Automne 2007

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LE MAGAZINE DES MATIÈRES RÉSIDUELLES AU QUÉBEC

Printemps/été Automne 2007, vol. 3 no 1 3 RÉDUCTION • RÉEMPLOI • RECYCLAGE • VALORISATION • ÉLIMINATION

Convention de la poste-publications no 41122591

Vers une génération de citoyens verts

André ENTREVUE Chulak avec

du programme Mobius Le vent vert souffle à nouveau sur le Québec Les municipalités peuvent-elles faire diminuer le nombre de sacs de plastique ? www.maya.cc


www.gaudreauenvironnement.com • Gestion intégrée des matières résiduelles • Collecte et transport des matières résiduelles • Centre de tri • Nettoyage et vidange de fosses septiques • Location de toilettes mobiles • Location de bacs roulants, contenants métalliques • Vente de compost, terreaux et paillis en vrac ou en sac • Service de déchetterie • Service de déchiquetage de documents confidentiels

C.P. 662, Victoriaville (Québec) G6P 6V7 Tél : 819 758-VERT, 1 877 758-VERT Téléc. : 819 357-2982 info @groupegaudreau.com



Automne 2007, vol. 3 no 3

LE MAGAZINE DES MATIÈRES RÉSIDUELLES AU QUÉBEC

sommaire RÉDUCTION • RÉEMPLOI • RECYCLAGE • VALORISATION • ÉLIMINATION

tête-à-tête

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CHRONIQUE

L’ invité

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MAXIM MARTIN ODE À MON BOISÉ

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En lien avec la ministre LA PROBLÉMATIQUE DU SUREMBALLAGE ET LA GESTION DES EMBALLAGES

« Ce qui est plaisant, c’est qu’il y a de jeunes adultes rencontrés il y a une douzaine d’années qui se rappellent avoir visité notre site et rencontré quelqu’un qui leur a parlé d’environnement alors qu’ils étaient au primaire ou au secondaire. Ils se rappellent qu’on les a sensibilisés à faire attention à leurs gestes quotidiens dans la gestion de leurs matières résiduelles. En somme, ils connaissent mieux le principe des 3rve tout en ayant appris à poser des gestes concrets. »

SANTÉ ET SÉCURITÉ

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LE JURIDIQUE

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LE S B O N S C O NTA CTS

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L’ E N V E R S D U D É C O R

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COMPOSTAGE

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ÉLIMINATION

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HORIZON 2008

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LE TOUR DU MONDE

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COLLECTE SÉLECTIVE

QUALITÉ DES COMPOSTS : NORMALISATION, CERTIFICATION ET SURTOUT… PERCEPTIONS FAISONS-NOUS FAUSSE ROUTE EN VOULANT RETIRER LES MATIÈRES PUTRESCIBLES DES SITES D’ENFOUISSEMENT ? LE VENT VERT SOUFFLE À NOUVEAU SUR LE QUÉBEC PANORAMA MONDIAL SUR LES DÉCHETS LA GESTION DES MATIÈRES RÉSIDUELLES : LES QUÉBÉCOIS SONT SUR LA BONNE VOIE !

Éditeur et rédacteur en chef : André Dumouchel adumouchel@maya.cc

Ce magazine est imprimé sur papier à contenu recyclé grâce à la participation financière de Tricentris.

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Le magazine des matières résiduelles au Québec 3RVE VOL. 3 NO. 3 AUTOMNE 2007

Chroniqueurs : Line Beauchamp Marie-Claude Caron Léo Fradette Michel Marcotte Denis Potvin Alain Préfontaine André Simard Maryse Vermette

Direction artistique : MAYA communication et marketing Designer graphique : S’AMI graphie (Syma) Photos de la page couverture et de l’entrevue : Gilles Lalonde Révision linguistique : Annie Talbot Impression : Impart-Litho

Coordination des ventes : André Dumouchel Tél. : 450 508-1515 adumouchel@maya.cc Abonnement et administration : MAYA communication et marketing 457, montée Lesage Rosemère (Qc) J7A 4S2 Téléphone : 450 508-1515 Télécopieur : 450 508-1514 info@maya.cc www.maya.cc

© Tous droits réservés. Droits d’auteur et droits de reproduction : toute demande de reproduction doit être acheminée à MAYA communication et marketing aux coordonnées figurant ci-dessus. Les opinions et les idées contenues dans les articles n’engagent la responsabilité que de leurs auteurs. La publication d’annonces et de publicités ne signifie pas que le magazine 3Rve recommande ces produits et services. Convention de la poste-publications no 41122591. Retourner toute correspondance ne pouvant être livrée au Canada aux coordonnées figurant ci-dessus. Dépôt légal : 1er trimestre 2005. ISSN 1712-9117. Le magazine 3Rve est publié 3 fois l’an.



É D I TO R I A L

Tout est dans l’élan ! Comme certains d’entre vous le savent, je suis un grand amateur de golf. Je dis bien « grand amateur » et non « grand joueur ». La distinction est importante à la lumière de mes résultats inscrits sur les cartes de pointage. Cet état de fait ne m’a pas empêché de disputer avec un immense plaisir un grand nombre de parties en compagnie de professionnels issus du milieu municipal ou œuvrant en entreprise. Entre deux bouchées de sandwichs aux œufs ou de hot dog – selon l’importance que chacun accordait à son tour de taille –, nous avons invariablement parlé d’environnement en général et de gestion des matières résiduelles en particulier. Après tout, c’est notre domaine. Ce qui m’a frappé dans toutes ces discussions, c’est que plusieurs de mes interlocuteurs avaient l’étrange impression d’avoir franchi une étape. Comme si l’échéance de la politique de gestion des matières résiduelles 1998-2008 entraînait chez chacun le besoin de dresser un bilan. J’ai senti qu’on voulait prendre du recul pour regarder le chemin parcouru, pour ensuite évaluer le chemin restant et choisir les meilleurs moyens d’atteindre les objectifs. J’avoue que j’aime beaucoup cette approche et que j’ai peut-être fait un peu de projection. Un de mes partenaires de jeu me faisait remarquer à quel point il pouvait être hasardeux de changer un infime élément dans notre mécanique d’élan au golf. Malgré notre bonne intention, très souvent on ne fait qu’empirer les choses. J’ai aussitôt pensé au film L’effet papillon ou encore Retour vers le futur II, pour ceux qui sont restés accroché aux années 1980. Le principe est le même en ce qui concerne nos actions dans le milieu des matières résiduelles.

adumouchel@maya.cc

Cette discussion m’est revenue en tête alors que je préparais l’édition de ce magazine. En lisant les textes que m’avaient fait parvenir nos chroniqueurs André Simard et Denis Potvin, j’ai n’ai pu qu’y voir une certaine confrontation d’idées. Denis Potvin est un mordu de compostage. Il croit fermement que le compostage est une nécessité tout comme in extenso la collecte à trois voies. De son côté, André Simard est convaincu du contraire. Il soutient qu’on devrait se poser des questions avant de se joindre à l’aventure coûteuse de la collecte à trois voies. En somme, il est d’avis qu’en posant un geste bien intentionné comme l’implantation de la collecte à trois voies, on créerait des dommages plus importants à l’environnement André Dumouchel que les bénéfices qu’on 6

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en retirerait, ne serait-ce qu’en raison de la pollution engendrée par les camions effectuant cette collecte additionnelle. Je dois dire que, bien qu’elle heurte mes croyances, l’idée n’est pas saugrenue et mérite qu’on s’y arrête pour l’analyser. Comprenez moi bien : je ne suis pas contre le compostage ni contre la collecte à trois voies. Je ne dis pas qu’il faut rejeter ce choix. Or, je suis d’avis qu’il est temps de prendre un moment de recul pour dresser un portrait de la situation actuelle afin de s’assurer de prendre les décisions adéquates en fonction de nos moyens financiers. Si, après cette analyse, on en vient à la conclusion que la collecte à trois voies ou toute autre solution doit être implantée, eh bien allons-y. Et que ça presse ! Toutefois, je souligne qu’en plus du bilan environnemental de toute action, l’aspect financier ne doit pas être négligé et doit absolument avoir un impact prédominant sur toute décision. Par exemple, pour améliorer le taux collectif de détournement des matières résiduelles des lieux d’enfouissement sanitaire, on doit se demander si chaque dollar sera plus profitable s’il est utilisé pour améliorer le taux des résidences profitant déjà de la collecte sélective ou s’il aurait de meilleures retombées s’il était investi dans des services pour les ICI ou même dans les services de collecte sélective auprès des immeubles à logements. À quel endroit notre argent est-il le plus rentable? Voilà la question qu’il faut se poser. Je ne crois pas que nous avons le luxe de nous priver de cette analyse. Que doit-on prioriser ? Donner un coup de barre au niveau des ICI afin qu’ils puissent contribuer également à une gestion saine des matières résiduelles comme le fait déjà la population en général ? Doter tous les immeubles à logements de services équivalents aux maisons unifamiliales ? Implanter la collecte à trois voies partout sur le territoire québécois ? Est-ce ce genre de questions que l’on doit se poser à l’aube d’une nouvelle politique de gestion des matières résiduelles ? J’en ai la conviction. Certains se demandent si les Québécois sont de si mauvais citoyens du point de vue environnemental, comme le prétend le journaliste de La Presse François Cardinal dans son dernier ouvrage, ou s’il faut se péter les bretelles comme le suggèrent les derniers chiffres publiés par Recyc-Québec. La réalité se trouve probablement quelque part entre les deux. Mais, entre-temps, il faut vite s’attabler afin de plancher sur une nouvelle politique qui sera, je l’espère, basée sur la réalité technique, démographique et économique actuelle du Québec. Collectivement, nous avons tout de même effectué un bon bout de chemin depuis l’adoption de la politique 1998-2008. Il serait important d’en faire tout autant avec la prochaine politique. Espérons simplement que les décideurs ne seront pas tentés de modifier leur élan en cours de partie. ■



En lien avec la ministre La problématique du suremballage

et la gestion des emballages

Mme Line Beauchamp Ministre du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs

publié en juillet 2007 (dans la Gazette officielle du Québec) afin d’obliger l’utilisation de contenants à remplissages multiples (CRM) pour la mise en marché des grands formats d’eau embouteillée, de même que la mise en place d’un système de récupération en vue de leur réemploi. Ce projet de règlement vise à protéger le marché des contenants d’eau à remplissages multiples (CRM) de 11 litres et de 18 litres destinés aux refroidisseurs, en réaction à la récente introduction sur le marché québécois de contenants à remplissage unique (CRU) de 15 litres. La notion de suremballage sous-entend l’utilisation d’une Cette proposition réglementaire constitue une intervention sévère quantité d’emballage qui serait trop importante par rapport au pour contrer la menace de voir disparaître les contenants de besoin. Toutefois, cette notion implique un certain jugement 11 litres et de 18 litres à remplissages multiples, lesquels sont subjectif qui rend difficile une intervention particulière sur un plus avantageux sur le plan environnemental. En effet, ces derniers produit « suremballé », comparativement à un autre qui serait un sont réutilisés de 50 à 70 fois chacun et font l’objet d’une peu moins « emballé ». De plus, certaines entreprises justifient un consigne privée qui permet d’atteindre des taux de récupération emballage plus gros pour des raisons de sécurité, notamment aussi élevés que 98 %. Dans une perspective de conservation dans le cas des parfums, des bijoux et des produits informatiques, des ressources et de développement durable, l’apparition des de petits objets ayant une valeur élevée. Il faut également prendre contenants à remplissage unique (CRU) n’est évidemment pas en considération le fait que le suremballage touche aussi des souhaitable. De plus, l’utilisation des CRU au détriment des CRM produits importés, ce qui nécessite l’intervention du gouvernement va à l’encontre des principes de la Politique québécoise de gestion des matières résiduelles 1998-2008 qui visent à favoriser la fédéral. réduction à la source et le réemploi selon le principe de la hiérarchie Malgré la complexité de la situation, le gouvernement du Québec a des 3RV-E (réduction à la source, réemploi, recyclage, valorisation, élimination). Dans ce posé des actions cas-ci, il ne s’agit pas structurantes au un projet de règlement a été publié en juillet 2007 […] de réduire le surcours des dernières afin d’obliger l’utilisation de contenants à remplissages e m b a l l a g e , m a i s années afin de favorid’éviter l’utiliser la diminution du multiples (CRM) pour la mise en marché des grands plutôt sation d’un mauvais suremballage et de formats d’eau embouteillée. emballage. contrer la mise en place d’emballages En plus des efforts déployés pour réduire le suremballage et non souhaitables. améliorer la gestion des emballages, nous avons aussi lancé des Dans un premier temps, afin d’inciter les entreprises à réduire initiatives pour augmenter la récupération dans différentes leur utilisation d’emballage, un régime de compensation des sphères d’activités de la société. Mentionnons le regroupement municipalités a été mis en place le 1er mars 2005 à la suite de d’industriels qui a mis sur pied la Table pour la récupération hors l’adoption du Règlement sur la compensation pour les services foyer. Cette table a élaboré un plan d’action qui inclut des engamunicipaux fournis en vue d’assurer la récupération de matières gements significatifs de la part de l’industrie, pour une période résiduelles. Celui-ci prévoit que jusqu’à 50 % des coûts nets des de trois ans. Le plan vise à développer et mettre en œuvre des services municipaux de récupération soient assumés par les programmes à grande échelle de collecte sélective pour la récuentreprises qui mettent en marché les produits qui génèrent ces pération hors foyer de l’ensemble des matières recyclables. Les matières résiduelles : les « contenants et emballages », les « programmes prévus par la Table visent essentiellement à financer imprimés » et les « médias écrits ». Ce régime, qui découle du prin- une partie des coûts d’acquisition des équipements nécessaires cipe de la responsabilité des producteurs, devrait inciter les entre- pour récupérer les matières recyclables dans les aires publiques prises à réduire leur utilisation d’emballage, et donc le surem- municipales, dans les restaurants, les bars et les hôtels. Cette ballage, compte tenu que le montant du paiement est fonction des initiative aidera sans doute à accroître la récupération des quantités d’emballage mis en marché. Une réduction de l’embal- matières résiduelles dans ces secteurs où les infrastructures de lage utilisé impliquera directement une réduction des montants collecte sélective sont encore rares. à payer. De plus, il est prévu que le tarif évolue avec les années en En complément aux efforts réalisés afin de réduire le surembalfonction des conséquences environnementales des matières visées. Concernant les mois de novembre 2005 à décembre lage et améliorer la gestion des emballages, de nouvelles avenues 2006, ce sont 54 M$ qui seront retournés aux municipalités rétro- seront proposées au cours de l’automne afin d’améliorer la activement. Cette nouvelle réglementation apportera aux munici- récupération dans différents secteurs de la société. Toutes ces palités un soutien financier qui permettra de soutenir le déploie- actions, combinées à celles qui seront mises de l’avant dans les prochaines années ainsi qu’à la participation croissante de la ment de leurs services de collecte sélective. population, permettront au gouvernement du Québec de pourDe plus, afin d’éviter de perdre nos acquis en matière de suivre le développement durable de notre société. réduction à la source et de réemploi, un projet de règlement a été Le s emballages constituent une part très importante des matières résiduelles et leur réduction, leur réemploi et le recours à des types d’emballages plus souhaitables pour l’environnement constituent des actions nécessaires au regard du développement durable.

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Maxim Martin

L’ invité

im Martin M dernier, Max XI Le 9 octobrepremier DVD intitulé MA lançait son ON ONE-MAN SHOW. Ene MARTIN – S présenter son troisièm s plus de nousow, le DVD comprend de nt one-man sh iales incontournables, do options spécméros qui ont marqué la ssé quelques nu udacieux humoriste pa en carrière de l’al’art du stand-up. Un bi maître dans à placer sous le sapin… beau cadeau

ODE À MON BOISÉ Je suis en deuil… Ils sont en train de défricher la forêt derrière chez moi. La principale raison de l’achat de ma maison, c’était cette forêt vierge, au bout de ma cour, qui me faisait rêver. C’était ce boisé mystérieux où je craignais de m’aventurer de peur de me perdre ou d’y croiser des lutins. Le boisé derrière chez nous représentait pour moi la limite de l’univers, un endroit où, si tu t’y aventures, tu finis par tomber au bout de la Terre. Je ressentais la menace papale du Moyen-Âge à chaque fois que je m’y noyais visuellement.

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conifères. Chaque pas que je faisais me donnait le sentiment de conquérir un inconnu mystérieux. Quand ça brassait dans ma tête, c’est là que j’allais me réfugier. Le silence qui y régnait était comme cette fameuse montre qu’on cherche tous pour arrêter le temps. Quand j’y pénétrais assez loin pour ne plus voir aucune maison derrière moi, je me sentais comme un Sasquatch qui se sauvait de la civilisation.

Pour moi, cette forêt était habitée par tous les êtres mythologiques que l’homme a inventés; pour ma fille, c’était le boisé où le prince charmant trouvait sa Belle au bois dormant et la réveillait d’un baiser. Quand je me suis séparé de la mère de ma fille, ce boisé-là est devenu mon sanctuaire de paix. Au lieu de me saouler, de me geler la face, de baiser avec tout ce qui bouge pour remplir les craques de mes murs, quand j’avais un mal de vivre, j’allais me perdre dans cet abysse de

Depuis quelques semaines, j’entends les armes qui déchiquettent mon paradis arbre par arbre. Le silence est remplacé par le vacarme d’une chainsaw qui abat indifféremment cette même forêt qui me parlait sans dire un mot. Je peux comprendre l’indifférence de cet engin

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J’imagine que le bruit de la mort de l’écosystème qui l’entoure est enterré par le tumulte de son sabre mécanique. Mais moi, au loin, tout ce que j’entends, c’est le bruit d’un être vivant qui, en tombant, essaye de s’accrocher aux branches de ses amis dans l’espoir qu’ils l’aident à se redresser. C’est la fin de mon univers privé. Les chevreuils, les Bambi que je m’amusais à observer avec ma fille sur mon terrain vont bientôt être remplacés par un voisin qui fera parader sa bedaine entre sa ter-

J’imagine que le bruit de la mort de l’écosystème qui l’entoure est enterré par le tumulte de son sabre mécanique. Quand je m’y réfugiais le lendemain d’une tempête de neige, je m’écrasais sur le dos, dans son lit confortable, pour admirer le canevas de la nature. Je me rappelle de toutes les fois où je me suis gelé les doigts à essayer de capturer sa beauté avec mon appareil photo pour y retrouver sur mon écran une version cheap de ce qu’on me dévoilait vraiment.

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puisque sa vie se termine à la fin du plein d’essence, mais je m’attarde sur l’être qui la manipule. J’aimerais savoir s’il tue ma maîtresse insensiblement… Est-il rendu aveugle par le chèque de paye qui l’attend aux deux semaines ? Fait-il la sourde oreille aux cris des piliers de la forêt qui tombe un par un ?

rasse et son cabanon. Ce même voisin qui a décidé de sortir de la ville pour s’évader en campagne. Ce même voisin qui n’a pas réalisé que, pour venir déguster cette magie que je chéris, a été obligé d’en détruire une partie. Eh oui, quelle ironie, il faut détruire la nature pour venir l’observer… Mais ce que je remarque surtout, c’est que les entrepreneurs de ma région semblent allergiques aux arbres, mais pas au papier sur lequel on imprime l’argent. ■


tête-à-tête

André ENTREVUE Chulak avec

Entrevue réalisée par André Dumouchel

DÉTENTEUR D’UN BACCALAURÉAT EN URBANISME AINSI QUE D’UN CERTIFICAT EN SCIENCE DE L’ENVIRONNEMENT, ANDRÉ CHULAK EST RESPONSABLE DES COMMUNICATIONS CHEZ BFI CANADA. EN PLUS DE REPRÉSENTER L’ENTREPRISE DANS LES RELATIONS DE CETTE DERNIÈRE AVEC LES CITOYENS, IL A L’AGRÉABLE TÂCHE D’ÊTRE RESPONSABLE DU PROGRAMME MOBIUS. LE PROGRAMME L’AMÈNE À FAIRE LA TOURNÉE DES ÉCOLES AFIN DE RENCONTRER DES ÉLÈVES ET AINSI LES SENSIBILISER À UNE SAINE GESTION DE LEURS MATIÈRES RÉSIDUELLES. LE MAGAZINE 3RVE L’A SUIVI À L’OCCASION D’UNE ACTIVITÉ DE VERMICOMPOSTAGE À L’ÉCOLE VAL-DES-ARBRES DE LAVAL. QUE PENSE-T-IL DES CITOYENS DE DEMAIN ? 3RVE L’A RENCONTRÉ POUR VOUS.

Qu’est-ce que le programme Mobius ? Essentiellement, le programme vise à sensibiliser les citoyens d’aujourd’hui et de demain à la diminution de la quantité de déchets à éliminer. Nous faisons donc la promotion des 3rve en prenant bien soin de faire comprendre la hiérarchisation tout en démystifiant l’enfouissement sanitaire. Mais il faut préciser qu’avec le temps et à la demande des enseignants, Mobius a élargi son mandat en traitant aussi au passage de l’effet de serre, de la déforestation massive et d’autres sujets environnementaux puisque, dans ce domaine, tout est interrelié. On n’a qu’une planète. Nous avons donc différentes activités à présenter, qu’il s’agisse d’une visite guidée du site, de conférences sur les 3rve et le développement durable, d’une activité à l’insectarium de Montréal nommée Monarque sans frontière, d’une rencontre avec un fauconnier, d’une activité sur la biodégradation ou

le vermicompostage. Bref, nous avons une multitude d’activités visant à sensibiliser les participants à ce qui les entoure. Certains groupes peuvent même participer à plusieurs de ces activités.

elle illustre bien l’idéal du cycle de vie de la matière.

Êtes-vous celui qui a mis sur pied le programme Mobius ?

L’objectif a sensiblement toujours été de cibler les jeunes afin qu’ils deviennent des communicateurs des valeurs et pratiques du recyclage. En étant sensibilisés, ils peuvent ainsi transmettre plus facilement l’information aux adultes qui sont souvent réfractaires à se renseigner eux-mêmes par manque de temps. Nous encourageons donc les jeunes à discuter et même à expliquer à leur famille les principes qu’ils ont appris et qu’ils peuvent mettre en pratique au sein de leur environnement.

Non, je suis à l’emploi de BFI depuis 12 ans alors que le programme existe depuis environ 15 ans. Il s’agit d’un programme qui avait été mis sur pied à Houston par Browning Ferris Industries (BFI). Il a été adapté à la réalité québécoise en 1992. Pourquoi avoir nommé le programme Mobius ? En raison du nom de la boucle du recyclage et de ses trois flèches. Il s’agit de la boucle sans fin que l’astronome et mathématicien allemand August Ferdinand Möbius avait développée et qui a été reprise pour l’environnement, car

Les objectifs du programme sont-ils les mêmes aujourd’hui qu’au moment ou il a été créé ?

Le programme a-t-il évolué avec le temps ? Oui, beaucoup. À mon arrivée, les activités de Mobius se concentraient Le magazine des matières résiduelles au Québec 3RVE VOL. 3 NO. 3 AUTOMNE 2007

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uniquement sur le dossier des déchets. De par ma formation, il m’apparaissait essentiel de donner une vue d’ensemble et de faire comprendre aux participants du programme que les différentes problématiques environnementales étaient toutes interreliées d’une certaine façon. C’est pourquoi nous avons élargi le sujet des différentes activités tout en faisant toujours le lien avec la gestion responsable des matières résiduelles. De plus, je trouvais important d’insister sur le fait que chaque individu doit se sentir concerné et responsable, malgré l’apparente portée limitée de ses actions individuelles. Au moment de la création du programme, y avait-il un plan comportant des objectifs quantitatifs à atteindre ? Pas spécifiquement, puisqu’il est très difficile de quantifier quoi que ce soit, mis à part le nombre de personnes rencontrées. Cependant, les 15 000 personnes rencontrées annuellement gardent assurément un souvenir de la visite, ce qui contribue forcément à changer les habitudes de ces citoyens envers leur environnement. Par ailleurs, il faut comprendre que ce programme s’intègre dans une volonté de BFI de s’impliquer sur le plan social dans une perspective de développement durable.

Croyez-vous en cette méthode ? Oui, car chaque fois que je rencontre des jeunes ayant participé à Mobius, ils me disent avoir intégré plusieurs principes de la récupération et du recyclage. Beaucoup d’entre eux m’avouent avoir de meilleures pratiques en ce sens et même s’être mis au compostage après que je les ai initiés. Il ne faut pas oublier qu’il s’agit d’une question d’éducation. Il y a à peine 20 ans, c’était normal de tout jeter à la poubelle. De nos jours, il est important que les jeunes comprennent que la poubelle représente un outil qui doit être bien géré tout comme le bac de récupération, le composteur et même les ventes de garage. De plus, Mobius n’est pas que théorique, on discute avec les participants, on échange, mais surtout on touche, on manipule et on voit des solutions.

Ce qui est plaisant, c’est qu’il y a de jeunes adultes rencontrés il y a une douzaine d’années qui se rappellent avoir visité notre site et rencontré quelqu’un qui leur a parlé d’environnement alors qu’ils étaient au primaire ou au secondaire. Ils se rappellent qu’on les a sensibilisés à faire attention à leurs gestes quotidiens dans la gestion de leurs matières résiduelles. En somme, ils connaissent mieux le principe des 3rve tout en ayant appris à poser des gestes concrets.

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Avant la 2e moitié de la 3e année, les jeunes n’ont pas vraiment acquis la base des notions scientifiques leur permettant un échange constructif, alors qu’après la 2e année du secondaire, les jeunes ne sont pas toujours très réceptifs… Vous devez donc adapter le programme à votre auditoire ? Bien sûr, car une visite impliquant une classe de jeunes trisomiques ne sera évidemment pas présentée de la même manière qu’une autre impliquant l'Ordre des ingénieurs ou encore le ministre de l’Environnement. Mais que ce soit un groupe ou un autre, tous repartent enchantés de la visite et avec l’impression d’avoir

Comme nous rencontrons certaines écoles depuis maintenant 15 ans, une habitude s’est créée chez les enseignants. Et la demande est telle que nous n’avons plus besoin de faire d'appels pour remplir notre agenda de rencontres. À qui Mobius est-il destiné ?

Croyez-vous que les jeunes retiennent le message de Mobius ?

Pourquoi se concentrer sur le groupe d’âge entre la 3e année primaire et la 2e secondaire ?

Comme Tintin, il s’adresse aux jeunes de 7 à 77 ans ! Plus sérieusement, les personnes les plus susceptibles de pouvoir recevoir le programme dans son intégralité sont les jeunes de 3e année de primaire jusqu’à ceux de 2e secondaire. Ils représentent environ 85 % de notre clientèle. Je rencontre également à l’occasion tous les autres niveaux scolaires, qu’il s’agisse de classes régulières ou d’élèves éprouvant des difficultés de même que des groupes d’adultes, professionnels ou non, en passant par des groupes internationaux.

démystifié les 3rve. L’ex-ministre Thomas Mulcair avait d’ailleurs vanté notre programme après sa visite à Lachenaie alors qu’il se trouvait sur le plateau de l’émission Tout le monde en parle. J’avoue que ça m’a fait un petit velours ! Avec quel groupe d’âge estimez-vous que le programme est le plus efficace ? Peu importe l’école et les groupes, les jeunes de 5e année représentent selon moi le groupe le plus réceptif. Ils ont une merveilleuse écoute, une bonne compréhension et surtout de vives réactions sur ce qu’ils reçoivent comme information. Après la présentation des faits, on n’a pas


tête-à-tête dinaire. Car, bien sûr, il y a les YO, mais il y a aussi les écolos ! Toutefois, la principale difficulté avec cette tranche d’âge réside dans l’approche. Il faut éviter par exemple de paraître trop impressionné par la question d’un élève, car il pourrait alors se sentir gêné d’avoir démontré de l’intérêt. Les jeunes se jugent beaucoup entre eux. Vous savez, vous pouvez être bon en mathématiques et le mentionner fièrement à vos parents, mais s’en vanter à ses amis n’est malheureusement jamais perçu comme étant très cool… Quelle est la perception des enseignants à l'égard du programme ?

besoin de dire qu’il faut agir; cette réaction vient spontanément d’eux-mêmes. Pour ce qui est des élèves du secondaire, la donne est différente puisque ces jeunes ont maintenant des intérêts plus personnalisés et variés. Mais il faut comprendre que certains élèves ont tout de même un intérêt extraor-

C’est unanime, ils croient que le programme Mobius devrait être accessible partout au Québec. Ils estiment que tous devraient avoir la chance d’aller visiter au moins une fois dans leur vie un lieu d’enfouissement sanitaire. Il faut dire également que le programme s’adapte énormément aux demandes des enseignants. Nous recevons fréquemment des appels d’enseignants qui ont de bonnes idées de projet, mais qui ont besoin de l’aide de Mobius pour les réaliser. Il s’agit donc d’un véritable partenariat en constante évolution. Certaines écoles se servent des activités

de Mobius afin de recevoir l’accréditation « École verte Brundtland ». Est-ce que BFI a mis sur pied ce programme uniquement pour se donner une belle image ? BFI aurait pu se servir de ce programme pour bien paraître et obtenir un décret pour le prolongement de ses opérations pour ensuite mettre fin au programme une fois le décret obtenu, mais au contraire BFI n’a jamais cessé d’investir dans Mobius. Ses employés, qu’ils soient de la haute direction ou qu’ils travaillent sur le terrain, n’ont de cesse de bonifier le programme en y allant de suggestions et d’éléments pouvant être utiles à la réussite du programme. Les employés semblent très fiers de ce programme et de ses répercussions. Est-ce qu’il y a des réticences face au projet ? Au départ, il y a eu quelques personnes qui craignaient qu’il s’agisse d’une opération de lavage de cerveau, mais les appréhensions sont vite tombées. La qualité et la diversité du programme ont tôt fait de faire taire les critiques. De plus, jusqu’à ce

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tête-à-tête

jour, plus de 500 enseignants ont approuvé le programme et en redemandent. Il devient donc difficile de contester un tel succès. Comment les gens arrivent-ils à Mobius ? Lors de la création du programme, BFI a rencontré les différentes commissions scolaires avoisinant le site de Lachenaie afin de leur proposer le programme. Nous avions également fait de la publicité pour promouvoir le service. Après les premières rencontres, le bouche-à-oreille a fait le travail. Comme nous rencontrons certaines écoles depuis maintenant 15 ans, une habitude s’est créée chez les enseignants. Et la demande est telle que nous n’avons plus besoin de aire d'appels pour remplir notre agenda de rencontres.

postage et même les déchets afin de constater tout le gaspillage qui est malheureusement encore fait. On fait également un arrêt à notre centrale électrique afin d’expliquer qu’une partie des biogaz est valorisée en électricité et une autre en gaz naturel. Le but est de sentir, d’entendre et de voir, d’utiliser les sens pour bien comprendre comment les matières résiduelles sont gérées. Combien de temps dure une visite ? La visite peut durer plus de deux heures, tout dépendant de l’intérêt et de l’âge des participants. Quelle est la réaction des gens en regard de leurs attentes ?

À quoi ressemble une visite typique du site ? Nous accueillons tout d’abord le groupe dans le lobby où il peut voir une photo aérienne du site. Nous prenons également le temps de faire une mise au point sur l’impact des déchets, qu’il soit local ou régional. On traite aussi de la manière dont sont gérés les odeurs, les goélands, les biogaz et leurs effets de serre, les lixiviats, l’espace nécessaire, le camionnage et le bruit, bref on parle de tous les impacts possibles. On se dirige ensuite au centre Mobius où l’on voit du lixiviat, on touche aux matières récupérées et recyclées. On y voit également une courte vidéo sur la fauconnerie. Par la suite, nous montons à bord d’un autobus pour aller rencontrer un fauconnier, observer le site et ses bassins de traitement de lixiviat, la plate-forme de com-

Généralement, avant la visite, ils s’attendent à voir des déchets partout. Ils croient que ce sera un endroit rempli de goélands, de rats, de moufettes, de ratons laveurs et de mouches. Certains croient même que nous mettons le feu à la matière. D’autres sont persuadés que nous avons des équipes qui fouillent dans la matière pour en retirer carton, papier, métal et plastique. Ces croyances sont-elles davantage celles des adultes ou des enfants ? Étonnamment, elles sont vraiment générales. Cette naïveté n’est pas propre aux enfants. Il arrive souvent que des adultes se présentent avec un mouchoir et même avec une épingle à linge sur le nez pour ensuite agir normalement au fur et à mesure que la visite progresse. Demandez-vous une contribution aux différents groupes pour vos services ? Non, il s’agit d’un engagement social de la part de l’entreprise envers sa communauté. Nous fournissons même le transport par autobus aux groupes scolaires. Avez-vous une idée du coût de ce programme pour l’entreprise ? Ces coûts sont assurément de plus de 100 000 $ annuellement. Combien de personnes travaillent à ce programme ? Essentiellement, je suis la seule personne à temps plein. Toutefois, tous les cadres et employés de BFI mettent l’épaule à la roue à leur manière. Mobius représente quel pourcentage de votre emploi du temps ? Le programme représente 60 % sur une base annuelle, mais il est évident qu’il est surtout concentré durant la période scolaire. Croyez-vous que les enseignants offrent une bonne formation environnementale à leurs élèves sans Mobius ? Il s’agit de cas par cas, car tout dépend de la formation personnelle et surtout de l’intérêt de chaque enseignant. Certains sont passionnés d’environnement et cela se reflète sans contredit sur les valeurs qu’ils vont transmettre à leurs élèves. Croyez-vous la croyance populaire fondée lorsqu’on affirme que les jeunes sont sensibilisés à l’environnement en plus de connaître les gestes à poser pour être des citoyens responsables ? Je peux affirmer que l’intérêt pour l’environnement est toujours marqué dans tous les groupes que je rencontre. Je suis donc d’accord en ce qui concerne la sensibilisation. Toutefois, en ce qui a trait à la partie pratique de l’équation, c’est une tout autre histoire. Je suis d’avis que l’information qu’ils reçoivent dépend beaucoup de l’intérêt

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tête-à-tête Est-ce que Mobius est là pour rester ?

J’espère que oui, car la sensibilisation est primordiale. Quel est l’avenir de Mobius ? Mobius va continuellement s’adapter aux nouvelles réalités et aux demandes des enseignants. Par exemple, si la collecte à trois voies est implantée dans la région, Mobius en parlera assurément. Également, si le sac de plastique à usage unique disparaît, Mobius cessera évidemment d’en parler. de leurs enseignants pour les notions environnementales. L’implication de la direction de l’école joue aussi énormément. Par exemple, les élèves bénéficiant d’ateliers, de conférences, de visites ou d’autres programmes externes comme Mobius ou de ceux offerts par certaines municipalités ont davantage la chance de développer une attitude responsable face à la gestion des matières résiduelles. Or, nous devons admettre que tous n’ont pas cette chance. Quel élément de Mobius vous rend-il le plus fier ? Sans contredit la popularité du programme. Nous n’avons nullement besoin de faire de la publicité et les enseignants nous rappellent d’année en année d’euxmêmes. Outre ce fait, je suis très fier que le programme, au fil des ans, ait contribué à rendre plus responsables d’innombrables jeunes et moins jeunes en les sensibilisant aux problématiques environnementales et en démystifiant la gestion de leurs propres matières résiduelles. Mobius a sans aucun doute poussé les gens à poser des gestes concrets; il les a

poussés à agir. Voyez-vous une différence dans le degré de connaissances reliées à l’environnement entre les jeunes que vous rencontrez maintenant et ceux rencontrés il y a une dizaine d’années ? Il y a une évolution, mais elle demeure souvent théorique. Par exemple, les termes compostage, recyclage et autres ne sont plus inconnus pour eux, comme c’était souvent le cas auparavant. Toutefois, la mise en œuvre demeure encore abstraite pour la plupart. Que plusieurs jeunes pensent toujours que ce qui est mis dans le sac à ordures sera trié au site d’enfouissement démontre bien l’ampleur de notre tâche. Est-ce que deux visites de Mobius dans une année sont suffisantes pour rendre un futur citoyen responsable ? Chaque individu est différent. Dans certains cas, l’effet est frappant et immédiat quant aux actions. Dans d’autres cas, un rappel continuel est nécessaire…

D’un point de vue personnel, que pensez-vous de la déresponsabilisation des gens ? Il est tellement facile de ne pas se sentir concerné tout comme il est facile de critiquer les autres et la société sans se regarder sois-même. Pourtant, de simples gestes comme l’achat de piles rechargeables ou le recours à de la vaisselle réutilisable à l’occasion des fêtes représentent des choix économiques avantageux pour le portefeuille et pour l’environnement. Après quoi, on peut se demander pourquoi les gouvernements n’interdisent pas purement et simplement la vente de tels produits. La collectivité semble se mobiliser en ce moment contre les sacs de plastique à usage unique. C’est une bonne chose, mais il est à souhaiter que ce genre de raisonnement s’étende à d’autres biens de consommation nuisibles pour l’environnement. Ceci étant dit, il y aura toujours des déchets; le but est simplement d’en limiter la quantité. ■ Monsieur Chulak, merci beaucoup.

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LE MAGAZINE DES MATIÈRES RÉSIDUELLES AU QUÉBEC

RÉDUCTION • RÉEMPLOI • RECYCLAGE • VALORISATION • ÉLIMINATION

Le jeudi 6 septembre dernier se tenait au Club de golf Glendale de Mirabel la 3e édition du tournoi annuel de votre magazine 3Rve. C’est sous une température absolument magnifique de 26°C que les gens de l’industrie de l’eau ont foulé le magnifique parcours Élite du Glendale. C’est donc sous un soleil radieux que s’est déroulé le tournoi qui comportait une multitude de concours. Les gens ont par la suite été invités à se rafraîchir sur le bord de la piscine, où les attendaient les bières Moretti, une massothérapeute ainsi qu’un talentueux trio de jazz !

Impossible de faire un beau tournoi de golf sans la présence d’une solide équipe de bénévoles.

part ! Et c’est un dé

Cheeeeeeez !

La soirée s’est poursuivie avec un succulent repas agrémenté de vin et de nombreux prix, dont plusieurs d’une valeur importante. Les participants ont de plus eu droit à un spectacle de l’humoriste Guy Nantel. Il est à noter que, pour la toute première fois, le tournoi s’est déroulé à guichets fermés. Une liste d’attente a même dû être instaurée. La prochaine édition de votre tournoi se tiendra le jeudi 4 septembre 2008. Serez-vous des nôtres ?

olat à cigare, chochalie célèbre trou at Le désormais teur de 3Rve ainsi que N se en et porto. L’édil’Association de la scléro rvir le Zielinski de val étaient présents pour se bleau plaques de La Carole Vincent a peint un tacause. tout. L’artiste en soirée pour la bonne re mis à l’enchè

Il s’agit de France et non de Monica… Tout est dans la position et dans l’élan.


. le réseautage x cocktail pour eu ill ve er m n U

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Un trio de jazz

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« Vous semblez tendu, monsieur… Avez-vous bien joué ? » 1À table ,

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tout le m onde !

Pour la deuxième année consécutive, l’équipe menée par Jean-François Bergeron de Nordikeau remporte le tournoi. Conservera-t-elle son titre en 2008 ?

Rien de m ieux que le

rire pour digérer.

Le banquier était sur place. Tous les participants ont quitté avec un très beau prix. Tous ? À vous de juger…

UN GRAND MERCI À NOS PRÉCIEUX COMMANDITAIRES


QUALITÉ DES COMPOSTS : NORMALISATION, CERTIFICATION ET SURTOUT…

C O M P O STA G E

perceptions Denis Potvin agronome, vice-président, produits et environnement, Conporec inc. d p o t v i n @ c o n p o re c . c o m

Au début des années 1990, les fabricants de composts ainsi que les gouvernements fédéral et provinciaux anticipaient un essor de la filière compostage et, par conséquent, préparaient le terrain en élaborant des documents et des normes sur la qualité des composts. Tous reconnaissaient alors l’importance de fiabiliser les débouchés du compost en fabriquant des produits de qualité. En l’absence de cette condition, le développement du compostage devenait plus incertain. Un des objectifs de ces normes de qualité était de définir d’une façon rigoureuse des critères mesurables concernant notamment la sécurité, l’innocuité et l’efficacité des composts. Ainsi, par le biais d’une norme volontaire et consensuelle (CAN/BNQ 0413-200), d’un organisme reconnu (BNQ) et d’un protocole de certification, il devenait possible de garantir la qualité des composts et de transcender, croyait-on, les perceptions que l’on se fait sur la qualité. Il m’apparaît important de rappeler que ce sont la nécessité et la faisabilité d’établir des critères sécuritaires harmonisés pour les composts qui sont à l’origine du travail de collaboration entre Agriculture et Agroalimentaire Canada (AAC), le Conseil canadien des ministres de l’environnement (CCME) et le Bureau de normalisation du Québec (BNQ). Ces organismes ont travaillé dans l’objectif d’établir des types de composts sécuritaires et de bonne qualité pour être avantageusement utilisés. Le comité de travail de l’époque avait retenu, par consensus, l’idée de développer une norme qui comporterait plus d’une classe. Les intervenants croyaient plus approprié de présenter divers niveaux de qualité permettant d’atteindre les différents marchés potentiels, et ce, tout en étant conformes aux aspects règlementaires existants et aux politiques environnementales de gestion des déchets à venir. C'est que l’approche de la classe unique se heurtait au choix des valeurs retenues. C’est bien beau de vouloir produire le « top niveau », mais encore faut-il être techni18

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quement capable de le faire et, surtout, être en mesure de justifier le choix de valeurs réalistes plus ou moins exigeantes. What is the rational ? demandait-on constamment. Par exemple, sommes-nous d’accord pour affirmer qu’un compost de « top niveau » ne devrait contenir aucun corps étranger ? C’est ce que dicte le type AA de la norme BNQ. Mais on doit aussi se demander si des composts qui en contiendraient une certaine quantité seraient acceptables pour le consommateur tout en étant conformes aux règlementations existantes. Heureusement, c’est ce que prévoient les types A et B, car il faut avoir composté un peu pour réaliser l’ampleur du défi que représente l’absence de corps étrangers pour obtenir le compost de type AA quand on travaille avec des matières putrescibles provenant de nos déchets, et ce, même avec la participation volontaire des citoyens les mieux intentionnés. Un raisonnement similaire s’appliquait pour la question des éléments traces métalliques. Ainsi, les concentrations maximales admissibles pour le type B proviennent de la circulaire à la profession T-4-93 incluse dans la Loi sur les engrais; celles du type AA ou A, de l’approche «aucune dégradation nette». Certains propos ou articles récemment entendus ou publiés me font croire à l’exis-

étrangers et en éléments traces. » De plus, il est vrai que les composts de type B font l’objet d’une restriction relative à la quantité maximale en éléments traces métalliques que l’on peut appliquer aux sols à la suite d’apports répétés. Si cette restriction donne aux produits une connotation négative, il faut rappeler qu’elle n’est pas nouvelle, car depuis que la Loi sur les engrais existe, tous les composts vendus au Canada doivent se conformer aux exigences de concentrations maximales en éléments traces. Et cela n’a pas empêché l’industrie du compostage de se développer. Mais comment ne pas réagir lorsque les propos sous-entendent que le compost de catégorie B n’est pas de qualité suffisante pour justifier ou rendre pertinent le choix de l’option compostage ? Quand ces propos laissent croire que le marché des composts est beaucoup plus accessible avec la production de composts double A ? Reconnaître un niveau de qualité par le biais d’une approche multiclasses ne veut pas dire que le type B est un mauvais compost. De plus, reconnaître l’existence d’un type B ne veut pas non plus dire que son potentiel de pénétration du marché est systématiquement moindre que celui des autres types. Le marché de l’automobile est-il accessible uniquement aux marques de prestige ? Et qui de tous les fabricants d’automobiles vend le plus ?

Il serait dommage que les raisonnements et les objectifs ayant conduit à l’élaboration de catégories de types A et B soient occultés par la simple dimension de perception de la qualité. tence d’un effet pervers qui découlerait de l’incompréhension des fondements de l’approche de qualité multiclasses. Il serait dommage que les raisonnements et les objectifs ayant conduit à l’élaboration de catégories de types A et B soient occultés par la simple dimension de perception de la qualité. Or, faut-il le rappeler, les composts certifiés de types AA, A et B sont tous de bons composts. Comment aurait-il pu en être autrement ? On peut toutefois comprendre que les composts de type B soient perçus comme des produits de moindre qualité puisque, dans la norme, il est dit : « Les composts sont classés par ordre de qualité décroissante en trois types : AA, A et B. Cette classification repose sur les teneurs en matières organiques totales, en corps

La notion de qualité des composts a toujours été complexe, car elle prend en compte des notions agronomiques d’amendement de sol et de fertilisants, des considérations environnementales et des aspects de sécurité. Les classes de qualité de la norme BNQ sont le fruit de plusieurs années de discussion et de réflexion. Si, à la lecture de ce texte, vous n’avez pas tout saisi ou que vous n’avez pas le temps d’approfondir le sujet, je vous incite à mettre à profit les connaissances des agronomes qui œuvrent dans ce domaine. Ils vous guideront dans ce monde de normalisation, de certification et de perceptions. Car, après tout, chacun son métier et les vaches seront bien gardées ! ■



FAISONS-NOUS FAUSSE ROUTE E N VOU LANT RETI RE R LES MATIÈRES PUTRESCI BLES

ÉLI M I N ATI O N

des sites d’enfouissement ? André Simard président et directeur général André Simard et associés a n d re . s i m a rd @ a s i m a rd . c o m

Nous entendons ou lisons régulièrement des affirmations à l’effet que les matières putrescibles déposées dans un lieu d’enfouissement technique (LET) sont sources de contamination et qu’on devrait donc les éliminer pour éviter de polluer nos nappes d’eau. De telles déclarations montrent bien l’incompréhension et le manque de connaissance de beaucoup de gens, malgré tout bien intentionnés, relativement à ce qui se passe dans le domaine de l’enfouissement. C’est l’image du dépotoir de jadis qui nous revient en tête.

Les LET, d’hier à aujourd’hui Toute personne ayant visité un lieu d’enfouissement technique en construction est en mesure de constater que nous sommes à des années-lumière de ce qui se passait

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autrefois. Il est vrai que les dépotoirs et les sites d’enfouissement en atténuation généraient des impacts sur l’environnement; sans confinement, les lixiviats et les biogaz s’échappaient évidemment et dépassaient généralement la capacité du milieu récepteur.

véhiculer de fausses images relativement à ces lieux – que les gouvernements considèrent d’ailleurs comme très sécuritaires – et commencer à reconnaître qu’il s’agit d’équipements performants et nécessaires à tout système intégré de gestion des matières résiduelles.

La situation est tout autre pour les sites modernes, nos lieux d’enfouissement technique. Des systèmes de confinement extrêmement étanches et durables empêchent les émissions nocives dans l’environnement; combinés à ces systèmes de confinement, des réseaux de collecte et d’évacuation très efficaces permettent de recueillir ces émissions et de les acheminer vers des systèmes de traitement hautement performants. Finalement, des normes de rejet parmi les plus sévères en Amérique du Nord nous assurent que l’environnement sera protégé. Il faut donc arrêter de

Exclure les matières putrescibles des LET ? Si nos sites sont sécuritaires, est-il toujours aussi essentiel d’en exclure toutes les matières putrescibles ? À la lumière des sommes astronomiques que les municipalités s’apprêtent à investir dans ce volet de leur plan de gestion, je crois que la question mérite d’être débattue. La Politique québécoise de gestion des matières résiduelles 1998-2008 (PQGMR) préconise la récupération de 60 %

la justification de cette mesure était basée sur la prémisse que les sites polluent; si ce n’est plus le cas, est-il encore logique de vouloir récupérer toutes ces matières ?


FA I S O N S-N O U S FA U S S E R O UTE E N V O U L A NT R E TI R E R L E S M ATIÈR E S P UTR E S C I B L E S D E S S ITE S D’E N F O U I S S E M E NT ?

des résidus putrescibles. Toutefois, la justification de cette mesure était basée sur la prémisse que les sites polluent; si ce n’est plus le cas, est-il encore logique de vouloir récupérer toutes ces matières ? L’argent investi ne serait-il pas mieux dépensé ailleurs ? À mon avis, il faut récupérer et recycler le plus possible pour protéger nos ressources naturelles, et c’est là qu’il faut consacrer nos efforts. Composter les feuilles et le gazon produit une ressource intéressante à coût abordable, mais prendre des résidus de table pour en faire du compost de qualité douteuse n’est pas pour moi un geste visant la conservation des ressources. À ma connaissance, il n’y a pas pénurie de compost au Québec.

réduction des composantes non biodégradables de nos matières résiduelles. La PQGMR aura bientôt dix ans. Beaucoup de progrès ont été faits, mais il reste encore beaucoup à faire. Je crois qu’il est maintenant grand temps qu’on se requestionne sur la gestion de nos matières résiduelles et sur les prémisses de l’époque. J’espère qu’on tiendra alors

compte de la nouvelle réalité quant à nos lieux d’enfouissement technique et qu’on se demandera s’il est dans l’intérêt de notre société, tant sur le plan économique qu’environnemental, d’exclure les matières putrescibles et surtout les résidus de table de ces ouvrages. À mon avis, la réponse risque d’être non. ■

D’un autre côté, avons-nous évalué l’impact environnemental des mesures qu’on veut mettre en place pour atteindre cet objectif ? Une troisième cueillette implique plus de véhicules sur la route, des gaz à effet de serres (GES) supplémentaires, etc. Le traitement des matières recueillies génère aussi des impacts. Le traitement en aérobie consomme de l’énergie, ce qui génère aussi des GES; le traitement en anaérobie produit du méthane, un GES 21 fois plus nocif que le CO2. Au contraire, lorsqu’on laisse la matière organique se décomposer dans un LET, nous sommes assurés qu’elle se retrouve dans un milieu contrôlé qui capte les émissions générées par la dégradation et qui la traite à des concentrations acceptables. De plus, on peut en retirer un bénéfice environnemental supplémentaire important en valorisant les biogaz, soit en produisant de l’électricité, soit en s’en servant comme source de chaleur, comme c’est le cas dans plusieurs sites québécois. Donc, au lieu de consommer de l’énergie pour être traitées, les matières putrescibles peuvent devenir une source d’énergie. L’environnement ne s’en portera que mieux. Certains diront que la durée de vie de nos sites sera moindre si on n’en dévie pas nos matières putrescibles. L’impact sur la durée de vie est à mon avis assez faible. La matière organique est la composante de nos matières résiduelles qui se décompose le plus rapidement et qui génère des tassements importants dans les sites, permettant ainsi de récupérer une partie non négligeable du volume initial occupé par ces matières. Encore une fois, si on veut prolonger la durée de vie de nos sites, notre argent serait mieux investi dans la Le magazine des matières résiduelles au Québec 3RVE VOL. 3 NO. 3 AUTOMNE 2007

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HORIZON 2008

LE VENT VERT SOUFFLE À NOUVEAU

sur le Québec Léo Fradette conseiller, gestion des matières résiduelles Écoservice leo.fradette@ecoservice.ca

Nous voici rassurés. Désormais, les citoyens et citoyennes du Québec peuvent se comparer sans honte à la moyenne canadienne. Le taux de production de déchets par habitant a finalement rejoint celui des autres provinces avec une moyenne de 400 kg par habitant1. Ouf ! À tous, bravo pour vos efforts ! Sincèrement ! Réalisez-vous, en 2004, le taux québécois était de 475 kg par habitant. Nous étions alors la risée de toute la planète. Imaginez les titres dans les journaux : « Le Québec : le plus grand producteur de déchets au monde ». Or, en 2 années, 75 kg ont été rayés de la carte. Disparus ! Plus encore, si nous produisons moins de déchets, c’est que nous devons forcément récupérer davantage. C’est trop ! Attendons la confirmation des résultats. Mais je sens quand même monter en moi la sève de l’écolo. Le vent vert souffle à nouveau sur le Québec. Si nous nous croyons bons, encore une fois, ce sera grâce à la magie des ch i f f r e s . S e l o n l e c o m m u n i q u é d e RECYC-QUÉBEC, les résultats obtenus à la suite de l’étude de caractérisation, réalisée au cours de l’année 2006 dans près de 10 000 foyers à travers le Québec, nous informent que le taux de production de déchets par habitant a diminué. La dernière étude de caractérisation remonte à l’an

gressé au cours des dernières années, donc la production de matières résiduelles par habitation aurait dû augmenter. Sa diminution soudaine résulte de la comparaison d’une situation de consommation de deux années (2000 et 2006). Les résultats étaient différents en 2000 et ils le seront sans doute en 2008. Si notre image de producteur de déchets s’améliore lorsque nous nous comparons à la moyenne canadienne, faut-il pour autant s’en féliciter ? Qu’avons-nous fait de plus pour diminuer notre consommation ? Pour augmenter le taux de récupération dans les multilogements de neuf unités et plus ? Et celui des commerces et des institutions ? Pour mettre en valeur les matières résiduelles organiques ? Pour récupérer les résidus domestiques dangereux (RDD) ? Qu’en est-il des équipements électriques et électroniques ? Au cours des prochaines semaines, faites le décompte des municipalités qui traitent l’ensemble des matières organiques (qui représentent pourtant plus de 40 % des matières résiduelles municipales). On vous parlera certes de compostage domestique ou d’installations qui acceptent des résidus verts, mais peu encore traitent les déchets de table. Le sujet est à ce point délicat que des élus sont souvent pris au dépourvu lorsqu’ils constatent l’ampleur des efforts demandés à leurs concitoyens. Des municipalités ont carrément opté pour l’enfouissement en 2007, malgré le rappel des objectifs de la politique qui n’a eu, de toute évidence, aucun effet. Certaines municipalités cherchent à se regrouper pour le partage des coûts, mais d’autres attendent de voir… Concernant les RDD, outre les peintures, les huiles et les filtres usagés, rares sont

Des municipalités ont carrément opté pour l’enfouissement en 2007, malgré le rappel des objectifs de la politique qui n’a eu, de toute évidence, aucun effet. 2000 et il fallait de toute évidence remettre à jour les données que nous utilisons régulièrement pour nous comparer, quantifier nos performances, mais aussi nos déficiences. C’est, entre autres, l’œuvre utile de ce genre d’étude. Que le taux de production de déchets par habitant diminue, c’est une bonne nouvelle ! Toutefois, notre contribution à la diminution du taux national est, somme toute, très modeste. Dans les faits, la consommation québécoise a plutôt pro22

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les municipalités qui offrent la récupération de l’ensemble des RDD, des produits pourtant considérés comme dangereux pour la santé et pour l’environnement. Trop coûteux ! Trop compliqué ! Manque de débouchés ! Et ce sont souvent les mêmes commentaires pour la mise en valeur des appareils électriques et électroniques, des vieux matelas, des électroménagers, etc. La mise en œuvre de la politique québécoise a produit des résultats intéressants à ce jour, notamment dans les secteurs où

les matières résiduelles sont directement visées par une réglementation. Toutefois, force est de constater que des mesures supplémentaires sont nécessaires pour réduire la quantité de matières résiduelles destinées à l’élimination. Voici quelques constats et opinions : • La fixation d’objectifs à atteindre, sans moyens et sans contraintes, n’a aucune crédibilité politique ni conséquence juridique. • La loi ne prévoit aucune mesure particulière pour inciter les municipalités à réviser ou à appliquer leur Plan de gestion des matières résiduelles (PGMR). • Une faible proportion des PGMR prévoit la collecte de l’ensemble des matières organiques au cours des prochaines années. • Une faible proportion des PGMR prévoit la prise en compte des boues organiques non dangereuses. • La responsabilité élargie des producteurs se limite encore à quelques matières résiduelles. • Les gisements de sources industrielle, commerciale et institutionnelle échappent à la planification et à la mise en œuvre des PGMR. • Sources d’iniquité, les initiatives et les performances ne sont pas encouragées par la politique. Par exemple, il suffit, pour être admissible aux redevances, de déclarer les frais inhérents à la collecte et à l’enfouissement des matières résiduelles. Les résultats du bilan 2006 et ceux issus de la caractérisation dans les 10 000 foyers québécois seront sans doute positifs. Cependant, le Québec n’est pas plus vert qu’en 2004. Il faut éviter de se conforter en se comparant. Il est maintenant acquis que les objectifs de 2008 dans le secteur municipal ne seront pas atteints. Sans nous souhaiter de nouvelles catastrophes, la ministre du Développement durable, de l’Environnement et des Pars ainsi que le gouvernement doivent prioriser à nouveau les objectifs de la politique. L’absence de nouvelles sources de financement et d’orientations claires sur les prochains défis à relever est à l’origine du rejet en bloc de la politique. La mise en œuvre des PGMR fait du sur-place en ce qui concerne, entre autres, la valorisation des matières organiques et la prise en charge d’autres matières résiduelles problématiques, dont une partie des responsabilités est directement imputable aux producteurs. ■ 1. Source : RECYC-QUÉBEC, communiqué du 14 octobre 2007.


LE TOUR DU MONDE

PANORAMA MONDIAL

sur les déchets Michel Marcotte ing., M.Sc.A. président-directeur général Solmers inc. mmarcotte@solmers.ca

En 2006, Denis Gasquet, directeur général de Veolia Propreté en France, rapportait que « chaque jour, notre planète produit plus d’une dizaine de millions de tonnes de déchets ». Ce sont plus de trois milliards de tonnes annuellement. S’ils sont « déchets », c’est bien qu’ils ont été jetés par certains et que, malgré l’injuste pauvreté des autres, ces « matières résiduelles » n’ont pas trouvé preneur dans aucune filière, officielle ou non, avant d’être ou de n’être pas « traitées » par l’ État. En effet, et dans la majorité des cas de figure, le « déchet abandonné » devient la responsabilité de l’État. Dans ce contexte, il est donc partie du « bien collectif ».

Il est toutefois vraisemblablement rangé du côté des passifs, du côté sombre des responsabilités déléguées par le peuple à ses gouvernements. Ainsi, l’énergie perdue dans l’atmosphère chaque jour, qui contribue à l’augmentation des gaz à effet de serre, n’en est pas moins semblablement un déchet. Chaque jour, donc, il faut rendre disponibles ces déchets, les ramasser, les collecter, les transporter et, par la suite, les traiter de la manière la moins dommageable pour l’environnement. Toutefois, même si nous mesurons de mieux en mieux les inconvénients résultant de cette production quotidienne de « rejets », nous commençons à peine à comprendre que leur volume et leur

concentration dans les villes ou autour d’elles constitue un avantage économique important. En fait, ceci peut constituer un des aspects positifs du problème de nos rejets. De plus, l’organisation mondiale des sociétés perçoit de mieux en mieux l’ensemble des étapes qui constitue le cycle de vie de la matière utile à l’homme. Elle comprend « l’économie » de chacune de ces étapes et parvient, dans le cycle de la production industrielle et manufacturière, à en valoriser chaque élément économique que son organisation fait apparaître. Ainsi donc, le déchet devient un gisement de matières premières : il devient une mine d’inertes, d’organiques et d’énergie.

L’exemple le plus frappant est la Chine, où les besoins en matières premières et en énergie sont tellement immenses qu’il faut compter depuis quelques années déjà sur les importations de déchets recyclés

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PANORAMA MONDIAL SUR LES DÉCHETS

« Ainsi faut-il commencer à considérer, comme le souligne M. Gasquet, le contenu de nos poubelles comme une fantastique réserve de ressources renouvelables pour une humanité qui, au XXIe siècle, va toucher nombre de ses limites en termes de disponibilité de ses ressources naturelles primaires. » Si on connaît encore mal le circuit des matières recyclées localement, il rappelle « qu’on connaît plus mal encore les flux internationaux de matières premières secondaires ou matières premières recyclées, même s’il est possible d’en mesurer empiriquement l’importance en certains points. L’exemple le plus frappant est la Chine, où les besoins en matières premières et en énergie sont

tellement immenses qu’il faut compter depuis quelques années déjà sur les importations de déchets recyclés afin de répondre à la demande. » C’est dans cet esprit de connaissance objective que CyclOpe, le principal institut de recherche européen sur les marchés des commodités, a compilé dans un ouvrage inédit, Du rare à l’infini, une montagne de données sur les déchets, aussi multiples que variées, provenant d’un grand nombre de pays. Le constat : il y a bien dans les déchets une réserve incroyable de ressources qui doivent être « recyclées » dans le système, remises en marche après épuisement de leur valeur ajoutée initiale pour obtenir une nouvelle valeur. Cette idée que la terre est une immense réserve de ressources pour l’humanité n’est pas nouvelle, et cette volonté d’en connaître les limites ne l’est pas non plus. Mais depuis la publication du rapport Meadows par le Club de Rome, l’idée que la croissance exponentielle de l’humanité dans un territoire limité n’est pas une bonne nouvelle fait son chemin et pousse à comprendre « qu’ailleurs c’est ici », et qu’il n’y a pas de miracles à espérer d’une organisation volontaire et individuelle du monde si le temps compte. La mondialisation, dans ce contexte, a non seulement ouvert de nouveaux marchés, mais elle a aussi refermé sur nous le problème de la croissance de l’humanité et celle de ses rejets. Deux questions donc sont mises en évidence chaque jour un peu plus aux yeux du monde : l’urgence d’agir d’abord et celle de réduire la trace de l’homme sur cette planète ensuite. En effet, l’autre élément en cause, le poids de l’homme, n’a que deux solutions connues : la dictature et l’instruction. La Chine a réussi là ou l’Inde essaie toujours. Et le Japon, la Suède et le Québec ont réussi eux aussi mieux que ces pays ou l’instruction est hors de prix. Mais s’agissant des déchets, réduction et recyclage ne peuvent être essentiellement volontaires. Et la patience n’est peut-être pas, avec l’expérience des 20 dernières années, suffisante pour juguler le problème. L’urgence ne se discute plus; elle est évidente. Parce qu’aucune institution publique ou universitaire n’avait encore entrepris pareilles recherche et analyse critique de données à ce point hétérogènes, la question d’un bilan des avoirs collectifs s’impose : Quelle est la valeur véritable du « bien commun » au Québec ? En posant cette question d’entrée de jeu, celle du sens du développement durable risque de s’éclairer de mille feux puisqu’il constitue ainsi la garantie d’être encore vivant demain. Car là est l’essentiel du propos de monsieur Gasquet en introduction de Du rare à l’infini : « La collecte et le traitement des déchets sont déjà en soi une forme fondamentale du génie urbain; ces métiers sont aujourd’hui engagés dans une nouvelle révolution. La concentration urbaine, le développement démographique, la croissance des pays émergents conduisent à raréfier les ressources naturelles et à accroître les prix des matières premières, valorisant par le fait même la "gestion dédiée des rejets". » Ainsi, selon D. Gasquet, « l’abondance de déchets dont on ne sait aujourd’hui que faire trouvera dès lors son marché et sa valeur ». ■

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Le magazine des matières résiduelles au Québec 3RVE VOL. 3 NO. 3 AUTOMNE 2007


LA GESTION DES MATIERES RESIDUELLES : LES QUEBECOIS SONT SUR LA BONNE VOIE !

Maryse Vermette B.Sc, MBA vice-présidente, Opérations et communications Éco Entreprises Québec mvermette@ecoentreprises.qc.ca

Mode de collecte

Kg/personne /année Déchets 278 Matières recyclables 69 matières organiques 15 Consigne 6 RDD 1 Encombrants (ressourcerie, 32 comptoir familial, ferrailleur) Textile (ressourcerie, 3 comptoir, friperie)

Ces matières sont ramassées selon différents modes de collecte et selon la répartition suivante :

La collecte sélective: un gros pas en avant !

La caractérisation montre que 96 % des Québécois ont maintenant accès à la collecte sélective et que 79 % de ceux-ci y participent sur une base régulière. Le taux de récupération global des matières recyclables a franchi le cap des 50 % en 2006 pour atteindre 52 %. À noter que les chiffres de Recyc-Québec en 2004 indiquaient un taux de 28 %. Le tonnage résidentiel récupéré par la collecte sélective s’élève à 498 000 Tm. Les taux de récupération et le tonnage par matière se répartissent de la façon suivante : 250 000

59 % 48 %

200 000

73 %

Recyc-Québec, responsable de l’élaboration des bilans sur la gestion des matières résiduelles, y a vu là une opportunité de s’adjoindre un partenaire de premier plan dans la réalisation d’une étude exhaustive de caractérisation étalée sur trois années. Un mandat a été accordé au printemps 2006 aux firmes Dessau Soprin et NI Environnement. Sur une période d’un an, plus de 8000 ménages québécois ont été échantillonnés et leurs habitudes, à l’égard des différents modes de collecte des matières résiduelles, ont été suivies et analysées. Les résultats de l’étude sont enfin disponibles et seront dévoilés, en novembre 2007, dans le cadre du Rendez-vous québécois sur la gestion des matières résiduelles organisé par Réseau Environnement.

31 %

37 %

13 %

54 % Plastiques emballages souples

Papiers/ cartons emballages

Imprimés

Médias écrits

-

Lors de l’élaboration de ses tarifs 2005-2006, Éco Entreprises Québec (ÉEQ) a fait publiquement le constat de la désuétude des données québécoises. L’écart observé entre les données ontariennes utilisées par l’organisme Stewardship Ontario, le pendant ontarien d’Éco Entreprises Québec, et celles du Québec semblait trop important. La confection d’une nouvelle étude de caractérisation des matières résiduelles est devenue alors pour ÉEQ un incontournable, la dernière étude du genre remontant à 19992000.

47 %

50 %

Plastiques contenants

50 000

Papiers/ cartons boissons

UNE NOUVELLE ÉTUDE DE CARACTÉRISATION : UNE NÉCESSITÉ !

Plastiques boissons

100 000

Métal

150 000

66 %

Verre contenants alimentaires

Depuis quelques mois, l’environnement occupe un grand espace médiatique. Ce n’est plus uniquement l’apanage des magazines spécialisés. Toutes les semaines, la presse écrite et les nouvelles télévisées nous présentent des reportages sur les enjeux environnementaux de l’heure. La gestion des matières résiduelles fait partie du lot. Toutefois, la couverture médiatique des « déchets québécois » est souvent alarmiste et peu flatteuse. « Les Québécois : les plus gros producteurs de déchets au pays ! De piètres récupérateurs ! » Bref, les épithètes ne manquent pas pour critiquer la relation des Québécois avec le sac vert et le bac de récupération. Mais d’où proviennent ces affirmations ? Sont-elles vraiment fondées ? Quelles en sont les sources d’information ? Plus souvent qu’autrement, les informations sont tirées d’études et de bilans qui datent de plusieurs années. On ne peut blâmer les journalistes d’utiliser ces données puisque ce sont celles qui sont officiellement reconnues par les autorités gouvernementales.

Verre boissons

COLLECTE SÉLECTIVE

En 2006-2007, les Québécois ont mis dans leur bac de récupération :

Le Québec en voie de rejoindre l’Ontario L’analyse comparative des données québécoises avec celles de l’Ontario confirme le mince écart des rendements des programmes de collecte sélective des deux provinces. Pour les contenants et emballages de verre et de plastique, les taux de récupération sont mêmes supérieurs au Québec.

- 74 % de leurs bouteilles en verres de la SAQ ; - 57 % de leurs bouteilles d’eau en plastique ; - 51 % de leurs boîtes de carton plat (ex. : boîtes de céréales) ; - 52 % de leur contenants multi couches (ex. : cartons de lait) ; - 44 % de leurs boîtes de conserve ; - 50 % de leurs bouteilles alimen taires en plastique (ex. : bouteille de ketchup).

100%

Québec (52 %) Ontario (58 %)

75% 50%

DES RESULTATS ENCOURAGEANTS !

Les résultats de l’étude remettent enfin les pendules à l’heure et démontrent, pour plusieurs catégories de matières, l’atteinte des objectifs de la Politique québécoise 1998-2008 du gouvernement du Québec. Regardons ensemble de plus près ces résultats.

Composition des matières résiduelles des ménages québécois En premier lieu, l’étude a permis d’obtenir des données à jour sur les quantités générées de matières résiduelles d’origine résidentielle. Chaque Québécois génère en moyenne 404 kg/année selon la composition suivante :

Matière Papier/carton Verre Métal Plastique Matières organiques Encombrants et CRD RDD Textile Autres

Pourcentage 20 % 6% 3% 8% 44 % 14 % 1% 2% 2%

25% 0% Papiers impression

Papiers / carton emballage

Verre

Métal

Plastiques

UNE COUVERTURE MÉDIATIQUE PLUS POSITIVE ! À la suite de la divulgation des données de l’étude de caractérisation et des résultats impressionnants qui en découlent, il est à souhaiter que les médias québécois diffusent ces bonnes nouvelles qui annoncent que les Québécois sont maintenant dans la bonne voie et que leur comportement a évolué de manière positive. ÉEQ est fier de son partenariat avec Recyc-Québec et veillera à ce que les données diffusées traduisent bien les réalités de la gestion des matières résiduelles au Québec. Le rapport intégral de l’étude sera disponible sous peu sur les sites Internet de Recyc-Québec et d’ÉEQ. ■ Le magazine des matières résiduelles au Québec 3RVE VOL. 3 NO. 3 AUTOMNE 2007

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SANTÉ ET SÉCURITÉ

L A G E STI O N D E V O S RÉC L A M ATI O N S : U N MAL NÉC E S S AI R E

mais payant ! Alain Préfontaine Consultant en santé et sécurité du travail GAP inc. apréfontaine.gap@videotron.ca

En mai dernier, j’ai expliqué que vous pouviez réduire votre cotisation à la CSST de trois façons : les mutuelles de prévention (pour les petites entreprises), la prévention et la gestion des réclamations. Élaborons sur cette dernière qui a ceci de particulier : elle définit votre style de gestion des ressources humaines. Il y a trois types de gestionnaires.

Le gestionnaire vengeur Appelons-le Jean Rage. Pour monsieur Rage, toute réclamation d’un travailleur est un acte de trahison. Il s’empressera de la contester. Il est à court d’arguments pour soutenir sa position, mais qu’importe, ça ne se passera pas comme ça. À grands frais, il enverra le travailleur en expertise médicale dans la semaine qui suit et il ne s’encombre pas de savoir si le médecin expert juge qu’il est trop tôt pour déclarer le travailleur guéri. C’est une très mauvaise approche. Un tel ressentiment fausse le jugement de Jean le gestionnaire qui reporte tout le blâme sur le travailleur, ce dernier se retrouvant ostracisé. Cet aveuglement empêchera Jean de poser les vraies questions : Comment, où et quand est-ce arrivé ? Quelle tâche accomplissait le travailleur ? Avait-il le bon outil ? Était-il formé adéquatement pour ce travail ? Jean ne mène pas d’enquête ni d’analyse d’accident qui lui permettraient de trouver les causes et d’appliquer les correctifs nécessaires pour empêcher l’accident de se reproduire, car c’est la faute du travailleur. Un effet pervers de ce comportement est la détérioration des relations de travail. Un climat de méfiance apparaît et la rétention des employés, si importante aujourd’hui, devient plus difficile. Sans compter les tracas administratifs et juridiques. Ajoutez au tableau les relations tendues avec la CSST et vous avez là tous les ingrédients permettant la création… d’un ulcère d’estomac. 26

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Le gestionnaire paternaliste De l’autre côté du spectre se trouve Roger Bontemps, le gentil gestionnaire. Monsieur Bontemps croit que les risques d’accidents font partie du travail. Désabusé, il clame : « Les accidents, ça fait partie de la job »; « On ne pouvait pas le prévoir, c’est un accident »; et le fameux « Le pauvre gars n’a pas fait attention » qu’il utilise pour dissimuler sa propre inertie. Il ne se sent pas concerné, car il n’aurait rien pu faire de toute façon. Cette approche n’est pas meilleure que la précédente. Elle non plus ne permettra pas la tenue d’une enquête approfondie, « qui ne servirait à rien de toute façon, car vous savez, la fatalité »… Cette approche ouvre aussi la porte à des abus. La plupart des travailleurs sont honnêtes, mais il s’en trouve toujours quelques-uns qui profiteront du système. Et les plus habiles peuvent en profiter longtemps.

hebdomadaires avec un contremaître; les deux notent tous les points qui doivent être corrigés. Le comité SST paritaire, qui comprend un membre décisionnel de la direction, prend note des points soulevés lors des inspections et à la suite des enquêtes et analyses d’accident. Il propose les correctifs les plus efficaces lors de ses recommandations au décideur principal. Gilles fait également affaire avec un conseiller externe qui maîtrise bien les trois aspects principaux de la SST : la prévention, la gestion et le financement. Ce conseiller et lui-même entretiennent d’excellentes relations avec la CSST, ce qui facilite le suivi des dossiers. Ses bons coups lui ont permis de créer une atmosphère agréable basée sur le respect des individus et sur la communication. Fait à ne pas négliger : son taux de cotisation est toujours plus bas que celui de la compétition, ce qui lui permet de décrocher

son taux de cotisation est toujours plus bas que celui de la compétition, ce qui lui permet de décrocher certains contrats supplémentaires, car il a des frais fixes moins élevés. Le gestionnaire avisé Son nom ? Gilles Contrôle. Quand un accident survient, il y va d’une enquête et d’une analyse. On identifie les causes de l’accident et la mise en place de mesures correctives. Il obtient la version du travailleur, suggère une assignation temporaire et fait un suivi scrupuleux des rendezvous médicaux du travailleur qu’il appelle après chaque visite médicale pour prendre de ses nouvelles. Gilles n’ira en expertise que si la convalescence dépasse les normes pour le type de lésion et ne contestera celle-ci que si l’histoire lui semble incongrue ou si le diagnostic ne cadre pas avec le type de travail ou de mouvement allégué ou encore si le travailleur a fait preuve de négligence volontaire. Dans le cas des maladies professionnelles, il vérifie la période d’exposition et compare les mouvements effectués au travail versus le siège de la lésion. Gilles a parmi ses travailleurs un représentant à la prévention qui fait des rondes

certains contrats supplémentaires, car il a des frais fixes moins élevés. Finalement, ses travailleurs restent fidèles. Le taux de roulement est bas, ce qui vaut de l’or dans le contexte économique qui est actuellement le nôtre. Il peut sembler utopique de penser que la saine gestion de la SST peut à elle seule entraîner tous les bénéfices énumérés au paragraphe précédent. C’est pourtant vrai. Et il y a fort à parier que cette façon de faire influencera votre façon de gérer les ressources humaines en général. Si vous êtes comme Gilles, bravo. Par contre, si vous êtes comme Roger, allez, un peu de nerf ! Mais si vous suivez les traces de Jean, soignez bien cet ulcère, car sinon, il risque de vous faire mal longtemps… ■


LES MUNICIPALITÉS PEUVENT-ELLES FAIRE DIMINUER LE NOMBRE

LE JURIDIQUE

de sacs de plastique ? Me Marie-Claude Caron Avocate en droit de l’environnement Daigneault, cabinet d’avocats m c . c a ro n @ rd a i g n e a u l t . c o m

Le 2 avril dernier, la municipalité de Leaf Rapids au Manitoba est devenue la première ville canadienne à interdire les sacs de plastique à usage unique sur son territoire. Au Québec, bien que la législation encadrant les actions des municipalités soit différente de celle prévalant au Manitoba, certaines d’entre elles ont déjà manifesté de diverses façons leur désir de suivre l’initiative de cette petite municipalité d’environ 550 habitants. C’est le cas de Huntingdon qui a déjà pris un avis de motion en ce sens, et les autres étapes pour l’adoption d’un règlement ne sauraient tarder. Or, que l’on appartienne à une industrie, que l’on soit commerçant, professionnel ou citoyen, cette nouvelle tendance soulève nombre de questions, dont notamment celle de leur légalité. Dans l’immédiat, en l’absence de texte présentant un quelconque projet de règlement émanant de ces municipalités, il faudra attendre avant d’obtenir les réponses à ces questions. La ville de Huntingdon a cependant déjà annoncé que l’objectif général de son futur règlement est « d’interdire complètement l’utilisation des sacs de plastique non biodégradables et d’inciter la population à se doter de sacs réutilisables, en matière plastique résistante ou en tissu1», et que les contrevenants seraient passibles d’une amende minimale de 1000 $. Les personnes visées auraient jusqu’au 1er janvier 2008 pour se conformer à la nouvelle réglementation. En suivant cette nouvelle vague, les municipalités poursuivent un objectif d’actualité, soit la diminution du nombre de sacs non réutilisables. L’atteinte de ces objectifs dans le cadre des pouvoirs qui leur sont octroyés est le défi qu’elles ont maintenant à relever. Depuis le 1er janvier 2006, les dispositions de la Loi sur les compétences municipales 2 (LCM) « accordent aux municipalités des pouvoirs leur permettant de répondre aux besoins municipaux, divers et évolutifs, dans l’intérêt de leur population3 [...] ». Le législateur précise de plus que ces dispositions ne doivent pas s’interpréter de façon littérale ou restrictive. Ces pouvoirs incluent le pouvoir de

réglementer, et les municipalités ont la compétence pour le faire en matière de salubrité4, de nuisances5, de sécurité6 et d’environnement7, notamment. Ce pouvoir peut être qualifié de large mais ne saurait être absolu. Entre autres limites applicables au pouvoir de réglementer, l’article 3 LCM prévoit par exemple que « [t]oute disposition d’un règlement d’une municipalité adopté en vertu de la présente loi, inconciliable avec celle d’une loi ou d’un règlement du gouvernement ou d’un de ses ministres, est inopérante ».

dépôt des sacs de plastique dans les ordures ménagères destinées à faire l’objet de la collecte municipale ou encore les interdire dans le bac de recyclage ? Bien qu’il existe des règlements municipaux régissant la disposition de certaines matières, par exemple les résidus verts, la contestation de ces règlements en confirmerait-elle la validité ? Le pouvoir municipal de réglementer s’étend-il vraiment à ce que le citoyen peut ou ne peut pas mettre aux ordures ? Cette interdiction pourrait s’apparenter à une tentative d’interdire la consommation de certains biens, finalité qui serait contestable. Alors qu’en est-il si, tout en interdisant la dispo-

D’un point de vue pratique, ira-t-on jusqu’à interdire les « sacs verts » dans lesquels les citoyens disposent de leurs matières résiduelles ? De plus, en matière environnementale, l’article 123.4 de la Loi sur la qualité de l’environnement8 apporte une restriction additionnelle : « [les règlements adoptés par le gouvernement] prévalent sur tout règlement municipal portant sur le même objet, à moins que le règlement municipal ne soit approuvé par le ministre, auquel cas ce dernier prévaut dans la mesure que détermine le ministre. Avis de cette approbation est publié sans délai à la Gazette officielle du Québec. Le présent alinéa s’applique malgré l’article 3 de la Loi sur les compétences municipales. » (chapitre C-47.1) Le sujet étant sans contredit d’actualité, un citoyen a récemment suggéré au gouvernement d’imposer une taxe de 0,20 $ sur chaque sac de plastique fourni par les commerçants aux consommateurs. Rappelons-nous de même du projet de loi 390 intitulé Loi interdisant la distribution de sacs de plastique non biodégradables, proposé à l’Assemblée Nationale le 11 mai 2005. Un règlement pris en application de la Loi sur la qualité de l’Environnement à cet effet serait-il considéré comme portant sur le même objet que la réglementation municipale annoncée ? Bien des données sont encore inconnues... Réglementer les sacs « à la source » (entendons ici la distribution aux consommateurs) pose donc son lot de préoccupations compte tenu des limites au pouvoir de réglementer des municipalités. Mais qu’en serait-il de la réglementation « à la sortie » ? Pourraient-elles interdire le

sition de certaines matières dans les bacs de collecte, la municipalité offre à ses citoyens une autre avenue à la disposition ou une solution de rechange (comme de laisser les résidus verts sur le gazon) ? D’un point de vue pratique, ira-t-on jusqu’à interdire les « sacs verts » dans lesquels les citoyens disposent de leurs matières résiduelles, ce qui pose une foule de problèmes pratiques, notamment sur le plan de l’hygiène, des conditions de travail des employés affectés à la collecte et du respect des contrats municipaux ? En somme, les municipalités font face au défi suivant : atteindre les objectifs visés en s’assurant que les gestes juridiques posés demeurent dans les limites des pouvoirs qui leurs sont accordés par la Loi. Or, compte tenu des difficultés qui s’annoncent à cet effet, il y a lieu de se demander si la solution à privilégier ne réside pas davantage dans la collaboration, la négociation et la sensibilisation plutôt que dans une interdiction qui ne manquera pas de soulever la controverse, retardant par le fait même l’atteinte des objectifs communs. Le futur nous en dira sans doute davantage. ■

1. Extrait de la politique environnementale de la Ville de Huntingdon, datée du 1er octobre 2007. L.R.Q., c. C-47.1 Art. 2 LCM. Art. 55 LCM. Art. 59 LCM. Art. 62 LCM. Art. 19 LCM. L.R.Q., c. Q-2

2. 3. 4. 5. 6. 7. 8.

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LE S B O N S C O NTA CTS

Frédéric Potvin, ing. Directeur général

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601, chemin Félix-Touchette Lachute (Québec) J8H 2C5 Tél. : (450) 562-4488 Téléc. : (450) 562-7788 Courriel : fpotvin@qc.aira.com


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L’ E N V E R S D U D É C O R

Sources : L’équipe du magazine 3Rve

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AFFRONTEMENT DANS L’INDUSTRIE

Chose promise... À l’occasion du tournoi de golf annuel de votre magazine 3Rve, un tableau a été mis à l’enchère au profit de l’Association de la sclérose en plaques de Laval. Gaétan Bolduc de l’entreprise Machinex a fait l’offre la plus généreuse, à savoir 2500 $. En contrepartie, MAYA communication et marketing s’est engagée à verser 1000 $ à l’Association en plus d’une paire de billets de hockey pour un match des Canadiens et d’un autre billet pour un match opposant les Canadiens aux Penguins de Pittsburgh. L’offre comportait également la promesse de mettre la photo du gentil donateur dans L’envers du décor. Chose promise, chose due ! Félicitations à Gaétan Bolduc de Machinex.

Le mythe du Québec vert Une joute de hockey a eu lieu lundi le 29 octobre dernier opposant l’industrie des matières résiduelles à celle de l’eau. L’équipe du magazine 3Rve a facilement eu le dessus sur les représentants du magazine SOURCE. Il faut toutefois noter la présence devant les buts de 3Rve de Jean-François Racine qui a œuvré pour les Marlies de Toronto de la ligue américaine. De plus, votre magazine pouvait également compter sur la présence du trio infernal composé de Patrick Charbonneau, Maxim Sylvestre et Sylvain Gagné, auteur de quelques garbage goals. Un merci spécial à Construction Garnier pour l’organisation de l’événement.

DORMEZ TRANQUILLE, ils recyclent pour vous...

Le journaliste spécialiste en environnement de La Presse, François Cardinal, lançait le mois dernier un livre critiquant l’autoperception verte des Québécois. Études et chiffres à l’appui, l’auteur qualifie ses concitoyens de champions canadiens de la production de déchets et de piètres recycleurs. Il propose enfin certaines avenues afin de renverser la vapeur. Avouons qu’avec l’échec de l’atteinte de l’objectif de la politique 19982008, la moindre chose à faire serait de jeter un coup d’œil à ses propositions.

La problématique des déchets domestiques encombrants peut créer de sérieux maux de tête lorsqu’il est question de gestion des matières résiduelles. Dans le cas des matelas, une entreprise offre une solution fort intéressante. Pour quelques dollars seulement, Recyc-Matelas se charge des matelas et sommiers qui seraient autrement destinés à l’enfouissement. La totalité des composantes est récupérée. Pour plus de renseignements, visitez recyc-matelas.com.

Pollutec Horizons Plus que quelques jours avant la tenue du spectaculaire salon environnemental Pollutec Horizons. En effet, l’édition 2007 du salon Pollutec se tiendra à Paris du 27 au 30 novembre prochain. Il est encore temps de s’y inscrire et de joindre la délégation québécoise en contactant S y l v a i n S t - C y r d ’ E x port environnement au 450 552-3222 ou en écrivant à sylvain.stcyr@export-environnement.com. Ne manquez pas cette chance de voir ce qui se fait de mieux dans le monde !

Merci à nos commanditaires !

Prochain tournoi : le jeudi 4 septembre 2008.

Ça chauffe chez IPL !

Réservez tôt ! Saviez-vous que c’est l’entreprise IPL de Saint-Damien qui produira les nouvelles lames de patin de hockey Thermablades ? L’entreprise, qui fabrique également des bacs de recyclage et autres produits de plastique, a en effet obtenu le contrat de production de cette véritable révolution dans le domaine de l’équipement de hockey. Ces lames chauffantes procureront un avantage indéniable aux joueurs qui les utiliseront. Qui sait, peut-être nos Glorieux seront-ils les premiers à passer une commande…

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Une soirée réussie ! Le 1er novembre dernier, le Conseil des entreprises de services environnementaux organisait sa soirée-bénéfice annuelle. Les quelque 200 participants ont pu se régaler d’un succulent repas en plus d’assister à un spectacle haut en couleur. Félicitations à toute l’équipe du CESE pour cette magnifique occasion de réseautage.



Notre expertise

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