En route vers les Jeux de Paris
Véronique Bruez
Pour Thanasis Gavelas, champion grec paralympique médaillé d’or 100 m. à Tokyo, qui apprend le français
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Mise en page : Isabelle Vacher
Enregistrement : Studio Lumiiq
© CLE International, 2023
ISBN : 978-209-035879-7
Les Jeux Olympiques et Paralympiques (JOP) de Paris : le plus grand événement sportif mondial, un nouveau modèle de jeux
Paris est une première fois la ville des Jeux Olympiques en 1900, la deuxième fois en 1924. La France a déjà organisé les jeux d’hiver trois fois, à Chamonix, Grenoble et Albertville.
Un siècle plus tard, la capitale française accueille 28 sports olympiques, 22 sports paralympiques, et plus de 10 000 athlètes provenant de 388 délégations1 des cinq continents. Les Jeux Olympiques se tiennent du 26 juillet au 11 août, et, pour la première fois, les Jeux Paralympiques, du 28 août au 8 septembre. Quatorze millions de spectateurs sont attendus dans la ville lumière.
Les Jeux Olympiques et Paralympiques (JOP) ont lieu dans des sites exceptionnels, au centre de Paris (la Tour Eiffel, le Grand Palais, la place de la Concorde) et dans les environs, en Ile-de-France, également appelée région parisienne (le stade de France, le stade Roland Garros, ou les jardins du château de Versailles). Mais les jeux se passent aussi en province : dans les stades de Bordeaux, Nantes, Lyon, Saint-Etienne, Nice et Marseille pour le football. La ville de Lille accueille tous les matchs de handball et Marseille organise les compétitions de voile.
En fait, une épreuve est délocalisée2 en Polynésie française, à Tahiti, sur le site des plus belles vagues du monde, à
1. Groupe de personnes qui représentent un pays.
2. Déplacée.
Teahupo’o : le surf ! C’est l’une des nouvelles disciplines « additionnelles » présentes aux JO de Tokyo en 2021, avec l’escalade sportive et le skateboard (ou planche à roulettes).
À Paris, le break, breaking ou breakdance est la grande nouveauté, mais le karaté disparaît à la suite d’une décision du Comité International Olympique (C.I.O). Les nouveaux sports sont urbains, populaires et attirent un nouveau public. Le breakdance, né dans le Bronx dans les années 1970, est une première dans l’histoire avec une épreuve féminine et une masculine sous forme de « battles » de 16 athlètes contre 16. Il a lieu sur la prestigieuse place de la Concorde. Le breaking est à la frontière entre l’art et le sport, et il s’adresse à des jeunes.
À Paris, les épreuves3 au programme diminuent : 339 à Tokyo en 2020 contre 329, mais les épreuves mixtes augmentent (22 au lieu de 18). L’haltérophilie, la boxe, l’athlétisme et la voile présentent des épreuves modifiées. Le nombre d’athlètes est également inférieur par souci d’économie après la pandémie de la COVID 19.
Les JOP de Paris vont marquer l’Histoire avec des concepts novateurs pour les grands enjeux de la société d’aujourd’hui : les organisateurs sont soucieux des problématiques françaises et mondiales. Le sport, parce qu’il rassemble la population, doit montrer de nouveaux modèles de vie et de consommation et porter des valeurs durables dans la société. Ces nouvelles façons de voir et de travailler sont certainement le début de changements profonds, un exemple pour le futur.
Tout d’abord, le projet Sport & Parité donne plus de place aux sportives : il y a autant d’athlètes femmes que d’athlètes
3. Compétition sportive
hommes (parité4) aux JOP Paris 2024 et la promotion du sport féminin est une priorité. L’égalité 50-50 (sur 10 500 athlètes en tout) est une première historique : on arrivait seulement à 45,6 % à Rio en 2016. La lutte, le soccer, la gymnastique et la natation n’atteignent pas encore la parité mais 28 des 32 sports affichent une participation égale entre hommes et femmes. Par exemple, l’escalade sportive a subi quelques changements pour inclure deux épreuves pour chaque sexe et désormais 22 épreuves sont mixtes.
Aux jeux de Paris en 1900, on trouve seulement… 22 femmes (pour 975 hommes) qui peuvent participer à cinq sports seulement ; le tennis, le golf, la voile, le croquet et l’équitation. Charlotte Cooper est la première femme médaillée à des Jeux Olympiques, en tennis.
Actuellement, moins d’1 % des infrastructures sportives (salles, stades, courts de tennis, gymnase) portent en France le nom d’une athlète ou d’une personnalité féminine. Désormais, ces équipements neufs ou sans nom, ont un nom de femme.
Deuxièmement, Paris 2024 annonce les plus grands Jeux Paralympiques de l’Histoire ! Ce sont les premiers Jeux Paralympiques organisés à Paris. Le paralympisme, porteur d’un message d’inclusion5 et de solidarité6, n’a jamais tenu une si grande place, il prend plus d’importance en 2024 pour prouver que le sport est ouvert à tous et que la différence est une richesse. Pour la première fois il y a un logo commun aux Jeux Olympiques et Paralympiques ; 549 épreuves sont organisées, 300 heures d’épreuves (soit deux fois plus que pendant les Jeux de Tokyo) sont diffusées à
4. Égalité de représentation hommes/femmes.
5. Action d’intégrer dans un groupe. Le contraire d’exclusion.
6. Fait de s’aider les uns les autres.
la télévision via France Télévision et 3,4 millions de billets sont en vente, dont la moitié à moins de 25 euros : les conditions sont réunies pour faire des Jeux Paralympiques de Paris 2024 un grand évènement sportif et populaire. « Il faut se servir du sport car c’est un véritable moteur pour détruire les murs », a dit Pascale Ribes, présidente de France Handicap.
Troisième point, les JOP s’engagent pour le climat et affichent leur respect de l’environnement : ils doivent être durables dans un souci environnemental et proposer de nouvelles façons d’agir et des solutions pour mieux préserver l’écologie et le climat. Le plus grand événement du monde doit être un modèle de sobriété7 et d’innovation et montrer l’exemple. Les sportifs, les organisateurs, les visiteurs se mobilisent pour inventer un nouveau modèle de jeux. Tout d’abord, l’empreinte carbone8 doit être réduite : le défi est la neutralité, les émissions de CO2 sont réduites de moitié par rapport aux jeux précédents. Les précédents jeux d’été ont émis 3.5 millions de tonnes de CO2 : l’objectif est maintenant de 1.5 million de tonnes.
100 % de l’énergie dépensée est renouvelable. Tous les sites seront accessibles en transports en commun9. Le projet du Grand Paris Express développe les moyens de transports dans la région parisienne : de nouvelles lignes de métro et l’extension des lignes de RER et de tramway sont prévues. La biodiversité est respectée et la Seine, le fleuve qui traverse Paris, redeviendra un lieu où on peut nager. L’économie de ces jeux est circulaire c’est-à-dire qu’elle veut recycler et non pas jeter.
7. Fait de ne pas gaspiller.
8. Quantité de CO2 émis par une personne, une entreprise, un objet.
9. Bus, métro, tram…
Presque tous les sites existent déjà, on ne va rien construire, sauf le village (futur éco-quartier) et le Centre aquatique. D’autre part, un défi10 zéro déchet zéro plastique à usage unique est lancé. Les athlètes venus des quatre coins du monde sont logés au village olympique (un bâtiment par pays, et un autre pour la presse) dans le département de Seine-Saint-Denis, avec des médecins, kinésithérapeutes et des diététiciens. Il est situé en banlieue11, à 8 kilomètres du centre de Paris. Ce village, accessible à 100 % aux personnes à mobilité réduite, est transformé après les jeux en logements familiaux, en résidence étudiante, bureaux et espaces verts. La notion d’héritage est au cœur de la réflexion du COJO (Comité d’Organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques) de Paris 2024 : on pense sur le long terme et pas seulement pour un événement ponctuel.
De plus, le numérique et l’alimentation sont responsables : un repas sur deux offert aux volontaires, les gens qui aident à l’organisation, est végétarien, 80 % de l’alimentation est d’origine française. Le circuit court est privilégié (locavorisme12) et 30 % des produits sont « bio » c’est-à-dire issus de l’agriculture biologique. On évite le gaspillage en donnant les restes aux associations. Toute la vaisselle13 est réutilisable. Tous les sites sont équipés de fontaine à eau pour le public.
Enfin, partout en France et dans le monde, l’Olympiade Culturelle, programme artistique et culturel qui figure
10. On dit aussi challenge.
11. Zone qui entoure une ville.
12. Vient de « local » et de « vore » manger : fait d’acheter son alimentation dans un rayon de production de 50 km de son lieu de vie.
13. Assiettes, verres, couverts pour manger et boire.
dans la charte olympique, rapproche l’art et le sport avant, pendant et après les jeux : elle apporte la culture dans des lieux sportifs et favorise la mixité sociale. Des expositions d’affiches dans la rue autour de l’Hôtel-de-Ville, des ateliers de danse autour du basketball, des conférences et des projections sur le sport dans les bibliothèques de la ville de Paris, des tables rondes, des fêtes nautiques, des performances d’artistes pendant la Nuit blanche14 sont quelques exemples de ces actions tout public, gratuites, permettant l’accès à la culture pour tous.
Parallèlement aux JOP, le marathon pour tous de Paris est organisé : un événement grand public et une expérience inédite car il est accessible à n’importe qui, et pas seulement aux athlètes. Les amateurs15 vont courir sur le même parcours que les sportifs professionnels sur un trajet qui traverse la ville de Paris mais aussi ses environs. La distance traditionnelle est de 42.195 km et la course commence à l’Hôtel-de-Ville et se termine place des Invalides. 2024 participants sont attendus, autant d’hommes que de femmes et on peut s’y inscrire à partir de 20 ans.
De Paris à Versailles, le parcours est celui de la marche des femmes sur Versailles le 5 octobre 1789, trois mois après la prise de la Bastille, un épisode important de la Révolution française : plusieurs milliers de femmes veulent alors ramener le roi Louis XVI, le dernier roi de France, et la famille royale à Paris où les gens ont faim. C’est après cet événement que le roi accepte de signer la Déclaration universelle des droits de l’homme et du citoyen.
A Paris, les coureurs vont découvrir d’autres monuments exceptionnels dans différents arrondissements : la bourse
14. Nuit sans sommeil. Ici, nuit où les musées restent ouverts.
15. Le contraire de professionnel.
de commerce, siège de la fondation Pinault qui expose de l’art contemporain, la place Vendôme avec ses bijoutiers, l’opéra Garnier, le jardin des Tuileries, la pyramide du Louvre, le palais de Tokyo (musée d’art moderne) ou encore la Maison de la radio. A la limite de Paris, le parc André Citroën conduit à la manufacture de Sèvres avec ses porcelaines célèbres.
Un autre format est aussi proposé : une course à pied sur 10 km accessible à partir de 16 ans et qui se limite à Paris intra-muros16.
La médiatisation des JOP est importante puisque 4 milliards de téléspectateurs17 du monde entier sont prévus, durant 100 000 heures de diffusion au total.
40 000 volontaires de tous les pays vont venir à Paris pour aider au bon fonctionnement de ces JOP.
Le comité d’organisation des JOP Paris 2024 est présidé par Tony Estanguet, champion de canoë slalom, premier athlète français médaillé d’or à trois JO différents (Sydney en 2000, Athènes en 2004 et Londres en 2012), membre du collectif des Champions de la Paix qui sont engagés personnellement en faveur du mouvement de la paix par le sport. C’est aussi un ancien membre du Comité International Olympique. Le C.I.O est une organisation internationale non gouvernementale et à but non lucratif (c’est-à-dire ne gagnant pas d’argent) composée de volontaires ; il est actuellement présidé par Thomas Bach, un Allemand ancien champion d’escrime.
16. A l’intérieur de la ville par opposition à la banlieue. 17. Personnes qui regardent la télévision.
Histoire des JO
Les Jop à paris, cela tombe bien, car le français est une langue olympique ! Selon la charte18 olympique, tous les documents, panneaux et annonces doivent être bilingues, en français et en anglais. La langue de Molière est la première langue officielle du Comité Olympique, car Pierre de Coubertin, son créateur, est un Français ! « En cas de divergence19 entre le texte français et le texte anglais de la charte olympique et de tout autre document, c’est le texte français qui fait foi20 », est la règle 24 de cette charte.
Cette charte olympique est un peu le « mode d’emploi » des JO. Elle énonce un autre principe très important : « Toute forme de discrimination21 à l’égard d’un pays ou d’une personne pour des raisons raciales, religieuses, politiques, de sexe ou autre est incompatible avec l’appartenance au mouvement olympique. »
Les jeux modernes existent grâce à un Français, mais les JO sont grecs à l’origine. Cette compétition est née au 8ème siècle avant J.-C. (en -776 précisément) en Grèce. On peut même dire que le sport en général est né en Grèce : de nombreux mots français le montrent, comme athlète, triathlon ou marathon, mais aussi des racines très utilisées comme cyclo- (cercle), hippo- (cheval), bi (deux), déca (dix)…
À l’origine, les JO ne sont pas seulement une manifestation sportive, mais une cérémonie religieuse.
18. Règlement.
19. Fait de ne pas être d’accord.
20. Est le plus important.
21. Rejet.
Zeus, le dieu des dieux, selon la légende, a inventé ces compétitions, au nombre de quatre. Les premiers jeux s’appellent « olympiques » car ils se déroulent dans le site sacré d’Olympie, un lieu avec un grand temple construit pour Zeus. A l’intérieur se trouve l’une des sept merveilles du monde, une immense statue du dieu. On peut encore aujourd’hui visiter ce site antique, près de la ville moderne d’Olympie, et son musée archéologique.
Pendant cinq jours, la guerre entre les cités grecques est suspendue, c’est un temps de paix sur un territoire neutre : la trêve sacrée, un mois avant et pendant les jeux. Cela permet aux athlètes et aux spectateurs de voyager en sécurité jusqu’à Olympie.
À l’époque des premiers jeux, quels sports pratiquent les Grecs ? La course (le tour du stade d’Olympie qui mesure 192 mètres), et le pentathlon avec la course, le saut en longueur, le lancer de disque, de javelot, la lutte, ancêtre de la boxe. Les courses de chevaux et de chars sont ajoutées plus tard aux épreuves. Curiosité : les sportifs sont… nus ! C’est de cette racine grecque (gymnos) que vient notre mot français gymnastique.
Le sport tient une place très importante dans la vie des Grecs et de nombreux athlètes sont représentés dans l’art : statues de marbre ou de bronze, peintures sur des vases ou des fresques. L’exercice du corps fait autant partie de l’éducation que le développement de l’esprit. Le physique et l’intellectuel ne sont pas différents. La beauté du corps musclé est inséparable de qualités morales.
Les jeux ont lieu tous les quatre ans, période appelée olympiade ; c’est la première division du calendrier des Grecs, elle sert à mesurer le temps et pour situer un événement, on prend le repère de telle ou telle olympiade.
Qui peut participer à ces jeux ? Il faut être grec, et de condition libre c’est-à-dire citoyen (les esclaves sont exclus), il faut avoir une bonne réputation, être à l’heure, s’entraîner pendant minimum dix mois et respecter les règles comme ne pas tuer son adversaire, ne pas protester contre les juges, ne pas essayer d’acheter un arbitre ou un adversaire.
Les femmes ne peuvent ni participer ni regarder sous peine de mort : si elles désobéissent, on les jette alors d’un rocher dans le vide ! Mais une course spéciale est organisée pour celles qui ne sont pas encore mariées : elles courent à pied sur 160 mètres, en septembre, en l’honneur d’Héra, la femme de Zeus. Elles portent des robes spéciales assez courtes pour pouvoir bouger.
Les vainqueurs de chaque discipline reçoivent une couronne d’olivier, mais aussi de l’argent. Le star system existe déjà à cette époque puisque un certain Leonidas de Rhodes, qui emporte douze couronnes, devient comme un demi-dieu.
Les jeux se terminent avec une nouvelle cérémonie avec un sacrifice et un grand repas. La victoire est personnifiée :
c’est une déesse22 appelée Niké (comme une célèbre marque actuelle). Des concours de musique ou de poésie apparaissent dans les jeux en -582 : on peut dire alors que
c’est aussi un événement culturel. Des poèmes sont écrits pour les héros des jeux, on peut encore les lire aujourd’hui.
Avec le développement du christianisme, les jeux ont moins de succès et l’empereur romain Théodose les interdit en 394 : des incendies, puis des tremblements de terre23 font disparaître le site d’Olympie sous la terre. Il
22. Féminin de « dieu ».
23. Séisme, catastrophe naturelle.
faut attendre le 18ème siècle pour le redécouvrir grâce à des fouilles archéologiques, notamment allemandes.
À la fin du 19ème siècle, un noble français, Pierre de Coubertin, est le premier qui a l’idée de restaurer des jeux modernes, il est donc considéré comme l’« inventeur » des JO. En Angleterre, surtout à Rugby, il constate que les exercices physiques constituent une part importante de l’éducation. Il veut démocratiser le sport, l’introduire dans les écoles (l’éducation physique) mais ce n’est pas un projet facile à l’époque ! Il est sportif lui-même et passionné par l’Antiquité et voit l’olympisme comme une « philosophie de vie ». Universalité, excellence, paix et ouverture aux autres sont les mots clés de sa vision de l’olympisme. La fraternité entre les peuples et la paix sont le projet de ces nouveaux JO.
Il milite24 toute sa vie pour faire revivre les JO. En 1892, à la Sorbonne, la plus célèbre université française, il dit : « Il faut internationaliser le sport et il faut donc organiser les Jeux Olympiques. » Mais personne ne l’écoute. Pourtant, deux ans plus tard, en Suisse, le comité international qui va devenir le Comité International Olympique décide d’organiser les premiers jeux, en 1896, à Athènes, au stade de marbre, un stade antique au pied de l’Acropole (qui existe encore et est parfois appelé Panathénaïque). Un banquier grec qui vit en Egypte finance, comme mécène25, la restauration de ce monument historique : la vente de timbres et une subvention de l’Etat grec complètent son don. Le roi de Grèce assiste à l’ouverture, avec plus de 50 000 spectateurs. C’est un grand succès. Ces jeux relient le passé au présent, les jeux antiques ont pu renaître,
24. Combat.
25. Sponsor.
malgré des difficultés, et ils renaissent dans le même pays : c’est un retour aux origines.
Douze pays participent, soit 285 sportifs amateurs (et parmi eux beaucoup de touristes) qui s’affrontent dans onze épreuves dans les sports athlétiques, cinq en gymnastique, quatre en escrime et lutte, trois en tir, dix en sports nautiques, quatre en vélo, trois en tennis et cricket.
À cette occasion, le premier marathon a lieu. Michel Bréal, un spécialiste des langues anciennes, a suggéré cette idée à Pierre de Coubertin. Ce savant a une vision très moderne de l’éducation et dénonce l’absence d’éducation des filles.
C’est un berger26 grec, Spiridon Louys, qui gagne la course sous les acclamations de la foule, parcourant en 2 heures 58 minutes et 50 secondes, la distance entre la ville de Marathon et Athènes, 42.195 kilomètres.
Ce trajet est le parcours historique d’un soldat grec, Philippidès, qui court, en -490, pour annoncer la victoire d’une bataille dans la ville de Marathon. Arrivé à Athènes, il meurt d’épuisement. Le marathon moderne commémore cet exploit et Spiridon Louys devient un nouveau héros national.
L’Américain James Connolly, vainqueur27 du triple saut, est le premier champion olympique de l’ère moderne. Après Athènes, les jeux sont organisés dans des villes différentes partout dans le monde.
Pierre de Coubertin est président du C.I.O de 1896 jusqu’en 1924. Il vit alors en Suisse, assez pauvre et oublié et il y meurt en 1937. Il y est aussi enterré mais son cœur, selon sa volonté, est transporté dans un monument près du sanctuaire d’Olympie par le futur roi de Paul de Grèce
26. Qui garde des moutons.
27. Gagnant.
en 1938. Coubertin avait inauguré en 1927 ce monument de commémoration des JO et souhaitait laisser une trace française sur ce site alors fouillé 28par les Allemands.
Sa famille, par le biais d’une fondation, continue son travail et perpétue son souvenir. Des écoles et lycées français, des stades, portent son nom.
En 1915, le C.I.O s’installe en Suisse, à Lausanne, terrain neutre, qui devient capitale olympique en 1994. Aujourd’hui, 630 personnes y travaillent. Le bureau européen anti-dopage se trouve dans le même bâtiment. A Lausanne, on peut aussi visiter le musée olympique.
Quatre ans après Athènes, les deuxièmes JO modernes ont lieu à Paris mais ils ne remportent pas un grand succès car ils sont mal organisés. Il y a peu de public. Les Américains proposent d’organiser l’édition de 1904 à SaintLouis, mais à cause du prix du voyage, peu de sportifs peuvent se déplacer depuis l’Europe. Là aussi, le public est peu nombreux, sauf pendant les Anthropological Days où des « primitifs » sont présentés en spectacle. C’est lors de cette édition qu’apparaît le premier tricheur29 et le premier cas de dopage, c’est-à-dire la prise de substances chimiques visant à améliorer artificiellement la performance.
À Stockholm en 1912, Coubertin ajoute un programme culturel aux compétitions sportives : un concours d’architecture, de littérature, de peinture, de musique et de sculpture est proposé. Ces activités artistiques qui sont récompensées par des médailles existent jusqu’en 1948.
Les premiers jeux d’hiver se passent à Chamonix, en France, en 1924, avec l’ajout des sports d’hiver et de glace comme le patinage, le ski ou le hockey sur glace,
28. Objet d’un chantier archéologique.
29. Qui ne respecte pas les règles.
entre autres. Lors de la création de ces JO d’hiver 1924 et jusqu’en 1992, les jeux d’été et d’hiver sont organisés la même année, mais depuis 1994, jeux d’été et d’hiver sont décalés de deux ans.
Les jeux sont liés à la politique et à l’histoire : c’est pourquoi, en 1916, ils sont interrompus à cause de la première guerre mondiale, c’est la même chose en 1940 et 1944, pendant la seconde guerre mondiale. Jusqu’en 1928, les Allemands ne participent pas aux jeux. Ils sont de nouveau exclus jusqu’en 1952.
C’est en 1948 que « les jeux du renouveau », reviennent, à Londres, mais dans des conditions difficiles. De nombreux sportifs sont morts à la guerre, la ville est détruite et la nourriture peu abondante.
Après la seconde guerre mondiale commence la guerre froide, et les relations entre les deux blocs Est-Ouest du monde sont tendues, ce qui se reflète aussi dans le sport : en 1952, le Japon, l’U.R.S.S (absente depuis les années 20) et l’Allemagne (mais seulement la R.F.A, autrement dit l’Allemagne de l’Ouest) reviennent sur la scène à Helsinki. Mais les contacts entre les athlètes des pays de l’Est et de l’Ouest sont interdits et ils ne sont pas tous logés ensemble au village olympique.
En 1956, à Melbourne, sept pays refusent de venir et boycottent : la Chine, l’Egypte, l’Irak et le Liban et l’Espagne, les Pays-Bas et la Suisse, ces trois derniers pour protester contre l’invasion par l’U.R.S.S de la Hongrie.
Mais la Hongrie et l’U.R.S.S sont là et le match de waterpolo reste un moment sanglant de l’histoire des JO avec des blessés dans les deux camps et la police est appelée pour séparer les sportifs ! Sur 112 membres de l’équipe hongroise, seuls 44 rentrent dans leur pays.
Entre les deux Allemagnes, R.D.A et R.F.A ce n’est pas facile non plus car les athlètes partagent le même drapeau et le même uniforme alors que le pays est séparé en deux.
À Mexico en 1968, dix jours avant le début des jeux, une manifestation étudiante est sévèrement punie par la police qui tue plus de trois cents jeunes : malgré ce massacre, le président du C.I.O, bien que critiqué par Amnesty international, décide de maintenir les jeux, dans des conditions difficiles pour les athlètes à cause de l’altitude de la ville (2200 mètres) et dans une atmosphère lourde. L’Afrique du Sud n’est pas invitée à cause de la menace de boycott des autres pays car elle pratique l’apartheid, ségrégation raciale entre Noirs et Blancs.
1972 est la pire année des jeux, les plus sanglants30 de l’Histoire : en effet, à Munich, la prise d’otages d’Israéliens de la part d’un groupe palestinien fait seize morts. Le commando réclame la libération de 234 prisonniers politiques en Israël et cet épisode se termine en tragédie.
À Lake Placid, aux Etats-Unis, en 1980, lors des JO d’hiver, les sportifs sont placés sous la surveillance de 1500 policiers en uniforme, et ils sont logés… dans une future prison ! La même année, à Moscou, 58 pays (dont la Chine, les Etats-Unis, le Canada, l’Allemagne de l’ouest) refusent d’envoyer leurs athlètes dans un pays socialiste pour trois raisons : l’entrée des soldats soviétiques en Afghanistan un an avant, l’affaire Andreï Sakharov, et plus généralement le non-respect des droits de l’homme dans ce pays. Andreï Sakharov est l’inventeur de la bombe H et prix Nobel mais critique le régime : il est arrêté et déporté, enfermé de 1980 à 1986 et subit des mauvais traitements. Il fait
30. Tragiques.
plusieurs grèves de la faim31, écrit le livre de ses mémoires qui lui est confisqué par le KGB, et les récrit deux fois ! Les Français et les Britanniques ont quand même maintenu leur participation à cette édition des jeux.
C’est au tour de l’U.R.S.S de boycotter les jeux de Los Angeles 4 ans plus tard : 16 autres pays n’y participent pas, mais la Chine y assiste pour la première fois. Ces jeux ne coûtent rien à la ville, mais au contraire produisent 150 millions de dollars de bénéfice.
Après 40 ans de dictature militaire, la Corée du Sud organise les jeux à Séoul en 1988. On apprend que les athlètes nationaux ont été enfermés deux ans avant dans un camp militaire pour s’y entraîner. La Corée du Nord boycotte, mais 160 pays sont rassemblés soit 9500 participants. Ce sont les jeux qui réunissent le plus de monde depuis le début des JO. Vingt-trois sports sont représentés, avec de nouvelles disciplines en démonstration pour la première fois : taekwondo, base-ball, badminton, judo féminin et bowling.
Mais les JOP les plus étranges restent ceux de Tokyo 2020, reportés en 2021 à cause de la pandémie mondiale, sans public, sans fan-zone. Aucune sortie n’est autorisée pour les athlètes, ils ne peuvent avoir aucun contact avec la population, doivent faire des tests COVID quotidiens et le port du masque est obligatoire !
Les premiers Jeux Paralympiques ont lieu seulement en 1960. Mais auparavant, en 1948, dans un hôpital militaire anglais, à Stoke Mandeville, à 60 km de Londres, un médecin d’origine allemande, Sir Ludwig Guttmann, imagine pour la première fois des compétitions sportives
LECTURES CLE EN FRANÇAIS FACILE
EN ROUTE VERS LES JEUX DE PARIS
Véronique Bruez
À travers une série d’anecdotes captivantes et surprenantes sur l’esprit olympique, les cérémonies d’ouverture ou encore sur la flamme olympique, vous découvrirez l’histoire des jeux Olympiques et Paralympiques. Depuis leur création durant l’Antiquité jusqu’aux jeux de 2024 à Paris, vous apprendrez comment cet événement est devenu le plus grand rassemblement sportif mondial. Tous les moments clés sont détaillés.
GRANDS ADOS ET ADULTES
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ISBN 978-209-035879-7
1200 mots