Marine MOLES-ROTA
- RAPPORT D’ETUDE
24 mars 18
L’urbanisme collaboratif entre opérations tactiques et participation citoyenne, une nouvelle fabrique de la ville. -------------------Application au cas de Lyon --------------------
Maquette réalisée dans le cadres d’ateliers participatifs avec des enfants et des adolescents organisés par le CAUE de Paris pour l'aménagement d'un square. Source: fncaue.com
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SOMMAIRE :
1/ Renouveler la manière de faire l’urbain, sous quelles formes et pour quoi faire?
a) Les origines de ce renouveau dans la manière de faire de l’urbain
- Une origine datant du milieu du XXème s. - Un contexte actuel encore fortement perturbé
b) Les différents acteurs de l’urbanisme participatif
- Les principaux concernés: les citoyens - Et le gouvernement dans tout ça?
c) Les bénéfices et les résultats de ces expérimentations collaboratives
2/ Etude de cas des premières formes d’urbanisme participatif en Europe:
a) Prendre la ville comme un terrain d’expérience à Madrid
- Historique d’une ville récente - La naissance des laboratoires citoyens madrilènes
b) Berlin: un urbanisme participatif historique et encadré par l’Etat
- Historique de la ville - Manifestation d’une nouvelle forme d’urbanisme
3/ Une application possible au cas de Lyon?
a) Les acteurs et leurs rôles dans la métropole du grand Lyon
- Des outils mis à disposition par les élus du Grand Lyon au début des années 2000 - Paroles d’élus : un second souffle à donner à ces initiatives
b) Vaulx-en-Velin : un quartier qui cherche à innover à moindre coût
- La fresque de Vaulx-en-Velin - Agir à notre échelle d’étudiant pour attirer l’attention de la Métropole et des élus
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Introduction:
Depuis le début du siècle, les villes se transforment et l’urbanisme est au coeur de toutes les discussions. La ville est un sujet qui me touche particulièrement: en tant que cadre de vie de citoyenne, mais aussi en tant que cadre de construction dans ma future profession d’architecte. Aujourd’hui, nous voyons petit à petit arriver le déclin de certaines villes: les commerces de certaines municipalités ferment, les habitants délestent les centres - ville pour se tourner vers les centres commerciaux périurbains… Les questions auxquelles il faut absolument répondre sont donc: pourquoi cela est arrivé et comment contrer cette sombre chute? D’instinctn nous aurions envie de supposer qu’aujourd’hui, les infrastructures proposées par les architectes, urbanistes et municipalités, ne sont plus l’unique solution dans un contexte où les villes évoluent plus vite que leur durée de vie. Pour résoudre ce décalage entre l’aménagement urbain et les besoins actuels, interroger les citoyens sur leurs souhaits à propos de la ville semble une nouvelle réponse. On imaginerait alors une nouvelle forme d’urbanisme tournée sur la participation de ses citoyens. Mais cette forme peut-elle fonctionner avec n’importe quelle ville? Considérons l’exemple de Lyon. Tout comme n’importe quelle autre ville européenne, la municipalité possède une inégalité dans la fréquentation et la dynamique de ses quartiers. La presqu’île possède une densité de population et un attraction touristique bien plus supérieur à sa région voisine de Vaux-en-Velin par exemple. On se demande alors :
L’urbanisme tactique et la participation citoyenne sont-ils des projets de rénovation urbaine applicable à toutes les villes européennes et en particulier à Lyon?
Dans une première étape assez théorique, nous définirons les termes qui seront utilisés au long de cet exposé. Nous expliciterons vers quels concepts de rénovation urbaine nous nous sommes tourné: en l’occurence la participation citoyenne et l’urbanisme tactique. Nous expliquerons leurs origines historiques, et nous verrons que leur émancipation s’est renforcée avec la remise en question des modèles de fabrication de l’urbanisme contemporain. Nous aborderons enfin les différents acteurs intervenant dans ce type de projet et quels bénéfices nous pouvons en tirer. ( tant sur le plan urbanistique que sur le plan social). Dans ce second axe, après avoir vu les définitions théoriques, nous passerons aux cotés pratiques. Afin de pouvoir répondre au problème: Lyon peut-elle accueillir un urbanisme participatif et tactique, nous porterons notre regard sur l’étude de deux capitales européennes initiatrices de ces mouvements d’urbanisme participatif: Berlin et Madrid. Nous étudierons la typologie de chaque ville ainsi que l’histoire qui a pu amener chacune de ces villes à utiliser une autre forme d’urbanisme. Plusieurs exemples d’urbanisme participatif seront présentés et une synthèse comparera le modèle berlinois avec celui madrilène. Dans ce dernier axe, nous rebondirons sur la synthèse effectuée juste au dessus. En première partie nous essayerons de définir de quel modèle Lyon se rapproche le plus: Berlin ou Madrid. Nous présenterons et les méthodes de fonctionnement de l’administration lyonnaise et ses conséquences sur les quartiers ou ville alentour en difficulté.
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Illustration du collectif ETC pour un article entre l’habitant et l’architecture. Source: www.thehouseshop.com
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1/ Renouveler la manière de faire l’urbain, sous quelles formes et pour quoi faire?
Par cette première approche nous allons définir l’origine des premières questions liées au renouveau de l’urbanisme. Nous cadrerons notre étude aux concepts développés en Europe, afin d’apporter un cadre logique pour la suite de notre étude sur la ville de Lyon. Nous verrons aussi que l’urbanisme participatif a été renforcé par la remise en question du Master Plan. Nous présenterons ensuite les différents acteurs : les citoyens et le gouvernement, pour conclure avec les bénéfices que nous pouvons tirer de ces participations citoyennes, souvent vecteurs de cohésions sociales.
a) Les origines de ce renouveau dans la manière de faire de l’urbain. Une origine datant du milieu du XXème siècle: D’après la thèse de Judith Lemaire, architecte et docteure en histoire de l'art de Paris à La Sorbonne, la participation des usagers à la conception de l’architecture et de l’urbanisme est une pratique qui apparaît lors de la seconde moitié du XXème siècle. Instinctivement, nous nous demandons d’où peuvent venir ces pratiques de participation, alors que dans l'histoire, l'architecte fut longtemps représenté comme un créateur autoritaire et solitaire. En effet, Judith Lemaire confirme que pendant longtemps, l’architecte et l’urbaniste semblaient très paternaliste et autoritaire dans l’esprit des habitants. Pour eux, l’architecte et l’urbaniste construisaient pour agir sur la société et pouvoir avoir la main dessus. Pourtant, vers la fin du XXème siècle avec la mise en place du mouvement Moderne, cette image va changer: architectes et urbanistes vont devenir les concepteurs de cadres de vie agissants pour le biens des citoyens en fonction des besoins définis par eux-mêmes. En Europe, avant de faire son apparition en architecture et urbanisme, la participation fait tout d’abord son apparition en politique au début du XXème siècle. Cette initiative est mise en place lorsque le mouvement socialiste propose que les travailleurs prennent une part active aux décisions qui concernent leurs conditions de travail et de logement. Après un premiers succès dans le monde du travail, la participation deviendra un outils d’essai dans la planification urbaine. Sa toute première manifestation a été sous forme d’enquête menée au préalable pour connaître les demandes et habitudes des habitants vis à vis de leurs modes de vie. Ces premières enquêtes ont été mené par Patrick Geddes, biologiste anglais qui deviendra un spécialiste de la planification urbaine au début du XXème siècle. C’est en s’inquiétant de de la dégradation des villes industrielles en Angleterre, que biologiste avant lancé une enquête de terrain dans son pays intégrant des données à la fois historiques, géographiques et sociologiques destinée à mieux connaître les besoins des habitants. Il explique que la ville « doit être planifiée et construite, ici ou nulle part, par nous ses citoyens ». Même si sa théorie reste encore assez éloignée du véritable urbanisme participatif, c’est un premier pas qui engagera par la suite, nombres d’enquêtes de satisfactions dans les capitales européennes. Les urbanistes commencent à prendre en compte le soucis des besoins individuels ce qui conduira ensuite à une véritable procédure de concertation.
C’est véritablement avec le contexte de reconstruction après la seconde guerre mondiale et avec la naissance du mouvement Moderne que architectes et urbanistes vont s’orienter vers quelque chose de nouveau afin de mieux tourner la page sur les dégâts laissés par la guerre. On veut reconstruire, oui, mais pas à l’identique et pas de la même manière. En France, l’équivalent de Patrick Geddes est : Gaston
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Bardet. Cet architecte, urbaniste et écrivain français développe depuis 1941 des enquêtes préparatoires s’inspirant des travaux de Patrik Geddes, qui vont évoluer vers des opérations d'urbanisme participatif. Tout comme son prédécesseur anglais, il considère encore que seul l'urbaniste détient un savoir et une connaissance suffisante, ce que ne possède pas l’habitant. D’après Gaston Bardet, l’architecte ou l’urbaniste reste indispensable pour faire la synthèse des phases d'enquête et orchestrer le plan avec intuition et imagination créative. C'est à travers la critique du mouvement moderne que la participation prend toute sa dimension. Lors des Congrès internationaux d'architecture moderne ( les Ciam ). Une section intitulée « Chapter for Relief and Postwar Planning» est fondée en 1944, comprenant des jeunes architectes souhaitant réinventer la manière de faire l’architecture. Parmi ses membres se trouve James Maude Richards. Celui-ci va être le premier a réellement utiliser le terme « participer» dans sa question: « Est-il possible de donner à l'homme ordinaire au nom duquel le travail est fait, le sentiment nouveau que l'architecture est un art auquel il peut participer?» Il va engager de nouveaux débat et faire remarquer ses idées dans la commission « Urbanisme et expression architecturale» à Bridgwater. Certains architectes des Ciam vont alors se raccrocher à ses idées et envisager une pratique architecturale et urbanistique participative. Un des éléments qui vont les convaincre, est le discours d’un autre des membres, jeune architecte italien Giancarlo De Carlo, étudiant à Venise. Ce dernier va raconter comment après la réalisation d'un bâtiment à Sesto San Giovanni à la fin des années 1950, les utilisateurs vont profiter de leurs logements. Il s’est rapidement rendu compte que les habitants venaient faire sécher le linge sur les larges terrasses, initialement prévues pour la discussion au sud et que ces derniers s’installaient pour discuter sur les coursives étroites au nord normalement prévues pour le linge: les habitants avaient donc renversé le plan! On distingue donc une gradation dans les pratiques architecturales et de l’urbanisme: ces nouvelles idées se sont d’abord développé grâce à des sondages, des enquêtes menées sur les habitants. Puis les architectes et urbanistes ont commencé à regarder la manière que les habitants avaient d’utiliser leurs constructions et c’est là qu’ils ont eu le déclic. Comment faire un bâtiment pour des habitants quand on n’est pas à l’écoute de leurs besoins, quand on ne leur laisse pas leur mot à dire?
Un contexte actuel encore fortement perturbé:
Aujourd’hui, même si nous ne sommes plus dans le contexte d’après guerre, de nouveaux éléments participent et renforcent l’ouverture vers cette nouvelle forme d’urbanisme. Plusieurs grandes villes européennes comme Paris, Lyon, Berlin ou encore Madrid ont subi une importante augmentation démographique après la guerre. Les villes ont supporté un étalement urbain souvent brutal. Les villes ont été réorganisé de manière très rapide sous forme d’arrondissement numéroté. Ce numéro signifiant « ce bout de ville est rattaché à telle municipalité ». Si ce système a été mis en place c’est parce que la lecture de la ville devenait trop difficile à déchiffrer. Du fait du besoin urgent de logements pour loger la nouvelle population issue des baby-boom, la ville a vite grandit de manière désorganisée: les fonctions et différents secteurs n’ont suivis aucune logique. Il en résulte aujourd’hui une crise des centres villes : complètement surchargés, les nouvelles enseignes préfèrent s’installer en périphéries où elles bénéficient d’assez grandes places pour installer leurs centre commerciaux. Sauf que les centres villes dépérissent à vue d’oeil. L’urbanisme participatif et surtout tactique a été une réponse pouvant être apportée de manière rapide pour répondre à la crise urbaine. L’autre élément déclencheur de cette remise en question de faire de l’urbanisme est celui de la remise en question du Master Plan. Cet outil d’urbanisme fonctionne selon un modèle de transplantation des démarches de planification stratégique depuis le domaine de l’entreprise vers celui de la ville. Or, ce modèle apparait aujourd’hui remis en question. Un premier motif d’interrogation est lié à la baisse des moyens financiers publics pour réaliser des programmes de régénération urbaine. Ensuite, on peut reprocher aux Master Plans une forme de standardisation et de reproduction de mêmes recettes dans des contextes urbains très différents les uns des autres, ainsi on observe des résultats parfois décevants.
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Plus fondamentalement, ce modèle se concentre largement sur un objectif purement économique et décoratif, avec souvent la désagréable surprise que la dynamique urbaine ne prend pas et que ces « beaux objets urbains » se dégradent après quelques années. En effet, ils oublient l’importance du coté social et du coté culturel qui jouent pourtant un rôle fondamental en matière d’intégration sociale et d’émancipation individuelle. Le Master Plan, outils utilisé pendant tous le XXème siècle, permettant de construire vite, selon une logique pré-établie à l’avance est aujourd’hui complètement en décalage par rapport à la société actuelle. Une société qui se développe davantage sur un modèle hiérarchique horizontale et non plus verticale. Une société qui repose dorénavant sur des des initiatives spontanées qui tournent autour de la collaboration aussi bien en économie (avec la monnaie locale par exemple) qu’en architecture avec l’urbanisme participatif.
Note : On notera qu’il existe une autre définition de l’urbanisme participatif : l’urbanisme tactique. C’est l’américain Mike Lydon, un urbaniste qui dirige le collectif activiste new-yorkais The Streets Plan, qui a théorisé ce concept en le définissant comme une série d’actions réalisées à petites échelles afin de répondre à quelque chose de plus large. Cette version américaine de l’urbanisme participatif, note quelques différences avec l’urbanisme participatif défini en Europe. L’urbanisme tactique se concentre vraiment sur la petite échelle, le coté éphémère et le moindre coût de l’opération. Les initiatives sont souvent citoyenne, résultant d’un manque d’implication de l’Etat.A l’aide d’une métaphore, on pourrait le comparer a une acupuncture urbaine, agissant en petite touche sur l’espace urbain. L’urbanisme participatif, quant à lui, s’entend participer sur une réelle logique de co-conception entre les acteurs de la ville : élus et habitant.
b) Les différents acteurs de l’urbanisme participatif
Les principaux concernés: les citoyens
Aujourd’hui, on suppose que si les citoyens se sont sentis investit et responsable c’est parce qu’ils ont réalise que les urbanistes, les architectes et les élus leur créaient des quartiers sans même les rencontrer. On ne leur pose pas la question de ce qu’ils souhaitent, de leurs habitudes…Or les collectifs de citoyens veulent être mieux intégrés dans l'élaboration de leur environnement, non plus sous la forme d'une simple information sur le projet qui va être réalisé, mais sous la forme d’une véritable participation à la concertation sur le projet. Pour exemple, Soizic Geffroy-Mangin une ingénieur socio-urbaine, a participé à un projet d’urbanisme participatif à Nantes dans le quartier des Dervallières. Dans son projet, le diagnostic technique obligeait les architectes à détruire une partie du bâtiment et à réhabiliter les logements restants. Une enquête sociale a alors été mené auprès des habitants. Les architectes ont organisé des « Cafés conversations » dans un des logements vides, afin de discuter de l’avenir de celui-ci. Sous la forme d’un dialogue convivial, les locataires ont pu exprimer leurs inquiétudes, les usages qui leur convenaient, ceux qu'ils souhaitaient et se sont ainsi approprié les évolutions à venir. Ces échanges réalisés dans le respect des locataires, ont amenés les architectes à faire des propositions et à donner le choix aux locataires entre 3 possibilités de cuisine (ouverte, fermée ou semi-ouverte), ainsi que sur le fait de créer ou non un toit pour protéger leur balcons ou encore sur le fait de retirer des portes-fenêtres existantes en rez-de-chaussée. Ils ont pu créer un nouveau bâtiment pour les habitants et pensé avec les habitants.
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Et le gouvernement dans tout ça?
Afin d’assurer un bon fonctionnement et un bon suivi des projets collaboratifs, un calendrier ainsi qu’une méthode doivent être clairement posés. En France la maîtrise d’ouvrage conserve un rôle fondamental dans ces modes de faire. En ouvrant certains champs d’expression et en rassemblant les habitants lors des conseils de quartier, les élus sont véritablement des chefs d’orchestre. ( A l’inverse, dans d’autres villes comme Madrid où ces expériences d’urbanisme participatifs sont devenus totalement autonome et indépendante pour la majeure partie des réalisations. ) En France, la loi du 21 février 2014 de programmation pour la ville et la cohésion urbaine a inauguré une nouvelle étape dans la politique de la ville. Sur la base d'une géographie prioritaire renouvelée, des contrats de ville doivent être dorénavant signés au niveau des agglomérations. C'est dans ces contrats que s'inscriront les nouveaux projets de renouvellement urbain. La loi place les habitants au coeur de cette réforme. Très ambitieuse en matière d'implication des habitants au coeur de l’urbanisme, la loi du 21 février 2014 vise à associer les habitants, les usagers et les acteurs économiques à toutes les étapes des projets et à reconnaître leur rôle dans l'élaboration, la mise en oeuvre et l'évaluation des politiques. Pour cela, elle a prévu deux dispositifs principaux:
- Les conseils citoyens, dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville, seront composés d'habitants tirés au sort, d'associations et d'acteurs locaux. Leurs représentants participeront à l'ensemble des instances de pilotage des contrats de ville, y compris celles liées aux projets de renouvellement urbain.
- Les maisons du projet, ont quant à elles, vocation à favoriser les démarches de coconstruction, notamment en tant qu'espace de réunion, d'information, de formation... D'autres outils de concertation seront mis en place dans les quartiers en politique de la ville ils s'inscrivent dans une démarche de co-construction avec les habitants. Le contrat de ville pourra ainsi être le cadre d'une stratégie participative s'appuyant sur une grande diversité d'actions et d'initiatives, en fonction des spécificités du territoire.
La maison du projet des rives de Saône à Lyon. Source: leprogres.fr
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Quelques extrait de la loi du 21 février 2014 de programmation pour la ville et la cohésion urbaine:
« Un conseil citoyen est mis en place dans chaque quartier prioritaire de la politique de la ville, sur la base d'un diagnostic des pratiques et des initiatives participatives.
fonctionnement.
Le conseil citoyen est composé, d'une part, d'habitants tirés au sort dans le respect de la parité entre les femmes et les hommes et, d'autre part, de représentants des associations et acteurs locaux.
Le représentant de l'Etat dans le département, après consultation du maire et du président de l'établissement public de coopération intercommunale concernés, reconnaît la composition du conseil citoyen et accorde, si besoin est, la qualité de structure porteuse du conseil citoyen à une personne morale chargée d'assurer le fonctionnement du conseil citoyen.
Ces conseils citoyens sont associés à l'élaboration, à la mise en œuvre et à l'évaluation des contrats de ville.
Les contrats de ville définissent un lieu et des moyens dédiés pour le fonctionnement des conseils citoyens ainsi que des actions de formation. Le conseil citoyen peut faire appel à des personnalités extérieures en raison de leur expertise dans les domaines relevant de leur compétence.
Des représentants du conseil citoyen participent à toutes les instances de pilotage du contrat de ville, y compris celles relatives aux projets de renouvellement urbain. Les conseils citoyens exercent leur action en toute indépendance vis-à-vis des pouvoirs publics et inscrivent leur action dans le respect des valeurs de liberté, d'égalité, de fraternité, de laïcité et de neutralité. Dans ce cadre, l'Etat apporte son concours à leur
Les modalités d'application du présent article sont précisées par un arrêté du ministre chargé de la ville. Cet arrêté détermine, en particulier, les garanties de représentativité et d'autonomie des conseils citoyens. »
Source: www.legifrance.gouv.fr
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c) Les bénéfices et résultats de ces expérimentations collaboratives
Si l’on se penche un peu plus sur les résultats obtenus et qu’on laisse la paroles aux usagers, il en ressort que les nouvelles générations citadines ont besoin de s’approprier les espaces publics emblématiques et ordinaires de leur ville, de leur quartier, qui sont autant de lieux au caractère fort. « Pour se sentir bordelais, on se fait prendre en photo les pieds dans le miroir d’eau de la Bourse. Nous avions sous-estimé l’impact positif de cet aménagement », témoigne Michèle Laruë-Charlus, directrice générale de l’aménagement à la ville de Bordeaux. Ce qui n’était à la place qu’un petit projet d’urbanisme tactique pour habiller la place et inciter à la pratiquer, s’est transformé en véritable lieu identitaire de la ville. Le sociologue Jean Viard disait aussi: « Habiter, ce n'est pas seulement être logé, avoir un murs, des fenêtres. Habiter, c'est avoir un projet sur un lieu, avoir des voisins, un quartier, des souvenirs, une adresse, une fierté. Habiter est le fruit d'une action, de choix, du récit d'une vie que l'on essaye de faire sienne » . Et c’est ce que cherche à faire les citoyens à travers l’impact de ces petites actions. Ils ne veulent plus subir la ville qu’on leur a construite mais réellement expérimenter le fait de vivre ensemble. Par exemple : aménager une ruelle entre voisins , permet de renforcer le sentiment d’appartenance à son quartier et de s’impliquer dans la construction douce de lieux singuliers, ce que les Allemands appellent « mein Kiez » pour « mon quartier », un mot à la symbolique forte qui traduit l’attachement des riverains pour leur quartier. Les citoyens commencent souvent par de la réalisation à petite échelle. Par exemple, une habitante du Haut-Rhin raconte comment elle a eu l’idée de partager son immense jardin en rez-dechaussée d’un immeuble afin de l’ouvrir à tous les habitant de l’immeuble et de le transformer en jardin potager. Cette collaboration a ensuite donné naissance à la création d’un petit marché local dans le parc derrière l’immeuble tenu par les habitant eux-même. Cette initiative à été soutenue par la mairie et a redynamiser ainsi une partie du quartier. Ces petites actions rendent l’urbanisme plus accessible pour les citoyens, et c’est véritablement cet esprit « d’évaluation permanente » et de « réversibilité » qui les mettent en confiance. Ils se sentent encouragés et responsables tout en ne se sentant pas écraser par un trop lourd fardeau d’un projet trop grand dans lequel ils n’auraient pas de compétences suffisantes.
Mobilier éphémère du collectif « Le Bruit du Frigo » composé d’architectes et de citoyen lors de la concertation de Gennevilliers en Normandie. Source: www.actu.fr
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Ainsi, nous avons pu voir que l’histoire de l’urbanisme participatif début principalement à cause de mouvements sociaux qui ont eu lieu dans les années 1950. S’il est encore timide en France, il est cependant solidement théorisé à l’aide de loi comme celle du 21 février 2014. Les interventions françaises sont encore peu nombreuses comparées au reste de l’Europe et elles sont principalement tournées vers l’habitat. Ce n’est pas le cas d’autres villes européennes, possédant pourtant le même contexte historique ( celui du vécu des Guerres Mondiales et leur effet d’explosion urbain ), plusieurs capitales européennes se sont pourtant montrées bien plus en avance sur le domaine de l’urbanisme participatif. Nous pouvons alors nous demandé quelles ont pu être les différences qui ont pu permettre un épanouissement totale de cette nouvelle forme de fabrique de la ville?
2/ Etude de cas des premières formes d’urbanisme participatif en Europe:
Dans ce second axe, afin de pouvoir répondre au problème: Lyon peut-elle accueillir un urbanisme tactique et participatif, nous porterons notre regard sur l’études de 2 villes européennes qui ont été initiatrices de cette forme d’urbanisme participatif.
Pour développer notre discours, nous nous sommes penché sur l’exemple de Madrid et Berlin. Outre leur statut d’initiatrice, ces villes ont été sélectionnées car elles présentent des similitudes avec les caractéristiques de la ville de Lyon en ce qui concerne leur morphologie. En effet Berlin, Madrid et Lyon font partis de ces villes qui possèdent un partitionnement du centre vers l’extérieur avec une numérotation d’arrondissement ou de quartier qui rend compte de ce phénomène. Ce système se nomme « structure en couronne » et caractérise toutes les villes occidentales après le 19e siècle, traduisant une croissance démographique mal contrôlée.
Nous réaliserons donc deux études de cas sur ces deux capitales. Une première partie retracera l’histoire et la typologies de ces villes. Nous nous pencherons sur une présentation de la ville de Berlin ainsi que celle de Madrid, toutes deux capitales de leurs pays, elles possèdent une superficie et une démographie similaires: 3 395 000 habitants pour Berlin et 3 400 000 habitants pour Madrid. Leur statut de grandes capitales européennes les rapprochent également dans leurs systèmes de transports: elles possèdent toutes deux un grands réseaux de transports en communs composé de métro, bus et tramways très développé en hyper centre et plus léger en agglomération.
Dans une seconde sous partie, nous parlerons du fait que ces deux villes ont été le terrain d’expérimentation d’une nouvelle forme d’urbanisme souvent accomplis sous l’impulsion de leurs événements historiques. Toutes deux concernées par le premiers essais européens d’un urbanisme alternatif, nous retracerons donc l’histoire de la naissances des « Baugruppe » à Berlin et des « Laborados ciudados » à Madrid.
Enfin nous terminerons par réaliser une synthèse résumant les points communs et les différences de ces différentes formes historiques d’urbanisme tactique. Cette synthèse nous servira à amorcer différentes interrogations quant à la possibilité d’une possible implantation de ces formes d’urbanisme participatifs dans une ville d’une autre échelle: Lyon.
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a) Prendre la ville comme un terrain d’expérience à Madrid
Historique d’une ville récente
Madrid comporte aujourd’hui plus de 3 400 000 habitants. C’est la plus grande ville d’Espagne et également, sa capitale. Elle est représentative des capitales méditerranéennes de l’Europe car tout comme Rome ou Athènes, Madrid a subi une croissance retardée par rapport aux restes des villes européennes et cette croissance survenue plus tard et de manière explosive après la dernière Guerre Mondiale, a été incontrôlée et génératrice de problèmes au sein de la ville. Madrid est la ville la plus récente d’Europe. Après la seconde Guerre Mondiale en 1950, la ville subit des embellissement urbains et la population urbaine passe de 1 478 000 habitants en 1950 à 2 028 000 en 1970 avec maintenant plus de 3 400 000 habitants. Cette explosion démographique a généré de la dynamique dans le domaine de la création d’emplois. Malheureusement dans les années 1970, le choc pétroliers ainsi que la période d’incertitude politique, la ville perd 200 000 emplois entre 1974 et 1984. Ces événements stabiliseront la croissance démographique mais la crise économique a fait exploser le taux d’inégalité et révélé le sur-développement du secteur financier dans les choix stratégiques de planification de la ville.
En effet, cette explosion démographique assez violente ( augmentation de 3% entre 1950 et 1978) conduira à une anarchie urbaine malgré le PLU de 1963. Habitats, industries, équipements ne suivront aucune logique d'organisation ou seront même complètement absents de certains quartiers de la ville. Le vieux centre historique autour de la Plaza Mayor a été le point de départ de ces extensions qui se sont tournées vers toutes les directions, la périphérie de Madrid s’est vue accueillir de nombreux autres centres périphériques souvent mal reliées au centre ville par des infrastructures de transports insuffisantes. Des ensembles d’habitations se sont donc développé en campagne par manque de place en ville : Alarcon ou encore San Sebastian. Et si ce systèmes polynucléaire semble organisé, il s’est alors mis en place sans aucune logique particulière que celle de trouver des logements pour les nouveaux 150 000 habitants survenu entre 1950 et 1960.
Cette croissance trop rapide a posé un problème majeur à la fin du XXe siècle: celui de la réorganisation après cette période de rush. La ville a donc proposé une politique visant à revoir à la baisse les programme de logements ( jugés trop abondants), rééquilibré les pôles industriels de taille moyenne ainsi qu’implanter des infrastructures ( assainissement, eau) mais aussi la création d’un réseau de voies rapides routières et voies de chemins de fer reliant banlieue et centre ville.
Enfin, outre les caractéristiques typo-morphique, cette explosion démographique n’aura pas été sans conséquence sur le mode de vie des habitants de la ville de Madrid. Aujourd’hui on y 12 sur 30
retrouve des aspects particuliers nés de son histoire. Le ralentissement et l’arrêt de la croissance économique après 1970 a provoqué un fort taux de chômage ( 25% de la population active ) . Soit un taux se rapprochant de l’indice des villes sous développées. Se sont alors manifesté les mêmes effets néfastes que dans ces villes : c’est à dire la création d’une économie officieuse parallèle à l’officielle ( métiers occasionnel, travail au noir… ). De plus , ces activités secondaires sont encouragées par le mode de vie des espagnols : ils sont décalés de plusieurs heures par rapport au rythme de l’Europe septentrional. Le diner ne commence jamais avant 22h en Espagne. En été, Madrid est une ville qui ne dort jamais et les rues, plus fraiches durant la nuit, sont encore plus dynamiques qu’en pleine journée.
Pourtant, au début du XXIe siècle, Madrid se remet petit à petit: l’économie s’est largement tertiarisée, grâce à l’implantation de sièges sociaux de grandes entreprises espagnoles (Telefónica, Repsol, Iberia) et d’activités spécialisées dans les secteurs financiers, des services et des télécommunications. Elle devient la quatrième place financière européenne, et possède un aéroport, des centres de congrès et d’exposition de dimension internationale. Le tourisme explose, en 2016 Madrid est positionné 14eme dans le classement des villes les plus visité d’après le classement réalisé par L’Organisation Mondiale du Tourisme, avec 5,3 millions de visiteurs. Les chiffres nous prouvent que la ville a su rebondir et re-dynamiser, rééquilibrer ses quartiers délaissés afin de se positionner mondialement et de se mettre à sa juste valeur de grandes capitales européennes. Ces améliorations et actions ont touché tous les domaines: politique, social, économique. Mais aujourd’hui, c’est dans le domaine de l’urbanisme que nous allons observer ces changement.
La couronne de Madrid Source : Villes et Urbanisme dans le monde Pelletier et Delfante 1998
La naissances des « Laboratorios ciudadanos » ( laboratoires citoyens) madrilènes Comme dit précédemment, le modèle de croissance démographique et urbaine a provoqué une crise du fait de nombreuses extensions qui ont renforcées les inégalités sociales mais aussi territoriales. C’est ce contexte qui a favorisé une réactions de la part des citoyens de Madrid, voyant leur ville sombrer dans un gouffre. Les révoltes ont commencé en 2011 avec le mouvement des Indignés à Madrid, aussi nommé le « mouvement du 15 mai ». 13 sur 30
Les « Indignados » dénoncaient des inégalités sociales et une certaine déconnexion croissante entre les élites politiques et administratives, et la société civile. Les citoyens ont rapproché au gouvernement de ne pas les représenter correctement. Ces manifestations répétées ( notamment sur la place historique Plaza Del Sol) ont progressivement initié un regroupement de madrilènes à réfléchir sur un autre model d’organisation fondés sur l’autogestion, et plus largement à une réflexion sur les « espace en commun urbains ». Et c’est dans ce contexte politique particulier qu’ont émergé en l’espace de quelques années depuis les années 2000, une vingtaine de Laboratorios ciudadanos ( Laboratoires citoyens). Ces lieux d’innovation citoyenne se sont développés dans les espaces en marge de la ville de Madrid. Issus de l’élan spontané de citoyens ordinaires et de collectifs des secteurs de l’économie collaborative, du numérique ou encore de l’urbanisme sociale, ces lieux n’ont pas fait l’objet d’une stratégie de planification de la ville. Bien au contraire, ces Laboratorios ciudadanos sont aujourd’hui perçus comme un support d’expérimentation de nouveaux modes de gestion et de fonctionnement de la ville. Réflexion et modes d’action se structurent autour de la thématique du « vivre ensemble », et d’un ensemble de travaux de recherche, comme ceux du prix Nobel d’économie Elinor Ostrom.
Illustration sur le blog de Paisaje Transversal, bureaux d’étude spécialisé dans les innovations et le développement urbain source : www.Paisaje Transversal.org
Si la crise économique a indéniablement joué un rôle d’accélérateur dans l’émergence des Laboratorios ciudadanos, il existait déjà à Madrid de nombreux acteurs favorable à leur développement. On pourra citer de nombreux collectifs d’architectes-urbanistes qui ont initié et théorisé de nouvelles manières de faire et de penser la ville comme Ecosistema Urbano, Basurama, Todo por la Praxis, ou encore les jeunes architectes d’Improvistos. Ces collectifs ont pensé l’avenir de l’urbanisme comme une ville qui serait structurée par des modes de gestion collaborative, par de la participation citoyenne ainsi que de l’intégration des dimensions artistiques et culturelles. Cet urbanisme libre et très à l’aise avec son siècle, profite de la technologie pour appuyer son développement grâce aux outils numériques qui stimulent l’expression citoyenne et facilitent co-production des projets ( plateformes numériques contributives, maquettes urbaines interactives ). Co-production avec les habitants d’un projet de régénération urbaine dans le quartier Virgen de Begoña à Madrid source : www.Paisaje Transversal.org
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Autobarrios San Cristóbal (Basurama). Habitants du quartier San Cristóbal à Madrid requalifiant un espace sous un pont Photographie prise par le journaliste R.Besson. Source: blog Urban News.fr
La crise économique a laissé de côté une quantité importante d’espaces publics, dont la vocation originelle était d’accueillir de grands équipements et centres commerciaux. Les habitants se sont progressivement ré-appropriés ces espaces laissé pour compte et en ont fait des lieux d’expérimentation pour leurs nouveaux modes de fabrique de la ville. Les laboratoires citoyens ont ainsi fait renaître plusieurs lieux comme l’ancienne usine de La Tabacalera ou El Campo de la Cebada. Mais ils ont également créé de nouveaux espaces à partir de rien comme la création d’un réseau de jardins communautaires.
Typologie et localisation des Laboratorios ciudadanosdans Madrid (source : Raphaël Besson, Villes Innovations)
Esta es una Plaza Chacun des vingts Laboratoire Citoyen est spécialisé dans un domaine particulier comme l’agriculture, l’intégration sociale et culturelle, l’art collaboratif ou l’économie numérique. Par exemple un des Laboratoires a créé un réseau de jardins communautaires auto-gérés par des « citoyens-jardiniers ». Le plus connu se nomme « Esta es una Plaza » (« Ceci est une place »). Crée par un groupe d’étudiants, de jeunes professionnels et d’habitants, le jardin s’installe sur un terrain abandonné depuis une trentaine d’années dans le quartier de Lavapiés. Le groupe a promu un modèle d’autogestion, peu après avoir obtenu de la municipalité la gestion temporaire de cet espace. Chaque citoyen y trouve donc sa place et contribue au fonctionnement de l’espace en y apportant de ses connaissances et qualités personnelles.
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Les jardins partagés de « Esta es una Plaza » (source : https://www.facebook.com/estaesunaplaza)
La Tabacalera D’autres Laboratoires Citoyens agissent dans d’autre domaine. Un des Laboratoire a associé l’enjeu de l’intégration sociale avec un programme culturel. C’est le cas du projet de La Tabacalera. A l’origine, ce projet concerne une reconversion d’une ancienne usine de tabac située dans le quartier de Lavapiés et gérée depuis 2003 par le Ministère de l’Education, de la Culture et des Sports. En 2007, l’Etat souhaite créer sur le site un « Centre National des Arts Visuels » (CNAV) ». Mais le coût élevé des travaux et la crise économique auront raison du projet. Face à ce grand bâtiment de 25000 m2 laissé une fois de plus à l’abandon, les associations culturelles du quartier, encouragées et soutenues par les Laboratoires Citoyens, vont engager des négociations avec le Ministère pour bénéficier de la gestion temporaire d’une partie du bâtiment. L’accord est rapidement accepté et un contrat est signé avec l’association « Tabacalera de Lavapiés ». Cette association détient alors la responsabilité de la programmation sociale et culturelle du lieu ainsi que de son autogestion. De plus, c’est à elle d’assurer l’entretien et la sécurité des espaces et des installations selon le principe de l’autogestion. Quant aux dépenses de fonctionnement du lieu, elles sont encore à la charge du Ministère. Le projet est aujourd’hui une grande réussite socio-culturelle puisque depuis son ouverture officielle au publique en 2010, elle a co-produit un nombre important de projets culturels avec les collectifs et les habitants du quartier de Lavapiés. La Tabacalera est maintenant dotée de toute une série d’espaces d’exposition, d’ateliers d’artistes partagés, de lieux de répétition, de restauration, de marché, ainsi que des ateliers de fabrication fonctionnant sur le mode des Fab labs. Enfin, même les murs de La Tabacalera servent de support à l’expression artistique et ceux-ci sont régulièrement peints par des artistes venus du monde entier!
Les fresques artistiques entourant les enceintes de La Tabacalera (source : Marta Nimeva Nimeviene, Wikimedia Commons)
Campo de la Cebada Un autre Laboratoire Citoyen réputé est celui du Campo de la Cebada. Il est situé au centre de Madrid, près de la Plaza Mayor, sur un espace de plus de 5000 m2. Pour ce nouveau projet, le 16 sur 30
Laboratoire Citoyen va se fonder sur l’histoire du site et notamment sur le fait que ce lieu accueillait auparavant une piscine municipale détruite en 2009 pour construire initialement un grand complexe commercial ( qui ne verra jamais le jour du fait de la crise économique ). Le gigantesque terrain vague est alors ré-approprié par les habitants en septembre 2010, lors des « nuits blanches » madrilènes. A cette occasion, le collectif EXYZT propose le projet « Isla Ciudad » : la construction d’une piscine éphémère, entièrement réalisée en bois. Tout comme pour les exemples précédents, le projet commence par des négociations avec la municipalité de Madrid, qui accepte de céder temporairement la gestion du lieu à des associations du quartier en février 2011. Depuis, le Campo de la Cebada a connu une grande phase de développement de plusieurs projets dans des domaines très différents: social ( échange de services, artisitique ( street art ), sportif ( aménagement de terrains de sport ) ou encore culturels ( festivals de musiques en plein air ) .Dans tous ces projets, le mobiliers et les supports ont été fabriqués grâce à l’intervention de collectifs professionnels comme des architectes ou des d’ingénieurs. Ces derniers ont utilisé les outils et licences libres des Fab’Labs madrilènes pour construire du mobiliers modulables réalisés à partir de matériaux recyclés. On remarque que les projets ont été pensé jusqu’au bout, car ces éléments construits sont financés grâce aux dons de citoyens et habitants versés sur une plateforme de financement participatif prévue à cet effet: Goteo.org.
« Isla Ciudad », une installation éphémère conçue par le collectif EXYZT Source : blog urban news.fr
Pour résumer, chaque Laboratoires expérimentent et souhaitent promouvoir un accès égale à la ville pour ses habitants, comprenant ses espaces publics, ses services, ses ressources, ainsi que ses activités sociales, culturelles ou sportives. Les Laboratoires citoyens veulent « faire avec », plutôt que de « penser à la place de » collectifs d’ores et déjà présents dans la ville de Madrid. Pour l’urbaniste Domenico Di Sena : « Les Laboratorios ciudadanos sont en réalité des lieux de forte inclusion sociale. Ils ne sont ni des lieux institutionnels, ni des espaces de contre-culture, altermondialistes, figés dans des concepts « puristes » et par conséquent excluants. Ils ont progressivement abandonné leur caractère underground, pour permettre une participation citoyenne la plus large possible (entretien, mars 2015). En effet, au sein des Laboratoires, les citoyens ne se limitent pas à défendre un égal accès aux ressources, aux espaces de la ville, ou à une plus grande participation, ils souhaitent devenir des agents actifs de la transformation de leurs quartiers, et participer à produire, au-delà de la vie sociale, éducative ou culturelle, l’espace public, le mobilier et autres infrastructures urbaines. Les citoyens se sentent concernés et trouvent à travers ces Laboratoires, une manière de faire passer leurs idées. Pour cela accord avec leurs temps, les Laboratoires facilitent la taches aux citoyens voulant les rejoindre en mettant en place des projet sur la base du numérique. Ces plateformes numériques jouent un rôle essentiel dans l’auto-gestion, la mise en réseau et la visibilité des Laboratoires (partage d’outils, diffusion des collectes via les rectaux sociaux, informations via des sites internets ou tout simplement cagnotte en ligne pour financements de projets). De plus, 17 sur 30
les outils de fabrication digitale des Fab Labs permettent eux aussi le développement de nombreux projets, à l’image des infrastructures construites sur le Campo de la Cebada. Et toutes ces caractéristiques font des Laboratoires citoyens des objets extrêmement prometteurs pour la fabrique des villes de demain puisque l’on tend vers une numérisation encore plus importante de la ville. ( notamment avec les projets de modélisations 3D des villes, des innovations dans les transports etc.) Ainsi on en conclue que si ces Laboratoire et ces formes d’urbanisme participatif sont possibles aujourd’hui en Espagne, c’est en grande parti lié aux possibilités technologiques et numériques que nous offre le XXIe siècle. Certaines choses n’auraient pas été possible avant, ou du moins, sous d’autres formes. C’est un point que nous allons notamment aborder dans la parti suivante, en Allemagne, où l’urbanisme participatif est de toute autre nature, résultant d’une histoire différente plus ancienne.
b) Berlin: un urbanisme participatif historique et encadré par l’Etat
Historique de la ville
Située dans le nord-est du pays, Berlin est aujourd’hui peuplée de 3,5 millions d’habitants. Elle est la deuxième ville et la septième agglomération la plus peuplée de l'Union européenne.
Berlin s'est développée à partir du vieux noyau de la ville, aujourd’hui appelé le quartier du Nikolaiviertel. La ville s’est ensuite étendue vers les villages voisins pour les rassembler dans son cercle et atteindre ses 3 millions d’habitants. Du fait de ce développement décentralisé, Berlin présente de nombreuses disparités son centre comme dans sa périphérie. De plus, l’urbanisme tel qu’on le connait aujourd’hui a mit plusieurs années avant de se mettre en place. Berlin a été très touché par la seconde Guerre Mondiale et la Guerre Froide et la ville a très longtemps été au coeur de nombreux débat après la chute du mur en 1989. Comment mener à bien la réunification de la ville? Elle a du faire face, et fait face encore aujourd’hui à des questions urbaines inédites : comment raccommode-t-on une ville divisée en deux, ce qui ne s'est jamais produit dans l’Histoire. En effet au sein de la capitale, deux villes s'étaient créées, avec chacune leur urbanisme, leur centre-ville, leur vie culturelle, leurs quartiers, leurs repères urbains. Le mur est détruit, on veut remodeler l'espace qu'il libère sur Potsdamerplatz et Pariserplatz.
Ce qui va faire la force de la ville et ce qui va permettre de revoir l’urbanisme et de faire le lien entre tous les quartiers, c’est le système politique allemand après la fin de la RDA. Ce dernier est plus tourné vers ses citoyens et leur donne plus de pouvoir.
En effet, à la fin de la RDA en 1990, la ville de Berlin est partiellement reconstruite mais elle porte fortement la marque de l'urbanisme des états communistes : avenues monumentales, grandes places dégagées pour les manifestations de masse de soutien au régime, statues (Karl Marx sur la place de l'hôtel de ville), habitat collectif, manque d'entretien du bâti ancien faute d'argent ou d'artisans, pas de marché immobilier, loyers très modestes, prix très bas de l'électricité, du charbon ou du gaz, aucune norme antipollution, uniformité du paysage urbain sans publicité, sans couleurs, avec peu de commerces. Lors de la réunification entre l’Ouest et l’Est, l’Allemagne devient une république fédérale, composée par seize Länder ( états ) , dont la capitale fédérale est Berlin. Elle est organisée selon le principe de séparation des pouvoirs et d'une démocratie à régime parlementaire. Cette forme de démocratie parlementaire est plus contemporaine. Comme son nom l’indique, elle s’appuie sur une institution principale : le parlement, qui est composé de représentants élus du peuple, c'est-à-dire des citoyens. Le 18 sur 30
parlement fait la loi (pouvoir législatif) et élit éventuellement le gouvernement (pouvoir exécutif). C'est le type de démocratie le plus répandu dans le monde actuel. Aujourd'hui, on parle également de régime parlementaire en Allemagne c'est-à-dire un régime démocratique dans lequel le parlement domine ( on notera que c’est aussi ce système politique qui existe en Espagne ), par opposition au semi-présidentiel ( en France), où le président de l'exécutif domine, ou régime présidentiel ( aux États-Unis) où les pouvoirs suprêmes, législatifs, exécutifs et judiciaires sont strictement séparés par la Constitution de 1789. Et cette nouvelle forme politique tourné vers ses citoyens va vouloir se matérialiser dans la ville et plus précisément dans la manière de reconstruire la ville de Berlin.
Manifestation d’une nouvelle forme d’urbanisme:
Cela fait déjà une quinzaine d’année maintenant que l’on commence à parler de participation citoyenne en Allemagne. Ces approches sont vite devenues concrètes grâce à la montée en puissance de dispositifs existants comme le référendum par exemple. Cette nouvelle forme d’urbanisme participatif s’est d’abord manifesté sous la forme de jurys citoyens berlinois ( que l’on appellerait maintenant conseil de quartier. Cette initiative était une idée du gouvernement afin de mieux répondre aux protestations des habitants vis à vis des grandes opérations immobilières de reconstruction lancées après la seconde Guerre Mondiale. Les dirigeants politiques intégraient ainsi une partie des critiques qui leur étaient adressées tout en augmentant leur légitimité politique. Ces procédures font aujourd’hui réellement partie de la vie des berlinois.Un autre exemple qui témoigne de l’ouverture de la ville sur les innovations urbaine, a été l’accueil du 1er au 3 juillet 2014 du séminaire annuel de La Fabrique de la Cité, sur la création de la ville de demain à partir des usages. La Fabrique de la Cité est un groupe de réflexion, un laboratoire d’idée, dédié à la prospective et aux innovations urbaines qui existe depuis 8 ans. Dans une démarche interdisciplinaire, des acteurs de la ville, français et internationaux, se rencontrent pour réfléchir aux bonnes pratiques du développement urbain et pour proposer de nouvelles manières de construire et reconstruire les villes. Mobilité, aménagement urbain et bâti, énergie, révolution numérique, nouveaux usages sont les cinq axes qui structurent ses travaux. Créée par le groupe VINCI, son mécène, en 2010, La Fabrique de la Cité est maintenant plus largement un fonds de dotation dédié de ce fait à la réalisation d’une mission d’intérêt général. Cependant, contrairement à d’autres villes européennes qui sont encore dans l’échelle très expérimental, Berlin souhaite donné une autre échelle à ses projets communautaire et ceux déjà le début des années 2000. En 2003, dans chacun des dix-sept quartiers ciblés par la politique fédérale de régénération urbaine, un groupe d'habitants composé de personnes tirées au sort sur la liste des résidents et de citoyens actifs sur leur quartier, a pu disposer librement de 500 000 euros pour soutenir des projets microlocaux d’urbanisme tactique. Le bien de l’expérience a été très positif: les habitants se sont sentis ecoutés et honorés de la responbilité qui leur a été confiée, des liens se sont créés, l'impression d’avoir effectué un travail utile pour leur quartier a été clairement exprimée. Une fois l’initiative lancé par l’Etat, les berlinois n’ont pas attendus une nouvelle donation de l’état avant de se remettre en quête de nouveaux projets. Beaucoup d’autres exemples sont apparus dans différents quartier de la ville.
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S’approprier le fleuves et les espaces verts: Conséquence de son étalement urbain de près de 900 km2, ( soit 8 fois la taille de Paris intra-muros ) Berlin possède encore de nombreux espaces vacants au cœur du tissu urbain. Loin de les laisser à l'abandon, les Berlinois se sont ré-appropriés ces friches et les ont transformées en espaces verts, ceux-ci représentant maintenant environ 40% de la surface de la ville. C'est le cas du Prinzenssinnengärten par exemple. Cet ancien terrain vague de la taille d'un terrain de foot dans le quartier de Kreuzberg a été inoccupé durant près d'un demi siècle. En 2006, l'espace a été réaménagé en jardin partagé. "Nous souhaitions disposer d'un lieu au cœur de la ville où cultiver des produits frais, rassembler une communauté et apprendre", explique son cofondateur Marco Clausen, un habitant du quartier. Grâce aux ventes des produits du potager, aux recettes des quelques restaurants construits de bric et de broc dans le parc ou encore aux visites guidées régulièrement organisées, l'association Nomadic Green, en charge de la gestion du jardin, est devenu indépendante économiquement parlant. Dans un cadre d’expérimentation, l’association ne souhaite pas de projection à long terme tant pour des raisons matérielles qu’idéologiques, ainsi elle a décidé de ne pas devenir propriétaire du terrain. C’est la règle primaires de toutes ces formes d’urbanisme tactique: toutes les installations doivent être mobiles. Pour l’association Nomadic Green par exemple, le droit de location accordé par les pouvoirs publics n’est valable que jusqu'en 2018. L’année suivante, le bail sera cédé a une autre installation provoquant ainsi une nouvelle dynamique. La situation de Holzmarkt est, elle, moins précaire. Ce projet de "village d'artiste" le long de la Spree, porté par une coopérative citoyenne, a obtenu un bail quant à lui de 75 ans renouvelables par la Fondation Abendrot, ( un fond de pension suisse qui a racheté le terrain en 200 8). Les travaux ne sont pas encore terminés mais on observe déjà l'ouverture d'un espace collectif et alternatif constitué de logements, petits commerces, ateliers artistiques, d'un théâtre, d'une boîte de nuit... Une sorte de "ville dans la ville", comme se plaît à la présenter son président Mario Husten. "L'idée n'était pas de faire appel à des investisseurs privés mais à des fonds coopératifs. Grâce à ce système, chaque acteur du projet dispose d'un droit de vote équivalent, quelle que soit sa participation financière", rappelle-t-il.
Le ‘’village’’ de Holzmarkt Source: Schoenes.Berlin
L’urbanisme participatif berlinois: très tourné vers les logements: L’organisation collective de l'espace urbain n'est pas chose nouvelle à Berlin. Ces décisions collectives sont nées au début des années 90 avec les « Baugruppe », ou « groupes de construction ». Ces rassemblements de citadins étaient constitués de citoyens souhaitant acheté un terrain ensemble dans le but de partager ensuite les honoraires d’un architecte. Ils avaient ainsi la possibilité d’avoir la construction d'un habitat collectif à moindre coût. Néanmoins, ces formes d'auto-organisation de l'espace domestique ou public prennent une importance de plus en plus grande dans les années 2000, au point qu'ils représentent aujourd'hui dans certains quartiers la forme dominante d'habitat. « Jusqu'au début du siècle, les mouvements alternatifs étaient 20 sur 30
surtout expérimentaux, aujourd'hui, ces mouvements sont devenus des acteurs économiques incontournables", remarque Finn Geipel, cofondateur du cabinet d'architecture LIN. Dans le cas des Baugruppe, ce mouvement est aujourd'hui soutenu par la ville qui met en place des prix modérés pour ces petites parcelles - qui intéressent d'ailleurs peu les promoteurs immobiliers du fait de leur taille limitée.
Logements Beaugruppe à Prenzlauer Berg, Berlin Source: www.architectural-review.com
Un combat pas encore gagné: Cependant, le face-à-face entre acteurs publics et citadins, sous le regard souvent sceptique des investisseurs privés, reste encore stérile et s'illustre très bien par le cas du projet d'aménagement de Tempelhof. Cet ancien aéroport, utilisé d'abord par les nazis puis rendu célèbre par son rôle majeur de pont aérien approvisionnant Berlin-Ouest lors de la Guerre Froide, a vu ses derniers appareils décoller en 2008. Depuis sa fermeture, les Berlinois ont pris l'habitude de s'y rendre afin de profiter de son vaste aérodrome. Promenades en vélo, loisirs autour du cerfvolant, cet espace plus grand que Central Park est devenu en quelques années un lieu de détente privilégié de la capitale. Mais en 2011, un projet de réaménagement porté par la municipalité a failli mettre en péril le paradis créé par les habitants. Avec ses commerces, bureaux, habitations et sa bibliothèque, les travaux souhaités par Klaus Wowereit, un membre du parti social démocratique allemand, auraient grignoté 25% de cet espace. Trop pour les détracteurs du projet, qui craignaient par ailleurs que les autorités publiques ne respectent pas leurs engagements. En mai 2014, un référendum décide à 64,3% du maintien du parc en l'état. Résultat, ce terrain de plus de 300 hectares n'est plus constructible pour personne, rendant même impossibles certains aménagements d'agrément qui seraient pourtant utiles à un usage récréatif du parc (planter un arbre, construire un banc, installer des toilettes permanentes…).
Une photo de la piste de décollage de l’aéroport de Tempelhof en 2014 Source: http://blog.milesbooster.fr/
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Ainsi, si Berlin à la réputation d’être l’une des première ville à avoir tester l’urbanisme tactique et participatif de manière très, et peut-être trop, encadrée, elle renferme également les exemples les plus percutants de ce à quoi peut mener une mauvaise coopération entre ses différents acteurs maitre d’ouvrage et maitre d’oeuvre.
Synthèse des deux cas d’études: Ainsi, on peut noter que la grande différence entre ces formes d’urbanisme participatifs et tactiques entre ces deux pays sont leurs origines. En effet, nous avons dit qu’en Allemagne, c’était le gouvernement qui avait été a l’origine de la première mise en place des jury citoyens. Et même si, une fois le mouvement lancé, les citoyens ont pris les rennes de la démarche, le gouvernement allemand a voulu continuer à garder le contrôle sur quelque chose dont il se sentait initiateur. Ces débuts ont donc été quelques peu chaotique. Et la réponse a la question: « Qui est l’acteur principal? » est encore ambigu. Ce désordre se ressent encore aujourd’hui avec pour exemple, la situation de l’aéroport de Tempelhof qui était encore très en suspens l’année dernière en 2017 et ceux, malgré la volonté de vouloir créer des projets plus libérés du gouvernement ( rappelons que nous sommes passé d’une certaine forme de Beaugruppe où l’enjeu était essentiellement économique pour enfin arriver à des projets plus artistique et culturel centré sur le confort des citoyens). A l’inverse, les laboratoires citoyens de Madrid sont une idées et une initiatives des citoyens, de collectifs d’architectes et d’urbanistes complètement indépendant de l’état. Contrairement à l’état allemand qui a donné ses premières bourses aux citoyens berlinois afin de réaménager les 17 Lander, les citoyens espagnols se sont créer des cagnottes et ceux, dès le début de leurs démarches participatives. Alors certes, sous son aspect très positif, très tourné vers l’avenir « cet urbanisme des hommes de bonne volonté » ( cité par Lefèbvre, dans Le droit a la ville,1968) n’est pas sans faille ans les deux cas. Par exemple, il fait se poser un certain nombre de questionnements dans la ville de Madrid, notamment sur la durabilité de ces Laboratoires mais aussi sur leur capacité à changer d’échelle et à faire ville. On pourrait donc reprocher aux Laboratoires citoyens leurs caractères quelque peu utopiques de leur mode d’organisation, fondé sur l’autogestion et la participation généralisée. Mais ils n’en constituent pas moins des expériences prometteuses pour repenser les politiques urbaines à l’heure de l’économie collaborative et d’une culture numérique généralisée. Ces projets doivent véritablement être pensé comme des expériences. Et comme toutes expériences scientifiques, elles n’aboutissent pas toujours du premier coup, mais chaque étape permet de progresser vers une forme meilleure. Dans les deux cas, et en considérant chaque villes devraient prendre en exemple le fait que ces nouvelles démarches d’urbanisme participatif et tactique induisent un changement progressif dans la mentalité des habitants, des élus et des architectes et urbanistes. Petit à petits, les acteurs publique de la ville, « prennent conscience des intérêts socio-culturels et économiques à intégrer les citoyens dans le fonctionnement et la fabrique de la ville » (Belinda Tato, Directrice d’Ecosysteme Urbain, avril 2015). Et cela se traduit par le fait que les Laboratoires citoyens ne cessent de croître à Madrid et que les citoyens berlinois se battent pour transformer leur démocratie parlementaire en véritable démocratie participative. En nette hausse, ces mouvements pourraient bientôt atteindre une masse critique suffisante pour impacter significativement le fonctionnement de la ville, et induire de nouvelles politiques urbaines permanentes et
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codifiés. Une nouvelle fabrique de la ville est en route, les urbanistes et architectes ne peuvent pas le nier. La question à se poser est alors: pourquoi ne pas étendre ces démarches à d’autres villes européennes? Est-ce une démarche que l’on pourrait, par exemple, intégrer à le ville de Lyon?
3/ Une application possible au cas de Lyon?
Dans ce dernier axe, après avoir étudié l’exemple de Madrid et Berlin, deux modèles où l’urbanisme participatif à déjà une place bien ancrée dans la fabrique de la ville, nous allons nous intéresser maintenant à notre ville actuelle: Lyon. Contrairement aux deux capitales citées précédent, la ville de Lyon ne semble pas encore manifesté cette forme d’urbanisme. Du moins, il semble moins visible qu’en Espagne et qu’en Allemagne. Est-ce parce qu’il est absent? Non réalisable? Présent sous une autre forme? Ou est-ce parce que ces initiatives citoyennes se situant par nature "hors normes », serraient trop effrayantes car elles remettraient en cause des modèles lyonnais déjà bien établis? Nous allons tout d’abord commencé par nous tourner vers les acteurs de cette métropole du Grand Lyon afin de mieux comprendre le fonctionnement interne. Puis grâce au récit d’habitants ainsi que d’expériences personnelles, nous mettrons en évidence certaines formes d’urbanisme participatif mis en place dans des quartiers excentrés comme celui Vaulx-en-Velin.
a) Les acteurs et leurs rôles dans la métropole du Grand Lyon
C’est en 2003 avec les nouveaux plans d’aménagement de quartiers comme Confluence ou la Duchère que la ville de de Lyon a mis en place des actions de concertation innovantes : réunions d’information, visites de site avec les habitants et les éventuels intéressés par le projet, ateliers de concertation, parcours-exposition, espace virtuel de concertation, etc. La ville à mis en place le parcoursexposition « Ma ville demain » et un site internet afin de recueillir plus de 2 000 contributions écrites de la part des habitants du nouveau quartier de la Confluence.
En 2009, c’est ensuite la mission démocratie participative de la ville de Lyon qui s’est mise en place et qui a permis de renforcer ces dispositifs de participation citoyenne et d’en accélérer le développement. Cette mission accompagne à la fois les mairies d’arrondissements dans l’animation de leurs conseils de quartier, et les services de la ville dans la mise en place de démarches participatives.
Des outils mis a dispositions par les élus du Grand Lyon au début des années 2000:
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Dans l’urbanisme lyonnais, avec les plans d’aménagement de 2003, le public a été invité à donner son avis sur ces projets d'aménagement, de règlement ou de zonage. Pour cela, différents types de procédures ont vu le jour : l'enquête publique, la concertation préalable et la mise à disposition de dossiers. Elles se situent à différents moments de la présentation publique et elles sont utilisées en fonction de l’importance des projets. Tous les acteurs concernés par ces aménagements (habitants, associations, acteurs économiques) peuvent alors donner leur avis. A la suite d'une procédure de consultation du public, un rapport est rédigé (par un commissaire enquêteur, la collectivité locale compétente ou le porteur de projet) afin d’examiner l’ensemble des observations formulées. Ces rapports sont ensuite mis en ligne publiquement sur le site internet de la ville de Lyon et consultable en version papier par le public dans les mairies d’arrondissement.
La Ville de Lyon souhaite véritablement associer habitants et acteurs locaux pour l’élaboration de ses projets. Pour cela, plusieurs outils interviennent à différentes phases du projet:
- La concertation peut être engagée très en amont de la décision, dès les études préalables ; elle est
souvent une condition de meilleure réussite pour le projet. Ce qui n’est pas le cas de l’enquête publique, qui intervient quand le projet a pris sa forme quasi définitive. Il s’agit alors de s'assurer qu’il ne rencontrera pas de forte opposition.
- Le Conseil de quartier : Il permet aux habitants de soumettre des propositions ainsi que des projets aux élus. Il renforce l’information, la participation et la capacité d’intervention des habitants sur tous les sujets qui concernent leur quartier, leur arrondissement, leur ville et même leur agglomération. Un conseil de quartier agit donc sur la cohésion sociale, la solidarité, ainsi que le sentiment d’approfondissement de la citoyenneté dans la démocratie locale.
- Le Comité d'Initiative et de Consultation d'Arrondissement ( CICA ) quant à lui est un outils permettant
de faire participer les associations à la vie municipale. Les séances sont publiques, cependant seules les associations inscrites sur une liste tenue par l'arrondissement peuvent participer aux débats. Toute association locale ou membre d'une fédération ou d'une confédération nationale qui exerce son activité dans l'arrondissement peut, à sa demande, faire partie du CICA Les associations qui en sont membres sont convoquées par le Maire d'arrondissement à participer à la séance pour débattre et poser des questions avec le Conseil d'Arrondissement, quinze jours avant la date prévue, avec indication du thème retenu à l'ordre du jour.
- L’enquête publique, dans le processus de mise en œuvre des opérations d’aménagement, intervient à
un moment différent de la concertation préalable. Ces deux types de consultation publique, constituent des outils de régulation démocratique permettant à chaque citoyen de s’exprimer sur des projets. L'enquête publique doit obligatoirement précéder la réalisation de certains projets au budget important, à risques ou dangereux, ayant des impacts potentiellement importants et contraignants sur l'environnement et la santé et/ou présentant un caractère d'intérêt public. Un commissaire enquêteur, expert le plus souvent nommé par le président du tribunal administratif, est chargé de rédiger un avis synthétisant les avis formulés par le public.
- La mise à disposition de dossier à destination du public est notamment utilisée dans la phase
d’instruction des autorisations d’urbanisme, en complément de la procédure de concertation préalable pour les projets les plus importants ou à la place de l’enquête publique pour les autres.
Interface du site internet de la métropole de Lyon.
Source: www.lyon.fr
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Paroles d’élus: un second souffle à donner à ces initiatives
Cependant, dans une récente interview dans la revue Urbanisme en 2016, Michel le Faou, président de l’agence d’urbanisme de Lyon et vice président de la Métropole de Lyon expliquait qu’actuellement « les comités et conseils de quartiers ont atteint leurs limites, ces dispositifs ont perdu en spontanéité et le système a besoin d’être régénère. ». Le but des élus de la métropole de Lyon serait alors des créer formes innovantes d’urbanisme participatif et plus seulement informatif en intégrant le numérique et le jeu. Par exemple dans un exercice de réaménagement de quartier, les habitant pourrait utiliser des morceaux de sucre pour représenter le bâti sur un espace bien défini. L’objectif est de savoir trouver des techniques pour susciter l’appétences des gens car l’urbanisme participatif n’est pas inné dans la vie des citoyen. C’est pour cela que Gerard Collomb, ancien maire de la ville, à voulu faire connaitre la métropole du grand Lyon avec la revue MET ( anciennement grand Lyon magazine) , désormais plus accessible et plus attractif. Anne Marie Comparini, ancienne présidente du conseil régional de Rhône-Alpes ( de1999 jusqu’à 2004 ) et députée du Rhône ( de 2002 à 2007 ) résume cela en disant: « Aujourd’hui la ville de Lyon ne veut plus être dans la collaboration mais dans la co-conception. » C’est pour cela qu’il faut innover et chercher plus loin dans la manière de faire l’urbanisme… Cependant, le problème actuel, c’est que si la ville s’est vu se doter de grands équipement pour ses nouveaux quartier, elle est maintenant plus limité en capacité financière….
b) Vaulx-en-Velin : un quartier qui cherche à innover à moindre coût
La fresque de Vaux-en-Velin:
A Vaulx-en-Velin, dans un quartier relativement excentré de la ville de Lyon, c’est donc une souscatégorie de la métropole: Metropole-Habitat Est qui a lancé une initiative culturelle de décoration murale pour deux de ses immeubles de logement social en réhabilitation. ‘’Cité-création’’ , une entreprise coopérative lyonnaise de peinture murale, s'est portée volontaire pour cette mission. Elle a initié un dialogue avec les habitants, à partir de leurs histoires afin de déterminer le contenu de cette fresque. Le parcours a été long et itératif, mais les choses se sont faites dans l’ordre: tout d’abord, l’entreprise a proposé des visites de fresques et des rencontres avec des habitants d'autres villes. Des groupes de travail se sont alors mis à travailler sur un recueil de paroles, une recherche de mots. Ensuite est venue l'étape des premières esquisses à faire valider ou à rediscuter, préciser avec les habitants... Le côté répétitif mais organisé du processus, la présence des habitants dans la rue et les visites menées ensemble ont véritablement créé une dynamique collective de création. Enfin, le dévoilement de la fresque finale à été célébrer comme un moment festif réunissant des centaines de personnes. Et pour tous les membres, voir l'aboutissement de plusieurs mois de réflexion et de travail collectifs à susciter une vive émotion. Les représentants de la ville de Vaulx-en-Velin et de Métropole-Habitat Est ont constaté que la démarche a créé un sentiment de fierté, de confiance et du respect. L’ambiance s'est apaisée sur le site, car les gens ont appris à mieux se connaitre autour d’un projet commun. La leçon que nous pouvons tirer de cette
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expérience est que pour réussir une telle démarche il était indispensable d’avoir certaines conditions: par exemple le maitre d'ouvrage et le maître d'oeuvre devaient se mettre d’accord sur le principe des fresques et sur l'utilisation libre de la couleur. Le contenu de la fresque devait être travaillé avec les habitants afin de traduire l'expression d'une parole, d'une identité. L’idée n’était pas de créer une oeuvre d’art par un artiste mais plutôt d’illustrer par l’image, traduire par la peinture, la parole des habitants. Le coût total de la réalisation des fresques travail, visites, rencontres avec les habitants, conception, réalisation des peintures, inauguration, tracts s'est finalement élevé à 300000 €. Il a été supporté pour moitié par le maître d'ouvrage et pour moitié par la Région Rhône-Alpes lorsqu’elle a vu l’ampleur et la réussite de l’initiative.
Fresque des Noirettes Source: citecreation.fr
Agir à notre échelle d’étudiant pour attirer l’attention de la Métropole et des élus : la relation entre l’ENSAL et le Mas du Taureau
Chaque citoyen décide d’intervenir à son échelle et les étudiants ne sont pas exclus. Prenons un exemple qui nous est bien connu, celui de « La Fabrique in situ ». « La Fabrique in situ » est un domaine d’études de master de l’Ecole Nationale d’Architecture de Lyon ( ENSAL). Il s’est associé à un collectif d’architectes prénommé "Pourquoi Pas ?! » en 2015 pour ensuite donner naissance à « la Fabriqueterie » un groupe de projet de médiation destiné à créer une nouvelle dynamique de quartier au Mas-du-Taureau à Vaulx-en-Velin. Depuis déjà 5 ans, le quartier vit au rythme des plan de rénovation urbaine. A la place des démolitions de logements programmées, le quartier accueillera à l’horizon 2020 une nouvelle médiathèque qui fera également office de maison de quartier. Un programme nouveau dans le quartier qui, on l’espère, devrait améliorer la façon de vivre au Mas-du-Taureau. Dans ce contexte, ce n’est pas le Grand Lyon mais la ville de Vaulx-en-Velin qui a voulu soutenir cette initiative en faisant d’un projet institutionnel, un projet collectif porté par la population. De cette dynamique est née à l’automne 2015 La Fabriqueterie, un espace de co-création et de coproduction ouvert à tous. Installé au coeur du quartier du Mas-du-Taureau,le groupe de projet se situe à michemin entre le Fablab et l’université populaire et invite la population à réfléchir aux nouvelles formes d’espaces publics et équipements urbains indispensables au quartier. Si ce projet de la Fabriqueterie a pu se mettre en place, c’est grâce à un mouvement d’élan de la part d’acteurs locaux (élus et services de la ville de Vaulx-En-Velin) , le collectif d’architectes « Pourquoi Pas ?! » ainsi que des enseignants et étudiants du domaine d’études de master La Fabrique in-situ de l’ENSAL. L’idée est de reconquérir sous des formats éphémères des espaces délaissés ou en transition, tout en valorisant les initiatives locales ( par le biais d’ateliers de bricolage, de débats, d’expositions, de scénographies événementielles …). Grâce à ces dispositif, les habitants, avec l’aide des architectes et étudiants en architecture, peuvent matérialiser leurs réflexions avec la conception de prototypes. Professionnels de la ville et citoyens peuvent également échanger de manière participative sur les
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aménagements, services et équipements du futur quartier et plus particulièrement sur les espace destinés aux jeunes.
Projet de four solaire réalisé par le groupe La Fabriquerie Source: collectifpourquoipas.fr
Ainsi, nous avons remarqué que malgré la mise en place de démarches favorisant la relation entre citoyens et pouvoirs publiques par les élus de la ville, les essais sont encore timides. La porte d’un accès a un véritable urbanisme participatif à Lyon n’est pas totalement fermé. Certains faits ont ralentir les choses. Par exemple, la ville de Lyon est devenu Métropole en 2015: elle a donc changé d’échelle et il a fallu revoir les réglementations qui n’étaient applicables qu’à la ville. L’autre changement de statut, a été le changement des régions. La région Rhône Alpes s’est rattaché à la région Auvergne. Le territoire s’agrandit et change sans cesse, ce qui perturbe quelques peu les outils installés depuis peu. La ville est également consciente de son manque de capacité financière, elle ne peut pas prévoir de budget pour les citoyens ( comme on en retrouve en Allemagne ou en espagne). C’est pour cela qu’elle a mis en place des conseils de quartier, qui servent, à notre avis, plutôt à informer les citoyens qu’à les faire participer. En effet, certes il peuvent prendre la parole mais la participation citoyenne ne se résume pas qu’aux dialogues oraux. Les citoyens ne « participent » donc pas à quelques choses de matériel. Toutefois, tout comme dans le reste du monde, les citoyens n’ont pas laissé tomber leurs envies de collaboration ni leurs projets de participation à la création du monde dans lequel ils vivent. On ne peut donc pas encore parler d’urbanisme participatif véritable dans la métropole de Lyon mais plutôt d’urbanisme tactique. C’est a dire que ce sont les citoyens eux-même qui ont pris certaines initiatives sans attendre que la métropole viennent les chercher pour participer. Comme l’exemple de la fresque à Vaulx-En-Velin, les citoyens attirent l’attention de la métropole qui décide ensuite de financer une partie des projets, d’offrir des budgets etc. Les élus sont conscients des buts de ces démarches et ils entendent les souhaits des habitants comme les ont montré les dernières interview. Ils disent très clairement ne plus vouloir de la collaboration mais plutôt de la véritable coconception. Cependant, on n’a pas encore vu de co-conception citoyenne pour le récent projet en cours de la Part-Dieu par exemple… le décalage reste donc assez énorme entre le discours tenu par les acteurs de la métropole du Grand Lyon et ce qu’ils mettent en oeuvre pour y arriver. La démocratie peut paraitre participative mais au final… pas l’urbanisme!
Conclusion génerale:
Enfin, les villes citées dans cette étude sont des exemples parmi d’autres. Les villes européennes mais aussi les villes mondiales sont en pleines mutations. Une nouvelle manière de faire la ville est engagée et que ce soit simplement sous la forme d’information aux citoyen, allant jusqu’à la véritable coconstruction, le phénomène est bel et bien international. Nous avons pu que pour s’épanouir pleinement
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dans un cadre, l’urbanisme participatif à besoin d’une certaine confiance de la part de sa municipalité. A madrid, les laboratoires citoyens ont su faire leurs preuves, ils sont aujourd’hui indépendant et autonome. Au nord de l’Europe, a Berlin et en France, l’Etat a voulu lui même lancé des initiatives mais ces dernières fonctionnent moins bien. En effet si l’urbanisme participatif apparait souvent comme une belle réponse pour relancer et redynamiser les villes en difficultés, comme tout nouveau « produit » il nécessite de nombreux réglage. L’urbanisme participatif possède lui aussi sa face sombre. Ces pratiques et leur institutionnalisation parfois trop poussée, comme on l’a bien vue à Lyon et à Berlin où les choses sont très contrôlées, mettent en péril la participation directe. Les citoyens n’osent pas tout simplement car ils se sentent utilisés et instrumentalisé par un gouvernement qui utilise seulement des réponses de sondage ou de vote et qui se dit « participatif ».Le problème se porte sur les méthode utilisées: dans les groupes et les conseils citoyens, la prise de parole, difficile pour certains, ne leur permet pas de valoriser leur point de vue, ou encore que les assemblées se composent souvent d'individus issus du même milieu social. C’est pour cela que la ville de Lyon veut innover, dans le sens de Madrid en mettant en place des formes plus ludiques de participation, sous formes d’ateliers pratiques ou numérique. Cependant, à Lyon, à Berlin tout comme à Madrid on se rend finalement compte que ces démarches s’inscrivent plutôt dans la perspective d’un micro urbanisme tactique. Or « un projet de ville ne peut naître de l’addition d’expériences isolées, précaires et souvent éphémères » comme citait Marrades, dans son livre Urbanismo precario. Ainsi, oui ces démarches sont une forme d’urbanisme participatif mais ne sont pour l’instant pas suffisante. Leur coté éphémère et très localisé constitue aussi bien un avantage ( les citoyens ne se sentent pas dépassé et ont un projet a leur echelle) et en même temps une contrainte car ces petites expériences ne peuvent pas s’inscrire définitivement dans un réel projet de ville. Mais, en allant un peu plus loin que cette étude et en réfléchissant sur une durée de vie plus longue, on pourrait se demander qu’en ce multipliant ces actions, ce mode de démocratie participative ne remettrait-elle pas en cause le rôle de l’architecte et de l’urbanisme ainsi que leurs formations? L’urbanisme participatif tactique est une réponse à moindre coût et surtout qui peut être apporté de manière rapide pour répondre aux crises urbaines. Dans un discours alternatif, on pourrait supposer qu’aujourd’hui l’architecture, telle qu’on la connait ,serait alors une réponse trop lente pour résoudre les problèmes urbains des villes, obligeant donc les citoyens à prendre les commandes même s’ils n’ont parfois, aucune compétences dans la manière de fabriquer la ville…
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