Hiver 2007

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LE MAGAZINE DES MATIÈRES RÉSIDUELLES AU QUÉBEC

Printemps/été Hiver 2007, vol. 3 no 1

Convention de la poste-publications no 41122591

RÉDUCTION • RÉEMPLOI • RECYCLAGE • VALORISATION • ÉLIMINATION

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Hiver 2007, vol. 3 no 1

LE MAGAZINE DES MATIÈRES RÉSIDUELLES AU QUÉBEC

sommaire Tête-à tête

RÉDUCTION • RÉEMPLOI • RECYCLAGE • VALORISATION • ÉLIMINATION

CHRONIQUE

L’invité BOUCAR DIOUF La danse nuptiale des politiciens

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En lien avec le ministre BILAN INTÉRIMAIRE DE LA POLITIQUE QUÉBÉCOISE DE GESTION DES MATIÈRES RÉSIDUELLES 1998-2008

12 Près de six mille familles vivent dans le bidonville insalubre de Payatas à Manille. On les appelle les scavengers.

16 GE !

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En juillet 2000, après de fortes pluies, les ordures se sont écroulées sur le bidonville, engloutissant les baraques de tôle et leurs habitants. Plus de deux mille corps humains reposent sous les montagnes d’ordures. À la suite de cet accident, les autorités ont fermé le site, pour le rouvrir après trois semaines de manifestations des scavengers.

RECYCLAGE DU VERRE

QUAND « CONCERTATION » RIME AVEC « RÉUSSITE »OUR LE COMPOSTACOMPOSTAGE

BIORÉACTEURS ET BIORÉACTEURS…

LE S B O N S C O NTA CTS

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L’ E N V E R S D U D É C O R

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HORIZON 2008

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LE TOUR DU MONDE

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COLLECTE SÉLECTIVE

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SOLS CONTAMINÉS

REDEVANCES POUR LES NULS GÉOMEMBRANE, FUITES ET VALEUR ÉCONOMIQUE UNE VASTE CAMPAGNE DE MARKETING SOCIAL SE PRÉPARE L’AIDE FINANCIÈRE À LA REVITALISATION DE TERRAINS CONTAMINÉS

Éditeur et rédacteur en chef : André Dumouchel adumouchel@maya.cc Chroniqueurs : Claude Béchard, Léo Fradette, Jean Halde, Michel Marcotte, Denis Potvin, Mario Quintin et Maryse Vermette.

Ce magazine est imprimé sur papier à contenu recyclé grâce à la participation financière de Tricentris.

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Le magazine des matières résiduelles au Québec 3Rve VOL. 3 NO 1 HIVER 2007

Direction artistique : MAYA communication et marketing Designer graphique : S’AMI graphie (Syma) Photos de la page couverture et de l’entrevue : Paul-Antoine Pichard Révision linguistique : Annie Talbot Impression : Impart-Litho

Coordination des ventes : André Dumouchel Tél. : 450 508-1515 adumouchel@maya.cc Abonnement et administration : MAYA communication et marketing 457, montée Lesage Rosemère (Qc) J7A 4S2 Téléphone : 450 508-1515 Télécopieur : 450 508-1514 info@maya.cc www.maya.cc

© Tous droits réservés. Droits d’auteur et droits de reproduction : toute demande de reproduction doit être acheminée à MAYA communication et marketing aux coordonnées figurant ci-dessus. Les opinions et les idées contenues dans les articles n’engagent la responsabilité que de leurs auteurs. La publication d’annonces et de publicités ne signifie pas que le magazine 3Rve recommande ces produits et services. Convention de la poste-publications no 41122591. Retourner toute correspondance ne pouvant être livrée au Canada aux coordonnées figurant ci-dessus. Dépôt légal : 1er trimestre 2005. ISSN 1712-9117. Le magazine 3Rve est publié 3 fois l’an.



É D I TO R I A L

Les recycleurs d’ailleurs

Vous avez vu notre page couverture ? Ne dirait-on pas un paysage lunaire avec toutes ces vapeurs qui se dégagent du sol ? C’est presque irréaliste. En fait, il y a plusieurs manières de regarder cette photo. Peut-être n’y avez-vous pas porté attention, tout comme on peut s’efforcer de détourner le regard à la vue d’un mendiant qui nous tend un gobelet en prenant soin de nous ouvrir poliment la porte à la sortie du métro. Peut-être ne l’avez-vous pas fait consciemment, mais que vous aviez tellement hâte de lire le contenu de votre magazine préféré que vous avez ouvert la couverture sans même y avoir jeté un regard. Il se pourrait aussi qu’au contraire vous ayez passé plus de temps que d’habitude à regarder la une de 3Rve. Qu’elle vous ait interpellé par sa violente poésie de tristesse humaine. Que vous ayez même eu le temps de vous demander, comme je l’ai moi aussi fait, le nom de l’illuminé qui a pu prétendre que les hommes naissent tous égaux. Cette phrase m’est tout de même restée en tête pendant quelques jours après avoir visité la magnifique exposition Mines d’ordures du photographe français Paul-Antoine Pichard. Les images de mes propres voyages d’entraide internationale d’il y a plus de 15 ans se sont bousculés dans ma tête. La vue de ces photos a eu l’effet d’un coup de plumeau printanier sur mes souvenirs. Les photos ont le mérite de ressusciter des souvenirs et de susciter des émotions. L’image est une arme puissante, elle peut changer une perception, convaincre, faire sourire et même émouvoir. Pensez un peu aux politiciens qui l’utilisent à profusion en la trafiquant durant les campagnes électorales. Rappelez-vous aussi de la célèbre phrase d’Yvon Deschamps : « On veut pas l’savoir, on veut l’voir ! » Le photographe Paul-Antoine Pichard s’est donné pour mission d’attirer l’œil sur la détresse des recycleurs du tiers-monde au moyen de ses photos. Il a opté pour des photos à l’esthétisme léché et relativement agréables à regarder si on fait abstraction de la cruelle réalité démontrée par son objectif. Il a plutôt choisi d’emmener le visiteur vers ses textes qui, eux, ne manquent pas de nous faire frissonner.

André Dumouchel

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adumouchel@maya.cc

En entrevue, il a déclaré : « Je ne suis pas là pour apporter des réponses; je veux susciter la réflexion, tout simplement. Je suis un trait d’union entre deux mondes. » Voilà ce que j’ai aussi voulu faire à mon tour en vous présentant quelques-unes de ses photos dans l’entrevue. Je vous invite d’ailleurs à visiter le site Web du photographe ou à vous rendre à l’une de ses expositions en sol québécois dans les semaines à venir. Pourquoi ne pas suggérer à votre communauté de présenter cette exposition dans votre région ? Emmenez-y ensuite vos

Le magazine des matières résiduelles au Québec 3Rve VOL. 3 NO 1 HIVER 2007

Exposition tenue à La Tohu enfants. Faites-leur réaliser que la rareté de la console de jeu vidéo Wii n’est rien en comparaison de l’absence de conditions de vie décentes pour ces êtres humains. Vous épargnerez quelques dollars et aurez probablement réussi à inculquer des valeurs humaines à vos enfants. Tout le monde y gagne ! En terminant, j’aimerais vous faire part d’une réflexion politiquement incorrecte que je me suis faite quelques heures après avoir visité l’exposition. N’est-il pas tout de même injuste que les recycleurs sur les décharges de certains pays pauvres comme le Cambodge n’aient presque rien à récupérer puisque ce qui est envoyé au site est souvent ce qui n’a réellement plus aucune valeur ? Imaginez un peu ces gens sur nos sites. Je vous jure qu’on atteindrait rapidement les objectifs de 2008… ■


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En lien avec le ministre Bilan intérimaire de la Politique québécoise de gestion des matières résiduelles 1998-2008 M. Claude Béchard, ministre du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs Cet automne, le ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs a finalisé un bilan intérimaire des 29 actions qui forment le cœur de la Politique québécoise de gestion des matières résiduelles 1998-2008. Cette politique repose sur deux grands objectifs fondamentaux, qui sont de mettre en valeur plus de 65 % des matières résiduelles pouvant être valorisées annuellement et d’assurer la sécurité des activités d’élimination, tant pour les personnes que pour l’environnement. Que peut-on conclure de ce bilan intérimaire? Que la majorité des actions ont été réalisées, soit 16 à ce jour. Bien entendu, ces actions ne contribuent pas toutes de manière égale à l’atteinte des objectifs, mais il importe de noter que les actions les plus structurantes de la Politique ont été complétées au regard des cinq dossiers suivants. Concernant la planification régionale, des modifications législatives à la Loi sur la qualité de l’environnement (LQE) ont été adoptées en vue d'obliger les municipalités régionales à élaborer des plans de gestion des matières résiduelles (PGMR). En ce qui a trait à la collecte sélective municipale, le Règlement sur la compensation pour les services municipaux fournis en vue d'assurer la récupération et la valorisation des matières résiduelles est entré en vigueur le 1er mars 2005. Ce régime de compensation oblige les entreprises à financer jusqu’à 50 % des coûts nets de la collecte sélective municipale. Ainsi, pour les années 2005 et 2006, des sommes de 24 M$ et 30 M$ seront versées aux municipalités. Quant à la responsabilité élargie des producteurs (RÉP), deux règlements ont été adoptés pour établir, sous la responsabilité de l’industrie, des services de récupération et de mise en valeur de produits 8

Le magazine des matières résiduelles au Québec 3Rve VOL. 3 NO 1 HIVER 2007

assimilables à certains résidus domestiques dangereux, soit les contenants et les résidus de peinture (juin 2000) de même que les huiles, contenants et filtres à l’huile usagés (mars 2004). En ce qui a trait à l’élimination sécuritaire des matières résiduelles, le Règlement sur l’enfouissement et l’incinération de matières résiduelles, en vigueur depuis janvier 2006, répond à l’un des deux objectifs fondamentaux de la Politique, soit celui d'assurer la sécurité des activités d’élimination, tant pour les personnes que pour l’environnement. À lui seul, ce règlement touche sept actions de la Politique. Finalement, bien que non prévu dans la Politique, le Règlement sur les redevances exigibles pour l’élimination de matières résiduelles, qui est entré en vigueur le 23 juin 2006, offre un appui très important aux municipalités pour la mise en œuvre des plans de gestion des matières résiduelles (PGMR) en leur garantissant 85 % des revenus du programme, soit environ 50 M$ annuellement.

quantités générées. Le secteur ICI devra aussi déployer des efforts importants pour atteindre son objectif de 80 %. Quant au secteur de la construction, de la rénovation et de la démolition (CRD), il dépasse son objectif de 60 % en affichant un taux de 62 %, grâce surtout à la récupération accrue des agrégats de béton et d’asphalte provenant notamment des travaux routiers. Un plan de mise en œuvre 2007-2008 visant à déterminer les mesures à privilégier d’ici l’échéance de la Politique sera complété sous peu. Ce plan maintiendra les orientations fondamentales de la Politique en cours. Parmi les avenues envisagées, mentionnons le principe de la responsabilité élargie des producteurs (RÉP) qui s'étendra à de nouvelles catégories de matières, comme les produits électroniques et les fluorescents, et l’élaboration de mesures visant à inciter une meilleure participation dans le secteur des ICI. ■

Le secteur municipal affiche, malgré une hausse des quantités récupérées de 70 % depuis 1998, un taux de récupération de 23 %. Ce secteur devra déployer des efforts significatifs pour atteindre l’objectif de 60 % en 2008 Sur le plan sectoriel, le secteur municipal affiche, malgré une hausse des quantités récupérées de 70 % depuis 1998, un taux de récupération de 23 %. Ce secteur devra déployer des efforts significatifs pour atteindre l’objectif de 60 % en 2008. Le secteur des industries, commerces et institutions (ICI) affiche, pour sa part, un taux de récupération de 58 %. Les quantités récupérées ont augmenté, mais elles n’arrivent pas à compenser la hausse des

Je vous invite à consulter le Bilan intérimaire de la Politique à l’adresse suivante : http://www.mddep.gouv.qc.ca/matieres/m at_res/bilan-int.pdf.



Boucar Diouf

raphie anog tourne é Quand j’étais étudiant, un candidat à la c o e en torat ouski, il s ue, ses députation de Rimouski a frappé à ma c o d un c à Rim rismatiq Juste u porte alors que se tenait une grande n e t a e s n ch ob éb fête chez moi. Mon appartement qui avoir ité du Qu Drôle et ux auditio mour, de s è r u Ap nivers ent. scrire a ge d’h fricaines donnait sur la rue était rempli d’étum e U n l’ n de l’enseig t à s’in x méla sons a fléchir diants et le candidat libéral qui faisait é n n u r vers s l’incite s avoure t de cha uf fait ctacle sa ronde dans le quartier ne pouvait io e e e n p D v s s o lè r é manquer cette occasion rêvée d’emire. S proverbe t. Bouca ent. Son . r r u po de némen indiffér écouvrir , mener quelques électeurs dans son s e t con inst anta rsonne e et à d troupeau. Nous l’avons accueilli avec e u t p î iq a l e g p beaucoup de générosité et lui avons laiss st ma les et ne er Cité e même proposé de partager avec nous du v m â l e s s e i D’H « soupoukandja », une sorte de sauce déploient dans toute africaine que seulement un Québécois leur splendeur. Il ne leur reste sur trois réussit à avaler, et pas pour longplus qu’à affronter la compétition. Et temps. Le politicien et ses acolytes se pour mettre toutes les chances de leur sont alors forcés à engloutir la sauce côté, certains mâles n’hésiteront pas à pour ménager la susceptibilité des futurs attaquer un rival et à lui arracher ses coutrente électeurs que nous représentions. leurs, donc à lui faire perdre son charme. Qui veut du miel doit affronter les Ils profiteront d’un moment d’inattention abeilles, dit un proverbe sérère. Le politidu compétiteur pour lui détruire son nid. cien nous a ensuite servi toutes ses proPar contre, même si tous les coups sont Entre deux mandats, les politiciens messes et son programme sur un plateau permis entre mâles pendant les parades oublient très souvent les préoccupations d’argent. Seulement, ce que monsieur le nuptiales, il y a un fait qui reste constant du peuple. Mais quand arrive une camcandidat ne savait pas, c’est qu’il était d’une année à l’autre. Après l’accouplepagne électorale, ils ne lésinent pas sur dans une soirée d’étudiants étrangers. Et ment, chez la plupart des espèces, les les moyens pour faire valoir leur salade que de tout ce beau monde, seul mon ami mâles retrouvent leurs couleurs ternes et auprès des futurs votants. Pendant les québécois Pierre avait le droit de vote. laissent derrière eux les femelles qui doiquelques semaines que dure la camComme vous pouvez le deviner, le candivent alors pondre et s’occuper des œufs pagne, ils deviennent très compatissants, dat libéral n’est pas resté une minute de et des oisillons. Elles ne se feront convoiter trouvent de l’argent qu’ils n’avaient pas, de nouveau qu’à la saison de reproduction plus. J’ai quand même eu le temps de le annoncent des subventions, visitent des suivante. remercier de sa visite et de son ouverture fermes, donnent des poignées de mains interculturelle. à gauche et à droite dans les usines, les Pour les politiciens en campagne électobingos et les résidences pour personnes rale, le modèle de comportement est Depuis ce jour, à chaque campagne élecâgées. Pourtant, c’est en saison sèche presque le même. Des attaques persontorale, j’éprouve également l’envie de qu’on doit se lier d’amitié avec un pironelles de la partie adverse aux idées et rédiger un code de conduite pour les guier. Ne s’intéresser aux électeurs qu’en promesses ultra-démagogiques, tous les électeurs. J’ai envie de leur dire : « Si le période d’élections, c’est ce qu’on appelmoyens semblent légitimes pour accéder candidat vient vous manger la laine sur le le, dans la sagesse africaine, attendre le ou rester au pouvoir. Ce manège me tape dos dans votre ferme, c’est qu’il vous jour du marché pour engraisser sa poule tellement sur les nerfs que j’ai souvent considère comme un mouton qu’il veut ou essayer de tisser un bouclier pendant pensé rédiger un code de conduite pour emmener dans son troupeau. Alors profitez un combat. nos politiciens avant chaque début de de sa visite de courtoisie quinquennale

La danse nuptiale des politiciens

« Si le pouvoir poussait au sommet des arbres, certains d’entre vous n’hésiteraient pas une minute à épouser des singes. »

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Le magazine de l’eau au Québec SOURCE VOL. 3 NO. 1 PRINTEMPS/ÉTÉ 2007

campagne. J’ai envie de leur dire : « Il est temps que vous arrêtiez de nous prendre pour des imbéciles. On connaît votre chanson parce qu’elle est récurrente. Tout ce qui vous intéresse, c’est le pouvoir. Si le pouvoir poussait au sommet des arbres, certains d’entre vous n’hésite raient pas une minute à épouser des singes. Nous voulons une campagne électorale propre. Le débat ne doit porter que sur les vraies choses et non sur les images personnelles. Et pour ce qui est des pro22 messes démagogiques, 25 chaque fois que vous 31 voudrez en faire une, 24 rappelez-vous qu’iil faut 28 vraiment faire confi fiaance 5 à son derrière avant 15 d’avaler une noix de coco. »

EN SPECTACLES

L’observation minutieuse du monde de la politique avec mes yeux de biologiste m’a permis de réaliser que la campagne électorale est au politicien ce que la danse nuptiale est aux oiseaux. Pour s’attirer la faveur des femelles, certains mâles du peuple à plumes ont plus d’un tour dans leur sac. En plus de fabriquer des nids quatre étoiles, ils présentent des chorégraphies, donnent des cadeaux et fredonnent des chansons de plus en plus mélodieuses. Et tout comme pour les politiciens en campagne électorale, les stratégies de séduction des mâles aviaires misent beaucoup sur l’image. Ici, comme en politique, le succès est indissociable du choix des couleurs. Et le bleu, et le rouge, et le vert sont aussi présents sur les rémiges que sur les pancartes publicitaires des grands partis politiques. Fiers des couleurs vives de leur costume,

pour lui demander des services. Demandez-lui par exemple de vous aider à traire les vaches. Et si c’est la première fois qu’il entre dans une ferme, comme c’est souvent le cas, arrangez-vous pour lui faire traire un taureau et le faire marcher sur une énorme bouse de vache. Ensuite, faites-le entrer dans la maison et asseoir sur le banc du quêteux, avant de lui dire : Quand viendra le jour du vote, je mettrai une croix sur vous. » ■ mars mars mars avril avril mai juin

Québec, Grand Théâtre SainteThérèse, Théâtre Lionel-Groulx Sherbrooke, Théâtre Granada Terrebonne, salle Desjardins Lévis, l’Anglicane Montréal, Gèsu Montréal, Place des Arts

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ENTREVUE AVEC

Paul-Antoine

Pichard Votre exposition compte 77 photos. Comment en avez-vous fait le choix ?

De manière tout à fait arbitraire et très subjective. J’ai ramené entre 500 et 600 photos exploitables et j’ai dû fonctionner de manière empirique en les éliminant une à une jusqu’au résultat final. Le but était de faire vivre une promenade émotionnelle au public. Pour ce qui est du nombre de photos, c’est bien sûr une question de budget. Entrevue réalisée par André Dumouchel

Photographe humaniste et engagé, il a fait le tour du monde afin de rapporter à l’aide de son objectif la souffrance de millier de personnes qui survivent grâce à une forme particulière de recyclage. Fils d’une mère impliquée dans l’organisme Amnistie internationale, il est tout jeune sensibilisé aux inégalités sociales de la planète. Dès l’âge de six ans, il consulte les revues et le rapport annuel de l’organisme, qui déclenchent sa passion pour les droits de l’homme et la photo. Les images et les textes de son exposition Mines d’ordures sont saisissants et donnent froid dans le dos. Le magazine 3Rve a rencontré Paul-Antoine Pichard pour vous.

Dakar, Sénégal 12

Le Caire, Egypte

Le magazine des matières résiduelles au Québec 3Rve VOL. 3 NO 1 HIVER 2007

Est-ce que certaines photos ont été écartées parce que trop dérangeantes ? Oui, et c’est un choix délibéré. J’ai des photos d’atrocités comme des fœtus humains trouvés dans des sacs-poubelles. J’ai choisi de mettre ces événements en textes dans l’exposition plutôt qu’en photos. Nous sommes déjà abreuvés d’images extrêmement violentes tous les jours. J’ai voulu miser sur des images plus esthétiques, plus douces, même si elles sont très violentes car chargées de la souffrance humaine, afin d’amener le spectateur à lire les textes qui eux sont beaucoup plus durs et percutants. Vous autocensurez-vous? Sur place, je ne me pose pas vraiment de questions morales ou éthiques par rapport aux photos que je prends. En fait, je

Dakar, Sénégal

ne me censure pas à la prise de vue, mais plutôt au retour lorsque je pose mon travail sur la table lumineuse. Y a-t-il eu des moments où vous n’avez pas pu prendre de photos ? Celui qui me vient immédiatement en tête est celui où un jeune garçon s’est fait écraser par un Caterpillar. Il était tout décharné et quelqu’un le portait. J’ai été incapable de prendre une photo. Je me sentais plus utile à essayer d’aider qu’à prendre des clichés. Si quelqu’un se noie, je préfère lui tendre la main que de le viser avec mon objectif. Que répondez-vous aux critiques qui prétendent que vos photos sont trop portées sur l’esthétisme ? C’est tout le débat philosophique entourant la question de savoir si on peut esthétiser la misère, la guerre et la violence. J’y ai réfléchi et j’ai trouvé mes réponses. Pour moi, c’est comme si on reprochait à un journaliste ou à un écrivain d’écrire sur la misère avec style. Émile Zola a écrit Germinal et y a sublimé la misère. Donc, l’esthétisme de mes photos représente ma technique pour attirer les regards et toucher ceux qui regardent. De toute façon, c’est en moi, je réagis avec mon appareil à ce que je vois, je ne saurais pas faire autrement. Qu’est-ce qui vous a amené à ce projet ? Ce projet à débuté en 1997 à Dakar, au Sénégal. Une agence de presse m’a envoyé réaliser des photos sur le sujet des fumeurs de crack, que je n’ai pu réaliser parce que beaucoup trop dangereux. Le rapport à l’image est très différent sur ce continent. J’aurais pu réaliser ce genre de projet à New York ou à Amsterdam, mais en Afrique ce n’était pas possible.

Antananarivo, Madagascar


Comme j’avais du temps et des pellicules, j’ai commencé à m’intéresser aux enfants de la rue qui m’ont dit que, lorsqu’ils étaient recherchés par la police ou les bandes adverses, ils allaient se réfugier sur une décharge à quelques kilomètres de Dakar. Ils m’ont aussi expliqué que des gens y vivaient en faisant du recyclage et en vendant leurs trouvailles à des grossistes. Cela a piqué ma curiosité et un matin je les ai suivis. Sous le choc, j’ai vu des choses incroyables, un véritable monde parallèle. Je me suis dit que je devais témoigner de cette réalité. Je me suis donc concentré durant plusieurs années sur le site de Dakar. De là est née une exposition qui a eu un certain succès à Paris. J’ai pu ainsi décrocher une bourse pour pouvoir continuer mon travail sur toute la planète. Pourquoi aller sur d’autres sites à travers le monde ? Je voulais montrer que les problèmes du tiers-monde doivent être une préoccupation internationale et non pas seulement celle d’un pays. Je voulais globaliser mon témoignage. Or, dans certains endroits, les gens étaient trop hostiles et je n’ai pu rapporter de photos. Quels sont ces endroits où vous n’avez pu prendre de photos ? La Roumanie, par exemple. Les autorités ne voyaient pas mon travail d’un bon œil, car ce pays voulait entrer dans l’Union européenne, chose qui s’est faite le 1 er janvier dernier. On n’avait donc aucune envie que des images véhiculent la pauvreté. Du Brésil également je n’ai pas rapporté de photo, non pas en raison des autorités, mais plutôt à cause de la violence des gangs entourant la décharge. Était-ce difficile de prendre des photos des gens ? À Dakar, les gens ont d’abord refusé. Ils disaient que je venais prendre des photos que j’allais vendre par la suite pour faire de l’argent alors qu’eux n’en retireraient aucun bénéfice. Je suis

donc retourné en France et j’ai créé une association afin de réunir du matériel scolaire et médical pour ces gens. À partir du moment où je leur ai apporté ce matériel, ils m’ont ouvert leurs portes. La relation s’est établie graduellement. J’y suis allé chaque année pendant une période d’environ un mois, de 1997 à 2001. J’ai pu gagner leur respect et faire beaucoup de photos. Celles-ci m’ont grandement aidé dans les décharges d’autres pays. Malgré les barrières linguistiques, je pouvais me servir des photos pour leur montrer mon travail et mes intentions de témoigner de leurs conditions de vie de manière digne et respectueuse.

tête-à-tête

les pays occidentaux, à la différence où le travail est fait de manière artisanale et dans des conditions effroyables. Mais le principe demeure le même : redonner vie à un objet jeté. Comment se débrouillent les recycleurs pour boire et manger ?

Ça, c’est un véritable problème. Pour l’eau, par exemple, ils ont creusé un puits au pied de la décharge. Comme les nappes

phréatiques sont très fortement polluées, les taux de métaux lourds sont 10 000 fois supérieurs aux normes de l’Organisation mondiale de la santé. Il y a même des endroits où l’eau est radioactive ou contient un taux élevé de dioxine. Ceci dit, le but des gens est de gagner de l’argent pour ensuite aller au marché, puis revenir cuisiner au bidonville. Mais ils gagnent tellement peu que la plupart n’y arrivent pas.

Quelles étaient leurs réactions en voyant les photos ? Très compatissantes. Les gens étaient dans la même situation, mais pourtant ils ne pouvaient s’empêcher de voir plus de misère chez les autres. Vous dormiez et mangiez directement sur les sites ? Oui, c’est quelque chose que j’ai appris très tôt; en photo, pour pouvoir parler d’un sujet, il faut le vivre de l’intérieur. Le but est de se fondre dans le quotidien des gens pour qu’ils ne fassent plus attention à nous. Il était hors de question que je rentre à l’hôtel à chaque jour. Mais détrompezvous, c’était vivable, j’avais un toit, accès à de l’eau en bouteille, etc. Et puis, contrairement à ces gens, j’avais toujours le luxe d’avoir en poche un billet de retour…

Antananarivo, Madagascar « Baby-Face », c’est le nom qu’ils m’ont donné à Manille. Un soir, l’un d’eux m’a demandé mon âge. J’ai répondu trente ans. Alors, il m’a dit : « Trente ans ! Tu as l’air d’en avoir vingt. Tu as une tête de bébé ! Et à moi, quel âge me donnes-tu ? » Je lui ai répondu environ quarante ans. C’est alors qu’il m’a montré ses papiers d’identités; il avait vingt-deux ans. Il a ajouté que je vivais dans un pays froid et que cela conservait…

Pourquoi les nommez-vous les recycleurs ? Le principe premier de leurs actions est de trouver tout ce qui peut se vendre à des usines de traitement, que ce soit les bouteilles de plastique ou d’aluminium, le verre cassé ou même les matières compostables. Tout est bien organisé : les enfants cherchent les canettes et les apportent à leurs parents qui les mettent en ballots pour les vendre au grossiste qui fera de même aux usines. C’est un système équivalent à celui que l’on trouve dans

Manille, Philippines À Djakarta, un homme a trouvé un sac avec plusieurs millions de roupies, une somme très importante, il s’en est vanté. On l’a retrouvé mort, lui et sa famille, quelques jours plus tard.

Le magazine des matières résiduelles au Québec 3Rve VOL. 1 NO 3 AUTOMNE 2005

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tête-à-tête

Ceux du Cambodge et de Madagascar, car les gens de ces pays sont tellement pauvres que ce qui arrive aux décharges est dérisoire. Manille, aux Philippines, est l’endroit le plus organisé et le plus riche. Il y a même des brigades de pompiers et de sécurité. Le bidonville compte un boucher, un boulanger et même une salle de jeux clandestine. La vie y est complètement organisée. En quoi ce voyage vous a-t-il changé ?

Dakar, Sénégal

Bombay, Inde

À mon retour, tous les petits problèmes de vie des riches occidentaux me paraissaient dérisoires. J’ai mis longtemps à me réadapter.

On récupère la nourriture. Ce sont les femmes qui font ce travail, me dit Ablaye. « Si les restes semblent propres, on peut les manger; tu sais, les gens ont vraiment faim ici. Sinon, on nourrit des moutons, des volailles ou n’importe quelle bête que l’on revendra plus tard dans un marché. On transforme la merde en argent… » J’ai raconté cette histoire à un ami expatrié au Sénégal. « Et moi qui culpabilisais lorsque je jetais mes restes », m’a-t-il dit.

Quels sont leurs rêves ? Ils ont des rêves d’Europe, d’Amérique, d’Occident. Aucun n’est heureux de sa condition, mais la vie est plus forte que tout. J’ai vu des moments de joie, des gens se marier, avoir des enfants et rigoler. J’ai passé de merveilleuses soirées à discuter et à boire quelques bières avec eux. C’est une microsociété avec ses joies et ses peines, comme partout.

Outre ce moment où j’ai vu l’enfant se faire écraser par le Caterpillar, il y a aussi lorsque, à la demande de quelques parents d’Antananarivo, j’ai apporté des bonbons aux enfants. Comme il n’y en avait pas pour tout le monde, les enfants se sont rués sur le paquet et se sont ensuite battus pour une toute petite richesse. Plus jamais je ne referais un tel geste.

Avez-vous eu des moments de découragement ?

Et le moment le plus émouvant ?

Oui, quelques-uns. Ce qui est dur à accepter, c’est l’injustice. Lorsqu’un enfant naît sur une décharge, il risque d’y demeurer toute sa vie. Le problème est si profond et généralisé qu’on ne sait plus par où commencer pour le régler. Ces gens, contrairement à d’autres en situation de guerre, n’ont pas d’ennemis à haïr pour se donner du courage.

L’un des recycleurs de Dakar, qui est devenu l’un de mes meilleurs amis, a donné mon prénom et celui de ma femme à son garçon et à sa fille. Il faut savoir que c’est une coutume sénégalaise que de donner le nom de son ami à son enfant. Cette preuve d’amitié m’a grandement touché.

Quel fut le moment le plus troublant que vous ayez vécu ?

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Dakar, Sénégal

Sur un spectre représentant la pauvreté, quels sont les sites se retrouvant aux extrémités ?

Le magazine des matières résiduelles au Québec 3Rve VOL. 3 NO 1 HIVER 2007

Que souhaitez-vous que les gens retiennent de cette exposition ?

Manille, Philippines

La conscience de l’autre. Quels sont vos projets ? J’ai commencé un nouveau projet intitulé Poussière de vie il y a un an et qui s’étendra sur trois ou quatre ans. Comme l’exposition Mines d’ordures, c’est un projet de longue haleine. Il s’agit d’un tour du monde sur les mineurs en danger. J’ai commencé par les enfants incarcérés aux Philippines et je compte poursuivre notamment, à Rio sur les gangs organisés comptant des enfants aussi jeunes que huit ans qui sont déjà armés. Je suis d’ailleurs à la recherche de financement pour mener à terme ce projet. Monsieur Pichard, merci beaucoup pour ce regard sur le monde.

Phnom Penh, Cambodge

Phnom Penh, Cambodge

Dakar, Sénégal

L’exposition Mines d’ordures sera présentée : du 18 mars au 14 avril au Cégep régional de Lanaudière à Joliette

Manille, Philippines

du 19 au 30 mars au Cégep du Vieux-Montréal du 2 juin au 9 septembre à la Maison de la culture Rivière-des-Prairies à Montréal Consultez les autres dates ou l’exposition en ligne au http://paulantoinepichard.free.fr.

Phnom Penh, Cambodge


LE MEILLEUR SYSTÈME DE LEVAGE SUR LE MARCHÉ

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RECYCLAGE DU VERRE

QUAND « CONCERTATION » RIME AVEC

« réussite » Mario Quintin M.Sc.env. conseiller environnement Société des alcools du Québec m.quintin2@saq.qc.ca

Lors d’une conférence de presse en juin 2006, un regroupement d’entreprises – les embouteilleurs d’eau (Danone, Nestlé), la Société des alcools du Québec (SAQ), l’Association des embouteilleurs de boissons gazeuses (Pepsi, Coca-Cola, Cott), le Conseil canadien des distributeurs en alimentation (Provigo, Métro, Sobeys) et RÉSEAU environnement (comité des centres de tri) – a annoncé le lancement officiel de la Table de concertation sur la récupération des contenants à remplissage unique (CRU) non consignés (Table de concertation) en présence de monsieur Claude Béchard, ministre du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs. L’objectif de la Table de concertation est fort simple : augmenter significativement le taux de récupération des contenants. Comment ? En posant un diagnostic sur cinq projets pilotes afin de documenter et d’analyser le potentiel de la collecte sélective dans des secteurs non traditionnels. Depuis cette annonce, les cinq projets ont été réalisés et il est possible de consulter les résultats détaillés dans le rapport présenté à l’adresse suivante : www.gaiaenvironnement.com. Aux fins de cette chronique, je vais me concentrer sur les deux projets qui

Trois restaurants Pacini de la Rive-Sud de Montréal se sont portés volontaires pour le projet pilote visant les restaurants de type familial. Pendant 16 semaines, 4 bacs de 360 litres par restaurant ont été collectés hebdomadairement pour un volume recueilli total de 2 882 kg ou 25 984 unités de plastique et de verre. Le rapport de la Table de concertation a fait l’évaluation du potentiel. Pour ces trois restaurants, environ sept tonnes métriques (ou l’équivalent en contenants), soit 13 511 unités de verre, pourraient être détournées de l’enfouissement en une année seulement. L’étude a également permis d’établir la répartition entre le verre et les autres matières. Lorsqu’on compare l’ensemble des matières selon le volume, le verre représente 74 % ; par contre, en termes d’unités, le plastique domine avec un taux de représentation de 84 % par rapport aux autres matières. Par ailleurs, des 74 % en volume de verre qu’on retrouve dans les restaurants de type familial, 13 % sont des bouteilles d’eau pétillante et 87 % des bouteilles de vins et spiritueux.

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Le magazine des matières résiduelles au Québec 3Rve VOL. 3 NO 1 HIVER 2007

Le rapport souligne « qu’en appliquant un ratio au prorata du nombre d’habitants par municipalité, il peut être estimé que 3 640 tonnes métriques ou 11 120 000 unités de contenants de boissons pourraient être récupérées si les commerces ayant pignon sur rue étaient intégrés à la collecte sélective municipale dans les 83 villes et municipalités de 10 000 à 100 000 habitants ». Par ailleurs, le projet a également démontré qu’un service de collecte standard, soit une fois par semaine avec des bacs de 360 litres en bordure de rue, permet de répondre aux besoins de la majorité des commerces pour l’ensemble des matières à récupérer. L’évaluation du potentiel de ces deux projets permettrait de détourner de l’enfouissement plus de 33 500 000 contenants par année, ce qui n’est pas négligeable.

Fait étonnant, lors de l’implantation de systèmes de récupération, l’impact a été immédiat : le taux de récupération a atteint 100 %. Ce résultat pourrait s’expliquer par l’habitude déjà acquise des employés de participer au programme de collecte sélective municipale.

Outre les projets pilotes, la Table de concertation a permis de réunir un groupe d’entreprises et d’organismes différents par leurs champs d’activités, mais convergents dans leur volonté d’augmenter le taux de récupération de leurs contenants à remplissage unique.

Pour ce projet, les conclusions du rapport de la Table de concertation évaluent à plus de 11 500 tonnes métriques ou 22 437 000 contenants récupérés par année pour 953 212 places assises dans des restaurants de ce type (familial).

Bien sûr, nous sommes loin de la coupe aux lèvres. La démonstration faite par des projets pilotes ne représente pas nécessairement la réalité avec précision, mais les membres de la Table de concertation pensent tout de même à poursuivre leurs actions à moyen terme. Un plan d’action sera bientôt mis au point et permettra de traduire tous ces efforts en actions concrètes.

lors de l’implantation de systèmes de récupération, l’impact a été immédiat : le taux de récupération a atteint 100 %. Ce résultat pourrait s’expliquer par l’habitude déjà acquise des employés de participer au programme de collecte sélective municipale. concernent le secteur de la restauration et de l’hôtellerie, soit celui des restaurants de type familial (Pacini) et celui des commerces qui ont pignon sur rue (ville de Beloeil), et qui présentent un potentiel de récupération de contenants de verre plus élevé que les autres projets, d’où l’intérêt de la SAQ !

360 litres. Après 14 semaines, les volontaires ont permis de détourner près de huit tonnes métriques de l’enfouissement, soit 25 954 contenants.

Quant au projet qui ciblait les commerces de la ville de Beloeil ayant pignon sur rue, environ 70 d’entre eux ont été invités à y participer volontairement ; de ce nombre, 50 % ont accepté de faire partie du projet. Chaque semaine, l’entreprise de récupération de la ville recueillait les matières déposées par les commerçants dans des bacs de

Le rapport souligne une chose : il aura fallu la participation de plus de 10 entreprises et organismes privés, un fonds de 300 000 $ et la réalisation de 5 projets pilotes pour « démontrer que la collecte sélective, lorsqu’elle est implantée minutieusement, est efficace et permet d’atteindre les objectifs de récupération de la Politique québécoise de gestion des matières résiduelles 1998-2008 » à des coûts moindres que ceux d’un système de consignation des contenants à remplissage unique. ■



B I O RÉA CTE U R S E T B I O RÉA CTE U R S…

C O M P O STA G E

Denis Potvin agronome, vice-président, produits et environnement, Conporec inc. d p o t v i n @ c o n p o re c . c o m

La langue de Molière comporterait-elle son lot de mots techniques qui, à l’instar des technologies, évoluent au fil des ans et, une fois à la mode, deviendraient plus confus que précis ? C’est, à mon avis, le cas des mots « bioréacteur » et « compost » qui, utilisés dans le cadre de la table ronde, dont le compte rendu est paru dans le précédent numéro, ont provoqué quelques réactions dont j’ai reçu les échos (« Table ronde avec des entrepreneurs en collecte de déchets », 3Rve, vol. 2, no 3, automne 2006, p.10-15). Les bioréacteurs sont-ils une bonne chose ? Quand on prend le temps de lire l’article du début à la fin et quand on connaît bien le domaine de la gestion des déchets, on croit comprendre que le terme « bioréacteur » utilisé désignait, sans trop de doutes, la nouvelle voie de valorisation énergétique des déchets, qui consiste à accélérer la dégradation des matières stockées dans un casier enterré que l’on appelle « centre de stockage des déchets », lequel permet de produire rapidement des biogaz et de stabiliser plus vite les déchets. Le doute persiste toutefois quand on mentionne que « [la solution du bioréacteur] n’engendre que 25 % de rejets, mais même le compost qui en ressort ne peut être commercialisé en raison de sa trop forte composition en métaux lourds ». La confusion vient du fait que, dans le domaine du compostage, le terme « bioréacteur » est aussi fréquemment utilisé pour désigner une chambre ou un équipement qui vise à stabiliser rapidement, en présence d’oxygène, la fraction organique des résidus que l’on nomme à juste titre « compost ». Alors dans l’unique intention de dissiper l’ambiguïté et dans le contexte où les propos tenus semblent avoir associé « bioréacteur », « compost » et « mauvaise qualité », voici quelques clarifications.

Le bioréacteur et le compostage Dans l’univers du compostage, le terme « bioréacteur » est un mot générique et relativement peu précis utilisé pour désigner un 18

Le magazine des matières résiduelles au Québec 3Rve VOL. 3 NO 1 HIVER 2007

équipement ou une structure fermée et étanche dans lequel séjournent les matières à composter. L’emploi des bioréacteurs en compostage n’est pas une nouvelle solution, approche ou technologie. On les retrouve dans certains procédés de compostage, disposés à l’horizontale ou à la verticale, alimentés en continu ou par lots, et le flux de la matière est assuré mécaniquement par divers équipements (chargeuses, poussoirs, vis, robots, roues pelleteuses, etc.). Les bioréacteurs se situent au cœur des procédés de compostage dits « accélérés ». Ils permettent de maintenir les conditions aérobies de compostage optimales pour la flore microbienne pendant une période qui varie généralement entre 3 et 30 jours. Pour ce faire, les bioréacteurs sont munis de systèmes d’aération forcée qui fonctionnent en pression positive ou négative. À la suite de cette étape, le compost qui sort des bioréacteurs (phase accélérée) requiert parfois une période de compostage additionnelle et habituellement une maturation supplémentaire, du moins pour certaines utilisations en horticulture et agriculture.

Les cylindres rotatifs que l’on retrouve fréquemment dans la chaîne de tri-compostage sont également désignés dans la littérature par le terme « bioréacteur ». Le bioréacteur cylindrique rotatif au sein d’une chaîne de traitement par tri-compostage constitue un élément-clé du procédé en raison du rôle particulier qu’il exerce au sein de ce type d’approche. Contrairement aux autres types de bioréacteurs utilisés en compostage, le temps habituel de rétention dans le bioréacteur rotatif est d’environ trois jours, ce qui est à la fois court et essentiel. Son rôle n’est donc pas de produire un compost mûr, mais bien d’amorcer les processus de compostage afin de modifier les propriétés initiales associées aux déchets frais. Et les nouvelles caractéristiques du produit sortant du bioréacteur rotatif (pré-compost) sont essentielles pour assurer une bonne performance des opérations de tri mécanique subséquentes. Le rôle du bioréacteur consiste donc à préparer la matière afin de maximiser la séparation de la fraction organique (destinée au compostage) et inorganique (destinée au recyclage et à l’enfouissement). Il est permis de croire

Les bioréacteurs sont des outils de gestion sophistiqués qui exigent d’être alimentés par un mélange de matières organiques adapté aux microorganismes. Leur emploi comporte plusieurs avantages importants, dont : une vitesse de dégradation des matières organiques plus grande; une meilleure garantie pour l’hygiénisation du compost par le maintien de températures élevées pendant au moins quelques jours; une meilleure gestion des odeurs par le captage de celles générées pendant la période active de compostage et, conséquemment, la possibilité de traiter les gaz malodorants par diverses approches, notamment la biofiltration. Les bioréacteurs sont des outils de gestion sophistiqués qui exigent d’être alimentés par un mélange de matières organiques adapté aux microorganismes. Ils génèrent des composts dont la qualité finale s’évalue, à l’instar de tous les composts, sur la base de paramètres quantifiables dont s’est doté le Canada depuis maintenant une dizaine d’années pour ce type de produits.

qu’un jour les rejets exempts de matières organiques prendront un meilleur chemin que celui de l’enfouissement. Quant à la fraction organique, l’emploi d’un bioréacteur rotatif dans une chaîne de tri-compostage, en combinaison avec d’autres équipements d’affinage, permet déjà de produire des composts provenant d’ordures ménagères, conformes aux critères de la norme CAN/BNQ. Comme le disait si bien le poète et écrivain français Nicolas Boileau : « Ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement et les mots pour le dire viennent aisément. » Mais force est d’admettre que de temps à autre une petite mise au point ne fait pas de tort… ■



R E D E VA N C E S P O U R LE S N U LS

HORIZON 2008

Léo Fradette conseiller, gestion des matières résiduelles Écoservice leo.fradette@ecoservice.ca

Les premiers chèques de remboursement des redevances ont été postés quelques jours avant Noël… Si votre municipalité a été admise au Programme de redistribution aux municipalités des redevances exigibles pour l’élimination des matières résiduelles, vous êtes parmi les heureux élus qui ont bénéficié du cadeau du gouvernement vers la fin de décembre dernier. La somme reçue correspondait à une période de trois mois, calculée à partir des redevances reçues au 30 octobre 2006. Mieux encore, un autre chèque sera émis vers la mi-juin 2007. Pour convaincre les municipalités de payer les redevances pour l’élimination de leurs matières résiduelles, le gouvernement

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Le magazine des matières résiduelles au Québec 3Rve VOL. 3 NO 1 HIVER 2007

a dû s’engager à rembourser chacune d’elles pour un montant au moins équivalent à celui qu’elles ont payé directement ou indirectement. Le financement du nouveau programme est, en somme, assumé par les établissements des secteurs industriel, commercial et institutionnel québécois. Contrairement à ce qu’a annoncé le ministre Claude Béchard du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs, le programme ne vise pas à « permettre de financer une partie des activités liées à la mise en œuvre des plans de gestion », mais plutôt à maintenir les municipalités au statu quo et à simplement percevoir la nouvelle source de financement. Pour obtenir votre chèque, il suffit de produire des dépenses admissibles une fois votre plan de gestion adopté. Il est donc faux de prétendre que le programme des redevances suscite un grand intérêt dans nos municipalités. Seul l’argent qui en découle les intéresse. Pourquoi en serait-il autrement ? Les objectifs de la Politique ne seront pas atteints en 2008; faut-il s’en étonner ? Des sanctions ou des pénalités ont-elles été prévues ? Au fait, pourquoi

fixer des objectifs s’il faut les repousser continuellement ? Au rythme où sont adoptées les mesures pour implanter au Québec les filières de la récupération et de la valorisation, plus personne n’a à craindre le gouvernement. Si, par ailleurs, certains ont cru à des investissements prochains dans des équipements ou de nouvelles infrastructures, faudra repasser. Dans sa formule de reddition des comptes des municipalités bénéficiaires, le programme de redevances, dans sa forme actuelle, reconnaît comme admissibles les charges relatives à la collecte, au transport et à l’élimination des matières résiduelles. Ce seul critère permet à chaque municipalité admissible de bénéficier ainsi du programme sans procéder à aucun investissement, ni aujourd’hui ni plus tard. Par exemple, sur la base des calculs des 3 premiers mois du programme de redevances, une municipalité de 40 000 habitants, qui a reçu un peu plus de 90 000 $ en décembre dernier, en recevra 180 000 $ en juin prochain, sur la base de 6 mois. Après un an, c’est un peu plus de 360 000 $ qui seront retournés à cette municipalité sur le seul fondement de


REDEVANCES POUR LES NULS

l’adoption d’un plan de gestion. Et la municipalité peut continuer à enfouir en toute tranquillité… Dans sa forme actuelle, le programme est inéquitable à l’égard des municipalités qui ont instauré depuis plusieurs années des mesures volontaires de valorisation des matières résiduelles, et ce, avant même l’adoption du Règlement sur les redevances exigibles pour l’élimination des matières résiduelles, avant les modifications apportées au Règlement sur l’élimination et l’incinération des matières résiduelles et avant l’instauration de la Politique québécoise de gestion des matières résiduelles 1998-2008. Certaines municipalités ont fait des choix avant-gardistes en optant pour un mode de valorisation des déchets plutôt que pour l’enfouissement traditionnel. Pour avoir osé innover, elles ont dû verser des sommes importantes pour bénéficier d’un mode de valorisation de leurs matières résiduelles alors que d’autres ont fait des économies en continuant de les enfouir.

Pour inciter les municipalités à choisir les filières de la récupération et de la valorisation, un taux de valorisation progressif, calculé sur la base des matières produites, doit être le seul critère à considérer filières de la récupération et de la valorisation, un taux de valorisation progressif, calculé sur la base des matières produites, doit être le seul critère à considérer pour compenser les municipalités innovatrices

et avant-gardistes. Et vous savez quoi ? Il ne faudrait pas attendre encore une décennie avant sa mise en application. ■

Il faut se rappeler qu’au début des années 1990, même le ministère de l’Environnement de l’époque véhiculait des informations à l’effet que les tarifs à l’enfouissement allaient progresser, que le nombre de lieux d’enfouissement allait diminuer, que la réglementation relative à l’enfouissement des déchets allait devenir plus contraignante (lire sévère) et que les communautés devaient se diriger de plus en plus vers des modèles européens favorisant le tri à la source et la valorisation de l’ensemble des matières récupérables. Aujourd’hui, même si le gouvernement du Québec a longtemps hésité et retardé l’adoption des mesures nécessaires aux ambitions de ses objectifs et des politiques environnementales qu’il voulait mettre de l’avant, force est de constater que le message gouvernemental est décevant, pour ne pas dire gênant pour les municipalités innovatrices. Aucun des efforts n’est reconnu ni même encouragé alors que les communautés qui ont attendu avant d’agir ont droit à la même part qu’elles. Si le ministre du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs attend toujours du Comité de gestion paritaire des critères de performance qui serviront de base à la redistribution des redevances, comme il l’a indiqué dans le dernier numéro de 3Rve, la filière de l’élimination (collecte, transport et élimination) ne doit plus être considérée parmi les dépenses admissibles au programme. Pour inciter les municipalités à choisir les Le magazine des matières résiduelles au Québec 3Rve VOL. 3 NO 1 HIVER 2007

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LE TOUR DU MONDE

GÉO M E M BRAN E, FU ITE S ET

valeur économique Michel Marcotte ing., M.Sc.A. président-directeur général Solmers inc. mmarcotte@solmers.ca

L’utilisation des géomembranes dans les ouvrages de confinement en remplacement de l’argile naturelle n’est plus un sujet de discussion. L’expérience des 20 dernières années confirme les avantages de ces nouveaux matériaux sur les matériaux naturels. Ils sont plus malléables, plus prévisibles et plus faciles à mettre en place. Ils permettent une plage de géométries plus étendue et, surtout, leur contrôle dans les moindres détails, pratiquement centimètre carré par centimètre carré, lors de leur installation.

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Le magazine des matières résiduelles au Québec 3Rve VOL. 3 NO 1 HIVER 2007

Déjà, en usine, leur production est l’objet de rapports détaillés soumis à l’ingénieur responsable de la qualité lors de l’envoi des rouleaux sur le terrain. À l’étape du déroulement, ces rouleaux sont inspectés et les soudures faites sur le terrain subissent des contrôles destructifs et non destructifs. Comme l’étanchéité est la fonction primordiale des géomembranes, le contrôle des soudures et des panneaux peut être complété en parallèle à leur mise en place sans induire de retards dans la réalisation des travaux. La détection de fuites par jet d’eau et par dipôles est un exemple de méthode pratique et éprouvée permettant un contrôle de toute la surface de membrane installée sur le terrain. L’intérêt pour cette approche est tel que l’industrie minière applique de plus en plus la prospection géoélectrique sur géomembrane afin de réduire ses pertes dans le cadre d’opérations par lessivage. Le traitement par lessivage utilise du cyanure ou de l’acide sulfurique pour extraire de la roche

le minerai recherché. Les eaux de lessivage (liqueur mère) sont récupérées en fond de stockage et dirigées vers les bassins de collecte où elles sont traitées pour en récupérer la matière première alors que les produits chimiques utilisés pour les dissoudre sont recyclés et retournés sur le site de lixiviation. Les surfaces impliquées dans ces projets font rêver les producteurs de membranes puisqu’elles se comptent en millions de mètres carrés. Par contre, la présence de défauts et de trous dans la membrane causera la perte d’une certaine portion du précieux minerai, qui pourrait être importante, donc mérite une attention particulière. En effet, les aires de lixiviation dans le domaine des mines ne sont pas soumises aux mêmes examens minutieux qu’on impose à un lieu d’enfouissement de déchets solides ou dangereux. De plus, la plupart ne possède pas de géotextile de protection au-dessus de la membrane pour y minimiser l’impact de la mise en place des couches drai-


GÉOMEMBRANE, FUITES ET VALEUR ÉCONOMIQUE

L’intérêt pour cette approche est tel que l’industrie minière applique de plus en plus la prospection géoélectrique sur géomembrane afin de réduire ses pertes dans le cadre d’opérations par lessivage. nantes. En réalisant une détection de fuites avant le début des opérations de lessivage, le volume de liqueur mère perdu au travers de trous, qui autrement ne serait pas détecté, sera réduit au minimum.

évités ou réduits par l’application d’un programme de détection de fuites adapté aux conditions d’opération du site, pour la meilleure protection de notre patrimoine environnemental et de la responsabilité des opérateurs. ■

de fuites ajoute aux aires de lixiviation en piles, reconnaissent que des dommages actuellement inqualifiables peuvent être

D’ailleurs, depuis quelques années, plusieurs auteurs ont réalisé des analyses économiques justifiant l’intérêt de la détection de fuites sur des installations de lixiviation. L’exemple le plus fréquent est celui des mines d’or. Les rapports coûts/bénéfices sont définis en calculant la valeur économique de la liqueur mère perdue dans les défauts d’une géomembrane en regard du coût de réalisation d’une ou plusieurs campagnes de détection de fuites pour localiser et réparer ces fuites avant la mise en opération du site. Chaque projet est spécifique et doit faire l’objet d’un calcul détaillé. Mais l’idée maîtresse demeure : il est possible d’évaluer l’intérêt économique d’une détection de fuites en comptabilisant les coûts (pertes) reliés à des réalisations de moindre qualité. Même si les concentrations en métal et les prix du marché varient de façon considérable en cours d’exploitation, la valeur par litre de liqueur mère peut être estimée et comparée au coût d’une détection de fuite. Pour la majorité des sites de lixiviation en piles d’or, le bénéfice d’une prospection géoélectrique pourrait mener à des économies de l’ordre de 15 000 $ par hectare de membrane ou même plus durant la vie active du site. Pour une aire de lixiviation de 100 ha, ceci représente une somme de 1 500 000 $, une somme encore largement inférieure au coût d’une campagne de détection de fuites sur une telle surface. Tel que mentionné précédemment, chaque site donnera des valeurs différentes selon la qualité du minerai, la charge hydraulique d’opération ou la perméabilité de l’assise. Chaque site devra donc être analysé en utilisant ses valeurs spécifiques afin d’assurer qu’une prospection se justifie d’elle-même à l’intérieur de deux ou trois ans d’opération. De la même façon, certaines agences gouvernementales dans le monde, en plus de la valeur économique qu’une détection Le magazine des matières résiduelles au Québec 3Rve VOL. 3 NO 1 HIVER 2007

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COLLECTE SÉLECTIVE

UNE VASTE CAMPAGNE

de marketing social se prépare Maryse Vermette directrice, communications et relations avec les municipalités Collecte sélective Québec mvermette@coselective.qc.ca

Depuis l’adoption du projet de loi 102, les entreprises mettant sur le marché québécois des contenants, emballages et imprimés sont responsables du financement de 50 % des coûts nets de la collecte sélective au Québec. Incidemment, Éco Entreprises Québec (ÉEQ), à la suite de son agrément par RecycQuébec, s’est donné comme mission de « représenter les entreprises assujetties dans leur responsabilité de financer leur part des coûts nets des services municipaux de collecte sélective efficaces et performants dans une perspective de développement durable ».

Améliorer le rendement de la collecte sélective Afin d’optimiser la collecte sélective au Québec, ÉEQ mise sur le développement d’un solide partenariat avec les municipalités et Recyc-Québec. L’un des moyens pour atteindre cet objectif est de participer à des activités de sensibilisation sur la collecte sélective en collaboration avec les municipalités, les entreprises et Recyc-Québec. Un message clair doit être lancé à la population : ■ La collecte sélective est le moyen le plus effi ficcace pour récupérer les contenants, emballages et imprimés mis sur le marché par nos entreprises. ■ La collecte sélective doit devenir une norme sociale au Québec.

La contribution des médias écrits Les médias écrits représentés par l’organisme Recyclemédias sont tenus de contribuer sous la forme de placements publicitaires à hauteur de 1,22 M$ par année, et ce, pour les années 2005 à 2009 inclusivement. Avec l’accord des associations municipales, il a été convenu que les placements publicitaires soient 24

Le magazine des matières résiduelles au Québec 3Rve VOL. 3 NO 1 HIVER 2007

effectués dans le cadre d’une vaste campagne nationale de sensibilisation à la collecte sélective. Disposant d’une enveloppe d’environ 6 M$ pour les années 2007, 2008 et 2009, un comité, coordonné par Recyc-Québec et regroupant des représentants des partenaires du régime de compensation, supervise la firme LXB Communication Marketing dans la préparation d’un plan de communication et dans l’élaboration de messages publicitaires qui seront publiés dans les médias écrits selon le tarif établi par Recyclemédias.

pour sensibiliser la population à la récupération. Cette réflexion résultera en une stratégie de diffusion dans les outils et véhicules de communication des entreprises assujetties au régime de compensation et représentées par ÉEQ, en complément de la campagne dans les médias écrits. Parmi la panoplie d’outils et de véhicules de communication qu’utilisent les entreprises, on peut nommer, à titre d’exemple, l’affichage en succursale, sur les remorques et dans les circulaires, un

N’est-il pas grand temps de mettre en œuvre une réelle campagne de changement des comportements à l’égard de la collecte sélective, campagne véhiculée par tous les intervenants impliqués ? Profiter de l’impulsion de la campagne dans les médias écrits ÉEQ a vu là l’occasion de s’impliquer activement. En effet, ne serait-il pas opportun que ces messages soient véhiculés par tous les partenaires impliqués, notamment les entreprises représentées par ÉEQ ? N’est-il pas grand temps de mettre en œuvre une réelle campagne de changement des comportements à l’égard de la collecte sélective, campagne véhiculée par tous les intervenants impliqués – gouvernement, municipalités et entreprises ? Pourquoi ? ■ Il faut profiter de la mise en place de cette campagne dans les médias écrits pour créer un vaste élan collectif qui se répercutera dans d’autres outils et véhicules de communication grand public. ■ Avec leur nouvelle responsabilité financière à l’égard de la collecte sélective, il est important pour les entreprises de s’assurer que leurs contenants, emballages et imprimés soient récupérés par les citoyens et de faire elles-mêmes la promotion de ce geste social. Comment ? ÉEQ est actuellement en réflexion stratégique sur la possibilité d’utiliser d’autres moyens que les médias écrits

pictogramme sur les emballages, les paniers et les sacs d’épicerie, les factures, les relevés de comptes et autres. C’est donc dire que le visuel, la signature et les messages développés pour la campagne publicitaire des médias écrits pourront être adaptés à ces différents outils. Pour l’accompagner dans cette démarche, ÉEQ a mis en place un comité consultatif regroupant des spécialistes en marketing œuvrant pour de grandes entreprises du Québec.

Implication des autres partenaires ÉEQ souhaite que les municipalités, elles aussi, participent à la campagne en s’appropriant les messages et en les diffusant dans leurs propres outils de communication : le bulletin municipal, le compte d’impôt municipal, l’affichage sur rue, sur leur flotte de véhicules, etc. La firme LXB mettra à leur disposition une trousse d’outils de communication pour leur faciliter la tâche. Les efforts conjugués des municipalités, des entreprises et du gouvernement sont essentiels au succès de cette campagne dont le lancement est prévu au printemps 2007. Il nous faut espérer que, d’ici là, les tarifs d’ÉEQ et de Recyclemédias soient approuvés par le gouvernement et que les entreprises puissent, deux ans après l’entrée en vigueur du régime de compensation, enfin remplir leurs nouvelles obligations. ■


S O LS C O NTA M I NÉS

L’AIDE FINANCIÈRE À LA REVITALISATION

de terrains contaminés Jean Halde ing., M. Sc. président DDH Environnement ltée jean.halde@ddh-env.com

Le 25 novembre dernier se tenait le Forum III : Potentiel des terrains vacants contaminés en milieu urbain, organisé par le Centre d’excellence de Montréal en réhabilitation de sites et le ministère du Développement économique, de l’Innovation et de l’Exportation. Ce 3e Forum a été un franc succès en permettant de réunir diverses parties prenantes de ce domaine, à savoir les propriétaires privés, les promoteurs immobiliers, les ministères, les consultants, les institutions financières, les avocats, etc. Au cours des forums précédents, diverses pistes de solution avaient été identifiées pour assurer la croissance de

l’industrie de la réhabilitation au Québec. L’une de ces pistes visait le développement de nouveaux programmes d’aide financière. En effet, avec la fin du programme Revi-Sols en 2005, aucun autre programme n’a réussi à avoir le même impact sur l’industrie. Rappelons que ce programme a permis l’injection de 180 M$ pour la revitalisation de terrains contaminés en milieu urbain entre 1998 et 2005. Pour la seule région de Montréal, 75 M$ ont été investis par Revi-Sols, ce qui a permis la revitalisation d’environ 240 hectares, avec des projets de développement de l’ordre de 2 680 M$ et la création d’environ 16 000 emplois. Actuellement, l’un des rares programmes offerts est celui de la Fédération

canadienne des municipalités par le biais du Fonds municipal vert. Ce programme propose d’une part un financement sous forme de subventions pour des études de faisabilité, des essais sur le terrain et des plans de développement de collectivités viables, et d’autre part un financement sous forme de prêts et de subventions pour des projets d’immobilisations au moyen d’un processus de demandes de propositions concurrentielles. Comparativement à Revi-Sols, ce programme s’avère beaucoup moins généreux et attrayant pour les promoteurs immobiliers. Nous ne croyons pas que la solution passe nécessairement par la reconduction du programme Revi-Sols dans son intégralité. Toutefois, un programme Revi-Sols version « améliorée » s’avérerait une avenue souhaitable pour la plupart des

un programme Revi-Sols version « améliorée » s’avérerait une avenue souhaitable pour la plupart des intervenants.

Le magazine des matières résiduelles au Québec 3Rve VOL. 3 NO 1 HIVER 2007

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L’ A I D E F I N A N C I È R E À L A R E V I T A L I S A T I O N D E T E R R A I N S C O N T A M I N É S

intervenants. Certains éléments de l’ancien programme devraient être reconduits, comme l’octroi de subventions plus généreuses lorsque des options de traitement sont retenues de préférence à l’enfouissement ( dig & dump ), ou la nécessité que le projet soit réalisé dans un échéancier raisonnable. Toutefois, il ressort des discussions qu’au moins deux éléments de l’ancien

programme Revi-Sols pourraient faire l’objet de modifications : les conditions d’admissibilité des projets et la contribution des villes. En ce qui concerne les conditions d’admissibilité des projets, nous croyons qu’il faudrait plutôt favoriser ceux dont la réalisation serait compromise sans cette aide financière. En effet, un terrain doté d’une grande valeur marchande sur la base de

L’ I N T E L L I G E N C E EN MOUVEMENT

Une conception intelligente qui travaille pour vous, de plus de façons que tout autre bac roulant puisse offrir. En commençant par les couvercles ergonomiques pour une manutention facile et sécuritaire. Des couvercles étanches avec chevauchement pour garder les odeurs à l’intérieur et la pluie à l’extérieur. Des couvercles qui sont assez robuste pour ne pas s’ouvrir lors de grands vents. Une conception intelligente en plus d’un procédé de fabrication avec moulage par injection, le tout basé sur des directives sévères ISO 9001 afin de vous offrir le meilleur bac que vous pourrez acheter. Des bacs Schaefer en mouvement dans votre ville, dans votre voisinage et sur vos rues, feront de votre municipalité un meilleur milieu de vie. Contactez-nous pour connaître tous les avantages que les bacs Schaefer vous offrent. Schaefer System International Limited Distribué par : Équipements Omnibac inc. 315, rue Lafontaine St-Ubalde, Qc G0A 4L0 Tél. : 418.277.2107 Téléc. : 418-277-2832 Courriel : omnibac@globetrotter.net www.omnibac.com

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sa localisation par rapport aux services, aux lieux de travail, etc. ne devrait pas être admissible ou du moins se voir octroyer une subvention restreinte. Avec ou sans subvention, ce type de projet sera réalisé puisqu’il est généralement raisonnable pour ses promoteurs d’inclure les coûts de réhabilitation dans les coûts de construction des unités à vendre. Cette condition d’acceptabilité permettrait de limiter les critiques négatives formulées à l’égard du défunt programme Revi-Sols. Il a souvent été mentionné que plusieurs des projets subventionnés auraient été réalisés de toute façon puisque le contexte économique était favorable au développement des terrains situés en milieu urbain. Enfin, les subventions du précédent programme Revi-Sols étaient offertes par le gouvernement du Québec, sans participation des villes concernées. Pourtant, en 2002, le ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs indiquait qu’au chapitre des retombées provenant de l’impôt foncier, les investissements réalisés sur le territoire de la ville de Montréal dans le cadre du programme Revi-Sols rapportaient annuellement en impôt municipal presque 20 M$, en comparaison des 25 M$ investis. Actuellement, en Ontario, les villes se font les moteurs de la revitalisation en octroyant, par exemple, des congés fiscaux. Nous croyons qu’il faudrait en arriver à un programme permettant de fournir des subventions à des fins de démarrage, mais qui, par la suite, puisse s’autofinancer avec les retombées de l’impôt foncier. Il reste toutefois de nombreux autres obstacles à la revitalisation de terrains contaminés en milieu urbain. Cependant, des initiatives comme le Forum III pourront favoriser les échanges qui apporteront des solutions à ces obstacles. ■



LE S B O N S C O NTA CTS

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L’ E N V E R S D U D É C O R

Sources : L’équipe du magazine 3Rve et AP.

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AVEZ-VOUS RÉSERVÉ VOTRE DÉPART ?

Un beau petit joujou Du haut de ses 95 m de hauteur et de ses 215 m de long, cette merveille technologique de 45 500 tonnes peut excaver plus de 76 500 m3/jour. L’Ultimate Earth Mover de l’entreprise Krupp nécessite 5 ans d’assemblage et 5 opérateurs pour la faire fonctionner. Son coût : 100 millions de dollars. Y a-t-il des acheteurs ?

UN NOUVEAU PPP !

Le tournoi de golf annuel de votre magazine 3Rve se tiendra au prestigieux Club de golf Glendale le jeudi 6 septembre prochain. Ne tardez pas à réserver votre quatuor, les places s’envoleront rapidement ! Formulaire d’inscription sur www.maya.cc.

Du nouveau ! L’entreprise Durabac de Granby est fière de présenter son nouveau produit. Vous êtes invité à aller le voir de plus près au salon Americana.

Le 13 février dernier, la MRC d’Arthabaska et l’entreprise Gaudreau Environnement inauguraient la nouvelle Société de développement durable d’Arthabaska (SDDA). Copropriété de 12 des 24 municipalités de la MRC d’Arthabaska (51 %) et de Gaudreau Environnement (49 %), cette nouvelle entreprise issue d’un partenariat public-privé gérera le lieu d’enfouissement technique de Saint-Rosaire et le centre de tri de Victoriaville.

Un peu d’humour…

3Rve joue au hockey ! # 66

Le printemps est à nos portes, tout comme les chicanes de voisins. Restez zen…

INSOLITE ROME (AP) - Une Italienne résidant près de Naples a eu la surprise de sa vie lorsqu’elle a trouvé une grenade datant de la Deuxième Guerre mondiale dans un sac de pommes de terre. La dame avait acheté un sac de pommes de terre dans un marché près de chez elle et les avait mises dans l’eau pour les éplucher. Or, l’une des patates, couverte de terre, était en fait une grenade. La septuagénaire a alors alerté des voisins, qui ont appelé la police. Selon l’agence de presse italienne ANSA, les pommes de terre provenaient de la France et la grenade avait fait le voyage jusqu’en Campanie sans créer de problèmes. Il n’en faudrait pas plus pour que les Américains bannissent à nouveau les French fries !

Le 6 décembre dernier à l’aréna de Rosemère avait lieu une partie de hockey amicale opposant des professionnels de l’industrie des matières résiduelles. Tous ont eu beaucoup de plaisir sur la glace et … hors glace ! Un merci tout spécial aux Vikings des Laurentides (Midget AAA) pour leur hospitalité et à Hanna Instruments pour le 5 à 7.

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