Grand Angle #01 - Mars 2016

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Épisode 1 - Mars 2016

InterviewS festivals

Jean-Louis Cap et Julie Moraglia

Séries Mania Toute la mémoire du monde

Critiques Joy Spotlight Sense8


L’ ÉDITO Nous avons l’immense plaisir de vous faire découvrir notre première newsletter de 2016 et son nouveau format. On espère que cette newsletter 2.0 vous plaira. Voici venu le temps des festivals, le moment de l’année où des dizaines de cérémonies sont organisées pour récompenser les meilleurs films de 2015. DGA Awards, SAG Awards, Sundance Film Festival ou encore la Berlinale, les Césars, les Oscars et le festival du court-métrage de Clermont Ferrand en février. Les récompenses se suivent et ne se ressemblent pas, mais on peut enfin le dire : Leo a eu son Oscar ! Assez avec le passé, maintenant place au futur et aux films à venir en 2016. Année placée sous le signe de la suite. Au programme nous attendent La Tour 2 Contrôle Infernale, Zoolander 2, Captain America : Civil War, X-Men Apocalypse, Le Monde de Dory, Insaisissables 2, L’Age de Glace – Les Lois de l’Univers et j’en passe… Et pour finir nous avons une pensée pour Alan Rickman, David Bowie, Michel Galabru, Vilmos Zsigmond, Yves Vincent et malheureusement beaucoup d’autres qui nous ont quitté en ce début d’année. Allez au cinéma et bonne lecture ! La Rédac’

La Rédac’

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Empire / AFP

Directeur de la publication : Philippe Marcoux Rédacteurs en chef : Maxime Pontois & Aurianne Skybyk Directeur Artistique : Maxime Pontois Rédacteurs : Lucie Blachier, Alexis Detrey, Pascal Lopez, Salvatore Vultaggio.


S OMMAIRE 04 04 07

LES REVUES DE FESTIVALS Séries Mania : futur « festival de Cannes » des séries ? Toute la Mémoire du Monde

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LES INTERVIEWS Jean Louis Cap Julie Moraglia

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LE DOSSIER DU MOIS Reboot : Autopsie d’un Hollywood en panne d’inspiration

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LES CRITIQUES SÉRIES Sense8

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LES CRITIQUES CINÉ Joy Spotlight

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LES PEPITES DU WEB Les sites ciné à suivre

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EVENEMENTS DU CDLA

Merci à Lucie Blachier, Alexis Detrey, Pascal Lopez et Salvatore Vultaggio pour leur participation à la rédaction de ce numéro. Merci à Nathalie Monnet pour son aide, et bien sûr merci à Jean-Louis Cap et Julie Moraglia de nous avoir accordé du temps pour leurs interviews.

Grand Angle est une newsletter du MBA de Production Audiovisuelle de l’ESG. Pour toutes suggestions ou commentaires, merci de nous adresser un Email, en cliquant ici. Archives de la Newsletter « Grand Angle » : en cliquant ici MBA ESG - 35 avenue Philippe Auguste 75011 Paris - Tél : 01 55 25 69 18 - www.mba-esg.com

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futur « festival de Cannes » des séries ? Par Alexis Detrey

Le cinéma a son festival de Cannes, les séries pourraient avoir leur croisette à Paris, c’est du moins le vœu de Fleur Pellerin. En décembre dernier, l’ex-ministre de la culture confiait à Laurence Herszberg la mission de transformer Séries Mania, le festival qu’elle dirige, en un « Cannes des séries ». Et que ça saute ! Censée remettre un premier rapport au ministère fin février, la patronne du Forum des images n’aura eu que trois mois pour plancher sur un sujet pourtant d’envergure.

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Créé en 2009, Série Mania, l’événement du Forum des images, peut déjà s’enorgueillir d’avoir rassemblé les showrunners d’Empire, des séries In Treatment et The Affair, ou de la glorieuse Mad Men. Et ça, c’est juste pour la dernière édition. True Detective, Breaking Bad, Bordwalk Empire ou encore Boss ont vu leurs créateurs défiler aux micros du festival. Autant dire que, chaque année, on se bouscule à ses portes. Tandis que les places, gratuites, partent très rapidement, le site web surchauffe sous les clics enthousiastes de spectateurs avides de découvertes. L’édition passée a vu la fréquentation de Série Mania augmenter de 19% par rapport à l’année précédente. Un succès qui a visiblement donné des idées à Fleur Pellerin. La ministre de la culture en est convaincue : l’évènement pourrait servir de base à un futur « Festival de Cannes des séries ».

Canal +

Depuis que l’expression a été dégainée, on rêve grand. Le bilan des dernières éditions, clairement positif, laisse entrevoir un vrai potentiel. Seulement voilà, il va falloir agir vite. Car la Berlinale ou Toronto commencent déjà à intégrer des séries à leur programmation. La France, pays du cinéma, de Cannes et de la nouvelle vague, possède, avec Paris, l’une des villes les plus visitées au monde. Autant d’arguments qu’il serait facile de faire valoir si le temps n’était pas compté. Une place est à prendre mais, selon toute vraisemblance, elle sera pour le premier arrivé.

proposant la diversité qu’il est censé incarner. En France, le Festival de la fiction de La Rochelle est lui aussi très axé sur la création nationale. Le jury de professionnels, intégralement français, récompense d’une part, des créations françaises dans de nombreuses catégories, et la meilleure série étrangère dans sa seule catégorie, d’autre part. Les deux ne semblent pas solubles. Autocentré, le festival et les œuvres présentées ne peuvent rayonner à l’étranger. Logiquement, si le rendez-vous est important pour les producteurs et diffuseurs français, ce n’est pas forcément le cas pour leurs homologues étrangers.

« Ce grand projet a pour ambition de donner une exposition optimale à la production audiovisuelle française. » Lancer une nouvelle tendance

Pourtant, l’idée d’un festival international de grande envergure en France a tout pour plaire. Une telle entreprise permettrait d’attirer des acheteurs sur le sol français. A l’instar du MIP de Cannes, Série Mania pourrait permettre aux professionnels étrangers de venir faire leurs courses en France, ou, tout du moins, du lèche-vitrine. Parce qu’évidemment, ce grand projet a pour ambition de donner une exposition optimale à la production audiovisuelle française. Sans jamais devenir « franco-français », l’événement serait un Si les États-Unis disposent des Emmy Awards ou coup de pouce pour les créateurs et producteurs. des Golden Globes, ces compétitions se regardent le nombril et ne Auréolées d’un prix, les créations diffusées lorgnent abso- pourraient faire de nouveaux émules. Un film lument pas qui réussit en festival gagne en visibilité, il pourvers le reste rait en être de même pour une série. A terme, du monde. le festival ambitionne de devenir une marque, Voilà l’une des à l’instar du festival du Cannes. Un prestige qui richesses du pourrait joliment déteindre sur les créations de Festival de l’hexagone. Et si, prochainement, Canal + ou OCS Cannes : un créaient l’équivalent de la palme d’or série ? Un é v é n e m e n t sacré coup de pouce pour ces chaînes qui doivent international lutter face à l’arrivée de géants américains sur le 5


marché. Séries Mania permettrait ainsi de créer une attente. Odysseus d’Arte ou Le bureau des Légendes de Canal +, ont été diffusées en avantpremière au festival. La saison complète pour la chaîne franco-allemande, ni plus ni moins. Un excellent moyen de faire le buzz si les retours sont bons. Car Séries Mania permet un retour immédiat du public et donc de jauger la popularité d’un programme.

« L’évènement va s’étendre. Le Grand Rex et l’UGC des Halles accueilleront des avants-premières. » D’autant plus qu’avec les services de vidéo à la demande par abonnement (SVOD), les productions françaises revivent une seconde jeunesse. Les séries télévisées, souvent cloisonnées dans un schéma statique « diffusion tv – sortie DVDs », sont redynamisées par le marché de la SVOD. Plus encore, les séries françaises s’exportent mieux. Outre les diffusions des Revenants, de Kaboul Kitchen ou d’Engrenages sur les chaînes anglaises, mais aussi américaines pour la première, nos productions disposent d’une nouvelle fenêtre sur les marchés internationaux : Netflix.

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Une édition 2016 hors les murs Mais ce grand projet est-il réalisable ? Le service communication du festival n’a pas souhaité répondre à nos questions pour le moment, l’étude de faisabilité étant toujours en cours. Les conclusions seront communiquées dans quelques semaines. Seule certitude, la mue du festival débutera dès cette année puisque l’événement va s’étendre dans la capitale. Le Grand Rex et l’UGC des Halles, entre autres, accueilleront des avant-premières. Un jury prestigieux, composé de professionnels internationaux, devrait accompagner ces projections afin de décerner le prix de meilleure série. Il est sûr qu’il faudra plusieurs années au festival pour devenir une marque reconnue dans le monde entier. Pour le moment, le festival jouit déjà d’une certaine reconnaissance à l’étranger à travers les nombreux invités déjà reçus. Il reste également à savoir comment Séries Mania va évoluer. Sera-t-il toujours gratuit, pour chaque séance ? Alors que l’événement est accessible à tous, en sera-t-il de même demain, lorsqu’il penchera vers le glamour et le renom ? Rien n’est sûr. Si les professionnels du monde entier accourent vers ce nouveau phare de la fiction télévisuelle, les places pour le public pourraient diminuer. A moins que le festival ne se démultiplie encore et pousse les portes de nouveaux lieux.

Canal +

Ce service mise sur une certaine profondeur de catalogue et il n’est pas rare d’y trouver des programmes étrangers, voire exotiques pour certains. Ce nouveau marché est d’autant plus intéressant que les chaînes américaines, à l’exception de Sundance Channel, ne diffusent absolument aucune série non anglophone. Si Taxi Brooklyn ou Le Transporteur ont fait leur trou, c’est parce qu’elles sont calquées sur le modèle américain, tournées en anglais. Les ventes d’Engrenages et des Témoins aux Etats-Unis sur Netflix sont des exemples bien plus intéressants et représentatifs des opportunités à saisir. Marseille, première création française de Netflix, sera visible dans 130 pays. C’est considérable. Si le service américain peut aider les exportations françaises, le festival prévu par Fleur Pellerin permettrait de valoriser les créations hexagonales, entre autres. Et pourquoi pas, après la mode des

séries nordiques, lancer une nouvelle tendance.


Toute la mémoire du monde Un festival haut en couleur !

En ce début de février 2016, la cinémathèque a eu le plaisir de réitérer la 4ème édition du Festival International du Film Restauré « Toute la mémoire du monde ». Au programme, un bouquet d’hommages et d’actions, non seulement à la cinémathèque de Paris mais aussi dans de nombreuses autres salles dans toutes les régions de France.

Par Aurianne Skybyk

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Invité d’honneur, c’est avec humour et douceur que Paul Verhoeven, philosophe et provocateur, a présenté son film Robocop pour l’ouverture du festival. Plusieurs de ses films, dont Starship Troopers et Total Recall ont été diffusés tout au long de cette semaine, notamment lors de la nuit blanche qui lui a été consacrée. Paul a également animé une master class, où les chanceux ont pu analyser son film Spetters et s’entretenir avec ce fantastique réalisateur hollandais. Bien évidemment, d’autres célébrités ont marqué l’occasion par leur savoureuse présence, à savoir Jean-Pierre Belmondo, Jane Birkin, mais également le pianiste Jean-François Zygel et ses élèves qui ont rendu possible l’élaboration de ciné-concerts et ont pu peindre et partager de magnifiques tableaux. Le réalisateur Dario Argento a lui-même été chaleureusement accueilli afin de présenter ses films dont son giallo Frisson d’angoisses, film de 1975 restauré depuis peu à Rome.

« Le problème de la conservation des films dans le temps devient une véritable difficulté. » 8

La Cinémathèque Française / Action Cinémas

Chronochrome Gaumont et le Kinemacolor. Avec ces caméras extrêmement lourdes, a été mis au point un procédé de colorimétrie : le Technicolor trichrome. Ce dernier est doté d’un mécanisme complexe de tirage par imbibition – où des colorants sont absorbés par de la gélatine - qui a permis d’obtenir de splendides couleurs sur pellicule qui peuvent se conserver impeccablement au fil du temps. Nous avons encore beaucoup de chance de pouvoir les visualiser Ce festival était aussi l’occasion de fêter les aujourd’hui. 120 ans de Gaumont et de rendre hommage au Technicolor : la couleur, présente sur nos écrans Au sein de cette grande diversité culturelle, de depuis 1935, a été à l’époque une révolution atten- nombreuses conférences et réflexions ont donc due. Ainsi, plusieurs films réalisés en Technicolor été menées sur les archives d’œuvres cinématoet 35mm (Vertigo, Tous en scène) ont été dif- graphiques et leur restauration. fusés dans leur En effet, l’altération du support devient un réel version originale. problème au fil du temps, engendrant sur les Une conférence pellicules des artéfacts et une décolorisation dédiée à l’histoire qui s’accentue. Le problème de la conservation de la couleur au des films dans le temps devient une véritable cinéma a été difficulté pour laquelle il est difficile de trouver donnée, retraçant une réponse. L’idée que l’on puisse perdre des ainsi l’évolution chefs-d’œuvre hante les esprits, mais l’envie des technologies de les visualiser encore longtemps est toujours et présentant vive. Les supports laissés par nos prédécesseurs les caméras et doivent persister, et nous chercherons toujours techniques utili- des innovations technologiques qui nous persées tels que le mettrons d’arriver à nos fins.


Entretien avec Jean-Louis Cap Réalisateur emblématique de Canal + Par Maxime Pontois & Aurianne Skybyk Vous êtes l’incontournable réalisateur de nombreuses émissions du PAF, dont de Nulle Part Ailleurs et des Guignols. Vous avez commencé votre carrière il y a près de 45 ans, si je ne me trompe pas. J’ai commencé comme 2ème assistant caméra, le 15 novembre 1966, donc ça fera 50 ans le 15 novembre prochain, et je suis réalisateur depuis 1978, donc depuis 38 ans. Comment s’est fait votre passage à la réalisation ? La réalisation vidéo, il n’y avait pas d’écoles pour ça, l’école c’était sur le tas. Pour un film, tu peux écrire ton scénario, tu t’entoures d’une équipe et tu peux tourner ton film, alors que faire un direct avec 10 – 12 caméras ça s’improvise pas. Tous les réalisateurs de vidéos ou de direct, ce sont d’anciens techniciens qui ont appris sur le tas. Moi j’étais cadreur, d’autres étaient d’anciens monteurs, d’anciens assistants ou bien des scriptes. Il faut donc déjà connaître le métier qu’on a l’occasion d’apprendre en tant que techni-

ciens et il faut connaître surtout des producteurs qui vont nous faire confiance, ce qui n’est pas évident. Moi, j’ai eu beaucoup de chance, il y a une grand part de chance qui est en jeu. Et vous avez commencé la réalisation par le Collaro Show ? Pas tout à fait, Marie-France Brière, qui était l’assistante de production de Jacques Martin, s’est retrouvé avec une tranche supplémentaire le dimanche midi à 13h sur Antenne 2. Et comme elle voulait être productrice, il lui a donné l’opportunité de l’être. Il lui a dit « Voilà, je te donne la tranche, et moi j’encaisse le pognon. Toi tu fais la production et si ça marche ce sera pour toi l’opportunité de te lancer dedans ! ». Elle avait une idée d’émission qui s’appelle Blue Jean sauf qu’il n’y avait pas d’argent pour le faire, donc on avait une après-midi de tournage, quelques heures de montage et on obtenait 57 minutes de variété. Maintenant avec les cadences actuelles ça se fait 9


couramment, mais à l’époque c’était inimaginable. Tout le monde refusait, car c’était mal payé, mais moi, la connaissant très bien, j’ai accepté. Au final, l’émission à été un succès total ce qui fait qu’elle a été l’année suivante productrice de deux autres grosses émissions : Exclusif, où on se baladait dans le monde entier, et puis un autre grand show avec des vedettes connues. Par la suite Marie-France Brière s’est retrouvée effectivement productrice du Collaro Show et là ça a été le démarrage immédiat. De là, j’ai commencé Les Enfants du Rock, j’ai connu Pierre Lescure et Alain De Greef puis il y a eu toute l’aventure Canal par la suite. Donc c’est beaucoup de chance et de rencontres au final. Quand vous voyez les émissions actuellement diffusées, regrettez-vous l’époque de Nulle Part Ailleurs et des Nuls ? Moi je n’ai aucun regret. Aujourd’hui c’est la mondialisation, la rentabilité et puis c’est l’audimat. L’audimat c’est quelque chose qui est apparu avec la télé privée en 1987, et avant il n’y en avait pas, et donc pas de pression. Effectivement j’ai eu la chance de travailler pendant ces années-là, on avait une liberté totale et la pression a commencé justement avec TF1 et avec l’obligation d’avoir de l’audience, et l’audience n’est pas forcément synonyme de qualité. Donc personnellement, je ne regrette rien du tout car c’était une époque formidable. Et j’ai encore la chance de travailler encore un peu sur des émissions cool comme Groland ou Les Guignols, on travaille dans la bonne humeur, il n’y a aucune pression, et ce n’est que du bonheur. Puis quand j’ai travaillé sur Les Nuls : l’émission, c’était un vrai bonheur de tournage. On avait 3 jours pour tourner ça, c’était des moyens énormes, c’était la rigolade permanente, c’était un bonheur absolu !

« La pression, elle est vraiment venue au début des années 90, où il fallait lutter pour faire de l’audience. » la journée et tout démonter le soir pour que leur spectacle soit prêt, puis remettre tout en place le lendemain. C’était donc surtout une pression de temps. La pression, elle est vraiment venue au début des années 90, où il fallait lutter pour faire de l’audience. Les producteurs ont commencé à se mêler de tout, les réalisateurs n’allaient plus au montage. On était plus des presses-boutons, mais d’un autre côté, on était plutôt bien payés. Mais disons que c’est là que la dictature des producteurs a commencé et que le rôle des réalisateurs a été un peu réduit. En 2002, vous réalisez la saison 2 de Loft Story. En fait, j’ai fait le 1er et le 2ème. J’ai fait les primes, toute la mise en place sur le plateau. Il y avait 40 caméras, une régie qui tournait 24h/24 et des réalisateurs qui tournaient. Il y avait deux flux en fait : 2 réalisateurs géraient à chaque fois 20 caméras, ce qui permettait de gérer les flux et les légers différés de 10 minutes qu’il y avait lors de la diffusion à l’époque. Et dès qu’il y avait un dérapage, cela nous permettait de basculer sur le 2ème flux.

Pensiez-vous à l’époque que ce nouveau format fraichement arrivé en France allait fortement se développer au cours des années suivantes ? Au départ, Stéphane Courbit, producteur de la société d’Arthur (ASP, rachetée par Endemol en 2001 NDLR), avait ce projet pour TF1, et la chaine a refusé car personne ne pensait que ça allait marcher. Et Thomas Valentin (Vice-président du directoire chargé des antennes et des contenus de M6 NDLR) qui travaillait chez M6, la petite chaîne qui montait, a dit on va prendre le risque. Et ça coutait quand même très cher à mettre en place et la moyenne de la chaine était En 1985, vous avez réalisé la 1ère édition des de 10 – 11% de parts de marché. Et je me rappellerais Victoires de la Musique, était-ce beaucoup de prestoujours Thomas Valentin qui disait pour la première, sion à l’époque ? « Si on fait 15% on est les rois du monde » et le lenNon, il n’y avait pas de pression. On avait surtout demain on a fait 30% ! Donc là, on s’est forcément beaucoup de difficultés car l’émission étaient tourrendu compte que la télé-réalité était quelque chose née au Moulin Rouge et le soir, le spectacle du Moulin qui allait fonctionner. Rouge continuait. Ça voulait dire qu’il fallait répéter 10


Vous avez récemment publié un livre nommé « Un peu de Sexe, un peu de Drogue, un peu de Rock’N Roll » sur vos meilleures histoires de tournage. Vous avez commencé à écrire ce livre au fur et à mesure de votre carrière ? Je l’ai commencé il y a deux ans, écrit en 6 mois partie par partie pour mes petits enfants, pour que plus tard ils aient une vision de leur grand-père différente de celle d’un vieux crouton ! (rires) J’avais trouvé deux maisons d’édition mais elles me demandaient l’autorisation écrite de tous les gens cités dedans : c’était totalement impossible. Je me suis donc auto-publié sur internet et j’ai simplement demandé l’autorisation aux gens que ça aurait pu gêner, aux principaux quoi.

Vous avez réalisé une fois de la fiction, Le Petit Prince, est ce que ça vous a donné envie d’en refaire ? Si, si ! C’est un de mes meilleurs souvenirs ! Mais attention la fiction et la télé, ce sont deux mondes différents, Et là c’est pareil, c’est mon amie MarieFrance Brière qui a fait appel à moi. Richard Bohringer voulait produire Le Petit Prince et voulait jouer tous les rôles. Le réalisateur qu’il avait appelé est venu avec un budget de 30 millions de francs, mais le budget d’Antenne 2 n’était que de 3 millions. Elle a donc fait appel à moi, et j’ai accepté. On a pris l’adaptation en scénario qui avait été faite, on s’est mis au boulot, et je l’ai fait pour 3,5 millions. C’est un immense souvenir. Ça devait passer d’abord en chapitres de 4 minutes tous les jours, mais ça a été interrompu En 2009, lorsque la SACEM vous a remis le prix de deux épisodes avant la fin, par la guerre du Golfe et l’auteur-réalisateur de l’audiovisuel de l’année, finalement la version définitive n’est jamais passée. vous avez dit que c’est un prix pour les fins de car- J’ai été impliqué dans tellement d’émissions que je rière, et pourtant on est 7 ans plus tard et vous êtes n’ai pas eu le temps de me consacrer à la recherche toujours là ! d’autres projets de ce genre. Oui j’ai dit ça en rigolant ! Effectivement, il faut avoir un certain nombre d’années de carrière mais il y a Pour finir, avez-vous un conseil à donner aux études gens qui sont relativement jeunes dedans. diants actuels de l’audiovisuel ? Il faut s’accrocher, c’est de plus en plus dur, mais c’est partout pareil, dans tous les boulots, mais c’est quand même un métier hyper privilégié. Il y a 90% « les nuls c’était de grands créateurs. des gens qui se disent en début de semaine, viveAujourd’hui c’est de la grosse farce. » ment le weekend prochain. Là, on a la chance de faire un boulot intéressant. Bien sûr, il ne faut pas avoir Pensez-vous que les nouveaux Nuls sont ces col- peur de bosser le soir, la nuit, et le weekend. Il ne lectifs d’humoristes venus du net tels que Studio faut pas être fainéant, mais en contre-partie on va Bagel avec leurs parodies et sketchs ? au boulot avec le bonheur de travailler, avec quelque Je ne sais pas si c’est l’équivalent des Nuls, c’est la nou- chose d’intéressant à faire. On rencontre chaque jour velle forme d’expression comique. De toute façon la des personnes différentes et intéressantes. Ce n’est jeunesse ne regarde plus la télé, ils regardent internet, pas plus difficile qu’une autre branche, maintenant c’est donc incontournable. J’ai vu des trucs, les Nuls tout est dur, la vie est de plus en plus compliquée. Le c’étaient des grands créateurs à côté. Maintenant, conseil c’est : il faut être bosseur, il faut s’accrocher c’est plutôt au ras des paquêrettes. Avant, il y avait et il faut y aller ! quand même de la recherche, que ce soit les Nuls ou les Inconnus, il y avait un vrai comiques d’écriture et de situation. Là, c’est de la grosse farce ! Mais bon, Retrouvez l’interview complète en vidéo sur la c’est ce qui marche maintenant... chaine Youtube des MBA ESG

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Entretien avec Julie Moraglia Responsable développement de Calt Production Par Maxime Pontois Bonjour Julie, tu es une ancienne du MPA, promo 2012, quel a été ton parcours avant et depuis ? Après le bac, j’ai fait une année d’hypokhâgne lettres et sciences sociales puis j’ai enchaîné sur Sciences po à Lille option « politique et société » dont je suis sortie avec un master de Sciences politiques spécialisée en Management culturel. A l’issue du MBA, j’ai enchaîné plusieurs stages, à France Télévision notamment, puis au Figaro, et ensuite j’ai été confrontée à une petite période de vide d’un peu moins d’un an où, malgré mes bonnes expériences en stage, je ne trouvais rien. Et puis finalement, à force de patience et de fréquenter les bons endroits, j’ai fait la rencontre qui m’a permis d’entrer dans ma boîte actuelle. J’ai démarré au plus bas de l’échelle en tant qu’assistante du Président, et j’ai tenu ce job pendant pas loin de deux ans avant d’évoluer et de reprendre le développement à mon compte.

Emission télé : les Victoires de la Musique parce que c’est une fois par an et que dans l’ensemble on s’en fout. Film : Rocky, hyper boostant quand on est au fond du trou. Série : Friends, évidemment. En quoi consiste ton poste de responsable du développement et de la création chez Calt Production ?

La spécificité du développement chez CALT Production est qu’il est transverse aux autres activités du groupe (cinéma, spectacle vivant, documentaire). Il y a donc cette mission de création de synergies qu’il n’y a pas ailleurs et qui facilite mon travail par moments et parfois le rend plus compliqué. En effet, je vais avoir des opportunités qui vont se présenter plus facilement : on aura accès à un talent plus facilement si on travaille avec lui sur d’autres activités ; mais cela génère des obligations en parallèle, comme devoir faire un développement sur mesure pour un talent d’one-man alors que le projet n’est pas très intéressant. Si tu devais choisir une émission TV, un film et une A côté de ça, le travail de développement fiction série qui te définissent que seraient-ils ? consiste en des tâches assez simples : assurer une 12


veille culturelle nationale et internationale, lire la trentaine de projets mensuels que je reçois de l’extérieur, lire les projets que les agents de mon réseau m’envoient, enfin lire quoi. Et ensuite accompagner artistiquement les projets durant le processus de vente aux chaînes (faire des retours à des auteurs, négocier les droits…). Mais c’est aussi rencontrer du monde, des auteurs, des comédiens, et une fois de temps en temps trouver une combinaison qui fait des étincelles et qui peut générer un beau projet. En général, j’essaie d’orienter les projets en fonction des besoins des chaînes en en préservant au maximum l’intégrité et l’originalité artistique ; mais malheureusement, nous restons dans une industrie dont le but ultime reste de vendre. Je suis donc là aussi pour essayer de trouver un compromis entre une identité artistique forte et un moyen de l’enrober pour mieux la vendre. Concernant le développement flux, que j’assure aussi, c’est brainstormer avec mon équipe souvent suivant un brief de chaîne et créer, ex-nihilo, ce qu’on appelle un « paper format », soit un projet d’émission, puis ensuite le vendre. Il y a donc pas mal de rédaction, d’arrachage de cheveux, d’allers et retours avec les équipes et les chaînes avant d’arriver à un objet fini.

Il laisse présager de très belles choses. Toute l’année 2015 en fiction sur France 2 a été révolutionnaire. Alors oui, on est toujours en retard sur les pays scandinaves et les Etats-Unis mais il ne faut pas désespérer ni renier le PAF. Au contraire, la marge de progression est telle que le challenge est très excitant. A ton avis, est-ce que le futur c’est la production sur le net ou le contraire ?

Calt Production

Je ne pense pas que la télé soit morte car elle nous apporte des moments de communion dans les moments de direct que le net n’a pas. Fondamentalement, les contenus disponibles sur le net sont des contenus disponibles à la demande, sans injonction de temps. La télé a un postulat de rendez-vous, et certains rendez-vous resteront incontournables (Superbowl, Oscars et tristement, grands drames humains font partie de ces rendez-vous…) Et pour le coup, les acteurs du net, tel que Twitter, sont les premiers à reconnaître cette particularité de la télé. Twitter a d’ailleurs réalisé une étude qui démontre que les gens qui regardent la télé en twittant vivent des émotions plus vives que ceux qui regardent la télé sans car ils peuvent les partager immédiatement avec tous ceux qui regardent en même Pourquoi as-tu choisi la voie de l’audiovisuel ? Ce temps. L’émotion est moins forte sans Twitter, mais milieu t’a-t-il toujours attiré ? elle est aussi moins forte en différé. C’est un peu arrivé par défaut. J’ai fait hypokhâgne Et c’est sans aborder les questions de financement et sciences po par élimination. Je me sentais un peu et de retours sur investissement de la production sur littéraire, je ne voulais pas faire de droit, ni médecine, le web ! ni commerce… et à Sciences po, je me suis dirigée vers la culture. Puis au moment de trouver un stage Un conseil à donner aux étudiants actuels du MPA ? j’ai ratissé large et France Télévision a répondu pour un stage dans l’institutionnel. Et une fois dedans, j’ai Le réseau, le réseau, le réseau. Et surtout, on est dans trouvé ça captivant, toute cette chaîne de gens qui un milieu où une poignée de mains vaut mille fois crée du contenu et le diffuse au plus grand nombre. Je plus qu’un message sur Linkedin. Donc faire jouer me suis souvenue que plus jeune, j’étais absolument ce réseau et sortir aux bons endroits pour essayer accro à la télé malgré les interdictions de mes pa- d’être au bon endroit au bon moment. Ce n’est pas rents. Et plus largement, c’est raconter des histoires simple mais ce n’est pas en envoyant des centaines de candidatures spontanées qui vont se perdre dans qui m’attirent, parce que j’adorais m’en raconter. les milliers que les producteurs reçoivent par an que Que penses-tu du paysage audiovisuel français vous ferez la différence. actuel ?

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Reboot Autopsie d’un Hollywood en panne d’inspiration Par Salvatore Vultaggio

Batman et ses nombreux reboots, l’exemple parfait de franchise rebootée.

Analyse du blockbuster made in 2010. 14

Warnes Bros / Sportsphoto Ltd/Allstar

Si vous suivez un tant soit peu l’actualité cinématographique, vous aurez remarqué l’avalanche de franchises cinématographiques qui ont envahi nos salles obscures ces dernières années. Même si dans cette déferlante de blockbusters tout n’est pas à jeter, tout cela témoigne cependant d’un réel problème de la part des producteurs qui semblent peiner à se renouveler. Et si derrière cette apparente crise d’inspiration se cachait un problème plus profond dans lequel producteurs et spectateurs seraient impliqués ?


Reboot, Remake, Cross-over… Cross-Overs. Ici point de brassages Champ lexical du blockbuster génétiques et d’échanges de chromosomes. Le cross-over au cinéma des années 2010

est le nom donné aux films qui se Si pour vous le Cross-Over ne font rencontrer plusieurs héros fait que raviver de vagues souvenirs populaires au sein d’un même film. de vos cours de SVT, vous vous devez Si Avengers est le film le plus parlant de lire cet article. Aujourd’hui ces de nos jours, il n’est que le fruit d’une termes barbares que peuvent repré- longue tradition cinématographique: senter «Reboot» et «Cross-Over» souvenez-vous de King Kong contre sont pourtant la monnaie commune Godzilla ou encore de Freddy contre Jason. des grands studios Hollywoodien.

Universal International Pictures / New Line Cinema

Connaissez-vous la différence entre «Remake» et «Reboot» ? Si le remake est la reprise d’un film pour le remettre aux goûts du jour, la confusion avec le reboot demeure. On va généralement parler de reboot pour une saga cinématographique ou une série. Le reboot, qui signifie littéralement «mettre les compteurs à zéro», va se débarrasser de toute continuité pour orienter les héros d’une saga dans une toute autre direction en reprenant l’histoire depuis le début (quand ce n’est pas pour raconter exactement la même histoire). Parmi les reboots récents, on a pu assister à Spider-man, Robocop, Batman… La pratique est tellement à la mode que certains films comme les X-Men ou encore Star Trek ont intégré cette composante à leurs scénarii par le biais du voyage dans le temps, faisant d’eux les rares exemples de reboots réussis.

Une fois tous ces types de films définis, on se rend compte qu’ils ont tous un point en commun : ils ne créent rien de nouveau. Reboots, cross-over et autres sequels n’ont qu’un seul but : capitaliser sur le «name-reckoning», à savoir attirer le spectateur par des noms de franchises qui résonnent dans sa tête.

« Afin d’éviter des risques, les grands studios se contentent de produire des films à la chaîne selon des recettes similaires. »

La frilosité des producteurs, le responsable du manque de diversité dans le monde des blockbusters ? A une époque où le marketing maîtrise d’une main de fer la production cinématographique, les projets originaux et audacieux se font de plus en plus rares : la quasi-totalité de ces films racontent la même histoire en se contentant d’inter-changer les protagonistes (voir le dernier Star Wars ou simplement toutes les productions Marvel Studio pour s’en rendre compte).

L’explication se trouve dans la preAu-delà des reboots évoqués, les sé- mière ligne de ce paragraphe : «à quelles (les suites) et les préquelles une époque où le marketing maîtrise (les suites dont la temporalité se d’une main de fer la production déroule avant le film d’origine) pul- cinématographique». Afin d’éviter lulent dans les salles, faisant ainsi les des risques qui pourraient coûter beaux-jours de toutes ces franchises plusieurs millions à leurs sociétés, milliardaires telles qu’Iron Man, les grands studios se contentent de Captain America et bien d’autres produire des films à la chaîne selon des recettes similaires avant de les super encapés. refiler entre les mains du marketing Et pour terminer, toujours dans un qui va doubler d’efforts pour vendre souci de vous faire briller un peu plus un film déjà vendu maintes fois. en soirées, vous pourrez parler de 15


Dernier exemple en date ? Le film Deadpool. Si la campagne promo du film s’est révélée exemplaire, le film n’est pas le premier film de super-héros trash et classé R (- 16 international) comme il a pu être vendu : quid des Watchmen, Kick-Ass, Super et autres Kingsman sortis bien avant et bousculant autant (si ce n’est plus) les codes du film de super-héros ?

mais aussi, et surtout, à un public pour qui le nom de John Carter n’évoquait rien. Parce que le film n’avait aucun acteur bankable, et proposait un imaginaire peu commun, le métrage s’est abîmé dans les tréfonds de l’échec commercial.

Le spectateur est passé de spectateur à consommateur. Difficilement capable de s’orienter vers des Cet exemple illustre totalement le problème majeur histoires et des genres dont il ne connait rien, il se dans le monde du blockbuster : à savoir des pro- plaît, années après années à continuer de voir inlasjets peu originaux qui sont plus pensés selon des sablement des films aux scénarios identiques alors réflexions marketing que de manière qualitative. même que les possibilités qu’offrent les blockbusters restent immenses. Sans dédouaner les studios, le spectateur n’auraitil pas sa part de responsabilité dans la frilosité des Quand on pense aux blockbusters des années 70, 80 producteurs d’aujourd’hui ? et 90, ceux d’aujourd’hui font malheureusement bien pâle figure : où sont passés les héritiers des Dents de Un public passé de spectateur à consommateur la mer, de Retour vers le futur et de Matrix, des films aussi spectaculaires que divertissants ? Qui se souvient de John Carter, ce film de science-fiction au budget démesuré qui avait pour ambition de créer un univers cinématographique Si des films tels que Mad Max: Fury Road, ExMachina, Crimson Peak ou Kingsman (pour ne citer équivalent à celui de Star Wars ? Personne. Le film fut un échec retentissant au box- qu’eux) nous rappellent qu’il existe encore un vrai office coûtant la tête du PDG de Disney de l’époque. savoir-faire en terme de blockbusters, il est dommage de ne pas les voir occuper totalement le devant Pourtant, le film était un monument du blockbuster de la scène. moderne. Tout y était parfaitement maîtrisé, de la direction artistique à la musique en passant par Il existe des centaines d’auteurs qui ont des histoires un scénario qui promettait une saga dantesque. divertissantes et novatrices à raconter, alors avant Malheureusement, le film ne trouva jamais son pu- de voir débarquer Batman VS Tintin Vs Les Minions, blic la faute à un marketing ne sachant pas comment peut-être serait-il temps de voir ce qu’ils ont de mervendre un blockbuster au sujet totalement original veilleux à nous raconter…

20th Century Fox

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Critique de

Par Pascal Lopez

Produite par Netflix et réalisée par les fameux frère et sœur Lana et Andy Wachowski, à qui on doit, entre autres, la réalisation des films Matrix, Sense8 nous emmène aux huit coins du monde à la rencontre de Sun, Wolfgang, Nomi, Riley, Capheus, Lito, Will et Kala. Ces huit personnages, au quotidien tourmenté vont se retrouver liés par l’esprit. Du jour au lendemain, chacun partage ses compétences physiques et mentales avec sept autres personnes. Ils peuvent se voir et se parler mutuellement en se projetant à l’autre bout de la terre pour des visites « mentales » rien que par la force de leur esprit. Et bien que très confus et perturbés, ils doivent vite apprendre à gérer ce nouveau mode de vie car ils vont être confrontés à un groupe de scientifiques qui cherche à capturer à tout prix nos huit « sensates » pour en faire des cobayes de laboratoires.

retenu qui est chaque personnage et compris le principe des visites cérébrales, tout va s’accélérer. En effet, la série alterne entre scènes d’émotions, passages hilarants, courses poursuites et combats. Sans oublier, de sexe. Beaucoup de sexe. Les péripéties s’enchainent pour nos huit personnages et nous gardent en haleine jusqu’à la toute dernière seconde. Il s’agit d’un concept original, pour un message finalement banal : l’union fait la force. Réellement tournée loin des studios hollywoodiens, dans 8 différentes villes du globe, la réalisation et la qualité de l’image sont époustouflantes. Netflix met d’ailleurs à disposition un making-of de 30 minutes sur « La Création du Monde de Sense8 » dans lequel on peut voir les Wachowski à l’œuvre, et qui vous fera apprécier d’autant plus la série.

Netflix

Bien que les trois premiers épisodes risquent de vous paraître longs, une fois que vous aurez

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d’une histoire vraie aux golden globes Avec Joy, le réalisateur David O. Russell remporte une nouvelle fois un Golden Globes Award grâce à la performance de Jennifer Lawrence. Par Lucie Blachier

Un message d’espoir

Joy s’inscrit parfaitement dans la ligne artistique de David O. Russell que l’on reconnaît à travers sa mise en scène dramatique et le choix

En renouvelant son casting gagnant David O. Russell a réussi son pari avec Joy en faisant d’une histoire vraie une comédie à la fois

de ses acteurs. Depuis Happiness Therapy (2012) le réalisateur a trouvé un trio brillant et efficace avec Robert de Niro, Bradley Cooper et Jennifer Lawrence, un trio qui avait déjà remporté un oscar (meilleure actrice) et avait reçu près de 7 nominations.

« comédie à la fois divertissante et réaliste du quotidien d’une femme d’affaires. » 18

divertissante et réaliste du quotidien d’une femme d’affaires. Il parvient en deux heures à aborder les différentes problématiques familiales et les barrières à l’entrée du monde des affaires auxquelles sont confrontées de nombreuses femmes. Aujourd’hui encore seulement 30% des femmes sont entrepreneurs en France. Joy est à la fois un message d’espoir pour les femmes et une photographie intéressante des années 80-90 des États-Unis.

Les histoires vraies, une question de puissance commerciale ?

20th Century Fox

Cette fois il s’inspire de la vie de Joy Mangano, une jeune divorcée dans les années 1990, pleine de rêves et d’idées innovantes qui va se battre pour leur faire voir le jour. Il nous raconte comment une petite fille ingénieuse devient par sa détermination et ses convictions une femme d’affaires influente.


Mop » qui évite de se mouiller les mains. Serpillière qu’elle vendra à Mais qui est réellement Joy ? des milliers de foyers américains notamment grâce à une chaîne Joy Mangano est une de télé-achat où plus de 18 000 jeune femme qui par ses idées serpillères s’écouleront en moins novatrices, une imagination de 20 minutes. Elle a ainsi créé en débordante et de l’audace, a quelques années un véritable emrévolutionné le quotidien de mil- pire qui vaut aujourd’hui plusieurs liers de femmes. Elle est grâce à milliards de dollars. Les anti-Holses inventions, la représentation lywood et anti-happy-end n’ont parfaite du rêve américain. Joy qu’à bien se tenir ! Mangano sera d’abord connue pour l’invention de la serpillère « Magic nelle du public.

20th Century Fox

Comme pour Joy, le cinéma rencontre de nombreux succès grâce aux histoires inspirées de faits réels. Alors s’agit-il d’intérêts commerciaux ? D’un manque d’inspiration chez les auteurs ? Ont-elles des démarches narratives différentes ou plus convaincantes ? Autant de questions que l’on peut se poser, sans avoir de réponse unanime. En revanche, on sait qu’aujourd’hui les films s’inspirant d’histoires vraies attirent et renforcent la perception émotion-

Notation : 3,5/5 AlloCiné - 6,7/10 IMDb Budget : 60 millions de dollars Réalisateur : David O. Russell Date de sortie France : 30 décembre 2015 Casting : Jennifer Lawrence, Robert de Niro, Bradley Cooper, Edgar Ramirez 19


SPOTLIGHT

Mise en lumière des vices de l’église Plongez dans une intense année d’enquête et de confrontation entre l’église catholique et un journal local de Boston avec le nouveau film de Tom McCarthy. Par Maxime Pontois Basée sur de faits réels qui ont marqué les États Unis et le monde catholique, l’histoire de Spotlight se situe en 2001 et plonge en détails dans le travail d’investigation d’une équipe du Boston Globe, du nom de Spotlight.

« Tom McCarthy s’essaye au drame journalistique, et ça marche. »

Cette enquête a pour but de révéler comment l’archidiocèse a caché des histoires de pédophilie depuis plusieurs dizaines d’années au sein de l’église locale avec l’aide Habitué à la comédie avec ses d’avocats véreux. deux derniers films (The Cobbler avec Adam Sandler et Les Winners 20

avec Paul Giamatti) Tom McCarthy s’essaye au drame journalistique, et ça marche. La mise en scène est plutôt sobre, ce qui colle parfaitement avec le ton du film. On peut noter quelques plans marquants, notamment une courte scène où Michael Rezendes, joué par Mark Ruffalo, monte dans un taxi et croise une des victimes de pédophilie en train de jouer dans un parc avec son fils. Les dialogues sont quant à eux d’une précision étonnante. Ils donnent l’impression d’être au cœur de l’enquête, ce qui permet de s’attacher à cette équipe de journalistes passionnée et passionnante.

Open Road Films

Et pour raconter cette enquête journalistique exceptionnelle, quoi de mieux que faire appel à des acteurs plus charismatiques les uns que les autres. Mark Ruffalo comme on ne l’a jamais vu, Michael Keaton magistral en reporter en prise avec la culpabilité et Liev Schreiber étonnamment parfait dans son rôle de patron workaholic et sans expressions, vous attendent dans Spotlight. Sans oublier Rachel McAdams, Stanley Tucci et Brian d’Arcy James qui sont aussi très bons dans leurs rôles.


Spotlight est un film qui peut sembler très patriotique avec cette histoire d’investigation purement américaine, mais au contraire c’est une forme de critique de l’Église à un niveau mondial. A travers la remise en cause de la foi des personnages, on peut se questionner sur la sienne et comprendre en quoi chaque foyer catholique a pu être touché par cette histoire.

des Anneaux) est magnifique et intelligemment utilisée lors des moments clés du film.

Dans la digne lignée de films sur des enquêtes d’investigation tirées de faits réels à l’instar de Les Hommes du Président d’Alan J. Pakula, Zodiac de David Fincher et Révélations de Michael Mann, Spotlight mérite d’être vu. Donc si vous voulez découvrir une histoire Enfin, la BO signée Howard journalistique sincère et passionShore (notamment connu pour nante, n’hésitez pas à aller voir son travail récompensé de deux Spotlight. Oscars sur la trilogie Le Seigneur

20th Century Fox

Puis au-delà des coulisses d’un scandale qui a fait trembler l’Amérique, Spotlight est un hommage au travail de journaliste. C’est un

film captivant sur de vrais journalistes, leur complémentarité formant une équipe soudée au sein de la rédaction du Boston Globe. Un peu à la manière de la série The Newsroom d’Aaron Sorkin, mais en plus intimiste. On découvre pour chacun leur technique d’investigation, permettant de monter pièce par pièce un article qui va être une véritable bombe journalistique.

Notation : 4,2/5 AlloCiné - 8,3/10 IMDb Budget : 20 millions de dollars Réalisateur : Tom McCarthy Date de sortie France : 27 janvier 2016 Casting : Mark Ruffalo, Michael Keaton, Rachel McAdams, Liev Schreiber 21


Les Pépites du Web Par Maxime Pontois

#01 - Les histoires du cinéma et les astuces de tournages

Film Wars - Le Fossoyeur de Films - Dailymotion Le Fossoyeur de Films nous fait découvrir sur sa chaine les dessous de la production problématique de quelques films devenus cultes, dont Alien 3, Waterworld et Star Wars.

Les Astuces - Frenchball - Youtube Slimane-Baptiste Berhoun expose 10 astuces à appliquer pour se simplifier la vie lors de tournages. Le tout est mis en image avec un aperçu des coulisses de la web-série Rock Macabre de François Descraques.

Blow Up - Arte Cinema Toute une partie du site d’Arte Cinema est consacrée à ces magazines du cinéma passionnants. Top 5, Recut, Génériques de Films, C’est Quoi ? ou encore Bio Express, tant de rubriques qui vont piquer la curiosité des fans de cinéma.

RougeVertBleu - Youtube Le jeune réalisateur Guillaume Desjardins nous donne ses conseils de réalisation, de montage ou encore d’écriture pour réussir ses vidéos. Une parfaite mise en jambe pour tous les novices de la création de vidéo.

Pour un accès direct aux vidéos, cliquez sur les photos. 22


Evènements du CDLA Événements passés sur l’année en cours : 07/12/15

Dîner « 13 à table ! » avec Sylvie Pialat, Scénariste et Productrice

01/02/16

Dîner « 13 à table ! » avec Julie Demarigny, Vice-Présidente Internationale Warner Digital group

Événements à venir : < Juin Fin Mars Avril

Une prochaine édition du dîner « 13 à table ! » Soirée Up Soirée Poker

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Episode 2 coming soon...

Paramount


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