AUROVILLE
la transmission d’une utopie
REMERCIEMENTS La réalisation de ce mémoire a été possible grâce au concours de plusieurs personnes à qui je voudrais témoigner toute ma gratitude. Je voudrais tout d'abord adresser ma reconnaissance à Madame Caroline MANIAQUE et Madame Camille BIDAUD, pour leur patience, leur disponibilité et leur judicieux conseils qui ont contribué à alimenter ma réflexion. Je voudrais remercier spécialement mes amis et ma famille qui m'ont apporté leur soutien moral et intellectuel tout au long de ma démarche ainsi que Inès SIRAJ pour son soutien inestimable. Enfin, je tiens à témoigner ma gratitude à Margaux GUILLOT pour nos échanges très enrichissants à propos d'Auroville ainsi que son accord pour utiliser ses photos réalisées lors de son voyage dans le cadre de ce mémoire.
image réalisée sur informatique à partir d’une photo de Varun Nambiar.
Matis Debruyne
Auroville
“L’utopie n’est pas l’irréalisable mais l’irréalisé. L’utopie d’hier peut devenir la réalité de demain.” Théodore Monod
Sommaire
Introduction I. Auroville, la création d’une utopie
p. 7
1. Origines et fonctionnement
p. 20
2. Les acteurs de l’utopie
p. 43
3. Une programmation urbaine complexe mais méthodique
p. 63
II. Auroville, la perception d’une utopie par les médias 1. Analyse de l’utopie par l’audiovisuel 2. Analyse de l’utopie par les médias français
p. 77 p. 116
III. Auroville, une architecture de l’utopie 1. Analyse de l’architecture d’Auroville par les médias
p. 145
2. Les architectes et les constructions de l’utopie
p. 153
Conclusion
p. 183
Bibliographie
p. 190
Iconographie
p. 194
Annexes
p. 202
Introduction
L'Utopie, ce terme qui effraie autant qu'il fait rêver a toujours suscité chez moi un intérêt particulier. Formé de « topos » qui signifie lieu et du préfixe « u » de sens privatif, la combinaison des deux signifie donc « sans lieu, en aucun lieu ». C'est ainsi que le théorise Thomas More1 dans son livre Utopia2 paru en 1516. Dans cet ouvrage, le philosophe retranscrit (dans la 2ème partie) le récit d'un marin portugais décrivant une île imaginaire nommée Utopie sur laquelle vit une société sans notion de propriété privée, où l'égalité des sexes règne et où chacun participe à la vie politique. C'est cette idée d'un ailleurs idéal, loin des conflits, plus égalitaire, plus juste qui au fil des siècles a fait germer des idées. Ces idées ont été mises sur papier et se sont transformées en théories avant de quelquefois se métamorphoser en pratique. Même si Thomas More n'y fait pas de référence directe dans son œuvre, l'architecture a un rôle clef dans l'utopie. Au cours de la propagation lente mais à succès de ce livre, des architectes tels que Etienne-Louis Boullée ou Claude-Nicolas Ledoux vont y entrevoir le moyen de faire un parallèle avec leur discipline. A l'aide de la notion de projet, ils dessineront ce que l’on appellera des fictions architecturales ; des architectures hors du monde réel incarnant des valeurs et des vertus. Au XIXème siècle, les problèmes sociaux, économiques et politiques dus à l'industrialisation vont faire naître chez certains architectes des idées utopistes traversant les frontières et le temps menant à des réalisations aux idées novatrices. C'est le cas notamment du Familistère de Guise 1 2
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1 (1478-1535) Philosophe et homme politique, il est un représentant de l’humanisme anglais et fût également chancelier d’Henri VIII. 2 MORE, Thomas, Utopia, Bruxelles : Aden, 2016 (1ère édition par Louvain : Dirk Martens, 1516). 128 p
Introduction
de Jean-Baptiste. André Godin grandement inspiré du concept de phalanstère élaboré par Charles Fourier. A la fin de ce même siècle, des théories et essais émergent abordant le sujet de l’architecture utopique notamment ceux d’Ebenezer Howard. Face à la paupérisation et au développement de plus en plus important des villes permis grâce à des inventions toujours plus performantes, il va théoriser la notion de « cités jardins » dans son œuvre « To-morrow : A peaceful path to real reform »3. Le concept théorisé est celui d’une ville qui s’oppose à la ville industrielle, polluée et incontrôlable. Ce concept va avoir un franc succès ce qui lui permettra de s’étendre outre-manche et bénéficier d’un écho important sur le continent européen qui va rapidement voir « fleurir » en son sein de nombreuses cités-jardins. C’est ce concept qui va, au cours du XXème siècle, stimuler des architectes tels que Pierro Portaluppi, Le Corbusier, Tony Garnier, Yona Friedman et autres groupes d’architectes et/ou artistes tels Archigram, Team X, Superstudio ou Archizoom. Inspirés par le concept de Howard, chacun se l’appropriera à sa manière afin de créer une oeuvre de papier ou construite novatrice, amenant un nouveau rapport à la ville au niveau social, politique, économique et architectural. Cependant, durant la deuxième moitié du XXème siècle, un projet sort du lot. Il s’agit d’Auroville, « la ville de l’Aurore »4, qui, grâce à son statut et à sa localisation va permettre à ses habitants de s’approcher des préceptes énoncés 450 ans auparavant par More. Située dans le sud-ouest de l’Inde, près de Pondichéry, 3 4
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Fig. 1 : Ville spatiale de Yona Friedman 3 HOWARD, Ebenezer, To-morrow : A peaceful path to real reform, Londres : Swan Sonnenschein & Co., 1898 4 Nommée d’après Sri Aurobindo, Auroville signifie littéralement « ville de l’aurore ».
Introduction
Auroville est une cité utopique proclamée en 1968 par Mirra Alfassa. Cette cité doit son nom au philosophe indien Sri Aurobindo (ou Aurobindo Ghose)5 dont l’oeuvre est une synthèse des pensées orientales et occidentales. A la différence de Chandigarh6 ou de Brasilia7, elle est construite par celles et ceux qui l’habitent, à Auroville, il ne s’agit pas simplement de construire la ville. Il est question de créer un homme nouveau en instaurant des nouveaux rapports entre les êtres qui ne soient plus de concurrence ou de force, le tout sous forme d’une expérience collective. Ce « lieu d’une vie communautaire universelle, où hommes et femmes apprendraient à vivre en paix, dans une parfaite harmonie, au-delà de toutes croyances, opinions politiques et nationalités » se veut également sans argent, sans police et sans loi. Lors de son imagination, les concepteurs voyaient cette ville être peuplée de 50 000 habitants dans les trente années qui suivraient sa création. Aujourd’hui, autrement dit plus de cinquante ans après, la ville ne compte que 2 500 habitants. Pour autant, cela en fait-il un échec ? Aborder le sujet de « la ville de l’Aurore » c’est se pencher sur plusieurs thèmes de recherche potentiels tels que : le fonctionnement économique d’une ville sans argent, la construction participative en Inde, la réception d’une ville utopique, la ville utopique et l’architecture utopique, son urbanisme, la mise en place et la ténacité de l’utopie, etc. Toutes ces thématiques initiées il y a plus d’un demi siècle à Auroville méritent d’être étudiées et sont encore porteuses de problématiques actuelles. Spectateurs oc5 6 7
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Fig. 2 : Proposition de Roger Anger pour l’organisation d’Auroville, 1967 5 (1872-1950) Philosophe, poète et spiritualiste, il fut un des leaders du mouvement pour l’indépendance de l’Inde. 6 Ville située au Nord de l’Inde, c’est une ville nouvelle construite en 1947 après l’indépendance de l’Inde selon le plan de Pierre Jeanneret (alias Le Corbusier) inspiré de celui d’Albert Mayer. Elle est divisée par une grille formant 59 secteurs de 800 c 1200 mètres de côté. 7 Capitale fédérale du Brésil, elle a été imaginée par Oscar Niemeyer, Lucio Costa et Roberto Burle Max et fût inauguré en 1960. C’est un projet urbain radical et moderniste avec un plan en forme d’avion aux ailes incurvées.
Introduction
casionnels, certains médias s’invitent de temps à autre à Auroville. Comment perçoivent-ils cette expérience unique et comment la retranscrivent-ils ? Ce n'est pas une tâche facile que de devoir transmettre à un lecteur ou un spectateur la dimension spirituelle et utopique d'Auroville. Cet ouvrage portera essentiellement sur la compréhension du fonctionnement de la cité, de ses répercussions au niveau architectural ou urbanistique et des rapports qu'entretiennent les médias avec Auroville. Tout cela au travers d'un corpus de deux films-documentaires riches en images, témoignages, informations et plus ou moins critiques ainsi que de nombreux articles de revues d'architecture ou non. Le premier film documentaire, Auroville8 de Maurice Dugowson9 est tourné en 1973 soit cinq ans après la proclamation de la ville par la Mère10. On y retrouve de nombreux intervenants majoritairement français ou européens qui participent tous à l'« expérience » communautaire et à la construction de la ville et qui répondent aux questions de Jean-Pierre Elkabbach11. Le second, Auroville, retour sur une utopie12 de Hélène Risser13 a été réalisé en 2008, soit 35 ans après le précédent. Basé sur le même format que l'oeuvre de Maurice Dugowson avec la surprise de retrouver des interviews d'habitants déjà présents, ce film nous permet de connaître et d'appréhender toutes les évolutions qui se sont opérées durant les dernières décennies. A la différence des travaux réalisés pour la collection Architectures de Arte14, ces deux documentaires ne se sont pas focalisés sur l’architecture d'Auroville mais sur la ville et toutes 8 9 10 11
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Fig. 3 : Couverture du documentaire « Auroville, retour sur une utopie» 8 (1971- ) 1H20 — 26,02,73 — Réalisateur : Maurice Dugowson/Jean-Pierre Elkabbach/ Nicole Avril — Producteur : INA — Antenne 2 9 (1938-1999) Réalisateur et scénariste français. 10 Surnom donné à Mirra Alfassa 11 (1937- ) Journaliste et éditorialiste français, il fut président d’Europe 1 de 2005 à 2008. 12 1H00 — 08-11-2008 — Réalisateur : Thomas Raguet/Hélène Risser — Producteur : INA, Public Sénat 13 (1971- ) Journaliste et romancière française, elle occupe le rôle de rédactrice en chef du pôle documentaire de Public Sénat. 14 Collection de 56 films portant sur des réalisations marquantes de l’architecture.
Introduction
ses facettes. Son fonctionnement et son architecture sont donc introduits par les protagonistes lors de leurs diverses interviews ou bien dans les choix de mise en place des plans de caméra. La difficulté de ces documentaires ayant pour sujet la ville de l'Aurore, autrement dit une ville en construction perpétuelle essentiellement si ce n'est intégralement tournée vers le spiritualisme, est qu'il s'agit de rendre compte des choses plus ou moins abstraites que sont la spiritualité et l'architecture au sein de l'utopie. L'objectif est que ces deux éléments bien que distincts se retrouvent pour faire profiter l'un de l'autre, à l'échelle d'un bâtiment mais aussi à plus grande échelle. En effet, la dimension urbanistique de la ville entre également en jeu. A l'image d'une ville utopique, Auroville disposait selon les plans initiaux d'un découpage permettant la création de grandes zones d'activités différenciées. Aujourd'hui, malgré le fait que les objectifs premiers de la cité n'aient pas été atteints, le schéma primaire et son zoning se sont adaptés aux circonstances. L'architecture joue-t-elle un rôle clef dans la mise en place de la spiritualité ? Il semblerait. Du moins, la volonté de travailler avec des architectes et notamment Roger Anger dès le début laisse présager que pour que le travail intérieur (psychologique) et extérieur (tâches, travaux communs) de chacun soit favorisé et sain, son environnement doit l’être également. Malgré son caractère unique, Auroville n’a visiblement pas fait l’objet d’études importantes. Peu d’ouvrages lui sont consacrés et la plupart traitent de l’aspect médita-
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Fig. 4 : Plan de Le Corbusier pour Chandigarh, 1951
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Introduction
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tif, spirituel, individuel plus que du projet architectural de grande échelle et de sa compréhension globale15. Cependant, on retrouve un certain nombre d'articles mentionnant le projet et le décrivant avec plus ou moins de profondeur et d'objectivité qui permettent de suivre au gré des différents journaux et journalistes l'avancement du projet. En effet, depuis le premier article à son propos en France en 196816 jusqu'en 201817, les textes sur le sujet étaient plutôt descriptifs, énonçant autant les bons aspects que les mauvais de l'évolution d'Auroville. Toutefois, passée cette date, les articles ont tendance à exprimer leurs points de vue (souvent négatifs) comme c'est le cas de l'article : « A Auroville, l'utopie s'est couchée 18» de Libération datant de août 2011.
Fig. 5 : Matrimandir en construction en 1986
Mon corpus se composant également de deux films-documentaires il me paraît judicieux et intéressant de travailler sur les moyens et procédés filmiques qui rendent compte de l'organisation, de la perception et du fonctionnement de la cité utopique d'Auroville. Pour chacun des deux films, j’envisage de récolter un maximum d’informations externes mais toutefois liées à chacun. Je prévois également de disséquer chacune des séquences des éléments du corpus selon un tableau pré-établi. Celui-ci permettra de les analyser de manière très méthodique et ainsi de comparer le premier objet de mon corpus avec le second. Ce sont leurs ressemblances et leurs différences qui me permettront de comprendre et de retranscrire les choix et méthodes qui ont été utilisés 15 16 17 18
18 L’article de Libération : VALLAEYS Béatrice, « A Auroville, l’utopie s’est couchée », in Libération, 16 août 2011
15 Des articles comme : FONTENOY, Stéphanie, « Auroville, en inde, pourrait-elle être la cité des possibles ? », in Grazia, 16 septembre 2018 WETS, Jean, « Le construction d’Auroville première « cité mondiale » ne suscite guère d’enthousiasme », in Le Monde, 17 avril 1968 16 L’article du Monde : WETS, Jean, « Le construction d’Auroville première « cité mondiale » ne suscite guère d’enthousiasme », in Le Monde, 17 avril 1968 17 L’article de Géo : La Rédaction, « Inde : 50 ans après sa fondation, qu’est devenue la cité utopique d’Auroville ? », in Géo, 8 Juin 2021
Introduction
dans le but de filmer à la fois l’utopie et le projet général d’Auroville. Dans un premier temps, nous analyserons Auroville factuellement en reprenant son histoire, ceux qui l'ont écrite en y participant et son urbanisme méthodique. Dans un second temps il s'agira de mettre en relation l'analyse brute précédente avec les articles. Un questionnement portera sur les méthodes journalistiques employées pour traiter la construction, la programmation, l'architecture, l'espace, l'urbain, de la vie mais également la spiritualité à Auroville.
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Fig. 6 : Salle de méditation au coeur du Matrimandir
Auroville, la création d’une utopie
Auroville est une cité universelle imaginée par Mirra Alfassa19 située à 10 km au nord de Pondichéry en Inde au sud dans l'état du Tamil Nadu. Avant d'être une ville, elle est un concept. Celui de réaliser l'unité humaine dans la diversité. Il « apparut » à Mirra Alfassa, que nous appellerons la Mère, vers 1930. Une cité idéale dont la Mère a toujours parlé comme d'un lieu déjà existant attendant son heure. Elle l'appelle « la ville dont la terre a besoin 20», « terre » au sens de la planète et de toutes les formes de vie et de conscience qui la peuplent. Pour remonter à l'origine d'Auroville, il faut remonter bien avant la fondation de la ville en 1968. Elle était là avant toute mention du nom, avant que la Mère fasse part de son « rêve », de sa « vision » à Surenranath Jauhar à l'ashram, avant son arrivée à Pondichéry et certainement même avant sa rencontre avec Sri Aurobindo. AUROVILLE APPARTIENT A L’HUMANITE Toutefois il y a débat, il existe des indications selon lesquelles les origines d'Auroville remontent à un passé lointain. La Mère lors de ses discussions aborde souvent l'idée d'incarnations antérieures dans l'Egypte antique. Or en Egypte antique se trouve « la ville de l'horizon 21», construite vers 1369-75 avant Jésus-Christ par Akhenaton. Dans cette ville, les anciens dieux de l'Egypte et leurs rituels élaborés ont été abolis au profit d'un culte du disque solaire. Le disque solaire est alors considéré comme le symbole des énergies vitales qui, contrairement aux anciens dieux n'a jamais été représenté sous une 19 20 21
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Fig. 7 : Matrimandir, Auroville, photo d’Isabelle Camus, 2019 19 (1878-1973) Française et compagne spirituelle de Sri Aurobindo 20 Aussi appellée Akhetaton ou Armana, ville d’Egypte antique au bord du Nil 21 (1371 - 1337 av. JC) Pharaon égyptien ayant régné de - 1355 à - 1337, père de Toutânkhamon
Auroville, la création d’une utopie
forme animale ou humaine. De la même manière qu'Auroville, Armana était dédiée au service de la vérité éternelle. De plus, de nombreuses personnes ont été frappées par la similitude entre la charte d’Auroville et une inscription découverte dans la ville d’Akhenaton : « Voici le lieu qui n’appartient à aucun prince, à aucun dieu. Personne ne le possède. C’est la place de tout le monde. La terre y trouvera de la joie. Les coeurs y seront heureux ». Plus de trois mille ans plus tard, le 7 février 1968, La Mère a défini la Charte d’Auroville en des termes étonnamment similaires lorsqu’elle a écrit: « Auroville n’appartient à personne en particulier. Auroville appartient à l’humanité dans son ensemble. Auroville veut être le pont entre le passé et le futur 22». Elle aurait même confié à un professeur de français de l’ashram qu’elle avait été la reine Tyi, mère d’Akhenaton. Elle explique alors l’échec de la tentative car elle était prématurée et l’esprit humain n’était pas encore prêt. Cette tentative devait toutefois être réitérée dans le futur. VIVRE EN CITOYENS DU MONDE Outre ces histoires quelques peu hors-normes, l’Agenda de Mère23 suggère que la vision d’Auroville n’est pas venue d’un seul coup mais qu’elle lui a été révélée petit à petit sur une période de temps. Il y est par exemple écrit : « Il devrait y avoir quelque part sur terre un endroit qu’aucune nation ne pourrait revendiquer comme sa propriété exclusive; un lieu où tous les êtres humains de bonne volonté, sincères dans leur aspiration, pourraient vivre librement en tant que citoyens du monde, obéissant à une seule autori22 23
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Fig. 8 : Reconstitution d’AkhetAton par Paul Docherty, 2019 22 Premier article de la charte d’Auroville 23 Livre écrit par Satprem, un proche de la Mère. Il recueillit ses paroles de 1951 à 1973 et en écrivit 13 tomes
Auroville, la création d’une utopie
té, celle de la Vérité suprême. 24» mais à ce moment-là, le temps de la réalisation n’était pas encore venu. Un document encore plus ancien, datant de 1953, mentionne une vision de la Mère d’une « zone internationale ». Une zone qui fera partie du programme urbanistique d’Auroville dès 1967. Il est écrit : « [...] les cultures des différentes régions de la terre seront représentées ici de manière à être accessibles à tous, non seulement intellectuellement dans les idées, les théories, les principes et les langues, mais aussi de manière vitale dans les habitudes et les coutumes, dans l’art sous toutes les formes […] et physiquement aussi à travers les paysages naturels, les vêtements, les jeux, les industries du sport et de l’alimentation. » UNE VILLE UNIVERSELLE Une sorte d’exposition mondiale doit être organisée dans laquelle tous les pays seront représentés de manière concrète et vivante - l’idéal est que chaque nation avec une culture bien définie ait un pavillon représentant cette culture, construit sur un modèle qui affiche la plupart les habitudes de ce pays; il exposera les produits les plus représentatifs de la nation, tant naturels que manufacturés, les produits qui expriment le mieux son génie intellectuel et artistique et ses tendances spirituelles. 25». Quelques années après avoir écrit ces lignes, elle fait sa première déclaration publique sur Auroville : « Auroville veut être une ville universelle où les hommes et les femmes de tous les pays peuvent vivre dans la paix et l’harmonie progressiste avant toutes les croyances, toutes 24 25
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Fig. 9 : Le représentant français versant de la terre provenant de la métropole dans l’urne prévue à cet effet, auteur inconnu, 1968 - Cérémonie d’inauguration 24 ENGINGER, Bernard, «Satprem», Agenda de la Mère, Lion-sur-Mer : Institut de recherches évolutives, 1978 25 ENGINGER, Bernard, Agenda de la Mère, Lion-sur-Mer : Institut de recherches évolutives, 1978
Auroville, la création d’une utopie
les politiques et toutes les nationalités. Le but d’Auroville est de réaliser l’unité humaine 26». C’est encore une fois l’idée de l’unité par la pluralité et l’équilibre des cultures et traditions du monde entier. Dès le début, lors de la cérémonie d’inauguration le 28 février 1968, l’universalité est de mise avec 121 nations et 23 états indiens représentés, déposant chacun une poignée de terre de ces pays dans une urne. Depuis ce jour, Auroville est reconnue comme la seule expérience soutenue à l’international sur l’unité humaine et la transformation de la conscience. UN LIEU D’EXPERIMENTATION C’est également un lieu actif de la recherche sur un mode de vie alternatif et durable et sur les différents besoins auxquels l’humanité fera face dans le futur, au niveau culturel, environnemental, social ou encore spirituel.Le jour de l’inauguration est aussi celui de l’annonce de la charte d’Auroville en quatre points. Elle englobe les buts d’Auroville. « Auroville n’appartient à personne en particulier. Auroville appartient à l’humanité dans son ensemble. Mais pour vivre à Auroville, il faut être un seviteur volontaire de la Conscience Divine. Auroville sera le lieu d’une éducation sans fin, d’un progrès constant et d’une jeunesse qui ne vieillit jamais. Auroville veut être le pont entre le passé et le futur. Profitant de toutes les découvertes du dehors et de l’intérieur, Auroville s’élancera hardiment vers de futures réalisations. Auroville sera un site de recherches matérielles et spirituelles pour une incarnation vivante d’une unité hu26
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Fig. 10 : La charte d’Auroville rédigée par la Mère, 1968 26 Déclaration publique de la Mère en 1965
Auroville, la création d’une utopie
maine réelle. 27». Dedans, alors qu’Auroville offre une nouvelle façon de vivre qui n’a jamais existé, elle ne demande rien aux futurs Aurovilliens. Elle ne leur demande pas d’être des philosophes, des yogis ou des saints, ni même d’avoir lu Sri Aurobindo. Elle leur donne beaucoup de libertés, ne leur impose aucune règle de conduite ni aucune croyance. Elle n’a besoin de personne en particulier sinon de « n’importe qui ». NI RELIGION NI LOI Mère a compris et assimilé ce que les volontaires qui venaient participer à l’expérience souhaitaient. Auroville sera en permanence en mouvement de par sa démographie et ses activités, personne ne peut prédire son avenir, il est donc difficile de lui donner des règlements. C’est donc l’absence de règlement qui régit Auroville. A Auroville donc, pas de loi, pas de religion, pas de police et pas d’argent ; telles sont les volontés de la Mère. La Mère souhaite donner le plus de libertés possibles aux Aurovilliens car il est plus facile de trouver son soi intérieur avec peu de contraintes extérieures. A Auroville, il ne s’agit pas de respecter des lois édictées mais d’obéir au Divin. C’est d’ailleurs le mode de vie et de pensée adopté par la Mère depuis un certain temps. Dès 1920, avant son arrivée à Pondichéry, elle avait déjà écrit : « Je n’obéis à aucun maître, aucun souverain, aucune loi, aucune convention sociale, mais au Divin 28». C’est un discours qui tend vers l’anarchie mais la Mère la qualifiera plus tard d’« anarchie divine 29». Pour cela, 27 28 29
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Fig 11 : Logo d’Auroville
27 Charte d’Auroville, rédigée et prononcée lors de l’inauguration le 28 février 1968 par la Mère 28 ALFASSA, Mirra, Paroles de la Mère, Pondichéry : Sri Aurobindo Ashram, 1990, p. 37
Auroville, la création d’une utopie
« il faut que les hommes prennent conscience de leur être psychique et spontanément s’organisent sans règles et sans lois fixes, c’est l’idéal. Pour cela, il faut être en contact avec son être psychique, que l’on soit dirigé par lui et que l’autorité et l’influence de l’ego disparaissent. 30». UNE VIE SPIRITUELLE SANS DIEU Mirra Alfassa a donc confiance en chacun des Aurovilliens et leur capacité à prendre conscience d’eux-mêmes et s’imposer leurs propres règles. Toutefois, elle n’exclut pas la possibilité qu’un jour des lois fassent leur apparition en fonction de l’évolution de la ville ; « Aucune règle ou loi n’est édictée. Les choses se formuleront d’elles-mêmes à mesure que la Vérité latente de la ville émergera et prendra forme peu à peu. Nous n’anticipons pas. 31». Selon la Mère, « la plupart des religions affirment l’existence d’un Dieu et les règles à suivre pour lui obéir, mais il y a aussi des religions sans Dieu, telles les organisations socio-politiques qui, au nom d’un Idéal ou de l’État, réclament le même droit à l’obéissance. 32». De la même manière que son refus d’instaurer des lois, elle refuse d’imposer une religion aux habitants. La religion est remplacée par la « vie spirituelle » considérée comme plus vraie, plus profonde, en somme, plus proche du Divin. Elle consiste à suivre la Vérité et à s’en approcher à sa propre manière. La Mère ajoute : « Mais chacun doit savoir que sa découverte est bonne pour lui seulement et qu’elle ne doit pas être imposée aux autres. 33» afin d’éviter toute déviance. L’idée est de remplacer l’exclusivisme par la la foi de la 30 31 32 33
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Fig. 12 : L’étang du Lotus à l’intérieur du Matrimandir 29 ALFASSA, Mirra, Paroles de la Mère, Pondichéry : Sri Aurobindo Ashram, 1990, p. 240 30 ALFASSA, Mirra, Paroles de la Mère, Pondichéry : Sri Aurobindo Ashram, 1990, p. 240 31 ALFASSA, Mirra, Paroles de la Mère, Pondichéry : Sri Aurobindo Ashram, 1990, p. 286 32 ALFASSA, Mirra, Paroles de la Mère, Pondichéry : Sri Aurobindo Ashram, 1990, p. 224 33 ALFASSA, Mirra, Paroles de la Mère, Pondichéry : Sri Aurobindo Ashram, 1990, p. 225
Auroville, la création d’une utopie
Connaissance. Malgré tout, les religions font partie intégrante de l’Histoire et de certaines cultures. C’est pour cette raison qu’elles seront étudiées, non pas pour savoir à laquelle adhérer mais bien pour essayer de comprendre le processus de développement de la conscience humaine. UNE ARMEE DE SAUVETEURS Un autre précepte d’Auroville est l’absence de police. Auroville ne posséde pas de loi, il paraît donc logique que les forces de l’ordre ne soient pas représentées et qu’il n’y ait pas de prison. Malgré tout, le premier rôle de la police est d’aider ses concitoyens. La Mère opte donc pour une « armée de sauveteurs 34» qui ira de quartiers en quartiers pour voir si on a besoin d’elle. La probable raison de ce changement de nom est le fait que les forces de l’ordre peuvent faire usage de la violence. A ce propos, la Mère indique que « chaque acte de violence est un pas en arrière sur le chemin qui mène vers le but auquel nous aspirons. », la violence n’est donc pas tolérée à Auroville. Enfin, à Auroville, le rapport à l’argent est différent. En 1965, lors d’une interview35, quelqu’un lui demande s’il y aura une circulation d’argent à Auroville. Ce à quoi elle répond : « Non. C’est seulement avec le dehors qu’Auroville aura des relations d’argent. 36». Elle souligne également que « L’argent ne donne pas le bonheur. »37 ce qui explique pourquoi elle souhaite s’en défaire. Elle critique par la même occasion le système capitaliste où l’argent sert à rapporter encore plus d’argent. 34 35 36 37
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Fig. 13 : Evènement dans l’amphithéâtre d’Auroville, près du matrimandir 34 ALFASSA, Mirra, Paroles de la Mère, Pondichéry : Sri Aurobindo Ashram, 1990, p. 285 35 Impossible de savoir qui était son interlocuteur. Toutefois on sait que cette réponse date de 1965 36 ALFASSA, Mirra, Paroles de la Mère, Pondichéry : Sri Aurobindo Ashram, 1990, p. 205 37 ALFASSA, Mirra, Paroles de la Mère, Pondichéry : Sri Aurobindo Ashram, 1990, p. 187
Auroville, la création d’une utopie
L’ARGENT POUR SERVIR LA COMMUNAUTE Selon la Mère, « l’argent est fait pour augmenter la richesse, la prospérité et la productivité d’un groupe, d’un pays, ou, mieux, de la terre entière. L’argent est un moyen, une force, une puissance, et non un but en soi. Et comme toutes les forces et toutes les puissances, c’est par le mouvement et la circulation qu’il croît et augmente son pouvoir, non par l’accumulation et la stagnation. ». L’argent devrait être utilisé non pas à des fins individuelles mais à des fins communautaires, du moins à Auroville. S’il n’y a plus d’argent, la valeur individuelle devient plus importante que le statut social ou la richesse matérielle et « le travail n’y serait pas le moyen de gagner sa vie, mais le moyen de s’exprimer et de développer ses capacités et ses possibilités, tout en rendant service à l’ensemble du groupe qui, de son côté, pourvoirait aux besoins de l’existence et au cadre d’action de chacun. 38». C’est le cas dans la ville de l’Aurore, chacun contribue au bien-être collectif en travaillant y compris les industries qui vont soit produire des articles utiles à la population soit verser une partie de leurs revenus à la ville. Ce dernier point déroge déjà aux paroles de la Mère évoquées plus tôt sur la non circulation en interne d’argent à Auroville. Il n’y a pas d’impôts, la plupart des services sont gratuits mais Auroville n’est pas encore auto-suffisante alimentairement parlant. Chaque habitant reçoit une somme de 8000 roupies (100 euros) par mois. Il peut bien entendu le dépenser de la façon dont il le veut. La plupart des habitants choisissent tout de même de reverser une partie de cette somme à l’épicerie qui fonctionne 38
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Fig. 14 : Capture de Jean Pougault, pionnier d’Auroville dans le documentaire Auroville de Maurice Dugawson en 1973, min 3 38 ALFASSA, Mirra, Paroles de la Mère, Pondichéry : Sri Aurobindo Ashram, 1990, p. 205
Auroville, la création d’une utopie
sous forme de coopérative. Le but est qu’à terme la cité puisse subsister par ses propres moyens et soit autonome. ECO-SYSTEME GEANT Et cet objectif ne date pas d’aujourd’hui, il fait partie des souhaits de la Mère depuis ses prémices. Les premiers Auroviliens ont rejoint la cité, en réponse à une promesse. Cette promesse était qu’ensemble, ils construiraient les outils pour un nouveau type d’infrastructure sociale, un nouveau type de vie. Ce sont les pionniers qui ont créé Auroville et son fonctionnement. Son fonctionnement au début était surtout tourné vers la construction. Il y avait beaucoup de travail manuel. Il fallait construire les bâtiments publics en priorité, l’école, les fondations du matrimandir, les centres culturels et entamer la plantation d’une forêt. Les nouveaux arrivants de l’époque, jeunes ou âgés, devaient mettre la main à la pâte et travailler en équipe. Ils construisirent des maisons quelques temps après leur arrivée, en attendant ils vivaient dans des abris de fortune qu’ils avaient montés. Leur dur labeur a permis à Auroville de se doter de routes, des systèmes d’eau, de nourriture et d’un cadre pour la nouvelle société à venir. Les derniers arrivants, ceux du XXIème siècle par exemple, n’arrivent pas à Auroville dans les mêmes conditions. Auroville est viable et vivable, il y a tout le nécessaire pour participer à l’« Expérience » dans de bonnes conditions. Toutefois, il existe aujourd’hui quelques exigences et étapes à passer pour devenir Aurovillien même si « Auroville appartient à l’Humanité tout entière 39». Le nouvel arri39
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Fig. 15 : Photo des premiers travaux du Matrimandir, 1970 39 Premier article de la charte d’Auroville
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vant doit apporter suffisamment d’argent pour construire ou adhérer à un logement collectif. Il ne doit pas s’attendre à « maison libre, terre libre ». Il doit également subvenir à ses propres besoins pour une période d’un an, période durant laquelle il travaillera bénévolement. Enfin il doit s’intégrer à la communauté et faire preuve de son engagement afin de passer l’évaluation pour devenir « officiellement » un Aurovillien40. Ainsi, Auroville est une sorte d’éco-système géant dans lequel existe un travail collaboratif avec gens qui travaillent dur, qui choisissent la paix, le calme, et qui appliquent leur esprit et leur énergie à essayer de faire fonctionner le système. LE TRAVAIL AU CENTRE DE LA VIE Dans la cité de l’Aurore, lorsque l’on est Aurovillien, tout devient possible. A l’intérieur du « laboratoire humain évolutif 41», il existe un grand potentiel d’expériences à mettre en œuvre. Le « Pour Tous Distribution Center » est un bon exemple d’une expérience réussie. Il gère aujourd’hui tout un système de distribution alimentaire collaboratif pour Auroville. Il propose notamment les aliments cultivés dans les fermes d’Auroville et dans les fermes bio de la région soutenues par Auroville. Des industries ont également fait le choix de s’implanter à Auroville en plus de celles fondées par des Aurovilliens. Celles-ci partagent les valeurs et intentions d’Auroville et souhaitent par un moyen ou un autre y participer. Pour ces entreprises, elles doivent reverser 33% de leurs bénéfices à la communauté. Elles « emploient » des Aurovilliens et parfois des gens venant 40 41
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Fig. 16 : Photo de jeunes travailleurs dans une ferme d’Auroville 40 Aurovillien est un statut 41 Sur le site www.auroville.org : « Auroville fête ses 50 ans en 2018 ! »
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de l’extérieur, de Pondichéry par exemple. Dans la ville, le travail est toujours au cœur de la vie, la ville est loin d’être finie et il faut s’occuper de tout ce qui a déjà été construit. UN CITOYEN, UNE VOIX C’est pour cette raison que chaque Aurovillien doit travailler au moins 5 heures par jour, le travail est bénéfique à la communauté et à chacun. Comme vu précédemment, en respectant les 5 heures de travail quotidiennes, la ville assure un mélange de services gratuits, d’argent et de « droits » suffisants pour joindre les deux bouts. Avec un tel fonctionnement, la communauté n’échappe pas à ceux qui prennent mais ne donnent rien42. Plus elle s’élargira, plus il y en aura. Ces gens ne véhiculent pas les valeurs fondamentales d’Auroville et pour cela, la communauté possède le droit de les réprimander. Cela peut aller jusqu’à la suppression de l’accès à la nourriture, au logement, aux services et à l’éducation voire même la suppression du statut d’Aurovillien. La question se pose également pour les pionniers ou Aurovilliens de longue date qui viennent vivre à Auroville trois mois par an pendant la période fraîche et qui ne participent plus à l’effort de la communauté. La communauté s’interroge donc sur la contradiction entre leur bonne volonté et leurs promesses de jadis et leur comportement de touristes. Quoi qu’il en soit, à chaque décision prise à Auroville, c’est toute la communauté qui vote, faute d’un meilleur système. Certains préfèreraient un consensus de style Quaker43 ce qui se rapprocherait plus de l’ « anarchie divine » dont la Mère avait 42 43
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Fig. 17 : Photo d’un bouclier d’or qui couvre le Matrimandir, photo de JeanClaude Caron 42 Aussi appelés «Free riders» 43 Le modèle quaker est destiné à permettre d’entendre les voix individuelles tout en fournissant un mécanisme pour traiter les désaccords.
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parlé lorsqu’elle avait fait part de ses intentions. Toutefois, cette méthode de « gouvernance » fonctionne et perdure. Auroville, de par son ampleur et sa singularité, a nécessité l’investissement moral, financier et physique énorme de la part de ceux qui y ont participé. Parmi ces acteurs on retrouve des personnalités émergentes et des « groupes » de personnalités. Ces groupes sont différenciables selon leurs rôles et leurs statuts au sein de la ville. Ci-dessous je présente succinctement deux des protagonistes fondateurs d’Auroville. SRI AUROBINDO GHOSE Malgré son décès près de 20 ans avant la proclamation d’Auroville, Sri Aurobindo fait complètement partie des initiateurs de ce projet d’envergure. En effet, avant d’être connu pour ses poèmes et ses essais, Sri Aurobindo était l’une des figures de la lutte pour l’indépendance de l’Inde. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il sera emprisonné en 190844. Durant son incarcération, il en profite pour vivre une série d’expériences spirituelles sur lesquelles il écrivit. A sa sortie, il fuit les Anglais et finit par se réfugier dans une ville qui vit sous une autorité différente, Pondichéry, alors sous gouvernance française. C’est là-bas qu’il fera la rencontre de Mirra Alfassa, alias « la Mère ». Selon lui, l’homme d’aujourd’hui n’est pas à la finalité de son évolution, il devra être dépassé. Il introduit l’idée de l’homme supra-mental, un homme qui aurait atteint un nouveau stade de l’évolution à travers une nouvelle technique de yoga transcendantale. Son travail de réflexion et ses écrits ont 44
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Fig. 18 : Photo de Sri Aurobindo dans son ashram 44 Il y restera jusqu’en 1909 avant ‘être libéré
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déjà fait par ailleurs l’objet de nombreuses recherches et textes, je ne m’étendrai donc pas beaucoup sur ce thème. Le nom d’Auroville est inspiré de son nom de famille mais est également tiré de l’évocation de « la ville de l’Aurore » traduisant la volonté de donner à cette ville un nouvel horizon pour l’Humanité tout entière. C’est sa compagne spirituelle, Mirra Alfassa qui choisit le nom en 1964.
Fig. 19 : Photo de la Mère sur son balcon lors du « dashran »
MIRRA ALFASSA ou «La Mère» Mirra Alfassa était une Française d’origine turco-égyptienne née en 1878 à Paris. Peintre impressionniste passionnée de spiritualité orientale, elle pratique le yoga et voyage à travers l’Orient et le Maghreb. C’est lors d’un voyage à Pondichéry en 1914 qu’elle rencontre Sri Aurobindo. Elle le reconnaît immédiatement comme son mentor, un mentor qu’elle dit avoir déjà aperçu au cours de ses « visions 45». A partir de ce moment, il devint son gourou46 et sait qu’elle travaillera avec lui dans un futur proche. Elle retourne en France au moment de la première guerre mondiale mais dès 1920, elle retourne à Pondichéry. C’est à ce moment là que Sri Aurobindo reconnaît en elle les traits de la « Mère suprême 47». En 1926, celle qu’on appellera désormais la Mère décide de fonder l’Ashram, après avoir constaté que le nombre de fidèles entourant Sri Aurobindo augmenter rapidement. A la disparition de son « alter ego 48» en 1950, elle crée le Centre International d’éducation Sri Aurobindo pour fournir un nouveau type d’éducation à la jeunesse indienne. Enfin, en 1968, elle fonde « Auroville » qu’elle veut comme un labora45 46 47 48
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45 Episodes spirituels au cours desquels son esprit lui transmet des informations 46 Maître spirituel hindou, autour de qui sont groupés des disciples, Larousse 47 Femme considérée comme un être divin
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toire de nouvelles formes de vie collective et individuelle. Une ville et même un canton pour mettre en pratique les œuvres et les visions de Sri Aurobindo et de la Mère. L’objectif est de préparer la voie vers un avenir meilleur pour tous les Hommes : « L’humanité n’est pas le dernier échelon de la création terrestre. L’évolution continue et l’homme sera dépassé. Il appartient à chaque individu de savoir s’il souhaite participer à l’avènement de cette nouvelle espèce. 49». Mère resta ensuite la majeure partie de son temps chez elle, dans son appartement à Pondichéry, recevant quotidiennement des fidèles. De la même manière que Aurobindo Ghose était devenu son gourou, elle est devenue le gourou de substitution des fidèles de Sri Aurobindo et des nouveaux arrivants qui continuaient d’affluer. Quatre fois par an, elle sortait sur sa terrasse pour la cérémonie du « darshan 50» devant plusieurs centaines/ milliers de fidèles. Jusqu’à sa mort en 1973, elle continua de travailler sur un mode de conscience au-delà du mental, le « supramental » et se consacra à l’ashram et à Auroville. Pour mettre à exécution le projet d’Auroville, elle avait besoin d’un architecte. Elle sut immédiatement qu’elle devait faire appel à Roger Anger, un architecte français. ROGER ANGER A cette époque, Roger Anger (1923-2008) est déjà un architecte renommé en charge de nombreux projets. Diplômé de l’école des Beaux-Arts de Paris51, il avait déjà exécuté plus d’une cinquantaine de projets de grande échelle. Il appartenait à la tendance avant-gardiste qui bouillonnait à Paris vers le milieu des années 50. Il est notamment 49 50 51
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Fig. 20 : Photo de Roger Anger (le seul portant une chemise sombre) lors d’une réunion 49 C’est ainsi qu’elle appelait Sri Aurobindo 50 « Darshan » signifie « regard » en français 51 Diplôme reçu en 1947
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réputé pour son style significatif qui avait sa propre unicité et son caractère distinctif. Le travail de Anger portait surtout sur des éléments de l’art ornemental moderne et abstrait. À quarante-cinq ans, il était une figure de proue du monde de l’architecture moderne. Le point culminant, le plus spectaculaire de son travail a été « L’Ile Verte, Grenoble 52» en 1967. C’est alors le plus haut immeuble d’habitation habité d’Europe. Il reçoit d’ailleurs le Premier Prix International d’Architecture de Bruxelles la même année grâce à ce projet. Il est publié dans diverses revues53 qui qualifieront son architecture de « simple dans la conception mais complexe dans le traitement 54». Il voyagera à travers le monde et ira une première fois en Inde pour visiter Chandigarh dont la conception et le modèle architectural le décevront. Il n’y trouve pas son compte en terme d’esthétique et de sensibilité. Toutefois, on peut supposer que ce voyage aura été formateur ou du moins utile lorsqu’en 1965, Mirra Alfassa lui envoie une lettre pour lui proposer d’être l’architecte en chef d’une future ville expérimentale. C’est une demande qu’il accepte, sans surprise pour la Mère qui savait qu’il serait « l’homme du projet ». Ce à quoi elle ajoutera quelques années plus tard : « Ils (les étudiants) veulent aller aux États-Unis pour étudier l’architecture, alors que le plus grand architecte du monde est ici ». C’est un commentaire de la Mère lorsqu’un étudiant de l’Ashram Center of Education lui écrit qu’il veut aller aux États-Unis pour étudier l’architecture. En 1966, Anger est nommé architecte en chef d’Auroville. Avec Pierre Braslawski55 et Mario Heymann56, il développe 52 53 54 55
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Fig. 21 : Photo de deux des trois tours de l’Ile verte 52 Trois tours d’habitations qui façonnent le paysage grenoblois. Elles sont aujourd’hui classées au patrimoine du XXème siècle 53 Notamment à plusieurs reprises dans « L’Architecture d’aujourd’hui » dès 1957 54 Revue originelle non retrouvée 55 (?-?) Architecte, ami et collaborateur de Roger Anger 56 (1930-2007) Autre architecte, ami et collaborateur de Roger Anger
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un concept pour la ville. Ses premières maisons et écoles ont fait preuve d’une innovation exemplaire à différents niveaux. Les architectes et les aspirants qui ont été absorbés par le bureau d’Anger, plus tôt à Pondichéry et plus tard à Auroville, se souviennent de la forte concentration d’énergie créatrice et de travail collectif des débuts quand l’excitation pour ce projet idéaliste était encore fraîche. Il a produit des propositions pour d’autres villes : Salem57, Kudremukh58 et Faridabad59. Son dernier projet, le Matrimandir, est un bâtiment très complexe qui matérialise l’âme d’Auroville. La Mère avait dit que la première tâche était d’accomplir le Matrimandir, et qu’une fois cela fait, elle ferait le reste. La tâche que la Mère avait confiée à l’architecte pour Auroville resta pendant des décennies et des décennies tout au long de sa vie l’occupation souveraine. Il a essayé d’accomplir cette tâche en tant qu’instrument de Sri Aurobindo et de la Mère. Comme tous les aventuriers qui se sont efforcés de participer à une nouvelle expérience aux dimensions universelles ou les visionnaires, il a du affronter d’énormes difficultés, internes et externes. A la mort de la Mère, son client, Auroville s’est plongé dans une lutte d’organisation collective et de prise de décision. Le rôle et l’autorité de Anger ont été sans cesse remis en question par les résidents qui s’étaient confortablement installés dans une colonie à croissance organique, initialement conçue et inaugurée comme une ville planifiée. De 1978 à 1985, Roger Anger s’éloigne du projet Auroville, avec un sentiment de désespoir et de paralysie, mais revient lorsque les conditions semblent plus favorables. « J’essaie de sauver ce qui peut encore être sauvé » dit-il. Roger Anger 57 58
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Fig. 22 : Photo d’une maquette réalisée pour la proposition du projet du Matrimandir 57 Ville moyenne de l’état du Tamil Nadu en Inde, située à l’ouest de Pondichéry dans les terres 58 Parc national situé au sud ouest de l’Inde à l’ouest de Bangalore, désormais classé au partimoine mondial 59 Ville de taille moyenne en périphérie de New Delhi
Auroville, la création d’une utopie
était membre du conseil d’administration d’Auroville. Sa responsabilité était d’assurer la forme urbaine d’Auroville et ses derniers efforts ont tourné autour de la création d’une structure de gouvernance adaptée qui favoriserait le développement d’une ville plutôt que d’une ville à court terme adaptée aux activités quotidiennes d’une poignée de personnes. Durant les quarante années pendant lesquelles il travailla pour Auroville, il ne construisit plus en France et ne prit pas d’honoraire. Tout le long de son séjour à Auroville et notamment après le décès de la Mère, il y eut des discussions internes entre Aurovilliens mais également avec un autre type d’interlocuteur, l’Etat indien. Lors de la disparition de la Mère en 1973, celle-ci laisse derrière elle Auroville et sa communauté naissante, l’ashram60 de Sri Aurobindo et la Sri Aurobindo society61. Débute alors une crise de succession entre les adeptes de l’ashram et les habitants d’Auroville qui va nécessiter l’intervention de l’Etat indien. De 1980 à 1988, l’Etat travaillera sur la Auroville Foundation Act, une loi qui introduit la protection d’Auroville et de son projet urbain international par l’Etat indien. Auroville dispose donc d’un statut unique dans le pays. Le gouvernement y envoie alors un représentant qui y réside et choisit sept membres, parmi les participants au projet, du conseil d’administration. Ce conseil d’administration possède tous les pouvoirs et est l’instance la plus haute d’Auroville. Enfin, la fondation d’Auroville est subventionnée par l’Etat indien et est aidée par son parrain, l’UNESCO62. L’UNESCO fut rapidement mise au courant de la volonté 60 61 62
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Fig. 23 : Photo de la directrice de l’UNESCO lors de sa visite en 2010 60 Ermitage destiné aux exercices spirituels et où le gourou vit avec ses disciples 61 Société créée par la Mère en 1960. C’est désormais une organisation internationale 62 Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture, son rôle est de contribuer au maintien de la paix et de la sécurité dans le monde
Auroville, la création d’une utopie
de la Mère de fonder Auroville. En effet, selon les archives consultables sur internet63. On découvre que dès 1960, les deux protagonistes sont déjà en relation. La Mère nomme d’ailleurs dès 1966 une secrétaire en charge de la section UNESCO. Elle sait qu’elle aura besoin d’un financement extérieur du moins pour pouvoir lancer les premières phases de construction du projet. C’est l’une des raisons pour lesquelles elle s’est tournée vers cette organisation. Son influence internationale lui permettrait de récolter une partie des fonds nécessaires. Depuis 1966, l’UNESCO a accordé cinq résolutions à Auroville. Les quatre premières assemblées génerales de 1966, 1968, 1970 et 1983 voteront à l’unanimité le soutien à Auroville : « Les Etats membres et les organisations non gouvernementales internationales doivent participer au développement d’Auroville en tant que ville culturelle internationale conçue pour rassembler les valeurs de différentes cultures et civilisations dans un environnement harmonieux avec des niveaux de vie intégrés qui correspondent aux besoins physiques et spirituels de l’homme 64 ». La dernière résolution date du 13 novembre 2017. LE SOUTIEN DE L’UNESCO Le parrainage de l’UNESCO apporte et garantit une stabilité du projet mais également une reconnaissance et une diffusion internationale. Lors de l’inauguration le 28 février 1968, sous l’égide de l’UNESCO, le président de la République de l’Inde et des représentants de 124 pays étaient présents versant chacun une poignée de terre de leur sol natal devant près de 5 000 personnes venues 63 64
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Fig. 24 : Photo de la cérémonie pour les 50ans d’Auroville le 28 février 2018, en présence d’un représentant de l’UNESCO 63 Sur le site https://auroville.org/ contents/538 : « Statements of Support - UNESCO » 64
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du monde entier. L’UNESCO continue de s’intéresser au développement en cours d’Auroville car elle retrouve de nombreuses similitudes de valeurs et de principes avec la charte de la ville. Elle retrouve aussi des ressemblances avec ses priorités et ses préoccupations majeures telles que le dialogue entre les civilisations, les cultures et les religions; la diversité culturelle et la culture en tant que facteurs de développement, d’élimination de la pauvreté, d’éducation de qualité, d’apprentissage tout au long de la vie; et les énergies renouvelables. Depuis ce jour, la collaboration perdure. Des évènements et conférences ont été organisés au fil des anniversaires d’Auroville avec très souvent des visites de représentants de l’UNESCO voire de son directeur comme ce fut le cas en 2010. CIQNUANTE NATIONALITES « Auroville n’appartient à personne en particulier. Elle appartient à toute l’Humanité. Mais pour y séjourner il faut être le serviteur volontaire de la Conscience Divine 65», c’est pour cette raison qu’on retrouve une telle pluralité des cultures à Auroville. 2 500 habitants venant de plus de 50 nations y ont établi leur nouveau domicile. Parmi ces habitants, on peut les distinguer non pas par leur ethnie (ce qui ne serait pas compatible avec la charte d’Auroville) mais selon leur statut en temps d’occupation décroissant : Aurovilliens, newcomers66, volontaires, locaux et touristes. L’Aurovillien est un habitant d’Auroville depuis au moins deux ans. Il doit savoir parler au moins trois langues même si l’anglais reste la langue la plus courante. Il ha65 66
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Fig. 25 : Photo de plusieurs auroviliens autour du banyan 65 Premier article de la charte d’Auroville 66 Traduction de « nouvel arrivant » en anglais
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bite le plus souvent dans un BUBC (Bâtiments Ultra Bio Climatique). Les maisons individuelles « appartiennent » le plus souvent aux premiers arrivants des années 70 qui vinrent aider à bâtir la ville de l’Aurore et qui par la même occasion bâtirent « leur » domicile. L’Aurovillien a accès à tous les équipements et bâtiments de la ville sans exception. Il bénéficie également de nombreux services gratuits et touche la somme de 8 000 roupies (100 euros) par mois pour récompenser ses efforts pour la communauté. Enfin il reçoit de l’Etat un visa qui lui permet de séjourner pendant dix ans en Inde sans avoir à le renouveler. Le « newcomer » est quelqu’un qui aspire à devenir Aurovillien. Il possède ce statut pendant au moins un an, voire la plupart du temps deux ans, avant de devenir un véritable Aurovillien. Il possède le même statut qu’un Aurovillien mais sans les avantages cités précédemment. Au bout de sa période de « test », une cérémonie est organisée. Il existe peu d’informations à ce propos mais il semblerait que si un membre de la communauté émet une objection contre l’intégration d’un « newcomer », celui-ci ne pourra jamais devenir Aurovillien. Le volontaire, séjourne pour une période de 1 à 6 mois selon son envie. Il doit savoir parler anglais. C’est un bénévole qui peut, selon son envie ou les besoins de la ville, travailler dans divers domaines que sont l’agriculture, la cuisine, la construction, la reforestation, l’enseignement ou encore le divertissement. Les volontaires sont aujourd’hui essentiels au fonctionnement d’Auroville. Au delà de leur investissement colossal au cours de leur passage, les 40 000 volontaires annuels permettent la quasi-gratuité de toutes les infrastructures.
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Fig. 26 : Capture de Ange Peter dans le documentaire Auroville, retour sur une utopie de Hélène Risser en 2008, min 25. On aperçoit une amas derrière
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L’AIDE LOCALE DES TAMOULS Les locaux qui sont majoritairement des tamouls descendent d’un peuple ancien dont les dynasties portèrent une grande importance à l’art et plus particulièrement à l’architecture. A la proclamation d’Auroville, de nombreux tamouls, désireux ou non de participer à l’Expérience, vinrent immédiatement prêter main forte aux tout premiers travaux de la ville de l’Aurore. Ceux qu’on appelle les locaux proviennent de trois villages limitrophes : Eiganchavachi, Kulupalayam et Alangkuppam. Dans les années 1960, ce sont encore majoritairement des agriculteurs qui y habitent. Les habitants de ces villages font souvent partie de la shúdra67 ou des dalits68. La majeure partie des femmes participent aux activités agricoles ou bien sont femmes au foyer. Dès la fondation d’Auroville, les femmes vont alors avoir le choix entre continuer leur travail agricole mais sur les terres aurovilliennes ou devenir des « Amas ». C’est le titre donné aux personnes qui s’occupent des domiciles. Les « Amas » ne viennent pas uniquement des villages avoisinants, elles viennent aussi d’ailleurs et sont considérées comme faisant le lien entre les communautés. Elles sont modestement rémunérées selon un référentiel européen mais correctement selon un référentiel tamoul. Les Indiens aurovilliens représentent aujourd’hui près de 50% de la population permanente de la ville. Ils sont présents dans toutes les infrastructures.
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Fig. 27 : Papier donné par la Mère à Roger Anger comme point de départ d’Auroville 67 Castes inférieures indiennes (travailleurs manuels) 68 Hors castes (teinturiers, éboueurs ...)
Auroville, la création d’une utopie
TOURISME TOLERE Les touristes sont nombreux mais possèdent un parcours précis qui les met peu en contact avec les Aurovilliens. Ils restent une journée rarement plus malgré les chambres d’hôtes et hôtels avoisinants. Les touristes n’ont pas les mêmes droits que les Aurovilliens notamment pour l’accès aux différentes infrastructures. Le touriste n’étant pas forcément prêt à être un serviteur de la « Conscience Divine », selon les dires de la « Mère », cela se comprend. Il visite une exposition au Centre des visiteurs puis suit un chemin unique pour accéder au point de vue unique sur la Matrimandir. Cette visite programmée n’est qu’une petite partie d’un programme urbain bien plus large et complexe qui façonne le visage d’Auroville. LA FEUILLE DE ROUTE D’ANGER En 1965, la Mère désigne Roger Anger comme architecte et urbaniste en chef d’Auroville. Elle lui donne carte blanche et a confiance en son imagination, sa créativité et son expérience. Elle donne tout de même deux conditions; ou du moins deux paramètres. La ville doit pouvoir accueillir cinquante mille habitants et doit être divisée en quatre zones aux fonctions distinctes. Anger reçoit donc une feuille avec un point au milieu symbolisant le centre de la ville : le grand Banyan69. Le projet urbain tel qu’il a été imaginé par Roger Anger, Pierre Braslawski et Mario Heymann dès 1966 se présente bien sous la forme, souhaitée par la Mère, de cinq zones s’articulant en spirale avec pour centre le Matrimandir, cœur et âme d’Auroville. 69
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Fig. 28 : Proposition urbaine de Roger Anger sous forme de maquette validée par la Mère 69 Figuier de l’Inde, dont les branches émettent des racines aériennes qui descendent jusqu’au sol et s’y développent, fournissant à l’arbre soutien et nourriture, il peut couvrir jusqu’à plusieurs hectares, Larousse
Auroville, la création d’une utopie
La Mère veut qu’il y ait, au centre de cette ville universelle, un « parc de l’unité » intégrant le Banyan et qu’à l’intérieur de ce parc il y ait un « pavillon de la vérité » ou un « pavillon de la Mère » (mère nature ou elle-même?). Ce parc est composé de douze jardins portant chacun un nom : Existence, Conscience, Félicité, Lumière, Vie, Puissance, Richesse, Utilité, Progrès, Jeunesse, Harmonie, Perfection. Quant au nom de Matrimandir, il signifie « Temple de la Mère » en sanskrit70. De la même manière que Roger Anger dessina le plan général, c’est également lui qui s’occupe de cette construction. En 1970, il présente donc à la Mère cinq propositions. Elle choisit alors celle où le Matrimandir est une sphère légèrement aplatie et dorée entourée des douze jardins établis auparavant. Les fondations sont posées en 1971. Toutefois, la forme connaîtra, au fil du temps et des travaux, des modifications avant d’être terminé pour de bon en février 2008 soit 37ans après la pose de sa première pierre. AU CENTRE, LA ZONE DE LA PAIX Le Matrimandir, le parc et son jardin sont compris dans la zone de la paix. La zone de la paix se trouve au centre de la cité. Elle comprend le Matrimandir, les douze jardins à sa périphérie, le banyan originel, l’amphithéâtre avec l’urne de l’Unité Humaine et un lac artificiel participant à la création d’une atmosphère calme. C’est dans cette urne que se trouve la terre de 121 nations déposée lors de la proclamation d’Auroville. La première et la plus grande des quatre zones de la cité est une zone décrite comme 70
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Fig. 29 : Schématisation de la zone résidentielle dans le plan général 70 Langue indo-aryenne ancienne, qui fut la langue sacrée de la civilisation brahmanique L’ensemble des informations relatives à l’urbanisme et aux zones du projet de Roger Anger proviennent du site : www.auroville.org
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« résidentielle ». Sur ses 189 hectares situés au sud du Matrimandir, la priorité est donnée à la construction de logements collectifs et d’espaces partagés. L’implantation de crèches et autres infrastructures dédiées à la petite enfance est également prévue. Des locaux de santé, ateliers et commerces de première nécessité pourront éventuellement voir le jour. De l’autre côté de la rue de la couronne, les habitations et équipements seront à une toute autre échelle, l’échelle de la ville. Restaurants, bibliothèques, centres de santé, bureaux de gestion de la ville et centres de communications se succéderont entourés de grands parcs et autres espaces verts. Dans un second temps, des chambres d’hôtes, des bureaux ou encore des infrastructures liées aux transports pourraient faire leur apparition. En plus d’être bordée par des parcs au nord, au sud et à l’est, plus de la moitié de sa superficie sera verte (55%) créant une densité urbaine équilibrée par la nature. LA TRANSMISSION La seconde zone se trouve à l’est de la zone de la Paix, elle est dédiée à la culture. Plus petite que son homologue résidentielle (106 hectares) elle est tout de même la zone la plus connectée à l’« âme d’Auroville »71 (cf image). Cette zone se veut spéciale et compte faire émaner une sensation particulière de par ses diverses infrastructures culturelles et de recherche tournées autour de l’éducation, de l’art et du sport. En plus de ces nombreux équipements, il existe une volonté de créer des halls d’exposition et des auditoriums avec toujours le même mot 71
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Fig. 30 : Schématisation de la zone culturelle dans le plan général 71 Autre nom donné pour désigner le Matrimandir L’ensemble des informations relatives à l’urbanisme et aux zones du projet de Roger Anger proviennent du site : www.auroville.org
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d’ordre : la transmission. Concernant l’éducation, il existe actuellement dans la zone culturelle deux crèches, deux écoles primaires, un jardin pour enfants, un terrain multisports et plus récemment en 2003, un ensemble primaire/collège ainsi qu’un lycée, le Auroville High School. Mis à part ces équipements en matière d’éducation, il existe également un centre de loisirs pour la jeunesse, un studio d’enregistrement de musique et le centre de performance des arts. Enfin, en 2019, le « Kalabhumi »72 a été achevé. Ce n’est pas un bâtiment à proprement parlé mais une multitude d’édifices de tailles différentes. On y trouve des studios et des espaces pour différentes formes d’art, (des bureaux) et une galerie d’exposition. Dans ces studios, on peut pratiquer la sculpture, la ferronnerie, la peinture, le dessin et la musique. A noter qu’un amphithéâtre de 150 places assises a été aménagé. Encore aujourd’hui, Auroville espère maintenir sa croissance comme c’est le cas depuis ces 10 dernières années afin d’atteindre les 5 400 enfants. Cela permettrait de créer à nouveaux des établissements éducatifs primaires et secondaires comme c’est déjà le cas mais également d’élargir leurs frontières en construisant des universités de science, de musique, de danse, de théâtre, d’arts martiaux, des langues mais aussi des instituts de photo, vidéo, de production de film et un stade sportif. LES INDUSTRIES VERTES La troisième zone s’étend au nord du Matrimandir, c’est la zone industrielle. Une zone pour les industries « vertes » en accord avec les valeurs environne72
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Fig. 31 : Plan schématique de l’organisation d’Auroville de Path Studio, 2019 72 Signifie littéralement « quelque chose dans l’histoire de l’Inde ancienne » L’ensemble des informations relatives à l’urbanisme et aux zones du projet de Roger Anger proviennent du site : www.auroville.org
Auroville, la création d’une utopie
mentales d’Auroville. L’objectif est qu’à terme Auroville puisse être autosuffisante. Elle contient des industries (petites et moyennes), des centres de formation des arts et métiers, l’administration de la ville. Elle accueille également des entreprises non-auroviliennes qui partagent les mêmes intentions. Tout comme les trois autres zones, elle continue de se développer petit à petit. PAVILLONS INTERNATIONAUX La quatrième zone est la zone internationale (ZI). Elle est le site désigné des pavillons nationaux du monde entier, elle se situe à l’ouest de la zone de la Paix. Représentant toutes les cultures majeures, ces centres de recherche, d’étude et d’activité sont la manifestation concrète de l’unité humaine dans sa diversité. Les pavillons sont regroupés en zones continentales, avec un paterne différent inspirant la disposition et l’expression architecturale de chacun : le cercle pour l’Afrique, le triangle pour l’Asie, le carré pour l’Europe, l’hexagone pour l’Amérique, et un mélange d’hexagone et de triangle pour l’Océanie. L’objectif essentiel des pavillons culturels sera « d’aider les individus à prendre conscience du génie fondamental de la nation à laquelle ils appartiennent, tout en les mettant en contact avec les modes de vie et le génie des autres nations afin qu’ils puissent apprendre à connaître et à respecter également l’esprit de tous les pays du monde 73». Sur près de 50 nations représentées à ce jour à Auroville, un certain nombre de groupes de pavillons un certain nombre de groupes de pavillons ont émergé au fil des 73
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Fig. 32 : Photo du Pavillon Tibétain, Auroville 73 Impossible de retrouver la source L’ensemble des informations relatives à l’urbanisme et aux zones du projet de Roger Anger proviennent du site : www.auroville.org
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ans. Ces groupes de pavillons organisent régulièrement ou occasionnellement des activités et événements culturels. Les groupes de pavillons actifs comprennent la Maison des Amériques, l’Unité asiatique, l’European Plaza, l’Espace méditerranéen et les Pavillons de Scandinavie, Bulgarie, Canada, France, Allemagne, Hongrie, Italie, Inde, Japon, Kazakhstan, Corée, Le Philippines, Russie, Espagne, Slovénie, Suisse, USA ainsi que le pavillon de la culture chinoise et le pavillon de la culture tibétaine. Outre les pavillons nationaux, il existe également plusieurs institutions dans la zone internationale, telles que le pavillon de l’unité, la salle de la paix, Savitri Bhavan, le bureau international d’wAuroville (AVI), le Centre de recherche internationale sur l’unité humaine (CIRHU) , l’Université de l’Unité Humaine (UHU), le SAVI (Auroville Volunteer & Internship Service) et le Centre des visiteurs d’Auroville. CEINTURE VERTE La dernière zone est appellée la « ceinture verte ». Elle constitue la frontière entre Auroville et le reste du monde. En terme de superficie, elle représente près de trois fois la taille d’Auroville à son apogée (1400 ha contre 500). Son rayon est de 1,25 km, le même que celui de la cité mais à sa périphérie. L’objectif de cette zone ne s’arrête pas à la plantation de millions d’arbres, c’est elle aussi une zone d’activité et de production. A l’intérieur de cette zone, ont été redéfinies trois zones. Une première dédiée à l’agriculture, une seconde à de la forêt et à la régénération de la terre, enfin une dernière destinée aux loisirs.
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Fig. 33 : Schématisation de la ceinture verte dans le plan général L’ensemble des informations relatives à l’urbanisme et aux zones du projet de Roger Anger proviennent du site : www.auroville.org
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Auroville, malgré son unicité en terme d’urbanisme et de fonctionnement reste tout de même une ville. L’objectif premier n’est pas de remettre en question la forme de la société mais le fond. Toutefois, le travail effectué au niveau de l’architecture générale des édifices publics et privés montre tout de même une tentative de modification de la forme par le fond. Néanmoins, c’est pour toutes ces raisons que l’on trouve tout de même des équipements « nécessaires » et d’autres plus classiques au sein d’Auroville. Chacun de ses bâtiments est distinct des autres et possède une fonction propre et unique. On retrouve par exemple le « City Townhall 74» qui va traiter l’administratif interne et externe d’Auroville, l’« Auroville Visitor’s center 75» pour l’accueil des curieux et des touristes, l’Auditorium Sri Aurobindo pour des conférences et autres représentations orales, la « Future school 76» censée être l’école unique d’Auroville, le Matrimandir et ses jardins, espaces libres et spirituels, la « Solar kitchen 77», un restaurant self pour la communauté et l’épicerie. Les autres édifices sont des bureaux, des logements (collectifs et privés) ainsi que d’autres équipements majoritairement réservés aux résidents comme le cinéma et la bibliothèque.
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Fig. 34 : Photo du Savitri Bhavan, un musée où sont exposés les travaux de Sri Aurobindo, Auroville 74 Traduction de « Mairie » en anglais 75 Traduction de « centre d’accueil des visiteurs d’Auroville » en anglais 76 Traduction de « l’école du futur » en anglais 77 Traduction de « la cuisine solaire » en anglais L’ensemble des informations relatives à l’urbanisme et aux zones du projet de Roger Anger proviennent du site : www.auroville.org
Auroville, la perception d’une utopie par les médias
La seconde partie traitera de la perception d’Auroville par les médias français qu’ils soient audiovisuels ou issus de la presse. Dans un premier temps il s’agira d’analyser les documentaires réalisés par Jean-Pierre Elkabbach, Auroville, en 1973 et par Hélène Risser, Auroville, retour sur une utopie, en 2008. Ces deux reportages vont nous permettre tout d’abord de constater l’évolution d’Auroville du point de vue de sa construction et de son projet utopique initial. Ensuite, ils serviront de support pour analyser les moyens filmiques mis en place pour rendre compte des sujets tels que l’utopie ou l’architecture. Pour cela, une méthodologie78 a été mise en place avec pour but de pouvoir gérer le flux permanent d’informations constitué du visuel, de la parole et de la musique de chacun des documentaires. Le premier documentaire, Auroville, a été conçu par une petite équipe pour la chaîne Antenne 2, aujourd’hui France 2. Il a été réalisé par Maurice Dugowson, Nicole Avril et Jean-Pierre Elkabbach en 1973. Simon Drai fut le caméraman de ce reportage, Jean-Pierre Ajax s’occupa du son, Alain Caffot, Gilles Signard et Roselyne Morez travaillèrent sur le montage, Christian Lepicier sur le mixage et enfin, un musicien nommé Sunil qui composa et joua la musique à l’orgue. Lors de ce reportage, Auroville n’a que 4 ans et Jean-Pierre Elkabbach est au début de sa carrière en tant que présentateur sur la deuxième chaîne de l’ORTF. Ce reportage a le mérite de s’intéresser à un projet utopique voyant le jour dans un autre pays sur un autre continent, l’Inde. On peut sûrement baser 78
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Fig. 35 : Capture d’écran de pionniers à l’oeuvre de nuit dans le documentaire Auroville de Maurice Dugawson en 1973, min 1 78 cf annexe 2 et 3
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cet intérêt pour Auroville sur sa proximité avec Pondichéry, autrefois capitale de l’Inde Française (1668-1954). L’AVENTURE AUROVILLE Dans ce documentaire, on remarque une construction sous forme de séquences qui regroupent plusieurs scènes traitant du même sujet. Le documentaire est découpé en 8 séquences plus ou moins précises à propos d’Auroville reprenant les thèmes principaux qui en émergent. Dans un premier temps, nous nous pencherons sur les codes thématiques spécifiques à la parole dans le documentaire, puis des codes ayant trait la mise en scène visuelle. Auroville est avant tout une « aventure ». C’est le terme utilisé par la Mère lors de la cérémonie d’inauguration de la cité de l’Aurore, lorsqu’elle clame : « Je vous convie à la Grande aventure ». Ce terme est également utilisé par un pionnier exprimant qu’il est à Auroville « depuis deux ans et reste ici parce que c’est vraiment la Grande aventure. » En effet, tout comme l’aventure, l’expérience d’Auroville ne connait pas encore ce qui adviendra d’elle. Pour résumer cette expérience, Oudhar Le Généreux79 raconte : « Cette expérience n’est pas basée sur une idée mentale vous savez, toutes les expériences jusqu’à ce jour étaient basées sur des idées. Auroville est basée sur l’esprit, quelque chose qui n’est pas une idée mentale, quelque chose qui sort de l’âme, autrement il serait comme tous les autres projets, et il aurait la même fin. » Il distingue donc Auroville des projets de villes utopiques passés car, selon lui, la base spirituelle de sa construction est plus structurée. 79
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Fig. 36 : Capture d’écran d’un pionnier dans le documentaire Auroville de Maurice Dugawson en 1973, min 2 79 (?-?) Secrétaire de Sri Aurobindo pendant 35 ans
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Roger Anger, l’architecte et urbaniste d’Auroville explique que dans cette dernière « des gens vivent une expérience et c’est à partir de cette expérience que vont s’établir, se créer leurs conditions, leur environnement et leur cadre de vie. » C’est donc, à la différence de l’utopie des villes comme Chandigarh ou Brasilia, non pas une ville construite dans laquelle l’on amène la population, mais bien une ville construite par cette population. CONSTRUIRE LES HOMMES Anger souligne que « l’important, encore une fois, n’est pas de construire une ville, mais de construire des Hommes nouveaux. » La logique première est donc de façonner de nouveaux Hommes tout en construisant une nouvelle ville : pour cela, il faut se baser sur l’enseignement de Sri Aurobindo que Jean Pierre Elkabbach nous éclaire : « Alors que le yoga traditionnel méprise l’action, pour Sri Aurobindo, travail et méditation vont de pair. L’ascétisme n’est pas un accomplissement or la vie, il suit la roue du quotidien et du concret. » Cela rejoint l’idée de la construction mutuelle entre l’Homme nouveau et la vie nouvelle. A Auroville le travail est effectué bénévolement et « c’est simplement parce que le travail nous plait, que nous le faisons » témoigne un pionnier. Les tamouls, eux, voient en Auroville une opportunité de sortir de la pauvreté et de la famine : « Ils viennent travailler parce que c’est une chance pour eux de gagner de l’argent. » C’est à l’encontre des valeurs premières d’Au-
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Fig. 37 : Capture d’écran de pionnier travaillant et méditant dans le documentaire Auroville de Maurice Dugawson en 1973, min 35
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roville, qui aspire à être une ville sans transfert d’argent, mais qui comme nous le constatons, nécessite des fonds pour participer à sa construction. Oudhar Le Généreux crée des produits à Auroville qu’il souhaite vendre à l’extérieur : « L’argent c’est une puissance, il faut mettre toute la puissance au service du Divin. […] L’argent ne circulera pas à Auroville. L’argent, c’est pour payer les dépenses d’Auroville, il ne faut pas se tromper. » Il souligne le fait que la cité de l’Aurore, pour débuter, a tout de même besoin de financer ses matières premières, sa main d’œuvre et une partie de la nourriture nécessaire aux personnes participant à l’expérience. Sans quoi elle ne pourrait pas prospérer. D’autres pionniers comme Oudhar travaillent afin de participer à ce financement, mais l’on peut également y participer en achetant une maison à 20 000 Francs : « Mais si le nouvel arrivant ne dispose pas de la somme nécessaire, son logement lui sera offert et il n’aura rien à payer. » UN ENSEIGNEMENT LIBRE Un autre code thématique primordial dans le projet d’Auroville est celui de l’éducation. Une « enseignante »80 témoigne : « Si un enfant, vraiment, aspire vraiment à une connaissance, il n’y a pas de raison qu’on ne lui en donne pas les moyens quel que soit son âge ». Les enfants sont libres de choisir leurs cours et libres de pratiquer les activités qu’ils souhaitent tant que cela leur apporte quelque chose. Cette « enseignante » rapporte également 80
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Fig. 38 : Capture d’écran d’une «enseignante» dans le documentaire Auroville de Maurice Dugawson en 1973, min 51 80
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que : « Notre intention profonde est de dépasser le niveau actuel de l’éducation qui consiste à envoyer les enfants dans des créations très limitées un peu en dehors de la société, de les mettre en quelque sorte en quarantaine de la vie. Notre idéal est avant tout d’ouvrir l’éducation à la vie et de faire en sorte qu’il n’y ait plus cette séparation entre la société et les enfants. ». Il ne s’agit pas de reprendre le système éducatif occidental ou indien mais de le réinventer en travaillant un peu moins sur le « ce qui m’entoure » et un peu plus sur le « qui je suis ». Aspirant à trouver un équilibre entre les deux, l’enseignement tel qu’on l’entend en pâtit. Certaines matières comme la géographie ou l’histoire semblent ne pas être prioritaires, elles ne sont d’ailleurs pas citées lorsque le journaliste demande à la jeune allemande quelles matières elle travaille en classe. C’est pour cette raison que Jean-Pierre Elkabbach déclare : « Ils ignorent les mots de frontière, de pays, de race. Ils vivent sous le regard omniprésent de Sri Aurobindo et de la Mère ». LA MERE, FIGURE EMBLEMATIQUE La Mère, qui décéda quelques mois après le tournage de ce documentaire le 17 novembre 1973, représentait beaucoup pour tous les Aurovilliens. Au-delà du fait qu’Auroville est née de son initiative, elle est particulièrement active dans la vie de l’Ashram de Pondichéry et : « La Mère entretient une correspondance internationale, reçoit les visiteurs et achète pour la communauté des terrains jusque sur les pentes de l’Himalaya ». La Mère,
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Fig. 39 : Capture d’écran de la Mère dans le documentaire Auroville de Maurice Dugawson en 1973, min 19
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dans le cœur des Aurovilliens semble ne pas être une simple personne, un disciple témoigne : « J’avais mon billet d’aller/retour, je pensais rester deux mois, trois mois tout au plus. Après 34 jours j’ai vu Mère, je suis tombé à ses genoux et me voilà : je ne suis plus jamais reparti. ». Pour les enfants, elle incarne encore autre chose. Une jeune Indienne perçoit : « Mère, pour moi elle représente, non pas un chef parce que ça va donner des idées différentes mais vous savez le mot indien gourou. Elle est un guide pour moi, tout ce qu’elle dit, j’accepte. ». La Mère dispose d’une sorte de pouvoir décisionnaire auprès des enfants (et peut être des adultes) comme nous le dit aussi une jeune Allemande : « Parce que si je choisis et que je ne choisis pas quelque chose de bon, alors c’est mieux que Mère choisisse. […] Mère est toujours partout.». Le sens de cette dernière citation est double. Mère est à la fois omniprésente dans la tête des Aurovilliens, la jeune allemande témoigne « Je rêve de la Mère » et dans les bâtiments par les nombreux portraits et cadres d’elle et de son compagnon spirituel. C’est d’ailleurs sûrement pour cette raison qu’Auroville est parfois assimilée à une secte. Pour autant, une secte est un « groupe organisé de personnes qui ont une même doctrine au sein d’une religion 81». Or, un autre code thématique d’Auroville est l’absence de religion. Les diverses personnes interviewées nous font part du fait qu’à Auroville, les mots tels que « religions », « chrétien » etc ne sont pas utilisés. Le prêtre franciscain hol81
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Fig. 40 : Capture d’écran d’une jeune indienne dans le documentaire Auroville de Maurice Dugawson en 1973, min 47 81 Définition du dictionnaire Larousse
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landais interviewé dans le documentaire avoue que : « Je sens que je suis plus proche de la Bible et du Christ que je ne l’ai jamais été. » ce qui pourrait sembler contradictoire avec les valeurs d’Auroville mais qui ne l’est pas. A Auroville, chacun est libre de ses croyances mais l’objectif est de croire en quelque chose de plus grand que la religion et le « divin ». Le prêtre ajoute ensuite : « Auroville est vraiment un danger pour l’Eglise parce que ça veut dépasser et démolir l’église. ». Ces propos induisent une certaine violence, que l’on peut mettre sur le compte du fait que le français n’est pas sa langue natale, en effet, détruire la religion n’est pas le but d’Auroville. Cependant, malgré les sourires des européens, on peut se demander si le projet n’est pas en dehors des réalités de l’époque. C’est ce que souligne Jean-Pierre Elkabbach lorsqu’il interview un pionnier allemand : « Alors que tout autour de vous, des gens sont en train de mourir de faim, en quoi Auroville et le Matrimandir serviront-ils d’exemple aux indiens ? » ou la jeune indienne : « Avant de savoir qui on est, est ce qu’il ne faudrait pas plutôt travailler pour la transformation de l’Inde pour que les gens ne crèvent pas comme on les voit crever ? ». L’homme répondra qu’il ne pense pas qu’Auroville ait été créé pour être une solution aux problèmes matériels du monde, elle se veut la base d’une approche nouvelle dans monde nouveau, La jeune fille répondra quant à elle que, la richesse intérieure, de l’« âme » est plus importante et qu’elle peut se transmettre en toute simplicité tandis que la richesse maté-
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Fig. 41 : Capture d’écran du prêtre franciscain hollandais dans le documentaire Auroville de Maurice Dugawson en 1973, 1H07
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rielle d’une seule personne ne suffira pas à réduire la misère. La « folie » survient à deux moments du documentaire, le premier lors de l’interview de l’italien à l’ashram et le deuxième avec l’institutrice. Ils disent tous deux la même chose notamment à propos de la perception de leur famille, « on me considère comme un fou, ils ont raison d’un côté » et « Ma propre mère me traite d’illuminée, de folle, qu’il n’y a que nous qui pouvons y croire ». Mais cela ne les dérange pas, tous deux concluent d’ailleurs par dire qu’ils sont heureux. Maintenant que l’analyse visuelle et de la parole a été effectuée, il est temps de passer aux détails techniques relatifs au travail filmique. Pour ce qui est des transitions entre les différentes séquences, on peut observer deux méthodes distinctes : la première consiste à introduire la thématique de la séquence par des images, et la voix off de Jean Pierre Elkabbach. La seconde consiste à introduire le lieu de la thématique par une série de plans l’illustrant, avec les bruits ambiants ou une musique légère. Ce sont parfois les personnes interviewées qui amorcent le thème de la séquence suivante en le mentionnant lors de l’entretien. Ce qui prédomine dans les images est l’aridité du sol d’Auroville, sans aucune verdure et la constante mobilité de la caméra. On remarque des mouvements de caméra lors des interviews ; des zooms ou des travellings et quelques plans-séquences lorsque l’on se balade dans des bâtiments en chantier, ou lorsque l’on suit des tamouls travaillant sur la construction du Matrimandir.
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Fig. 42 : Capture d’écran d’un disciple italien dans le documentaire Auroville de Maurice Dugawson en 1973, min 13
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Les noms des personnes interviewées n’apparaissent pas à l’écran ; ce qui ne permet pas de faire un lien entre eux – si lien il y a – ou de créer une certaine proximité avec les personnes apparaissant régulièrement. Quelques noms de personnes sont tout de même révélés, comme celui de Roger Anger ou d’Oudhar Le Généreux. Ce qui nous permet de les citer.Ces interviews sont relativement longues, et de ce fait, assez fournies.Les nombreux bâtiments encore en construction lors du tournage du documentaire sont montrés ; on peut y apercevoir sur plusieurs plans la « Last School », un bâtiment de forme pyramidale, des habitations, des huttes et le Matrimandir. A l’intérieur de ces constructions, plusieurs plans-séquences sont réalisés permettant au fil de la déambulation du caméraman de se projeter.Les séquences sont longues et parfois peu fluides, certaines scènes au sein d’une séquence peuvent d’ailleurs ne pas réellement avoir de lien avec celle-ci. A plusieurs reprises, Jean Pierre Elkabbach apparaît à l’écran et pose de nombreuses questions permettant néanmoins au spectateur d’apprécier l’entièreté de l’entretien, sans filtre. Lors des scènes de construction ou de chantier, une musique fait surface, créant ainsi une atmosphère mystique ; sans doute dans le but de faire écho à l’imaginaire de l’utopie. Le documentaire s’achève sur une ultime apparition de Roger Anger nous apprenant que le but d’Auroville est, à terme, de créer d’autres Auroville dans le monde, adaptées au climat géographique. Le mot de la fin est laissé à la Mère et Roger Anger, les deux personnalités ayant permis
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Fig. 43 : Capture d’écran de Oudhar le Généreux dans le documentaire Auroville de Maurice Dugawson en 1973, min 39
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à Auroville de voir le jour. Ils voient tous deux en Auroville une aventure pleine de promesses qu’ils espèrent voir se réaliser avec, à terme, le projet de créer d’autres Auroville dans le monde. On entend La Mère prononcer le discours d’inauguration d’Auroville, pour conclure le documentaire, comportant la fameuse citation : « Je vous convie à la Grande aventure » avant de nuancer que l’expérience d’Auroville ne sera pas une mince affaire mais que c’est une expérience importante qui se doit d’être vécue. Tout au long de ce documentaire, une image positive d’Auroville est montrée. Les personnes semblent heureuses et sûres de leurs choix et de leur avenir à Auroville. Les quelques réflexions d’incompréhension du réalisateur ne nuisent pas à la positivité régnant sur le documentaire et permettent même d’apporter un autre regard sur la situation.
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Fig. 44 : Capture d’écran de Roger Anger dans le documentaire Auroville de Maurice Dugawson en 1973, min 10
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Le deuxième documentaire, Auroville, retour sur une utopie, a été conçu par une équipe presque deux fois plus grande que pour celui de 1973. Il a été réalisé par Hélène Risser, filmé par Thomas Raguet, monté par Laure-Alice Hervé, préparé en amont par Anaïs Jaunay et Camille Jean Marchal, mixé par Jeanne Gignoux, étalonné par Bertrand Dargent, synthétisé par Vincent Hubert et produit par Public Sénat et l’INA. Thierry Ippolito et Vincent Encontre en sont chargés de production et Krishna Mc Kenzie (Aurovillien depuis 15 ans) a composé et interprété toutes les musiques. Hélène Risser a souhaité réaliser ce documentaire non pas pour une chaine comme le documentaire de 1973 mais pour voir ce qu’était devenue l’utopie 40 ans après. A cette période, Auroville suit son cours et stagne à environ 2 000 habitants par an, et les travaux du Matrimandir approchent de la fin. Le documentaire se présente sous la forme de différentes séquences, reprenant les thématiques principales propres à Auroville selon la réalisation. Les séquences ressortent de manière claire et disposent d’un temps presque similaire permettant une bonne compréhension du découpage narratif. La majeure partie des thèmes traite de sujets sociétaux et universels mais on remarque que certains sujets propres à Auroville viennent ponctuer le documentaire. Ce documentaire vise un public large, de la même manière que le documentaire de Jean-Pierre Elkabbach. Il aborde de nombreux sujets sans simplement les survoler mais n’entre pas non plus trop dans les détails, on y voit des
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Fig. 45 : Capture d’écran d’un bâtiment dans le documentaire Auroville de Maurice Dugawson en 1973, min 10 Fig. 46 : Capture d’écran d’un bâtiment dans le documentaire Auroville, retour sur une utopie de Hélène Risser en 2008, min 10 Fig. 47 : Capture d’écran du Matrimandir dans le documentaire Auroville, retour sur une utopie de Hélène Risser en 2008, min 10
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personnes de tous âges permettant une lecture selon différents points de vue. Les personnes interviewées malgré leur point commun qu’est Auroville font toutes quelque chose de différent de leur vie comme par exemple Ange qui est une artiste, Jean-François qui est enseignant… Tout le monde peut se retrouver dans ce documentaire. UN LABORATOIRE Le découpage est important car les séquences sont nombreuses. Avant tout, nous allons traiter des codes thématiques spécifiques à la parole dans le documentaire puis des codes thématiques visuels et de la mise en scène. Comme cité précédemment, Auroville se veut être un lieu d’expériences, d’expérimentation, à la recherche d’une nouvelle manière de vivre dans un nouveau système. Concernant la recherche, Auroville dispose de laboratoires, et de workshops travaillant sur de nouvelles technologies : « Ils sont en train de faire des recherches avec l’énergie solaire » témoigne Akash Heimlich82. Ces recherches aboutirent par exemple à la création de la « Solar kitchen » : une cuisine se servant d’une parabole faite de milliers de miroirs sur son toit, emmagasinant l’énergie solaire afin de faire cuire les aliments à la vapeur. Les workshops se multiplient à Auroville, certains portés sur l’art, d’autres comme celui d’Akash Heimlich travaillent essentiellement sur la réalisation de scooters électriques – dont on aperçoit un exemplaire dans le documentaire. A l’époque, cette technologie existe déjà, mais coûte relativement cher. Akash Heimlich essaie de le concevoir à moindre coût avec des matériaux de récupération. 82
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Fig. 48: Capture d’écran d’un panneau dans le documentaire Auroville, retour sur une utopie de Hélène Risser en 2008, min 53 82 Fils d’un pionnier aperçu dans Auroville
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LE TRAVAIL : UN THEME CENTRAL Dans un autre domaine, Kripa Borg83 explique : « On essaie de travailler sur une économie différente […], une économie sans échange d’argent. » Par ce témoignage, on comprend là que même 40 ans après la création d’Auroville, la cité n’a pas encore réellement réussi à se débarrasser de l’argent. Pour autant, ils ont tout de même établi un nouveau système nommé « la maintenance »84 permettant aux Aurovilliens de bénéficier gratuitement de l’accès à tous les lieux publics à la « solar kitchen » et à bien d’autres services. Pour autant, cette « maintenance » faite pour « maintenir en vie » ne permet pas tout : elle ne permet notamment pas de financer des études aux jeunes Aurovilliens. Jean Laroquette explique qu’il a du retourner en France « pour gagner du pognon et lui payer ses études (à son fils) ». Le travail prend une place importante dans les valeurs d’Auroville : dans le documentaire, des définitions différentes sont données au travail en fonction du statut détenu à Auroville. A ce propos, Kripa Borg exprime : « Le rapport au travail a inévitablement changé, parce qu’on n’est plus dans l’époque pionnière. Ça a grandi, ça s’est organisé, ça s’est administré, ça s’est structuré. Il y a plus de monde. » En effet, le travail des pionniers d’Auroville consistait en tout autre chose. Ils travaillaient la terre, plantaient des arbres et participaient activement à la construction des bâtiments d’Auroville. Aujourd’hui, les bâtiments d’habitation et publics sont terminés, c’est pourquoi les Auro83 84
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Fig. 49 : Capture d’écran de Kripa Borg dans le documentaire Auroville, retour sur une utopie de Hélène Risser en 2008, min 39 83 Fille de Bernard Borg 84 Système économique reversant chaque mois la même somme à tous les aurovilliens selon s’ils ont travaillé à temps plein, partiels ou pas du tout. La somme versée est considérée comme permettant d’avoir accès au minimum vital
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villiens travaillent différemment ; chacun continue d’apporter à la ville mais sous une forme différente qui peut être au sein de l’administration, dans les laboratoires…
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Fig. 50 : Capture d’écran de l’after school 2 dans le documentaire Auroville, retour sur une utopie de Hélène Risser en 2008, min 28 85 Aurovillien venu d’un village voisin
TRAVAIL ET EDUCATION Les Aurovilliens voient le travail en occident sous un autre angle : « Ici, nous travaillons pour le Divin, et quand tu travailles à l’extérieur, tu ne fais que chercher à gagner de l’argent. » décrète Velu Kannan85. Pour les habitants d’Auroville, le travail est avant tout intérieur et non matériel : « Le travail essentiel d’Auroville n’est pas de construire une ville mais de se construire soi-même. C’est-à-dire, chercher au plus profond de soimême toutes les possibilités qui sont involuées en moi, pour les faire ressortir et faire ce début d’évolution vers autre chose que l’homme. » précise Jean Laroquette86. Cette notion de travailler sur soi-même, en son for intérieur, rejoint parfaitement la vision de l’éducation des Aurovilliens. Comme le dit Jean Lung87 : « Oui, c’est une école, on part d’une école et on essaie de trouver ce qui peut être au-delà de l’école, c’est-à-dire au-delà des rôles institutionnalisés. » « Le but c’est qu’ils s’éveillent eux-mêmes et à ce qu’ils veulent être. [...] On veut garder la liberté de construire les programmes. » Les programmes à Auroville sont établis par les enseignants et les étudiants, avec la supervision d’un conseil qui s’occupe des examens de fin d’année. Ces examens ne sont pas obligatoires, mais peuvent fa85 86 87
86 Pionnier français d’Auroville 87 «Enseignant» à Auroville
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ciliter l’accès à des études à l’extérieur d’Auroville et donc une potentielle intégration à « la société ». Toutefois, cet enseignement peut comporter certaines lacunes, comme l’évoque Jean Laroquette sur un ton amusé : « Demandez à mon fils s’il connaît Vercingétorix ou Napoléon ? Je n’en suis pas sûr. » CONSTRUIRE LA VILLE Les pionniers que l’on retrouve dans le documentaire sont en grande partie tous restés à Auroville, même après la mort de « La Mère », survenue seulement 5 ans après la création de la cité de l’Aurore. Pour Jean Pougault88 : « Il y a une chose qu’il ne faut pas oublier, c’est qu’Auroville est un projet de La Mère. » Bernard Borg ajoute : « Il y a eu la rencontre avec Mère, qui a été l’élément déterminant de ma vie jusqu’à aujourd’hui. » On retrouve également Gita, pour qui elle était le gourou et Ange, précisant que « Mère est toujours partout. » Nous comprenons ainsi l’influence de cette personnalité sur le choix fait par ces personnes de rester à Auroville. Le thème de la construction est mentionné à plusieurs reprises : constructions de maisons, d’une ville, de nouvelles technologies, d’un nouvel homme ou encore du Matrimandir. On peut entendre par cela qu’Auroville ne se veut pas une ville figée et que le constant développement de ses habitants contribue à la construction de la ville elle-même. Quant à la construction du documentaire en lui-même, on constate que trois méthodes sont utilisées pour les tran88
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Fig. 51 : Capture d’écran de Bernard Borg dans le documentaire Auroville, retour sur une utopie de Hélène Risser en 2008, min 19 88 Pionnier français apparaissant déjà dans Auroville
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sitions : la première consiste à introduire la thématique de la séquence par des images d’archive et la voix off du documentaire de 1973 réalisé par Jean-Pierre Elkabbach. La seconde consiste à introduire le lieu de la thématique par une série de plans l’illustrant, avec les bruits ambiants ou une légère musique. Enfin, la troisième consiste à montrer le quotidien des personnes interviewées avant de les voir apparaître à l’écran.Certaines transitions s’effectuent par la parole, le sujet de la thématique suivant est amorcé durant l’interview.On note ainsi un travail de superposition basculant d’une image d’archives du documentaire de 1973 à des images actuelles d’un bâtiment d’Auroville dans le but de monter le bâtiment en chantier et ce à quoi il ressemble une fois terminé. ALLERS-RETOURS VERS LE PASSE On retrouve régulièrement un même schéma visuel dans les scènes. C’est par exemple le cas des nombreuses images d’archives que l’on voit tout au long du documentaire et que l’on retrouve dans chacune des séquences. On observe également un plan régulier qui est un plan buste/poitrine des personnes interviewées, ainsi qu’une récurrence dans la manière de filmer les foules : la caméra est immobile et filme le mouvement. A noter qu’il y a très peu de mouvements de caméras au cours de ce documentaire. On en retrouve uniquement dans les scènes provenant des images d’archives et lors de la visite de la Guest House de Kripa Borg, ou encore lors de la visite du Matrimandir par Jean Pougault et pendant
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Fig. 52 : Capture d’écran d’une image d’archive du Matrimandir dans le documentaire Auroville, retour sur une utopie de Hélène Risser en 2008, min 50
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les trajets à bord du tuk-tuk, de la voiture ou de la moto. Le documentaire veut faire le parallèle entre Auroville en 1973 et ce qu’elle est devenue aujourd’hui (en 2008). Il y a un équilibre assez juste entre la part d’images d’archives et les images que l’on qualifiera d’actuelles. Dans ce documentaire, il n’y a pas de voix off, si ce n’est celle des images d’archive où l’on entend la voix de Jean-Pierre Elkabbach. Pour autant, on entend la voix d’Hélène Risser lors d’interviews. Du point de vue sonore, quelque musiques douces ponctuent le documentaire, à base d’instruments à vent ou à cordes jouant des sonorités apaisantes. Et pour cause : elles ont été composées et jouées par Unil, un musicien d’Auroville. Cette ambiance de sérénité est aussi mise en place par les bruits tropicaux ambiants. Le soleil qui illumine chaque plan ou encore la proximité qui se forge au fil du documentaire avec les personnes interviewées y participe également. Une partie de l’utopie d’Auroville est amenée par les images montrant le Matrimandir, le cœur spirituel ou les écoles, la solar kitchen et les laboratoires qui sont des lieux d’expérimentation. LA PAROLE DES AUROVILLIENS Ce documentaire se veut informatif et ne nécessite pas de présupposé culturel pour sa compréhension. Chaque thème est introduit de manière précise et l’alternance entre images d’archives et images actuelles permet une très bonne appréhension du sujet traité. Elles rendent le documentaire complet et intelligible.
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Fig. 53 : Capture d’écran de Jean Laroquette dans le documentaire Auroville, retour sur une utopie de Hélène Risser en 2008, min 08
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La multiplicité des interviews, même au sein d’un même thème, et des points de vue enrichit la fluidité du documentaire. Ajoutons à cela que les personnes interviewées sont de tous âges, allant de la petite enfance à un âge avancé et de toute catégorie socio-professionnelle – professeurs, artistes, gérants, élèves. Cela accorde au spectateur une certaine capacité à s’identifier aux témoins. Les personnes interviewées sont toutes convaincues par le projet. C’est peut-être là une critique que l’on peut faire à ce documentaire : on n’y trouve pas d’élément critique allant à l’encontre de ce que les personnes interviewées développent. Comme par exemple, l’interview d’un(e) tamoul travaillant à Auroville mais n’étant pas Aurovillien(ne) ou d’un(e) Aurovillien(ne) ayant quitté la cité de l’Aurore. On pourrait également lui reprocher de ne montrer uniquement que des images de belles demeures en parfait état, de nature luxuriante et non d’une potentielle face cachée d’Auroville moins rayonnante. Finalement, on peut aussi regretter le fait que l’architecture d’Auroville ait peu été traitée même si, bien entendu, c’est un des nombreux autres sujets dont regorge la ville de l’Aurore. Il se conclut par Jean Laroquette disant que les nouveaux arrivants « vont faire un pas de plus » dans cette aventure qu’est Auroville et vient compléter la première scène dans laquelle on entend la Mère dire « Je vous convie à la Grande aventure ». Le terme « utopie » n’est mentionné qu’une fois à la toute fin par Hélène Risser pour autant, la ma-
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Fig. 54 : Capture d’écran de Jean Pougault dans le documentaire Auroville, retour sur une utopie de Hélène Risser en 2008, min 06
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nière dont le documentaire est monté crée une ambiance générale de sérénité qui est une des valeurs d’Auroville et est maîtresse de l’utopie Aurovillienne. L’utopie continue donc pour les Aurovilliens indépendamment de ce que pense le monde et c’est ce documentaire très bien réalisé qui nous le fait comprendre. Ces deux documentaires qui traitent pourtant tous deux du même sujet font preuve de certaines divergences thématiques et filmiques. La comparaison ou synthèse critique de ces deux documentaires qui va suivre n’a pas pour but de dire ce qui a bien ou mal été fait mais de pointer l’évolution d’Auroville et des méthodes journalistiques depuis 1973. On peut par exemple noter une première différence entre Auroville et Auroville, retour sur une utopie : l’origine de la production des documentaires. En effet, le premier fut conçut dans une optique de diffusion à la télévision, tandis que le second fut conçut avec, comme motivation principale, le souhait de la réalisatrice. En 1973, internet et les diverses plate-formes actuelles n’existent pas. Les cinémas ne diffusent que des films, c’est donc uniquement les chaînes de télévision qui détiennent le monopole des documentaires. A l’époque, pas de magnétoscope, le documentaire ne peut pas être enregistré et ne peut être vu qu’une fois. C’est la chaîne Antenne 2 qui mandata Jean-Pierre Elkabbach et Nicole Avril pour réaliser Auroville. A l’inverse, à l’époque du documentaire d’Hélène Risser, le monopole des chaînes de télévision a disparu. Les plate-formes existent, les cinémas diffusent
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Fig. 55 : Capture d’écran d’une mage d’archive de Jean Pougault dans le documentaire Auroville, retour sur une utopie de Hélène Risser en 2008, min 58
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des documentaires et il est possible d’acheter le DVD du film pour le visionner plusieurs fois. C’est Hélène Risser et non pas une chaîne de télévision qui prit l’initiative de se lancer dans la conception de Auroville, retour sur une utopie à l’occasion des 40 ans ce la cité de l’Aurore en se basant sur les images d’archive de celui tourné il y a alors 35 ans. Alors que Jean-Pierre Elkabbach traitait de la genèse d’Auroville, Hélène Risser revient sur l’évolution d’Auroville par un jeu astucieux d’alternance entre les images d’Auroville et des images actuelles. Les deux reportages s’articulent autour de séquences se suivant les unes aux autres. Ce découpage est peu clair concernant Auroville, la longueur des séquences est très variable ce qui a tendance à perturber le spectateur; d’autant plus lorsque des scènes au milieu d’une séquence n’ont pas grand chose à voir avec. La caméra embarquée et les images tremblotantes se substituent à une caméra fixe. Le changement de musique entre les deux documents audiovisuels symbolise l’évolution de l’objectif premier d’Auroville qui était de créer un « surhomme » vers un objectif environnemental et écologique. C’est probablement à la suite du décès de la Mère que la ligne directrice d’Auroville a légèrement dévié. Malgré tout, le tropisme social demeure encore et cela se ressent dans les documentaires au détriment de l’architecture, alors que la Mère parlait d’Auroville comme une « tour de Babel à rebours ». L’idéal de la Mère semblait tout de même très rattaché au projet urbain et architectural. Est-il possible d’établir les mêmes conclusions en analysant la presse papier ?
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Fig. 56 : Capture d’écran de la mairie dans le documentaire Auroville, retour sur une utopie de Hélène Risser en 2008, min 27
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Afin d’aborder le sujet d’Auroville dans la presse traditionnelle, j’ai décidé de me concentrer majoritairement sur des articles de périodiques français. J’ai fait ce choix pour plusieurs raisons, la première étant que les français sont la deuxième nationalité la plus représentée à Auroville après les indiens, c’est donc la nationalité « étrangère » la plus importante. La deuxième raison est qu’Auroville est un projet international qui a bénéficié d’une mise en lumière par l’UNESCO. Auroville, même en ne faisant pas partie des sujets d’actualité (excepté en ce moment89), fait régulièrement office d’un billet ou d’un article et ce, dans le monde entier. Il aurait donc fallu lire les 882 articles répertoriés sur le site europresse et bien d’autres, les traduire et choisir ceux qui me paraissaient être les plus justes et intéressants. Cela aurait été sans doute très fastidieux. La dernière raison qui m’a porté à faire ce choix est que nous avons déjà étudié les documentaires qui sont tous deux en français. Ne s’appuyer que sur des références françaises permet de faire un parallèle entre les médias audiovisuels et la presse écrite propre à un même pays et à une même culture médiatique. Mes recherches m’amenèrent à trouver 479 articles français mentionnant Auroville, soit plus de la moitié des articles recensés sur europresse.fr. Malheureusement, la grande majorité n’aborde le sujet qu’en surface et n’approfondit pas les points qui nous intéressent ici. L’objectif ici est double. Dans un premier temps, il s’agira de sélectionner des articles d’un même périodique qu’est Le Monde90 à des époques différentes de la cité afin de 89 90
89 Série de protestations à Auroville contre l’abbatage de 10 000 arbres afin de créer une route 90 Journal fondé en 1944
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percevoir l’évolution de la perception d’Auroville au fil du temps, si évolution il y a. Dans un second temps, des articles exhaustifs actuels sur le sujet seront choisis et comparés quant à leur manière d’aborder la ville et l’utopie. PREMIERE CITE MONDIALE Le premier article paru dans Le Monde s’intitule « La construction d’Auroville première « cité mondiale » ne suscite guère d’enthousiasme. » Le Monde est un journal français créé en 1944, dont le public est extrêmement large. Il se veut être un journal « de référence » et traite de sujets, comme son nom l’indique, pouvant concerner et intéresser tout le globe. Cet article a été publié le 17 avril 1968, soit l’année de la construction même de la cité de l’aurore, et rédigé par Jean Wetz. Ce dernier évoque, d’un point de vue relativement pessimiste, l’impression qu’Auroville ne perdurera pas autant que ses créateurs l’avaient imaginé. Il souligne qu’Auroville, dans ses débuts, n’a suscité qu’une moindre attention. Les journaux indiens euxmêmes n’en discutaient qu’à peine ; de même à l’étranger. Il qualifie par ailleurs ce projet « d’ambitieux ». Il fut même reproché à Auroville, d’après cet article, de n’être qu’un agrandissement de l’Ashram de Pondichéry fondé par Sri Aurobindo. La fin de l’article évoque un futur compliqué pour Auroville dans la gestion des interactions sociales, de son statut et dans l’accession à ses objectifs. L’article de Jean Wetz, ne propose pas une image enthousiasmante d’Auroville. Il ne mentionne d’ailleurs
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pas la date de la pose de la première pierre par la Mère ce qui pourrait permettre de le nuancer. En effet, c’est le 28 février de cette même année que cette cérémonie a eu lieu, soit deux mois avant la publication de l’article. Jean Wetz n’aborde ni le but d’Auroville, ni ses valeurs, ni sa charte, ni son aspect spirituel. Le fait que le journaliste enterre Auroville si tôt après sa proclamation donne l’impression d’un avis précipité. LOIN DES CAPITALES Le deuxième article publié par Le Monde le 9 janvier 1994, dont le nom de l’auteur n’est pas précisé, s’intitule « Loin des capitales, Auroville, vingt-cinq ans après ». Il se veut quelque peu critique vis-à-vis de l’évolution du projet de la cité de l’Aurore, et met en relief certains de ses objectifs encore non-atteints en 1994. L’auteur laisse la parole à Pierre-Charles, un correspondant à Auroville, qui témoigne de l’état de cette dernière en 1968 lors de sa création. Tous les habitants s’étaient impliqués dans la création de cette utopie, du Matrimandir et de sa vie intérieure. L’auteur de l’article souligne qu’il ne faut pas parler de « secte » en désignant Auroville, mais plutôt de « communauté spirituelle ». Pierre-Charles témoigne de son expérience dans ce laboratoire, se qualifiant de cobaye volontaire. L’article traite notamment du travail, laissant alors s’exprimer Young-Mi, d’origine coréenne, qui souligne qu’à Auroville chacun est bien libre d’apprendre un métier, pour en changer quelques temps plus tard si bon lui semble. Nous apprenons d’ailleurs qu’à
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Auroville, les habitants sont libres de laisser derrière eux leur prénom de naissance pour adopter un nom indien. L’auteur décrit ce qu’est le Matrimandir, de ce qu’il représente à la manière dont il est aménagé en intérieur. Il finit par nuancer ces premiers propos optimistes, par ce qui semble représenter les « limites » de ce projet Aurovillien : « Si l’expérience perdure, c’est peut-être aussi parce qu’elle est loin d’avoir réalisé ses ambitions », décrète-t-il. En effet, le nombre d’habitants ciblé est encore loin d’être atteint en 1994. L’image du Matrimandir est jugée d’ « inachevée », mais l’auteur clôt son écrit avec une touche positive grâce aux dires des défenseurs de la cité, selon lesquels la droit à l’utopie doit persister. C’est un message d’espoir. L’auteur de cet article commence par déconstruire les à-priori que le lecteur peut avoir sur Auroville tel le fait que ce soit une secte ou encore une cité de marginaux. Le lecteur va ainsi pouvoir s’en libérer et s’ouvrir à ce qui va suivre. Le journaliste exprime très clairement le but, les thématiques principales (« argent », « travail », « éducation ») et les créateurs sans rentrer trop dans les détails. Les divers témoignages recueillis ainsi que les citations de la Mère appuient les arguments exposés. L’article débute avec un regard très positif sur Auroville, sa communauté, le travail de chacun mais se termine brutalement sur une note négative. L’auteur, pour conclure cet article, montre les fragilités dont Auroville peut être victime et exprime ses doutes quant à la résistance des Aurovilliens au climat et à l’autodiscipline dont ils doivent
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faire preuve. Le journaliste essaie de réintroduire un ton positif à la toute fin avec une citation de Roger Anger mais cela ne suffit pas à le rehausser pour autant. CINQUANTE ANS D’UTOPIE Le troisième article parut dans le journal Le Monde le 2 mars 2018, paraît à l’occasion de l’anniversaire des 50 ans d’Auroville. « A Auroville, cinquante ans d’utopie (ou presque) » est un article rédigé par Julien Bouissou, un correspondant du Monde situé à New Delhi, en Inde. Il s’agit d’un article court, qui tend à souligner la difficulté de la cité de l’Aurore à atteindre son utopie initialement tant désirée. L’article débute par une comparaison faite entre l’utopie d’Auroville et les mouvements de grève de Mai 68. Cela soulève un contraste important entre la sérénité trouvée à Auroville, et la violence des mouvements de grève français en mai 1968 – et ce, malgré les quelques mois seulement séparant ces deux événements. Il invite un vétéran d’Auroville, Claude Arpi, à témoigner. Il nous apprend alors que le projet d’Auroville avance bien plus lentement que prévu. Ainsi, après avoir retracé l’histoire et défini l’utopie d’Auroville, Julien Bouissou souligne la réalité de cette ville, qui s’avère moins utopique qu’elle ne se voulait être. Il précise par ailleurs que les habitants de la cité ne sont plus les mêmes que ceux qui s’y installaient des années auparavant. Désormais, ils ne viennent plus pour s’installer à vie, mais bien pour un séjour de quelques mois ou quelques années. Ils sont alors nommés comme « vo-
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lontaires ». Julien Bouissou ajoute même que certains étudiants y viendraient, non pas pour trouver la sérénité, mais plutôt pour « ajouter une ligne originale à leur CV ». Ainsi, cet article – illustré d’une photographie d’une quinzaine de personnes assises, contemplant le Matrimandir – témoigne une certaine désillusion vis-à-vis du destin d’Auroville ; la cité construite pour accueillir 50 000 personnes n’en accueille aujourd’hui de 2 500. Sur la photographie de l’article, il est par ailleurs impossible de déduire s’il s’agit de touristes ou bien d’Aurovilliens. Néanmoins, un message d’espoir y est transmis par Claude Arpi, déterminé à garder foi en Auroville. Julien Bouissou rédige un article qui résume bien la genèse d’Auroville et ses protagonistes principaux malgré l’oubli de Roger Anger. Alors qu’aujourd’hui « tout le monde parle de « smart city91 », il met en exergue la facette écologique d’Auroville avec le recyclage des déchets, l’habitat écologique, etc. Le seul et unique témoignage de Claude Arpi, permet de nuancer ce que dit l’article mais pas forcément de nuancer la réalité des choses étant donné qu’il est la seule personne interviewée à ce propos. Il garde espoir quant au futur de la cité. A la lecture de l’article, deux passages dérangent car on ne sait pas réellement si le journaliste fait le choix d’en parler pour être cynique ou simplement pour s’en tenir aux faits. Il s’agit des passages : « Il y a même, paraît-il, des étudiants d’écoles de commerce qui y séjournent quelques mois pour ajouter une ligne originale à leur CV. » et 91
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91 Se traduit «ville intelligente» en français. Cela représente une ville qui utilise des technologies de l’information et de la communication pour améliorer la qualité des services urbains ou réduire leurs coûts.
« La communauté édite aussi sa gazette qui, comme toute bonne gazette, publie une sorte d’horoscope. La chronique astrologique du bulletin daté du 24 février ne laisse rien présager de bon : « Le transit d’Uranus […] vers mi-avril pourrait apporter des revirements soudains et imprévisibles quant au but de l’âme d’Auroville. » ». L’objectif de réunir ces trois articles était de constater une potentielle évolution de la perception de l’utopie dans un même journal avec une éventuelle même ligne éditoriale. Ces trois articles espacés d’environ 25 ans par rapport au précédent/suivant n’ont cependant pas été rédigés par le même auteur. Les trois articles diffèrent déjà par leur longueur, sûrement représentatives de l’intérêt porté par le journal pour le sujet. On peut donc y voir le fait qu’Auroville attise aujourd’hui davantage de curiosité qu’à ses débuts. En 1968, on se rend compte que seulement quelques mois après la proclamation, Auroville suscite peu d’intérêt. C’est d’ailleurs l’une des critiques qui lui sont faites. Le projet est peu développé et le ton est négatif. Ce n’est pas le cas pour les articles de 1994 et 2018 qui, d’ores et déjà, sont plus longs et voient Auroville sous un meilleur jour. Celui de 1994 se veut pédagogue, il déconstruit les à-priori et développe un maximum de sujets tout en étant très structuré. Il aborde aussi pour la première fois dans Le Monde, la facette écologique d’Auroville qui sera reprise dans l’article paru en 2018. Dans ce dernier, la description du projet est
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aussi complète mais le ton négatif donné par le journaliste contraste cette fois avec les notes d’espoir de Claude Arpi. D’après cette analyse, on peut en déduire qu’Auroville a su, au fil du temps, piquer la curiosité du journal Le Monde et certainement d’autres, malgré un début médiatique faible et négatif. On peut aussi entrevoir le fait que le ton donné à l’article ne vient probablement pas du périodique en lui-même mais qu’il est insufflé par la perception d’Auroville de son auteur. Cela permettrait de comprendre la raison pour laquelle chacun dispose d’un ton différent. La longueur des articles a augmenté impliquant un travail de recherche plus important aidé par l’introduction d’entretien avec des habitants. Aucune illustration n’apparaît sur les deux premiers articles laissant le lecteur dans l’incapacité de se représenter réellement à quoi la cité ressemble en terme d’architecture et de contexte. Dans l’article paru en 2018 on retrouve pourtant une photo du Matrimandir. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, cela ne vient pas du fait que Le Monde n’ait pas souhaité publier d’images mais du fait qu’il ne publiait pas de photos dans ses articles jusque dans les années 200092. GEO, GRAZIA, REPORTERRE... Les articles sélectionnés pour effectuer la seconde analyse comparative entre des articles de différents journaux s’effectuera avec des articles parus dans les périodiques Géo, Grazia, Reporterre et Le Monde (le troisième - et dernier - article de 2018 sera repris). Ils 92
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92 Source personnelle Impossibilité de trouver un document l’attestant
furent tous écrits entre 2018 et 2021, c’est pour cette raison qu’ils sont qualifiés d’actuels. Ce sont également des médias dont la ligne éditoriale est différente. Le premier article analysé n’ayant pas été publié par Le Monde est celui du magazine Géo. Géo est un magazine mensuel de voyage et de connaissance du monde fondé en octobre 1976 en Allemagne puis en mars 1979 en France. Il est particulièrement réputé pour ses reportages photographiques. Le nom de cet article est : « 50 ans après sa fondation, qu’est devenue la cité utopique d’Auroville ? ». Il est daté du 8 juin 2021, une période durant laquelle Auroville poursuit son cours sans grand bouleversement. Le nom de l’auteur n’est cependant pas communiqué pour cet article, celui-ci est signé « la rédaction ». Le texte s’adresse à un public large et part du principe que le lecteur ignore tout d’Auroville. Les termes sont simples sans perdre en justesse et en précision. Dans cet article, après une introduction concise d’Auroville, le journaliste raconte sa visite en tant que touriste, avant d’évoquer le quotidien de la ville et de ses équipements et enfin du rapport entretenu avec les tamouls. IMPACT ECOLOGIQUE L’article débute, illustré d’une photographie du Matrimandir entouré de verdure, avec un rappel de la localisation d’Auroville et de l’origine de sa création : il introduit les personnages principaux que sont La Mère, Sri Aurobindo et Roger Anger. Le travail de ce dernier est
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ensuite mis en avant tel que le plan général en forme de spirale, le découpage en zones et les communautés qui se sont formées à l’intérieur de celles-ci. L’auteur donne ensuite quelques chiffres permettant de resituer le nombre d’habitants et les nationalités présentes dans le contexte sans oublier les touristes. Touristes nombreux qui doivent d’ailleurs suivre tout un protocole strict afin de ne pas perturber le fonctionnement interne de la vie aurovillienne. La visite débute par un visionnage de film retraçant l’histoire du projet. S’ensuit une visite de l’intérieur du Matrimandir, l’« âme d’Auroville » habituellement réservée aux habitants permanents. Il enchaîne avec le statut d’ « habitant permanent », difficile à acquérir car il y a toute une procédure pouvant durer jusqu’à deux ans avant d’être admis en tant qu’Aurovillien. Pour ce faire, il se base sur les témoignages d’une famille indienne arrivée il y a un an et demi. Les conditions d’admission sont simples : il faut travailler bénévolement pour la communauté durant toute la période probatoire. Auroville compte un grand nombre d’entreprises et d’ « unités de travail » dans lesquelles les Aurovilliens peuvent travailler. La cité de l’aurore essaie d’atteindre l’autosuffisance et cherche à réduire son impact écologique. Pour cela, elle développe de nouvelles méthodes de construction et propose une agriculture biologique même si cela n’est pas encore suffisant pour nourrir la totalité des habitants.
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UNE UTOPIE TOUJOURS VIVE L’investissement par le travail de la part des habitants d’Auroville leur permet de recevoir la « maintenance » et d’avoir accès gratuitement aux équipements de la ville, à la santé, à l’éducation et au « pour tous ». Selon l’auteur de l’article, l’éducation à Auroville est considérée comme « alternative ». La dizaine d’écoles dont dispose la ville expérimente des méthodes éducatives. Toutefois celles-ci présentent certaines failles puisque la plupart des enfants doivent quitter Auroville pour poursuivre des études ou obtenir un diplôme. La gratuité des services et équipements à Auroville inclut également la « solar kitchen », une cantine préparant chaque jour un nombre important de repas pour les habitants. L’article détaille qu’elle présente une technologie solaire permettant de faire cuire les aliments à la vapeur à l’aide de 11 000 miroirs disposés sur le toit. Les travailleurs de la « solar kitchen » comme l’essentiel des agriculteurs sont des tamouls des villages voisins et non des Aurovilliens. Ainsi, Géo contrebalance un point de vue initialement positif avec ce fait, qui ne représente pas la lancée sur laquelle étaient les pionniers lorsque tamouls et étrangers devaient vivre ensemble sur un pied d’égalité. Pour autant, l’article se conclut sur une note positive annonçant que l’utopie d’Auroville est plus florissante que jamais. Le journaliste rédige un article complet en abordant l’ensemble des thèmes propres à la cité de l’Aurore avec fluidité et simplicité. Les thèmes principaux tel que l’absence de religion, « l’absence d’argent » et la spiritualité
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sont mentionnés sans pour autant être mis au cœur de l’article. Celui-ci est étoffé de témoignages de plusieurs Aurovilliens tels que Suhasini Ayer, Christian Tarpin ou Rishi qui viennent confirmer les faits et arguments exposés dans l’article. De même pour les nombreux chiffres précis que l’on retrouve dans chaque paragraphe. L’auteur de l’article semble conscient des problèmes auxquels est confrontée la cité ; tel le logement. « Se loger dans «la ville dont la Terre a besoin» est devenu un problème crucial ». Les rapports aux tamouls « Recrutés dans les villages alentours », 5 000 employés indiens labourent les champs, construisent les bâtiments, font le ménage... Les tâches manuelles sont délaissées par les Occidentaux. Un autre problème : l’argent « Pour devenir Aurovillien, il faut avoir des économies ». Il ne mentionne toutefois pas si les enfants ayant effectué leurs études hors d’Auroville reviennent une fois celles-ci terminées. AUROVILLE : CITE DES POSSIBLES L’article suivant est paru le 16 septembre 2018 dans le magazine Grazia. Ce dernier – créé en 1938 – étant habituellement axé sur la mode, les célébrités et la beauté, propose ici un article rédigé par Stéphanie Fontenoy : « Auroville, en Inde, pourrait-elle être la cité des possibles ? ». Stéphanie Fontenoy est une correspondante et une consultante éditoriale qui traite de politique, d’économie, de culture et de voyages notamment en Turquie. Le magazine en lui-même cible habituellement un public féminin, et cet article ne déroge pas ; l’une des images qui illustrent cet
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écrit représente une femme assise, visiblement en méditation. D’autres images sous forme de diaporama accompagnent l’article, notamment une photographie du Matrimandir, et des quelques expériences concernant l’eau et la terre. Néanmoins, l’article s’adresse tout de même à un public large puisqu’il informe le lecteur sur le mode de fonctionnement d’Auroville. On y retrouve une connotation plutôt positive, néanmoins nuancée en conclusion, permettant de nuancer l’image de l’utopie. Dans cet article, il est question de témoignages de Français résidant à Auroville, indiquant le mode de fonctionnement de cette dernière, et ce qui les a poussés à habiter la cité de l’aurore. Cet article commence par l’anniversaire des 50 ans d’Auroville, précisant que La Mère avait alors posé la première pierre de cette cité le 18 février 1968. L’auteure précise quelques chiffres, dans le but de donner au lecteur une idée du nombre d’habitants constituant Auroville et notamment, le nombre de Français parmi eux. L’introduction des motivations des Français à vivre à Auroville se fait à travers des questions posées au lecteur lui-même, rendant ainsi la lecture plus vivante, et permettant à chacun de se questionner sur ce choix de vie. Éric et Laurence sont deux français ayant quitté leur vie en hexagone pour goûter à l’existence au sein d’Auroville. Ils s’y investissent notamment en tant que bénévoles dans une coopérative. Ils affirment alors que le système d’Auroville n’a rien de ce qu’ils connaissaient auparavant. Ils sont désormais dans le don, et non pas dans l’échange. Ils ont laissé derrière
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eux « l’ancien monde », qui qualifie le système hiérarchique. Ainsi, selon Éric, Auroville participe activement à la création d’un « nouveau monde » contrastant ainsi avec « l’ancien ». L’article précise ensuite le mode de fonctionnement de la ville en elle-même, et insiste sur le fait que tout le monde et personne ne dirige Auroville, utilisant le terme « d’anarchie divine ». Marie Horassius, doctorante en ethnologie et anthropologie sociale à l’Ecole des Hautes études en sciences sociales ajoute que pour ne pas tomber dans la tyrannie, chaque être humain doit être assez « éveillé » pour que personne n’impose sa décision à autrui. Stéphanie Fontenoy souligne que « cette sorte de démocratie horizontale », contrastant avec la hiérarchie d’un système vertical, entraîne un fonctionnement – dont des prises de décisions – souvent long, et fastidieux. UNE SOURCE D’INSPIRATION L’intervention d’Anne-Sophie Planet, en Inde depuis quatre ans au moment de la publication de l’article, illustre, elle aussi, la migration d’un monde vers un autre. Sa « vie de parfaite parisienne », selon l’auteure de l’article, se trouve métamorphosée lors de son départ pour Auroville. Sa méditation – qu’elle n’effectuait qu’à travers le yoga jusqu’alors – passe désormais aussi par le bénévolat en nettoyant régulièrement le dôme du Matrimandir avec des amis. Anne-Sophie Planet ne quitte néanmoins pas totalement le monde de la mode, dans lequel elle travaillait à Paris, puisqu’elle crée sa marque de vêtements « Kimaya » proposant des pièces créées par des artisans
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locaux. Cette initiative prend place dans « l’économie collective », dont l’auteure précise le fonctionnement en indiquant qu’une part des bénéfices de chaque société, comme « Kimaya », est reversée au fonctionnement de la ville. L’article se clôt par une mise en balance des idéaux d’Auroville, précisant que cette dernière n’a pas encore tout à fait atteint « son idéal d’unité ». Auroville inspire encore des milliers de personnes, dont des français, et Grazia conclut qu’ « elle est un espace de possibles, à une époque où l’on dénonce un repli identitaire et une montée de l’autoritarisme à travers le monde. » La nuance qu’évoque Stéphanie Fontenoy tient dans le fait qu’à Auroville, comme dans n’importe quel autre lieu dans le monde, il existe « des gens assoiffés de pouvoir, comme de purs altruistes. » Dans cet article de Grazia, l’auteure présente Auroville avec néanmoins quelques approximations. Certains de ses chiffres contredisent en effet ceux de documents officiels comme la taille du Matrimandir qui mesure 36m de haut93 et non « 29 ». C’est également le cas pour le nombre de jours de travail bénévole requis lorsque l’on est habitant permanent qui est de six jours, et non de « trois ». L’article mentionne une petite partie des valeurs d’Auroville telles que « pas de police, pas d’armée, pas de parti politique » mais oublie celles que l’on pourrait considérer comme primaires que sont l’absence d’argent et de religion. Malgré l’apport de nuances, l’article souhaite donner une image positive d’Auroville même si cela amène à masquer des réalités. La journaliste rapporte que « Au quotidien, des groupes de travail composés de volontaires gèrent la 93
93 C’est le chiffre que l’on retrouve dans tous les documents et autres périodiques
Auroville, la perception d’une utopie par les médias
ville (entretien des bâtiments, agriculture, éducation...) » or – notamment pour les tâches de l’entretien des bâtiments et de l’agriculture – ce sont en grande partie des tamouls qui viennent travailler pour toucher un salaire et non en tant que bénévoles. Enfin, on peut noter la mention du fait qu’Auroville fut pionnière en matière d’agroécologie et d’éducation alternative mais regretter que ces sujets ne soient pas autant approfondis que l’évocation de la confection des vêtements. Néanmoins, malgré ces réflexions, l’article aborde suffisamment de points pour que le lecteur se fasse une idée générale de ce qu’est Auroville. Pour conclure, on peut éventuellement faire un parallèle entre la population ciblée féminine et le genre principalement interviewé qui s’avère être féminin (4/5 femmes). LA VIE QUOTIDIENNE A AUROVILLE L’article suivant provient du journal indépendant Reporterre, ce dernier traitant des problématiques environnementales et sociales. Il est créé en 1989 en version papier puis, suite à un arrêt forcé faute de moyens, en version uniquement numérique en 2007. L’article se s’intitule « A Auroville, qui fête ses cinquante ans, l’utopie est toujours vivante ». Il est daté du 1er mars 2018, période durant laquelle, comme l’annonce le titre, Auroville célèbre son demi-siècle. C’est Alain Sousa qui rédigea cet article, lui qui avait déjà collaboré avec ce journal en 2015 avec « L’eau ou l’or. Au Pérou, la lutte des peuples contre les mines dévastatrices ». L’article s’adresse à un public large avec des termes simples. Il se veut informatif et neutre, pointant à
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la fois les bons et les mauvais aspects d’Auroville. Dans cet article, après une introduction concise d’Auroville, l’auteur explique les raisons de la venue des Aurovilliens, le travail qu’ils effectuent sur place et les différents aspects de la vie quotidienne là-bas. Pour illustrer cet écrit, de nombreuses images y sont incorporées ; la première représentant le Matrimandir et les autres, des photographies de la vie quotidienne à Auroville, apportant au lecteur une information visuelle pour compléter l’information écrite. L’article débute avec un résumé de l’histoire de la cité de l’Aurore en introduisant la Mère, Sri Aurobindo, le Matrimandir auxquels sont ajoutés des extraits du « Rêve » de la Mère. Il décrit ensuite grâce à des entretiens les raisons qui ont poussé les Aurovilliens à venir s’installer ici. Elles ne sont pas les principes fondamentaux énoncés : il ne s’agit pas de suivre un gourou mais plutôt d’élever sa conscience à travers le partage et le travail ce qui se rapproche de la vision de la Mère. Le travail d’Auroville commença par la construction du Matrimandir et de différents bâtiments en même temps que la plantation de plusieurs millions d’arbres. Dans la foulée, des fermes agroécologiques virent le jour jusqu’à un total de dix-neuf aujourd’hui. Cela dans le but de nourrir les habitants. A Auroville, il s’agit également de nourrir les esprits et notamment ceux des enfants par le biais de nouvelles structures et d’un nouveau système éducatif. Ce système éducatif qualifié d’expérimental est appliqué à un grand nombre d’enfants tamouls des villages avoisinants.
Auroville, la perception d’une utopie par les médias
L’école est gratuite et accompagne les enfants le plus loin possible. Cependant, les écoles ne bénéficient pas d’aide de la part de la cité, elle est basée sur les dons. Cela pose la question de l’argent et de l’autonomie financière à Auroville. La cité, au même titre que les écoles, doit faire appel aux dons extérieurs malgré les nombreuses aides du gouvernement indien. Alain Sousa pose donc la question de ce qu’il pourrait advenir d’Auroville si les ressources économiques venaient à disparaître. Il aborde ensuite le thème de la procédure pour être admis en tant qu’habitant permanent et du problème de la pénurie de logements auquel la cité fait face. Une fois ces étapes passées, c’est la vie au sein de la communauté qui est dépeinte, six jours de travail par semaine et 13 000 roupies par mois (180 euros). Le journaliste affirme que cela suffit pour vivre mais souligne que les Aurovilliens ne possédant pas d’entrées régulières d’argent extérieur sont contraints de trouver des solutions pour y remédier. C’est en reprenant une citation de la Mère et en la négativant qu’Alain Sousa conclut cet article : « la ville où « l’argent ne serait plus le souverain seigneur » n’existe pas encore ». Alain Sousa rédige un article relativement complet et clair. Cependant, il ne parle pas du plan ou de l’organisation de la ville et de son architecte. Les citations de la Mère qui ponctuent l’article permettent de justifier et d’introduire les arguments. On observe à un moment que l’auteur mentionne « les Aurovilliens » mais laisse le lecteur dans l’ignorance de qui ils sont et de ce qu’ils
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ont réellement dit. Le journaliste traite de l’agroécologie sans pour autant mentionner le travail écologique réalisé sur les énergies94 et dans l’architecture95. Pour terminer, on peut souligner une note d’humour lorsqu’il dit « Ce parcours compliqué fait dire à de nombreux Aurovilliens que la ville est l’inverse d’une secte : il est très difficile d’y entrer et très facile d’en sortir ! ». SYNTHESE : Grâce à ces résumés d’articles récents couplés pour chacun d’une analyse critique, on peut espérer mieux cerner Auroville telle qu’elle est aujourd’hui via la presse française écrite. Le ton général de ces articles est majoritairement positif notamment sur le sujet du but de l’utopie et des valeurs qu’elle souhaite partager. Les instants négatifs concernent plutôt la réalisation et la concrétisation de cette utopie. On peut tout de même lire des médias condescendants vis à vis des Aurovilliens : « des hippies sous acide96 » On notera tout de même la faible présence de l’architecte Roger Anger. Il est longuement évoqué dans le Géo, à peine mentionné dans Grazia et totalement absent du Monde et du Reporterre. On peut interpréter cela par le fait que ces périodiques s’intéressent peu à l’architecture en général ou qu’ils n’ont pas abordé le sujet par choix ou par ignorance de son rôle sur place. Pour autant, l’ensemble de ces articles souligne le caractère pionnier d’Auroville en matière d’agroécologie ; ce qui permet de s’interroger sur les raisons qui font que ce thème-là est privilégié à 94 95 96
94 Energie olienne, solaire, géothermie 95 Expérimentations de méthodes de conception moins lourdes en empreinte carbone 96 Source introuvable
Auroville, la perception d’une utopie par les médias
celui d’un des créateurs. On remarque des touches d’humour dans les articles du Monde et de Reporterre dans le but de faire sourire le lecteur ou quelquefois de faire passer une opinion. C’est du moins la perception que l’on peut avoir suite à l’ironie dont fait preuve Julien Bouissou. Les illustrations jouent un rôle important dans la compréhension des articles puisqu’ils renvoient directement aux sujets abordés. Le lecteur peut alors visualiser ce dont il est question et se faire son propre avis à l’aide du texte. Les trois articles ne concernant pas Le Monde ont tous fait le choix de proposer, du moins sur leurs sites internet, des diaporamas regroupant une dizaine de photos. Une photo se retrouve dans chacun, celle du Matrimandir, à la fois icône et « âme » de la ville. Certaines erreurs ou approximations sont notables mais cela n’empêche en rien la bonne intelligibilité de la suite de l’article. On peut toutefois remarquer des contradictions entre les différents articles comme c’est le cas entre celui de Reporterre et celui de Géo. A propos de l’argent et de la « maintenance », Alain Sousa affirme que les Aurovilliens reçoivent « 13 000 roupies (à peu près 180 euros)» tandis que dans Géo, on peut lire qu’ils en perçoivent « 19 000 roupies (210 euros) ». Une augmentation de 50% en 3 ans et au vu du contexte actuel, peut paraître très étrange. L’évolution du cours de la roupie indienne également, aujourd’hui 13 000 roupies valent 154 euros97 non pas 180. Les chiffres à propos de la population, du nombre de nationalités diffèrent d’un journal à un autre mais cela semble logique puisqu’ils ne sont pas 97
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fixes. Pour autant le périodique Grazia expose quelques erreurs sur des faits établis. Ce n’est pas pour autant de la désinformation mais cela traduit simplement des sources non concordantes. Pour éviter que cela soit trop fréquent et arrive sur d’autres sujets, tous on fait le choix d’interviewer des Aurovilliens vivant sur place. Les interviews dans ces lieux étrangers et reculés du reste du monde sont essentiels quant à la véracité des informations et des arguments exposés. Une multiplication des entretiens permet de les affûter, c’est par exemple le cas des documentaires de Jean-Pierre Elkabbach et Hélène Risser. Après l’analyse audiovisuelle des deux reportages et les analyses d’articles provenant de périodes ou de journaux différents, on peut tirer plusieurs enseignements. En premier lieu, on peut noter la positivité générale du ton employé par chacun pour traiter le sujet. Cela montre que chacun des auteurs ou réalisateurs, a plutôt souhaité renvoyer une bonne image du projet. Et ce, malgré quelques faits, incompréhensions « ou doutes » qu’ils ont pu rencontrer. Des liens peuvent être mis en évidence entre les reportages et certains articles notamment lorsque ces derniers citent des habitants d’Auroville également présents dans les documents audiovisuels. On retrouve par exemple une citation de Bernard Borg (dans l’article du Monde de 1994) qui est interviewé dans l’œuvre d’Hélène Risser ou encore Jean Pougault cité dans Revue Acropolis sous le surnom de « Jeanjean » et qui apparaît à la fois dans les deux reportages. La présence de Roger Anger
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Auroville, la perception d’une utopie par les médias
est l’élément qui diffère le plus entre la presse écrite et audiovisuelle. En effet, Roger Anger et son travail pour Auroville semble très peu mentionnés dans la presse. Tandis que, il occupe une place importante dans la part des interviews et des sujets abordés par Hélène Risser et Jean-Pierre Elkabbach. Quelques contradictions entre les deux types de documents sont recensables. C’est par exemple le cas dans Reporterre, on peut y lire à propos de l’argent et de la « maintenance » qu’ « Il est tout à fait possible de vivre avec ce revenu » tandis que Kripa Borg dans Auroville, retour sur une utopie, témoigne que « C’est juste, c’est pas suffisant sachant la réalité économique et financière dans l’environnement dans lequel on vit ». Ce témoignage date de 2008, à l’époque les Aurovilliens touchaient pour un travail à temps plein 5 000 roupies (soit « 85 euros » à l’époque, 60 euros aujourd’hui). D’après la lecture d’articles récents comme ceux du Monde ou Reporterre, il semblerait que cette « maintenance » ait été multipliée par trois ; même si le cours de la roupie fait qu’en réalité cela revient à une multiplication par deux. La transmission de l’utopie passe donc par l’explication complète de celle-ci, ses origines, son histoire. Mais surtout, il s’agit de mettre en relief les éléments qui sortent de la conception de la vie ordinaire. C’est là le rôle des médias. C’est d’ailleurs ce fait de vouloir sortir du cadre habituel, de proposer un projet révolutionnaire, qui a attiré les médias à Auroville et ce, de plus en plus. Sur le site Europresse, on constate que plus de la moitié des articles
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recensés (environ 500/887) ont été écrits en l’espace de 15 ans. La multiplication des médias98 et l’augmentation de l’intérêt pour la cause écologique99 de ces dernières années en sont peut-être la raison. Une hypothèse selon laquelle la crise sanitaire couplée au réchauffement climatique actuel ainsi qu’à la médiatisation plus importante d’Auroville aurait permis à la cité d’accueillir 1 000 nouveaux habitants en trois ans (2814 en 2018100, 3714 en 2021101). Auroville, au cours de sa planification et de son édification a dû faire face à des crises du logement102 . Dans sa volonté d’expansion, la solution évidente à ce problème fut d’en construire de nouveaux et ce, en faisant appel à des architectes. C’est ainsi que la cité se fit une place dans un autre genre de périodiques : les revues d’architecture.
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Fig. 59 : Photo de l’opération de logement Creativity de Anupama Kundoo, 2020 98 5 quotidiens spécialisés en 1946 et 11 en 2020, «Tirage des quotidiens de 1946 à 2020», Ministère de la Culture 99 En 2019, 52% des gens interviewésdisent s’être davantage intéressé aux enjeux d’écologieet et auraient modifié leurs comportement dans ce sens, https://fr.statista.com/ 100 https://www.tamilnadutourisminfo. com/auroville/ 101 Article de Géo 102 Cf article Reporterre
Auroville, une architecture de l’utopie
Ces périodiques, de par leur choix éditoriaux axés sur l’architecture, n’ont pas un large public. En France elles sont 36 revues de ce type à être recensées103. Une analyse entre des articles de différentes revues à propos d’Auroville est un moyen de comparer les manières de traiter à la fois utopie et architecture. Des recherches pourtant avancées ne permirent que de recueillir trois articles provenant de magazines d’architecture relatifs à la cité de l’Aurore. Parmi ces trois articles, deux proviennent de revues françaises tandis que le dernier est américain. Il s’agira d’identifier le vocabulaire employé par chacun d’entre eux et d’observer si une connexion avec l’utopie et le projet global est effectuée. ARCHITECTURE D’AUJOURD’HUI Le premier article français abordant le sujet provient du journal Architecture d’aujourd’hui, aussi appelé « AA ». C’est une revue internationale réputée qui traite d’urbanisme, de design, des arts ou encore du paysage. L’article paraît dans le numéro 154 pour février/mars 1971, il aborde le projet d’école expérimentale à Auroville. Le nom de l’auteur de l’article n’est pas mentionné tout comme celui de l’école. Il est illustré par un plan, une coupe et une façade du projet ainsi que par des photos de la maquette et du chantier. L’article apparaît divisé en deux paragraphes très courts. Le premier traite du programme et le second de l’architecture. Pour commencer, l’auteur resitue le projet géographiquement et nomme ses concepteurs que sont Roger Anger et Mario Heymann. Il explique ensuite 103
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Fig. 60 : Photo de la maison de Roger Anger à Auroville, 2021 103 36 étaient recensées en 2006 selon l’Ordre des architectes
le but de l’école en précisant les raisons pour lesquelles elle est considérée comme « expérimentale ». Pour terminer, il expose les choix des architectes faits en fonction de la volonté des maîtres d’œuvre concernant les ouvertures, la lumière, la ventilation et le choix des matériaux.
104 Il serait parti à la fin des années 60’s selon https://blogeditionsbanyan. wordpress.com/2018/04/01/lheritage-de-roger-anger
A cette époque, Roger Anger n’est plus membre du comité de rédaction de « AA »104 où il travaillait en collaboration avec Georges Candilis105, Jean Renaudie106 et Claude Parent107. On peut donc supposer que la publication de l’école expérimentale d’Auroville parmi d’autres écoles sur le territoire français métropolitain n’est pas anodine. Cependant, cet article est très synthétique et complet. Les volontés quant à l’usage et l’objectif de cette école sont clairement exprimés et en accord avec ce que nous avons pu voir à ce propos. Les illustrations permettent une excellente compréhension de ce qui est écrit en dessous. Toutefois, on peut remarquer qu’il est mentionné qu’ « il a été demandé aux architectes de créer un univers clos, à l’abri des contacts avec les adultes ». Hors, ce n’est pas ainsi que cette école est censée fonctionner. Dans le reportage de Jean-Pierre Elkabbach de 1973, l’école est finie et une « enseignante » témoigne du fait que la last school (c’est le nom de cette école) est destinée à tous y compris aux adultes, on en voit d’ailleurs certains sur les images d’archives.
107 (1923-) Architecte et urbaniste français
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105 (1913-1985) Architecte et urbaniste grec 106 (1925-1981) Architecte et urbaniste français
Auroville, une architecture de l’utopie
ARCHISCOPIE Le second article provient d’un autre périodique français Archiscopie. Archiscopie est un périodique trimestriel qui traite d’informations relatives à l’architecture, à la ville, et au paysage. Il est édité par la Cité de l’architecture et du patrimoine. L’article en question signé Rémi Guinard et paraît dans le numéro 4 en octobre 2015. Il parle dans un premier temps de l’histoire d’Auroville avant d’introduire son aspect architectural et de faire un constat sur la situation actuelle. Il contient cinq photos montrant des réalisations architecturales d’Auroville telles que le Matrimandir, le plan masse, des écoles ou encore une maison. L’article débute par l’origine de la création d’Auroville, ses concepteurs (Sri Aurobindo, la Mère et Roger Anger), leurs histoires respectives, leurs différentes rencontres... Il souligne notamment le statut avant-gardiste de la cité en terme d’économie, de partage et d’écologie. Rémi Guinard s’attarde ensuite sur la vie de l’architecte et son projet urbanistique par la mention du travail de plan masse et de ses zones. Il en profite pour préciser le style et les méthodes architecturales expérimentales qu’il présente. Malgré l’ampleur du projet théorique, l’architecte ne construisit pas à la hauteur de ses espérances. Les constructions d’écoles et d’habitations sont mentionnées. Cependant, l’auteur qualifie l’œuvre du Matrimandir comme son plus grand défi architectonique. Il décrit dans son programme, son aspect, ses façades, ses espaces, sa lumière et sa matérialité. Rémi Guinard entame ensuite un travail réflectif sur la ré-
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alisation de trois documentaires108 à propos de la ville de l’Aurore. Il en arrive à la conclusion qu’ils mettent tous trois en avant le caractère sociologique d’Auroville mais pas le projet urbanistique et architectural. Grâce à l’incorporation de citations de la Mère, le lecteur se rend compte que cela ne semble pas réellement être en adéquation avec la vision qu’elle en avait. L’article se termine par une énumération de progrès ou d’évolutions positives de la cité en demandant si elle perdurera face à des problématiques extérieures. Le ton général de cet article est positif et le vocabulaire assez spécifique ce qui laisse entendre que l’article est destiné à un public qui peut être large mais surtout averti. Dans un premier temps, on pourrait penser qu’il n’a rien de différent de ceux qui ont déjà été analysés lorsqu’il parle des généralités d’Auroville. Il va cependant vite s’en distinguer en s’attardant longuement sur la vie personnelle et le travail de Roger Anger. Les œuvres de l’architecte mentionnées sont corrélées aux illustrations. Cela permet de créer une connexion directe entre ce dont il est question et ce à quoi cela ressemble (photo intitulée « maison » avec « auromodèle» ...). L’illustration du Matrimandir paraît alors nécessaire et peut être même trop anecdotique tant le projet est détaillé dans l’article. L’analyse portée sur les trois documentaires récents à propos d’Auroville permet de faire un rapprochement avec le travail effectué précédemment*. La conclusion semble être d’ailleurs la même puisqu’il constate également une absence et un manque de reconnaissance à l’égard du travail développé par la Mère et Roger Anger pour la communauté. 108
108 Auroville, retour sur une utopie, d’Hélène Risser (Fr., 2008, 60’, prod. Public Sénat/ INA) Auroville, la ville dont la terre a besoin, de Guillaume Estivie (Fr., 2007, 57’) Auroville, l’esquisse d’un monde, de Maximilien Charlier, Adrien Kaempf, Quentin Noirfalisse et Antoine Sanchez (Bel., 2009, 24’)
Auroville, une architecture de l’utopie
ARCHITECTURAL DIGEST « A trip through Auroville’s design trail » est un article paru dans le magazine Architectural Digest, le 2 mars 2016. Ce périodique états-unien fondé en 1920 est une revue mensuelle. Ces sujets principaux tournent autour du design intérieur et du paysagisme. Cet article a été rédigé par Malavika Shivakumar, d’origine indienne, qui traite de l’architecture, de l’artisanat ainsi que de l’hébergement au sein d’Auroville. Il est illustré par une image du Matrimandir, « L’âme » d’Auroville. L’article de Malavika Shivakumar retrace rapidement l’histoire d’Auroville, débutant par sa construction, et l’introduction de Mirra Alfassa. Elle cite les principes d’Auroville et notamment le concept d’ « expérience » qui symbolise ce lieu. Selon elle, plusieurs architectes urbanistes du monde entier auraient été attirés par Auroville, ce qui fait de cette dernière une réelle source d’inspiration à l’international. L’architecture au sein de la cité de l’Aurore compose des bâtiments dits « non rectilignes » et « sculpturaux » et propose une architecture à faible impact environnemental. Malavika Shivakumar traite du respect de l’environnement au sein d’Auroville, avant de se pencher un peu plus sur l’architecture du Matrimandir. Elle souligne qu’une des caractéristiques intéressantes d’Auroville est qu’un grand nombre de bâtiments publics furent autorisés à être construits, pour une population relativement petite (à peine 2000 habitants). L’artisanat a tout autant sa place dans cet article, via l’inclusion dans l’article de la Golden Bridge Pottery de Pondichéry. Ainsi, la céramique prit peu à peu place à Auroville. Cette
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dernière devint aussi célèbre pour son papier fait main, et l’auteure cite le Well Paper. Des boutiques de vêtements « biologiques » voient aussi le jour au sein d’Auroville. L’hébergement se fait via des « guest-house » : l’Afsanah Guest House est l’une de celles que Malavika Shivaku mar cite dans son article, avec la Center guest House109. L’article se conclut autour du plus grand principe d’Auroville : le fait qu’elle appartienne à tout le monde comme à personne. Cet article, bien que provenant d’une revue d’architecture va finalement accorder un court paragraphe à ce sujet. Ce sont surtout l’écologie et les pratiques artisanales qui sont mis en avant. Malgré cela, un ton positif est perceptible tout au long de l’article. Elle cherche d’ailleurs à déconstruire les idées reçues que le lecteur peut avoir sur Auroville : « Mais si vous pensez que l’idéalisme hippie est tout ce dont il s’agit, détrompez-vous. ». Dans le paragraphe sur l’architecture, quelques éléments laissent présager une architecture autre que celle à laquelle on est habituée : « des bâtiments non rectilignes et sculpturaux hérités d’Anger et des maisons de terre stabilisées par le feu ». Ces dernières étant un projet expérimental de Anupama Kundoo110, une architecte indienne dont le nom n’est pas mentionné.
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109 Maison d’hôte la plus ancienne d’Auroville 110 (1967-) Architecte et urbaniste indienne
Auroville, une architecture de l’utopie
L’OEUVRE DE ROGER ANGER D’après l’analyse de ces trois articles, on peut remarquer que, y compris dans le domaine de l’architecture, certains périodiques s’adressent à un public plus ou moins large. L’article du Architectural Digest ne dispose pas le même vocabulaire que celui du Archiscopie ou encore du Architecture d’aujourd’hui. La scission entre ces deux catégories se matérialise également par les choix éditoriaux faits. Archiscopie et « AA » font le choix de ne pas réaliser d’interview tandis que « AD » semble préférer cette approche. Une photo du Matrimandir est présente dans les deux articles parus après le début de son chantier. C’est le seul élément commun que l’on retrouve dans ces deux articles. On remarque aussi le fait que les photos sont aujourd’hui privilégiées (en tout cas lorsqu’il s’agit d’Auroville) à des plans, coupes ou façades. Ces documents sont pourtant présents dans l’article du « AA » en 1971 et facilitent grandement, lorsque c’est le sujet, la compréhension de l’édifice en question. Une photo représentant un bâtiment mentionné dans l’article mais pas fortement approfondi permet une résonance entre texte et visualisation . Dans ces revues, les architectes ont leur place. Roger Anger est à chaque fois mentionné ainsi que son travail. C’est un point qui marque une différence avec la presse papier grand public. Toutefois, notamment dans l’article de « AD », une expérimentation est mentionnée sans donner le nom de l’architecte à son origine. Le nom de Anupama Kundoo est passé sous silence probablement par ignorance.
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Auroville, une architecture de l’utopie
UN DEFRICHEUR Auroville semble être un lieu attisant particulièrement la curiosité des architectes. On peut lire dans certains articles que « Pionnière en matière d’urbanisme écologique, Auroville attire de nombreux architectes qui réfléchissent aux moyens de limiter l’impact des bâtiments sur l’environnement.111 ». On retrouve différents Aurovilliens ayant suivi une formation d’architecte112 toutefois, une architecte se distingue des autres : Anupama Kundoo. Cependant, pour comprendre sa vie et son travail, il est important de parler d’abord de celui qui est à l’origine du projet urbain, Roger Anger. L’histoire de cet architecte a déjà été introduite dans l’introduction, nous n’y reviendrons pas. Ce qui nous intéresse ici est sa relation à l’utopie et son travail de connexion et de transmission entre architecture et utopie. Roger Anger se rendit régulièrement en Inde à partir de 1956 avec sa femme, Françoise Morisset, qui s’intéressait de plus en plus à l’ashram de Sri Aurobindo à Pondichéry. Elle était la petite fille de Mirra Alfassa. Mirra Alfassa qui, en 1965, demanda à Anger d’être l’architecte en chef du futur projet d’Auroville. Il accepte cette proposition, et porte officiellement ce rôle dès 1966. En 1968, le concept du plan d’Auroville fut approuvé et l’inauguration de ce projet eut lieu dans l’état du Tamil Nadu. Alors que le projet prenait doucement forme, la Mère décéda en 1973. Le projet d’Auroville entra dans une période de turbulences durant laquelle le développement de la ville s’immobilisa à la suite de la disparition du gourou. C’est à la suite de 111 112
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Fig. 61 : Photo de Roger Angertenant une maquette du Matrimandir 111 36 étaient recensées en 2006 selon l’Ordre des architectes 112 23 noms d’agence sont répertoriés sur le site : www.auroville.org
Auroville, une architecture de l’utopie
ces événements que Roger Anger se retira de 1978 à 1984. En 1984, il retourne à Auroville sentant que ses travaux pourraient reprendre. Bien que son travail fut officiellement reconnu, Roger Anger dut faire face à de nombreuses difficultés dont le manque de ressources humaines, d’argent et de soutien professionnel, ainsi qu’à l’indisponibilité des terrains et au manque d’infrastructures... Lors d’une conférence organisée dans le cadre des Journées Européennes du Patrimoine au Pavillon de l’Arsenal à Paris en 2010, Claude Parent est à la fois attristé et offusqué de l’ignorance du nom de Roger Anger par les dernières générations d’architectes : «Anger est inconnu au bataillon, il est oublié […] C’est anormal que son nom ne résonne pas dans les têtes ». Cette conférence est à propos du livre Roger Anger, recherche sur la beauté* écrit par Anupama Kundoo et dont la préface a été rédigée par Claude Parent. Son ancien collègue au sein de la rédaction d’Architecture d’Aujourd’hui le considère comme un défricheur et souligne la qualité de son travail pour les nombreux immeubles d’habitation qu’il a livrés à Paris. Il a, selon lui, « réussi à éviter le piège de tout les immeubles qu’on a construits en série à la fin de son passage en France. Il a fait une véritable création dans l’Histoire de l’immeuble. ».
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Fig. 62 : Photo d’une façade de Roger Anger rue Saint-Ambroise, Paris 11e par Jacqueline Poggi en 2012
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SCULPTURE ET GEOMETRIE Lorsque Roger Anger est parti s’installer longtemps en Inde pour s’investir dans Auroville, sa manière de penser l’architecture aurait basculé dans un autre univers de formes, vers une autre manière de concevoir l’habitation et les rapports entre les habitations elles-mêmes. Claude Parent définit la pensée de Anger de la manière suivante : les bâtiments construits devaient avoir « une plastique proche d’une beauté architecturale démontrée ». Pour l’architecte en chef, la plasticité jouait un rôle primordial dans la mise en scène de l’architecture afin qu’elle soit élégante et très visible. Lors de cette même conférence, Anupama Kundoo mettra l’accent sur deux aspects primordiaux dans le travail de l’architecte que sont : l’aspect sculptural et géométrique. Sculptural dans les formes, les dimensions mais aussi dans le rapport entretenu avec la sculpture. Selon elle, Roger Anger pensait que les œuvres d’art ne devaient pas rester confinées dans les musées mais mises en valeur dans l’espace public et qu’elle fasse parti du quotidien. On retrouve souvent des sculptures dans ou devant les bâtiments qu’il a construit, c’est par exemple le cas de la Last School (cf image). L’aspect géométrique lui se traduit par son omniprésence dans ses projets. Anupama Kundoo prend alors l’exemple du Matrimandir pour justifier ses propos.
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Fig. 63 : Photo de la Last School par Joanne Pouzenc en 2015
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LA SPHERE D’OR Le Matrimandir est le couronnement de la gloire d’Auroville, conçu par la Mère et Roger Anger. Ce dernier a traduit ses pensées en un design complexe. Il s’étend sur un site non arboré et comprend le temple principal et douze jardins. En forme de sphère légèrement aplatie, le temple abrite une chambre de méditation. Le plan de cette chambre est « dodécagonal113 » avec un toit conique soutenue par huit piliers en forme de faucille. Revêtu de disques d’acier inoxydable recouverts de feuilles d’or, le dôme reflète la lumière du soleil. Il apparaît alors comme une sphère d’or rayonnante émergeant tout droit des douze talus de béton lissé peint à l’acrylique. Le plan du Matrimandir incluant les jardins est une démonstration de la rigueur dont Roger Anger fait preuve. Le nombre 12114 si symbolique pour la Mère est omniprésent (12 jardins, 12 chambres, coordonnées GPS 12°00’25.4’’N 79°48’37.8’’E …). La coupe (cf p.160), elle, montre la complexité de l’édifice par la succession d’escaliers et de rampes instaurée pour accéder à la chambre de méditation qui apparaît comme suspendue. On distingue donc un étage supérieur, un étage intermédiaire et un « rez-de-chaussée » situé sous le dôme. Cette coupe met également en relief le travail de géométrie qui a accompagné sa conception. Roger Anger a réalisé selon Anupama Kundoo un véritable travail de géométrie progressive et complexe. Cela se traduit par l’introduction dans le plan, les coupes ou les façades de toutes les formes « classique » de la géométrie. Carrés, rectangles, triangles, cercle , toutes sont 113 114
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Fig. 64 : Plan du Matrimandir de Roger Anger en 1968 113 Qui a 12 côtés 114 Evoque habituellement la religion (12 apôtres etc) mais ici ne définit justement rien de religieux
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inscrites dans les documents qui accompagnent le projet. Les carrés et rectangles se retrouvent dans le calepinage des talus de béton lissé et se déforment avec la courbure de ces derniers. Le triangle est présent dans la structure soutenant le toit de la chambre de méditation et enfin le cercle et la sphère sont perceptibles par le biais des boucliers en façade, dans la chambre de méditation par la sphère de cristal et enfin par l’autre sphère de cristal au niveau du « rez-de-chaussée ». Pour Anupama Kundoo, le Matrimandir est un réelle démonstration de technicité et de savoir faire par l’emploi des nombreux matériaux différents qui le constituent115. LE TRAVAIL DE LA LUMIERE En tant qu’architecte et sculpteur, Roger Anger excellait particulièrement dans le travail de la lumière. C’est un aspect de son travail que l’on retrouve dans toutes ses œuvres réalisées à Auroville. On peut mentionner la clarté parfaite du rayon de lumière frappant l’énorme cristal clair situé au cœur du Matrimandir, aux fentes horizontales de lumière creusées dans les côtés des pyramides de l’After School 2 et le système de pièces modulaires en polyester de la toiture en forme d’entonnoir qui fournit une lumière constante dans les murs creux de la Last School. Au delà de ce que cela apporte au projet en terme d’esthétique ou d’ambiance, ce travail apporte l’ombre protectrice nécessaire contre le fort soleil indien. L’architecte en chef a également conçu des fenêtres dans le but d’encadrer un morceau du paysage environnant 115
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Fig. 65 : Coupe du Matrimandir de Roger Anger en 1968 115 Matériaux tel que béton, polyester, acrylique, ferrociment, marbre, verre Toutes les informations sur Roger Anger et son oeuvre proviennent des sites : https://www.uncubemagazine.com https://auroville.org https://www.re-thinkingthefuture.com https://antoinelorgnier.com
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à l’intérieur du patio fermé. Elles permettent d’offrir aux étudiants une inspiration quotidienne de la nature. Roger Anger souhaite éviter d’avoir des distinctions trop brutales entre les éléments architecturaux tels que le sol, le plafond et les murs. C’est pour cette raison qu’il s’opère un continuum de l’espace et de l’expérience spatiale entre ces différents éléments par le biais de la couleur, de la forme ou du matériau. La Last School est encore prise en exemple : « l’agencement structurel du toit se fond ensuite avec la base, le sol de ce bâtiment, où sont posés les sièges pour enfants. D’un côté, vous avez les impératifs fonctionnels, structurels du toit qui finissent par fusionner avec l’aspect beaucoup plus ludique, plus joyeux qu’est le lieu où les sièges pour enfants sont installés. ». LES ECOLES Les quatre bâtiments « scolaires » sont des édifices uniques, chacun ayant une fonction différente et correspondant à une étape différente de la théorie éducative de la Mère. Les bâtiments se prénomment Last School, After School 1, After School 2 et No School. Ils expriment l’intention de dépasser les notions classiques d’éducation. Cette volonté s’exprime dans leurs morphologies en émergeant du sol , comme s’ils sortaient sculptés. A Auroville, aucune matière n’est enseignée, c’est pour cette raison qu’il n’y a pas de salles de classe. Les espaces reflètent l’idée de mettre en œuvre le savoir de manière fluide, sans structure stricte. Dans ces écoles, les enseignants jouent le rôle de médiateurs et sont invités à suivre les pensées
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Fig. 66 : Photo de la Last School par en Joanne Pouzenc en 2015 Toutes les informations sur Roger Anger et son oeuvre proviennent des sites : https://www.uncubemagazine.com https://auroville.org https://www.re-thinkingthefuture.com https://antoinelorgnier.com
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des élèves. L’enseignement consiste à expliquer un sujet à partir d’un autre au fur et à mesure qu’ils se présentent. Les quatre écoles sont fermées au monde extérieur, c’est un choix de la Mère mis en œuvre par l’architecte, afin de fournir un environnement sûr et paisible. Cela a pour vocation de permettre aux élèves de se concentrer. Pour travailler avec cette contrainte de l’enfermement, Roger Anger a dû trouver des solutions de conception qui fourniraient toujours une lumière abondante indirecte au cœur des bâtiments, ce qu’il a fait avec « finesse et ingéniosité 116». After School 1 est une expérience éducative consistant à créer une structure sinueuse avec du ferrociment. Les espaces libres de l’école sont enfermés dans des formes organiques. Le projet se compose de deux espaces primaires qui entourent un patio tropical. Le toit de l’école est soutenu par des poutres en U qui font également office de gouttières. Des découpes circulaires dans le toit apportent de la lumière à l’intérieur de la structure, ajoutant un sentiment de vivacité. Le jardin central permet aux élèves de se connecter à la nature tout en restant à l’intérieur. La Last School possède un système de toiture tramé unique placé sur un réseau d’égouts pluviaux qui constitue l’essence de la «dernière école». Ces gouttières en forme de V servent également de système structurel à l’école. Le toit est composé de plusieurs modules en forme d’entonnoir recouverts de polyester. Ce revêtement 116
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Fig. 67 : Photo de l’After School 1 par Joanne Pouzenc en 2015 116 Conférence au pavillon de l’arsenal 2010 Toutes les informations sur Roger Anger et son oeuvre proviennent des sites : https://www.uncubemagazine.com https://auroville.org https://www.re-thinkingthefuture.com https://antoinelorgnier.com
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translucide filtre la lumière et protège la structure des rayons du soleil. Caché derrière le talus de béton lisse se trouve l’amphithéâtre de l’école qui sert d’espace interactif. Plusieurs sculptures sont disséminées autour de l’école et créent la surprise. Anupama Kundoo, lors de la conférence, prend comme exemple ce bâtiment pour apporter un autre aspect du travail de Roger Anger. En plus de l’aspect esthétique déjà évoqué, c’est l’aspect technique qui est mis en exergue : « ces parois alvéolaires utilisées à des fins d’isolation mais qui ont un aspect esthétique évident, la dimension technique se fait presque oublier ». La No School est une structure aux formes courbes qui abrite actuellement le laboratoire de langues. Les courbes douces de la structure sont obtenues grâce à l’utilisation de ferrociment, un matériau largement utilisé par Roger Anger. Le toit est marqué par des trous recouverts de verre pour laisser entrer la lumière dans la structure. L’espace rond est perçu comme l’idée selon laquelle à Auroville, « la transmission se fait sans rigidité ». Différente des trois écoles précédentes, l’After School 2 est une structure pyramidale. L’élévation de la structure est marquée par des fentes horizontales qui font entrer la lumière dans la structure. Construite en ferrociment, la structure a résisté au cyclone qui a frappé le Tamil Nadu* mais a subi des dommages. La maison de Roger Anger (cf annexe 4) est l’une des
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Fig. 68 : Photo de la No School par Joanne Pouzenc en 2015 Toutes les informations sur Roger Anger et son oeuvre proviennent des sites : https://www.uncubemagazine.com7 https://auroville.org https://www.re-thinkingthefuture.com https://antoinelorgnier.com
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maisons principales d’Auromodele, elle est située à la périphérie d’Auroville. Construite avec du ferrociment, la forme à double courbure du toit a repoussé les limites de la conception avec ce matériau flexible. Les talus de terre qui entourent la maison donnent une impression de continuité et donnent l’impression que la structure s’élève du sol. Conçue en 1976, la maison de Christine Devin (cf annexe 5) ressemble à un champignon. L’espace de couchage de la maison est circulaire et comporte des lattes mobiles qui peuvent être ajustées pour faire entrer la lumière et la ventilation. La maison est colorée de rouge-oxyde et de blanc, ce qui est une caractéristique commune des créations de Roger Anger à Auroville. ANUPAMA KUNDOO Une jeune architecte indienne eut l’occasion de travailler avec Roger Anger avant son décès en 2008. Il s’agit de Anupama Kundoo. Déjà citée pour avoir écrit « Roger Anger, la recherche de la beauté », elle le rencontra à son arrivée à Auroville en 1990 et échangea à de nombreuses reprises avec lui. Ils travaillèrent ensemble à la construction de bâtiments expérimentaux, notamment en énergie et en eau. Ils avaient tous deux leur agence à Pondichéry mais dès la fin des années 90’s, elle réalisa des un grand nombre de bâtiments publics ou d’habitation à Auroville et continue encore aujourd’hui. Anupama Kundoo est une architecte indienne née en 1967
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Fig. 69 : Photo de l’After School 2 par Joanne Pouzenc en 2015 Toutes les informations sur Roger Anger et son oeuvre proviennent des sites : https://www.uncubemagazine.com https://auroville.org https://www.re-thinkingthefuture.com https://antoinelorgnier.com
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à Pune, en Inde. Elle a étudié l’architecture à l’université Sir JJ College de Mumbai, en Inde, et en sort diplômée en 1989. De 1990 à 2005, Anupama Kundoo travaille dans la cité utopique qu’est Auroville attirée par l’idée d’un lieu visionnaire117. C’est dans cet environnement qu’elle a développé un projet de recherche à long terme sur les technologies durables et du bâtiment avec une approche expérimentale de réutilisation des matériaux et méthodes de construction durables. En 1990, à son arrivée, elle construit elle-même sa maison Hut in petite ferme (cf annexe 6). Elle la construisit avec des matériaux qu’elle trouva à Auroville. Sa construction lui revint finalement pour environ une centaine d’euros. Par la suite, elle construisit encore tout en étant en parallèle maître de conférences à l’université de Berlin, à l’Université de Yale puis professeure à l’Université du Queensland. Aujourd’hui elle enseigne à l’Université de Madrid et a reçu le prix Auguste Perret118 et le prix RIBA119 en 2021. POUR LE RESPECT DE L’ENVIRONNEMENT La pratique d’Anupama Kundoo combine la recherche, la construction et l’enseignement dans le but de créer une architecture hors du courant commercial. Elle collabore avec des constructeurs locaux, et expérimente avec des matériaux durables. La main d’œuvre qu’elle sollicite n’est pas expérimentée, puisqu’Anupama Kundoo estime qu’il n’y a pas meilleure façon d’apprendre que de travailler sur le terrain et de se salir les mains. Elle expose en 2012 à la bien117 118 119
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Fig. 70 : Photo de Anupama Kundoo par Andreas Deffner 117 HEATHCOTE Edwin, «Anupama Kundoo’s handmade architecture», Financial times, 28 mars 2014 118 Le Grand Prix d’architecture et d’urbanisme Auguste Perret est attribué pour un projet architectural, urbain ou paysager réalisé en Haute-Normandie. 119 Le prix Charles Jencks du RIBA est décerné à une personne ou à un cabinet qui a récemment apporté une contribution majeure au niveau international à la théorie et à la pratique de l’architecture. Toutes les informations sur Anupama Kundoo et son oeuvre proviennent des conférences du Pavillon de l’Arsenal et de Montpellier ainsi que des sites : https://anupamakundoo.com https://auroville.org https://www.architecture.com/
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nale de Venise suite à l’invitation de David Chipperfield120. Dans une conférence de l’ENSA à Montpellier en 2017121, elle témoigne qu’elle a fait le choix d’être une architecte qui ne dessine que pour ce qu’elle croit. Elle parle d’ailleurs de l’expérience qu’elle a acquise à Auroville, et de son travail auprès de l’architecte en chef de la cité ; Roger Anger : « Roger Anger avait établi un haut niveau d’expérimentation dans son travail. […] Il m’a beaucoup influencé. ». Elle est consciente qu’un certain éco-tourisme se développe à Auroville et dans le monde, et que les gens ne sont pas forcément prêts à passer de maisons luxueuses en béton à une cabane en bois. Anupama Kundo a donc imaginé des maisons hybrides dans la cité utopique, construites en briques avec une charpente et une toiture en bois. Dans son travail, elle prône le respect de l’environnement, utilise des matériaux recyclables et sollicite une main d’œuvre locale avant tout. C’est exactement ainsi qu’elle opère au sein de la cité. Elle accorde une grande importance au choix des matériaux afin que ceux-ci soient locaux et tout particulièrement la brique. Elle profite d’être à Auroville pour expérimenter de nouvelles méthodes de construction ou de nouveaux matériaux. Selon elle, la brique d’aujourd’hui n’est plus un matériau possédant une empreinte carbone faible, « on la cuit au charbon, elles est fabriquée en usine et doit être acheminée jusqu’au chantier. ». Un des premiers travaux de recherche d’ Anupama Kundo à Auroville se porta sur la « rammed earth 122». Cette méthode est à Auroville, une méthode très économique puisque son paysage regorge de terre com120 121 122
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Fig. 71 : Photo toit brique bombé par Andreas Deffner en 2012 120 (1953-) Architecte britannique 121 «Perspectives - Anupama Kundoo» conférence du 7 mars 2017 122 Traduit «terre crue» en français Toutes les informations sur Anupama Kundoo et son oeuvre proviennent des conférences du Pavillon de l’Arsenal et de Montpellier ainsi que des sites : https://anupamakundoo.com https://auroville.org https://www.architecture.com/
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patible. Elle la conforte aussi dans son idéal selon lequel « une personne riche et une personne défavorisée ont le droit à la même qualité de vie et que cette qualité réside dans l’espace négatif, l’espace « non-construit » ». Mis à part la brique, Anupama Kundoo travaille également le ferrociment dans la continuité de son prédécesseur Roger Anger. Plusieurs de ses expérimentations furent couronnées de succès. C’est le cas des Volontariat Homes for Homeless Children construits entre 2008 et 2010. Ils se présentent sous la forme de plusieurs maisons qui sont leur propre four. Ce sont des coques en briques crues à l’intérieur desquelles toutes les parties constituantes, des briques et des tuiles aux lavabos et tuyaux de plomberie, sont cuites au fur et à mesure que la maison se solidifie. CONCEPTRICE ET BATISSEUSE Une autre expérience consista à reprendre une méthode traditionnelle tamoule de fabrication de pot en terre cuite et de les incorporer dans le plafond en guise de sous-face (cf annexe **). Elle travailla également sur une manière de construire des toitures en « pots » de terre cuite s’imbriquant les uns dans les autres afin afin de créer une toiture bombée mais rigide (cf annexe 7). Enfin, parmi ses expérimentations les plus récentes, il y a Full Fill Homes en 2015 (cf annexe 8) et Light housing en 2013 (annexe 9). Tous deux ils proposent des habitations individuelles avec une structure en ferrociment préfabriquée à Auroville. La spécificité de Full Fill Homes est qu’il
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Fig. 72 : Photo du Volontariat Homes for Homeless Children par Alka Hingorani Toutes les informations sur Anupama Kundoo et son oeuvre proviennent des conférences du Pavillon de l’Arsenal et de Montpellier ainsi que des sites : https://anupamakundoo.com https://auroville.org https://www.architecture.com/
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est peut être modulaire et que les éléments de structure sont peints et peuvent accueillent du rangement. Anupama Kundoo expérimente beaucoup à Auroville mais elle construit aussi. C’est une architecte majeure d’Auroville, elle y a pour le moment construit près d’une quinzaine de projets. Elle y réalisa des constructions publiques, des logements individuels et du logement collectif. La deuxième maison que Kundoo s’est construite se prénomme The Wall House (2000). Elle l’a considérée comme un prototype pour ses réalisations ultérieures. Travaillant avec des artisans locaux, elle a choisi d’utiliser des briques de boue préindustrielles dont la production consomme moins d’énergie que celle des briques d’usine. Elle a également développé des systèmes de toits voûtés en terre cuite, afin d’utiliser les compétences des potiers d’Auroville. Conçu comme un prototype de communauté de co-habitation, Créativity (2003) (cf annexe 10) offre diverses installations pour 50 à 60 résidents. Des passerelles surélevées créent un espace d’interaction sans compromettre l’intimité des maisons individuelles et permettent également aux bâtiments d’intégrer des techniques de ventilation naturelle. Le Sri Aurobindo World Centre for Human Unity (Sawchu, 2000) (cf annexe 11) est un pavillon en béton, conçu comme
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Fig. 73 : Photo de la Wall House de Kundoo par Javier Callejas Toutes les informations sur Anupama Kundoo et son oeuvre proviennent des conférences du Pavillon de l’Arsenal et de Montpellier ainsi que des sites : https://anupamakundoo.com https://auroville.org https://www.architecture.com/
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un espace communautaire pour les résidents d’Auroville. La structure est soutenue par huit piliers inclinés (comme le Matrimandir) et est entourée sur trois de ses quatre quadrants par des sièges d’amphithéâtre. En son centre se trouve un puits de lumière circulaire, qui est reflété par les motifs du sol en dessous (de la même manière que l’ « âme » d’Auroville). Anupama Kundoo a collaboré avec Roger Anger, qui était l’architecte en chef d’Auroville, pour créer un groupe de trois bâtiments destinés à accueillir le projet du Town Hall Complex (2005) (cf annexe **). Le complexe entrecoupe les bureaux avec des installations publiques et des zones de service, permettant aux espaces de prendre un caractère urbain. Des passerelles ombragées relient les bâtiments, qui sont principalement construits en béton et en briques. Bien qu’ayant collaboré et travaillé dans la même ville, on remarque une approche de la transmission de ce que ce sont l’architecture et l’utopie combinées. Et ce, malgré le fait que Roger Anger ait « inspiré » Anupama Kundoo et qu’elle ait repris son flambeau au sein d’Auroville. L’approche de l’architecte français résidait plutôt dans la liberté des formes, souvent courbes, le travail de la géométrie, la réintégration de la sensualité des matériaux qui était devenue brutale, la continuité entre le sol et les éléments architecturaux et un travail très pointilleux sur la lumière. Cependant, si l’on reprend la définition du terme
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Fig. 74 : Photo du Town Hall Complex par Andreas Deffner en 2006 Toutes les informations sur Anupama Kundoo et son oeuvre proviennent des conférences du Pavillon de l’Arsenal et de Montpellier ainsi que des sites : https://anupamakundoo.com https://auroville.org https://www.architecture.com/
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« utopie », son architecture peut difficilement voir le jour partout ailleurs. Elle est fixe, elle nécessite de l’espace, des conditions climatiques semblables à celles d’Auroville. Anupapa Kundo, réfléchit et voit les choses différemment. Par ses multiples expérimentations, elle a développé des méthodes permettant la construction de bâtiments avec des nouvelles méthodes et des matériaux naturels se trouvant en grande quantité et pas uniquement en Inde. Sa manière de concevoir le projet n’est pas non plus la même. Alors que Roger Anger était très attaché à la beauté et à la fonctionnalité, Anupama Kundoo met un point d’honneur à trouver le moyen de combiner ces deux aspects en construisant le moins cher possible afin que les personnes dans le besoin tels que des sans-abris ou des personnes défavorisées puissent accéder à des logements de « qualité ». La flexibilité et l’aspect modulaire de certaines de ses œuvres s’approchent un peu plus de la définition de l’utopie.
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Fig. 75 : Photo de la maquette du projet de d’Anupama Kundoo
Conclusion
Dans un premier volet, un point général sur la cité de l’Aurore à été réalisé dans le but de poser les bases du sujet qui allait ensuite être traité. Cette base, fondée sur des lectures et des sites internets, a été amplifiée, améliorée par les documentaires audiovisuels analysés. Ils nous permettent au passage de réaliser que le documentaire est très efficace en terme de transmission et de sensibilisation. Les deux documentaires traités donnent énormément la parole aux personnes vivant l’expérience. Le documentaire est donc un simple intermédiaire entre la bouche des personnes interviewées et les oreilles de l’auditeur. Les paroles sont parfois accompagnées de musiques tentant de recréer une atmosphère en adéquation. Enfin, ces paroles sont illustrées par des images faisant appel à un autre type de mémoire. Ainsi, le mélange de ces trois éléments sollicitant deux sens distincts et deux types de mémoires (visuelle et auditive) facilite le travail d’intégration du spectateur. Néanmoins, un trop plein d’informations peut parfois survenir, risquant au lecteur d’omettre certaines de celles-ci . La presse papier quant à elle ne possède pas ce « cocktail » de sens, elle s’en tient au visuel pur. Dans l’analyse des périodiques, la variation des tons d’un journal à l’autre est importante. Cela vient notamment du fait qu’ils laissent moins la parole aux Aurovilliens mais se basent sur des faits. Cela peut fonctionner pour des sujets concernant l’économie ou l’Histoire. Or, à Auroville ce ne sont pas les faits qui définissent l’échec ou le succès du projet, ce sont les expériences intérieures
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de chacun. C’est aux Aurovilliens eux-mêmes de le dire. Ce n’est d’ailleurs pas une tâche facile comme le confirme le disciple italien du documentaire de Jean-Pierre Elkabbach : « Vous savez, on ne peut pas exprimer ses expériences profondes parce qu’elles sont inexprimables, il n’existe pas dans le langage parlé des mots qui puissent les expliquer ». La transmission par l’écrit et par la presse s’opère également mais certains journalistes vont au-delà des faits et délivrent une opinion. La transmission par les documents audiovisuels paraît plus authentique. La positivité des personnes interviewées pourrait contrebalancer et nuancer l’avis des journalistes et inversement. Enfin, une analyse a été portée sur l’architecture et la transmission de l’utopie à travers celle-ci. Ce n’est pas chose facile car comment définir l’utopie dans l’architecture ? Pour cela, il fallu décomposer l’architecture de Roger Anger et d’Anupama Kundoo et y chercher les éléments qui ont un rapport avec l’utopie de près ou de loin. L’architecture de Roger Anger s’en rapproche par sa recherche du beau, la fluidité entre les espaces, les continuités entre les différents éléments architecturaux, les courbes pour éviter la brutalité et la géométrie en quête de perfection. On considère cela plutôt comme une approche physique de l’utopie, tandis que l’architecte indienne, elle, se basera plutôt sur des concepts économiques et modulaires. Cela traduit le fait que chaque architecte peut avoir sa manière de transmettre l’utopie. Il n’existe pas qu’un seul moyen. Toutefois, à l’image
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des médias, la perception visuelle favorise la compréhension, l’utopie sera sans doute plus perceptible devant un projet de Roger Anger que d’Anupama Kundoo. C’est pourquoi, nous pouvons tirer de ce mémoire une conclusion certaine ; au sujet d’Auroville, de par la diversité des opinions exposées dans les médias, il est important de relier plusieurs sources entre elles afin de se créer une position propre. Tantôt «utopie», tantôt «anarchie», la perception transmise d’Auroville n’est pas la même partout. Auroville s’avère être un sujet qui va bien au-delà de l’aspect architectural. Il ouvre sur des thématiques très vastes et très différentes liées à la vie en société. Il serait intéressant alors, de se pencher à nouveau dans une ou plusieurs décennies sur Auroville afin d’appréhender les potentielles conséquences de l’arrivée massive de « newcomers » et la nouvelle organisation sociale et urbaine qui en aura découlé.
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SOUSA, Alain, « A Auroville, qui fête ses cinquante ans, l’utopie est toujours vivante », in Reporterre, [en ligne] 1er mars 2018 VALLAEYS Béatrice, « A Auroville, l’utopie s’est couchée », in Libération, [en ligne] 16 août 2011 WETS, Jean, « Le construction d’Auroville première « cité mondiale » ne suscite guère d’enthousiasme », in Le Monde, 17 avril 1968 ?, Frédéric, « La tentation d’Auroville », [en ligne], [17 avril 2015], Disponible sur <http:// fredalaventure.blogspot.com/2015/04/la-tentation-auroville.html> ?, « Ecole expérimentale Auroville, Inde : R.H. Angeret M. Heymann, architectes », in L’architecture d’aujourd’hui, n°154, 1971. p.38 ?, « Auroville, la cité de l’utopie », [en ligne], [27 juin 2014], Disponible sur https://www. indeaparis.com/auroville-la-cite-de-lutopie ?, « Anupama Kundoo named the 2021 recipient of the RIBA Charles Jencks Award », in RIBA Architecture, [en ligne] 17 aout 2021 ?, “LOIN DES CAPITALES Auroville, vingt-cinq ans après », in Le Monde, 9 janvier 1994
Iconographie
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Iconographie
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Fig. 11 : ?, ?, Symbole d’Auroville, Image virtuelle, En ligne In Auroville, Inde, <https:// auroville.org>, consulté le 15 mai 2020. Fig. 12 : ?, ?, Etang du lotus, Matrimandir, Photographie, En ligne In Auroville France, France, <https://www.auroville-france.org>, consulté le 15 mai 2020. Fig. 13 :?, ?, Evènement dans l’amphithéâtre, Photographie, En ligne In Auroville France, France, <https://www.auroville-france.org>, consulté le 15 mai 2020. Fig. 14 : Simon Drai, 1973, Un pionnier, Vidéo, En ligne In Youtube, Etats-Unis, <https://www.youtube.com>, consulté le 14 mai 2020. Fig. 15 : ?, 1970, Premiers travaux du Matrimandir, Photographie, En ligne In Auroville, Inde, <https://auroville.org>, consulté le 22 décembre 2020. Fig. 16 : ?, ?, Jeunes travailleurs dans les fermes d’Auroville, Photographie, En ligne In Auroville botanical gardens, Inde, <http://auroville-botanical-gardens.org>, consulté le 2 janvier 2021. Fig. 17 : Jean-Claude Caron, 2013, Boucliers d’or recouvrant le Matrimandir, Photographie, En ligne In Inde à 3, France, <http://indea3.blogspot.com>, consulté le 1er janvier 2021. Fig. 18 : ?, ?, Sri Aurobindo, Photographie, En ligne In Omalaya travel, France, <http:// www.omalayatravel.com>, consulté le 29 décembre 2020. Fig. 19 : ?, ?, Mirra Alfassa alias la Mère, Photographie, En ligne In Sri Aurobindo Ashram, Inde, <https://www.sriaurobindoashram.org>, consulté le 29 décembre 2020.
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Iconographie
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Fig. 29 : ?, 2014, Schéma zone résidentielle, Image virtuelle, En ligne In Auroville, Inde, <https://auroville.org>, consulté le 7 octobre 2020. Fig. 30 : ?, 2014, Schéma zone culturelle, Image virtuelle, En ligne In Auroville, Inde, <https://auroville.org>, consulté le 7 octobre 2020. Fig. 31 : Natalie Armstrong,Sarah Butt , Alanna Damp, Nadia El Dabee, Carling Fraser, Kassidee Fior, Kelsey Jones,Vanessa Smith, 2019, Schéma des différentes zones d’Auroville, Dossier universitaire, En ligne In Queen’s University, Etats-Unis, <https://www. queensu.ca>, consulté le 29 décembre 2020. Fig. 32 : ?, 2016, Pavillon tibétain, Photographie En ligne In Auroville, Inde, <https:// auroville-france.org>, consulté le 2 janvier 2022. Fig. 33 : ?, 2021, Photo du Savitri Bhavan, Photographie, En ligne In Click, Inde, <https://www.click.in>, consulté le 2 janvier 2021. Fig. 34 : Roger Anger, 1971, Coupe du Matrimandir, Dessin, En ligne In Auroville, Inde, <https://auroville.org>, consulté le 21 octobre 2020. Fig. 35 : Simon Drai, 1973, Des pionniers travaillant, Vidéo, En ligne In Youtube, EtatsUnis, <https://www.youtube.com>, consulté le 14 mai 2020. Fig. 36 : Simon Drai, 1973, Un pionnier, Vidéo, En ligne In Youtube, Etats-Unis, <https://www.youtube.com>, consulté le 14 mai 2020. Fig. 37 : Simon Drai, 1973, Des pionniers travaillant et méditant, Vidéo, En ligne In Youtube, Etats-Unis, <https://www.youtube.com>, consulté le 14 mai 2020.
Fig. 38 : Simon Drai, 1973, « Enseignante », Vidéo, En ligne In Youtube, Etats-Unis, <https://www.youtube.com>, consulté le 14 mai 2020. Fig. 39 : Simon Drai, 1973, La Mère, Vidéo, En ligne In Youtube, Etats-Unis, <https:// www.youtube.com>, consulté le 14 mai 2020. Fig. 40 : Simon Drai, 1973, Jeune indiennet, Vidéo, En ligne In Youtube, Etats-Unis, <https://www.youtube.com>, consulté le 14 mai 2020. Fig. 41 : Simon Drai, 1973, Prêtre franciscain, Vidéo, En ligne In Youtube, Etats-Unis, <https://www.youtube.com>, consulté le 14 mai 2020. Fig. 42 : Simon Drai, 1973, Disciple italien, Vidéo, En ligne In Youtube, Etats-Unis, <https://www.youtube.com>, consulté le 14 mai 2020. Fig. 43 : Simon Drai, 1973, Oudhar le Généreux, Vidéo, En ligne In Youtube, EtatsUnis, <https://www.youtube.com>, consulté le 14 mai 2020. Fig. 44 : Simon Drai, 1973, Roger Anger, Vidéo, En ligne In Youtube, Etats-Unis, <https://www.youtube.com>, consulté le 14 mai 2020. Fig. 45 : Simon Drai, 1973, Bâtiment, Vidéo, En ligne In Youtube, Etats-Unis, <https:// www.youtube.com>, consulté le 14 mai 2020. Fig. 46 : Thomas Raguet, 2008, Bâtiment, Vidéo, En ligne In Dailymotion, France, <https://www.dailymotion.com>, consulté le 16 mai 2020. Fig. 47 : Thomas Raguet, 2008, Matrimandir, Vidéo, En ligne In Dailymotion, France, <https://www.dailymotion.com>, consulté le 16 mai 2020.
Iconographie
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Fig. 48 : Thomas Raguet, 2008, Panneau, Vidéo, En ligne In Dailymotion, France, <https://www.dailymotion.com>, consulté le 16 mai 2020. Fig. 49 : Thomas Raguet, 2008, Kripa Borg, Vidéo, En ligne In Dailymotion, France, <https://www.dailymotion.com>, consulté le 16 mai 2020. Fig. 50 : Thomas Raguet, 2008, After school 2, Vidéo, En ligne In Dailymotion, France, <https://www.dailymotion.com>, consulté le 16 mai 2020. Fig. 51 : Thomas Raguet, 2008, Bernard Borg, Vidéo, En ligne In Dailymotion, France, <https://www.dailymotion.com>, consulté le 16 mai 2020. Fig. 52 : Thomas Raguet, 2008, Image archive matrimandir, Vidéo, En ligne In Dailymotion, France, <https://www.dailymotion.com>, consulté le 16 mai 2020. Fig. 53 : Thomas Raguet, 2008, Jean Laroquette, Vidéo, En ligne In Dailymotion, France, <https://www.dailymotion.com>, consulté le 16 mai 2020. Fig. 54 : Thomas Raguet, 2008, Jean Pougault, Vidéo, En ligne In Dailymotion, France, <https://www.dailymotion.com>, consulté le 16 mai 2020. Fig. 55 : Thomas Raguet, 2008, Image archive de Jean Pougault, Vidéo, En ligne In Dailymotion, France, <https://www.dailymotion.com>, consulté le 16 mai 2020. Fig. 56 : Thomas Raguet, 2008, Mairie, Vidéo, En ligne In Dailymotion, France, <https://www.dailymotion.com>, consulté le 16 mai 2020. Fig. 57 : ?, ?, Matrimandir chantier, Photographie, En ligne In Archinomy, <https://www. archinomy.com/>, consulté le 18 novembre 2021.
Fig. 58 : Varun Nambiar, ?, Matrimandir, Photographie, En ligne In Shutterstock, <https://www.shutterstock.com>, consulté le 25 octobre 2021. Fig. 59 : Anupama Kundoo, 2020, Creativity, Photographie, En ligne In Anupama Kundoo, <https://anupamakundoo.com/>, consulté le 30 octobre 2021. Fig. 60 : Antoine Lorgnier, 2021, Maison Roger Anger, Photographie, En ligne In Antoine Lorgnier, <https://www.antoinelorgnier.com>, consulté le 18 décembre 2021. Fig. 61 : ?, ?, Roger Anger, Photographie, En ligne In Architectuul, <http://architectuul. com>, consulté le 26 décembre 2021. Fig. 62 : Jacqueline Poggi, 2012, Façade Roger Anger, Photographie, En ligne In Flickr, <https://www.flickr.com>, consulté le 2 janvier 2022. Fig. 63 : Joanne Pouzenc, 2015, Last School, Photographie, En ligne In Uncube Magazine, <https://www.uncubemagazine.com>, consulté le 1er janvier 2022. Fig. 64 : ? , 2019, Plan d’Auroville, Plan, En ligne In Matrimandir, <https://matrimandir. org>, consulté le 30 octobre 2021. Fig. 65 : Roger Anger, ?, Coupe Matrimandir, Coupe, En ligne In Auroville, <https:// www.auroville.org>, consulté le 18 décembre 2020. Fig. 66 : Joanne Pouzenc, 2015, Last School, Photographie, En ligne In Uncube Magazine, <https://www.uncubemagazine.com>, consulté le 1er janvier 2022. Fig. 67 : Joanne Pouzenc, 2015, After School I, Photographie, En ligne In Uncube Magazine, <https://www.uncubemagazine.com>, consulté le 1er janvier 2022.
Iconographie
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Fig. 68 : Joanne Pouzenc, 2015, No School , Photographie, En ligne In Uncube Magazine, <https://www.uncubemagazine.com>, consulté le 1er janvier 2022. Fig. 69 : Joanne Pouzenc, 2015, After School II, Photographie, En ligne In Uncube Magazine, <https://www.uncubemagazine.com>, consulté le 1er janvier 2022. Fig. 70 : Andreas Deffner, ?, Anupama Kundoo, Photographie, En ligne In Archdaily, <https://www.archdaily.com>, consulté le 1er janvier 2022. Fig. 71 : Andreas Deffner, 2012, Wall House biennale, Photographie, En ligne In Anupama Kundoo, <http://anupamakundoo.com>, consulté le 26 décembre 2021. Fig. 72 : Alka Hingorani , ?, Volontariat Homes for Homeless Children , Photographie, En ligne In Urbannext, <https://urbannext.net>, consulté le 2 janvier 2022. Fig. 73 : Javier Callejas, ?, Wall House, Photographie, En ligne In Urbannext, <https:// urbannext.net>, consulté le 2 janvier 2022. Fig. 74 : Andreas Deffner, 2006, Townhall complex, Photographie, En ligne In Worldarchitect, <http://world-architect.com>, consulté le 26 décembre 2021. Fig. 75 : ?, ?, Line of Goodwill maquette, Photographie, En ligne In Anupama Kundoo, <https://anupamakundoo.com>, consulté le 2 janvier 2022.
Annexes
1914 : Rencontre entre Sri Aurobindo et Mirra Alfassa.
Annexes
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203
1926 : Mirra Alfassa devient la compagne spirituelle de Sri Aurobindo. 5 décembre 1950 : Décès de Sri Aurobindo. 1965 : Présentation du projet au gouvernement indien et à l’ONU. 28 février 1968 : Création d’Auroville en présence de l’Inde et de représentants de 124 pays. 1971 : Début de la construction du Matrimandir. 1972 : Tournage du film-documentaire de Maurice Dugowson. 27 février 1973 : Diffusion du film-documentaire sur la chaîne française Antenne 2. 17 novembre 1973 : Décès de Mirra Alfassa, «la Mère». 1988 : Le parlement vote un statut unique pour Auroville. Son administration est entre les mains de sept memenbres non-élus, désignés par l’Etat.
1993 : Visite du 14ème Dalaï Lama à Auroville. 2008 : Fin des travaux et inauguration du Matrimandir. 2008 : Tournage du film-documentaire de Hélène Risser. 2017 : Tournage d’un épisode de la serie-documentaire «Habiter le monde» avec Fred Cebron. Décembre 2021 : Série de protestations à Auroville contre l’abbattage de 10 000 arbres afin de créer une route.
Annexe 1 : Frise chronologique
Auroville– Jean-Pierre Elkabbach, 1973
204
Annexes
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Document : Auroville– Jean-Pierre Elkabbach : durée 1''18'42 Liste des séquences principales : 1. Introduction 2. L'avant d'Auroville 3. La création d'Auroville 4. Situation politique indienne 5. Le travail à Auroville 6. Education 7. Culte 8. Conclusion Description structurée des différentes séquences
Id Durée
Intitulé de la Description séquence
Mots-clefs
1
Introduction Scène 1.1 : Personnes de plusieurs couleurs de peau travaillant la nuit pour la construction d'un édifice. Scène 1.2 : Succession de 7 pionniers annonçant depuis quand ils sont à Auroville et pourquoi. Scène 1.3 : Présentation rapide d'Auroville Scène 1.4 : La Dernière école Scène 1.5 : Interview de Roger Anger Scène 1.6 : Origine d'Auroville Scène 1.7 : Plans d'un bâtiment d'Auroville en construction
Pionniers – travail – construction
L'avant Auroville
Scène 2.2 : Sri Aurobindo, la Mère et Pondichéry Scène 2.3 : Interview d'un disciple italien de l'Ashram Scène 2.4 : La mort de Sri Aurobindo Scène 2.5 : Tour de Pondichéry
Environnement – échec – message yoga – ashram – supramental expérience – inexprimable heureux – profond tombeau – « darshan » ashram – extension
2
9mn
15mn
Scène 2.1 : Interview de Roger Anger
aventure – liberté – vérité
architecture nouvelle – être savoir – école partout tradition – expérimentation aurore – aurobindo -
3
6mn
La création d'Auroville
Scène 3.1 : Plan d'Auroville Scène 3.2 : Les tamouls à Auroville
Projet – zones- matrimandir faim – argent – inutile
4
3mn
Situation politique indienne
Scène 4.1 : Interview d'un indien
Problèmes - changement
5
10mn
Le travail à Scène 5.1 : Les huttes d'Auroville Auroville Scène 5.2 : Interview d'un pionnier Scène 5.3 : Le travail à Auroville Scène 5.4 : Oudhar le généreux Scène 5.5 : La cantine d'Auroville
sobre – pas de loyer bénévolement – discipline efficacité– liste – admission puissance- commencer
6
20mn
Education
Scène 6.1 : Interview de Jean Raymond Scène 6.2 : Cours à Pondichéry Scène 6.3 : Interview d'une jeune indienne Scène 6.4 : Interview d'une pédagogue de la Last School Scène 6.5 : Interview d'une jeune aurovillienne d'origine allemande Scène 6.6 : Les enfants d'Auroville
Dimension – vérité libre progrès – questions âme – richesse – Mère liberté - stage - conscience – permanent Mère – choix – amie partout existence – regards
7
10mn
Culte
Scène 7.1 : Interview d'une professeure aurovillienne Scène 7.2 : Interlude musicale Scène 7.3 : Déclamation d'un aurovillien français Scène 7.4 : Interview d'un ancien prêtre franciscain hollandais
Photos – base religieuse – aide – artifices – offrande danse – instruments aventure– surveille- dedans
8
9mn
Conclusion Scène 8.1 : Récapitulatif de Jean-Pierre Elkabbach Scène 8.2 : Interview de Roger Anger à propos du statut d'Auroville Scène 8.3 : Discours de la Mère
signification –expérimenter – moins – danger - paix Transformation – égoïsme – ambition – impératifs cité internationale – changer – aventure Aurovilles
Pour les transitions entre les différentes séquences, on observe deux méthodes utilisées. La première consiste à introduire la thématique de la séquence par des images et la voix off de Jean-Pierre Elkabbach de 1973 réalisé par Jean-Pierre Elkabbach. La seconde consiste à introduire le lieu de la thématique par une série de plans l'illustrant avec les bruits ambiants ou une légère musique. Ce sont parfois, lors des interviews, les personnes interviewées qui amorcent le thème de la séquence suivante en la mentionnant.
Annexes
206
Nombre de plans visuels, sonores et de la parole avec répartition par séquences et scènes Id Scène Plans visuels Nombre et description 1
2
Plans sonores, description
207
Plans de la parole description
1.1 :
(9) Personnes travaillant à Musique orientale à base de la construction d'un percussions, bruits de bâtiment l'action
1.2 :
(7) Pionniers français interviewés devant des cahuttes
Bruit de fond
Pionniers racontant depuis quand et pourquoi ils sont à Auroville
1.3 :
(12) Plans de différents bâtiments d'Auroville (Dernière école, Temple indien ...)
Bruit de fond
Voix off de Jean-Pierre Elkabbach présentant succintement Auroville
1.4 :
(3) Adultes et enfants en « classe »
Bruit de fond
Voix off de Elkabbach, parlant de l'objectif de la Last School
1.5 :
(2) Roger Anger devant un bâtiment en construction
1.6 :
(5) Pionniers au travail
Bruit de fond
1.7 :
(7) Bâtiment en construction
Musique mystique
2.1 :
(2) Anger et Elkabbach dans un chantier d'Auroville
Interview de Anger par Elkabbach, Anger expose les objectifs d'Auroville avant tout portés sur l'Homme et pas forcément la ville en elle-même (elle découlera de la « nouvelle version de l'Homme »)
2.2 :
(10) Images de Pondichéry Bruit de fond et de l'ashram
Voix off de Elkabbach décrivant la vie de Sri Aurobindo, de la Mère et l'expension de l'Ashram dans Pondichéry
2.3 :
Interview du disciple dans l'ashram
Le fidèle italien répond aux questions de Elkabbach, il parle de sa relation avec Mère et de ce qu'elle lui apporte : bonheur, paix ...
Anger aborde les thèmes de la loi, de la police et de la repression à Auroville, il fait part de sa confiance dans l'évolution de l'Homme Elkabbach pose une question Voix off d'Elkabbach racontant les origines et l'état actuel d'Auroville
2.4 :
(12) Plans du tombeau d'Aurobindo, de Pondichéry, de la Mère et de la crémonie du « darshan »
Musique mystique
Voix off de Elkabbach parlant de l'importance de Aurobindo et de la Mère pour les disciples et pour les habitants de Pondichéry
2.5 :
(20) Elkabbach et un habitant font un tour de Pondichéry en calèche
Bruit de fond, moteurs
Ils parlent tout deux de la présence de nombreux ocidantaux à Pondichéry et de la vie de la Mère
3.1 :
(16) Images de pionniers travaillant à la construction du Matrimandir
Musique mystique
Voix off de Elkabbach abordant le plan d'Auroville sous forme de cercle découpé en zones et en son centre, le matrimandir
3.2 :
Bruit de fond Tamouls travaillant à la construction du matrimandir, interview d'un pionnier y travaillant aussi
Elkabbach pose des questions à un pionnier par rapport au matrimandir, de ce qu'il apporte aux tamouls alors que beaucoup de tamouls meurent de faim
4
4.1 :
Interview d'un indien dans Bruit de fond une rue de Pondichéry, plans sur les personnes venues écouter
L'indien répond à Elkabbach en disant qu'il est convaincu qu'Auroville est une expérience pour un changement nécessaire de la société indienne et mondiale
5
5.1 :
Des indiens construisant des huttes à l'aide de feuilles de cocotiers, des huttes finies, sobres
5.2 :
Interview d'un pionnier dans sa hutte
Un pionnier répond aux questions d'ELkabbach à propos du travail, il est effectué bénévolement et les gens travaillent comme ils l'entendent mais avec « discipline »
5.3 :
Plans sur des tamouls et pionniers travaillant par la méditation ou physiquement
Voix off d'Elkabbach parlant du travail psychologique et physique, de la liste et l'admission à Auroville
5.4 :
Oudhar sur une feuille de papier fabriquée à Auroville, interview d'Oudhar dans une rue d'Auroville
3
Musique mystique
Bruit de fond
Voix off d'Elkabbach à propos de l'habitat aurovillien
Voix off présentant Oudhar, discussion à propos de l'argent qui sera récolté par Auroville grâce aux ventes du papier, Oudhar n'est sûr de rien, « c'est une expérience »
Annexes
6
7
208
209
5.5 :
(11) Habitants et enfants Bruits de couverts d'Auroville mangeant dans une cahutte
Voix off d'Elkabbach expliquant qu'il n'y a qu'un seul endroit pour manger à Auroville car il n'y a pas de cuisines et que l'agriculture bio approvisionne de moitié les quantités nécessaires
6.1 :
(3) Jean Raymond et Elkabbach dans un patio
Jean Raymond explique ses méthodes d'enseignement et son cheminement
6.2 :
(5) Gabriel Monoherzen et 5 élèves sur une terrasse de l'ashram
Gabriel Monoherzen évoque les avantages du « libre progrès » (petits groupes, discussions), femme pose questions
6.3 :
(2) Jeune indienne dans un patio avec Elkabbach
La jeune indienne parle de la Mère comme étant son gourou, celle qui l'aidera à prendre les bonnes décisions même après sa mort grâce à ce qu'elle laisse derrière elle
6.4 :
(7) Adultes et enfants dans la Last School, pédagogue dans une pièce de l'école
La pédagogue explique les diverses méthodes d'enseignements de la Last school en remettant en cause le système éducatif occidental sans pour autant savoir réellement ce que deviendront ces enfants
6.5 :
Jeune fille allemande devant les premières cahuttes d'Auroville (prospérité)
La petite fille de 8ans répond aux questions d'Elkabbach notamment de ce qu'elle apprend à l'école, de son rapport avec Mère à tout niveau de sa vie, elle parle 4 langues
6.6 :
Enfants jouant dans un parc aménagé pour eux puis dans une école dans une hutte avec des portraits de la Mère et de sri Aurobindo
7.1 :
Interview de la Voix d'enfants professeure dans ce qui semble être la cour de récréation des enfants, plans où l'on boit les enfants jouer avec de l'eau
Bruits de fond, voix d'enfants
Voix off de Jean-Pierre Elkabbach disant que les enfants nés à Auroville ne sont pas reconnus par l'état indien et note la présence permanente de portaits de la Mère et de sri Aurobindo La professeure admet avoir été surprise par la présence permanente de ces portraits mais qu'elle a compris leur utilité, elle parle de la manière dont ses rapports
aux autres ont changé et dit que malgré que les occidentaux les prennent pour des illuminés y compris sa famille, elle est heureuse
8
7.2 :
Femmes qui dansent, hommes qui jouent de la musique
Musique aux sonorités orientales
7.3 :
Séquence d'archive dans laquelle on voit Jean P. dans une hutte
Jean P. déclame un texte de l'écrivain Satprem à propos de l'aventure mettant en avant l'aventure intérieure plutôt qu'extérieure.
7.4 :
Interview d'un ancien prêtre franciscain dans sa hutte avec plusieurs portraits de Mère et de sri Aurobindo, images de la communauté d'Auroville,
L'ancien prêtre parle du fait qu'à Auroville et grâce à la Mère et sri Aurobindo, il ne s'est jamais senti aussi près du Christ qu'aujourd'hui, il trouve toutefois des similarités mais les trouve plus « vraies » ici qu'en Europe. Selon lui, le christianisme est mis en danger par Auroville, il est dépassé.
8.1 :
Longs plans séquences de Musique aux sonorités tamouls travaillant sur un orientales chantier à Auroville
Elkabbach récapitule les objectifs premiers d'Auroville càd d'être un lieu d'expérimentation et de transformation de l'Homme vers un Homme meilleur
8.2 :
Roger Anger devant un bâtiment d'Auroville, plans sur des tamouls travaillant à l'édification de la ville
Roger Anger dit que tout le monde ne pourra pas participer à Auroville car avant cela, il faut selon lui prendre conscience que l'Homme actuel est limité, il dit également qu'une société ne peut se transformer que si les individus ont vécu une expérience intérieure enfin il dit que l'objectif final est de créer d'autres Aurovilles dans le monde
8.3 :
Série de plans sur des pionniers méditant et sur des pionniers réunis à l'endroit où Auroville fût proclamée
Chant aux sonorités orientales
Voix de la Mère prononçant ces fameux mots « Je vous convie à la grande aventure » suivis d'un discours disant qu'Auroville
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Annexes
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ne sera pas simple mais que c'est une expérience très importante et qui se doit d'être vécue
Liste des thèmes visuels (non hiérarchisés) : 1) 2) 3) 4) 5) 6) 7)
Chantier Pionniers Pondichéry Bâtiments Huttes Bâtiments (écoles, matrimandir …) Terre
Principaux codes thématiques visuels 1) groupe de codes thématiques « artefact » - code « transport » (calèche, vélo) - code « habitat » (ville, maisons, terrasse) - code « façade » (fenêtres, matériaux, terrasse, toiture) - code « construction » (chantiers, matrimandir, écoles ...) 2) groupe de codes thématiques « propriété » - code « chromatique » (couleur, noir et blanc) - code « géométrique » (matrimandir) - code « cinétique » (caméra embarquée, zooms, plans séquences » 3) groupe de codes thématiques « localisation spatio-temporelle » - code « jour/nuit » (dominance du jour) - code « topologique » (dominance de l'extérieur sauf quelques scènes intérieures) 4) groupe de codes thématiques « humains » - code « communauté » (pionniers, disciples, indiens, aurovilliens) - code « catégorie socio-professionnelle » (professeurs, volontaires, ouvriers, élèves...) - code « âge » (enfants, adolescents, adultes, personnes âgées) 5) Principaux codes thématiques « urbanité » - code « ville » (route, constructions, habitants) - code « nature » (terre, herbe)
Liste des thèmes de la parole (non hiérarchisés) : 1) Aventure 2) Expérience 3) Ville 4) Travail 5) Construction 6) Homme 7) Education 8) Mère 9) Religion 10) Argent Principaux codes thématiques spécifiques à la parole : 1) codes thématiques « aventure » extrait textuel (1.2) « Je suis à Auroville depuis deux ans et je reste ici parce que c'est vraiment la grande aventure. » extrait textuel (8.3) « Je vous convie à la grande aventure. » 2) codes thématiques « expérience » extrait textuel (2.1) « Des gens vivent une expérience et c'est à partir de cette expérience que vont s'établir, se créer, leurs conditions, leur environnement et leur cadre de vie. » extrait textuel (5.5) « Cette expérience n'est pas basée sur une idée mentale vous savez, toutes les expériences jusqu'à ce jour étaient basées sur des idées. Auroville est basée sur l'esprit, quelque chose qui n'est pas une idée mentale, quelque chose qui sort de l'âme autrement il serait comme tout les autres projets et il aurait la même fin. » 3) codes thématiques « ville » extrait textuel (2.1) « L'important encore une fois, n'est pas de construire une ville mais de construire des Hommes nouveaux. » extrait textuel (3.1) « De forme circulaire, la ville s'organisera en quatre zones, une zone résidentielle avec 3/5ème d'habitations collectives et le reste en habitations individuelles, une zone internationale avec des pavillons de toutes les nations, une zone culturelle, de communication et de loisirs, enfin une zone industrielle. » 4) codes thématiques « travail » extrait textuel (5.2) « L.e travail que nous faisons, nous le faisons bénévolement et ce n'est pas dans le but de gagner de l'argent ou dans le but de s'attitrer une hiérarchie, c'est simplement parce que le travail nous plaît que nous le faisons. » extrait textuel (5.4) « Il ne faut pas seulement rester avec réalisation intérieure, il faut exprimer les choses dans le travail. Il faut que la matière aussi réponde à cette conception. extrait textuel (5.2) « Alors que le yoga traditionnel méprise l'action. Pour Sri Aurobindo, travail et méditation vont de pair. L'ascétisme n'est pas un accomplissement hors la vie, il suit la route du quotidien et du concret. » extrait textuel (3.2) « Les tamouls viennent travailler parce que c'est une chance pour eux de gagner de l'argent. »
5) codes thématiques « construction »
gagner de l'argent. »
Annexes
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5) codes thématiques « construction » extrait textuel (4.1) « Pour l'instant, un peu plus d'un millier de volontaires venus de tout les pays dont une bonne moitié d'occidentaux ont abandonné derrière eux biens, familles, patries pour se retrouver ici à ce rendez-vous de l'inattendu. » 6) codes thématiques « Homme » - construction de maisons extrait textuel (5.3) « Je ne peux pas vendre ou marchander cette maison que j'ai fabriqué pourtant avec de l'argent à moi et mon travail. » - construction d'une ville extrait textuel (4.5) « Si les gens qui viennent ici ne sont pas capables de construire leur propre environnement, ça voudrait dire qu'Auroville est un échec. » - construction de nouvelles technologies extrait textuel (10. ) « J'arrive tous les matins avec le moteur électrique, c'est le premier prototype qu'on a développé. » - construction du Matrimandir extrait textuel (11.2) « Comme le voulait Roger Anger, les portes disparaissent entre les marches. » – construction d'un nouvel homme extrait textuel (4.1) « Le travail essentiel d'Auroville n'est pas de construire une ville mais de se construire soi-même. C'est à dire, chercher au plus profond de soi-même, toutes les possibilités qui sont involuées en moi, pour les faire ressortir et faire ce début d'évolution vers autre chose que l'Homme. » 6) codes thématiques « éducation » extrait textuel (7.1) « Ils ignorent les mots de frontières, de pays, de race. Ils vivent sous le regard omniprésent de Sri Aurobindo et de la Mère. » extrait textuel (6.4) « Notre intention profonde est de dépasser le niveau actuel de l'éducation qui consiste à envoyer les enfants dans des créations très limitées un peu en dehors de la société, de les mettre en quelque sorte de les mettre en quarantaine de la vie. Notre idéal est avant tout d'ouvrir l'éducation à la vie et de faire qu'il n'y ai plus cette séparation entre la société et les enfants. » extrait textuel (6.4) « Si un enfant, vraiment, aspire vraiment à une connaissance, il n'y a pas de raison qu'on ne lui en donne pas les moyens quelque soit son âge. »
7) codes thématiques « la Mère » - les disciples extrait textuel (2.2) « La Mère entretient une correspondance internationale, reçoit les visiteurs et achète pour la communauté des terrains jusque sur les pentes de l'Himalaya. » extrait textuel (2.3) « J'avais mon billet d'aller/retour, je pensais rester deux mois, trois mois tout au plus. Après 34 jours j'ai vu Mère, je suis tombé à ses genoux et me voilà, je ne suis plus jamais reparti. » - la petite indienne extrait textuel (6.3) « Mère pour moi elle représente, non pas un chef parce que ça va donner des idées différentes mais vous savez le mot indien gourou. Elle est un guide pour moi, tout ce qu'elle dit, j'accepte. » - la petite allemande
extrait textuel (6.5) « Parce que si je choisis et que je ne choisis pas quelque chose de bon, alors c'est mieux que Mère choisisse. […] Mère est toujours partout. » - l'ancien prêtre franciscain extrait textuel (7.4) « On peut dire que maintenant je suis en train de découvrir ce qu'est l'obéissance, ça veut dire être totalement dans la main de quelqu'un qui peut te guider, c'est la Mère et Sri Aurobindo qui sont vraiment les gourous, les guides, les supérieurs, on peut totalement se donner dans leurs mains et on sent, on expérimente que c'est mieux. »
8) codes thématiques « Religion » extrait textuel (5.4) « Tout les échecs, de toutes les sociétés, de toutes les religions, de toutes les idéologies ne vous effraient pas ? » « Pas du tout ». extrait textuel (7.4) « Je sens que je suis plus proche de la Bible et du Christ que j'ai jamais été. [...] Auroville est vraiment un danger pour l'Eglise parce que ça veut dépasser et démolir l'église. » 9) Argent extrait textuel (5.4) « L'argent c'est une puissance. Il faut mettre toute la puissance au service du divin. […] L'argent ne circulera pas à Auroville. L'argent c'est pour payer les dépenses d'Auroville, il ne faut pas de tromper »
Le mot « utopie » n'est pas prononcé. Thèmes sonores A certains moments, lors de longs plans séquences ou d'enchaînements de plans sans paroles, une musique se fait entendre. Elle peut être aux allures mystiques ou orientales. La musique à tendance à appuyer l'aspect utopique d'Auroville tandis que la musique orientale se rapporte à la tradition. Finalement, on peut dire qu'Auroville est un mélange des deux. On aperçoit dans la scène 7.2 des hommes tamouls jouer de la musique et un groupe de femmes danser dessus. Mises en scènes visuelles – – – –
caméra embarquée plans séquences plusieurs manières de filmer les interviews (plongée, contreplongée, buste/poitrine, zoom) majorité des plans en extérieur mais certains nombre en intérieur tout de même
Rapport entre le plan visuel, le plan de la parole et le plan sonore Lorsqu'il s'agit d'interview, la majeure partie du temps. Le visage de la personne apparaît en même temps que sa voix. Il arrive que parfois, on entende d'abord la voix de celle-ci puis son visage apparaît à l'écran mais cela reste rare. Les propos que tiennent les personnes sont finalement peu illustrées ou du moins, elles le sont lorsque cela est possible. En effet, les thèmes abordés au cours de ce documentaire relèvent peu de choses physiques mais plutôt abstraites, sociétales. On notera donc les successions de plans lors du thème porté sur le Matrimandir ou l'école d'Auroville par exemple. On peut remarquer que la musique suit le rythme des plans visuels et les accompagne et qu'il n'y a jamais de musique lorsqu'une personne est interviewée.
Il y a une voix off, celle de Jean-Pierre Elkabbach.
LECTURE CRITIQUE
Annexes
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Présupposés culturels Le documentaire ne présuppose pratiquement pas du spectateur une connaissance d'Auroville ou de son histoire et pour cause, Auroville n'a que 5 ans. Il s'agit là du premier documentaire réalisé à son sujet et pouvons supposer que la majeure partie des français auquel ce documentaire est destiné ignore son existence.
Evaluation globale du documentaire
Ce documentaire est dans l'ensemble, bien réalisé. Le découpage des séquences lié aux thèmes principaux est peu clair dans son ensemble et ne permet pas forcément de bien les distinguer. Pour autant les sujets principaux sont tous balayés. Les longues interviews comprenant les questions de Jean-Pierre Elkabbach permettent au spectateur de réellement appréhender le positionnement d'Auroville vis à vis de thématiques sociétales. Les plans dédiés aux constructions de la ville, d'habitation ou de bâtiments dont on ignore la fonction finale, nous permettent d'appréhender à quel stade d'avancement ils en sont. On comprend donc que la priorité à été placée sur les bâtiments d'utilité publique comme le matrimandir ou l'école et non sur les habitations individuelles : « Il n'y a pas de cuisines dans les habitations ». Ce documentaire qui a pour vocation d'être diffusé sur Actuel 2 s'adresse donc à un public large. Il aborde un grand nombre de sujets sans parler de tous et en approfondit certains plus que d'autres. Le choix d'interviewer des résidents de tout âge et de toute catégorie sociale est très intéressant et permet de comprendre la perception du projet de chacun. Les points de vue semblent d'ailleurs se rejoindre. Les personnes interviewées sont toutes convaincues et séduites par le projet de la cité de l'Aurore. C'est peut être une critique que l'on peut faire malgré quelques les quelques réflexions du journaliste parfois dans l'incompréhension : « Je ne comprends pas ». On ne trouve pas dans ce documentaire de point de vue allant à l'encontre du projet. Une interview d'un indien opposé à la construction de cette ville aurait peut être pu apporter un peu de nuance. L'absence des noms des pionniers déstabilise étant donné la longueur des entretiens et ne permet pas de créer une certaine proximité avec le spectateur ce qui favoriserait la transmission de l'information. On peut aussi regretter le fait que l'architecture d'Auroville ait peu été traitée même si bien entendu c'est également un des nombreux autres sujets dont regorge la cité de l'Aurore tout comme l'agriculture écologique mentionnée très rapidement. Le terme d'utopie n'est pas mentionné une seule fois contre toute attente. Pour autant, les musiques mystiques et orientales créent une atmosphère qui renvoie à ce terme. Les plans sur l'architecture et des espaces inhabituels de certains bâtiments particuliers d'Auroville renforcent cette ambiance et favorise la projection au cœur du documentaire. Tout au long de ce documentaire, une image positive d'Auroville est montrée. Les personnes semblent heureuses et sûres de leurs choix et de leur avenir à Auroville. Les quelques réflexions d'incompréhension d'Elkabbach ne nuisent pas à la positivité régnant sur le documentaire et permettent même d'apporter un autre regard sur la situation. Le mot de la fin est laissé à la Mère et Roger Anger, les deux personnalités ayant permis à Auroville de voir le jour. Ils voient tout deux en Auroville une aventure pleine de promesses qu'ils espèrent voir se réaliser avec à terme le projet de créer d'autres Aurovilles dans le monde.
Annexe 2 : Analyse AUROVILLE
ANALYSE « Histoire d'une utopie AUROVILLE » Document : Auroville : durée 59'58 Liste des séquences principales : 1. Introduction 2. Générique 3. Introduction et architecture d'Auroville 4. Pionniers 5. Habitations Auroville 6. Pour tous distribution center 7. La Mère 8. L'école à Auroville 9. La « maintenance » 10. Le travail à Auroville 11. Le Matrimandir 12. Manger à Auroville 13. Traditions indiennes 14. Conclusion
Id Durée
Intitulé de la Description séquence
Mots-clefs
1
Introduction Scène 1.1 : Image d'archive des pionniers d'Auroville Scène 1.2 : Vue sur le matrimandir Scène 1.3 : Images d'archive des pionniers d'Auroville Scène 1.4 : Caméra dans une voiture en Inde de nuit
la grande aventure
1mn 30s
aventure – victoire communautés – argent – police - gouvernement
2
30s
Générique
Vie quotidienne indienne
3
1mn 30s
Introduction et architecture d'Auroville
Scène 3.1 : Caméra dans un tuk-tuk filmant un aurovillien et la forêt d'Auroville Scène 3.2 : Alternance entre images d'archives et images actuelles d'un bâtiment d'Auroville
forêt – désert – nature – arbres
4
6mn
Pionniers
Scène 4.1 : Séquence d'archive, pionniers travaillant Scène 4.2 :Jean Laroquette expliquant sa venue à Auroville Scène 4.3 :Jean Pougault explique sa venue à Auroville Scène 4.4 : Bernard Borg explique sa venue à Auroville Scène 4.5 : Roger Anger, interview
Aurobindo - volontaires
5
5mn
Habitations Scène 5.1 : Vues de différentes habitations
Nouveauté – se construire aventure - travail aventure expérience individuelle
Annexes Auroville
6
7
4mn
9mn
216
Pour tous Scène 6.1 : Kripa Borg aborde distribution « Prospérité » center Scène 6.2 : Trajet et visite du « Pour tous distribution center »
liste – besoin – don
Mère
Scène 7.1 : Pionniers qui habitent encore Auroville et raisons qui les ont poussé à rester Scène 7.2 : Image d'archive de la Mère et de l'Ashram Scène 7.3 : Jean P. à propos de la Mère Scène 7.4 : Alternance entre images d'archives et images actuelles de Gita Dolia à Pondichéry Scène 7.5 : Alternance entre images d'archive et images actuelles de Ange Peter
élément déterminant
Scène 8.1 : Images d'archive de l'école d'Auroville Scène 8.2 : Images actuelles de l'école d'Auroville et de ses pratiquants Scène 8.3 : Jean L. à propos de l'école Scène 8.4 : Future school, interview et cours avec Jean-François Pion
école partout – pas frontière enfants/ adultes apprendre autrement – liberté révolution- meeting- cahier non obligatoire -
notion de besoin – gratuit – économie différente
mysticisme – nombreux vision – ville de la Mère gourou – recherche – guide – quête naïveté – évolution - liberté
8
10mn
L'école à Auroville
9
3mn
La Scène 9.1 : Jean L. aborde le sujet de la « maintenan maintenance ce » Scène 9.2 : Kripa Borg et Jean-François Pion aborde le sujet de la maintenance
vital – pas suffisant
Le travail
bénévole – discipline
10 8mn
11 5mn
217
Scène 5.2 : Séquence d'archive architecture nouvelle d'Aurovilliens construisant une maison Scène 5.3 : Rapport de Jean L. à sa maison matériel – bonheur Scène 5.4 : Présentation de la Guest House ferme – guest house
Scène 10.1 : Image d'archive de l'oncle de Kripa à propos du travail en tant que pionnier Scène 10.2 : Kripa à propos du travail aujourd'hui à Auroville Scène 10.3 : Interview de Akash Heimlich au CSR (Center for scientific research) d'Auroville Scène 10.4 : Travail des tamouls à Auroville, en 1973 et aujourd'hui Images d'archives du père de Akash Scène 10 .5 : Travail des tamouls à Auroville, en 1973 et aujourd'hui, interview de Akash Scène 10.6 : Travail des tamouls à Auroville en 1973 et aujour'hui, interview d'un des employés (Velu Kannan)
Le Scène 11.1 : Différentes vues du Matrimandir Matrimandir et des ouvriers qui travaillent
pas de salaire– 5000roupies pas suffisant– petits boulots
changement – grandit – organisé – administré laboratoire– environnement - programmation argent – différentnouveauté argent – nombreux – idée
pauvre – financement – divin – développement but
dessus Scène 11.2 : Visite du Matrimandir avec Jean P. Scène 11.3 : Interview de Arumugam Kothanda Raman à côté du Matrimandir
bibliothèque – tranquilité – initiation – méditation cercle – centre – quotidiennement - village
12 3mn
Manger à Auroville
Scène 12.1 : Trajet et visite Solar Kitchen Scène 12.2 : Images d'archives et images biologique – commun actuelles de la Solar Kitchen Scène 12.3 : Arumugam mange chez lui et repas – calme non à la Solar Kitchen
13 4mn
Traditions indiennes
Scène 13.1 : Traditions indiennes selon Traditions – religion Arumugam Scène 13.2 : Images d'archives et actuelles nouveau – changer – d'interviews de Kireet Joshi individu
14 3mn
Conclusion Scène 14.1 : Jean-François parle des débuts d'Auroville 14.2 : Déclamation de Jean P. 14.3 : Conclusion de Jean L.
yeux – utopie – naïveté aventure– surveille- dedans enthousiasme – stade - pas
Pour les transitions entre les différentes séquences, on observe trois méthodes utilisées. La première consiste à introduire la thématique de la séquence par des images d'archives et la voix off du documentaire de 1973 réalisé par Jean-Pierre EL Kabbach. C'est le cas pour les séquences 1, 3 à 4, 4 à 5, 6 à 7, 7 à 8, 9 à 10 et 10 à 11. La seconde consiste à introduire le lieu de la thématique par une série de plans l'illustrant avec les bruits ambiants ou une légère musique. C'est le cas des séquences 1 à 2, 2 à 3, 4 à 5, 10 à 11, 11 à 12 et 12 à 13. Enfin, la dernière méthode consiste à montrer le quotidien des personnes interviewées quelques secondes plus tard. C'est par exemple le cas des séquences 5 à 6, 8 à 9, 12 à 13 et 13 à 14. Ce sont parfois, lors des interviews, les personnes interviewées qui amorcent le thème de la séquence suivante en la mentionnant (séq. 4 à 5, 5 à 6, 7 à 8 et 9 à 10) On peut également remarquer qu'à l'intérieur des séquences on retrouve les mêmes méthodes. C'est notamment le cas de l'alternance entre des images d'archives et des images tournées en 2007 que l'on retrouve presque systématiquement avant une interview. On peut même, au cours des scènes 3.2 et 11.2, remarquer le travail de superpositions allant d'une image d'archive à une image tournée par un effet « fondu » réalisé par l'équipe de tournage.
218
Annexes
ANALYSE : Auroville, histoire d'une utopie – Hélène Risser, 2008
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Document : Auroville, histoire d'une utopie – Hélène Risser, 2008 : durée 59'58 Liste des séquences principales : 1. Introduction 2. Générique 3. Introduction et architecture d'Auroville 4. Pionniers 5. Habitations Auroville 6. Pour tous distribution center 7. La Mère 8. L'école à Auroville 9. La « maintenance » 10. Le travail à Auroville 11. Le Matrimandir 12. Manger à Auroville 13. Traditions indiennes 14. Conclusion Description structurée des différentes séquences
Id Durée
Intitulé de la Description séquence
Mots-clefs
1
Introduction Scène 1.1 : Image d'archive des pionniers d'Auroville Scène 1.2 : Vue sur le matrimandir Scène 1.3 : Images d'archive des pionniers d'Auroville Scène 1.4 : Caméra dans une voiture en Inde de nuit
la grande aventure
1mn 30s
aventure – victoire communautés – argent – police - gouvernement
2
30s
Générique
Vie quotidienne indienne
3
1mn 30s
Introduction et architecture d'Auroville
Scène 3.1 : Caméra dans un tuk-tuk filmant un aurovillien et la forêt d'Auroville Scène 3.2 : Alternance entre images d'archives et images actuelles d'un bâtiment d'Auroville
forêt – désert – nature – arbres
4
6mn
Pionniers
Scène 4.1 : Séquence d'archive, pionniers travaillant Scène 4.2 :Jean Laroquette expliquant sa venue à Auroville Scène 4.3 :Jean Pougault explique sa venue à Auroville Scène 4.4 : Bernard Borg explique sa venue à Auroville Scène 4.5 : Roger Anger, interview
Aurobindo - volontaires Nouveauté – se construire aventure - travail aventure expérience individuelle
5
5mn
Habitations Scène 5.1 : Vues de différentes habitations Auroville Scène 5.2 : Séquence d'archive architecture nouvelle d'Aurovilliens construisant une maison Scène 5.3 : Rapport de Jean L. à sa maison matériel – bonheur Scène 5.4 : Présentation de la Guest House ferme – guest house
6
4mn
Pour tous Scène 6.1 : Kripa Borg aborde distribution « Prospérité » center Scène 6.2 : Trajet et visite du « Pour tous distribution center »
liste – besoin – don
Mère
Scène 7.1 : Pionniers qui habitent encore Auroville et raisons qui les ont poussé à rester Scène 7.2 : Image d'archive de la Mère et de l'Ashram Scène 7.3 : Jean P. à propos de la Mère Scène 7.4 : Alternance entre images d'archives et images actuelles de Gita Dolia à Pondichéry Scène 7.5 : Alternance entre images d'archive et images actuelles de Ange Peter
élément déterminant
Scène 8.1 : Images d'archive de l'école d'Auroville Scène 8.2 : Images actuelles de l'école d'Auroville et de ses pratiquants Scène 8.3 : Jean L. à propos de l'école Scène 8.4 : Future school, interview et cours avec Jean-François Pion
école partout – pas frontière enfants/ adultes apprendre autrement – liberté révolution- meeting- cahier non obligatoire -
7
9mn
notion de besoin – gratuit – économie différente
mysticisme – nombreux vision – ville de la Mère gourou – recherche – guide – quête naïveté – évolution - liberté
8
10mn
L'école à Auroville
9
3mn
La Scène 9.1 : Jean L. aborde le sujet de la « maintenan maintenance ce » Scène 9.2 : Kripa Borg et Jean-François Pion aborde le sujet de la maintenance
vital – pas suffisant
Le travail
bénévole – discipline
10 8mn
11 5mn
Le
Scène 10.1 : Image d'archive de l'oncle de Kripa à propos du travail en tant que pionnier Scène 10.2 : Kripa à propos du travail aujourd'hui à Auroville Scène 10.3 : Interview de Akash Heimlich au CSR (Center for scientific research) d'Auroville Scène 10.4 : Travail des tamouls à Auroville, en 1973 et aujourd'hui Images d'archives du père de Akash Scène 10 .5 : Travail des tamouls à Auroville, en 1973 et aujourd'hui, interview de Akash Scène 10.6 : Travail des tamouls à Auroville en 1973 et aujour'hui, interview d'un des employés (Velu Kannan) Scène 11.1 : Différentes vues du
pas de salaire– 5000roupies pas suffisant– petits boulots
changement – grandit – organisé – administré laboratoire– environnement - programmation argent – différentnouveauté argent – nombreux – idée
pauvre – financement – divin – développement but
Annexes Matrimandir Matrimandir et des ouvriers qui travaillent dessus Scène 11.2 : Visite du Matrimandir avec Jean P. Scène 11.3 : Interview de Arumugam Kothanda Raman à côté du Matrimandir
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bibliothèque – tranquilité – initiation – méditation cercle – centre – quotidiennement - village
12 3mn
Manger à Auroville
Scène 12.1 : Trajet et visite Solar Kitchen Scène 12.2 : Images d'archives et images biologique – commun actuelles de la Solar Kitchen Scène 12.3 : Arumugam mange chez lui et repas – calme non à la Solar Kitchen
13 4mn
Traditions indiennes
Scène 13.1 : Traditions indiennes selon Traditions – religion Arumugam Scène 13.2 : Images d'archives et actuelles nouveau – changer – d'interviews de Kireet Joshi individu
14 3mn
Conclusion Scène 14.1 : Jean-François parle des débuts d'Auroville 14.2 : Déclamation de Jean P. 14.3 : Conclusion de Jean L.
yeux – utopie – naïveté aventure– surveille- dedans enthousiasme – stade - pas
Pour les transitions entre les différentes séquences, on observe trois méthodes utilisées. La première consiste à introduire la thématique de la séquence par des images d'archives et la voix off du documentaire de 1973 réalisé par Jean-Pierre EL Kabbach. C'est le cas pour les séquences 1, 3 à 4, 4 à 5, 6 à 7, 7 à 8, 9 à 10 et 10 à 11. La seconde consiste à introduire le lieu de la thématique par une série de plans l'illustrant avec les bruits ambiants ou une légère musique. C'est le cas des séquences 1 à 2, 2 à 3, 4 à 5, 10 à 11, 11 à 12 et 12 à 13. Enfin, la dernière méthode consiste à montrer le quotidien des personnes interviewées quelques secondes plus tard. C'est par exemple le cas des séquences 5 à 6, 8 à 9, 12 à 13 et 13 à 14. Ce sont parfois, lors des interviews, les personnes interviewées qui amorcent le thème de la séquence suivante en la mentionnant (séq. 4 à 5, 5 à 6, 7 à 8 et 9 à 10) On peut également remarquer qu'à l'intérieur des séquences on retrouve les mêmes méthodes. C'est notamment le cas de l'alternance entre des images d'archives et des images tournées en 2007 que l'on retrouve presque systématiquement avant une interview. On peut même, au cours des scènes 3.2 et 11.2, remarquer le travail de superpositions allant d'une image d'archive à une image tournée par un effet « fondu » réalisé par l'équipe de tournage.
Nombre de plans visuels, sonores et de la parole avec répartition par séquences et scènes Id Scène Plans visuels Nombre et description 1
2
Plans sonores, description
Plans de la parole description
1.1 :
(9) Personnes travaillant à Musique orientale à base de la construction d'un percussions, bruits de bâtiment l'action
1.2 :
(7) Pionniers français interviewés devant des cahuttes
Bruit de fond
Pionniers racontant depuis quand et pourquoi ils sont à Auroville
1.3 :
(12) Plans de différents bâtiments d'Auroville (Dernière école, Temple indien ...)
Bruit de fond
Voix off de Jean-Pierre Elkabbach présentant succintement Auroville
1.4 :
(3) Adultes et enfants en « classe »
Bruit de fond
Voix off de Elkabbach, parlant de l'objectif de la Last School
1.5 :
(2) Roger Anger devant un bâtiment en construction
1.6 :
(5) Pionniers au travail
Bruit de fond
1.7 :
(7) Bâtiment en construction
Musique mystique
2.1 :
(2) Anger et Elkabbach dans un chantier d'Auroville
Interview de Anger par Elkabbach, Anger expose les objectifs d'Auroville avant tout portés sur l'Homme et pas forcément la ville en elle-même (elle découlera de la « nouvelle version de l'Homme »)
2.2 :
(10) Images de Pondichéry Bruit de fond et de l'ashram
Voix off de Elkabbach décrivant la vie de Sri Aurobindo, de la Mère et l'expension de l'Ashram dans Pondichéry
2.3 :
Interview du disciple dans l'ashram
Le fidèle italien répond aux questions de Elkabbach, il parle de sa relation avec Mère et de ce qu'elle lui apporte : bonheur, paix ...
Anger aborde les thèmes de la loi, de la police et de la repression à Auroville, il fait part de sa confiance dans l'évolution de l'Homme Elkabbach pose une question Voix off d'Elkabbach racontant les origines et l'état actuel d'Auroville
Annexes
222
223
2.4 :
(12) Plans du tombeau d'Aurobindo, de Pondichéry, de la Mère et de la crémonie du « darshan »
Musique mystique
Voix off de Elkabbach parlant de l'importance de Aurobindo et de la Mère pour les disciples et pour les habitants de Pondichéry
2.5 :
(20) Elkabbach et un habitant font un tour de Pondichéry en calèche
Bruit de fond, moteurs
Ils parlent tout deux de la présence de nombreux ocidantaux à Pondichéry et de la vie de la Mère
3.1 :
(16) Images de pionniers travaillant à la construction du Matrimandir
Musique mystique
Voix off de Elkabbach abordant le plan d'Auroville sous forme de cercle découpé en zones et en son centre, le matrimandir
3.2 :
Bruit de fond Tamouls travaillant à la construction du matrimandir, interview d'un pionnier y travaillant aussi
Elkabbach pose des questions à un pionnier par rapport au matrimandir, de ce qu'il apporte aux tamouls alors que beaucoup de tamouls meurent de faim
4
4.1 :
Interview d'un indien dans Bruit de fond une rue de Pondichéry, plans sur les personnes venues écouter
L'indien répond à Elkabbach en disant qu'il est convaincu qu'Auroville est une expérience pour un changement nécessaire de la société indienne et mondiale
5
5.1 :
Des indiens construisant des huttes à l'aide de feuilles de cocotiers, des huttes finies, sobres
5.2 :
Interview d'un pionnier dans sa hutte
Un pionnier répond aux questions d'ELkabbach à propos du travail, il est effectué bénévolement et les gens travaillent comme ils l'entendent mais avec « discipline »
5.3 :
Plans sur des tamouls et pionniers travaillant par la méditation ou physiquement
Voix off d'Elkabbach parlant du travail psychologique et physique, de la liste et l'admission à Auroville
5.4 :
Oudhar sur une feuille de papier fabriquée à Auroville, interview d'Oudhar dans une rue d'Auroville
3
Musique mystique
Bruit de fond
Voix off d'Elkabbach à propos de l'habitat aurovillien
Voix off présentant Oudhar, discussion à propos de l'argent qui sera récolté par Auroville grâce aux ventes du papier, Oudhar n'est sûr de rien, « c'est une expérience »
6
7
5.5 :
(11) Habitants et enfants Bruits de couverts d'Auroville mangeant dans une cahutte
Voix off d'Elkabbach expliquant qu'il n'y a qu'un seul endroit pour manger à Auroville car il n'y a pas de cuisines et que l'agriculture bio approvisionne de moitié les quantités nécessaires
6.1 :
(3) Jean Raymond et Elkabbach dans un patio
Jean Raymond explique ses méthodes d'enseignement et son cheminement
6.2 :
(5) Gabriel Monoherzen et 5 élèves sur une terrasse de l'ashram
Gabriel Monoherzen évoque les avantages du « libre progrès » (petits groupes, discussions), femme pose questions
6.3 :
(2) Jeune indienne dans un patio avec Elkabbach
La jeune indienne parle de la Mère comme étant son gourou, celle qui l'aidera à prendre les bonnes décisions même après sa mort grâce à ce qu'elle laisse derrière elle
6.4 :
(7) Adultes et enfants dans la Last School, pédagogue dans une pièce de l'école
La pédagogue explique les diverses méthodes d'enseignements de la Last school en remettant en cause le système éducatif occidental sans pour autant savoir réellement ce que deviendront ces enfants
6.5 :
Jeune fille allemande devant les premières cahuttes d'Auroville (prospérité)
La petite fille de 8ans répond aux questions d'Elkabbach notamment de ce qu'elle apprend à l'école, de son rapport avec Mère à tout niveau de sa vie, elle parle 4 langues
6.6 :
Enfants jouant dans un parc aménagé pour eux puis dans une école dans une hutte avec des portraits de la Mère et de sri Aurobindo
7.1 :
(6) Alternance entre images archives où l'on voit une réunion de pionniers en 1973 et Bernard dans sa maison
La voix off d'archive et Bernard Borg qui raconte que c'est sa rencontre avec Mère qui l'a décidé à rester à Auroville.
7.2 :
(7) On voit la Mère et la
La voix off d'archive parle
Bruits de fond, voix d'enfants
Voix off de Jean-Pierre Elkabbach disant que les enfants nés à Auroville ne sont pas reconnus par l'état indien et note la présence permanente de portaits de la Mère et de sri Aurobindo
Annexes foule attendant de la voir
8
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de la cérémonie du Darshan, des nombreuses personnes souhaitant voir la Mère
7.3 :
Jean P. chez lui sur sa terrasse
Musique douce
Il parle de sa rencontre avec la Mère et son importance à ses yeux.
7.4 :
(9) Images d'archives d'une interview de Gita et vues de rues de Pondichéry et maison de Gita Dolia
7.5 :
(6) Alternance entre images d'archive de Ange dans un bus à Pondichéry et lors de l'interview et Ange sur sa terrasse
8.1 :
(5) Images d'archives de la « Dernière école »
La voix off d'archive décrit les objectifs de la « Dernière école ».
8.2 :
Musique vive (17) Alternance entre images d'archive de l'école et images actuelles, visite de l'école avec Jean-Yves Lung et discussion avec « élèves »
Jean-Yves parle des objectifs actuels en continuité avec ceux déjà existants, l'éducation est l'éducation de soi, l'éveil à soi.
8.3 :
(6) Jean L. sur sa terrasse et images d'archives de cours à l'école
Jean L. raconte l'évolution de la Last School et notamment de la révolution menée par les enfants pour retourner vers une éducation classique.
8.4 :
Vues de la future school et interview et cours avec Jean-François et une élève dans une salle de l'école
Jean-François raconte qu'il n'y a pas de programme imposé et que les examens finaux ne sont pas obligatoires mais conseillés si les élèves souhaitent faire des études ailleurs ou quitter Auroville.
9.1 :
Jean L. sur sa terrasse, Bruits ambiants animés images de la vie de l'école, cantine, match de football
Difficulté pour les enfants aurovilliens de faire des études d'un point de vue financier car seul argent à Auroville est la « maintenance » qui permet de maintenir en vie un être humain, c'est le « minimum vital ».
Gita aborde son rapport avec la Mère et ce qu'elle représentait et représente pour elle. Bruit tropical ambiant
Bruit tropical ambiant
Dans l'interview, Ange place la Mère comme seule décideuse de ses actions. La Ange d'aujourd'hui se rend compte de son évolution.
9.2 :
Kripa est sur sa terrasse et Bruit tropical ambiant Jean-François
10 10.1 : Image d'archive sur lesquelles on voit l'oncle de Kripa interviewé dans sa maison en bois
Difficulté pour leur famille à pouvoir s'offrir des extras comme des vacances et doivent trouver des petits boulots. Ce n'est pas le cas de tout le monde. L'oncle de Kripa parle du fait que les pionniers sont des bénévoles et qu'il existe une grande discipline et une certaine flexibilité du travail.
10.2 : Kripa sur sa terrasse à Bruit tropical ambiant propos du travail, vues de lieux où travaillent des aurovilliens
Selon Kripa, le travail a changé à Auroville notamment grâce aux conséquences de son expansion.
10.3 : Entretien avec Akash Musique douce avec devant le CSR et dans son instruments à cordes lieu de travail et vues des Bruit tropical ambiant bâtiments du CSR et de chercheurs travaillant
Akash dit travailler le matin en temps que programmateur pour une entreprise américaine et l'après-midi pour Auroville au sein d'un workshop où il effectue des recherches pour préserver l'environnement.
10.4 : (6) Images d'archives du père d'Akash sur le chantier du Matrimandir,
Le père d'Akash dit qu'à l'époque beaucoup de tamouls venaient travailler à Auroville pour gagner de l'argent, il dit aussi qu'Auroville n'est pas une solution aux problèmes matériels mais la base d'une approche nouvelle, d'un monde nouveau.
10.5 : (2) Akash est sur une table Bruit tropical ambiant à l'ombre
Selon Akash, les tamouls viennent, encore aujourd'hui, à Auroville pour travailler et gagner de l'argent mais ils ont aussi compris l'idée d'Auroville.
10.6 : (3) Velu est à son bureau
Vela raconte que sa famille est pauvre et qu'Auroville a pu financer ses études. Il préfère travailler pour le divin que pour de l'argent et aider le développement d'Auroville.
11 11.1 : (13) Différents angles de vue du Matrimandir
Musique douce avec des instruments à cordes
Annexes
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11.2 : (12) Visite du Matrimandir Bruit tropical ambiant avec Jean P. et superposition images d'archives et vues Matrimandir
Jean P. raconte qu'il travaille sur les finitions techniques du Matrimandir. Le Matrimandir n'est pas accessible aux touristes et n'est pas un lieu de méditation collective.
11.3 : Arumugam est dans le premier cercle autour du Matrimandir
Arumugam raconte qu'il a d'abord été un ouvrier d'Auroville avant de comprendre que son destin était de devenir un aurovillien avec sa femme tandis que ses parents sont restés au village.
12 12.1 : (5) Route terreuse, panneaux, queue au self, Aurovilliens mangeant
Musique orientale en anglais
Voix off d'archive indiquant qu'il n'y a pas de cuisine dans les habitations, tout le monde se retrouve à la cafétéria pour manger les aliments produits de manière biologique à Auroville.
12.2 : Images d'archives et images actuelles de la Solar Kitchen
12.3 : Arumugam et sa femme dans leur maison
13 13.1 : (5) Arumugam et sa femme sont dans leur jardin, on y voit des dessins traditionnels indiens et un temple
Bruit tropical ambiant
Arumugam et sa femme travaillent tout les deux à Auroville et préfèrent manger au calme chez eux.
Bruit tropical ambiant
Arumugam explique qu'ils se sont éloignés de la religion indienne mais pas des traditions. Selon lui, les deux sont mis dans la même case et c'est une erreur. Dans les images d'archives, Kireet raconte que l'Inde a besoin d'un nouveau système économique pour résoudre ses problèmes. Aujourd'hui il dit qu'il en est toujours convaincu et que c'est un changement qui s'opère petit à petit et prendra beaucoup de temps.
13.2 : (2) Kireet Joshi est dans une rue de Pondichéry sur les images d'archives et dans son bureau
14 14.1 : (8) Jean-François est devant un mur et des images d'archives des pionniers défilent
Musique orientale vive
Jean-François rapporte qu'il sent qu'on ne retrouve plus la même chose dans les yeux des pionniers des années 70
que dans les yeux des aurovilliens d'aujourd'hui. 14.2 : Séquence d'archive dans laquelle on voit Jean P. dans une hutte puis chez lui sur sa terrasse.
Bruit tropical ambiant
Jean P. déclame un texte de l'écrivain Satprem à propos de l'aventure mettant en avant l'aventure intérieure plutôt qu'extérieure. Jean P. avoue qu'il a hésité à partir mais s'est finalement ravisé.
14.3 : Jean L. sur sa terrasse
Bruit tropical ambiant
Jean L. dit que les pionniers ont déjà fait un gros travail pour construire Auroville mais que c'est aux générations actuelles et futures de trouver un autre moyen de continuer à faire perdurer Auroville.
Liste des thèmes visuels (non hiérarchisés) : 1) 2) 3) 4) 5) 6) 7) 8)
Route Pionniers Habitants Images d'archives Maisons Bâtiments (écoles, centre de recherche, solar kitchen, matrimandir …) Nature Pondichéry
Principaux codes thématiques visuels 1) groupe de codes thématiques « artefact » - code « transport » (tuk-tuk, moto, voiture) - code « habitat » (ville, maisons, terrasse) - code « façade » (fenêtres, matériaux, terrasse) - code « construction » (immeuble, centre de recherche, matrimandir, écoles, chantiers, maisons, guest house, solar kitchen …) 2) groupe de codes thématiques « propriété » - code « chromatique » (couleur, noir et blanc) - code « géométrique » (matrimandir) - code « cinétique » (statisme lors des interviews, rapidité des plans lors des transitions » 3) groupe de codes thématiques « localisation spatio-temporelle » - code « jour/nuit » (dominance du jour) - code « topologique » (dominance de l'extérieur sauf scènes 6.2, 8.4, 10.6, 12.2, 13.2, 14.2) 4) groupe de codes thématiques « humains » - code « communauté » (pionniers, newcomers, indiens, aurovilliens)
228 229 Annexes - code « catégorie socio-professionnelle » (professeurs, artistes, gérant, élèves...) - code « âge » (enfants, adolescents, adultes, personnes âgées) 5) Principaux codes thématiques « urbanité » - code « ville » (route, constructions, habitants) - code « nature » (forêt, plante, jardin, herbe)
Liste des thèmes de la parole (non hiérarchisés) : 1) Recherche 2) Ville 3) Argent 4) Aventure/expérience 5) Travail 6) Construction 7) Homme 8) Education 9) Mère 10) Divin 11) Liberté Principaux codes thématiques spécifiques à la parole : 1) codes thématiques « recherche » - recherche d'une nouvelle manière de vivre dans un nouveau système extrait textuel (6.2) « On essaie de travailler sur une économie différente […], une économie sans échange d'argent » - recherche de nouvelles technologies extrait textuel (10.3) « Ils sont en train de faire des recherches avec l'énergie solaire. » 2) codes thématiques « argent » - argent des pionniers extrait textuel (5.2) « Les maisons coûteront 20 000francs mais si le nouvel arrivant ne dispose pas de la somme nécessaire, son logement lui sera offert et il n'aura rien à payer. » - argent des aurovilliens extrait textuel (6.2) « On essaie de travailler sur une économie différente […], une économie sans échange d'argent » 3) codes thématiques « aventure » - aventure spirituelle/ intérieure extrait textuel (4.3) « Pour moi c'était l'aventure intérieure déjà à l'époque, c'était pas du tout les choses extérieures. Les choses extérieures je les trouvais aussi belles à faire en France qu'ailleurs. » - aventure géographique extrait textuel (9.1) « Je suis retourné en France pour gagner du pognon et lui payer ses études (à son fils). » 4) codes thématiques « travail » - travail des pionniers extrait textuel (4.1) « Pour l'instant, un peu plus d'un millier de volontaires venus de tout les pays dont une bonne moitié d'occidentaux ont abandonné derrière eux biens, familles, patries pour se retrouver ici à ce rendez-vous de l'inattendu. » - travail des aurovilliens extrait textuel (10.2) « Le rapport au travail a inévitablement changé parcequ'on n'est plus dans l'époque pionnière, ça a grandit, ça s'est organisé, ça s'est administré, ça s'est structuré, il y a plus de monde. » - travail des occidentaux extrait textuel (10.6) « Ici, nous travaillons pour le divin et quand tu travailles à l'extérieur, tu ne fais que chercher à gagner de l'argent. »
Annexes
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- travail des tamouls extrait textuel (10.5) « Aujourd'hui, c'est toujours vrai qu'il y a beaucoup de tamouls qui travaillent ici pour gagner de l'argent. »
5) codes thématiques « construction » - construction de maisons extrait textuel (5.3) « Je ne peux pas vendre ou marchander cette maison que j'ai fabriqué pourtant avec de l'argent à moi et mon travail. » - construction d'une ville extrait textuel (4.5) « Si les gens qui viennent ici ne sont pas capables de construire leur propre environnement, ça voudrait dire qu'Auroville est un échec. » - construction de nouvelles technologies extrait textuel (10. ) « J'arrive tous les matins avec le moteur électrique, c'est le premier prototype qu'on a développé. » - construction du Matrimandir extrait textuel (11.2) « Comme le voulait Roger Anger, les portes disparaissent entre les marches. » – construction d'un nouvel homme extrait textuel (4.1) « Le travail essentiel d'Auroville n'est pas de construire une ville mais de se construire soi-même. C'est à dire, chercher au plus profond de soi-même, toutes les possibilités qui sont involuées en moi, pour les faire ressortir et faire ce début d'évolution vers autre chose que l'Homme. » 6) codes thématiques « éducation » - nouvelle façon d'éduquer extrait textuel (8.2) « Oui c'est une école, on part d'une école et on essaie de trouver ce qui peut être au delà de l'école, c'est à dire au delà des rôles institutionnalisés.» extrait textuel (8.2) « Le but c'est qu'ils s'éveillent à eux-mêmes et à ce qu'ils veulent être. […] On veut garder la liberté de construire les programmes. » 7) codes thématiques « La Mère » - la Mère pour Jean P. extrait textuel (7.3) « Il y a une chose qu'il ne faut pas oublier, c'est qu'Auroville est un projet de la Mère. » - la Mère pour Gita extrait textuel (7.4) « Elle était mon gourou, elle décidera de mon futur. » - la Mère pour Ange extrait textuel (7.5) « Mère est toujours partout. » - la Mère pour Bernard extrait textuel (7.1) « Il y a eu la rencontre avec Mère qui a été l'élément déterminant de ma vie jusqu'à aujourd'hui. » - la Mère pour les habitants de Pondichéry extrait textuel (7.2) « Chaque matin, des hommes et des femmes patientent des heures pour la voir. » 8) codes thématiques « divin » extrait textuel (10.6) « Ici, nous travaillons pour le divin et quand tu travailles à l'extérieur, tu ne fais que chercher à gagner de l'argent. » Des thèmes comme celui de la liberté ou du bonheur auraient pu être ajoutés, toutefois ce ne sont pas des thèmes abordés mais plutôt des ressentis d'après les témoignages. Le mot « utopie » n'est prononcé qu'une fois par Hélène Risser à la toute fin du documentaire.
Thèmes sonores Les bruits ambiants de la forêt aurovillienne aux allures tropicales provenant des scènes ellesmêmes domine ce documentaire. On peut toutefois noter l'introduction de quelques musiques douces à base d'instruments à vent ou à corde aux sonorités orientales notamment lors des transitions. Mises en scènes visuelles On retrouve régulièrement un même schéma visuel dans les scènes. C'est par exemple le cas des nombreuses images d'archives que l'on voit tout au long du documentaire et que l'on retrouve dans chacune des séquences. On retrouve également un plan régulier qui est un plan buste/poitrine des personnes interviewées. On peut également observer une récurrence dans la manière de filmer les foules, la caméra est immobile et filme le mouvement. A noter qu'il y a très peu de mouvements de caméras au cours de ce documentaire. On en retrouve uniquement dans les scènes provenant des images d'archives et lors de la visite de la Guest House de Kripa, de la visite du Matrimandir par Jean P. ou encore lors des trajets à bord du tuk-tuk, de la voiture ou de la moto.
Rapport entre le plan visuel, le plan de la parole et le plan sonore Le documentaire se veut faire le parallèle entre Auroville en 1973 et ce qu'elle est devenue aujourd'hui. Il y a un équilibre assez juste entre la part d'images d'archives et la part d'images que l'on qualifiera d'actuelles. Lorsqu'il s'agit d'interview, la majeure partie du temps. Le visage de la personne apparaît en même temps que sa voix. Il arrive que parfois, on entende d'abord la voix de celle-ci puis son visage apparaît à l'écran mais cela reste rare. Les propos que tiennent les personnes sont finalement peu illustrées ou du moins, elles le sont lorsque cela est possible. En effet, les thèmes abordés au cours de ce documentaire relèvent peu de choses physiques mais plutôt abstraites. On notera donc les successions de plans lors du thème porté sur le Matrimandir ou l'école d'Auroville par exemple.
On peut remarquer que la musique suit le rythme des plans visuels et les accompagne et qu'il n'y a jamais de musique lorsqu'une personne est interviewée. Il n'y pas qu'une seule voix off et elle n'est pas originale du documentaire, c'est celle de Jean-Pierre El Kabbach lors des images d'archives. On entend toutefois à plusieurs reprises, notamment lors des interviews, la voix d'Hélène Risser, la réalisatrice du documentaire.
LECTURE CRITIQUE
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Présupposés culturels Le documentaire ne présuppose pratiquement pas du spectateur une connaissance d'Auroville ou de son histoire. Chaque thème est introduit de manière précise et très bien dépeint par les alternances entre images d'archives et images actuelles. Elles permettent une compréhension à la fois globale et historique du sujet rendant le sujet très complet et intelligible.
Evaluation globale du documentaire Ce documentaire est très bien réalisé. Les thèmes principaux ressortent de manière claire et du temps est accordé à chacun. Les thèmes psychologiques sont les principaux thèmes abordés et peuvent fatiguer, c'est sûrement pour cela que des séquences abordant des sujets concrets viennent ponctuer la narration. De plus afin que le spectateur comprennent bien de quoi il s'agit chaque fois qu'un thème est abordé, plusieurs acteurs abordent ce sujet multipliant les points de vue ou les regroupant. La fluidité entre les plans, les scènes et les séquences rendent agréable le visionnage ainsi que les introductions et le parallèle fait avec les images d'archives incluant des personnages que l'on retrouve dans le documentaire près de 40ans plus tard. Ce documentaire est réalisé pour viser un public large, de la même manière que le documentaire de Jean-Pierre El Kabbach. Il aborde de nombreux sujets sans simplement le survoler mais n'entre pas non plus trop dans les détails, on y voit des personnes de tout âges permettant une lecture quelque soit son âge. Les personnes inerviewées malgré leur point commun qu'est Auroville font tous quelque chose de différent de leur vie comme par exemple Ange qui est une artiste, Jean-François qui est enseignant. Tout le monde peut se retrouver devant ce documentaire. Les personnes interviewées sont toutes convaincues par le projet. C'est peut être là une critique que l'on peut faire à ce documentaire. On ne trouve pas, dans ce documentaire, d'éléments allant à l'encontre de ce que les personnes interviewées racontent. Comme par exemple interviewer un(e) tamoul travaillant à Auroville mais n'étant pas aurovillien(ne) ou un(e) aurovillien(ne) ayant quitté Auroville. On pourrait également lui reprocher de montrer uniquement des images de belles demeures en parfait état, de nature luxuriante et non d'une potentielle face cachée d'Auroville moins rayonnante. On peut aussi regretter le fait que l'architecture d'Auroville ait peu été traitée même si bien entendu c'est également de nombreux autres sujets dont regorge la cité de l'Aurore. Le terme « utopie » n'est mentionné qu'une fois à la toute fin par Hélène Risser pour autant, la manière dont le documentaire est monté créé une ambiance générale dans laquelle règne la sérénité qui est une des valeurs d'Auroville. Cette ambiance est mise en plca par les musiques douces aux sonorités orientales, à la nature quasiment en permanence à l'écran ou dans nos oreilles par les bruits tropicaux ambiants, le soleil qui illumine chaque plan ou encore la proximité qui se forge au fil du documentaire avec les personnes interviewées. Une partie de l'utopie d'Auroville est amenée par les images montrant le Matrimandir, le cœur spirituel ou les écoles, la solar kitchen, les laboratoires qui sont des lieux d'expérimentations. Tout au long de ce documentaire, on sent qu'un choix de montrer Auroville sous un œil positif a été fait. Il se conclut d'ailleurs par Jean L. disant que les nouveaux arrivants « vont faire un pas de plus » dans cette aventure qu'est Auroville et vient compléter la première scène dans laquelle on entend la Mère dire « Je vous convie à la grande aventure ». L'utopie continue donc et c'est ce documentaire très bien réalisé qui nous le fait comprendre.
Annexe 3 : Analyse AUROVILLE, retour sur une utopie
Annexe 4 : Maison de Roger Anger, photo de Antoine Lorgnier
Annexe 5 : Maison de Christine Devin, photo de Antoine Lorgnier
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Annexe 6 : Première maison de Anupama Kundoo à Auroville, Hut in petite ferme photo de Anupama Kundoo
Annexe 7 : Expérimentation avec pots traditionnels intégrés dans plafond, photo de Anuama Kundoo Annexe : Analyse AUROVILLE, retour sur une utopie
Annexe 8 : Projet de Full fill homes
Annexe 9 : Projet Light Housing
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Annexe 10 : Creativity, photo de Javier Callejas
Annexe 11 : Projet SAWCHU