[EVAN] 2018 / 2019 ___________________ - Master 2 Projet final de fin d’étude
L’Eau : Une richesse oubliée D’une richesse cachée à une mise en valeur de la rareté Joris MAYOUD Charles MORANT Corentin VAZEUX -
Enseignants de l’année David ROBIN Éric DAVID Olivier GUYON Stéphane LIÈVRE Luc LÉOTOING Grégoire LAFARGE Membres du jury Stéphane BONZANI Alessandra MARCON Olivier MALCLÈS Loïc PARMENTIER Boris BOUCHET Aurélien BELLANGER -
Préambule Le terme territoire viendrait du latin territorium. Cependant, d’après le «Digeste», recueil de jurisprudence civile, élaboré en 533 après J.-C. par Justinien, qui constitue l’un des fondements du droit moderne, le territoire a un lien direct avec le jus terrendi, le droit de terrifier. Même s’il parait raisonnable de rattacher le terme territorium à celui de la terre (terra, -ae), il est très probable qu’il soit issu de l’association du contrôle de la terre par la menace et la terreur (terrere). En effet, l’approche territoriale renvoie à la notion de frontières et de limites d’un espace possédant certaines caractéristiques qui lui sont propres. C’est d’ailleurs pourquoi la notion de territoire est à ce point polémiste et plurielle. Il pourrait y avoir autant de territoires qu’il y a de types de lectures possibles du monde : que ce soit par l’économie qui s’y développe, les cultures des sociétés qui s’y sont installées ou encore les délimitations géographiques qui l’ont dessiné. Au XVIIe siècle, le terme désigne aussi la ville et sa banlieue et par les caractéristiques sociales, écologiques, économiques ou politiques par exemple, il définit indirectement les limites qui séparent un espace de l’autre. L’étude de l’approche anglosaxonne du territoire dans « Human Territoriality »1 de Torsten
Malmberg, souligne que le comportement territorial humain est un phénomène d’écologie éthologique qui se manifeste au travers d’espaces plus ou moins exclusifs délimités par des frontières, que les individus ou les groupes occupent émotionnellement et où ils se déploient. Ainsi, cette approche ethnologique du territoire nous questionne sur ce qui le constitue et ce qui le génère. Est-ce qu’il s’agirait de l’expérience des personnes qui l’habitent basée donc plus sur l’instinct comme nous venons de le voir avec l’approche révélée par Torsten Malmberg ; ou est-ce que ce sont les structures sociales et spatiales construites qui le fabriquent ? Quelles en sont ses limites ? Qu’estce qui le constitue ?
MALMBERG (Torsten), « Human Territoriality », Walter de Gruyter GmbH & Company KG, 1980, 352 pages 1
L’eau comme lien vitale Faire de cette richesse oubliée un enjeux fort du XXIe siècle
Sommaire P.06 : Introduction P.08 : I. Le fleuve èbre
- La convoitise de tout un pays - La ruée vers l’eau - La plaine de l’Alava : une oasis pour les migrants climatiques - La plaine d’Alava, le berceau nourricier basque - Se rattacher à une lecture verticale du territoire
P.22 : II. Protocole de recherche
- Apprentis sourciers - Des entretiens pour comprendre des pratiques - Classifications des différentes pratiques de l’eau
P.56 : III. Stratégie de recherche
- Situations d’implantations et phasage des projets dans la plaine de l’Alava - Agence géopolitique de l’eau, Pour une autre gouvernance de l’eau en Alava, au Pays Basque et au delà, porteuse de nouvelles conditions de gestion, de distribution et de sensibilisation - Intervention technicienne et culturelle de Trespuentes Re-appropriation d’une carrière pour un nouvelle manière régénérer les aquifères - La coopérative agroforestière L’agroforèsterie comme nouveau paysage et nouvelle économie locale
P.84 : Issues P.86 - Annexes
Introduction Suite aux diverses curiosités notées en Alava, telles que les grands lacs artificiels au nord, les carrières à l’ouest ou les villages de la plaine agricole à l’est (les Cancejos Ruros), nous avons pu observer différentes pratiques de l’eau dans ce territoire. Nous avons voulu regarder au niveau national comment l’eau était traitée et préservée et nous avons constaté qu’il y avait maintenant un conflit pour l’eau en Espagne. En effet, 67,16% de l’Espagne est actuellement en voie de désertification, où la fracture se creuse de plus en plus entre les territoires du nord riches en eau et ceux du sud qui subissent aujourd’hui le réchauffement climatique. Pour répondre à ces enjeux graves qui touchent le pays, le gouvernement espagnol a mis en place en 2000 le Plan Hydraulique Nationale. Cette planification de la gestion de l’eau, conçue de manière centralisatrice par un état qui s’impose comme «grand redistributeur», prévoit la construction de quelques 118 grands barrages (à ajouter aux 1070 que possède l’Espagne à ce moment-là) et surtout, à une dérivation des eaux de l’Ebre vers l’est et le sud du pays. Pourtant, un tel projet de déroutage des eaux de l’Ebre, se heurte aux sensibilités socioculturelles de territoires qui regrettent que leur autonomie administrative
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ne s’étende pas pleinement aux aménagements hydrauliques. En effet, le bassin de ce fleuve traverse des régions à l’identité culturelle forte comme le Pays Basque et la Catalogne qui manifestent régulièrement sur la défense des Autonomies administratives prévues par la constitution de 1978. Ainsi, après cette analyse, un territoire précis se détache, un territoire-réservoir situé aux sources Basque de l’Ebre. En effet, ce fleuve est fortement alimenté par la rivière Zadorra qui naît en Alava, de sources superficielles, issues des bassins versants et souterraines où se trouve le plus important réservoir d’eau du Pays Basque espagnol, que la communauté scientifique a appelée les Six Mers. Cependant, nous avons vu à travers cette analyse que le Pays-Basque et plus précisément l’Alava, était aussi un lieu de réception de différents flux migratoires au fil du temps, en corrélation avec les différentes économies qui se sont succédées. Selon les prévisions de la ville de Vitoria-Gasteiz, capitale administrative du Pays-Basque et chef lieu de l’Alava, au cours du XXIe siècle la démographie de ce territoire continuera sa forte augmentation. Ainsi, nous devons d’ores et déjà nous interroger sur la gestion de ses richesses en eau et ses capacités agricoles.
En effet, la plaine de l’Alava constitue aujourd’hui la plus importante ressource agricole du nord de l’Espagne, mais ses modes d’agriculture sont néfastes à ces nappes phréatiques, à tel point, que l’essentiel d’entre-elles se situant dans la plaine, se retrouvent polluées et donc impropres à la consommation. Ainsi, les enjeux qui visent aujourd’hui ces Six Mers, touchent tout particulièrement l’Alava à court terme, mais également les questions liés a la redistribution de cette ressource en eau sur l’ensemble du territoire espagnol à pus long terme. Ce qui nous amène à nous interroger sur sa préservation, à travers sa gestion, sa distribution et la sensibilisation à cette richesse cachée. Nous sommes donc amenés à nous questionner : Quelles institutions aujourd’hui, permettent de penser la gestion et la distribution de l’eau? Quelles sont leurs échelles d’interventions ? Comment répartir l’eau de façon raisonnée, et en fonction des besoins ? Et plus spécifiquement, comment préserver l’eau en Alava et la régénération des aquifères ? Comment faire de l’agriculture intensive un outil de préservation des sols et une réponse à la hausse de la population au XXIe siècle ?
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I. Le fleuve Èbre
La convoitise de tout un pays Nous avons observé que le territoire espagnol était fragmenté en deux parties marquées par une rupture climatique qui se déploie de plus en plus vers le nord. En effet, les territoires du sud sont sujets à une désertification de leurs sols qui s’accentuent avec le réchauffement climatique. Dans cette première moitié du XXIe siècle, l’Espagne apparaît en Europe comme le pays le plus affecté par ce processus qui concerne 67 % du territoire, dont plus de 30 % caractérisé par un risque élevé, voire très élevé. Cette hausse des températures entraîne des migrations de populations vers le nord où l’eau se trouve en plus grande quantité et de manière plus permanente. En effet, les enjeux autour du changement climatique et de la recherche de ressources à exploiter, requestionnent sur l’emploi de cette dernière et leur partage, et sera d’ici peu, source de conflits. Ces problématiques se cristallisent autour de l’Ebre, le plus important fleuve du pays. Une véritable guerre a déjà commencé pour la réappropriation de cette richesse, prenant forme dans son détournement en différents points, vers des régions du sud du pays qui, par ce biais, pourront gagner quelques années dans la poursuite de leurs activités (Murcie avec l’agriculture de la fraise et de la tomate, Grenade avec le tourisme, etc.).
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Le 5 septembre 2000, le gouvernement espagnol a rendu public le Plan Hydraulique National (PHN) en débat depuis plus d’une décennie. Cette planification de la gestion de l’eau, conçue de manière centralisatrice par un état qui s’impose comme «grand redistributeur», prévoit la construction de quelques 118 grands barrages (à ajouter aux 1070 que possède l’Espagne à ce moment-là) et surtout, à une dérivation des eaux de l’Ebre vers le sud-est du pays. Ce fleuve, parmi les deux plus important de l’Espagne avec Le Tage plus au sud, prend sa source dans les monts Cantabriques ainsi qu’au Pays basque et traverse l’Espagne jusqu’à son delta, en Mer Méditerranée. Cependant, un tel projet de déroutage des eaux de l’Ebre, se heurte aux sensibilités socioculturelles des habitants des territoires qui regrettent que leur autonomie administrative ne s’étende pas pleinement aux aménagements hydrauliques. En effet, le bassin de ce fleuve traverse des régions à l’identité culturelle forte comme le Pays Basque et la Catalogne qui manifestent régulièrement sur la défense des Autonomies administratives prévues par la constitution de 1978.
Le conflit pour l’eau en Espagne, Enjeux de répartition de population suivant la hausse des températures au XXIe siècle
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De plus, d’autres sources nous montrent que : « Depuis 25 ans, le bassin de l’Èbre a cessé d’être excédentaire ».1 Autrement dit, le transvasement sur lequel se base le gouvernement pour irriguer le sud du pays n’est pas durable. Pourtant, le Système Intégré d’Équilibre Hydrologique National (SIEHN = qui consiste à rééquilibrer le réseau hydrographique de la péninsule ibérique) prévoit à terme la redistribution annuelle d’un milliard de mètres cubes d’eau, soit 430 millions pour la région de Murcie, 300 millions pour celle de Valence, et enfin 90 millions pour la région d’Almeria. Ces projets de transvasement ont soulevé dans tout le bassin de l’Ebre, des contestations très vives. Les défenseurs de l’environnement craignent notamment la disparition du delta de l’Ebre, la deuxième grande réserve écologique du pays. Ainsi, du 11 août au 9 septembre 2002, sur l’initiative du COAGRET (Coordinadora de Afectadas por Grandes Embalses y Trasvases), une Marche Bleue, soutenue par de nombreuses associations universitaires et des partis politiques, a été organisée depuis le delta de l’Ebre jusqu’à Bruxelles afin de manifester contre le financement du PHN par l’Union européenne. Ce conflit pour la conquête de l’eau à
travers l’exemple de l’Ebre, nous amène à nous questionner sur cette déterritorialisation de l’eau en regardant à sa source, comment cette richesse autant convoitée à son delta naît-elle? Et qu’elles sont les moyens mis en place pour la valoriser et la préserver? Dans le « Dictionnaire de la Géographie et de l’Espace des Sociétés »2 de Jacques Lévy et Michel Lussault, Jean-Paul Ferrier énonce que la manière la plus pertinente d’appréhender le territoire est de le lier au réseau, car cela permet de prendre en compte les phénomènes, qui le dépassent et donc de mieux comprendre les liens entre celui-ci et ce qui le compose. Ainsi, à la manière de Jean-Paul Ferrier, il s’agit de remonter le cours de l’Ebre jusqu’à ses affluents, nous ramenant à notre territoire d’étude, l’Alava. En effet, nous l’avons vu, l’Ebre prend ses sources dans les monts Cantabriques ainsi qu’au Pays Basque où se situe une des plus grandes réserves d’eau du pays. En effet, l’Alava, connue pour ses capacités agricoles et comme terre d’accueil de nombreux migrants espagnols au cours du développement de son industrie au XXe siècle, possède d’importantes réserves en eau en surface, mais aussi en sous-face.
KÖNIG (Claire), «Manque d’eau en Espagne : vers une pénurie ?», Futura Planète, Dossier - Géopolitique et guerre de l’eau, URL: https://www.futura-sciences.com/planete/dossiers/ developpement-durable-geopolitique-guerre-eau-622/page/8/ 2 LEVY (Jacques) & Lussault (Michel), « Dictionnaire de la géographie et de l’espace des sociétés (NED revue et augmentée) », Belin Littératures et revues, 2013, 1034 pages 1
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RISQUE DE DÉSERTIFICATION EN ESPAGNE COMMUNAUTÉS AUTONOMES
TRÈS HAUT RISQUE RISQUE HAUT RISQUE % MOYEN % FAIBLE % RISQUE %
- Andalousie - Aragon - Asturies - Baléares - Canaries - Cantabrie - Castille-Mancha - Castille y Leon - Catalogne - Extremadura - Galice - Rioja - Madrid - Murcie - Navarre - Pays Basque - Valencia
20.28 0.52
38.18 28.14
22.30 39.06
5.62 12.40
68.25
25.00 22.23
61.05
13.95
34.20 2.12 19.67 0.59
36.11 8.92 10.01 45.06
TOTAL
9.48 22.21
48.29
37.52 50.80 2.47
55.36
37.68
30.63 34.07 0.91 34.34 6.69 4.18
11.09
20.41
21.68
TOTAL DES ZONES ARIDES, SEMI-ARIDES ET SUBHUMIDES SÈCHES
0.28 9.59 41.65 24.89 10.11 13.84
13.97
2.80 0.07
67.16% (= 33 908 ha sur 50 599)
Source : Alonso Carmen, «Revista Ambienta», Septembre 2005, Carmen ALONSO, In: Marie FRANÇOIS, « La pénurie d’eau en Espagne : un déficit physique ou socio-économique ? », Géocarrefour, vol. 81/1, 2006, 25-35.
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La ruée vers l’eau Cette nouvelle préoccupation autour de l’eau tend à devenir une préoccupation primaire. Le constat est clair, le réchauffement climatique rehaussant les températures de territoires déjà arides a pour effet la désertion et désertification de ceuxci. Ils sont la preuve d’un changement géographique et climatique du pays. Cette désertification des régions du centre de l’Espagne façonne un nouveau “désert” dépeuplé où, les populations sont obligées d’abandonner certaines pratiques autrefois possibles.
un pays (300% d’augmentation de population lors du dernier siècle). Ce phénomène a façonné un esprit communautaire et des dynamiques citoyennes fortes sur ce territoire, notamment visible à Vitoria-Gasteiz où 45% d’étrangers, espagnol ou non, disent se sentir intégrés (contre 15% à Madrid qui se veut pourtant cosmopolite). Cette caractéristique de l’Alava représente une condition d’accueil favorable et même importante dans une hypothèse de migration climatique vers cette plaine.
Les conséquences directes de ces événements produisent depuis quelques décennies une migration forte, vers les littoraux, qui possèdent aujourd’hui les plus grandes concentrations de population du pays. On y voit notamment les régions de la côte méditerranéenne avec Barcelone, Alicante ou encore les îles des Baléares, mais surtout côté Atlantique, le Pays Basque entier. L’Euskadi se présente ainsi comme une véritable terre d’asile pour les migrants climatiques, regroupant à la fois les ressources nécessaires en eau comme nous le verrons plus loin, et une culture d’accueil historiquement présente. En effet, l’Alava prend une place importante au sein même du Pays Basque de part sa culture d’accueil. Terre migratoire historique de tout
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La province de l’Alava figure aujourd’hui à l’échelle régionale,
L’Alava, le réservoir de la communauté autonome basque à la découverte d’un oasis caché
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La plaine de l’Alava : une oasis pour les migrants climatiques comme le réservoir en eau du Pays Basque. Ce statut résulte de plusieurs interventions de l’Homme sur le paysage, qui lui a permis de s’approprier et de contrôler l’eau, notamment dans la plaine de l’Alava. Ces interventions sont visibles depuis 1958, où il fut décidé de la création de la source principale en eau: les lacs artificiels d’Ullibarri-Gamboa et d’Urrunaga. Ces «empreintes humaines» sont une réponse aux besoins énergétiques grandissant des années 60, suite à l’installation d’industries majeures comme Mercedes et Michelin. Ils sont à la fois une réponse à l’approvisionnement en eau dans la plaine, liée à une agriculture intensive, et de la ville de Vitoria-Gasteiz. Il est à noter que ces «sources artificielles» font partie intégrante du système hydraulique de la plaine. En effet, avec une réserve de 220 hm3 d’eau, ces dernières alimentent les besoins de la ville ainsi qu’un grand nombre de villages dépendants administrativement (les Concejos Ruros). Malgré tout, ce système, certes efficient aujourd’hui, constitue l’unique approvisionnement en eau de toute l’Alava. Pourtant, depuis plusieurs années, l’idée d’une alternative sommeille et éveille l’intérêt vers une autre source. En effet, l’eau stockée dans les lacs artificiels et un nombre incroyable de bassins d’irrigations dans la
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plaine agricole ne sont pas les seules réserves en eaux de ce territoire et plus largement du Pays Basque, voire de l’Espagne. Appelée les Six Mers par la communauté scientifique, un aquifère se cache dans les sols de la plaine de l’Alava. Cette richesse en eau cachée par un siècle d’industrialisation et d’agriculture intensive confirme que l’Alava pourrait bien être l’oasis de tout un pays. Les Six Mers sont un ensemble d’aquifères, se déployant dans toute la province, représentés fortement sous les monts de Subijana, à l’ouest de VitoriaGasteiz. Dès 1990, cet aquifère a été utilisé comme solution aux aléas d’inondation de la plaine à la manière d’un réservoir naturel pour absorber les surplus d’eau et également en cas de sécheresse. Depuis, plusieurs hypothèses sont faites sur son devenir avec l’idée de pouvoir l’intégrer au réseau national de l’Espagne, comme ressource semipermanente.
Le pays Basque territoire historique d’accueil Congestion touristique du littoral VS Hospitalités des terres intérieures
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La plaine d’Alava, le berceau nourricier basque La principale de ces six unités hydrogéologiques est l’aquifère de Subijana. Son bassin de 170 km² conserve 72,5 hectomètres3 d’eau par an, soit les mêmes quantités que le réservoir d’Urrunaga (Lac artificielle au nord de la Plaine de l’Alava, formant à lui seul la plus grande réserve d’eau du PaysBasque). Pourtant, aujourd’hui seul 1.5 hm3 d’eau de cet aquifère est utilisé par an par la ville de Vitoria-Gasteiz, et les différentes communautés satellitaires à la capitale basque. En effet, cette ville dépend pour son alimentation en eau potable de la nappe phréatique et des réservoirs situés au Nord. Cependant, des études ont montré l’impact négatif des pratiques agricoles sur la plaine Alavese en amont de cet aquifère. La mer de Subijana, située en aval du réseau hydraulique superficiel, irriguée par les eaux pluviales et la rivière Zadorra, présente un statut préoccupant au niveau de sa pollution. En effet, en Alava, particulièrement dans sa plaine, le paysage agricole reste et demeure une entité quasiment omniprésente, voire dominante. Cette figure agricole s’est développée sur des sols propices à cette activité, sol alluvial favorable à l’épanouissement de cette économie. A l’échelle du PaysBasque, cette plaine représente 88% à elle seul de l’activité agraire de la communauté autonome, soit le
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monopole. Il est donc important de prendre conscience de ce vecteur économique comme caractéristiques de la plaine, source principale de profit. Cependant, en 1986, après l’entrée de l’Espagne dans l’Union Européenne, le Pays-Basque a vu cette activité, comme potentiel de développement économique, amenant au remembrement de petites parcelles en de gigantesques couches vertes, pour une agriculture intensive (monoculture). L’agriculture, une richesse autrefois diversifiée, soucieuse de son environnement, fut transformée en une denrée financière, exportée à l’échelle du pays, oubliant le marché local complètement déconnecté d’une ressource qui lui appartenait. En effet, cette dégradation quantitative et qualitative de ses réserves en eaux souterraines est due à une dystrophisation de l’eau (état extrême de l’eutrophisation) induite par l’usage croissant (aprèsguerre) d’engrais chimique pour une agriculture intensive déployée dans la plaine. Ces pollutions sont directement associées à une double augmentation des réseaux de drainage et d’irrigation, ainsi qu’au détournement et à l’artificialisation de cours d’eau des bassins versants. D’ailleurs, ceci a conduit au classement d’une partie du territoire en zone vulnérable au titre de la
L’agriculture est l’Alava Mise en valeur d’une économie globale pour un projet locale
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Directive Nitrates. Après plusieurs siècles d’anthropisation du sol, des fragmentations sont apparues, conséquence d’une vision uniquement productive du territoire. Ce constat nous questionne sur la déterritorialisation des richesses des sols de l’Alava, conduisant à dévitaliser certaines couches au profit, d’autres, comme c’est le cas aujourd’hui avec les Cancejos Ruros et l’agriculture intensive en Alava. En effet, ces villages, situés au cœur de la plaine agricole, se sont retrouvés abandonnés par le remembrement parcellaire, engendré par une économie globalisée. De plus, les activités se sont centralisées à Vitoria-Gasteiz, impactant directement la vie dans le territoire rural, où l’on voit encore une fois la valorisation de certains lieux au détriment d’autres.
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Se rattacher à une lecture verticale du territoire Ainsi, par ce regard horizontal du territoire, certaines caractéristiques ayant été rejetées, raturées et finalement oubliées, apparaissent, comme l’Aquifère de Subijana ou les Cancejos Ruros. En effet, ces « déserts » , comme les appels André Corboz dans Le Territoire comme Palimpseste1, sont la preuve de la désappropriation de certaines de ces couches, les pratiques du sol en Alava en étant les témoins. Les conflits pour l’eau s’intensifiant et les espaces disponibles de refuges diminuant, la plaine de l’Alava semble être un lieu détenteur d’une richesse que bientôt des populations venues de zones désertiques viendront réclamer. L’enchaînement des activités existantes, le long de la Zadorra a une importance sur l’avenir de l’Aquifère de Subijana et plus largement sur ces Six Mers. Ainsi, de manière diffuse, ponctuelle notre tâche n’est pas seulement d’anticiper des enjeux futurs situés sur le sol, mais tout d’abord de valoriser une richesse qu’on ne sait plus regarder en surface.
par la Plaine agricole en amont, jusqu’aux sols calcaires des bords de la Zadorra en aval. D’une certaines manière il nous faut aujourd’hui appréhender la lecture du territoire de manière verticale afin de comprendre comment se constitue le territoires à travers les manifestations de l’eau. En effet, le résurgences de chacune d’entre elles, naturelles ou artificielles, sont des signes de la présence de ces six mers sous le sol qu’il s’agit pour nous de révéler et de valoriser.
En effet, le cycle de l’eau en Alava est corrompu par ce qu’il va croiser pendant son parcours d’est en ouest, des monts de Vitoria à la nappe phréatique de Subijana, en passant CORBOZ (André), « Le Territoire comme Palimpseste », Diogène, 1983, de la page 14 à 35, URL: http:// www.jointmaster.ch/file.cfm/document/Le_territoire_comme_palimpseste.pdf?contentid=1042 1
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La sédimentation du sol vu à travers le parcours de l’eau
SOL ANTHROPISÉ Ressortes les traces du sol imperméable, urbanisé. Contraste entre une ville compacte et son territoire mité.
SOL AGRICOLE L’agriculture intensive rend plus difficile la perméabilité des sols. Les produits phytosanitaires circules alors horizontalement et contamines la globalité des aquifères de Vitoria.
SOL IRRIGUÉ Les cours d’eau qui traversent la plaine Alavese, prennent leur source sur les monts environnants. La topographie du territoire défini un amont et un aval qui donne à l’eau et au sol des qualités diverses.
SOL LITHOLOGIQUE Suivant les qualités lithologiques du sol, on lui reconnait différentes valeurs de perméabilité. Ici, plus la couleur est claire, plus le terrain sera perméable.
SOUS LE SOLS: 6 MERS Dans la dernière strate du parcours vertical de l’eau on trouve les aquifères des Six Mers. Ces ressources en eau, imperceptibles depuis la surface terrestre, subissent les dégradations des sols contaminés par les polluants que véhicule l’eau aujourd’hui.
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II. Protocole de recherche Apprentis sourciers
L’inventaire suivant des différentes pratiques de l’eau en Alava nous a permit de faire ressortir trois actions à mener sur ce territoire. Ces actions se devront de répondre comme valeur d’exemple aux plus larges enjeux engagés sur le sujet de l’eau en Alava. Malgré tout elles trouveront une complémentarité et un engagement dirrigé vers ce qu’il parrait être primordiale à aborder ici. Ces trois actions se tourneront essentiellement vers la gestion, distribution et la préservation de l’eau sur ce territoire afin d’atteindre une prise de conscience de cette richesse bien présente en Alava. Les situations critiques qui seraient des lieux témoins d’une nouvelle réappropriation de cette richesse. La zone humide de Salburua situé aux portes de Vitoria-Gasteiz, la carrière de Trespuentes situé à l’Est proche du village du même nom, et l’ancien bassin d’irrigation de Santa Lucia situé au cœur de la plaine agricole à l’Ouest. À travers ces lieux à l’identité forte de part l’histoire qui les à traversé et la présence de l’eau qui les qualifie, la préservation de cette richesse oubliée devient possible à travers sa gestion, sa distribution et sa sensibilisation. Ces trois axes de projets sont alors pour nous un moyen puissant pour préserver l’eau aujourd’hui de manière locale en sensibilisant à sa rareté et de manière globale en légiférant sur ce bien commun encore trop peu représenté au-près
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des hautes instances. De plus, les trois situations de projets qui suivront ont été approchées de deux manières. Par des entretiens tout d’abord menés tout au long de l’année, et la création d’un imaginaire. En effet, en se réappropriant les références accumulées au fur et à mesure de notre parcours d’étudiants, nous avons cherché à illustrer les différentes pratiques de l’eau que nous avons rencontrées à travers notre analyse.
Des entretiens pour comprendre des pratiques Entretien avec M. De Marsily, 01/03/19 Divers entretiens (Cf. Liens QR-Code en annexe) ont ponctué notre parcours et ont permis de donner à nos recherches et analyses du territoires, les outils pour valider ou non nos hypothèses. Professeur à l’université Pierre et Marie Curie et à l’Ecole des Mines de Paris, Ghislain de Marsily est membre de l’Académie des sciences et coordonnateur avec Henri Léridon du Rapport RST Démographie, climat et alimentation mondiale. Il intervient sur les questions de l’eau auprès des instances internationales
Note :
Ghislain de Marsily
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et de nombreux gouvernements et est notamment l’auteur de L’eau, un trésor en partage (Dunod, 2010). Son regard sur notre projet nous a permit d’affiner notre propos et notamment de découvrir de nouvelles manières de préserver les sols et de faire l’eau un puissant outil de régénération. En effet, à travers une redéfinissions du terme d’»euthrophisation», qui est une population au nitrate des eaux de surfaces menant à une réduction importante de la quantité d’oxygène présente dans l’eau, il nous a notamment apporté une résolution à ce problème. Celle de l’agroforesterie qui permet de lier l’agriculture intensive ainsi que la protection des sols.1
Citations extraites de l’entretien :
« Bien-sûre nous avons besoins de l’agriculture intensive pour nourrir le pays-basque mais aussi la planète aujourd’hui. Nous sommes 7.2 milliards sur terre et on sera à 9.5 milliard en 2050 et peut-être à 12 milliard en 2100 et donc il faut de plus en plus de production agricole. Ceci étant dit on peut peut-être faire de l’agriculture intensive mais peutêtre moins attentive sur certains aspects et préservant les facultés que l’on souhaite maintenir, de biodiversité, d’infiltration de l’eau dans le sol etc. Y’a des pratiques meilleur que d’autres! je vous en site une : l’agroforesterie: on fait pousser à la fois des arbres et en dessous, à l’ombre des arbres, se développe une agriculture toujours intensive mais protégée par l’ombre des arbres, donc on a un effet favorable. On perd un peu en rendement agricole mais on produit du bois. »1
« Un raison de dégradation de la qualité de l’eau vient essentiellement je pense dans votre cas des Nitrates, et on peut alors parler d’eau euthrophisée. On utilise le mot eutrophisé que pour les eaux de surfaces. Car quand on parle d’eutrophisation, il s’agit du développement d’algue par exemple, microscopique ou filamentaire, au sein d’une rivière. Une nappe ne peut pas faire ça car il n’y a pas de lumière, il n’y a donc pas de croissance végétale possible. » « Ces résurgences d’eaux, il faudrait savoir d’où elles viennent car si elles sont issues de l’infiltration des eaux polluées de la plaine agricole amont tout ces résurgences doivent-elles aussi être riches en Nitrate. » « Et bien si vous créée quelques noues, des cours d’eau, des ruisseaux etc, c’est bien, mais si les terres à côté reste à nues le phénomène va se poursuivre. C’est vraiment une gestion de l’espace différentes. Ce qu’on fait beaucoup maintenant en France c’est qu’on fait de l’agriculture sans laboure ce qui permet aux sols d’être perpétuellement couvert d’une végétation. ça ça limite beaucoup le phénomène de croûte de battance. » 1 Note :
L’ensemble des entretiens sont accessibles depuis un lien QR-Code en Annexe
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Classifications des différentes pratiques de l’eau D’amont et en Aval nous avons cherché à classer les différents signes de l’eau que nous rencontrons dans notre analyse suivant leurs impacts horizontaux indirects ou verticaux directs sur les Six Mers. De cette manière nous prolongions un regard verticale sur les sols de l’Alava en faisant entre le visible et l’invisible.
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Présence de l’eau Carte de reperd des différentes pratiques de l’eau en Alava
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Zone humide de Salburua Programme / Situation
- Salburua est un habitat de zones humides - Il se situe à la périphérie Est de la ville de Vitoria-Gasteiz
Problématique / Potentiel
- Les zones humides sont bordées par un grand quartier résidentiel de Vitoria-Gasteiz, qui est encore en développement à partir de 2012 - La contamination des sols est donc plus sensibles et surtout plus visibles qu’ailleurs, nous interrogeant sur les manières d’intervenir en bordure de cette réserve naturelle d’importance internationale, d’après le RAMSAR (Convention sur les zones humides).
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Palimpseste d’empreintes humaines Programme / Situation
- Carrière - Au pied d’un éperon rocheux, la carrière Trespuentes se trouve contre un village éponyme, à l’Ouest de VitoriaGasteiz
Problématique / Potentiel
- Après plusieurs années d’inactivité, l’entreprise a décidé de reprendre l’exploitation d’Azkorrigana l’année dernière. - Par conséquent, la société d’exploitation n’a toujours pas le soutien juridique pour maintenir son activité questionnement ainsi sur la vacance de cet endroit et sur les emplois dépendants.
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Charca de Santa Lucia Programme / Situation
- Bassin d’irrigation des parcelles agricoles environnante (1982) - Près de la commune d’Añua à l’Est de la ville de VitoriaGasteiz, au coeur de la plaine agricole
Problématique / Potentiel
- Ce bassin de rétention, un parmi tant d’autres, retient les eaux de pluie avant de la déverser sur les champs agricoles. Reflet de l’agriculture intensive et de l’assèchement des sols et des nappes les agriculteurs ont dû avoir recourt à ce types de dispositifs. - Mais aujourd’hui, dans le cas où la plaine agricole se tournerait vers une agriculture biologique, quelle serait le rôle et l’avenir de ces bassins?
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Des vacances religieuses Programme / Situation
- Vestige du centre thermal converti en collège catholique - Situé à l’Est de Vitoria-Gasteiz, le collège fait face à l’ancien centre pénitencier de Zaballa, séparé par la rivière Zadorra
Problématique / Potentiel
- Actuellement, c’est le collège St Joseph qui occupe les lieux de l’ancien site thermal - Mais de nouvelles découvertes sur des gisements de gaz dans cette zones prévoirait de forer à l’endroit du collège, questionnant sur les impacts d’une telle action et l’avenir de ce site.
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Poly-unités Programme / Situation
- Le Poligonos de Jundiz est le plus important de la plaine de l’Alava, connecté à la gare ainsi qu’aux infrastructures ferroviaires - Il se situe à l’Ouest de Vitoria-Gasteiz
Problématique / Potentiel
- Dans la vallée de l’Alava 72% de la consommation en eau cerne les villes, 14% l’agriculture et 14% l’industrie. - Depuis 2018, le « poligonos » Jundiz a vu sa superficie agrandie, révélant ainsi de nouveaux potentiel foncier pour de nouveaux types d’industrie
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Explorer le centre de la terre Programme / Situation
Site d’extraction de gaz de Subijana de Alava -
- Il se situe à l’Ouest de Vitoria-Gasteiz proche des villages de Nanclares de la Oca et de Subijana de Alava
Problématique / Potentiel
- Par le système de Fracking ou Fracturation Hydraulique, le gaz situé à 5km sous terre pourrait apporter une ressource de 180 000 millions de m3 de gaz pour l’Alava, quand celle-ci en consomme 3 millions par ans. - Cette richesse dans le sol amène d’énorme risque de fracturation de l’aquifère traversé à 500m de profondeur et de l’usage à posteriori de cette cicatrice de 5km de profondeur dans la terre.
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Vivre avec un fardeau? Programme / Situation
- Carrière de Naclares Pequeña - Situé dans les hauteurs du villages de Nanclares de la Oca la carrière de Nanclares Pequeña est à l’ouest de Vitoria Gasteiz, la carrière de Nanclares Pequeña
Problématique / Potentiel
- L’intention de la société Hormigones y Minas SA d’agrandir la carrière Navarra pequeña (7)m de profond aujurd’hui) de trois fois l’opération actuelle commence à endommager l’aquifère de Subijana-Morillas, mais ce fait est-il a augmenter pour étudier l’aquifère ou à freiner pour le protéger mais sans y agir directement?
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L’oasis à sec Programme / Situation
- Bassin/Réservoir d’eau d’irrigation agricole (hors service depuis 2004) - Situé entre Vitoria et le lac de Ullibarri-Gamboa creusé sur une petite colline de la plaine
Problématique / Potentiel
- Le réservoir est inutilisé depuis son achèvement en 2004 et reste à sec, vide, mais malgré tout ouvert. - L’avenir de ce projet, connu comme le plus grand fiasco de l’histoire contemporaine de l’Alava, est toujours en questionnement, ils se doivent de maintenir les objectifs qui lui avaient été fixés.
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Paysage artificielle comme source Programme / Situation
- Réservoir d’Ullibarri-Gamboa (1957) - Situé dans le périmètre de la base militaire d’Araca
Problématique / Potentiel
- Quasi-unique source d’eau mise en place pour la plaine de l’Alava, il permet l’accès à l’eau aux villes de Vitoria Gasteiz et la plus part des villes du Grand-Bilbao - Son stockage en eau de 146m3 (le plus grand du Pays Basque) pourrait aussi servir comme ressource en énergie
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Arridundiz Auzoa Programme / Situation
- Cancejos ruros (Hors PGOU : Plan General de Ordinacion Urbana = PLU) - Situé à l’Est de Vitoria-Gasteiz dans la plaine agricole
Problématique / Potentiel
- Aujourd’hui, les villages qui texturent la plaine de l’Alava sont dortoirs ou complètement à l’abandon - Mais ces lieux à l’identité fortes peuvent être demain des ressources foncières et donc de nouveaux leviers économiques au travers d’une activités qui pourrait s’y développer, mais laquelle?
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Entrée de villes : Les secrets de la cicatrice Programme / Situation
- Service de gestion des déchets inertes et non dangereux de Gardelegi - Situé au Sud de Gardelegi et au sud-est de Vitoria-Gasteiz
Problématique / Potentiel
- Un cours d’eau traverse ce lieu qui de par sa nature est pollué (décharge par enfouissement), viendra polluer à terme les eaux de la rivière Zadorra. - Ce site pollué est en attente d’une reconversion qui ne vient pas, pendant que les sols se polluent de plus en plus.
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Sylviculture aux Montes Vascos Programme / Situation
- Situé sur les coteaux Nord des Montes Vascos au Nord-Est de Vitoria-Gasteiz
Problématique / Potentiel
- La sylviculture agit sur le développement, la gestion et la mise en valeur d’une forêt ou d’un boisement pour en obtenir un bénéfice économique et/ou certains services profitables à la société (dans une approche de forêt dite multifonctionnelle) - Cette gestion de la foret, permet d’anticiper en amont les problèmes d’infiltration dans la nappe phréatique, ce qui nous questionne sur les régions ne possédant pas de foret et sur le développement d’activité complémentaires à celle-ci, permettant de protéger les eaux souterraines.
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Parcelles d’exploitations agricoles intensives Programme / Situation
- Agriculture intensive - Proches du village d’Azilu, ces parcelles se trouvent dans la plaine agricole, à l’Est de Vitoria-Gasteiz
Problématique / Potentiel
- Après un siècle de rachat de petites parcelles par de grands groupes agricoles, des couches de plus en plus imperméabilisées se sont déployées appauvrissant les sols en oxygènes et polluant les aquifères. - Aujourd’hui, 210 fermes d’agricultures biologiquse existent autour de Vitoria-Gasteiz mais le poids de l’agriculture intensive nous interroge sur leur impact réel et les façons d’y arriver.
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III. Stratégie de préservation de l’eau
Situations d’implantations et phasage des projets dans la plaine de l’Alava Les enjeux futurs qui touchent les aquifères de l’Alava, au niveau national comme local, nous amènent donc à nous interroger sur la gestion, la distribution et la préservation de ces eaux. En effet, le Pays Basque aura le pouvoir demain de gérer une importante partie du débit des eaux de l’Ebre afin de favoriser d’abord ses propres problématiques territoriales d’accroissement de la population et d’augmentation de consommation des ressources en eau à travers l’agriculture notamment.
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Préserver l’eau par sa gestion, sa redistribution et sa sensibilisation Carte de stratégie de l’eau en Alava
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Agence géopolitique de l’eau
Pour une autre gouvernance de l’eau en Alava, au Pays-Basque et au delà, porteuse de nouvelles conditions de gestion, de distribution et de sensibilisation Embrasser l’eau Perspective sensible d’implantation
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Pour répondre à ces enjeux graves qui touchent le pays, le gouvernement espagnol a mis en place en 2000 le Plan Hydraulique National. Cette planification de la gestion de l’eau, conçue de manière centralisatrice par un état qui s’impose comme « grand redistributeur », prévoit la construction de quelques 118 grands barrages (à ajouter aux 1070 que possède l’Espagne à ce moment-là) et surtout, une dérivation des eaux de l’Ebre vers le Sud Les enjeux futurs qui touchent les aquifères de l’Alava, au niveau national comme local, nous amène donc à nous interroger sur la gestion, la distribution et la préservation de ces eaux. En effet, le Pays Basque aura demain le pouvoir de gérer une importante partie du débit des eaux de l’Ebre afin de favoriser d’abord ses propres problématiques territoriales d’accroissement de la population et d’augmentation de consommation des ressources en eau à travers l’agriculture notamment. Ainsi, avant que ce genre de conflits extra-territoriaux n’arrivent, (ou plutôt ne se prolongent), il faut prévoir tout d’abord, la préservation de l’eau, à travers un lieu de gestion de cette richesse, faisant le lien entre les échelles, et devant permettre l’accès à tous et de manière égale à l’eau. Il faut selon nous penser la préservation de cette dernière à travers ces signes, où les résurgences des aquifères sont autant d’appels de leurs présence à valoriser auprès du public, que de réels outils naturels de gestion. Ainsi, au cœur du centre administratif du Pays Basque, Vitoria-Gasteiz, se trouve la zone humide de Salburua. Son importance va au delà du domaine local ou régional puisque, naît de la résurgence des aquifères, elle a été incluse parmi les zones humides d’importance internationale de la convention RAMSAR en 2002, et plus récemment déclarée lieu
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d’importance internationale du Réseau Natura 2000. Nous avons donc décidé d’implanter au carrefour des eaux de l’Alava, au cœur de la zone humide de Salburua, ce que nous avons appelé : l’Agence Géopolitique de l’eau, qui serait porteuse de nouvelles conditions et de valeurs sur la gestion et la distribution de l’eau en Alava et au Pays-Basque.En cherchant à mettre en valeurs une richesse cachée en sous sol, le projet reprend l’archétype du château d’eau, et prend donc la forme d’une tour permettant de limiter son impacte au sol, sur la zone humide de Salburua. De plus, en s’élevant, l’Agence géopolitique de l’eau, permet de donner une nouvelle identité à cette ressource dans ce territoire et de donner aux pouvoirs publics le lieu de sa réappropriation. Oscillant entre la tour d’administrations et le château d’eau, ce projet comporte primordialement ce que nous avons appelé le Parlement de l’eau, qui est un centre de gestion de cette richesse à différentes échelles où sont votés et débattus la répartition de la ressource, son stockage, mais surtout, ce serait de ce lieux que serait lancé et supervisé les différents projets à moyen et long terme, qui traitent des différents sujets de l’eau dans le territoire. Mais pour ce faire, ces projets ont besoin de fond, c’est pourquoi est associé à ce premier programme celui d’une Bourse, qui viserait à fixer un prix commun à tous pour l’eau et qui serait aussi un fond monétaire pour la gestion de l’eau en Alava et aux Pays-Basque. L’axe principal de ce projet est donc de mettre à l’honneur cette ressource rare, fragile et indispensable à la vie et donc d’alerter à travers sa rare présence sur le sort catastrophique qui lui est fait. L’eau, sa préservation et sa distribution seront les enjeux majeurs du XXIème siècle auquel un retour sur ses signes mythiques pourrait nous permettre de répondre.
De l’urbain au rural Carte de stratégie de l’agence géopolitique de l’eau
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Au cœur de Salburua Photographies issues de l’arpentage
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Fonctionnement de l’Agence géopolitique de l’eau Diagrammes
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Parcourir l’eau Plan de masse
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Superposition programmatique des instances de l’eau Axonométrie paysagère
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Intervention technicienne et culturelle de Trespuentes
Re-appropriation d’une carrière pour une nouvelle manière de régénérer les aquifères L’eau monument Perspective sensible d’implantation
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La démarche engagée dans cette dernière partie de la stratégie commune est celle liée aux problématiques de l’épuisement, de la préservation, de la gestion, mais également de la sensibilisation aux ressources cachés du territoire, les six mers et notamment ici, l’aquifère de Subijana. Pour nous penser la bonne gestion de ces nappes est passés par l’idée d’y implanter un ouvrage technique permettant a la ville de la régénerer artificiellement à hauteur de ce qu’elle y puise. Certains exemples déjà efficaces dans le monde de recharges des aquifères par épuration des eaux usées et bassins d’infiltration nous ont poussés à chercher un site propice à y installer les ouvrages techniques permettant ce fonctionnement. A moins de cinq kilomètre à l’ouest de Vitoria Gasteiz, sur les méandres de la rivière Zadorra, La carrière de trespuentes, prochainement en fin de concession et non reconduite se trouve être un lieu clés des transmissions verticale d’eau dans la nappe phréatique. En effet, son sol calcaire au plus proche des sols géologiques perméables facilitera l’installation de bassins d’infiltration et sa situation en aval de la ville avec la pré-existence de certains palp-line simplifiera la conduction des eaux usées jusqu’à la nouvelle station d’épuration des micro-polluants. Mais cet emplacement singulier sera surtout pour nous l’occasion de conduire une reconquête d’un lieu à forte valeur paysagère, et symbolique, réelle cicatrice de l’anthropocène, témoins des actions violentes de l’homme sur son environnement. En effet, l’installation sur ce vaste site jusqu’ici clos au publique, d’un ouvrage technique de soutien durable à la ville, pause plus globalement la question de sa reconversion. Pour nous, l’idée directrice de ce projet a été de permettre la cohabitation de certains usages dans le but de
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sensibiliser un plus large publique aux questions de gestions des eaux et de l’importance de la qualité des sols dans cette démarche. Proposer un parc connecté aux différents sentiers de randonnée et aux entités culturelles et touristiques présentes à proximité. La convergence sur le site de la carrière de ces différents flux de visites culturelles nous amèneront a proposer un espace de promenade et de pause directement en lien avec les entités produites par l’aménagement de la carrière. Le bassin d’infiltration et les lagunes permettant à l’eau en surplus du bassin de stagner pour une dernière épuration naturelle avant de retrouver les eaux de la rivière zadora. Les remblais amenés pour la renaturation ainsi que les végétations d’arbres qui s’y déploient proposeront différentes qualités spatiales au parc, du chemin à l’espace de contemplation ou encore exposé au soleil ou plutôt protéger par l’ombre des arbres. Les passants pourront s’approprier le niveau bas et la première terrasse. Les dérèglements climatiques amènent une nouvelle forme de migration, celle des cultures. La vigne fait partie de celles-ci, et pour garder une qualité propre à une région, on voit migrer certains cépages vers le nord pour retrouver les propriétés climatiques locales changeantes. Nous irons chercher les propriétés d’une des régions voisine, au sud de la plaine Alavese productrice d’un des vins espagnol les plus reconnus au niveau international, la Rioja et son cépage spécifique le Tempranillo. L’installation de ce types de cépages a caractère biologique, sur les terrasses hautes de la carrières nous permettra d’opérer une renaturation biologique et productive d’extraire un terroir spécifique et de redonner une nouvelle valeur à ce sol grâce à un cépage dis caméléon qui s’évertue à révéler les spécificités singulières des sites sur lesquelles elle s’installe.
Un lien vertical vers l’aquifère de Subijana Carte de stratégie de l’intervention technicienne et culturelle de Trespuentes
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Au pied du front de taille Photographies issues de l’arpentage
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BIOFILTRATION
TOUR D’OZONATION
GÉNÉRATEUR D’OZONE
AMPHITHÉATRE PARTAGÉ
SALLE DE CONTROLE LABORATOIRE
ESPACE D’EXPOSITION
ADMINISTRATION
Sept.
DÉCANTATION LIT DE BOUE + FLOCULATION
Fin des vendanges
DÉSSABLEUR
DÉGRILLEUR
Fermentation (2-4 sem.)
Janv. Elevage en fût
Mars.
Première récolte
Premier cru ADMINISTRATION
AMPHITHÉATRE PARTAGÉ
AUBERGE
STOCKAGE DES PEAUX
PRESSE
AIRE D’EXPÉDITION
VIEILLISSEMENT BOUTEILLE
EMBOUTEILLAGE
FERMENTATION
CUVAGE MALOLACTIQUE
EGRAPAGE
VIEILLISSEMENT
CUISINES
RESTAURENT
DÉGUSTATION
Fonctionnement du projet Intervention technicienne et culturelle de Trespuentes Diagrammes
De terrasses en terrasse Élévation paysagère
L’aquifère en surface Axonométrie paysagère
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La coopérative agroforestière
L’agroforèsterie comme nouveau paysage et nouvelle économie locale Promenade initiatique au cœur du parc agroforestier Perspective sensible d’implantation
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Vis-à-vis des enjeux soulevés précédemment, une intervention en plaine agricole devient essentiel dans la gestion de l’eau. L’agriculture intensive et maltraitant les sols devient le support primaire de la stratégie. Afin de retrouver une meilleur irrigations des sols, d’anticiper à l’afflux migratoire et de la croissance agraire nécessaire pour nourrir la plaine de Vitoria, la stratégie s’attache à fabriquer des sols pouvant répondre à ces enjeux. Le choix de la diversification agricole s’est imposée, permettant de concilier à la fois une agriculture céréalières et racinaires intensive et globale (betteraves et pomme de terre) avec une nouvelle agriculture à destination plus locale. L’agroforesterie apporterait une solution, à la fois en introduisant de nouvelle variétés, sans apporter de modification parcellaire aux exploitant, tout en façonnant un nouveau paysage rural à cette plaine. Suivant une trame permettant l’exploitation simultanée de ces nouvelles cultures et de celle d’avant, le motif rural apportait par l’agroforesterie respecterait l’efficience de la productivité actuel. Cette nouvelle agriculture diversifiée viendrait s’implanter entre les monts de Vitoria et la voie verte de la plaine. Ce posture vient répondre à l ‘ambition de la municipalité la création du Parc Naturel des Monts de Vitoria, affirmant par l’agroforesterie un paysage et une qualité de sols plus apte à ce futur parc. Ce premier phasage du développement de
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l’agroforesterie dans la plaine permettrait à la fois une dépollution et meilleur irrigation dans les sols dès la naissance des ruisseaux et rivières. Les phases suivantes se développerait vers le Nord, sécurisant ainsi des pollutions et récréant des sols plus riche sur tout le bassin versant de la rivière Alegria. La voie verte traversant la plaine d’Est en Ouest deviendrait dès lors un axe structurant au sein de ce territoire, propice au développement de différents projets mettant en place les programmes d’agroforesterie et de découverte de ce nouveau paysage agricole (revitalisation de villages, mise en valeur d’entité rural comme les étang ou de moyen de déplacement adaptés comme les vélos).
Préservation de l’eau au sein du parc Agroforestier Carte de stratégie de la coopérative agroforestière
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Autour de l’étang de Santa Lucia Photographies issues de l’arpentage
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Fonctionnement de la Coopérative agroforestière Diagrammes
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Clairière entre pommiers Plan de masse
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Enchaînements programmatiques de la coopérative agroforestière Plan de RDC
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Issues L’eau est une des caractéristiques fortes de ce territoire. Mais ses pratiques au cours du siècle dernier ont camouflé ses réels potentiels et sa vraie richesse, tantôt polluée, parfois rejetée ou simplement oubliée. Au travers des interactions indirectes, en amont des Six Mers, et directe, en lien avec cette dernière en aval, c’est donc l’ensemble de ces pratiques qu’il s’agit aujourd’hui de questionner, à travers la gestion, la distribution et la sensibilisation à ce bien caché.
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Annexe Entretiens L’ensemble des entretiens réalisés sont disponibles au lien QR-Code suivant :
Imaginarium À la manière des images réalisés plus haut qui nous ont permis de parler des pratiques de l’eau dans le territoires différentes références, architecturales ou non, des objets récupérés lors des arpentages ou simplement des mots, nous ont permis de venir alimenter notre processus de conception et de le remettre aussi en question.
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Learning from las vegas, Le symbolisme oublie de la forme architecturale (1977, réédité en 2008), Robert Venturi, Denise Scott Brown & Steven Izenour, Ed. Mardaga, 190 pages
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New-York délire : Un Manifeste rétroactif pour Manhattan (1978, réédité en 2008) Rem Koolhaas Ed. Parenthèses, 318 pages
89.
Le lisse et le strié, In: «Mille plateaux (1980), Gilles Deleuze & Félix Guattari, Ed. Minuit, 625 pages
90.
Geostories, Another Architecture for the Environment Design Earth (2010) Rahia Ghosn & Hadi Jazairy Ed. Actar, 231 pages
91.
Shimmering Substance (1946), Jackson Pollock, Huile sur canevas, 30 1/8 x 24 1:4 po.
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Composition VIII (1923) Vassily Kandinsky Huile Sur toile 140 x 201 cm
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Au fil du Temps (2008 repris en 2018) Wim Wenders 3h00
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95.
High Tides (2013) Carlos Irijalba 32 pages
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Badge (2010) Objet trouvé dans l’ancienne cimenterie de Billoda
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Plaquette de promotions de l’entreprise (2010) Objet trouvé dans l’ancienne cimenterie de Billoda
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Espèces de Chêne Ramassé dans la réserve de chasse de Las Campas de Gabo
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Écorce de Chêne-Liège Ramassé sur le Sentier de la Prison
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Panne en décomposition Ramassé au fond d’un ancien bief, proche du moulin de Garabo
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Roche sédimentaire Échantillon issu d’une alternance marne-calcaire, très fréquentes dans les séries sédimentaires, portant le nom de formation marnocalcaire.
103.
AQUIFÈRE, Un aquifère est une formation géologique ou une roche, suffisamment poreuse et/ou fissurée (pour stocker de grandes quantités d’eau) tout en étant suffisamment perméable pour que l’eau puisse y circuler librement
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