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EDITO Ca y est, les élèves de la promotion OSE 2013 ont pu débuter leur mission professionnelle il y a quelques semaines, ils ne vous ont néanmoins pas oublié et ont concocté un numéro varié pour le mois d’avril ! En effet, de la place de l’énergie dans le conflit Ukraine-Russie, à l’indépendance énergétique de l’île écossaise d’Eigg, en passant par l’impact environnemental des technologies de l’information et de la communication ainsi que la relation d’interdépendance de l’eau et de l’énergie et ses éventuelles conséquences, l’inf’OSE de ce mois-ci vous réserve bien des surprises...
SE BRÈVES Une nouvelle guerre du gaz entre Moscou et Kiev P. 3 Une île autosuffisante en énergie P. 4
ARTICLE Les TIC : quels enjeux pour l’environnement ? P. 5
Bonne lecture ! ARTICLE La gestion de l’interdépendance Eau-Energie, défi majeur du XXIème siècle … P. 7 INTERVIEW P. 9 Thomas LOMBARDET Promo OSE 2001
LES AVENTURES DE BOB P. 11
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2 NEWS !
Solar Decathlon 2014 : Concevoir l’habitat de demain Le Solar Decathlon permet de mettre en compétition des universités et des grandes écoles du monde entier autour d’un défi « Concevoir et construire une maison solaire autonome en énergie ». Cet événement a lieu tous les deux ans aux Etats Unis, sur le site du National Mall à Washington, les années impaires, et en Europe toutes les années paires depuis 2010. L’Edition 2014 du Solar Decathlon Europe sera organisée pour la première fois en France, avec comme parrain le navigateur Michel Desjoyaux. Les prototypes qui seront présentés à Versailles du 28 juin au 14 juillet 2014, sont le fruit de deux ans de travail des équipes sélectionnées : les chercheurs, les industriels et le grand public pourront tester ces maisons solaires durant la compétition.
Le ministère de l’écologie en faveur de la transition énergétique La nouvelle ministre de l’Ecologie et de l’Energie, Ségolène Royal, a fait part, le 9 avril dernier, de son engagement dans le projet de loi de la transition énergétique. La rénovation thermique des bâtiments, les énergies renouvelables, les économies d’énergie, la mobilité propre en matière de transport et, enfin, l’économie circulaire sont les enjeux soulevés. Le Premier ministre Manuel Valls a également confirmé que la transition énergétique serait l’une de ses priorités et que l’objectif de limiter le nucléaire à 50 % de la production d’électricité d’ici à 2025 serait tenu.
La clôture des travaux du GIEC sur le réchauffement climatique
Les règles du mécanisme de capacité proposées par RTE
Les délégations des pays membres du GIEC (Groupe Intergouvernemental d’Experts sur le Climat) ont mis fin à une semaine de travaux qui ont permis d’aboutir à un nouveau rapport sur les problématiques liées au changement climatique. La synthèse publiée le dimanche 13 avril à Berlin affirme que la réduction des émissions de gaz à effet de serre de 40 à 70 % d’ici 2050 sera une nécessité. Le Giec estime qu’il faut agir vite et à grande échelle, en se détournant notamment des énergies fossiles les plus émettrices de CO2 comme le charbon et le pétrole.
Après un an de concertations menées avec les différents acteurs du système électrique, RTE a transmis, mercredi 9 avril 2014, une proposition de nouvelles règles d’organisation du marché de l’électricité en France incluant une définition du mécanisme de capacité. Ce nouveau dispositif a pour objectif de maintenir durablement la sécurité de l’alimentation électrique, particulièrement pendant les périodes de grand froid. La grande nouveauté réside dans l’obligation faite aux fournisseurs d’électricité de détenir des certificats délivrés par RTE prouvant qu’ils sont en mesure de couvrir la consommation de leurs clients pendant les périodes de pointe. Pour cette disponibilité, producteurs et opérateurs d’effacement seront désormais rémunérés. L’approbation de ces règles par la ministre en charge de l’Énergie et l’adoption des dispositions par la CRE constituent les prochaines étapes de la mise en place de ce mécanisme.
L’entrée des énergies renouvelables sur le marché
L’exécutif européen du mercredi 9 avril présente les nouvelles lignes directrices, relatives à la protection de l’environnement et à l’énergie. Joaquín Almunia, vice-président de la Commission chargée de la politique de concurrence affirme en ces mots : « L’heure est venue pour les énergies renouvelables Elsa BRUNET d’entrer sur le marché ». La réforme impose donc aux nouvelles installations renouvelables de Sources : vendre directement sur le marché www.presse.ademe.fr l’électricité produite. Par ailleurs, www.lesechos.fr celles-ci recevront une prime ou des certificats pour compléter leur rémunération et les plus petites installations pourront être soutenues différemment, y compris via des tarifs d’achat. Parallèlement, l’accès aux mécanismes de soutien public se fera au travers d’appels d’offres à partir du 1er janvier 2017.
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3 BRÈVES
Les brèves
Une nouvelle guerre du gaz entre Moscou et Kiev
Une nouvelle guerre du gaz a récemment éclaté entre Kiev et Moscou. Suite à l’annexion de la Crimée, la Russie a décidé d’annuler la réduction du prix du gaz accordée en 2010 aux ukrainiens. La Russie et L’Ukraine sont entrées en conflit depuis le renversement du régime pro-russe de Viktor Ianoukovitch, ex-président ukrainien. Cette
nouvelle crise a provoqué une hausse instantanée du prix du gaz, fourni directement à Kiev. Non seulement le prix du gaz a subi une augmentation de près de 80 %, mais Gazprom réclame par ailleurs 11,4 milliards de dollars à son voisin. En 72 heures, le prix est passé de 268 à 485 dollars pour une quantité de 1 000 m3. De ce fait, certains pays européens seraient susceptibles de s’inquiéter d’une éventuelle coupure. La dépendance énergétique de l’Europe, vis-à-vis des importations de gaz russe, l’influence fortement dans ses réactions. Le géant russe fournit actuellement le tiers des approvisionnements en gaz de l’Union Européenne, et près de 40 % passe par l’Ukraine. « Gazprom s’engage cependant à respecter ses engagements commerciaux avec l’Allemagne en termes de livraison de gaz, quelles que soient les tensions diplomatiques actuelles », a
affirmé le vice-président du groupe Alexandre Medvedev. Le responsable de Gazprom affirme même que « le gaz n’est pas une arme, c’est une marchandise ». De son côté, l’Ukraine a précautionneusement engagé des démarches auprès de ses voisins européens pour éviter la pénurie et ainsi continuer à se procurer du gaz. Trois pays de l’Union Européenne pourraient, selon M. Iatseniouk, répondre positivement à cette requête notamment la Hongrie, la Pologne, et la Slovaquie.
Caroline HENNES Sources : Les Echos www.planète-énergie.com Le Monde Le Quotidien
Réseau de pipelines en Ukraine
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4 BRÈVES Une île autosuffisante en énergie
Deux éoliennes de 6 kW installées sur l’île d’Eigg Source : http://en.wikipedia.org/wiki/File:Eigg_wind_turbines
L’actualité récente nous rappelle que les enjeux d’indépendance énergétique deviennent plus importants pour les pays importateurs d’énergies fossiles. Tirant partie de ce constat, la communauté de l’île d’Eigg a choisit de ne plus dépendre des énergies carbonées. Ainsi, en 1997, les soixante habitants de cette île ont décidé de racheter ce territoire écossais dans le but de construire une communauté plus respectueuse de l’environnement. Cette zone insulaire bénéficie de conditions favorables à
l’implantation d’énergies renouvelables. En effet, l’île est l’un des endroits les plus ensoleillés de Grande Bretagne et profite de bonnes conditions venteuses et pluviales en hiver. Grâce à un budget de 1,5 M£ financé par le biais de subventions et d’un emprunt, différentes infrastructures ont pu être mises en place : 3 barrages hydrauliques d’une puissance totale de 110 kW, 4 éoliennes de 6 kW chacune et 30 kW de panneaux photovoltaïques. Par ailleurs, dans le but de lisser la production de ces énergies
intermittentes et de l’adapter à la consommation, 96 batteries de 4V ont été installées. En parallèle, les habitants sont dans une démarche de limitation de leur consommation d’énergie au quotidien. Cela se traduit par l’utilisation de modes de transport doux, la mise en place de chauffages à bois et l’amélioration de l’isolation des bâtiments. Ce nouveau modèle d’autonomie énergétique est très intéressant pour les milieux insulaires où l’électricité est onéreuse et fortement carbonée. Cependant, l’indépendance énergétique ne peut évidement se faire sans un engagement de l’ensemble des citoyens visant à réduire leurs consommations énergétiques.
Julien MAGIN Sources : http://www.isleofeigg.net/ h t t p : / / w w w. r e p o r t e r r e . n e t / s p i p . php?article5500 http://www.consoglobe.com/ile-eiggile-100-autosuffisante-en-energie-cg
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5 ARTICLES Les articles Les TIC : quels enjeux pour l’environnement ? Issues des recherches des laboratoires scientifiques et des premières applications militaires, les technologies de l’information et de la communication, ou « TIC » se sont rapidement généralisées à l’ensemble des activités au point de constituer progressivement un secteur économique à part entière. Si les entreprises leaders de ce domaine sont généralement américaines, à l’instar de Google ou d’IBM, le secteur reste cependant mondialisé. En 2008 en France, 7,9 % de la valeur ajoutée du secteur marchand, et 6,3 % de l’emploi total des entreprises. La croissance du secteur est particulièrement visible à l’échelle du consommateur. En effet, en 2012, 87.6 % des ménages français étaient équipés en téléphones mobiles, 75.2 % en ordinateurs (contre 55 % en 2005), et 73 % avaient une connexion internet, 9 fois sur 10 à haut débit. La tendance est, suivant les revenus, au multi-équipement : en France, en 2007, les ménages possédaient en moyenne 1,8 téléviseur. En 2010, 28,7 % des foyers étaient équipés de deux ordinateurs ou plus. Le développement explosif de ce secteur de consommation n’est pas sans appeler quelques questions, en particulier en ce qui concerne ses répercussions environnementales. Certains acteurs avancent que les TIC pourraient offrir des solutions prometteuses pour une meilleure gestion environnementale en améliorant nos capacités à prédire et à suivre certains changements. Par exemple, à travers son programme d’appui stratégique en matière de TIC, la Commission européenne affirme que « les possibilités offertes par les TIC pour améliorer l’efficacité
énergétique sont largement admises », et « encourage une plus grande adoption des services basés sur des TIC innovantes ». Mais qu’en est-il vraiment de l’impact de ces nouvelles technologies ? L’ensemble des activités du secteur, qu’elles soient commerciales, industrielles ou de service, commence à soulever des questions de plus en plus nombreuses quant aux impacts environnementaux des TIC. Toutefois, ces préoccupations sont récentes. Les innovations multiples et la dynamique rapide des acteurs (émergence et disparition, instabilité des positions de leaderships) ne laissent que peu de temps et de moyens pour anticiper ce type de question transversale. En 2011, dans la 11ème édition de son rapport « Tendances des réformes dans les télécommunications », l’UTI (Union Télégraphique Internationale), institution spécialisée des Nations Unies pour les technologies de l’information et de la communication, se réjouissait de la forte croissance du secteur du mobile, et annonçait un nombre total d’abonnement au téléphone mobile supérieur à 5,3 milliards. Pour la première fois, ce rapport effleurait également le problème du changement climatique, sous l’angle des émissions de gaz à effet de serre (GES) du secteur. La question de la gestion des déchets engendrés par 97 % des portables qui ne sont pas recyclés n’y était
toutefois pas abordée. Or, le devenir des matériaux et des déchets générés par la fin de vie des produits des TIC constitue un problème majeur. Pour 2005, on estimait la quantité de déchets des TIC dans l’UE25 à 8 kg/personne/ an, soit 3,6 millions de tonnes. Là encore, il faut garder en tête qu’il ne s’agit que de déchets finaux, qui ne représentent environ que 2 % de la masse totale de déchets générés (les 98 % restant étant principalement à la charge des pays asiatiques qui se chargent de la production). Enfin, il convient de souligner la toxicité de certains déchets contenant du PVC ou des métaux lourds tels que le mercure ou le cadmium. Les impacts environnementaux générés par le développement accru des TIC comprennent également la consommation énergétique de ces équipements. En 2013 à l’échelle mondiale, celle-ci a été évaluée à 10 % de la production, soit une consommation comprise entre 1 200 et 1 800 TWh par an, ce qui représenterait les productions annuelles cumulées de l’Allemagne et du Japon. En termes d’émissions de GES, cela représente 9 % du total des émissions de CO2 de l’UE25. En regardant plus en détail à l’échelle de l’UE25, on s’aperçoit que les gros postes de consommation sont surtout les télévisions (40 %) et le matériel informatique (32 %).
Répartition des consommations énergétiques des TIC en France en 2008 en TWh
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6 ARTICLES En ce qui concerne la France, dont les taux d’équipements sont supérieurs à la moyenne européenne, la consommation électrique des TIC était évaluée en 2008 à 13,5 % de la consommation nationale (soit 5 % des émissions de GES du pays). Cette consommation est en augmentation soutenue à un rythme d’environ 10 % par an sur les dix dernières années, et la tendance devrait se prolonger, du moins, à court terme. Cette conjoncture paraît difficilement conciliable avec l’objectif de réduction de 20 % de la consommation énergétique française d’ici 2020… Toujours en 2008, les TIC participaient pour près de 20 % à la facture d’électricité des ménages (635 kWh/ménage/an), annulant complètement les gains d’efficacité obtenus sur les autres équipements domestiques (réfrigérateur, lavelinge, lave-vaisselle et éclairage). Comme nous venons de le voir, l’empreinte énergétique et environnementale actuelle des TIC est en réalité loin d’être négligeable. Les discours institutionnels reflètent pourtant un optimisme marqué quant à l’évolution des impacts du secteur des TIC, à l’image du rapport du CGEDD-CGTI (Conseil général de l’environnement et du développement durable Conseil général des Technologies de l’Information) « TIC et développement Durable » (2008) qui avançait que les TIC pourraient permettre une économie de 1 à 4 fois leurs propres émissions de GES. Toutefois, de tels chiffres restent difficilement vérifiables.
Pour répondre à la question de l’évolution de l’impact des TIC, il faut considérer trois grands types d’effets liés au développement de ces technologies (cf. Tableau). Si les effets de 1er ordre peuvent être appréhendés à travers la méthode des ACV, celle-ci reste lourde à mettre en œuvre, onéreuse, et surtout chronophage, ce qui la rend difficile à implémenter dans un secteur marqué par le déclassement rapide des produits. De plus, les conclusions de l’étude du BIO IS « Impact on the Energy Efficiency » sur les effets de 2nd et 3ème ordre (cf. Tableau) restent incertaines et conditionnelles. L’absence de cadre de discussion et d’analyse pour les effets de 2nd et 3ème ordre ne laisse la place, au lieu d’études rigoureuses, qu’à un discours prophétique. Citons l’exemple des nouveaux écrans LCD qui consomment 3 fois moins en usage que les écrans cathodiques de même dimension et des ordinateurs portables, en moyenne 6 fois moins énergivores que les fixes : en fait, leur utilisation n’a pas d’impact sur la consommation des ménages puisque ces derniers multiplient les équipements ainsi que le temps d’utilisation. Par ailleurs, la pénétration des produits dans la vie quotidienne, les évolutions technologiques qui déclassent les anciens produits (écrans plats LCD vs. CRT, etc.), le passage à des appareils mobiles (PC portables), l’obsolescence programmée, et l’insertion des TIC dans les produits les plus divers (voitures, vêtements, etc.) sont autant de facteurs qui devraient accroitre la production de ces
déchets de 3 à 5 % par an dans les années à venir. La question de l’impact des TIC apparait en fin de compte difficile à appréhender, dès lors que les TIC génèrent des impacts de différentes natures et parfois contradictoires. Au final, bien qu’un consensus politique semble se dessiner autour de l’idée que les TIC sont un élément de solution aux problématiques environnementales, celui-ci ne repose, en réalité, sur aucune conclusion « scientifique » solide. Plus inquiétant, la croyance généralisée dans les capacités d’innovations futures pour résoudre les problèmes environnementaux ne favorise pas une prise de conscience et reporte à plus tard la gestion des impacts néfastes des TIC sur l’environnement. La question de l’impact des TIC ne peut faire l’économie d’une approche globale, qui interroge le rôle que l’on entend donner à ces technologies dans la société, ce qui fait de cette question non plus un sujet exclusivement technique, mais également social et politique.
Capucine PLISSON Sources : BIO IS « Impacts of ICT on Energy efficiency », 2008 CGEDD-CGTI , « rapport TIC et Développement durable » , 2008 Rapport Ecotic, «Technologies numériques et crise environnementale : peut-on croire aux TIC vertes?», 2009 INSEE - Les technologies de l’information et de la communication, 2008 World Economic Forum - «Global Information Technology Report», 2013
Trois angles d’approche pour les impacts positifs et négatifs des TIC MASTÈRE SPÉCIALISÉ OPTIMISATION DES SYSTÈMES ÉNERGÉTIQUES - MINES PARISTECH - http://www-ose.cma.ensmp.fr/
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7 ARTICLES La gestion de l’interdépendance Eau-Energie, défi majeur du XXIème siècle … A la veille de la septième édition de la Journée mondiale de l’Eau, le 21 mars 2014, les Nations Unies ont décidé de publier leur cinquième rapport sur « La mise en valeur des ressources en eau », mettant en exergue leurs inquiétudes sur l’avenir de la ressource hydrique, et des pressions s’exerçant sur celle-ci, provoquées par la croissance économique mondiale Une fois n’est pas coutume, l’ONU a choisi de ne pas établir le traditionnel tableau des régions pauvres en eau de la planète, mais de se focaliser sur l’interdépendance eauénergie en annonçant « des défis majeurs », nécessaires à relever pour le « bien-être humain » et le développement (durable ou pas). L’eau et l’énergie sont deux ressources intrinsèquement liées « pour le meilleur et pour le pire » et des domaines fortement interdépendants affirment les Nations Unies dans leur rapport. En effet, rendre l’eau accessible nécessite la mise en œuvre de processus de pompage, de traitement et de distribution, autrement dit demande de l’énergie. Et inversement, pour fournir de l’énergie, il faut énormément d’eau, 600 milliards de m3 par an d’après l’AIE, soit
15 % du total des prélèvements d’eau du monde. Et cela ne devrait pas aller en s’arrangeant dans les années à venir : une hausse considérable des demandes mondiales en énergie et en eau est attendue, avec notamment pour cette dernière une augmentation de près 55% d’ici à 2050, principalement due aux pays en développement et aux grands émergents. Selon Richard Connor, principal rédacteur du rapport « la demande en énergie devrait croître de 70 % d’ici à vingt ans », on est dès lors en mesure de s’interroger sur les répercutions d’une telle hausse sur l’eau, sachant que 90 % de l’électricité produite dans le monde l’est grâce à l’eau. Même si à l’heure actuelle, l’agriculture est de loin l’activité la plus consommatrice en eau (70 % de la ressource), à comparer aux 20 % du secteur industriel (dont les trois quarts servent à produire de l’énergie), ce rapport tend à s’équilibrer comme aux Etats-Unis et dans certains pays du Nord, où l’eau utilisée pour faire fonctionner les centrales thermiques pèse autant, voire plus que celle captée par l’agriculture. De plus, cette tendance devrait s’accélérer
dans les années à venir, estime Richard Connor, car d’après lui, « on se dirige vers une production énergétique qui sera de plus en plus hydro-intensive ». De plus, il craint que « la réponse aux défis énergétiques se fasse au détriment des ressources en eau ». L’énergie peut être produite de différentes manières qui résultent chacune des contraintes et des impacts sur la ressource en eau. Ainsi, qu’il s’agisse d’extraire du charbon, du gaz, du pétrole ou d’irriguer des champs de maïs et colza destinés à être transformés en agrocarburants, ou bien encore de refroidir des centrales thermiques et nucléaires (qui fournissent 80 % de l’électricité mondiale), l’impact hydrique est non négligeable. La figure
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8 ARTICLES géothermie sont très variables, cela est dû à l’inclusion de technologies de refroidissement spécifiques alors que, en temps normal, les consommations d’eau sont infimes voire nulles pour les ENR. Néanmoins, malgré des progrès constants dans le développement des énergies renouvelables, l’évolution globale du bouquet énergétique mondial semble suivre une trajectoire fixée : celle de la dépendance visà-vis des combustibles fossiles …
ci-contre illustre le fait que l’extraction de combustible à un réel « coût » sur les ressources en eau à différentes échelles. Tout d’abord, on peut s’apercevoir que la culture des biocarburants, menée massivement depuis le début des années 2000, est très consommatrice en eau. L’exploitation du gaz de schiste et du pétrole requiert également d’importantes quantités d’eau tout comme, dans une moindre mesure, l’extraction du charbon. L’autre contrainte clé est l’utilisation de l’eau pour refroidir les centrales de production d’électricité comme en témoigne la figure ci-contre. Premièrement, on remarque que les technologies de refroidissement sont gourmandes en eau avec en moyenne 5000 litres prélevés par MWh. Même si les technologies de refroidissement en circuit ouvert prélèvent beaucoup d’eau, elles en consomment moins que les systèmes à tour de refroidissement. A noter ici que les besoins en eau pour la production d’électricité à partir de solaire à concentration (SAC) et de
Pour conclure, les auteurs du rapport estiment que « le risque de conflit entre les centrales énergétiques, les autres utilisateurs de ressources en eau et les défenseurs de l’environnement est croissant ». De plus, le fait que les décisions qui déterminent la manière dont les ressources en eau sont utilisées, proviennent de cercles politiques principalement préoccupés par la sécurité énergétique et le développement industriel, risque de nuire à celles-ci. Le défi majeur de la gouvernance du vingt et unième siècle est donc de réaliser au mieux la gestion de l’interdépendance de l’eau et de l’énergie, en commençant par placer la question de l’eau au cœur des processus de prise de décisions énergétiques, une tâche bien souvent difficile et oubliée … Nicolas GARCIA Sources : Double the benefits: clean energy also saves water, MIT News, 18/06/2012 Le boom de l’énergie menace les ressources en eau, Le Monde, 22/03/2014 La demande énergétique va peser de plus en plus sur les ressources en eau, Les Echos, 22/03/2014 Rapport mondial des Nations Unies sur la mise en valeur des ressources en eau 2014
Source : IAE MASTÈRE SPÉCIALISÉ OPTIMISATION DES SYSTÈMES ÉNERGÉTIQUES - MINES PARISTECH - http://www-ose.cma.ensmp.fr/
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9 INTERVIEW Interview Thomas Lombardet Responsable du Support Technique chez EDF EN Thomas Lombardet a intégré le mastère spécialisé OSE en 2001, à l’issue d’une formation d’ingénieur à l’Ecole Nationale Supérieure d’Ingénieurs de Génie Chimique. Après sa mission professionnelle effectuée à EDF sur le développement d’un outil de prédimensionnement d’installations de concentration par évaporation, Thomas Lombardet a intégré l’entreprise ENERIA, constructeur et exploitant d’unités de production d’énergie renouvelable, en tant qu’ingénieur dans l’éolien. Actuellement, il est responsable du support technique chez EDF Energies Nouvelles. Quelles furent vos motivations pour suivre le mastère spécialisé OSE ? Que vous a apporté cette formation ? J’ai intégré le mastère après une formation orientée en chimie présentant une importante dimension industrielle. A l’issue de mon cycle ingénieur, je n’étais pas satisfait des débouchés et des perspectives de carrière que m’offrait mon diplôme (chimie lourde, etc.). Ayant déjà un grand intérêt pour le secteur de l’énergie durant mes études, j’ai décidé de poursuivre dans cette voie, en m’inscrivant au mastère OSE. Le mastère OSE m’a beaucoup ouvert l’esprit, j’ai pu découvrir de nouvelles perspectives dans le secteur de l’énergie. De plus, cette formation m’a donné une réelle légitimité dans ce domaine, elle m’a permis d’intégrer l’entreprise ENERIA à l’issue du mastère où j’ai amorcé mon expérience dans l’éolien. Décrivez-nous votre poste actuel de chef du support technique chez EDF EN. J’occupe actuellement un poste de management, j’encadre une équipe d’une trentaine de personnes dont l’effectif est en hausse et devrait atteindre 40 personnes d’ici peu. En effet, EDF EN connait une croissance importante dû à son développement à l’international et
à sa diversification dans l’éolien offshore. Le support technique concentre l’expertise technique d’EDF EN à travers 5 pôles de compétences techniques (Génie Civil, Génie Electrique, …). En amont des projets, l’équipe apporte le bagage technique pour identifier les contraintes. En aval, elle réalise les études de conception qui sont ensuite transmises au département chargé de la construction. Nous faisons donc le lien entre le « conceptuel » d’un projet et le « concret » d’une construction.
La biomasse et le biogaz sont des énergies moins « nouvelles » et leur part dans l’activité d’EDF EN est plus anecdotique. En effet, nous ne trouvons pas toujours de cadre réglementaire ou économique propice au développement de ce type de projets. C’est ainsi que la biomasse est absente de notre portefeuille de projets en France, alors qu’elle se développe aux Etats-Unis.
EDF EN est présent dans différentes filières telles que l’éolien (onshore et offshore), la biomasse, ou encore le solaire. Quels sont les principales difficultés associées au développement de ce type d’énergie nouvelle ?
En termes de ressource ? En ce qui concerne la diversification géographique sur nos technologies classiques, nous recrutons des profils expérimentés ou junior que nous formons en interne. Nous faisons également appel à des compétences locales. Pour la diversification technologique (éolien offshore par exemple), nous recrutons des profils expérimentés sur des métiers spécifiques. Mon département compte un nombre significatif d’experts issus par exemple de l’Oil & Gas ou du Génie Civil « marin ».
Il faut préciser que la majeure partie de nos activités est relative à l’éolien et au photovoltaïque. Ce sont des filières « industrielles », bien maîtrisées chez EDF EN. Pour les filières encore plus « nouvelles », nous gérons des projets via notre direction « Nouvelles Technologies », en partenariat avec EDF R&D, des start-up, ou de grands industriels du secteur. C’est le cas par exemple pour l’éolien offshore flottant, qui s’annonce prometteur : nous avons noué un partenariat avec TECHNIP et NENUPHAR.
Comment EDF EN gère cette diversification ?
Comment se positionne EDF EN parmi la concurrence dans le secteur des ENR ? Quel est l’avantage principal d’appartenir au groupe EDF ?
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10 INTERVIEW EDF EN est un opérateur complètement intégré, ce qui lui permet de maîtriser la qualité du développement et de la réalisation de ses projets. Nous privilégions la qualité plus que la quantité d’actifs installés. Nous nous efforçons également de rester autonomes, de la prospection à l’exploitation/maintenance. Notre appartenance au groupe EDF est un atout, tant en termes de compétences que de capacités d’investissement.
récemment, l’instauration d’un permis unique (qui regrouperait permis de construire et autorisation ICPE), sont-elles suffisantes pour « booster » le secteur ?
EDF EN se positionne à l’international, quelles différences y-a-t-il dans la mise en place d’un projet en comparaison avec la France ? (Administratif, contraintes réglementaires…)
Quel type de saut technologique ou soutien pourrait promouvoir et accélérer le développement des filières éolien offshore et PV ?
De façon générale, à l’étranger le contexte est plus favorable pour le développement de projets d’énergie renouvelable. Les procédures administratives sont moins contraignantes et plus courtes. De plus, les régions du monde où nous sommes présents disposent de ressources solaires ou éoliennes de qualité, comme l’Amérique latine pour le gisement solaire. Que pensez-vous de la variation des tarifs d’achat de l’énergie photovoltaïque et éolienne ? Comment voyez-vous l’avenir ? Le photovoltaïque ne constitue pas la partie la plus importante de notre activité c’est pourquoi l’impact de la chute du tarif d’achat a été bien maîtrisé. Quant à l’éolien onshore, le tarif d’achat permet aujourd’hui de mener les projets à leur terme. Il est par ailleurs probable que le prix spot dépasse ce « feed-in tariff » à l’horizon de 10 ans. Continuons sur l’éolien : la première simplification des procédures en avril 2013 avec la suppression des Zones de Développement Éolien la modification de loi des 5 mâts passée à 3 mâts et, plus
Il est encore trop tôt pour l’évaluer. Si cette simplification a un réel impact, il ne devrait pas se faire sentir avant plusieurs années. C’est la stabilité du système qui est primordiale pour nous permettre d’avoir de la visibilité.
En ce qui concerne l’éolien en France, le niveau de saturation sur le réseau n’est pas encore atteint. Lorsque cela arrivera, le stockage de l’énergie (pour équilibrer le réseau) devra plutôt se faire au niveau des gestionnaires de réseaux plutôt qu’au niveau des parcs éoliens. Cela permettrait de mutualiser les coûts très importants que l’exploitant aurait du mal à assumer seul, et permettrait de bénéficier de l’effet de foisonnement et ainsi réduire la puissance de stockage installée et donc mieux intégrer les énergies renouvelables. Pour ce qui est du photovoltaïque en France, l’espace disponible et le gisement solaire sont relativement faibles surtout en comparaison avec certains pays d’Afrique. Quant à l’éolien offshore, il existe les mêmes contraintes d’intégration au réseau, bien qu’il soit moins intermittent que l’éolien onshore, et que ses facteurs de charge soient plus élevés. Cependant, les coûts restent élevés, notamment ceux liés aux ouvrages de génie civil et au raccordement. Il y a une véritable nécessité de passer par une phase de financement de quelques projets pour pouvoir faire mûrir la filière.
En termes d’énergie solaire, EDF EN se positionne sur l’Afrique du Nord, l’Inde, et l’Amérique latine. Quant à l’éolien, nous tendons à nous développer au Maroc, au Brésil, en Afrique du sud, en Europe de l’Est ou du Nord. Ce sont donc des zones aux typologies différentes. Dans certaines le gisement est modéré, mais il y une politique incitative très forte (« feed-in tariff »). D’autres présentent parfois un gisement si important qu’on peut vendre l’énergie sur le marché libre, tout en étant compétitif avec les énergies fossiles. Quels conseils pour un sortant du mastère spécialisé OSE ? Chercher dans le secteur des énergies renouvelables ! Plus sérieusement, le secteur de l’énergie offre de très belles perspectives en France mais aussi à l’étranger (d’ailleurs 80 % de notre CA se fait à l’international) ainsi que de très beaux challenges techniques et économiques.
Fabienne BREMOND Capucine PLISSON
Où est-ce que EDF EN tend à se développer le plus à l’international ?
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11 LES AVENTURES DE BOB
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La promotion 2013
Agenda
Evenement
Date
SOLAREXPO : Salon International de l’Energie Solaire Windpower 2014 : Conférence annuelle consacrée à l’énergie éolienne ADEME : Méthanisation, de nouvelles opportunités pour les territoires LumiBat 2014 : Salon international de l’éclairage intérieur Salon de l’environnement et du développement durable
Lieu
7 - 9 mai
Milan
5 - 8 mai 13 mai 20 - 22 mai 24 mai - 1 juin
Las Vegas Paris Lyon Bordeaux
Contacts :
Rédactrices en Chef Fabienne BREMOND & Capucine PLISSON
Contact infose@cma.mines-paristech.fr Téléphone 04 97 15 70 73 Mastère Spécialisé OSE Centre de Mathématiques Appliquées Mines ParisTech Rue Claude Daunesse - CS 10.207 06 904 SOPHIA ANTIPOLIS Cedex
Journalistes Tous les élèves du MS OSE
Sources photos
Maquettiste Jérôme HOUËL
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Rédaction :
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