PARIS
DANS LIN C'est dans le VII6 arrondissement de Paris que le très mondain peintre Bernard Boutet de Monuel avait sa maison et son atelier. Un lieu à faune de son élégance, qui n'avait pas changé depuis la disparition de l'artiste en 1949. Dernière visite avant la dispersion de son mobilier etde ses œuvres en avril prochain.
D'UN
OMME DU MONDE Réalisation Marie Kalt, texte Laurence Mouillefarine, photos Jérôme Galland.
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AU PIED DE L'ESCALIER qui dessert les différents étages de la maison, une vasque lumineuse en albâtre du xixe siecle Le tableau représente Sylvie, la fille de l'artiste, vers 1941
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CE MEUBLE RENFERMANT UN PHONOGRAPHE
et surmonte d'un cadre en verre eglomise fut peint par Bernard Boutet de Monvel comme la table qui figure au premier plan, en marbre et fer forge (vers 1920)
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P
assage de la Visitation, a Paris C'est la, au numero ll, que demeurait Bernard Boulet de Monvel, portraitiste célèbre dans l'entre deux guerres, dans un immeuble du XVIII e siecle édifie sur l'emplacement d'un ancien couvent, lui dont l'existence n'eut rien de monacal Dans sa chambre a coucher, conservée inchangée par ses descendants, on découvre l'escalier secret qu'il empruntait pour gagner la rue et rejoindre ses maîtresses Au dernier etage de cet hotel particulier, l'atelier de l'artiste est reste tel qu'il l'a quitte, ses toiles alignées dans les casiers Le maitre est la, incarne par un autoportrait de 1932 Elegantissime, serre dans une veste a ses mesures, un chapeau gris a la main dont le colons s'har monise avec ses tempes argentées, il s'est représente a la fenêtre de l'hôtel Ritz, la place Vendome en arrière plan Séduisant o combien «Les chroniques de I epoque l'affir ment, Bernard Boutet de Monvel était "d'une beaute insultante pour ses contemporains '», rap pelle Stephane Jacques Addade, auteur des deux ouvrages de refe rence sur le peintre Le dandy enti etenait son teinten travaillant a la lumiere d'une lampe a bronzer Témoin de sa coquetterie, des hai teres traînent encore dans un coin de la piece «L homme était egale ment dote de cet humour aristocra tique qui a disparu aujourd'hui » Sur un autre chevalet, a cote de l'autoportrait, on trouve le maha radjah d'Indore, prince indien entre dans la legende pour avoir fait construire un palais moder niste a cinq cents kilometres de Bombay Ce dernier commandita a Boutet de Monvel plusieurs por traits de lui et de la maharam sur l'un, il pose en tenue de cour, sur l'autre, en habit de soiree a l'occi dentale Qu'il ait a realiser une oeuvre importante, le peintre souvent en exécutait une réplique d'un format plus petit qu'il gardait pour lui Un souvenir D'où la presence du maharadjah en ces murs ENTRE PARIS ET NEW YORK
Cet atelier du passage delà Visitation que Jean Auguste Dominique Ingres occupa cent ans auparavant fut d'abord loue par Boutet de Monvel En 1924, apres la naissance de sa fille Sylvie, il acquiert l'immeuble entier La fortune de sa femme, Delfina Edwards Bello héritière d'un banquier chilien, le leur permet Lui même est aise II est déjà le portraitiste chen des aristocrates français, avant d'être adule par les milliardaires américains et américaines II fait, par ail leurs, une brillante carriere d'illustrateur, comme son pere Maurice Boutet de Monvel, en collaborant notamment a la Gazette du Bon Ton L'artiste sera bientôt sous contrat pour le tres snob Harper's Bazaar, dans lequel il signe, de lettres majuscules, quantite de des sins de mode Son hotel particulier parisien s'avérant trop exigu Bernard confie a l'architecte Louis Sue le soin de l'agrandir Les deux esthètes se sont rencontres grace au couturier Paul Poiret Ils Tous droits réservés à l'éditeur
se retrouvent au combat, a Salomque en 1916, et deviennent amis Pour élargir l'immeuble, Louis Sue conçoit un batiment en rotonde d'esprit néoclassique, l'Art deco chic, lequel va accueillir salon et salle a manger Sur chaque détail de l'aménagement interieur, le pro pnetaire a son mot a dire Durant les travaux, Boutet de Monvel dicte ses desiderata depuis New York ou il vit désormais six mois par an II veut du noir et blanc ' «L'artiste avait une passion pour la decoration, souligne Stephane Jacques Addade, elle apparaît tout au long de sa correspondance » De fait il a rejoint la Compagnie des arts français, fondée par Louis Sue et le peintre Andre Mare, et participe a plu sieurs de leurs chantiers Dans l'hôtel particulier du couturier Jean Patou a Paris ou encore dans la maison a Saint Cloud de Jane Renouardt, comédienne et directrice du theatre Daunou, il imagine des paravents et des pan neaux peints, tantôt de palmiers, tantôt de figures allégoriques LE MAUSOLÉE DE L'ARTISTE
Pour sa propre demeure, il des sine la table de la salle a man ger, meuble imposant en miroir de forme octogonale comme la piece qu'elle occupe, ponctuée de colonnes Dans le boudoir de sa femme, il s'amuse a animer les pla cards de motifs joyeux paniers fleuris, chapeaux, souliers Pour la bibliotheque, il compose deux peintures ornementales, illus trant, sur un mur, les instruments de musique, et sur les autres, les attributs du peintre Bernard Boutet de Monvel est age de 68 ans lorsque, en 1949, il périt dans un accident d'avion, le même qui causa la mort du chan! pion de boxe Marcel Cerdan et de la violoniste Ginette Neveu Sa veuve préserve alors la maison tel un sanctuaire A peine ajoute t elle quèlques bibelots Ses héritiers n'apporteront pas grand changement au decor N'ayant nul besoin de vendre l'œuvre de leur pere et grand pere, ils l'ont pieusement gardée Jusqu'à aujourd'hui ou elle est proposée aux encheres En même temps que le mobilier, ils dispersent l'atelier du maitre ses admirables scènes du Maroc, ses paysages dejeunesse, ses portraits mondains ou de famille, d'innombrables dessins et esquisses prepa ratoires Pour chaque portrait Bernard Boutet de Monvel réalisait d'abord un dessin achevé, afin d'épargner a ses modeles d'mtermi nables séances de pose, qu'il reportait sur une toile quadrillée Ce perfectionniste, faussement frivole, appréciait la rigueur de la ligne géométrique A sa femme qui lui annonçait être enceinte, il fit cette réponse delicieusement spirituelle «J'aimerais des jumeaux, tu connais mon gout maladif pour la symétrie » ^ Le contenu de la maison, qui appartient aux héritiers du commanditaire, est disperse aux encheres chez Sotheby s Paris les 5 et 6 avril A cette occasion parait une deuxieme monographie, Bernard Boutet de Manuel signée Stephane Jacques Addade chez Flammarion
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I et 2 DES MIROIRS EN VERRE
DE VENISE du xvm 6 siecle et des portraits de famille en médaillon animent I un des salons La cheminée est ornée d une pendule d epoque Restauration
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Miroirs, verre ouvrage, brillances et stucs... un esprit Art déco luxueux habille lignes et volumes néoclassiques.
1 LE LUSTRE QUI ECLAIRE
la salle a manger en verre de Murano date des annees 1920 Dans la vitrine un service en porcelaine et un porte huilier vinaigrier de style neogothique Madame Boutet de Monvel avait le gout des bibelots 2 LATABLEENMIROIRfut
dessinee par Bernard Boutet de Monvel et rappelle la forme octogonale de la piece conçue par I architecte Louis Sue A I origine la salle a manger était peinte en noir et blanc
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1 DANS LESALON AU REZ DE CHAUSSEE, des canapes capitonnes et des meubles en bois incrustes de nacre Dans les annees 193O le style Napoleon lll était apprécie dune certaine el ite 2 LE PATIO de la maison sur lequel donne la rotonde construite par Louis Sue dans le style Art deco mâtine de néoclassicisme Elle abrite la salle a manger
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L'ART DÉCO NÉOCLASSIQUE selon Louis Sue C'est cet architecte qui est en charge, dès 1924: d'agrandir l'hôtel particulier des Boutet de Monvel, en tirant profit d'un terrain qu'occupé un vieil appentis. Cinq ans plus tôt, au lendemain de la guerre, associé au peintre André Mare, Louis Sue avait fondé la Compagnie des arts français avec la volonté d'aborder la décoration intérieure sous tous ses aspects: mobilier, tissus, céramiques, verrerie, travail du bronze... Leur credo ? Voulant prendre leur distance avec l'Art nouveau, ils modernisent la décoration en restant fidèles à une certaine tradition française de l'élégance. Louis Sue et André Mare publièrent, en 1921, un manifeste, Architectures, auquel participa Paul Valéry. En 1928, la Compagnie fut cédée au décorateur Jacques Ad net.
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