Scrapbooks cafe society jaquette frcor

Page 1

Sommaire Introduction µ 6

I

Les personnages Les Cabrol µ 18 Du Gratin à la Café Society µ 44 Les Windsor et leurs amis µ 62 La constellation des mondains µ 72

II

Le mode de vie Les activités µ 102 Les lieux µ 214 Conclusion µ 254 Notes µ 258 Index µ 260

PAGE DE DROITE

Daisy de Cabrol et son fils aîné, Philippe, se promenant dans les jardins du château de Saint-Eusoge, le 15 septembre 1942.

SCRAPBOOK CAFE SOCIETY EXE DEFINITIVE.indd 4

02/08/2016 17:05


SCRAPBOOK CAFE SOCIETY EXE DEFINITIVE.indd 5

02/08/2016 17:05


LES SCRAPBOOKS DU BARON DE CABROL

80

américains, d’abord Jefferson Caffery, surnommé « taille de guêpe » et considéré comme un des hommes les plus élégants du monde. Le bruit courait qu’il commandait chez Schiaparelli des tenues de sport… rose shocking ! Puis David Bruce, qui avec sa femme Evangeline est de tous les bals costumés. Leur neveu épousera Jessie, la fille de Louise de Vilmorin. Une mention spéciale doit être donnée à Karl Burckhardt, le représentant de la Suisse. Dans les scrapbooks figure un reportage mondain sur « un soir à la légation de Suisse » qui commence par cette phrase : « Les ambassades et les légations sont des refuges de la grande élégance. Nulle part ailleurs on ne rencontre un ensemble de très jolies femmes portant toilettes plus raffinées. La soirée donnée récemment par le ministre et Madame Burckhardt dans l’hôtel de la légation ne fit pas exception à la règle. Le corps diplomatique s’y mêlait à la société parisienne et les salons de la rue de Grenelle réunirent une assistance de grand goût. » En effet, on y voit sur les photos, outre Daisy de Cabrol, quelques grandes élégantes comme la princesse Chavchavadzé, Nora Auric, Louise de Vilmorin, la comtesse de Vogüé, la très mondaine épouse de l’ambassadeur Massigli, mais aussi les peintres Bérard et Drian. Burckhardt fait partie de cette catégorie de gens ayant des activités très sérieuses mais qui aiment à s’immerger dans la Café Society. C’est un homme qui a eu des responsabilités éminentes. Après des débuts classiques dans la diplomatie helvétique, il est en 1937 haut représentant de la Société des Nations à Dantzig en charge d’administrer la ville, puis sera pendant la guerre le président de la Croix-Rouge internationale ce

qui lui donnera l’occasion de rencontrer à plusieurs reprises Hitler, mais d’être aussi accusé de mollesse. De 1945 à 1950, il représentera son pays à Paris. Marié depuis 1926 à une Française, Élisabeth de Reynold, ayant eu une liaison juste avant la déclaration de guerre avec Diana Cooper, la femme de son désormais collègue en poste à Paris, grand ami de Louise de Vilmorin, il sera d’emblée comme un poisson dans l’eau dans la haute société parisienne et très présent dans la vie mondaine. Quand il quittera son poste à Paris, il se retirera à Versailles au 41, bis rue de Paris dont il fera un haut lieu de sociabilité. Odette Pol Roger fut de ces personnages très Café Society que l’on retrouve à travers tous les grands événements mondains de l’époque. Son prestige social aurait pu tenir à son nom de femme mariée, symbole d’une des plus éminentes maisons de champagne, depuis qu’elle avait épousé en 1933 Jacques Pol Roger. Elle était la fille du général Georges Wallace qui avait combattu dans l’armée française pendant la Grande Guerre et surtout l’arrière-petite-fille du philanthrope et collectionneur Richard Wallace qui dota Paris des fameuses « fontaines à boire », ainsi que Londres d’une des plus célèbres collections mondiales de mobilier xviiie. D’une grande beauté ainsi que ses deux sœurs Jacqueline et Nicole, elles furent surnommées la « Wallace Collection ». Ayant activement participé à la Résistance que son beaupère finançait dans la Marne, étant elle-même arrêtée par la Gestapo, elle tint surtout à partir de 1944 une place particulière dans la bonne société internationale en raison du

CI-DESSUS, EN HAUT Réception à la légation de Suisse à Paris le 25 mars 1947. De gauche à droite, assis : Marie-Laure de Noailles, Louise de Vilmorin, Nora Auric, Robert de Saint-Jean et Christian Bérard ; debout : Jacques Février et Karl Burckhardt. CI-DESSUS, EN BAS La maharani de Baroda et la comtesse de Maillé, surnommée « Clé-Clé », à un bal organisé par Daisy de Cabrol au profit de son œuvre l’Essor, vers 1960. Photographie d’André Ostier.

SCRAPBOOK CAFE SOCIETY EXE DEFINITIVE.indd 80

02/08/2016 17:13


Né en 1909, il est élu député des Hautes-Alpes en 1936. Bien que ce soit sous l’étiquette de la gauche indépendante, il votera les pleins pouvoirs à Pétain le 10 juillet 1940, ce qui ne l’empêchera pas, après-guerre, d’être un fervent gaulliste. D’ailleurs, Jacques Chaban-Delmas, président de l’Assemblée nationale, le nommera au Conseil constitutionnel, peu après la promulgation de la Constitution de 1958. Il y siégera jusqu’en 1966. Jean Michard-Pellissier sera très proche de Georges Pompidou pendant son mandat présidentiel. Très mondain, lié aux grandes fortunes qu’il conseille juridiquement, il est, avec sa femme Gisèle toujours très élégante, de toutes les fêtes de la Libération jusqu’à sa mort, en 1976. Il en donnera lui-même de fastueuses dans son immense appartement du 88, avenue Foch, acquis au début des années 50, ce qui en fera un voisin des Cabrol. Jean Michard-Pellissier est également un grand collectionneur, habitué à chiner avec ses amis Arturo Lopez et Alexis de Redé. Son appartement servira d’écrin à ses fabuleuses collections de meubles Grand Siècle achetés chez les Kraemer ou chez Jean-Marie Rossi. Il en confie la décoration à Victor Grandpierre, un des plus grands décorateurs de l’après-guerre, qui connaîtra la gloire publique en 1946 en transformant l’immeuble de l’avenue Montaigne dans lequel Christian Dior installera sa maison de couture. C’est lui qui fera de l’alliance du gris et du blanc le symbole de la maison

LA C O N S T E L LAT I O N D E S M O N DA I N S

flirt platonique qu’elle entretint avec Winston Churchill après qu’il l’ait rencontrée à une réception à l’ambassade de Grande-Bretagne chez leur ami commun Duff Cooper, à la Libération. Churchill, en dépit d’une légende tenace qui attribuait sa longévité au « no sport » allié à une consommation immodérée de cigares et de whisky, préférait en fait par-dessus tout le champagne et, parmi tous les vins de Champagne, le Pol Roger, dont il était client depuis les années 20. Il aimait reprendre la phrase de Napoléon : « I cannot live without champagne. In victory, I deserve it, and in defeat I need it 45. » Jusqu’à la fin de la vie de l’homme d’État britannique, elle sera une de ses intimes toujours à ses côtés lorsqu’il séjourne en France, ce qui d’ailleurs contribuera au renom en GrandeBretagne de la marque de champagne dont elle porte le nom et dont, à la mort de son mari en 1956, elle deviendra une des principales dirigeantes et en tout cas l’ambassadrice. Claire-Clémence deMaillé, surnommée « Clé-Clé », était une incontournable de la petite bande d’Arturo Lopez et d’Alexis de Redé. Elle était notamment de toutes les croisières de La Gaviota. Issue d’une illustre famille, elle portait le prénom de sa lointaine aïeule, nièce de Richelieu qui lui avait fait épouser le Grand Condé. Son père était mort à la Première Guerre mondiale. Ayant été surpris avec un soldat, il avait eu le choix entre la cour martiale ou monter au front. Il avait décidé de mourir les armes à la main. Sa mère était une Rohan-Chabot, propriétaire du château de La Motte-Tilly, grande amie de la princesse Bibesco. Très élégante, assez délurée, Clé-Clé avait été mariée brièvement au prince Louis de Polignac, frère d’Edmond, l’époux de Ghislaine Brinquant. Pendant la guerre, elle eut une relation officielle avec un général allemand avec lequel elle vivait dans un immeuble des Rothschild confisqué. À la Libération, Gaston Palewski, le très mondain directeur de cabinet du général de Gaulle, l’aida à se réfugier dans un couvent en Espagne où elle se fit oublier quelques années avant de revenir sur la scène parisienne, qu’elle ne quitta plus jusqu’en 1969. Elle fut longtemps très liée à Jimmy, duc de Cadaval. Sa dernière apparition fut au bal Oriental d’Alexis de Redé, qu’elle avait un moment essayé d’épouser. Parmi les amis des Cabrol, les Michard-Pellissier sont singuliers. En effet, contrairement à la plupart de ses innombrables fréquentations mondaines, Jean Michard-Pellissier est un homme très occupé qui mène parallèlement une brillante carrière d’avocat d’affaires et des activités politiques soutenues.

81

Odette Pol Roger photographiée pour Plaisir de France, juillet 1938. Réception donnée par Karl Burckhardt, représentant de la Suisse en France, qui participe activement à la vie mondaine de la capitale. On reconnaît sur les photos, outre Daisy de Cabrol, quelques grandes élégantes comme la princesse Chavchavadzé, Nora Auric, Louise de Vilmorin, la comtesse de Vogüé mais aussi les peintres Bérard et Drian. CI-DESSUS

DOUBLE PAGE SUIVANTE

SCRAPBOOK CAFE SOCIETY EXE DEFINITIVE.indd 81

02/08/2016 17:13


SCRAPBOOK CAFE SOCIETY EXE DEFINITIVE.indd 90

02/08/2016 17:14


SCRAPBOOK CAFE SOCIETY EXE DEFINITIVE.indd 115

02/08/2016 17:16


SCRAPBOOK CAFE SOCIETY EXE DEFINITIVE.indd 160

02/08/2016 17:22


SCRAPBOOK CAFE SOCIETY EXE DEFINITIVE.indd 161

02/08/2016 17:22


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.