Sminko // Ink

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Ŝminko spécial tattoo


bleu noir tattoo artshop

Cette semaine, nous rencontrons Jeykill, le cofondateur du salon de tatouage parisien : Bleu Noir Tattoo Artshop.

photos : @bleunoir tattoo art shop

C’est au cœur du 18ème arrondissement parisien que Jeykill et Veenom, tatoueurs et membres du collectif 9ème Concept, ouvrent le Bleu Noir Tattoo Artshop. Loin des codes habituels, Bleu Noir met l’accent sur l’aspect singulier et unique de ses créations. Le conseil, le choix d’un dessin et l’élaboration d’un tatouage implique un savoir-faire et une rigueur professionnelle garantie par 10 années d’expérience. Le Bleu Noir Tattoo Artshop rassemble au rez de chaussée un espace d’exposition et un ministore qui présente des productions récentes ou des éditions limitées et à l’étage un studio de tattoo.

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QUELLES SONT, SELON VOUS, LES QUALITÉS QU’IL FAUT AVOIR POUR ÊTRE TATOUEUR ? La patience, la détermination et la rigueur. Il faut bien sûr avoir de vraies qualités en dessin et le sens de l’exécution car sur un tatouage les défauts s’accentuent au fil des années… Ce qui n’a pas d’incidence sur papier peut faire la différence sur la peau. Il est aussi primordial de tenir compte des formes du corps et de penser à l’ergonomie de son tatouage. Un beau dessin mal placé ne fait pas un beau tatouage… Il faut aussi avoir le sens de la diplomatie car le support à un avis, et il n’est pas toujours bon. ON DIT QU’UN TATOUAGE REFLÈTE LA PERSONNALITÉ ET LA VIE DE CELUI QUI LE PORTE : QUELLE HISTOIRE RACONTENT VOS TATOUAGES (CEUX QUE VOUS PORTEZ) ?

BONJOUR, COMMENT ÊTES-VOUS DEVENU TATOUEUR ? Il y a un peu plus de dix ans j’ai été présenté par un ami à un tatoueur qui a accepté de me livrer les conseils de base concernant l’hygiène et la technique du tatouage. Je me suis rapidement senti à l’aise avec cette pratique et j’ai fais évolué ma technique de tatouage tout en travaillant comme graphiste et illustrateur freelance. Il y a deux ans j’ai décidé de faire du tatouage mon activité principale et j’ai élaboré le projet de la boutique Bleu Noir avec Veenom, lui aussi graphiste freelance avec qui j’avais l’habitude de collaborer. QUEL EST VOTRE STYLE DE PRÉDILECTION ?

J’ai fait le premier à l’occasion d’une de mes expos, je me suis tatoué le logo de l’expo « jusqu’ici tout va bien », ça correspondait à une période de remise en question personnelle et j’aime le double sens de cette phrase. Un autre a été fait en mémoire d’un ami qui a disparu. J’aime bien aussi me faire marquer des numéros qui correspondent à des moments importants pour moi. Sinon d’autres sont liés à des choix purement esthétique… Il n’y a pas de règles et la décision se prend souvent à la dernière minute. QUELS CONSEILS DONNERIEZ-VOUS À UNE PERSONNE QUI SOUHAITERAIT SE FAIRE UN PREMIER TATOUAGE ? Il faut comparer, regarder ce qui se fait, prendre le temps de trouver le tatoueur qui correspond à ses attentes. Après tout ça, quand on a choisi il faut lui faire confiance car c’est le meilleur moyen d’obtenir le meilleur de son art. Culture Tatouage

Mon style de prédilection c’est de mixer les styles. Je dirais donc tous les styles, tant qu’on me laisse la liberté de me réapproprier le motif. Je trouve que mon travail est particulièrement réussi quand on ne sait pas quel style lui attribuer. OÙ TROUVEZ-VOUS VOTRE INSPIRATION ? QUELLES SONT VOS INFLUENCES ? Mes influences de bases sont les arts primitifs et les contres cultures. Mais tout ce que je vois influence mes créations, consciemment ou inconsciemment et cela va bien au delà du monde du tatouage… Je pense m’être construit un style personnel en évitant de me poser des barrières, j’essaie de me permettre tous les mélanges et de travailler au feeling. C’est un exercice périlleux mais cela permet de garder une certaine fraicheur créative. 3


caroline karenine photos : @Caroline Keranine

Quand et comment as -tu commencé à tatouer ? J’ai commencé à travailler en boutique il y a 6 ans et mon apprentissage un peu avant, vers 17 ans 1/2. Au début, je soudais des aiguilles, je faisais le ménage, l’accueil… Je n’ai pas tatoué tout de suite. En parallèle j’étudiais et lorsque j’ai fini mes études j’ai commencé à travailler à plein temps dans un shop. Comment as -tu eu envie de tatouer, si jeune ? J’ai toujours aimé le dessin, mais quand j’avais 8 ans, j’accompagnais mes frères se faire percer à Avignon chez Body Art, ce qui m’a un peu donné le déclic. Je ne sais pas… ça m’a ouvert une nouvelle perception sur le boulot et les passions. Je me suis rendu compte qu’on pouvait faire les deux. Très tôt, j’ai voulu faire un boulot artistique qui me laissait beaucoup de liberté. En grandissant ça s’est orienté vers le tattoo, car j’aime aussi tout ce qui touche au corps. Est- ce que tu te souviens du premier tatouage que tu as réalisé ? Ouais, des lettres chinoises sur l’avant-bras… et je me suis dis que je ne lâcherais plus jamais une machine !

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Le temps d’un café, Derm-Ink a rencontré Caroline Karénine, cette jeune tatoueuse de 26 ans qui est sans doute promise à un bel avenir. Caroline Karénine ouvre grand les yeux et nourrie son univers graphique de mille curiosités. Elle nous raconte ses inspirations et sa passion pour le tatouage qui l’a piqué il y a une dizaine d’années.

Dans ton travail, on trouve des thèmes récurrents liés à la nature : les végétaux, les animaux… Qu’est- ce ce qui t’inspire ? Est- ce que ça vient de toi ou de ta clientèle ? C’est cool, car mes clients sont majoritairement en adéquation avec ce que j’aime. C’est là où c’est sympas. Je n’ai pas vraiment besoin de me forcer, ça vient assez naturellement. Leurs demandes sont en rapport avec la nature, la liberté, le voyage… les gens viennent me voir pour exprimer une tranche de vie, un espoir. C’est cool, c’est bien connoté ! Ton style graphique semble avoir quelques références vintage, un petit côté vieille dentelle… J’aime bien tout ce qui tourne autour du 19ème, début 20ème ; tous ces cabinets de curiosités de l’époque. Cet univers fait un peu le lien entre ce que je fais aujourd’hui, mes inspirations, mes voyages et des choses plus personnelles, des moments du quotidien aussi. Cependant, j’ai l’impression que ça rejoint aussi ton travail de tatoueuse, car dans ton graphisme on retrouve souvent des références ethniques, des mélanges de symboles, de cultures… Oui, c’est vrai… Je m’intéresse à pas mal de chose, donc j’aime bien faire des mélanges. Après ça dépend aussi bien sûr de ce que les clients aiment.


J’ai noté aussi, que tu n’utilises que deux couleurs maximum à chaque fois… Oui, il y a eu un moment où j’ai eu envie synthétiser un peu mon travail. Du coup j’ai commencé à n’utiliser que le noir et j’ajoute souvent une couleur parce que je trouve que c’est un peu comme une lueur d’espoir. Ça permet aussi de détacher les éléments, avoir une meilleure lisibilité. J’essaie d’être le plus efficace possible. Quels sont les artistes qui t’inspirent ? Au début j’aimais beaucoup l’hyperréalisme, comme Jeff Gogue, c’est génial ce qu’il fait ! Aujourd’hui il y a beaucoup de tatoueurs que j’aime, mais on va dire que c’est ce qui m’a donné le déclic, ce que j’aimais quand j’achetais mes premiers tattoos magazines. J’adore aussi la peinture romantique. Goya est un de mes artistes de référence, les surréalistes aussi et j’ai eu une période réaliste avec Courbet et Delacroix. Ça reste de la peinture classique. L’art contemporain, je t’avoue que j’ai un peu décroché. Je m’y intéresse mais de loin. Ce qui peut m’inspirer aussi beaucoup c’est le textile et les motifs. J’aime le côté artisanale, le travail des mains. Quelle serait pour toi, la définition du tatouage ? Tu me poses une colle là ! (rires) Je ne sais pas… Je l’associe toujours au côté liberté. C’est un peu disposer de son corps comme on souhaite, de ses idées, être en phase avec soi-même. Pour moi, ce n’est pas répondre à une mode ou à une culture, c’est quelque chose de personnel. Je ne vois pas le tatouage comme un acte contestataire mais plutôt comme un choix pour être en harmonie avec soi Qu’est- ce que tu penses de la démocratisation du tatouage ? De cette mode, on peut le dire, du moment ? Je pense que c’est bien, parce que ça pousse les gens à s’intéresser au tattoo de manière différente. Ça crée, bien sûr, une culture de masse pas toujours bonne mais, au milieu il y a des gens qui vont s’intéresser aux artistes et s’ouvrir à cette culture. Je préfères voir le bon que le mauvais en fait. Il faut faire confiance aux gens et ne pas penser qu’ils sont tous des moutons.

doivent être là en fait… Je ne suis pas pressée : quand ça doit arriver, ça arrive. Je préfère laisser le temps au chose, j’ai toute la vie ! Ça m’impressionne toujours, quand tu vois des jeunes de 25 ans qui sont déjà très tatoués et qui n’ont déjà plus de place… Je pense que ça dépend des caractères. Il y a des gens qui sont plus impulsifs et d’autres plus réfléchis. Moi, je pense que je n’ai jamais vraiment été dans l’impulsivité. Ce sont deux écoles, il n’y en pas une meilleure que l’autre, du moment que chacun s’y retrouve. Après, c’est impressionnant autant sur le côté physique, que le côté psychologique. Il faut être déterminé. Et toi, qu’est-ce que ça te fais de voir les gens repartir avec tes tattoos ? Je suis trop contente!  J’adore ! Pas dans le sens où je leur ai fait mon tattoo, mais parce que les gens sont contents. Toi t’as passé un bon moment et t’as peut-être changé un petit quelque chose dans leur vie, dans leur manière d’être… C’est aussi ce qui te pousse à faire du bon boulot, à donner le meilleur de toi même. J’aime passer un bon moment avec mes clients, c’est important. Chloé

Quel a été ton premier tatouage ? Je me suis fait des étoiles au cathéter quand j’avais 15 ans. Je suis allée chercher des cathéters à la pharmacie parce que je pensais que ce serait plus efficace qu’une aiguille. Et du coup, j’ai fait mes deux chevilles, puis j’ai tatoué tous mes potes au cathéter ! (rires) Les étoiles elles sont toujours là et je les gardes. Je ne compte pas les recouvrir ! Par qui t’es -tu fait tatouer ensuite ? Je me suis faite tatouer par Sissou, Robert Hernandez, Gotch, Chamor, Aurore et Stef Dess… essentiellement des gens que j’apprécie, des gens que je rencontre ou qui me touchent. Après, Hernandez c’était vraiment parce que j’adore son travail et je l’ai chopé à l’occasion d’une convention. J’aime tous mes tattoos ! Ils ont tous été fait à un moment précis et ont tous une histoire. Ils sont tous là, parce qu’ils

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reverend

photos : @Laurent Schreiner

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« Vous ne ferez point d’incision dans votre chair pour un mort, et vous n’imprimerez point de figures sur vous. Je suis l’Eternel. » Lévitique 19, versert 28. Le commun des mortels, sans mauvais jeu de mots, des mortels catholiques surtout, forcément, se basait sur ce verset pour interdire le tatouage à tout pratiquant chrétien. La conscience collective s’arrêtait là, prenait acte, et restait sur cette prohibition générique, enfonçant le clou qui crucifiait (limite celle-là…) la pratique et la cantonnait définitivement aux gens de petite vertu et autres voyous de tous bords que nous sommes… pour certains. Seulement voilà, le fait est que ce verset tiré de l’Ancien Testament est contesté, notamment par le Réverend Emmanuël Briglia-Audibert, bibliste et orientaliste reconnu. Très tôt convaincu, il entre au Grand Séminaire à dix-huit ans où il y apprend, entre autes, les langues anciennes (grec, latin, mais aussi hébreu ou araméen), qui lui permettent d’étudier les textes sacrés dans leurs versions originales. Formé pendant six années à l’Institut Supérieur de Philosiphie et de Théologie de la Castille, ainsi qu’à la Faculté de Théologie Saint-Michel de Bruxelles puis diplômé du World Methodism Evangelism Insitute, Candler School Of Theology, Emory University, c’est un doux euphémisme que d’affirmer que sa parole paraît crédible. En 1998, il fonde l’Anglican Methodist Mission Of Christ th King dans la ligne dévotionnelle définie par le Réverend John Wesley, fondateur du Mouvement Méthodiste au sein de l’Eglise d’Angleterre. La même année, aors en pélerinage en Egypte, il est emprisonné pour s’être abonné a ses lectures bibliques en public. Là, il refuse quoi que ce soit de la part de ses geôliers, et c’est une vieille femme, copte, qui en apprenant qu’un prêtre est retenu, lui apporte finakement à manger. Pour se présenter et afin de le rassurer, elle remonte ses manches et laisse entrevoir des croix tatouées sur ses avants-bras. En effet, au temps du christianisme primitif, les premiers croyants se tatouaient, les mains et bras dans un but purement identitaire ; alos persécutés, ces marques indélébiles, en authentiques signes tribaux, attestaient de leur appartenance à l’Eglise de Jésus. Ces pièces religieuses ancestrales, de même que la petite croix entre les sourcils qu’arbore le Révérend, survivent encore aujourd’hui, deux mille ans plus tard, notamment dans la communauté copte d’Afrique du Nord-est. Impressionné par le sens contenu dans ces dessins corporels, le Réverend Emmanuël se prend de passion pour le tatouage, et creuse…


Révérend. Tatoué. Tatoueur. Défenseur de cet art. Ne cherchez pas, il n'y a pas d'intrus dans cette liste…

emmanuël briglia

Et en creusant, il se rend compte que le tattoo n’est pas du tout interdit aux chrétiens, bien au contraire… D’une part, l’extrait évoqué plus haut est prononcé en direction… du peuple juif. D’autre part, il va piocher de-ci de-là, quelques occurrences et allusions pro-tattoo dans la Bible ! Si, si, et il en trouve ! « Saint Paul conlut son Epître aux Galates en disant “ Que personne désormais ne me fasse de la peine, car je porte sur mon corps les marques de Jésus. ” (Galates 6,17). » « L’Apôtre Saint Jean dit dans son Evangile : “ Et la parole a été faite chair, et elle a habité parmi nous, pleine de grâce et de vérité, et nous avons contemplé sa gloire, une gloire comme la gloire du Fils unique venu du Père. ” (Jean 1, 14). » Il est formel, c’est bien de tatouage dont ces illustres Saints parlent. De plus, affirme-t-il, d’après les Saintes Écritures, « le corps est le temple de l’esprit » ; or, tout chrétien se doit de tenir et d’embellir les temples dédiés au Christ ; par suite, les ornements corporels (pieux, cela va sans dire…) ne feraient que servir l’Église, qu’aider leurs porteurs à se connecter à Dieu, avant même d’afficher leur foi et sans aucne visée prosélyte. » Mais le Réverend va plus loin dans son admiration pour l’art pas si profane que ça du tatouage. Sous la houlette de son filleul et diacre, Cédric Charpentier (Forever Tattoo, Toulon, une quinzaine d’années d’expérience), il en apprend la maîtrise, et devient tatoueur à part entière, deux jours par semaine depuis un an dans ce même shop, rue Chartreuse de Montrieux, spécialisé en motifs religieux, forcément… Et histoire de définitivement corroborer ses thèses et convertir les ébahis, il affirme sans trembler que… « Enfin, le Christ lui-même porte un tatouage sur sa cuisse comme nous le dit le Livre de l’Apocalypse : “il avait sur son vêtement et sur sa cuisse un nom écrit : Roi des rois et Seigneur des seigneurs.” (Apocalypse 19, 16). » Oui, Messieurs Dames, parfaitement ! « La vérité vous rendra libres » disait ce même Monsieur Christ… le tatoué ! Toniorocks

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photos : @L’Encrerie

l’encrerie

Située au 2, rue Lacharrière dans le 11ème arrondissement de Paris, L’Encrerie se définit elle même comme un cabinet de curiosités. Elle est le fruit de la collaboration entre Leo Gavaggio et Jeremy Taltaud. Respectivement tatoueur/dessinateur et designer/directeur créatif, les associés proposent une vision très moderne du tatouage et de l’art des encres. Le lieu à lui seul vaut le détour et il est difficile à croire que vous en sortirez indemnes, car tout ceux qui pénétreront le lieu seront pris par les liens de l’encre et transportés par une irrésistible envie de sceller ceux-ci par l’acquisition d’un tatouage, d’un objet ou d’un vêtement de l’enseigne. L’Encrerie est ce que peut représenter le mieux une alliance créative et artistique. Loin des divers clichés liés au monde du tatouage aujourd’hui, le lieu et la marque du même nom ont été créés afin de faire reconnaitre un savoir et un esprit qui se veulent différents, le tout étant empreint d’histoire et de valeurs. Leo Gavaggio, dessinateur et tatoueur officiant sous le nom de Walter Hego, cultive les références et les influences multiples. De l’Art Nouveau au pinstriping, il imagine des pièces exceptionnelles pour chacun des êtres qui offrent leur peau à son aiguille, comme une toile sous les pinceaux d’un maître. Il est reconnu pour avoir travaillé avec de nombreuses personnalités dont les exigences et désirs ne peuvent être satisfaites sans une maîtrise de l’art. Jeremy Taltaud, designer et directeur créatif signe par la négation sous le nom de Jey Noname. Au caractère affirmé, c’est une personnalité brute qui ne jure que par la critique argumentée. Celle-ci l’amenant à une vraie réflexion dans sa relation avec les produits qu’il élabore. Plusieurs éditeurs ne s’y sont pas trompés, et c’est fort de cette expérience qu’il a travaillé sur la direction artistique du lieu et de l’enseigne. L’Encrerie est un cabinet de curiosités où la décoration intérieure a été pensée et réalisée suivant les idées des deux protagonistes. Les flacons d’encre d’origines diverses, le mobilier d’époque, les objets de porcelaine signés La Seynie agrémentent les structures de fer forgé et de fonte aux dessins très parisiens. C’est ce mélange des genres qui permet une vision très moderne du tatouage et de l’art des encres. Quiconque pénètre le lieu est saisi par l’ambiance incomparable qui y règne. Murs sombres, lumières tamisées, jeux de transparences et de reflets, l’envie de savoir et de faire partie est prenante.

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Quelle est votre vision/définition du tatouage ? W : Le tatouage est avant tout quelque chose de personnel, il n'y a pas définition. Il peut être esthétique, faire passer un message, avoir une symbolique ou il peut tout simplement être le résultat d'un « délire ». Chacun y va de son histoire.

Peut encore être « rebelle  » ou revendiquer quelque chose en se faisant tatouer ? J : La rébellion, ce n’est pas tellement se faire tatouer, mais ce que tu te fais tatouer. La subtilité est là. Il y a aussi le contexte : le tatouage est légal aujourd’hui, ça lui enlève son côté “bad boy”.

Le tatouage a toujours été associé à la « rébellion », et le voilà désormais répandu dans tous les milieux, à la mode… Est- ce que votre art s'en trouve dénaturé ? W : Ce n'est pas plus mal cette mode. On va forcément arriver à saturation et dès lors seuls les vrais resteront.

Il était illégal jusqu’à quand ? J : Aux Etats-Unis, ça n’est légalisé que depuis 1997. Avant, t’étais hors la loi. Tous les salons de tatouage étaient déguisés en salons d’esthétique, en studios de création avec la machine à tatouer au fond dans une autre pièce. W : Même en France aujourd’hui ça reste règlementé : tu ne peux pas tatouer les mains, le coup, le visage, tu as des règles sanitaires, tu ne peux pas faire ce que tu veux. Toute cette règlementation a participé à la popularisation du mouvement.

Comment expliquez-vous cette mode, justement ? J : Tous les gars qui se font des petits triangles ou encore des oiseaux, le font par peur d'être différents. C'est tout l'inverse de l'essence même du tatouage et de son histoire. Ils vont droit dans le mur de l'uniformisation. A ce point ? J : A l’époque, les bikers qui se faisaient tatouer le faisaient pour choquer, faire peur. On était bien loin du tatouage par mimétisme. W : C’est pour ça que je ne tatoue que des pièces uniques. J : Oui, chez nous tu ne trouveras pas de book comme dans les salons.

Que refusez-vous de tatouer ? W : Je ne suis pas dans la performance, je ne tatoue pas les parties génitales. Et j’ai aussi arrêté les cartes de la Martinique (rires). On vous demande ça ? W : Oui, les gens hallucinent toujours, mais ça c’est comme les hibiscus, je refuse maintenant ! Tu ne tatoues que ce qui te plait ? W :Non, ce n’est pas ça. J’aime prendre le temps de parler. Je fais une clé de sol ou une étoile uniquement si la personne est vraiment sûre de ce qu’elle veut et qu’elle ne souhaite pas faire évoluer son idée. Carine Lucas 9


franck p.

Le quartier a un nouveau tatoueur ! Installé chez Bleu Noir, le salon de tatouage de la rue Durantin, Franck Pellegrino y propose son style unique entre graffiti et culture cinématographique. Un artiste talentueux que vous aurez bientôt dans la peau ! Originaire de la côte d’azur, Franck Pellegrino est un artiste multi-facette. Graffeur, graphiste, illustrateur, tatoueur, Franck est un touche à tout qui nous séduit à grand coups de belles écritures, de lignes et courbes désordonnées dans l’ordre. Découvert grâce à l’illustration qu’il a réalisé pour Myth Syzer.

photos : @Franck P.

Pour sûr, Frank Pellegrino a de nombreuses cordes à son arc. Il affiche un style graphique unique, affiné et précis. Chez Pellegrino, l’encre noire coule à grands flots, que ce soit en illustration, en peinture ou en tatouage. Et il y trouve toujours un équilibre. Pellegrino est inspiré à la fois par la rue, le cinéma, par des instants de vie et tout ce qu’il l’entoure. En décidant de quitter son travail en agence, il a choisi de commencer cette nouvelle aventure dans le studio de tatouage Bleu Noir. Frank Pellegrino vient de lancer depuis peu son nouveau site, tout beau, tout neuf, et il sent bon l’encre noire bien fraîche ! J. Craw

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supakitch photos : @Damien Elroy

Endorphine est un projet des plus originaux, le principe est simple : un mannequin, Angie Jenkins, se fait tatouer par le talentueux graphiste Supakitch dans des lieux de rêve, le tout sous l’oeil de la caméra du photographe Damien Vignaux, également connu sous le pseudonyme de Elroy.

Il faut dire que comme beaucoup de monde je suis tombé en admiration devant la qualité de ses illustrations et de ses tatouages. Le premier épisode se déroule dans The Standard Hotel High à New York et le projet final comptera pas moins de 10 épisodes, la jeune fille, Angie Jenkins sera alors recouverte de tattoos. Rendez-vous dans quelques mois pour admirer le résultat ! Le deuxième épisode, se déroule au sud de la Californie. Encore une fois, on ne peut qu’être admiratif devant la qualité de la réalisation et par le superbe tattoo réalisé. Quentin J.

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the

Comme son nom l’indique, Nicolas Brulez, aka The Tattoorialist s’est inspiré du style épuré du célèbre Sartorialist pour célébrer à sa façon le tatouage comme œuvre d’art. À la différence du célèbre blogueur new-yorkais, ce ne sont pas des photos de mode mais des instantanés de tatouages divers et variés que l’on découvre sur son espace. Quasiabsence de mots, les clichés suffisent à exprimer la poésie des motifs et la personnalité des modèles pris sur le vif dans toute leur spontanéité. Nicolas a roulé sa bosse avant d’ouvrir The Tattoorialist : durant trois ans, il a shooté les mannequins durant les fashion-weeks parisiennes avant de se consacrer à son autre passion, le tattoo, qu’il immortalise pour le bonheur des amateurs de belles choses.

tattoorialist Mettre en avant les tatoués. Voilà la ligne directrice du projet de Nicolas Brulez, infirmier psychiatrique de formation, mais surtout grand passionné de photographie et de tatouage. Après avoir couvert bon nombre de défilés, backstages et autres shows, Nicolas décide en 2012 de se lancer dans une tout autre aventure : The Tattoorialist.

Après deux ans de succès avec The Tattoorialist, pour lequel les internautes ont manifesté un vif intérêt, Nicolas Brulez entend aujourd’hui donner une dimension plus large à son projet. Toujours dans cette même idée de mettre en valeur les tatoués, il s’apprête à réaliser un tour de France.

L’idée ? Utiliser les codes des photos de streetstyle des fashion weeks et les détourner pour mettre en valeur l’art du tatouage. Et les tatoués. « Je fige leur image à un instant précis, oubliant le temps du déclenchement de l’obturateur, qui ils sont, comment ils vivent avec leur(s) tatouage(s), leurs difficultés, leurs joies, explique le photographe. Nous sommes seuls au milieu de la ville et de son agitation, devant le regard curieux des passants, seul existe entre nous ce dénominateur commun : le tatouage. »

Son but ? Récolter toujours plus de portraits, et permettre au monde de découvrir le panel de styles de tatouages qu’arborent les Français.

Sur son site, dont on vous parlait déjà il y a quelques temps, Nicolas immortalise donc ces rencontres déclenchées par la curiosité d’un bout de tatouage qui dépasse d’un t-shirt, avec des personnes qu’il a rencontrées à différents endroits de la planète : Paris bien sûr, mais aussi Bruxelles, Montréal ou Berlin.

La semaine dernière, Nicolas Brulez a lancé un appel aux Internautes pour récolter des fonds afin d’organiser son grand voyage. Voyage au cours duquel s’entremêleront rencontres et shootings bien sûr, mais également expositions éphémères qui s’installeront sur les murs des villes, avec les clichés des tatoués rencontrés quelques heures plus tôt. Pour l’instant, le Tour de France de The Tattoorialist s’arrêtera à Lille, Metz, Clermont-Ferrand, Lyon, Marseille, Toulouse, Bordeaux et Rennes. Mais sur son Kisskissbankbank, Nicolas Brulez voit plus grand : « Si nous dépassons les 4000€ de budget que nous nous sommes fixés, nous irons encore plus loin dans le projet : à chaque palier de 300€ dépassés, nous rajouterons une ville. » Noémie Clément

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« Un tour de France pour multiplier les rencontres »

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rick genest Rick Genest est bien connu des mordus de tatouage. L’homme entièrement tatoué de la tête aux pieds est plus connu sous le nom de Zombie Boy. photos : @Raphaël Ouellet

L’homme derrière les tatouages, voilà ce que Rick Genest, ce jeune montréalais de 25ans a souhaité montré. Interviewé par 7 jours TV, celui qui est aujourd’hui une véritable star, revient sur ses choix et sa célébrité. Le jeune homme est devenu son personnage Zombie Boy lorsqu’après avoir subi une opération du cerveau ses amis l’on surnommé ainsi. « Quand on nous attribue un surnom, généralement, on se l’approprie », explique Rick pour justifier sa transformation physique. Il a fallu plusieurs années au jeune homme pour parvenir au résultat final, il assure que pour lui, cette transformation s’est faite tout naturellement. Rick Genest a tapé dans l’œil de stars internationales comme Lady Gaga qui l’a fait jouer dans son clip Born This Way en 2011. Le canadien a ensuite défilé pour le grand couturier Thierry Mugler. Aujourd’hui, il joue dans un spectacle à l’univers sombre qu’il a lui-même créé. Clivia Potot

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index

P.2-3

bleu noir www.culture -tatouage.com

P.4-5

Caroline Keranine www.derm - ink.com

P.6-7

révérend briglia inked magazine

P.8-9

l’encrerie www.wadmag.com - lencrerie.com

P.10

franck P. ww.yrcmag.fr/franck- pellegrino

P.11

supakitch www.inkage.fr

P.12-13

tattoorialist www.konbini.com

P.14

Zombie Boy www.gentside.com


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