2 minute read

UNE INFLATION QUE RIEN NE SEMBLE POUVOIR ENRAYER

Next Article
PORTRAIT

PORTRAIT

LA NOTION DE « VIE CHÈRE » N’EST PAS UN MYTHE À MAYOTTE ET NE L’A

JAMAIS ÉTÉ. DE TOUT TEMPS, ICI LES PRODUITS ONT TOUJOURS COÛTÉ PLUS CHER QU’AILLEURS, QU’À LA RÉUNION, LE DÉPARTEMENT VOISIN, MAIS BEAUCOUP PLUS ENCORE QU’EN MÉTROPOLE. LA CONJONCTURE ÉCONOMIQUE MONDIALE ACTUELLE TOUCHE DE PLEIN FOUET NOTRE TERRITOIRE FAISANT PASSER AU ROUGE TOUS LES CLIGNOTANTS. L’INFLATION ATTEINT DES SOMMETS INÉGALÉS, Y COMPRIS POUR LES PRODUITS LES PLUS BASIQUES. QUANT À CEUX CONSOMMÉS COURAMMENT PAR UNE MAJORITÉ DE LA POPULATION, ILS SERAIENT EUX AUSSI EN PROIE À UNE GRAVE FLAMBÉE DES PRIX.

Les temps sont durs pour nombre de familles à Mayotte depuis la crise du Covid-19, en 2020. D’année en année, elles font face une flambée des prix vertigineuse, en particulier pour ce qui concerne les denrées alimentaires et autres produits de première nécessité. La ménagère mahoraise a du mal à joindre les deux bouts au quotidien, car cette hausse n’impacte pas que les produits importés d’Europe ou d’Asie du Sud-Est. Sur les étals des marchés, il est quasiment impossible de trouver quelque chose à acheter en dessous de 2 ou 3 euros. Manioc, bananes, tomates, oignons, salades et autres piments connaissent tous une envolée record qui conduit les autorités locales à admettre que notre département subit une inflation forte. Une situation qui conduit le consommateur à changer, sans cesse, ses habitudes alimentaires, au risque de s’exposer à des maladies nouvelles telles que le diabète et la goutte, pour ne citer que ceux-là, qui font des ravages dans la société locale. La vie sous notre ciel bleu et dans nos eaux turquoise est devenue génératrice de stress et d’angoisse, de pathologies jusqu’ici propres aux grandes métropoles.

Malgré son caractère insulaire, Mayotte reste bel et bien connectée au reste du monde et n’échappe pas aux conséquences indirectes de la guerre opposant depuis plus d’un an la Russie à l’Ukraine. Et comme un malheur n’arrive jamais seul, des conditions climatiques inédites débouchant sur une sécheresse sans précédent s’abattent sur notre île depuis deux ans, transformant l’eau potable en véritable « or bleu » et provoquant une ruée vers les magasins et les petites boutiques. Du « jamais vu » de mémoire d’autochtone, la bouteille d’eau minérale devient un produit hautement prisé, sujet à des prix fluctuants au gré des appétits féroces des importateurs, vendeurs et revendeurs. Dans les manzarakas et autres festivités locales, traditionnelles ou religieuses, offrir une bouteille d’eau minérale aux convives devient un acte valorisant pour l’hôte de l’évènement, scruté et commenté par l’assistance pendant et après ripaille.

LE PRIX D’UN MANQUE D’ANTICIPATION

Cette situation dramatique met en lumières les manques des pouvoirs locaux et nationaux. La politique du provisoire, qui a toujours caractérisé le développement de Mayotte ces 40 dernières années, montre cruellement ses limites. Le manque de prévisions à long terme et d’anticipation se fait très fortement sentir, dans quasiment tous les domaines. L’ensemble des institutions locales, bornées à des réactions d’urgence, participent à cette cherté de la vie sans cesse en progression. Et, pour l’heure, rien ne semble pouvoir enrayer cette tendance à la hausse.

Les mesurettes prises ici et là par les pouvoirs publics s’avèrent n’être, en réalité, qu’une goutte d’eau dans un océan d’inflation, avec des effets positifs extrêmement limités dans le temps, faute d’organisation suffisante de la part des consommateurs pour vérifier la pertinence de leur impact dans le commerce local. Encore faut-il que tous les acteurs de ce secteur se conforment à l’application véritable des décisions prises par les autorités compétentes pour juguler cette inflation. L’équation est d’autant plus difficile que la forte pression migratoire qui s’exerce sur Mayotte ces dernières années augmente très sensiblement la demande, ce qui a pour conséquence de favoriser la tendance inflationniste. Surtout qu’en 20 ans seulement, les habitudes de consommation ont énormément évoluées au sein de la société mahoraise.

This article is from: