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L’ENVIRONNEMENT POSITIF 6#

Nicolas Hulot « SOYONS AMBITIEUX POUR LES GÉNÉRATIONS FUTURES »

ompte tenu des enjeux, que pouvons-nous attendre de la conférence inter­nationale sur le climat ? Nicolas Hulot : Qu’elle soit un moment d’ambition et d’intelligence collective. Pour la première fois, un état d’esprit universel se fait jour, qui va au-delà des prismes nationaux. Chacun est conscient qu’il s’agit d’un enjeu universel. Tant que nous abordons le long terme par le national, nous irons de désillusions en désillusions. Pour la première fois, nous avons conscience, que la question du changement climatique vaut pour toutes les économies. Pour la première fois, l’humanité peut agir dans le sens d’une communauté de destins. Il y a deux issues : ou nous sortirons de la COP21 tous grandis, ou nous serons tous affaiblis. Il importe de transformer les volontés isolées en intelligence collective. La COP21 propose une grille de lecture à court, moyen et long terme. Parmi les instruments qui permettront de réaliser les objectifs de dé­­ limiter à + 2 °C le réchauffement climatique, le prix du carbone est celui qui permettra d’entrer dans une économie à bas carbone.

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Pouvons-nous être optimistes ? N. H. : Tous les constats ont été énoncés. Nous devons sortir de l’élocution et passer à l’action. La prise de conscience est universelle. Nous sommes tous rattrapés par le principe de réalité. Aucun continent n’est épargné, tous les pays sont affectés par les changements climatiques. Maintenir le modèle économique qui a régi nos sociétés ces cent cinquante dernières années n’est dans l’intérêt de personne. L’histoire a démontré que la contrainte est la condition de l’innovation. Désormais, la contrainte climatique n’est plus mise en doute. Cent quatre-vingt quinze chefs d’États sont conscients des nécessités du changement de modèle institutionnel, économique et marchand. Les pièces du puzzle sont réunies. À nous de sortir des discours et de passer à l’acte. Quels rôles peuvent jouer les institutions et les entreprises ? N. H. : Tout un chacun est concerné. Les institutions comme les entreprises. On ne peut soupçonner les entreprises de ne pas avoir d’intelligence. C’est un propos abscons. En revanche, l’intelligence peut être utilisée à bon ou mauvais escient. Les

entreprises savent qu’elles doivent se préparer et anticiper sur le changement climatique. Reste pour elles à définir quand et comment. Lorsque le Medef en appelle à un prix du carbone, c’est un signal fort. Dans les entreprises, l’approvisionnement en énergie forme le premier poste de dépenses. Maîtriser sa facture énergétique est un facteur de compétitivité. Tous les acteurs économiques savent qu’il leur faut réduire le coût de l’énergie. Le marché des nouvelles énergies constitue un formidable marché d’avenir sur lequel les entreprises veulent se positionner. Aujour­d’hui, en France en particulier, nous disposons d’un extraordinaire tissu de petites et moyennes entreprises qui innovent de manière incroyable dans le domaine des énergies. Elles composent un formidable potentiel de créations d’emplois et de marchés. À chacun de jouer son rôle. Aux institutions d’orienter les subventions et l’accompagnement des acteurs vers l’économie bas carbone pour sortir de l’économie fossile. Aux investisseurs de savoir s’engager auprès des PME pour les aider à g­ randir. Ces entreprises débordent d’imagination. Aux maîtres de l’argent de se tenir informés.

© DR

Que faire dans un monde où la crise s’éternise ? Comment changer de politique sur le long terme pour œuvrer à la sauvegarde de notre planète au service des générations futures ? Réponses avec Nicolas Hulot, envoyé spécial du président de la République pour la protection de la planète à la COP21.

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Pour une économie positive

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les taxis verts

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3# PRODUIRE EN POSITIF

’économie positive n’adhère pas au concept de la décroissance. Nous en appelons à la raison pour inciter chacun à réfléchir sur la place de la consommation dans sa vie. Penser sincèrement que les humains, demain, reviendront en arrière pour idéaliser une vie faite de bouts de chandelle, n’est-ce pas un tantinet naïf ? Non, ce n’est pas cynique. L’être humain possède un formidable génie créatif. C’est dans l’acte d’inventer, d’imaginer, de créer sa voie qu’il s’épanouit et révèle toute sa potentialité. La vie est mouvement. L’économie aussi, elle se nourrit de la vitalité des humains. Depuis le XIXe siècle et l’ère industrielle, le monde a suivi une course folle vers toujours plus de consommation, toujours plus de production, sans se soucier des déchets générés. Résultat : aujourd’hui, la planète est menacée dans ses aires les plus reculées par les toxicités générées et les millions de tonnes de CO2 émises pour détruire ce que nous avions produits précédemment. Chaque jour, on estime que l’activité humaine engendre 10 milliards de tonnes de déchets. D’ici 2020, on attend 20 % de déchets supplémentaires. C’est un cycle délictueux. Pour contrer le désastre annoncé, l’économie circulaire répond à une vraie demande. Des consommateurs mais aussi des législateurs, en particulier en Europe depuis les accords de Grenelle et dans la perspective de COP21. Et plus encore des responsables dans les territoires, qui ont à gérer ces trop-pleins de marchandises qui échouent dans les déchetteries. Pour les entreprises qui se créent, adopter un mode de production immédiatement vertueux, où tout ce qui est fabriqué peut se recycler, devient presque naturel. Pour les autres, c’est un casse-tête mais aussi une formidable opportunité pour se renouveler.

© JOHN STANMEYER / NATIONAL GEOGRAPHIC CREATIVE

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4# COMMENT TRAVAILLER EN POSITIF

’il est un domaine dans lequel, pour les générations futures, rien ne sera plus comme avant, c’est bien le monde du travail. Les avis des experts convergent. Sous la pression du numérique, les nouveaux modèles qui émergent remettent en question les modes du passé. Les barbares attaquent en piqué des pans entiers de l’économie et mettent en pièces les anciennes organisations, devenues obsolètes. La crise économique a poussé des centaines de milliers d’individus vers le chômage dans les anciens pays développés. En 2015, selon l’Organisation internationale du travail, le monde compte 3 millions de chômeurs supplémentaires, soit 204 millions au total. Certes, dans certaines régions, en Asie particulièrement, le boom économique de ces vingt dernières années a permis à des millions d’individus d’accéder à un emploi et ainsi d’obtenir un niveau de vie équivalent à celui de la classe moyenne des pays occidentaux. Mais dans ces derniers, c’est particulièrement la classe ouvrière, les femmes et les jeunes qui paient le prix fort de la désindustrialisation. En France, un jeune sur quatre est au chômage. Et, bien sûr, ce sont les plus défavorisés, les moins diplômés, les jeunes femmes notamment, qui sont les premiers concernés. C’est l’ensemble de la chaîne qui est remise en cause, de l’éducation, dès la petite enfance, aux pensions de retraite. Comment réparer l’ascenseur social ? Comment protéger les nouveaux indépendants ? De quelle manière réformer l’école et la formation continue pour développer les compétences professionnelles tout au long de la vie, sachant que la majorité des emplois des deux prochaines décennies n’existent pas encore aujourd’hui ? Comment assurer un avenir positif aux générations futures ? Le chantier est immense, il ne fait que commencer.

SÉRIE TOTEMS, TOTEM #8, 2009-2011 © ALAIN DELORME

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Pour une société positive ?

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