Dictionnaire amoureux du rugby issu

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Prélude

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Le rugby a inspiré le grand affichiste Luigi Castiglioni. Œuvre de 1984. Ci-contre

Daniel Herrero en 1975 lors d’un match opposant Nice au Racing Club de France. Page suivante

André Lhote est un des grands peintres du sport. En 1920, il réalise Les Joueurs de Rugby. Pages 14-15

« Match de jeunes à Cape Town, Afrique du Sud, des bonheurs à vivre. » D.H.

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Supporters

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Jamais un groupe de gens ne m’a inspiré à la fois autant de tendresse et d’agacement. Être rugbyman, c’est se donner en spectacle tous les dimanches à des anonymes qui paient pour s’asseoir dans un stade. Malgré soi, on les divise en deux catégories : les nôtres, sympathiques ; les autres, odieux. Jouer devant des supporters passionnés venus pour encourager leur équipe est un plaisir immense. La joie, quand elle vient des tribunes, donne du courage, le goût du risque et de l’initiative. Les applaudissements et les chœurs sont des drogues phénoménales pour les joueurs. Un public qui chante rend son équipe invincible. Il stimule la créativité du sobre, rend l’égoïste généreux. À son tour, le joueur offre ce qu’il a de meilleur, sa force, sa puissance, son humanité. Pendant les phases finales, des petites gens sacrifiaient leurs économies pour venir aux rencontres, d’autres restaient chez eux en priant pour qu’on atteigne la finale, synonyme de voyage à Paris. Il m’arrivait de ne pas comprendre cette ferveur, d’être gêné par certains témoignages d’affection. Mon respect était immense. Mais comment savoir ce qu’ils devenaient une fois assis dans les tribunes ? Et si ces mêmes gens se mutaient en idiots fielleux ? Le stade est aussi un rendez-vous de grands cons. Assis sur le banc de touche, dos à la tribune, j’ai passé quinze ans de carrière d’entraîneur à entendre les grossièretés les plus viles, à voir des visages déformés par la colère. Celui qui, protégé par un grillage, lâche la fiente de sa bêtise sur les joueurs du camp opposé, ou sur l’arbitre, est exécrable. Les peureux puisent leur audace dans l’anonymat de la foule. Quand la tribune gueule la laideur, le bel événement se délabre. Et puis il y a tous ceux qui croient que leur équipe est invincible, que les autres maillots sont des ennemis, et que le fait d’« être chez nous » donne droit au dernier mot… Ils sont le plus gros de la troupe, et on les aime malgré leurs mauvais réflexes et leurs faiblesses. Sans eux, on ne serait pas grand-chose. Que c’est beau une tribune pleine qui applaudit… « Oh ! le beau dimanche après-midi passé à Charléty ! La tribune est clairsemée, c’est vrai, mais unique par sa fréquentation. « Trois rangs devant moi, assise, me tournant le dos, une silhouette. Anonyme, sans signe vestimentaire particulier d’appartenance à l’un ou l’autre club, mais habillée de facture légèrement british, avec

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