître la température sociale du moment et les sujets qui préoccupent les habitants de la ville. 55
On retrouve d’autres exemples similaires partout dans le monde : le majlis dans les pays arabes, les bains publics dans les pays méditerranéens, les addas en Inde, les café viennois en Autriche, les “stammtish” en Allemagne, ou encore les “cafés du commerce” en France. Tous ces lieux sont propices aux discussions anodines en tout genre entre amis26.
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1_ Personnes âgées et hommes d’affaires 2_ Hommes d’affaires et travailleurs 3_ Jeunes hommes 4_ Imam de la mosquée et jeunes 5_ Buveurs de café 6_ Joueurs de cartes ou de bao / télévision le soir
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26_ LOIMEIER, Roman. Sit local, think global : the Baraza in Zanzibar. Journal for Islamic Studies, vol. 27. 2007. p.16-38.
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Figure 32
Illustrations ci-contre : - Fig. 32 : Plan de Jaw’s Corner détaillant l’emplacement des nombreux maskans. (Source : ibid. p. 28. Retravaillé par Marie DZIEZUK). - Fig. 33 : Photo illustrant la difficulté d’approcher un maskan si l’on y est pas invité.
Figure 33
57
4) Gradation de l’intimité et séparation hommes/femmes
L
e sebule d’influence swahilie ou le majlis d’influence arabe sont des pièces de réception pour les visiteurs à l’intérieur de l’habitat. Elles constituent une transition entre la partie avant de la maison, tournée vers l’espace public, et les espaces privés destinés à la famille. Avant que le baraza ne se démocratise dans Stone Town - après la révolution de 1964 - ces salons étaient les lieux de rencontre des aristocrates et des riches marchands ; ils n’investissaient alors que peu les barazas dans les rues, qui étaient plutôt utilisés par les habitants pauvres ou africains27. Ce clivage illustre bien la gradation de l’intimité : les personnages importants de Stone Town se retiraient dans les sebule et majlis afin de dialoguer sur des sujets importants qui devaient rester dans la sphère privée ou du moins restreinte. Quant aux pauvres, leurs discussions étaient en retrait de ces riches marchands ; ils pouvaient sans crainte dialoguer au sujet de leurs soucis et de leur vie dans l’espace public. De nos jours, ce sont les femmes, souvent en retrait de l’espace public, qui se regroupent davantage dans les sebule ou majlis (considérés alors comme des salons de discussion), mais aussi dans les cours intérieures, pour leurs discussions et activités domestiques, au détriment des barazas extérieurs. Il existe peu de barazas destinés aux femmes dans la vieille ville ; ce sont les hommes qui investissent ces espaces. A contrario, les barazas extérieurs et maskans des villages sont occupés tant par les hommes que par les femmes. Celles-ci développent leur propre lieu de réunion, souvent le soir, à l’avant de leur maison respective ; elles y discutent de sujets intimes, entre amies ou membres de la famille. Les hommes quant à eux investissent plus le baraza comme lors d’une représentation, où ils seraient les acteurs du débat public. Le baraza devient alors une scène sur laquelle on débat de sujets vastes, variés et importants de la société zanzibarite. On constate une absence de baraza mixte et beaucoup d’hommes prétendent que celui-ci est une « affaire d’homme ». Le baraza est donc un symbole de la domination masculine dans les sphères publiques de Stone Town, et se trouve alors caractérisé comme un espace genré28.
27_ LOIMEIER, Roman. Sit local, think global : the Baraza in Zanzibar. Journal for Islamic Studies, vol. 27. 2007. p.16-38. 28_ ibid. p. 34
58
5) Restriction dans les accès et usages
L
e baraza appartient au propriétaire du bâtiment qui lui est accolé mais il est libre d’accès du fait de sa position sur l’espace public. En effet, le propriétaire autorise de façon tacite les passants à s’y asseoir ou même à y installer un petit stand de nourriture par exemple. D’autres propriétaires par contre, délimitent l’usage ou l’accès à leurs barazas en y dressant des balustrades ou des grilles, ou encore en y plaçant de gros pots de fleurs. Cette interdiction implicite est souvent liée au programme situé à l’arrière du baraza : ce sont généralement les grands hôtels qui refusent de voir ces assises investies par des fréquentations jugées inappropriées pour leurs clients.
59
6) Utilisation à des fins commerciales Typologie du bazaar
D
ans certains quartiers comme Sokomuhogo ou Kajificheni, le baraza sert de vitrine aux échoppes et à l’étalage d’une multitude d’objets divers et variés. Ces commerces étant principalement d’origine indienne dans leurs constructions, on nomme ces présentoirs des otlas. Le tourisme étant très développé à Stone Town, on trouve un grand nombre de boutiques de souvenirs dans les rues des bazaars. Les vendeurs attendent devant leurs échoppes et y rabattent les clients en leur vantant la profusion d’autres articles plus merveilleux les uns que les autres. Le otla sert alors de marchepied mettant en avant le commerçant et sa marchandise, lui permettant de se démarquer des autres concurrents. D’autres commerces investissent les barazas : ils sont souvent caractérisés par un comptoir en front de façade. On monte alors sur le baraza pour entrer dans la «zone du commerce» et on se fait servir au comptoir par le vendeur de l’autre côté. Pour rendre leur commerce plus accueillants ou plus visibles, certains propriétaires n’hésitent pas à décorer leur otla. Chacun est libre de l’agrémenter à son goût et on trouve ainsi des marches recouvertes de carrelage, de peinture ou de chaux avec parfois certaines inscriptions comme « karibuni » qui signifie bienvenue. Les barazas forment alors un patchwork coloré dans la ville, en raison de leurs multiples revêtements et décorations.
Illustrations ci-contre : - Fig. 34 : Des commerçants dialoguant avec un passant devant leurs boutiques. - Fig. 35 : Un otla servant de présentoir à journaux.
60
Figure 34
Figure 35
61
Figure 36
62
L
es utilisations des barazas sont multiples : ils servent de trottoirs par temps maussade, de lieux de sociabilité dans chaque recoin de la ville, etc. Ces usages varient en fonction de leur proximité aux services : un baraza proche d’un petit commerce servira de lieu de rassemblement pour boire un café entre amis, ou pour servir de devanture à ce commerce ; il pourra encore être utilisé comme prolongement de la cuisine sur l’extérieur afin de vendre des chapatis frais (pain indien) par exemple. D’autre part, n’importe quel baraza, qu’il soit placé stratégiquement ou non, sert avant tout de pause dans un parcours. En effet, même si la vieille ville n’est pas très grande, les déplacements y sont éprouvants, car le climat est extrêmement chaud. Les barazas, qui sont pour la plupart ombragés, sont alors l’endroit idéal pour s’arrêter quelques instants sur son trajet, s’asseoir, discuter, regarder, puis repartir.
Illustration ci-contre : Fig. 36 : Une rue typique de Stone Town où les habitants s’asseoient sous les auvents.
63
B. Reportage photo
L
ors de mon voyage à Zanzibar, j’ai arpenté les ruelles de Stone Town. Mon appareil photo en bandoulière, je me suis fixée pour objectif de prendre un maximum de clichés de barazas représentatifs de chaque quartier. Après une sélection minutieuse, j’ai organisé mon reportage photo en 3 catégories, elles-mêmes divisées en sous-parties. La première catégorie intitulée « LES BARAZAS » traitera l’élément architectural comme assise, tant isolé que dans un système le comprenant : - le daka est un système d’entrée intégré au volume bâti caractérisé par 2 barazas latéraux. - le baraza intérieur est intégré à la pièce d’accueil de certaines maisons. - le baraza extérieur est adossé à un bâtiment. - le baraza libre se trouve aussi bien autour d’un arbre que d’une aire de jeux ou d’un parterre de fleurs. - les limites d’usages et d’accès. La seconde catégorie se nomme « LES MARCHES » et se décompose ainsi : - le porche se matérialise par quelques marches menant à un palier, servant d’accès à l’intérieur d’un bâtiment ; il est soit accompagné d’un auvent de mêmes dimensions, soit compris dans le volume bâti. - l’escalier ne sert qu’à accéder à un espace ; c’est un contre-exemple. - le otla surélève les magasins indiens et sert à étaler la marchandise. Enfin la dernière appelée « AUTRES » regroupera aussi bien l’absence de baraza et ce que révèle cette absence (matérialisée par un symbole indiquant l’angle de vue de la photo) que les débords de fondation, autre contreexemple du baraza, ou encore les lieux de sociabilité. Chaque baraza est unique par ses dimensions. S’il est placé dans une rue en pente, face à un autre baraza, sur une place ou encore dans un parc, son dimensionnement s’en trouvera changé. L’intérêt de ce reportage est de montrer, pour chaque quartier, les particularités inhérentes au baraza et comment les programmes des constructions adjacentes influent sur leurs formes.
64
Pour chaque quartier, une carte s’articule en parallèle tout au long du reportage photo. Ce document permet de situer les barazas et de comparer leurs positions et typologies avec le bâtiment (et son influence) contre lequel ils s’adossent. Les cartes se présentent de la façon suivante : - un fond de plan présente le quartier et situe ses principaux monuments et points focaux afin d’avoir des repères29. - un premier calque superposé à cette base renseigne sur les influences architecturales majeures héritées des vagues d’immigrations (arabes, indiennes, swahilies, européennes). La cinquième couleur, “autres”, regroupe les constructions contemporaines et les bâtiments non répertoriés par la carte d’origine30. - les barazas sont répertoriés sur un second calque, suivant une couleur différente pour chaque catégorie.
29_ Cartes obtenues à la STCDA, et retravaillées par Marie DZIEZUK. 30_ SYVERSEN, Inger Lise. Intentions and Reality in Architectural Heritage Management. Thesis for the Degree of Doctor of Technology. Department of Architecture, Chalmers University of Technology. Göteborg, 2007. p. 111. Retravaillé par Marie DZIEZUK
65
Quartier 1 FUNGUNI
66
Le quartier FUNGUNI
1
F
unguni est le quartier le plus au Nord de la péninsule. Situé juste à côté du port, il est fortement lié à son activité. Il est enserré de trois routes : à l’Ouest, la Mizingani Road permet aux véhicules d’accéder au port ; à l’Est, la Benjamin Mkapa Road, plus communément appelée Creek Road du fait de son histoire, se prolonge jusqu’à l’Est du quartier et continue jusqu’à rejoindre Malawi Road ; au Sud, cette dernière constitue un lieu d’effervescence étonnant pour les piétons circulant entre les voitures et les petits commerces de rue. Au Nord, Funguni s’ouvre sur l’océan, où de nombreuses barques et petits bateaux sont amarrés.
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11
C’est l’un des quartiers de Stone Town les plus récemment urbanisés. En effet, il constituait au XIXe siècle l’une des dernières zones à comporter encore des huttes en terre, ensuite remplacées par des constructions en pierre. Ces maisons étaient habitées par les «have-nots» comme l’exprime Abdul Sheriff dans le livre the History and Conservation of Zanzibar Stone Town. Comme l’illustre le calque renseignant sur les influences dont ont hérité les constructions, la plupart d’entre elles sont en bleu, ce qui indique que ces bâtiments sont récents.
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Funguni est relativement dense, mais la présence de grands espaces publics à ses alentours comme le parc à l’Est de la Creek Road permet à ce quartier de bien «respirer». Il ne constitue pas un quartier touristique en raison de son activité majoritairement portuaire ; on y trouve beaucoup de hangars de stockage et de résidences pour pêcheurs.
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Rapport bâti/non-bâti
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Parking Route Ă sens unique Route Ă double sens
Terminus Terminus Terminus Bus Bus
Point focal (monument, place, ...) Nom de la route
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Terminus Terminus Bus Bus
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Parking Route à sens unique Route à double sens
Terminus Terminus Terminus Bus Bus
Point focal (monument, place, ...) Nom de la route
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Influence arabe
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Influence indienne Influence swahilie
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Influence européenne Autres (bâtiments contemporains et non-répertoriés)
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Terminus Terminus Bus Bus
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Parking Route à sens unique Route à double sens
Terminus Terminus Terminus Bus Bus
Point focal (monument, place, ...) Nom de la route
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Influence arabe
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Influence indienne
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Terminus Bus Terminus Terminus Bus Bus
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Influence swahilie Influence européenne Autres (bâtiments contemporains et non-répertoriés)
Terminus Bus
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Catégorie 1 : LES BARAZAS P
Catégorie 2 : LES MARCHES P
Catégorie 3 : AUTRES Angle de vue
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Les barazas de FUNGUNI
L
es barazas y sont plus rares que dans d’autres quartiers passants de la ville. On en trouve tout de même au Sud, où des rues marchandes prolongées depuis MALINDI terminent leur course ; au Nord, ils sont plus disparates. FUNGUNI possédant le pourcentage de maisons de type swahili le plus important de Stone Town, on y trouve quelques barazas typiques de cette culture, intégrés au volume des maisons et constituant un lieu de repos pour ses habitants. A contrario il existe bon nombre de maskans. Juste à côté du port, une communauté de pêcheurs d’une autre île de l’archipel est venue s’y installer pour le travail. Ils habitent ici la semaine et rentrent chez eux le week-end. Ils ont alors développé un lieu de réunion dans un hangar afin de se rejoindre pour discuter de leur travail et des problèmes liés à l’éloignement de chez eux. Plus au Sud, de part et d’autre de la très commerçante Malawi Road, d’autres types de maskans s’installent : regroupés autour d’un vendeur de café, les hommes discutent de sujets divers, comme la politique, le commerce, le tourisme, etc.
71
LES BARAZAS
Limites d’usages et d’accès
1 L’ajout d’une balustrade supprime la fonction d’assise du baraza qui devient une entrée semi-privée de la maison.
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LES MARCHES
Le porche
2 Un des seuls exemples restants d’une maison swahilie en pierre dans les rues de Stone Town. Le porche est renfoncé dans le volume de l’habitation, et est divisé en deux : sur la gauche, une petite marche permet l’entrée dans la maison, et un baraza se déploie sur la droite.
73
Le otla
3 La morphologie de la maison permet à ce otla richement décoré de s’étaler sous le balcon, favorisant la mise en place d’un banc pour les clients, et un espace d’attente plus large devant les comptoirs.
74
AUTRES
Absence de baraza
4 Le Benjamin Mkapa road, à l’est de FUNGUNI. Le trafic constant des camionnettes allant vers le port et le manque de bâtiments longeant cette rue rend toute insertion de baraza impossible. 5 Cette place, bien qu’ombragée par un arbre et non-utilisée par les voitures, ne dispose d’aucun baraza et ne constitue qu’un endroit de passage. 4
5 75
AUTRES
Les lieux de sociabilité
6 Un Maskan devant le CinéAfrique. Des bancs en bois entourent un vendeur de café ambulant. Les hommes s’y retrouvent à toute heure de la journée. Cet espace est toujours ombragé grâce à l’arbre adjacent.
6
7 76
7 Le même type de regroupement autour d’un vendeur de café et d’un chariot ambulant vendant de l’eau et des cartes de téléphone. Pour pallier l’exposition trop violente au soleil, chaque commerçant installe un parasol au-dessus de son échoppe.
77
Quartier 2 MALINDI
78
Le quartier MALINDI
1
C
e quartier, tout comme FUNGUNI, établit une relation très étroite avec le port de Stone Town. Le tissu dense de ce quartier est principalement composé de commerces sur son pourtour, en raison de sa proximité avec les grands axes accessibles par les véhicules, facilitant grandement l’approvisionnement en denrées venant du port comme de l’intérieur de l’île. Alors que le Nord-Est du quartier, relativement récent, est d’influence majoritairement européenne dans ses constructions, le Sud-Ouest est plutôt tourné vers la culture indenne et arabe.
2 4
5
Le bâtiment emblématique de ce quartier est le Vieux Dispensaire, restauré par l’Aga Khan Trust for Culture en 1994. Il est tourné vers le front de mer et constitue l’un des exemples les plus forts de l’architecture multi-culturelle de la vieille ville. Il est caractérisé par ses grands balcons en bois sculpté d’influence indienne sur sa façade principale.
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Rapport bâti/non-bâti
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Parking Route Ă sens unique
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Route Ă double sens Terminus Terminus Terminus Bus Bus
Point focal (monument, place, ...) Nom de la route
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P
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Terminus Terminus Bus Bus
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Parking Route à sens unique
Port
Route à double sens Terminus Terminus Terminus Bus Bus
Point focal (monument, place, ...) Nom de la route
P P P Vieux Dispensaire
Influence arabe Influence indienne P
Influence swahilie
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Influence européenne
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Autres (bâtiments contemporains et non-répertoriés)
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Terminus Terminus Bus Bus
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Parking Route à sens unique
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Route à double sens 3 16
Terminus Terminus Terminus Bus Bus
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Point focal (monument, place, ...)
P
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Vieux Dispensaire
Influence arabe
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Influence indienne P
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Terminus Terminus Bus Bus
Influence swahilie Influence européenne Autres (bâtiments contemporains et non-répertoriés)
Terminus Bus
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Catégorie 1 : LES BARAZAS
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Catégorie 2 : LES MARCHES
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P
Catégorie 3 : AUTRES P
Angle de vue
Les barazas de MALINDI
L
a typologie des barazas retrouvés dans ce quartier nous informe du caractère varié des programmes qui y sont installés. Les gens investissent beaucoup les nombreuses assises en pierre des ruelles pour leurs activités domestiques : les femmes y cuisinent, et les hommes y bricolent. Les otlas se développent également en nombre dans les rues indiennes aux commerces ouverts sur l’espace public. L’une des places importantes du quartier se situe entre le Vieux Dispensaire et le quai d’arrivée et de départ des ferrys joignant l’île à Dar es Salaam. Le matin, on y trouve des hommes lisant le journal, assis sous les balcons du bâtiment emblématique du quartier ; à midi, une foule se presse à l’avant du port pour attendre des proches revenant du continent ; un maskan s’installe autour d’un grand arbre du matin à la fin d’après-midi et des hommes y discutent autour d’un café.
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LES BARAZAS
Le baraza extérieur
2
1 Un raccord de deux accoudoirs de barazas à l’angle d’un bâtiment. 2 Un baraza investi par des hommes âgés pelant ensemble des oignons, et étalant leurs denrées au sol et sur l’assise. 3 Un baraza adossé à une maison, recouvert de carrelage blanc.
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3
4
5
4 Ce baraza est un peu trop haut mais il est tout de même souvent occupé. 5 Un baraza implanté contre un muret enserrant un cimetière urbain. Seul ce côté, celui de l’entrée de l’Hortus Conclusus, est pourvu d’un baraza. 6 Un baraza en mauvais état qui a été à plusieurs reprises troué de trappes de visites. 6 85
7
Le baraza extérieur (suite)
8 7 Un baraza et ses accoudoirs typiques, faisant face à des rampes d’accès à des logements. 8 La forme du baraza suit celle de la rue pour rendre celle-ci plus lisible. 9 L’entrée d’un hôtel, et des barazas décorés de part et d’autre.
9 86
10 De jeunes garçons se rassemblent après l’école pour discuter. 11 Une petite place caractérisée par un grand arbre en son centre. Ici, même si l’espace est large, l’ombre apportée par le feuillage permet l’installation de barazas.
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87
Limites d’usages et d’accès
13
12 Tout l’espace extérieur avant du bâtiment est privatisé par une grille. Quand le commerce est ouvert, on peut s’installer sur le baraza attenant, mais quand il est fermé, l’accès au baraza est interdit. 13 Le propriétaire a placé des pots de fleurs sur l’assise afin d’interdire implicitement son utilisation. Les plantes permettent de faire un filtre végétal devant les fenêtres. 88
Le baraza libre
14 Le matin, les hommes se pressent à l’avant du Vieux Dispensaire pour acheter et lire le journal, et s’installent soit sous le porche du monument, soit sur le baraza libre définissant la fin d’un espace vert attenant. 15 Juste en face, un autre baraza libre enserre un gros arbre, et des hommes s’y rassemblent souvent pour boire un café. 14
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LES MARCHES
Le porche
16 L’entrée d’un hôtel, caractérisée par sa petite toiture à deux pans, et surélevée d’une première marche, suivie de deux autres au droit de la façade.
90
Le otla
18
17 Une rue de bazaars aux commerces fermés. La rue, d’habitude très animée par des otlas recouverts de marchandises, en est complètement changée. 18 Une rue indienne aux commerces également fermés. 19 Un otla très particulier, constitué de pyramides de marches ; certaines ont leur sommet qui mènent à une porte.
19
91
Le otla
20 Un otla servant d’assise à deux jeunes hommes. Cet usage est possible du fait de la fermeture des magasins adjacents.
92
AUTRES
Absence de baraza
21 21 Une place très large et très exposée au soleil, dépourvue de tout baraza. 22 Une des routes principales de la vieille ville (Mizingani Road) longeant le port et menant au Nord de la péninsule. Ici, la chaleur y est telle que même sans voitures, la mise en place de barazas sans ombre serait inutile. Pourtant, c’est sur cette route qu’attendent les proches de personnes arrivant du ferry.
22 93
AUTRES
Débord de la fondation
23 24 Une ruelle dont la largeur n’est pas suffisante pour une profondeur d’assise. Le côté gauche est alors bordé d’un débord de fondation à section trapézoïdale, et le bâtiment de droite voit sa fondation élargie pour créer un débord d’environ 5 centimètres. 24 De même, une ruelle trop étroite pour un baraza ; le débord de fondation permet tout de même de garder un dessin de soubassement.
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Quartier 3 KIPONDA
96
Le quartier KIPONDA
1
K
IPONDA est un petit quartier coincé entre les quartiers FORODHANI, MALINDI, MKUNAZINI et DARAJANI. Malgré sa petite taille, il est très important dans la vieille ville et est très fréquenté. C’est un quartier très dense, et constitué essentiellement de bâtiments d’influence indienne ; KIPONDA est donc très commercial.
2 4
5
L’un des bâtiments marquants de ce quartier est le Chawl, commandé par le Sultan Bargash vers 1880 pour dynamiser et promouvoir le commerce. Le rez-de-chaussée est entièrement dédié à cette activité, et s’étend sur 100 mètres de long.
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Rapport bâti/non-bâti
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Parking Route à sens unique Route à double sens
Terminus Terminus Terminus Bus Bus
Point focal (monument, place, ...) Nom de la route
P
Mosquée Shia Ithna Asheri Mosquée Bohora
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Mosquée Darajani
Chawl
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Terminus Terminus Bus Bus
PP P
Parking Route à sens unique Route à double sens
Terminus Terminus Terminus Bus Bus
Point focal (monument, place, ...) Nom de la route
P
Mosquée Shia Ithna Asheri Mosquée Bohora
P
P
Mosquée Darajani
Influence arabe Influence indienne Influence swahilie Influence européenne
Chawl
Autres (bâtiments contemporains et non-répertoriés)
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Terminus Terminus Bus Bus
PP P
Parking Route à sens unique Route à double sens
Terminus Terminus Terminus Bus Bus
Point focal (monument, place, ...) Nom de la route
1
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Mosquée Shia Ithna Asheri
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Mosquée Bohora
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Mosquée Darajani
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Influence indienne P
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Influence arabe
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Terminus Bus Terminus Terminus Bus Bus
Influence swahilie Influence européenne Autres (bâtiments contemporains et non-répertoriés)
Terminus Bus
Catégorie 1 : LES BARAZAS 0 10 5
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Catégorie 2 : LES MARCHES Catégorie 3 : AUTRES Angle de vue
Les barazas de KIPONDA
L
’on trouve énormément de otlas dans ce quartier du fait de son importante activité commerciale ; les barazas servant uniquement d’assise sont quasiment inexistants. A l’Ouest, les ruelles typiques de Stone Town sont longées de commerces moins encombrés que les rues menant au Marché, où l’abondance de marchandises est telle que les otlas disparaissent. On voit donc davantage d’hommes installés sur les otlas des ruelles à l’Ouest, car ils en ont la place. En opposition, la zone du marché est une zone de passage, et les commerçants sont toujours debout.
101
LES MARCHES
Le porche
1 Un porche ombragé par l’avancée de balcons aux étages. Deux marches de la largeur de la bâtisse permettent d’accéder au niveau de la dalle et des deux portes.
5
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L’escalier
2 Des marches de la largueur de chaque porte descendent jusqu’au niveau de la rue ; elles sont couvertes par un carrelage contrastant avec la couleur du soubassement.
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Le otla
3 Une rue indienne typique, où les commerçants profitent de la profondeur du otla pour sortir leur comptoir afin de gagner de la place à l’intérieur. 4 L’usage du otla comme chevalet permet aux peintres de se faire voir de l’espace public et de présenter leurs peintures pendant leur réalisation.
3
4 104
5 Un otla carrelé, commun à deux commerces. 6 Ce otla, un peu torturé dans sa forme du fait de l’angle de la rue, dispose d’une rampe permettant aux propriétaires de ranger leur deuxroues.
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Le otla (suite)
8
7 Les otlas du Chawl ont la particularité d’avoir un rebord à l’avant. 8 Les commerçants de l’échoppe attendent les clients en discutant, assis sur un banc en bois sorti sur le otla. 9 Un otla couvert d’une toiture appuyé sur des poteaux qui servent d’accroche aux marchandises.
106
9
10 Un commerçant assis sur un tabouret, invitant les passants à entrer dans son magasin. 11 La forme de la rue, dessinée par la trajectoire du otla, ne suit pas le bâti mais l’axe piéton.
10
11 107
AUTRES
Les lieux de sociabilité
12 Un maskan couvert par la continuité de la toiture d’un générateur électrique. Il est utilisé par des femmes, ce qui est assez peu commun à Stone Town. Elles s’asseoient sur des bancs en bois, vers l’intérieur, afin de garantir une intimité malgré l’ouverture de l’espace sur la rue.
108
109
Quartier 4 FORODHANI
110
Le quartier FORODHANI
1
C
e quartier constitue la vitrine de la vieille ville : longeant le front de mer, il révèle le véritable paysage historique urbain de la capitale. C’est un quartier assez peu dense côté front de mer, du fait des nombreux monuments publics autonomes tournés vers l’Océan. Il se densifie à mesure que le tissu de la Médina se forme à l’arrière de cette couche publique aérée ; s’opère alors la rencontre avec les quatiers KAJIFICHENI et SOKOMUHOGO. On constate aussi que ces deux couches sont en fait constituées d’influences différentes : à l’avant, de grands palais et maisons arabes font place à de petits bâtiments mitoyens indiens à l’arrière.
2 4
5
3 8
6
9
11
Le quartier FORODHANI comporte la majeure partie des monuments de Stone Town. Le Palais arabe Beit-el-Sahel, aujourd’hui transformé en musée, se déploie le long de la Mizingani Road. Le Beit-el-Ajaib, plus communément appelé House of Wonders, est à Stone Town ce que la Tour Eiffel est à Paris. Aujourd’hui c’est le Musée de la Culture swahilie. Le Vieux Fort, adjacent à ce dernier, est le monument le plus ancien de la ville. A l’avant de ces deux merveilles se développe le Parc Forodhani, fréquenté tant par la masse de touristes que par les locaux, à toute heure de la journée.
0 10 5
50 25
7
10
50
0 25
200 100
0 10 5
50 25
Rapport bâti/non-bâti
PP P
Parking Route à sens unique
Académie de Musique
Route à double sens Terminus Terminus Terminus Bus Bus
Point focal (monument, place, ...) Nom de la route
Musée du Palais
P Mosquée Jami Parc Forodhani
STCDA House of Wonders
P P
P P Vieux fort
Ancien orphelinat P P
P
P
P Département d’Urbanisme
0 10 5
50 25
Temple Arya Samaj
Terminus Terminus Bus Bus
PP P
Parking Route à sens unique
Académie de Musique
Route à double sens Terminus Terminus Terminus Bus Bus
Point focal (monument, place, ...) Nom de la route
Musée du Palais
Influence arabe Influence indienne
P Mosquée Jami Parc Forodhani
STCDA House of Wonders
P P
P P Vieux fort
Ancien orphelinat P P
P
P
P Département d’Urbanisme
0 10 5
50 25
Influence swahilie
Temple Arya Samaj
Influence européenne Autres (bâtiments contemporains et non-répertoriés)
Terminus Terminus Bus Bus
PP P
Parking Route à sens unique
Académie de Musique
Route à double sens Terminus Terminus Terminus Bus Bus
4 Musée du Palais
5
2
8 9 10
P
13 P
7
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Mosquée Jami
Parc Forodhani
Nom de la route
12
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STCDA
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P
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Influence indienne P
Terminus Terminus Bus Bus
P Vieux fort
Ancien orphelinat
21
P P P
P Département d’Urbanisme
6
20
P
1
17
Temple Arya Samaj
Influence swahilie Influence européenne Autres (bâtiments contemporains et non-répertoriés)
P
P
Influence arabe
P P
Terminus Bus
House of Wonders
Point focal (monument, place, ...)
16
18
19
3
22
Terminus Bus
Catégorie 1 : LES BARAZAS Catégorie 2 : LES MARCHES Catégorie 3 : AUTRES Angle de vue
0 10 5
50 25
Les barazas de FORODHANI
L
es typologies de barazas retrouvées ici nous expliquent la division du quartier en deux couches. À l’avant, sur le front de mer, c’est l’espace public le plus important et le plus large du quartier, voire même de toute la vieille ville, qui se développe : le Parc Forodhani. Il est caractérisé par de grandes pelouses encadrées par des sentiers où de nombreux barazas libres se développent. C’est l’un des seuls espaces où l’implantation de ce type de barazas est possible, car il est très ombragé du fait des nombreuses plantes et arbres les entourant. Durant la journée, ce parc est un espace de détente, où les touristes viennent s’installer à la terrasse d’un café, développée autour de ces barazas libres. Les locaux, quant à eux, y viennent souvent seuls l’après-midi afin d’y profiter du wifi gratuit. Le soir par contre, le parc se transforme en un véritable marché de restauration à ciel ouvert, et une foule se presse devant les stands, s’installant ensuite sur les barazas pour y manger. De l’autre côté du quartier, les otlas se multiplient devant les commerces destinés principalement aux touristes. Certaines rues à la topographie marquée sont alors bordées de marches rattrapant celle-ci, servant à nouveau de présentoirs pour gadgets en tous genres. Le quartier reste tout de même résidentiel, et dans les rues plus calmes on distingue des porches mordant sur la largeur de la rue, complexifiant encore davantage les rues déjà très sinueuses. Le quartier FORODHANI ne constitue pas un quartier propice aux maskans. En effet, il est plutôt tourné vers les activités familiales et touristiques.
115
LES BARAZAS
Le daka
1 L’un des 5 madaka restants à Stone Town. Il fait partie d’un Restaurant/Spa, mais l’entrée ne s’effectue plus par ici. C’est par une autre porte adjacente que les clients peuvent pénétrer dans le bâtiment ; le daka devient alors un salon extérieur pour les passants. 2 Un daka rouge comme entrée d’un Bed and Breakfast. Il est moins large que le précédent ; la porte détermine le début des assises latérales.
116
2
Le baraza extérieur
4
3 L’assise du baraza est rendue plus agréable par l’ajout d’une chaise dont les pieds à l’arrière ont été tronqués. 4 Un baraza en angle sur une plateforme surélevée, servant à la fois de rampe de garage et de large palier d’entrée.
117
Le baraza intérieur
5 Un baraza intérieur, ou sebule, servant aux habitants de hall d’entrée, et de pièce de stockage à l’arrière. 6 Le sebule du Département d’Urbanisme. Les gens attendent assis ici avant un rendez-vous avec l’un des architectes.
5
6 118
Limites d’usages et d’accès
7 A l’avant de cet hôtel, les gérants ont disposé des plantes afin de mettre à l’écart du baraza les passants.
119
Le baraza libre
8 Un baraza autour d’un arbre. Juste à côté de la Mizingani Road, il permet principalement d’attendre une voiture à l’ombre. 9 Un baraza en demi-cercle, tourné vers l’océan. Ce sont souvent des hommes seuls qui viennent s’asseoir ici durant la journée. Le soir, il devient une assise pour manger les denrées achetées au marché. 8
9 120
10 Ce baraza en demi-cercle, également tourné vers la mer, est utilisé par le petit café en face comme banc pour compléter sa terrasse. 11 Le chemin du parc s’élargit, et deux barazas se font face, abrités par un arbre planté au centre du chemin. Des hommes se retrouvent souvent ici aux alentours de midi.
10
11 121
LES MARCHES
Le porche
12 13 Un porche qui s’apparente à un daka sans barazas. Ici, on pourrait définir la marche avant menant à l’espace d’entrée à un baraza. 13 Un porche défini par un balcon au premier, soutenu par des murs perpendiculaires à la façade et troués de petites baies. Une paire de marches nous laisse accéder au niveau de la dalle de la maison, repris sur les côtés du porche par des barazas.
122
15
4
14 C’est sur les marches plutôt que sur le baraza attenant que ces jeunes s’assoient, car le porche est couvert et donc à l’ombre. 15 La toiture plate du porche est soutenue par des colonnes s’asseyant sur les barazas.
123
Le otla
16 Cet otla a été renforcé avec des profilés métalliques verticaux pour éviter que l’angle ne se casse. 17 Une rue de bazaars typique, servant d’étalage aux commerces, de parking à vélos, etc.
16
17 124
18
19
18 Les techniques d’exposition des marchandises changent en fonction du commerçant. Ici ils décident de poser à même le otla les objets. 19 Le magasin fermé, le otla sert de seuil à l’accès dans la maison. 20 Le otla situé devant le commissariat est dédoublé par des chaises (plus comfortables) sur lesquels se reposent les policiers.
20 125
Le otla (suite)
21 Les otlas présents à gauche récupèrent la topographie de la rue par une série de paliers. 22 La dalle de cette bâtisse étant plus haute que la normale, le otla se divise en un nombre de marches plus important.
21
22 126
AUTRES
Absence de baraza
23 Cette rue pourrait se voir dotée de barazas du fait de sa largeur, mais l’absence de cet élément architectural la rend triste et vide.
127
Quartier 5 SHANGANI
128
Le quartier SHANGANI
1
C
e quartier s’est vu complètement modifié au fur et à mesure de la montée du tourisme dans la vieille ville. L’abondance d’hôtels de luxe et de boutiques tape-à-l’oeil tient du fait que ce quartier est entouré à l’Ouest par la plage de sable blanc la plus étendue de Stone Town, qui constitue l’espace public le plus vaste du quartier. C’est également l’un des quartiers de la vieille ville où la voiture est la plus présente : bien que la Shangani Road et la Kenyatta Road soient en sens unique, elles constituent des barrières pour piétons, délimitant fortement des sous-quartiers dans le quartier. Ainsi, la bande bâtie le long de la plage est bordée d’hôtels, comme le Park Hyatt, véritable « verrue » dénaturant le paysage historique urbain de Stone Town. A l’opposé, les rues du bloc délimité par ces deux routes restent assez vernaculaires et sont souvent peu empruntées.
2 4
5
3
D’influence arabe principalement, les bâtiments donnant sur le front de mer ont été pour la plupart réhabilités et transformés au goût des nouveaux propriétaires étrangers, misant tout sur les décorations extravagantes et souvent de mauvais goût destinées à appâter les touristes.
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7
10
0 10 5
50
0 25
50
0 10
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Rapport bâti/non-bâti
50 25
PP P
Route à sens unique
P Hôtel Tembo P
Route à double sens
P
Terminus Terminus Terminus Bus Bus P
Hôtel Park Hyatt
Kelele Square
Bureau de Poste
Ministère de l’Education
Hôtel Shangani Mosquée Hadith
Mosquée El Biri Wataqwa
Hôtel Serena
Hôtel Mazson’s
Taqwa Mosque
Maison Tippu Tip
Hôtel Africa House
Ecole Tumekuja
0 10 5
50 25
Point focal (monument, place, ...) Nom de la route
Mosquée Rahma
P
Parking
Terminus Terminus Bus Bus
PP P
Route à sens unique
P Hôtel Tembo P
Route à double sens
P
Terminus Terminus Terminus Bus Bus P
Hôtel Park Hyatt
Kelele Square
Bureau de Poste
Ministère de l’Education
Hôtel Shangani Mosquée Hadith
Mosquée El Biri Wataqwa
Hôtel Serena
Point focal (monument, place, ...) Nom de la route
Mosquée Rahma
P
Parking
Hôtel Mazson’s
Influence arabe Influence indienne Influence swahilie
Taqwa Mosque
Influence européenne
Maison Tippu Tip
Autres (bâtiments contemporains et non-répertoriés) Hôtel Africa House
Ecole Tumekuja
0 10 5
50 25
Terminus Terminus Bus Bus
PP P
Route à sens unique
P Hôtel Tembo
2
P
Route à double sens
P
Terminus Terminus Terminus Bus Bus
16 P
Hôtel Park Hyatt
P
8
3
Mosquée Rahma
4 Kelele Square
Ministère de l’Education
Bureau de Poste
13
9
Hôtel Mazson’s
10
6
7
17
Influence arabe Influence indienne
18
P Terminus Bus
Taqwa Mosque
Maison Tippu Tip
P P P
Mosquée Hadith Mosquée El Biri Wataqwa
Point focal (monument, place, ...) Nom de la route
1
11 12
Hôtel Shangani
5 Hôtel Serena
Parking
Terminus Terminus Bus Bus
Influence swahilie Influence européenne Autres (bâtiments contemporains et non-répertoriés)
Hôtel Africa House
Terminus Bus
14 15
Catégorie 1 : LES BARAZAS Catégorie 2 : LES MARCHES
Ecole Tumekuja
Catégorie 3 : AUTRES Angle de vue
0 10 5
50 25
Les barazas de SHANGANI
L
es barazas, en raison de la forte présence de la voiture et du tourisme, ont disparu peu à peu du paysage de SHANGANI. On en retrouve quelques uns isolés sur Kelele Square, souvent inoccupés du fait de la proximité avec les gros hôtels. Les quelques autres disséminés dans le quartier résistent dans les ruelles les plus en retrait de ces espaces à touristes. Sur les artères principales, c’est l’écatombe : plus un seul baraza ne borde les façades transformées en vitrines à touristes. La voiture en est en grande partie responsable, car la largeur des rues ne permettait qu’à l’un ou à l’autre de s’imposer. Nombre de maskans se sont également vus délogés. Jugés trop exposés, les espaces avant occupés par ces regroupements ont déménagé dans d’autres quartiers, ou ont tout simplement disparus.
133
LES BARAZAS
Le baraza extérieur
2
1 Un habitant du quartier a ouvert son rez-de-chaussée en commerce. Il peint ses toiles à l’extérieur, sur le baraza, utilisé alors comme un otla. 2 Le baraza extérieur de l’Hôtel Tembo, pour les clients. 3 Un baraza servant à sécher du linge.
134
3
Limites d’usages et d’accès
4 Le baraza à l’avant de ce magasin pour touristes a été enserré d’une grille ; des cyclomoteurs y sont garés.
135
Le baraza libre
5 Une série de barazas sont implantés sur Shangani Square, et des hommes s’y retrouvent pour discuter à l’ombre d’un arbre.
136
LES MARCHES
Le porche
6 L’entrée d’un hôtel, caractérisée par des statues de part et d’autre des marches du porche. Un gardien est installé à l’extérieur, et a sorti une chaise et une table pour patienter.
137
7
L’escalier
8 7 Des marches colorées menant à un hôtel. Sur le côté, les marches s’interrompent et l’accès à la porte de droite s’effectue par une rampe surélevée d’une marche, afin de séparer visuellement les deux entrées. 8 Deux escaliers menant à deux portes différentes, dans le coin d’une rue.
9 138
9 Des escaliers permettant l’accès à un local technique.
10 Les marches menant à la banque servent d’assise au gardien surveillant les lieux. 11 Un homme assis sur la rambarde de son escalier, faute de mieux.
10
11 139
AUTRES
Absence de baraza
12 Une place utilisée comme parking ; aucun baraza n’y est construit. 13 La largeur de Kenyatta Road ne permettant qu’une seule bande de circulation de voitures, la mise en place de barazas serait dangereuse.
12
13 140
14 Comme sur la photo précédente, Kenyatta Road empêche toujours l’implantation de baraza. 15 Kenyatta Road devient pour les piétons un endroit de passage, bien souvent nécessaire mais peu agréable.
14
15 141
Absence de baraza (suite)
17
16 Shangani Street, ou la route des hôtels de luxe. Les magasins adjacents, haut de gamme, ne permettent pas aux passants de s’arrêter à l’avant de la vitrine. 17 A nouveau, la route empruntée par les voitures rend l’implantation de baraza impossible. 18 Faute de barazas ou de otlas, les commerçants s’asseoient sur leurs petites marches. 142
18
143
Quartier 6 SOKOMUHOGO
144
Le quartier SOKOMUHOGO
1
C
e quartier en plein coeur de Stone Town se situe entre SHANGANI, VUGA, KAJIFICHENI et FORODHANI. Au Sud, ses frontières formées par Kenyatta Road et Pipawaldi Road sont fortement marquées par la présence de la voiture. Au Nord, le tissu urbain est plus connecté à celui des autres quartiers. Le bâti est moyennement dense du fait de la formation de deux gros ilôts imperméables mais pourtant assez aérés. Concernant les constructions, on constate un fort regroupement de maisons arabes au Sud, alors que le Nord est caractérisé par des commerces indiens.
2 4
5
3 8
6
Le monument atypique retrouvé dans cette zone est la Cathédrale Romane. Construite en 1893 par un architecte français, elle est enserrée de bâtiments à l’arrière et d’une grille à l’avant, et se fond relativement bien dans le tissu de la Médina. 0 10
9
11
5
50 25
7
10
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200 100
0 10 5
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Rapport bâti/non-bâti
PP P
Parking Route à sens unique Route à double sens
Mosquée Istiqama
Terminus Terminus Terminus Bus Bus
Cathédrale Romane
Point focal (monument, place, ...) Nom de la route
Mosque
P
0 10 5
50 25
P
Terminus Terminus Bus Bus
PP P
Parking Route à sens unique Route à double sens
Mosquée Istiqama
Terminus Terminus Terminus Bus Bus
Cathédrale Romane
Point focal (monument, place, ...) Nom de la route
Influence arabe Influence indienne Influence swahilie Influence européenne Autres (bâtiments contemporains et non-répertoriés)
Mosque
P
0 10 5
50 25
P
Terminus Terminus Bus Bus
PP P
Parking Route à sens unique
1
Route à double sens
Mosquée Istiqama
Terminus Terminus Terminus Bus Bus
Cathédrale Romane
7
6
2
Nom de la route 12
13
4 10
Influence indienne
Terminus Terminus Bus Bus
3
Influence arabe
P P
Terminus Bus
Mosque
Influence swahilie Influence européenne Autres (bâtiments contemporains et non-répertoriés)
Terminus Bus
9 P
P
11 14
8
P
P
5
Point focal (monument, place, ...)
Catégorie 1 : LES BARAZAS Catégorie 2 : LES MARCHES Catégorie 3 : AUTRES Angle de vue
0 10 5
50 25
L
Les barazas de SOKOMUHOGO
es typologies des barazas à SOKOMUHOGO sont très variées. Les nombreux commerces au Nord font se déployer des otlas, et les habitants pratiquent leurs activités domestiques à l’avant de leurs maisons.
Étant un quartier très fréquenté par les touristes, la plupart des barazas sont bien entretenus, soignés. En effet, ils constituent le premier élément visible devant un commerce, un hôtel ou un restauraunt. Ils doivent donc être présentables et accueillants pour la clientèle.
149
LES BARAZAS
Le baraza extérieur
1 2 Un baraza attenant à la mosquée. Les hommes s’y retrouvent pour converser avant et après la prière. 2 Un simple baraza, dans lequel on a inséré une gouttière, afin que l’eau ne s’écoule pas sur l’assise.
150
4
3 Un stand ambulant vendant des chapatis. Sur la gauche, les femmes s’occupant du stand patientent, assises sur les barazas. 4 Un baraza sur une petite place ; il est parfois utilisé comme assise pour des commerçants installant un stand de denrées alimentaires juste à l’avant.
5
5 Le baraza du Coconut Spa se déroule sur toute la longueur de la façade. 151
Limites d’usages et d’accès
6 Les courts barazas disposés de part et d’autre de ce magasin ont été limités dans leurs usages par l’ajout de pics métalliques décoratifs empêchant toute assise.
152
LES MARCHES
Le porche
8
7 Un passage couvert menant dans l’ilôt comprenant la Cathédrale. De part et d’autre, des barazas servent au repos du gardien et des passants. 8 Un porche surmonté d’une casquette courbe en béton, et délimité par des murets. La marche s’est transformée en pente.
9
9 Un porche surélevé couvert d’une toiture, et accessible par un scooter. 153
L’escalier
11
10 Un petit escalier dans un coin desservant deux portes en bois sculpté. 11 Une petite clinique, accessible par un escalier qui a été recouvert d’une rampe pour fauteuils roulants. Celle-ci est alignée à la porte alors que le reste des marches monte vers le mur.
154
Le otla
12 Un otla servant d’étalage à un vendeur de fruits. Tourné vers Jaw’s Corner, nombre d’hommes se rassemblant ici achètent ces fruits et les mangent sur place. 13 Une rue plus large, où les commerces à droite ne sont pas surélevés par rapport au niveau de la rue. C’est donc en face que les vendeurs s’asseoient en patientant. 12
13 155
AUTRES
Absence de baraza
14 Une petite place en terre battue servant de parking aux nombreuses agences de tourisme environnantes ainsi qu’aux riverains. Aucun baraza n’y est construit.
156
157
Quartier 7 VUGA
158
Le quartier VUGA
1
C
e quartier se situe en plein coeur de Stone Town, à la jonction des quartiers MNAZIMMOJA, SOKOMUHOGO, SHANGANI, KAJIFICHENI et MKUNAZINI. C’est une zone relativement dense, mais qui se trouve tout de même ponctuée de respirations dans l’espace public ; que ce soient de petites places, de larges rues ou des parkings, ces espaces permettent de ne pas se sentir à l’étroit dans un dédale de ruelles sans fin. Au sud, la frontière avec MNAZIMMOJA est matérialisée par la Vuga Road, une des artères de la vieille ville empruntée par les voitures.
2 4
5
3 8
6
9
11
D’un point de vue programmatique, VUGA est un quartier principalement résidentiel, et il n’est pas caractérisé par un monument important de la ville. En revanche, il est très connu pour une des places les plus populaires de Stone Town : Jaw’s Corner. A la croisée de six rues piétonnes, cet espace s’apparente plus à un carrefour qu’à une place. Bien que très souvent traversé, cet espace revêt un tout autre aspect pour certains. Les façades tournées vers ce carrefour sont toutes bordées de barazas, où nombre d’hommes se réunissent ; un vendeur de café y pratique son commerce tous les jours, d’autres commerçants y vendent des fruits, des chapatis ou encore des cigarettes, mais l’endroit est surtout connu pour ses joueurs de domino et leurs discussions tournées vers la politique. Le reste du quartier est bien plus calme.
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50 25
7
10
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Rapport bâti/non-bâti
PP P
Parking Route Ă sens unique Route Ă double sens
Terminus Terminus Terminus Bus Bus
Point focal (monument, place, ...) Nom de la route
P
Manchi Lodge
Culture Musical Club Mosque P
0 10 5
50 25
Terminus Terminus Bus Bus
PP P
Parking Route à sens unique Route à double sens
Terminus Terminus Terminus Bus Bus
Point focal (monument, place, ...) Nom de la route
Influence arabe Influence indienne Influence swahilie P
Manchi Lodge
Influence européenne Autres (bâtiments contemporains et non-répertoriés)
Culture Musical Club Mosque P
0 10 5
50 25
Terminus Terminus Bus Bus
PP P
Parking Route à sens unique Route à double sens
2 9 4
1
Terminus Terminus Terminus Bus Bus
Nom de la route
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P
6 8
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3
Influence indienne
12
P
P
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Influence arabe
P P
Terminus Bus
5
Point focal (monument, place, ...)
10 Culture Musical Club
Mosque P
Manchi Lodge
Terminus Terminus Bus Bus
Influence swahilie Influence européenne Autres (bâtiments contemporains et non-répertoriés)
7
Terminus Bus
Catégorie 1 : LES BARAZAS Catégorie 2 : LES MARCHES Catégorie 3 : AUTRES Angle de vue
0 10 5
50 25
Les barazas de VUGA
L
a typologie des barazas retrouvés dans ce quartier nous informe que VUGA a une vocation majoritairement résidentielle : les rares otlas commerciaux ouvrent sur la rue de petites échoppes de quartier, et la plupart des barazas sont de simples assises décorées par les habitants, donnant un côté intime et personnel à chaque rue. On y trouve aussi un bon nombre de marches donnant accès à une sorte de terrasse privatisée par des jeux de volumes ou de matières, permettant aux habitants d’effectuer un retrait de la maison par rapport à l’espace public. Essentiellement résidentiel au Sud, le quartier devient davantage fréquenté vers Jaw’s Corner et voit ses activités s’intensifier.
163
LES BARAZAS
Le baraza extérieur
2
1 Jaw’s Corner, l’un des espaces publics les plus importants de la ville, car très politique ; c’est le lieu de réunion sur baraza par excellence. 2 Un baraza souvent occupé par le même groupe d’hommes, discutant de tous sujets, non loin de Jaw’s Corner. 3 Les habitants ont peint un baraza dans des couleurs vitaminées, donnant une ambiance particulière à la rue entière. 164
3
Le baraza intérieur
4 Un baraza intérieur, ou sebule, au rez d’un immeuble d’habitation partagé par deux familles. C’est ici que les femmes font à manger le soir, accompagnées de leurs enfants et de leurs amies.
165
LES MARCHES
Le porche
5 Un porche intégré dans le volume du bâtiment, desservant deux portes, l’une menant à un logement au rez, et l’autre ouvrant sur un escalier montant vers le logement du premier étage. Deux marches mènent d’abord sur un palier commun qui se divise ensuite.
5
6 166
6 Sous un long balcon se trouve l’entrée d’un logment ainsi qu’un escalier menant au premier, le tout surélevé de deux hauteurs de marche. Cette surélévation rend l’espace sous l’avancée du balcon semi-privée, et constitue le porche de la maison.
7 Ce porche s’apparente à une terrasse avant, ou à une varangue, couverte par une petite toiture et privatisée par une balustrade. 8 Le déhanchement de la façade est rattrapé par une grande marche qui suit l’axe de la rue. Cet angle entre la porte et la première marche crée alors un palier qui surélève les entrées individuelles des logements. 7
8 167
L’escalier
9
10 9 Une marche unique permettant l’accès au logement. Ses dimensions ne permettent pas un autre usage. 10 Une volée d’escaliers menant à l’entrée d’un logement.
11 168
11 Un escalier appuyé contre l’avancée du bâtiment adjacent. Ses couleurs égayent la rue.
Le otla
12 Une baie de porte transformée en « guichet » ou bar, permettant au propriétaire de vendre des snacks. Le otla, couvert par un auvent, permet aux clients d’être à l’abri du soleil et de la pluie, les pieds au sec.
169
AUTRES
Absence de baraza
13 Un parking en plein coeur du quartier VUGA, sur une plateforme en béton. Ici, c’est l’usage de la voiture qui rend l’espace non propice au baraza, mais aussi les dimensions de l’espace trop souvent exposé au soleil.
13
14 170
14 Une parcelle vide dans l’ilôt, servant de simple placette surélevée. A nouveau, la largeur de l’espace le rend trop exposé aux rayons du soleil ; cet espace est inutilisé.
15 Le rond point articulant les quartiers de VUGA et de MNAZIMMOJA ne permet pas un usage agréable du baraza, qui est donc inexistant. 16 Une large rue en terre battue, peu empruntée par les piétons et utilisée comme parking. Le peu d’entrées vers les bâtiments n’incite pas à la mise en place d’un baraza.
15
16 171
AUTRES
Débord de la fondation
17 L’étroitesse de la rue ne permettant pas une profondeur d’assise suffisante, la fondation de la maison ressort afin de garder une ligne de soubassement, caractéristique des rues de la vieille ville.
172
173
Quartier 8 KAJIFICHENI
174
Le quartier KAJIFICHENI
1
C
e quartier se situe au centre de Stone Town, et est limitrophe avec cinq autres quartiers. C’est une partie de la ville qui est très dense ; les seuls espaces publics disponibles sont les rues. KAJIFICHENI se voit entaillé en son centre par la New Mkunazini Road. Cette artère constitue la fin de l’autoroute urbaine arrivant de Ng’ambo et se frayant un chemin dans Stone Town. Bien qu’elle soit une impasse, cette rue est très fréquentée par les automobiles car elle permet de livrer bon nombre de commerces dans le centre de la vieille ville.
2 4
5
Ses constructions sont principalement d’influence indienne sur son pourtour : c’est ici que se développent la plupart des commerces. L’intérieur du quartier en revanche contient plutôt des typologies de maisons arabes. Les Bains Hamamni perses constituent le joyau du quartier. Construits vers 1870 par le Sultan Bargash, ils étaient publics et les hommes et femmes de la ville venaient s’y détendre à des horaires différents. Aujourd’hui ils ne sont plus en fonction mais sont visités par de nombreux touristes.
3 8
6
9
0 10 5
50 25
11
7
10
0 10 5
50
0 25
50 25
200 100
Rapport bâti/non-bâti
PP P
Mosquée Lemky
Académie Al Riyami
Route à sens unique
Mosquée Maamur
Route à double sens Terminus Terminus Terminus Bus Bus
Mosquée Barza
Ecole Hamamni Hall religieux Zainabai
Ecole Kajificheni
Mosquée Shaksi
Bains Hamamni
Mosquée Jibril
Ecole Sunni Madressa
P
P P
0 10 5
50 25
Point focal (monument, place, ...) Nom de la route
Mosquée Shia Ithna Asheri
Mosquée Babu Mosquée Hanafi
Parking
Terminus Terminus Bus Bus
PP P
Mosquée Lemky
Académie Al Riyami
Route à sens unique
Mosquée Maamur
Route à double sens Terminus Terminus Terminus Bus Bus
Mosquée Barza
Ecole Hamamni Hall religieux Zainabai
Ecole Kajificheni
Parking
Point focal (monument, place, ...) Nom de la route
Mosquée Shia Ithna Asheri Mosquée Shaksi
Bains Hamamni
Influence arabe Mosquée Babu Mosquée Hanafi
Mosquée Jibril
Influence indienne Influence swahilie
Ecole Sunni Madressa
P
Influence européenne
P P
Autres (bâtiments contemporains et non-répertoriés)
0 10 5
50 25
Terminus Terminus Bus Bus
PP P
13 6
Mosquée Lemky
12
9
Route à sens unique
Mosquée Maamur
Académie Al Riyami
Route à double sens
1
Terminus Terminus Terminus Bus Bus
Mosquée Barza
Ecole Hamamni Hall religieux Zainabai
5 2
Ecole Kajificheni
Mosquée Shaksi
Bains Hamamni
P
Mosquée Babu
Mosquée Jibril
3
Influence indienne P
Ecole Sunni Madressa
15
Terminus Bus P
P P
8
18
Influence arabe
P P
4
Mosquée Hanafi
Point focal (monument, place, ...) Nom de la route
Mosquée Shia Ithna Asheri
10 17
Parking
Terminus Terminus Bus Bus
Influence swahilie Influence européenne Autres (bâtiments contemporains et non-répertoriés)
Terminus Bus
7 Catégorie 1 : LES BARAZAS 14
Catégorie 2 : LES MARCHES 16
0 10 5
50 25
Catégorie 3 : AUTRES 11
Angle de vue
Les barazas de KAJIFICHENI
L
a typologie des barazas retrouvés dans ce quartier suit le programme contre lequel chaque plateforme est adossée : les otlas se situent sur la ceinture extérieure du quartier, occupée majoritairement par des commerces indiens ; les barazas comme assise se situent dans le centre du quartier, très résidentiel. Il n’y a que peu de rues, excepté la New Mkunazini Road, qui ne comportent pas ce type d’élément, car c’est un quartier animé et très communautaire.
179
LES BARAZAS
Le baraza extérieur
2
1 Un baraza investi par des enfants dans une cour d’école. 2 Un baraza troué d’une trappe de visite, et servant d’assise à un marchand de chips. 3 Un baraza à l’avant d’une maison, assez profond par rapport à la largeur de la rue.
180
3
Limites d’usages et d’accès
4 Un baraza complètement fermé sur sa partie gauche par une grille et une balustrade. Une baie dans la structure grillagée permet de faire passer des objets de l’espace public vers le baraza.
181
LES MARCHES
Le porche
5 Un porche d’entrée inspiré du daka, reprenant l’arc en façade, mais n’ayant pas la largeur suffisante pour insérer des barazas. 6 Une nouvelle construction dont l’accès se fait par un porche enfoncé dans le volume, surmonté de trois marches et desservant une porte de chaque côté.
5
6 182
8
7 Un porche allongé élevé de deux marches, inséré dans le volume bâti. Des hommes se servent de cet espace pour y faire du bricolage. 8 Cette construction récente intègre des marches sous les balcons, enserrés par une jardinière et un baraza, créant un porche s’alignant avec le volume de droite, et l’axe de la rue.
183
L’escalier
9 Le niveau de la dalle du bâtiment étant très haut par rapport au niveau du sol, une première marche surélève d’abord le tout à la manière d’un otla, puis une pyramide de marches vient ensuite gravir la hauteur restante afin d’accéder aux commerces.
184
Le otla
10 Ces deux commerces partagent un escalier central, et la profondeur du otla devient alors la largeur des marches évidées dans la masse de la plateforme. 11 Des otlas de part et d’autre de la rue, à des niveaux allant de une à trois hauteurs de marches.
10
11 185
Le otla (suite)
13
12 Un otla pur dans sa forme, et recouvert d’une série de auvents dissociés les uns des autres. 13 Sur la droite, un commerce s’étendant sur son otla, profitant du auvent pour y suspendre des objets. 14 Un otla très profond, permettant au commerçant d’y installer un présentoir contenant de la nourriture.
186
14
15
16
15 Même si le otla est continu sur toute la façade, chaque portion est indiquée par le creusement dans son volume d’une marche. 16 Deux otlas se faisant face, l’un décoré avec du carrelage et l’autre coloré en rouge. 17 Un commerce de meubles, profitant du otla pour sortir des bancs à vendre servant aussi d’assise aux passants.
17 187
AUTRES
Les lieux de sociabilité
18 Dans cette embouchure de rue donnant sur une artère fréquentée par les voitures, un maskan s’installe en s’appuyant à droite sur un baraza. En face, un vendeur de noix de coco est installé sous un parasol, et le maskan se déploie alors sur toute la largeur de la rue.
188
189
Quartier 9 MKUNAZINI
190
Le quartier MKUNAZINI
1
C
e quartier s’étale le long de la Creek Road de manière très diffuse. Il constitue la jonction entre le tissu dense de la Médina et les bâtiments autonomes d’influence européenne tournés vers l’autoroute urbaine à l’Est. C’est un quartier très commercial et animé.
2 4
5
C’est ici que l’on trouve la halle au Marché Darajani, construite par J. H. Sinclair, qui se développe à l’Est. Caractérisée par le bâtiment contenant le marché aux viandes, cette zone est toujours vivante et bondée de monde.
3 8
6
9
Un autre monument important du paysage de MKUNAZINI est la Cathédrale Anglicane construite à partir de 1873. Elle occupe une large zone du quartier car elle y a remplacé le plus large marché d’esclaves de Zanzibar. Aujourd’hui, une sculpture vient honorer la mémoire de ces esclaves au pied de la cathédrale.
11
7
10 0 10 5
50
0 25
50 25
0 10 5
50 25
200 100
Rapport bâti/non-bâti
PP P
Parking Route à sens unique Route à double sens
Mosquée Jamat Khana
Marché Darajani
Terminus Terminus Terminus Bus Bus
Point focal (monument, place, ...) Nom de la route
Cathédrale Anglicane
P P P
Ecole Haile Selassie
Campus Vuga
P
0 10 5
50 25
Terminus Terminus Bus Bus
PP P
Parking Route à sens unique Route à double sens
Mosquée Jamat Khana
Marché Darajani
Terminus Terminus Terminus Bus Bus
Point focal (monument, place, ...) Nom de la route
Cathédrale Anglicane
Influence arabe Influence indienne
P P P
Influence swahilie Influence européenne Autres (bâtiments contemporains et non-répertoriés)
Ecole Haile Selassie
Campus Vuga
P
0 10 5
50 25
Terminus Terminus Bus Bus
PP P
Parking Route à sens unique Route à double sens
Mosquée Jamat Khana
Marché Darajani
Terminus Terminus Terminus Bus Bus
4
Point focal (monument, place, ...) Nom de la route
5
Cathédrale Anglicane
2
P
Influence arabe
P P P
12
P
8 9
Influence indienne 13
P
P Terminus Bus Terminus Terminus Bus Bus
3
10
Terminus Bus
Ecole Haile Selassie
7
11
Influence européenne Autres (bâtiments contemporains et non-répertoriés)
6 1
Influence swahilie
Catégorie 1 : LES BARAZAS Catégorie 2 : LES MARCHES
Campus Vuga
P
0 10 5
50 25
Catégorie 3 : AUTRES Angle de vue
Les barazas de MKUNAZINI
L
e clivage entre l’Ouest et l’Est de la ville s’observe aussi concernant les barazas. Du côté Médina, les commerces étalent leurs marchandises sur les otlas. Au bord de la Creek Road, l’étalement de larges constructions autonomes est souvent enserré d’un mur d’enceinte. Cette configuration ne permet pas l’accrochage de barazas, et n’intègre pas sa culture.
195
LES BARAZAS
Le baraza extérieur
1 Un baraza transformé à des fins techniques ; une trappe de visite éventre l’assise dans sa hauteur, et une gouttière et des tuyaux de climatisation transpercent la masse pour ressortir au niveau de la rue.
196
LES MARCHES L’escalier
3
2 Cet esclier est si torturé dans sa forme que même sa base ne peut pas servir d’assise. 3 Des marches découpées dans le coin de la masse de la plateforme ; la volée de droite permet d’accéder à la première porte, et la volée perpendiculaire ne mène... nulle part.
197
Le otla
5
4 Une rue indienne le soir avec ses magasins fermés ; la transformation de l’usage commercial le jour à résidentiel la nuit rend les otlas déserts. 5 Fermeture des commerces, et dernières discussions sur les otlas. 6 Le otla, bien que continu sur plusieurs maisons dans sa forme, présente une séquence de revêtements propres à chaque bâtiment. 198
6
AUTRES
Absence de baraza
7
8
7 Une rue bordée par un mur d’enceinte d’un bâtiment. Peu de monde emprunte ce passage, d’où l’absence de baraza. 8 La New Mkunazini Road est une impasse venant de Ng’ambo et arrivant dans la vieille ville. L’absence de baraza est compréhensible car les voitures y circulent beaucoup. 9 Un large espace public inutilisé car très rapidement inondé quand il pleut.
9 199
Absence de baraza (suite)
10 Le manque de services sur cette place publique n’invite pas les passants à s’attarder ; le baraza est inexistant. 11 Devant cette mosquée, aucun baraza n’est déployé sur l’espace public.
10
11 200
Les lieux de sociabilité
12 Un maskan à l’entrée de l’ilôt de l’Église Anglicane. 13 Le long de la Creek Road, une série de vendeurs en tout genre s’installent et discutent avec les passants.
12
13 201
Les lieux de sociabilité (suite)
14 A l’entrée de la zone du Marché Darajani, de nombreux hommes vendent tout et rien, du téléphone aux caisses de poissons frais. Une foule se rassemble ici tous les jours, mais aucun baraza ne permet à ces vendeurs de s’asseoir correctement.
202
203
Quartier 10 MNAZIMMOJA
204
Le quartier MNAZIMMOJA
1
C
omme FUNGUNI, c’est l’un des derniers quartiers ayant possédé des huttes en terre. C’est l’arrivée des européens sur l’archipel qui a transformé MNAZIMMOJA. On remarque cette influence par la très faible densité de constructions. Cette zone est constituée de larges terrains très hermétiques sur lesquels sont disposés de grands bâtiments publics, comme les deux hôpitaux publics et leurs parcs attenants. Les espaces publics majeurs sont la plage à l’Ouest et les Jardins Victoria.
2 4
5
L’attraction du quartier réside dans le Musée Mémorial de la Paix, construit par J.H. Sinclair en 1925 en mémoire aux soldats morts durant la Première Guerre Mondiale.
3 8
6
0 10
9
11
5
50 25
7
10
50
0 25
200 100
50
0 10 5
25
Rapport bâti/non-bâti
PP P
P
Parking Route à sens unique Route à double sens
P Hopital de Mnazimmoja Ecole Ben Bella
Jardins Victoria
Musée Mémorial de la Paix Hopital de Mnazimmoja
0 10 5
50 25
Terminus Terminus Terminus Bus Bus
Point focal (monument, place, ...) Nom de la route
Terminus Terminus Bus Bus
PP P
P
Parking Route à sens unique Route à double sens
P Hopital de Mnazimmoja Ecole Ben Bella
Terminus Terminus Terminus Bus Bus
Point focal (monument, place, ...) Nom de la route
Influence arabe Influence indienne Jardins Victoria
Influence swahilie Musée Mémorial de la Paix
Hopital de Mnazimmoja
0 10 5
50 25
Influence européenne Autres (bâtiments contemporains et non-répertoriés)
Terminus Terminus Bus Bus
PP P
P
2
Parking Route à sens unique
5 10
4 3
Hopital de Mnazimmoja
6
Ecole Ben Bella
7
8
Terminus Terminus Terminus Bus Bus
Point focal (monument, place, ...) Nom de la route
P
Influence arabe
P P
11
Influence indienne
Jardins Victoria
Hopital de Mnazimmoja
Route à double sens
P
P
Musée Mémorial de la Paix
1
Terminus Bus Terminus Terminus Bus Bus
Influence swahilie Influence européenne Autres (bâtiments contemporains et non-répertoriés)
9
Terminus Bus
Catégorie 1 : LES BARAZAS Catégorie 2 : LES MARCHES Catégorie 3 : AUTRES Angle de vue
0 10 5
50 25
L
Les barazas de MNAZIMMOJA
es barazas sont quasi-inexistants à MNAZIMMOJA du fait de la forte concentration en bâtiments européens. La morphologie du quartier, très diffuse, ne constitue pas un environnement où l’accroche du baraza est aisée, contrairement aux rues de la Médina.
Bien que les barazas soient peu représentés, l’espace public est tout de même propice aux rencontres, comme dans les Jardins Victoria, lieu de réunions pour femmes s’asseyant en cercle dans l’herbe, ou encore devant l’hôpital Mnazimmoja, où des vendeurs de chips s’installent à la sortie du bâtiment où les familles patientent.
209
LES BARAZAS
Le baraza extérieur
1 Devant l’hôpital de Mnazimmoja, un long baraza longe la façade de chaque côté. Ce sont majoritairement des femmes qui attendent ici.
210
Le baraza libre
2 Sur cette route empruntée par les voitures, un seul banc a été construit dans la masse d’un muret enserrant un jardin public.
211
LES MARCHES L’escalier
3 Devant l’autre hôpital de Mnazimmoja, aucun espace d’attente n’est prévu pour les familles ; il n’existe que cet escalier menant à l’accueil. 4 De simples volées d’escaliers menant à de grandes portes indiennes.
3
4 212
AUTRES
Absence de baraza
5 Même si cette rue avait été suffisamment large pour permettre le passage des voitures et une utilisation agréable du baraza, il n’en existe aucun sur cet axe, en raison de la typologie européenne de la plupart des bâtiments. 6 Un espace public en retrait de la route, juste en face de l’hôpital, qui pourrait servir à la mise en place d’assises pouvant permettre aux familles d’attendre les patients. Pourtant, aucun baraza n’y est installé.
5
6 213
AUTRES
Absence de baraza
8
7 Un tronçon de route très peu emprunté ; un mur d’enceinte cachant un bâtiment gouvernemental ne laisse entrer que des voitures diplomatiques. 8 Malgré l’ombre agréable des arbres, aucun baraza n’est construit ici. L’arrêt de bus n’est qu’à quelques mètres. 9 L’embouchure de Mnazimmoja sur la grande route quittant Stone Town. il n’y a que peu de piétons passant là. 214
9
Les lieux de sociabilité
10 Dans cette rue calme et peu passante, un maskan a élu domicile sous la casquette de ce bâtiment moderniste. 11 Les femmes, quant à elles, se rejoignent dans les Jardins Victoria pour discuter assises dans l’herbe.
10
11 215
Quartier 11 DARAJANI
216
Le quartier DARAJANI
1
C
e quartier est le seul qui se situe de l’autre côté de la Creek Road, et devrait donc être considéré comme faisant partie de Ng’ambo. Pourtant, cette partie de la ville fait partie du classement UNESCO au même titre que les autres. A l’époque où la crique séparant la péninsule du reste de l’île n’était pas encore bouchée, la Darajani Street était accessible de la péninsule via un pont, c’est pourquoi cette rue indienne s’est développée comme une prolongation des bazaars de Stone Town. C’est le seul axe dense de ce quartier, constitué principalement de grands espaces publics. La Creek Road en elle-même constitue un trou béant entre la vieille ville et le reste de Zanzibar Town. Autour de cette autoroute urbaine, très dangereuse à traverser en tant que piéton, se greffent d’autres grandes étendues ouvertes, comme des parkings, ou encore le Parc Jamhuri. Les bâtiments longeant la grand-route constituent des barrières urbaines entre les deux côtés de la ville.
2 4
5
3 8
6
9
11
7
10 0 10 5
50
0 25
50 25
0 10 5
50 25
200 100
Rapport bâti/non-bâti
PP
P
Parking Route Ă sens unique Route Ă double sens
P
P
Terminus Terminus Bus Bus P
P
(Creek
Road)
Terminus Bus
Terminus Bus
P
Parc Jamhuri
0 10 5
50 25
Point focal (monument, place, ...) Nom de la route
Terminus Terminus Bus Bus
PP
P
Parking Route à sens unique Route à double sens
P
P
Terminus Terminus Bus Bus P
Point focal (monument, place, ...) Nom de la route
P
Terminus Bus
Influence arabe Influence indienne
(Creek
Road)
Influence swahilie Terminus Bus
Influence européenne
P
Autres (bâtiments contemporains et non-répertoriés)
Parc Jamhuri
0 10 5
50 25
Terminus Terminus Bus Bus
PP
P
8
Route à sens unique Route à double sens
P
10 P
5
6
Parking
7 Terminus Terminus Bus Bus
Point focal (monument, place, ...) Nom de la route
P
P
P
Influence arabe
Terminus Bus
P P
Influence indienne 1
P
(Creek
Road)
Terminus Bus
11
Terminus Bus
Terminus Terminus Bus Bus
P
13 4
14 9
Influence européenne Autres (bâtiments contemporains et non-répertoriés)
12
3
Influence swahilie
Terminus Bus
Catégorie 1 : LES BARAZAS
Parc Jamhuri
2
Catégorie 2 : LES MARCHES Catégorie 3 : AUTRES Angle de vue
0 10 5
50 25
Les barazas de DARAJANI
L
es barazas sont très disparates dans ce quartier. On retrouve des otlas dans la Darajani Street, véritable rue commerçante typique mais ils disparaissent de la vue des passants tellement ils sont recouverts de marchandises. Les seuls autres barazas se retrouvent dans le Parc Jamhuri, seul espace vert aménagé dans cette zone. Pour le reste, la présence plus qu’oppressante de la voiture empêche tout passant d’être statique ; les seuls personnes assises sont les vendeurs ambulants qui prennent alors ce qui leur passe sous la main pour leur servir d’assise. Du fait du peu d’intimité dégagé par ces vastes espaces, aucun maskan n’y élit domicile.
221
LES BARAZAS
Le baraza libre
1 Des barazas encerclant de grands arbres sur un parking. C’est le seul endroit où l’on peut s’asseoir. 2 Un baraza intégré dans un bac à fleurs, juste à côté du parc pour enfants.
1
2 222
3 La forme de ces barazas définit l’espace du parc : ils se déhanchent afin de rendre l’assise de groupes plus conviviale, et dessinent la forme du sentier. 4 De l’autre côté du parc, l’espace est plus vaste, peu défini ; un baraza est isolé, et la plupart des gens s’allongent dans l’herbe.
3
4 223
LES MARCHES
Le otla
5 6 Les commerces envahissent les otlas, si bien que l’on ne peut même plus les appercevoir. 6 Ce tronçon de rue est moins encombré, et les otlas permettent alors une assise aux marchands.
224
8
7 La rue étant un peu plus large que dans les ruelles de Stone Town communes, les marchands ont tendu des bâches au centre de l’espace pour y apporter de l’ombre. 8 Ce commerçant a privatisé son otla en installant une grille à l’avant. Ainsi lorsque le commerce est fermé, il peut y laisser accrochés les produits pendus autour du otla. 225
AUTRES
Absence de baraza
9 La Creek Road, caractérisée par sa largeur séparant Stone Town de Ng’ambo. Aucun baraza n’y est construit car c’est un espace entièrement dédié à la circulation. 10 L’une des entrées de Stone Town ; le marché se développe sous forme de petits stands couverts par des parasols. Cet espace dynamique ne posède pas de barazas. 9
10 226
11 Le plus gros carrefour de la Creek Road. L’installation de baraza y est impensable. 12 L’un des parkings longeant la grande route. L’espace est dédié à la voiture, et sous cette écrasante chaleur, nulle personne ne voudrait y stationner à pied.
11
12 227
AUTRES
Absence de baraza (suite)
13 L’amorce de la Karume Road, grand boulevard au centre des grandes barres de logements modernistes. C’est une autoroute urbaine qui n’autorise pas le statisme. 14 De petits stands installés le long de la route ; les vendeurs, faute de mieux, d’assoient sur des seaux ou des cageots.
13
14 228
229
C. Caractéristiques techniques du baraza
C
omme l’illustre le reportage photo, l’authenticité du baraza réside dans la multiplicité de ses formes, de ses couleurs, de ses usages. D’un point de vue formel, il serait vain de tenter de standardiser tel ou tel type de baraza dans ses dimensions. C’est précisément ce patchwork de plateformes décalées les unes par rapport aux autres qui confère aux rues leur caractère vernaculaire. Les rues longées de barazas perdraient tout leur charme si l’on venait à modifier cette hétérogénéité. C’est ce qu’illustrent les trois séquences que j’ai relevées, durant mon séjour à Stone Town, dans la Changa Bazaar Street : cette rue au caractère pourtant uniforme à première vue par sa vocation uniquement commerçante n’est constituée que d’une série de otlas, marches et barazas tous différents dans leurs dimensions (Fig. 37-40).
2
3
1
0 10 5 Figure 37
230
50 25
Illustrations ci-contre : - Fig. 37 : Plan de situation des coupes effectuées dans la Changa Bazaar Street. (Source : Plan récupéré à la STCDA. Retravaillé par Marie DZIEZUK). - Fig. 38 : Coupe 1 (exécutée à partir de relevés effectués sur place par Marie DZIEZUK).
1
0,4
0 0,2
1
Figure 38
231
0,2 Figure 39
232
2
0,4
0
1
3
0,4
0 0,2 Figure 40
1
D’un point de vue constructif, il m’est apparu difficile de comprendre comment le baraza est bâti ; je n’ai pas eu l’occasion de voir de construction de cet élément architectural, et n’ai trouvé aucune documentation à ce sujet. On peut néanmoins extrapoler que le baraza est construit de la même manière que le bâtiment contre lequel il s’adosse. La ville est principalement constituée de maisons réalisées en pierres de corail extraites de la mer. Des masses de calcaire corallien anciens sont remontées à la surface, puis séchées car elles durcissent au contact de l’air. C’est une matière très poreuse, qu’il faut alors recouvrir d’enduit pour rendre le tout imperméable, mais aussi pour lisser le mur. C’est sous forme de moellons enduits de chaux et de limon que sont construites les structures des bâtiments. On procède ainsi : les moellons sont posés, jointés et gobetés dans un mélange de ciment, de chaux et de sable. Cette composition de mur lui fait atteindre jusqu’à 60 centimètres d’épaisseur31. 31_ PHELAN, Nancy. Le Corail en tant que Matériau de Construction. Commission du Pacifique Sud. 1952. p. 3. 32_ The Aga Khan Trust for Culture. Conservation and Design Guidelines for Zanzibar Stone Town. p. 1.4. Illustrations ci-contre : - Fig. 39 : Coupe 2 (exécutée à partir de relevés effectués sur place par Marie DZIEZUK). - Fig. 40 : Coupe 3 (exécutée à partir de relevés effectués sur place par Marie DZIEZUK)..
Cette technique a été très utilisée dans certaines régions d’Afrique en raison du manque d’autres matériaux. Alors qu’elle a fait ses preuves face au climat tropical, elle est aujourd’hui de moins en moins bien mise en oeuvre. Si l’on ajoute la mauvaise qualité des matériaux actuels, il en résulte une infiltration de l’eau dans la structure, conduisant à l’écroulement de beaucoup de maisons en plein coeur de Stone Town. Le même constat est applicable au baraza, qui s’érode rapidement avec les pluies tropicales, s’effrite et tombe en ruine. Les guidelines, indiquant les bonnes pratiques à mettre en oeuvre à Stone Town dans la restauration d’un bâtiment, imposent de toujours utiliser les matériaux existants plutôt que de les remplacer par du béton ou du ciment, afin que la réparation du détail soit plus efficace. L’appel à des artisans qualifiés connaissant les savoir-faire locaux est fortement conseillée. Malheureusement, faute de moyens, la plupart des habitants réalisent les travaux eux-mêmes, et n’hésitent pas à ajouter le ciment à l’équation. On constate souvent ce genre de réparations sur les barazas et marches, où l’on bouche les trous avec ce qu’on a sous la main, ajoutant par la même occasion des rampes à deux-roues par exemple32.
233
D. La gestion du baraza et ses problèmes
L
e baraza pâtit aujourd’hui d’une gestion inexistante impliquant une détérioration évidente de ce précieux patrimoine de Stone Town. Dans les rues piétonnes, la circulation des scooters génère une pollution certaine et l’usage des barazas s’en trouve fortement perturbé. En effet, ils coupent le dialogue qu’échangent les habitants des deux côté de la rue, dérangent les commerces et sont une réelle menace quant à la sécurité des passants. Par ailleurs, les dégâts causés par les accidents des scooters contre les barazas en dénaturent leurs formes et ceux-ci sont alors renforcés par des profilés métalliques totalement anachroniques et peu esthétiques. D’autre part, dans les rues accessibles aux voitures, l’absence de baraza est quasi-totale pour des raisons de sécurité mais aussi car l’intimité des discussions s’avère impossible (Fig. 41). La détérioration grandissante de la vieille ville, faute de moyens financiers, n’épargne pas les barazas et certains tombent en ruine encore plus rapidement que les maisons. Les nouvelles constructions, souvent gérées par des architectes étrangers ou venant du continent, ne possèdent pas cette culture du baraza et ne l’intègrent donc pas dans la conception du bâtiment. Le baraza tend alors à disparaître car les bâtiments qui s’écroulent sont remplacés par des constructions neuves qui n’en ont pas. Les “guidelines” de Stone Town écrites par l’Aga Khan en collaboration avec l’Unesco, sont les règles de base à respecter lors de toute nouvelle construction ou rénovation de bâtiment, pour protéger le patrimoine de la Médina. Elles expliquent comment dessiner de nouveaux bâtiments, analysent les systèmes constructifs traditionnels et les techniques de conservation à utiliser. Elles conseillent aussi sur les méthodes à suivre pour restaurer un bâtiment traditionnel, en s’appuyant sur des textes de lois et des exemples pratiques. Malheureusement, il n’existe que peu de conseils ou lois concernant les barazas, leur construction ou rénovation, alors que la Médina doit une grande partie de son caractère à la présence de ces bancs traditionnels. L’unique mention pour leur construction est la suivante : Partie V, 37 (2a) : « Balcons, auvents, débords de toitures et gouttières peuvent être construits au-delà des lignes de construction à un maximum d’un tiers de la largeur de la rue, ou en tout cas à moins d’un mètre. Les barazas et marches peuvent être construits au-delà de la ligne de
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Illustration ci-contre : Fig. 41 : Carte de Stone Town montrant les axes de circulation routière et les parkings. (Source : Carte récupérée à la STCDA, retravaillée par Marie DZIEZUK).
Figure 41
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1.20
GOOD PRACTICE GUIDELINES BUILDING LINES THE LAW STATES: Part V, 37 (2 a) « Balconies, canopies, roof overhangs, and gutters may be built beyond the building lines to a maximum of one third of the width of the street, or in any case not more than one metre. Barazas and steps may be built beyond the building line to a maximum of 0.4m and sign boards to a maximum of 0.5m. »
0.5
1/3
0.4
Figure 42
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0.4
construction à un maximum de 0.4 mètre et les panneaux de signalisation (commerce) à un maximum de 0.5 mètre. »33 (Fig. 42) Il existe un autre problème récurrent à Zanzibar : certaines constructions s’opèrent sans aucun respect de ces lois en dénaturant totalement le paysage. La STCDA, chargée de faire respecter ces obligations, n’y parvient malheureusement pas, et la corruption prend le dessus sur les instances gouvernementales impuissantes.
33_ The Aga Khan Trust for Culture. Conservation and Design Guidelines for Zanzibar Stone Town. p. 1.2.
Roman Loimeier a constaté entre 2004 et 2007 une diminution du nombre de barazas. En effet, le tourisme a fortement transformé le paysage de certains quartiers, comme Shangani, où les boutiques de souvenirs ont investi la plupart des bâtiments des rues passantes, détruisant alors la culture du baraza. Il a remarqué alors que certains barazas qu’il avait connus auparavant s’étaient déplacés dans des quartiers moins fréquentés par les touristes. Aussi, certains maskans de personnes âgées avaient été remplacés par une population plus jeune. Ces éléments attestent de la vitalité de la culture des barazas à Zanzibar : même si on arrache sa racine dans un quartier, il se replante ailleurs, et perdure autrement34.
34_ LOIMEIER, Roman. Sit local, think global : the Baraza in Zanzibar. Journal for Islamic Studies, vol. 27. 2007. p. 38. Illustration ci-contre : Fig. 42 : page des Guidelines faisant mention du baraza. (Source : The Aga Khan Trust for Culture. Conservation and Design Guidelines for Zanzibar Stone Town. p. 1.2.)
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CONCLUSION
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a ville de pierre de Zanzibar représente un cadre unique d’apprentissage et de recherche sur la question architecturale. Le mélange d’influences hors du commun qu’on peut observer dans chaque ruelle, chaque bâtiment, nous révèle beaucoup concernant l’histoire de cet archipel et des pays entourant l’Océan Indien. Les vagues d’immigration de populations aux cultures différentes se sont aujourd’hui brassées pour constituer une population accueillante, singulière et passionnante. On peut y appréhender des communautés fortes et affirmées, mais chacune se respecte et vit en harmonie avec les autres. Cet exemple rare de tolérance et de sociabilité m’a fascinée et m’a donné envie d’en comprendre le fonctionnement. C’est par le biais d’un élément architectural que l’on pourrait penser anodin à première vue, mais qui sous-tend une grande majorité des relations sociales publiques, que je me suis intéressée à cette question : le baraza. L’étude en a expliqué les origines, comment celles-ci l’ont défini dans ses usages et ses formes, tout autant que sa dimension sociale, essentielle aux zanzibarites. Mais en tant que femme au sein d’une culture musulmane, ma mission s’avéra plus compliquée que je ne le pensais. Il fut en effet difficile pour moi de m’approcher de certains lieux de sociabilité forts et d’y poser des questions, car la sphère publique est exclusivement dirigée par les hommes, et cette hiérarchie n’est pas à prendre à la légère. Ma curiosité et mes questions ont pu étonner, voire choquer les autochtones ; j’ai parfois été forcée de rester en retrait. Le classement de Stone Town au Patrimoine Mondial de l’UNESCO constitue un cadre très réglementé. Malgré les efforts effectués par une série d’instances (gouvernementales et internationales) et de règles tentant de régir la conservation et la restauration de ce patrimoine si précieux, certaines catastrophes tant architecturales qu’urbaines sont alarmantes. Stone Town se transforme du fait de la modernisation et de la pression démographique ; les évolutions observées, comme la place de la voiture, la construction d’hôtels, et la montée du tourisme grandissants, sont à prendre en compte de manière judicieuse. Dans ce contexte compliqué, la sauvegarde du baraza est problématique. La superposition des calques sur chaque plan de quartier nous a appris que les barazas allaient souvent de pair avec le bâtiment contre lequel ils s’adossent ; un otla prolonge un commerce indien, une assise vient mettre en retrait les parties privées d’une maison arabe ou swahilie, etc. Certaines superpositions s’avèrent moins évidentes, en raison du mélange des modes de vie dans la culture et donc dans l’architecture au fil du temps. Par ailleurs, les barazas se sont vus fortement modifiés par l’ajout de certaines fonctions répondant à la vie moderne, comme les rampes pour scooters, les trappes de visite pour canalisations, etc. Les habitants, de plus, transforment souvent leur baraza avec du ciment et du béton au détriment des matériaux traditionnels, faute de moyens et de sensibilisation à la question patrimoniale (et ce malgré le classement au Patrimoine Mondial de l’UNESCO).
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Pourtant, la restauration des barazas est une question importante. Matérialisé de tant de manières différentes en fonction de l’espace où il se déploie, il serait toutefois vain de tenter de le standardiser, ou même d’en donner une définition unique. L’authenticité du baraza tel qu’appréhendé aujourd’hui réside, outre sa forme, dans son esthétique vieillie, érodée par le temps ; un baraza «aseptisé», recouvert de carrelage blanc donnera sûrement moins envie au passant de s’y asseoir qu’un baraza qui a l’air d’avoir du «vécu». Comment conserver alors le charme de l’âge ? Faut-il interdire certains matériaux de couverture du baraza, ou au contraire laisser se créer ce patchwork si typique selon l’envie des habitants ? Mais avant même de parler de sa restauration, il s’agit tout d’abord de s’occuper de sa disparition. On constate déjà une diminution du nombre de barazas dans les nouvelles constructions. De plus, le tourisme, essentiel à l’économie de la ville, le fait peu à peu disparaître. Les réseaux sociaux jouent malheureusement un rôle dans l’extinction de ce mode de vie, car certains barazas se constituent désormais en groupes de conversation whatsapp plutôt que dans un lieu physique. La raison : une ouverture plus grande sur le monde, une mise en réseau plus importante, un accès à l’information plus facile, moins «contraignante», mais moins humaine. La facilité prend alors le dessus sur la coutume. Il faut donc tenter de trouver des solutions pour sauver ce patrimoine immatériel. Pour ce faire, il serait bon de commencer par inventorier les barazas qui méritent une conservation, une restauration ou un retrait (en tentant de comprendre quels en sont les usages, tant dans la culture traditionnelle qu’actuelle), élaborer une carte précise de la ville sur laquelle s’appuyer, pour les dessiner et les répertorier. Ce travail serait complexe, car les outils mis en place pour la conservation de la vieille ville progressent, mais ne sont toujours pas optimals. Pour conclure, le baraza doit absolument être pris en compte dans la sauvegarde du patrimoine de la ville. Il doit continuer à vivre, car la sociabilité qui lui est associée, fondatrice de la culture locale, pourrait s’éteindre. Mais d’autres problèmes semblent bien plus importants à gérer dans l’immédiat sur l’archipel, comme par exemple les problèmes politiques, qui créent une forte tension sociale. Mais fautil pour autant délaisser le baraza ? Si cette sociabilité disparaissait, la ville n’en serait que davantage standardisée ; le tourisme, si important pour la survie de l’archipel, serait-t-il alors toujours si développé ? Faudrait-il au contraire tenter d’imposer le baraza partout, en interdisant la circulation des scooters ou en limitant l’accès de la voiture ? Espérons que la vieille ville de Stone Town soit en mesure de hiérarchiser ses priorités, en y intégrant le baraza.
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GLOSSAIRE
Adda (terme originaire du Bengale) : conversation informelle entre personnes dans un espace public. Bazaar : en Orient, marché public en plein air ou sous de vastes galeries. À Zanzibar il prend la forme de commerces mitoyens ouverts sur les ruelles. Chowk : petite cour à l’arrière des commerces indiens qui sert aux activités domestiques de la famille. Daka (au pluriel, madaka) : dans les maisons swahilies, entrée de l’habitation sous un porche surélevée de une à trois marches au dessus du niveau de la rue et caractérisée par deux barazas latéraux. Daoa : véranda qui entourait les maisons en terre dans les villages du Bengale. Kiwanda : cour intérieure des maisons swahilies. Majlis : espace de réception dans les maisons arabes ( synonyme : mugallat). Makuti : toit en feuilles de palmiers des maisons swahilies. Mangrove : forêt principalement constituée de palétuviers, que l’on trouve sur les littoraux tropicaux. Maskan : d’origine swahilie, groupe de discussion (souvent de nature politique) dans un lieu informel. Otla : il surélève de quelques marches les magasins indiens, sert à étaler la marchandise et à s’asseoir pour discuter avec voisins et clients. Rawk (ou rowak) : terrasse surélevée attachée aux vieilles maisons de Calcutta et où les jeunes hommes du quartier se retrouvent pour pratiquer le Adda. Sebule : salon ou espace d’accueil des invités dans les maisons swahilies. Tekani : galerie de circulation à l’étage des maisons swahilies qui surplombe une cour, possédant parfois un débord pour ombrager celle-ci.
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