113 Médecins du Monde
Le journal destiné aux donateurs de médecins du monde France Trimestriel - n° 113 décembre 2013/janvier/février 2014 0,60 € www.medecinsdumonde.org
Parrainage à l’hôpital
mission affection |p. 2 à 4
URGENCE
LEGS
GRATUITé DES SOINS
Lire
BIDONVILLES
Rencontre
Face à la crise humanitaire en République centrafricaine, MdM se mobilise |p. 5
Bilan de la première phase réussie du projet au Sahel et perspectives |p. 7 Depuis vingt ans, MdM est aux côtés des Roms partout en France |p. 8
Le legs, une ressource financière importante pour MdM |p. 10 La revue Humanitaire sur la question des banlieues |p. 11 Houssam Al Mustafa, médecin syrien, au plus près du conflit |p. 11
tous médecins du monde !
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GRAND ANGLE / Parrainage
Accompagnement
mission affection
La mission parrainage accompagne des enfants de tous âges, isolés affectivement, pendant leur hospitalisation. Une mission remplie de joie, parfois difficile, mais essentielle pour le bien-être des enfants.
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A
rissali souffle sur un pissenlit et les akènes s’envolent vers JeanClaude, son parrain. Il sourit, heureux d’être dehors, à marcher dans les feuilles mortes. « La première fois que je l’ai emmené en forêt, il n’osait pas marcher, raconte Jean-Claude. Ce tapis de feuilles mou l’effrayait, il ne marche que sur des sols durs. » Arissali est arrivé à l’hôpital pour enfants de Margency à 1 an et demi, sans ses parents, restés à Mayotte. Une assistante sociale a contacté la mission parrainage de Médecins du Monde et JeanClaude Mangou a accepté d’être parrain et d’accompagner ce petit garçon pendant son hospitalisation et de lui apporter affection et réconfort. Sur la balançoire, la complicité qui les unit depuis plus de deux ans se lit dans leurs rires et leurs regards. « Un parrainage sur plusieurs années n’est pas évident, c’est beaucoup d’investissement, parfois il y a des moments de découragement. Mais il est tellement attachant cet enfant, impossible de ne pas succomber », avoue Jean-Claude.
Claude. Mais j’aime cette sélection, elle prouve le sérieux de l’association. Le parrainage est une mission compliquée, qui implique beaucoup d’émotion, de remise en question et il faut être préparé. » C’est pourquoi l’équipe de Médecins du Monde a mis en place une formation de quelques jours avant le premier parrainage, des groupes de parole tous les mois et des conférences chaque trimestre.
Le parrain ne vient que pour l’enfant « Cette mission apporte beaucoup de joies mais aussi de souffrances. 15 à 20 % des parrainages sont des accompagnements de fin de vie, précise Serge Lipski, coresponsable de la mission avec Sylvie Guillaume. Le s p a r r a i n s et m a r r a i n e s doivent s’exprimer, le groupe de
parole permet aux anciens de parler de leur expérience, de donner des conseils. »
Présence, Affection et soutien
Alors qu’il ramasse des marrons, Arissali s’arrête pour observer, fasciné, le ballet des voitures qui entrent et sortent du parking. « Pour les enfants, c’est une chance de pouvoir sortir, on leur donne un espace de liberté, ils peuvent s’échapper d’un lieu où ils sont toujours au centre de l’attention, explique Jean-Claude. Dehors, ils font l’expérience de la vraie vie, de l’indifférence des gens. C’est long de marcher dans la rue avec Arissali, il s’arr ête à chaque feu rouge pour le voir passer au vert, puis au rouge… » La mission parrainage est en lien étroit avec les hôpitaux. Quand un enfant arrive sans ses parents ou que ceux-ci ne pourront être
présents régulièrement, les assistantes sociales contactent les coordinatrices pour un parrainage, avec l’accord des parents. « Le parrain ou la marraine apporte une présence et de l’affection, explique Bérangère Desprez, assistante sociale à l’hôpital Robert-Debré. C’est une personne bien identifiée pour l’enfant, quelqu’un qui ne vient que pour lui, qui prend le temps de jouer, de parler avec lui, autrement que le personnel soignant, c’est essentiel. »
Accompagner et témoigner
Nathalie Lemaire, marraine depuis douze ans, a vécu une quarantaine de parrainages, de quelques jours à quelques mois. Travaillant à temps plein dans une banque, elle va voir Ilyes, 1 an et demi, trois soirs par semaine et le dimanche aprèsmidi. « C’est une mission
Parrain depuis cinq ans, il a rejoint Médecins du Monde à sa retraite, très attiré par la dimension humaine de la mission. Il a alors entamé le processus de sélection. « C’était un vrai challenge personnel à 60 ans de faire un dossier de candidature pour expliquer ses motivations et de rencontrer une bénévole et une psychologue qui s’assurent que l’on a le profil, se souvient Jean-
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© Stéphanie Rivoal
De la rigueur et de l’éthique
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© Virginie de Galzain
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1_ La mission parrainage accompagne des enfants âgés de quelques jours à 18 ans, atteints de pathologies nécessitant de lourdes opérations et/ou de longs rétablissements. Un parrainage n’est mis en place qu’avec l’accord des parents, trop éloignés pour venir ou présents trop irrégulièrement.
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2_ Dans les centres de soins de suite, les enfants peuvent sortir à l’extérieur si leur état le permet. Jean-Claude a emmené des jeunes à Montmartre, à la tour Eiffel… 3_ Les parrains et marraines ne sont pas dans l’acte de soin, un élément essentiel pour l’enfant, mais ils peuvent l’accompagner lors d’examens, de soins, de repas, pour apporter un soutien dans une situation difficile.
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GRAND ANGLE / Parrainage
© Cyrille Girard
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4_ Le dialogue entre l’enfant, les parents, le personnel soignant et les équipes de la mission est primordial pour la réussite d’un parrainage.
t r è s g r at if ia n t e . E l l e demande du temps, énormément d’énergie, de l’organisation, mais quand j’y suis je ne pense à rien d’autre. Je me sens vivante mais ça demande du travail sur soi, on ne peut pas s’engager à moitié. » Elle a eu des doutes au bout de dix ans. Fatiguée, besoin de souffler après un décès, mais comme pour Jean-Claude, le parrainage est une addiction. Au-delà de l’accompagnement, c’est une mission de témoignage. « Nous nous battons pour que la France respecte les textes qu’elle a signés, insiste Serge Lipski. La déclaration des droits de l’enfant et la charte européenne de l’enfant hospitalisé stipulent qu’un enfant ne doit pas être séparé de sa mère plus de quelques jours. Mais dans les faits, c’est très compliqué d’ob-
tenir des titres de séjour provisoires. Une petite fille a attendu deux ans avant de voir sa maman. C’est de la maltraitance ! »
Un bénéfice reconnu
Arissali a reçu une belle lettre de sa famille, Jean-Claude lui lit. Les parrains et marraines ne sont pas là pour se substituer aux parents, ils leur parlent souvent d’eux et de leurs frères et sœurs.
Le parrainage est précieux pour les équipes soignantes Ils évoquent leur retour. « Il faut préparer l’enfant à retourner chez lui, surtout avec les jeunes,
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pour les ados c’est différent, poursuit Jean-Claude. C’est aussi une période où l’on se prépare, nous, à la séparation. Terminer un parrainage n’est pas facile, on s’attache forcément à l’enfant, mais il faut savoir garder de la distance. » Les équipes soignantes assurent que le parrainage est bénéfique à l’enfant pour supporter son séjour à l’hôpital et combattre sa maladie. Elles parlent souvent des parrains et marraines avec eux. « Nous sommes émerveillés de voir l’impatience de l’enfant qui attend sa marraine, se réjouit Bérangère Desprez. C’est très précieux pour nous de savoir que quelqu’un vient régulièrement, car nous ne pouvons pas être disponibles tout le temps pour chaque enfant. » ■ Nolwenn roussier
La mission parrainage c’est : • 110 bénévoles • 2 300 enfants parrainés depuis 1988 • 15 hôpitaux partenaires en Île-de-France, en Guyane et à La Réunion La mission recrute toujours des parrains ou marraines, n’hésitez pas à la contacter à parrainage@ medecinsdumonde.net ou 01 44 92 13 10 Permanences : lundi et vendredi 9 h à 13 h, mardi 9 h à 19 h 30, jeudi 9 h à 15 h.
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République centrafricaine / Urgence
Rétablir d’urgence l’accès aux soins
© DR/MdM
Confrontée depuis des décennies au chaos politico-militaire, la République centrafricaine (RCA) vit une crise oubliée et une situation d’urgence humanitaire et médicale chronique. Médecins du Monde s’engage auprès des habitants pour l’accès aux soins.
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Tchad Soudan République centrafricaine
Cameroun
Bangui Boda
m’baïki
République démocratique du Congo
Congo
Nos objectifs Soutenir des structures de santé primaire et secondaire, dans les sous-préfectures de Bangui, Boda et M’Baïki afin de contribuer à la réduction de la morbidité et de la mortalité des personnes affectées par la crise. Nos activités Approvisionnement en médicaments, matériel médical, consommables, tests VIH et prise en charge du paludisme. Formation sur le paludisme. Réhabilitation d’infrastructures sanitaires. Financement d’un poste de conseillère en planification familiale et d’un poste de sage-femme.
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n décembre 2012 débutait un conflit armé entre le pouvoir central centrafricain et la Séléka, la coalition des forces rebelles. Le 24 mars 2013, Michel Djotodia, leader de la Séléka, s’autoproclame président à la suite d’un coup d’État et prend la tête d’un Conseil national de transition. Partout sur le territoire, les tensions
Les violences deviennent confessionnelles, l’ONU redoute un génocide.
s’exacerbent entre les massacres perpétrés par la Séléka sur la population et les milices d’autodéfense à l’origine d’expéditions punitives. Dans ce contexte, les structures de santé, déjà affaiblies par l’instabilité politique et les violences des années précédentes, se sont considérablement détériorées. « La crise a entraîné le départ de plus de 30 % des médecins centrafricains diplômés exerçant dans leur pays, explique la responsable du programme. De 163, le nombre de médecins est passé à 102 pour tout le pays. »
400 000 déplacés internes et 60 000 réfugiés L’approvisionnement en médicaments et matériel médical est interrompu ; les bâtiments publics, dont les hôpitaux et les centres de santé, ont été saccagés et pillés ; les exactions
envers la population civile, notamment envers les femmes, sont légions. Face à cette situation, les populations ont fui. Le HautCommissariat pour les réfugiés estime le nombre de déplacés internes à plus de 400 000 et celui des réfugiés dans les pays frontaliers à 60 000. La situation s’améliore aujourd’hui légèrement sur Bangui en raison du début de désarmement de la Séléka, officiellement « dissoute » à la mi-septembre, mais la situation reste fragile et imprévisible. L’insécurité généralisée constitue un frein à la présence humanitaire sur le territoire.
établir des partenariats
Médecins du Monde (MdM) contribue à la réduction de la mortalité des personnes affectées par la crise, à Bangui et dans sa périphérie, et à l’amélioration de l’accès à des soins de santé primaires et secondaires
de qualité. Depuis le mois d’août 2013, MdM approvisionne en médicaments essentiels, équipement médical et consommables trois structures sanitaires de la Coordination nationale catholique de santé (Conasan) et la clinique de l’Association centrafricaine du bien-être familial (Acabef). Au sein de ces structures, MdM a relancé les activités du programme élargi de vaccination national et fournit des tests VIH afin que le dépistage volontaire, anonyme et gratuit puisse reprendre. En collaboration avec la Direction régionale de la santé, MdM a organisé une formation sur la prise en charge du paludisme, à destination du personnel de la Conasan. Enfin, ayant constaté que « seules deux sages-femmes diplômées ont accepté de rester en poste à l’intérieur du pays », l’ONG a décidé de soutenir l’Acabef en prenant en charge un poste de sage-femme et un poste de conseillère en planification familiale. La première phase du projet a été prévue comme un temps de réimplantation en RCA afin de mieux comprendre la situation politique, sécuritaire et sanitaire du pays ; et de commencer à tisser un réseau de partenariats et de collaborations avec les acteurs institutionnels, de la société civile, et également les ONGs et les agences onusiennes présentes. Elle a aussi permis d’évaluer les besoins d’un hôpital en périphérie de Bangui et de deux autres hôpitaux dans la zone sud-ouest du pays (préfecture de la Lobaye) qui seront soutenus lors de la deuxième phase en 2014. n Julie Chansel
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GUATEMALA / Santé sexuelle et reproductive
Droit la sant dans les « fincas »
De part et d’autre des routes guatémaltèques s’étalent à perte de vue plantations de banane, de café ou encore de canne à sucre. Les employées agricoles travaillent dans des conditions difficiles et n’ont que peu d’accès aux soins. Plus d’infos sur le web
Nos actions Consultations médicales dans les exploitations et les entreprises d’exportation. Permanence médicale le dimanche dans les bureaux de MdM à Escuintla. Identification et formation de promotrices de santé parmi les travailleuses pour délivrer des messages en santé, droit du travail et droits humains. Implication des services de santé guatémaltèques
Bélize Mexique
golfe du honduras Guatemala Escuintla
Honduras
tiquisate El Salvador
et des différentes administrations pour les sensibiliser à la situation des travailleuses. Nos résultats 1 297 femmes ont reçu des soins médicaux, et en santé sexuelle et reproductive, 64 promotrices de santé ont été formées, 434 femmes ont participé aux séances de sensibilisation/ information.
L
a fumée a envahi le paysage, masqué le bleu du ciel. Dans la région de Tiquisate, au Guatemala, la récolte a commencé. Lorsque le feu s’éteint, lorsque toutes les feuilles ont brûlé, il ne reste que la canne à sucre, prête à être coupée et envoyée à l’usine. Place aux femmes qui nettoient ensuite le champ, dans la fumée, la poussière, la chaleur, sous un soleil brûlant. Les poumons et la peau souffrent terriblement. à quelques kilomètres, d’autres femmes sont à l’ouvrage. Toute la journée, elles trient, pèsent, mesurent, lavent, coupent, sélectionnent, emballent des milliers de bananes encore vertes, qui seront ensuite exportées aux États-Unis ou en Europe.
Des « fincas » à l’accès difficile
Médecins du Monde est arrivé au Guatemala en 2008 avec l’objectif de faire avancer la situation des femmes travaillant dans ces exploitations agricoles, les fincas. Le programme sensibilise à la santé sexuelle et re p ro d u c t i v e e t p o r t e u n
© Michel Redondo
océan pacifique
et d’hygiène, on nous reproche de vouloir trop », explique Silvia.
Une exception dans la région
Pour quelques jours, Santa Rosita accueille MdM. La finca emploie près de 400 personnes. Logements, école, stade, clinique : de nombreuses infrastructures prévues pour les salariés se trouvent sur le site. « Notre entreprise s’est donné une mission sociale avec les travailleurs », explique Rony Peleaz Lam, resp o n s a b l e d e s re s s o u rc e s humaines. « Le bien-être des salariés est important. »
Les patients sont reçus pour des soins, de la sensibilisation, un suivi de grossesse…
Les promotrices de santé, formées par les équipes de MdM, ont un rôle important de sensibilisation auprès de leurs collègues.
plaidoyer en faveur du respect du droit à la santé. Sur les 41 fincas approchées par MdM, 35 entraient dans le cadre de son projet, puisqu’elles employaient des femmes. Seules six ont accepté de recevoir l’association. Pourtant, les besoins sont criants. Silvia Bonilla est sociologue et travaille au sein de l’équipe. « C’est très difficile d’entrer dans les fincas, avoue-t-elle. Les propriétaires sont membres de grandes familles politiques. » Depuis le début du projet, l’équipe a essuyé de nombreux
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refus. Des annulations de dernière minute communiquées par une personne inconnue de l’association, des raisons invoquées parfois légères, suspectes, le processus est long. « Et frustrant », ajoute Silvia. Mais l’équipe parvient à franchir quelques portes. Elle découvre alors des conditions difficiles : pas de toilettes, une prétendue infirmière qui ne l’est pas, des hommes armés qui écoutent – surveillent – ce que dit l’association. « Quand nous demandons un peu d’espace pour un peu de confidentialité
La patronne est très préoccupée par l’éducation des enfants. Ils sont 80 de 3 à 14 ans à être inscrits à l’école. Bilma est infirmière et depuis cinq ans reçoit quotidiennement en consultation dans cette clinique solidaire. Un médecin vient chaque trimestre. Les patients sont reçus pour des soins, de la sensibilisation, un suivi de grossesse… avant d’être, si besoin, orientés vers l’hôpital. à 28 ans, Yanira travaille à la finca depuis six ans. Elle vient souvent à la clinique, notamment pour son injection contraceptive trimestrielle. Depuis quelque temps, les grossesses non désirées et le VIH ont diminué à Santa Rosita, une grande fierté pour Bilma et Rony. Mais Santa Rosita est loin d’être représentative des exploitations agricoles guatémaltèques. n Louise Tesse
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© Martin Courcier
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Madame C.A., mère de 4 enfants
Cette mesure est salvatrice
Des campagnes de vaccination sont régulièrement effectuées auprès d’enfants de moins de 5 ans.
« Je connais beaucoup de femmes qui, comme moi, ont accouché au centre de santé depuis l’entrée en vigueur de la gratuité. Cette mesure est salvatrice, car elle nous soulage du lourd fardeau du paiement de la prestation. Nous n’avons plus peur d’aller accoucher au centre de santé. Toutes celles qui n’y allaient pas par manque d’argent ont aujourd’hui le réflexe de s’y rendre. Nous n’avons plus recours aux accoucheuses villageoises. »
SAHEL / Soins materno-infantiles
La gratuit fait ses preuves
Au Sahel, le programme visant à améliorer le recours aux soins des femmes enceintes et des enfants de moins de 5 ans, en développant notamment la gratuité des soins, a terminé sa première phase. Bilan et perspectives. 1er bilan très positif
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a ré g i o n d u S a h e l connaît l’un des taux de mortalité maternoinfantile les plus élevés au monde. En cause, les crises nutritionnelles récurrentes, le paludisme endémique, mais aussi l’éloignement des services de santé, le coût des soins et des médicaments et la pénurie du personnel de santé. Face à ce constat, Médecins du Monde a mis en œuvre il y a quatre ans, en étroite collaboration avec les autorités sanitaires et politiques, un projet pilote dans trois districts du Burkina Faso, du Mali et du Niger.
« Le bilan de cette première étape est très positif », souligne Isabelle Bruand, responsable du projet. « Nous avons réhabilité et remis à niveau l’équipement des centres de santé des trois districts ; nous avons renforcé la formation du personnel de santé ; nous avons mis en place des équipes mobiles pour offrir un accès aux soins essentiels aux villages les plus isolés ; nous avons organisé l’évacuation des cas les plus graves ; nous avons fait progresser la détection et la prise en charge de la malnutrition comme du paludisme… Surtout, nous avons prouvé que notre expérimentation de gratuité des soins – encore partielle – auprès des femmes enceintes et des enfants de moins de 5 ans améliorait le recours aux services de santé et
permettait de réduire la mortalité des plus vulnérables. » Les consultations infantiles dans les centres de santé ont ainsi progressé d’environ 50 % dans nos districts d’intervention au Burkina Faso et au Niger, et les taux de consultations prénatales y atteignent également les 100 %.
« Nous avons prouvé que la gratuité des soins permettait de réduire la mortalité des plus vulnérables » Quant à la proportion d’accouchements assistés par du personnel de santé, elle est passée de 51 % à 62 % dans notre zone d’intervention au Burkina Faso et de 18 % à 37 % au Niger. Le bilan reste plus mitigé au Mali : la guerre civile et l’insécurité
dans la région de Mopti ont rendu difficile l’action des équipes et l’accès aux soins des populations locales.
pérenniser le projet
À l’issue de cette première phase du projet, Médecins du Monde recherche de nouveaux financements pour consolider ces avancées et les étendre aux districts voisins, en impliquant cette fois les autorités sanitaires et politiques régionales, et non plus locales. Environ quatre millions d’euros sont nécessaires pour cette seconde phase de quatre ans. « L’enjeu est de taille, insiste Isabelle Bruand. Il s’agit de pérenniser notre projet, en assurant sa reprise effective par les équipes locales et son extension progressive au niveau de toute la région du Sahel. » n Philippe Granjon
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De missions Roms à Bidonvilles
Parmi ses actions, MdM tente de faciliter la scolarisation des enfants.
France / bidonvilles
20 ans d’action : tout reste faire En 1993, Médecins du Monde lançait sa première mission à destination des Roms. Conditions de vie extrêmement précaires, expulsions en hausse : les équipes de terrain tirent la sonnette d’alarme sur une situation qui n’a guère évolué en vingt ans. ront de cap au début des années 2000, la prévention prenant progressivement le pas sur le soin. Plus d’infos sur le web
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l y a vingt ans, le docteur Michèle Mézard faisait ses premiers pas dans un camp rom de Gennevilliers, en banlieue parisienne. « Médecins du Monde avait été sollicité par la Direction départementale des affaires sanitaires et sociales [DDASS] pour assurer la vaccination des enfants et combattre les maladies infectieuses. C’était la première fois que des médecins entraient dans les camps. Tout était à faire. » La première mission Roms de Médecins du Monde était lancée, étendue plus tard à Strasbourg, Marseille, Nantes, Lyon et Bordeaux. Elles se concentreront dans un premier temps sur un objectif primordial : l’action médicale. Puis change-
Un rôle de médiation
Aujourd’hui, la mission Bidonvilles d’Île-de-France concentre ses interventions sur trois communes : Saint-Denis, Aubervilliers et La Courneuve. « Dans cette dernière, nous sommes obligés, faute d’engagement de la part de la ville, de poursuivre les consultations dans les bidonvilles. Aubervilliers et Saint-Denis ont ouvert des portes pour prendre en charge médicalement et administrativement les migrants. Nos actions se concentrent donc sur la médiation, afin de renforcer les passerelles entre les structures de droit commun et les populations », résume Livia Otal, coordinatrice de la mission. Ici comme ailleurs en France, les équipes déplorent, depuis quelques mois,
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les difficultés accrues à accompagner les familles, confrontées à des expulsions de plus en plus fréquentes. D’après la Ligue des droits de l’homme et European Roma Right Center, plus de 10 000 migrants roms, sur les 20 000 qui vivraient aujourd’hui en France, ont ainsi été expulsés lors des deux premiers trimestres 2013 : un nombre jamais atteint depuis 2010.
Une circulaire bancale
Un constat d’autant plus amer qu’en août 2012 six ministres s’engageaient, via une circulaire, à encadrer les expulsions et à favoriser la prise en charge des familles. Mais depuis, rien n’a changé. « La circulaire, qui prévoit de mener un diagnostic social pour chaque famille menacée d’expulsion, est loin d’être appliquée partout, pointe le docteur Laurent Seban, de la
MdM a récemment décidé de renommer ses « missions Roms » en « missions squats-bidonvilles ». Pourquoi cette évolution terminologique ? « Il y a vingt ans, il fallait mettre en avant les conditions de vie de populations dont on ne connaissait rien. Mais aujourd’hui, la curiosité a laissé place à la stigmatisation », analyse Martin Duteurtre, coresponsable de la mission en Île-de-France. Le terme de « Roms » a aussi trop tendance à gommer la diversité de communautés qui regroupent des Roumains, mais aussi des Serbes, des Bulgares… Enfin, en insistant sur le terme « squats-bidonvilles », MdM cherche à attirer l’attention sur la précarité de l’habitat dans les camps, premier frein à une amélioration sanitaire.
mission bordelaise. Et quand elle l’est, les critères utilisés par les autorités pour décider si une famille peut intégrer ou non un parcours d’intégration se révèlent totalement opaques. » Et le médecin d’évoquer la situation d’Aleksandar et Lyubka. Ce couple bulgare est parvenu à maintenir la scolarisation de ses deux enfants, à apprendre le français, à suivre le traitement prescrit pour l’amblyopie dont souffre l’aînée, à lancer les soins pour traiter le cancer du palais de Lyubka. Pourtant, elle n’a pas été retenue parmi les familles qui auront accès à un accompagnement. « On peut aujourd’hui parler de plusieurs générations sacrifiées, conclut Livia Otal. Avec des enfants qui ne vont toujours pas à l’école, des pathologies qui s’installent, et des errances entraînant toujours plus de précarité. » n Anne-Claire Gras
éTHIOPIE CAMPAGNE Ouverture Le droit à décider d’un programme
© Lâm duc Hiên
En République démocratique du Congo, les violences envers les femmes sont quotidiennes, inhumaines et semblent oubliées par la communauté internationale. Depuis plus de dix ans, Médecins du Monde est aux côtés des filles des rues à Kinshasa pour leur apporter un soutien médico-psychosocial. Et aux côtés des femmes du Nord-Kivu, victimes de violences liées au genre, avec un programme de santé mentale communautaire. n
rence du « Caire + 20 »* qui se t i e n d r a à l ’ ONU e n s e p tembre 2014, l’association entend porter son message à l’attention de la communauté internationale et rappellera l’importance d’un engagement clair sur la question des droits sexuels et reproductifs. Jusqu’à la conférence, 2014 sera ponctuée de temps forts réaffirmant l’engagement de MdM en faveur du droit des femmes à décider, à travers une communication à la fois digitale et physique, mais aussi via de l’affichage à grande échelle. n
à l’avortement sûr et légal * En 1994, la conférence internationale du Caire sur la population et le dans le monde, deux leviers développement (CIPD) a constitué un indispensables à la santé et tournant décisif dans la reconnaissance l’émancipation des femmes. des droits en matière de santé sexuelle Dans la perspective de la confé- et reproductive.
OPéRATION SOURIRE Mission au Pakistan
Liberia Passation des activités
Après six ans d’interruption, MdM a repris son programme Opération Sourire à Isla mabad au Pakistan du 2 au 14 septembre. L’équipe médicale s’est consacrée à la prise en charge des femmes victimes de brûlures par acide, crime d’honneur, commis le plus souvent par le mari ou la belle-famille, qui tend à mutiler une femme ou une fille en raison d’un comportement « considéré comme inad é q u a t » p a r r a p p o r t a u x normes de la société au sein de laquelle elle vit. L’équipe a opéré les graves mutilations de 17 patientes au Family Health Hospital Rahuma. Une autre mission est envisagée pour le début de l’année 2014. n
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RDC Une situation oubliée
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En ce début d’année, Médecins du Monde lance une campagne internationale axée sur la question de l’accès à la contraception et
© Isabelle Eshraghi
La mutilation génitale féminine est une pratique traditionnelle dans la région Afar, dans le nord-est de l’éthiopie. Mais elle cause des problèmes de santé très importants pour les femmes (infections, accouchements très difficiles, décès). Médecins du Monde, en partenariat avec l’association afar Acisda, ouvre un programme visant à obtenir l’abandon des mutilations. Des agents de santé communautaires et des instituteurs seront formés à la sensibilisation. Les équipes des centres de santé seront formées pour prendre en charge les mutilations et réduire les risques. Et avec l’appui des chefs de clan et des chefs religieux, les conséquences des mutilations seront abordées lors des dialogues communautaires pour aboutir à des déclarations collectives d’abandon de cette pratique. n
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EN BREF…
Après huit ans de présence dans le comté du Bong, Médecins du Monde a transféré ses activités au ministère de la Santé en août dernier. Une quinzaine de centres de santé apportant des soins de santé primaires, santé mentale, santé sexuelle et reproductive,
vont ainsi continuer à fonctionner. Ne souhaitant pas quitter le Liberia, MdM a réalisé une mission exploratoire à Monrovia sur la situation de groupes marginaux composés, entre autres, d’anciens enfants soldats non réinsérés ayant des problèmes d’accès aux soins. n
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RENDEZ-VOUS / LA VIE DE L’ASSOCIATION…
legs, assurances vie
Les legs et les assurances vie représentent une importante ressource financière pour Médecins du Monde, ils assurent la pérennité de ses missions en France et dans le monde.
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n 2013, 5 millions d’euros ont été légués en faveur de l’accès aux soins par de généreux bienfaiteurs. La Toussaint 2013 a été une nouvelle fois l’occasion de rendre hommage à ces femmes et ces hommes qui nous ont quittés et ont gratifié Médecins du Monde d’un legs, ou d’un contrat d’assurance-vie. L’association leur a rendu hommage dans la presse régionale et nationale (Le Monde, le Figaro, Ouest France…), et sur son Mur du souvenir : murdusouvenir.medecinsdumonde.org.
à cette occasion, le grand public a été sensibilisé à cette façon de soutenir l’ONG grâce à une campagne d’annonces presse et à un message radio sur France Inter et Radio Classique. Parce qu’il est parfois difficile d’en parler, le service legs de Médecins du Monde est à la disposition de toute personne qui souhaiterait avoir plus d’informations et de précisions. Vous pouvez aussi vous adresser à votre notaire, n’hésitez pas à lui en parler. n
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Le legs ? Parlons-en !
Service legs de Médecins du Monde, Johann Hoguin : 01 44 92 14 36 ou legs@medecinsdumonde.net
Partenariat
Soutien pour la mission Parrainage
© Nicolas Moulard
s Médecin de, du Mon ins médec monde. le de tout Chaque année, Médecins du Monde soigne et accompagne près de 2 millions de personnes dans le monde, dont 50 000 en France.
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MÉDECINS DU MONDE - LE JOURNAL DESTINÉ AUX DONATEURS
chez eux et ils n’ont pas la chance d’être accompagnés de leurs parents. Parce que la maladie isole les enfants et parce qu’elle a des répercussions sur leur quotidien, la Fondation a souhaité apporter son soutien à MdM en 2013 pour le recrutement et la formation des bénévoles de la mission. Grâce à cette présence rassurante et familière, qui leur apporte du réconfort et une ouverture sur le monde extérieur, les enfants trouvent une énergie supplémentaire pour se battre contre la maladie. n © Stéphanie Rivoal
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nformer et créer du lien entre les individus, tel est le fil conducteur des initiatives de la Fondation Bouygues Telecom, qui soutient notamment des projets visant à aider les personnes en difficulté médicale ou sociale. Depuis 1988, MdM a mis en place une mission Parrainage des enfants hospitalisés (lire p. 2 à 4). Ces enfants, souvent issus de milieux défavorisés, viennent de France et du monde entier. Ils sont hospitalisés en région parisienne pour des pathologies qui ne peuvent pas être traitées près de
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RENCONTRE Comité des donateurs / erratum Dans l’article du comité des donateurs du précédent numéro où nous lancions un appel à rejoindre ce comité, une erreur d’adresse mail a été faite. Merci aux candidat(e)s d’écrire à contact@comitedonateursmdm.org
question de donateurs Que change le prélèvement Sepa pour moi ? L’harmonisation des moyens de paiement en Europe se poursuit. Le soutien par prélèvement automatique, adopté par une majorité de nos donateurs, évolue donc dans ce cadre. Pour vous, chers donateurs, peu de changement, vos dons seront
ef fe c tué s comme ava nt et demeurent essentiels dans la poursuite de nos actions en France et à l’international. Il y a néanmoins quelques informations qu’il peut être utile de connaître. L’autorisation de prélèvement automatique prendra le nom de mandat (à ne pas confondre avec l’envoi d’argent), il aura une référence unique de mandat (RUM) qui vous sera communiquée prochainement. Vous pourrez, à l’avenir, souscrire à ce mandat avec une signature électronique, sans échange de courrier. Un numéro d’émetteur (ICS) identifie le créancier, pour Médecins du Monde c’est le FR40ZZZ301833, que vous trouverez probablement sur votre relevé bancaire.
Revue Humanitaire
En 1986, Médecins du Monde lançait la Mission France, dans l’espoir que ce dispositif serait temporaire. Plus d’un quart de siècle après, la Mission France est toujours là, implantée dans les centres des grandes villes françaises, à leur périphérie et, depuis peu, dans les campagnes auvergnates. « L’extension du domaine de la lutte » justifiet‑elle que les ONG médicales humanitaires interviennent de manière plus forte et directe dans nos banlieues ? C’était la question centrale du débat « Santé, précarité, banlieues » qui s’est tenu le 9 octobre dernier au siège de Médecins du Monde et dont on peut retrouver, à côté de diverses contributions, l’essentiel dans le nouveau numéro de la revue Humanitaire. Si l’objet de ce débat était de réaffirmer le lien santé-précarité, il s’agissait également d’interroger la
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Banlieues : pour que cesse la relégation
pertinence même de la démarche des ONG humanitaires d’aller dans les banlieues et de déterminer ce que pourrait être leur champ d’action en synergie avec les autres acteurs. Revue Humanitaire, « Les humanitaires au défi des marges de nos villes », n° 36, octobre 2013 Informations : boris.martin@ medecinsdumonde.net et http://humanitaire.revues.org
Houssam Al Mustafa Soigner en Syrie, un devoir à 26 ans, Houssam Al Mustafa est médecin diplômé de l’université d’Alep. Pendant près d’un an, il s’est engagé auprès de Médecins du Monde en tant que médecin superviseur. Depuis, il a dû quitter son pays et vit en Allemagne pour des raisons de sécurité.
Plus d’infos sur le web
Quelle a été votre expérience sur le terrain ? H.M. : J’étais médecin référant dans les dispensaires de la périphérie d’Alep. Je supervisais les soins de santé primaires, l’acheminement des médicaments, le travail du personnel. Une mission difficile car les dispensaires étaient parfois pris pour cible lors des échanges de tirs. Quelle est la situation sanitaire en Syrie ? H.M. : On dénombre près de 8 millions de Syriens déplacés ou réfugiés. Les personnes les plus touchées par cette guerre sont les femmes et les enfants. Les cas de paraplégie, tétraplégie ou d’amputation se comptent par centaines. Notre rôle de médecin est aussi d’apporter une écoute
et un soutien psychologique. Nous devons également soigner les patients qui souffrent de maladies chroniques comme le diabète, le cancer, les maladies auto-immunes ou les insuffisances rénales. Il y a un manque cruel de médicaments. Nous voyons aussi se développer des maladies infectieuses. Comment MdM renforce son action face à la recrudescence de violence ? H.M. : MdM peut réagir vite et distribuer des kits médicaux d’urgence. Depuis l’attaque chimique du 21 août, le conflit a pris un autre tournant. Le seul antidote reste l’atropine. Cela permet de traiter les symptômes neurotoxiques comme les convulsions. Il faut faire l’injection par voie intraveineuse rapidement après l’exposition au gaz sarin. Actuellement, il y a une pénurie d’atropine et de masques. Sur le terrain, les équipes de MdM restent toujours mobilisées. n Propos recueillis par Lucie Boisard
N° 113 | Décembre 2013/Janvier/Février 2014
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urgence philippines
Des milliers de morts et de personnes déplacées, 9 millions et demi de sinistrés, le typhon Haiyan a tout dévasté sur son passage. Pour rétablir l’accès aux soins pour les populations, votre aide est essentielle. Merci de votre soutien.
Aidez-les, aidez-nous, faites un don www.medecinsdumonde.org Médecins du Monde - Journal trimestriel publié par Médecins du Monde France - 62 rue Marcadet, 75018 Paris – Tél. : 01 44 92 15 15 – Fax : 01 44 92 99 99 – www.medecinsdumonde.org – Service donateurs : le 0800 014 014 (N° gratuit) – Directeur de la publication France : Dr Thierry Brigaud - Rédactrice en chef : Nolwenn Roussier – Maquettistes : Claire Béjat, Aurore Voet – Comité éditorial : Isabelle Bioh-Johnson, Benoit Duchier, Luc Evrard, Alexandre Jalbert – Rédaction : Lucie Boisard, Julie Chansel, Aurélie Defretin, Sophie Génin, Philippe Granjon, Anne-Claire Gras, Johann Hoguin, Boris Martin, Justine Roche, Louise Tesse – Ont collaboré à ce numéro : le Comité des Donateurs, la direction des missions France, les desks urgence, Afrique, Amérique latine, Asie, Europe de l’Est, Moyen-Orient, la direction des Missions France – Secrétariat de rédaction : Thérèse Benoit – Crédits photos de couverture : Virginie de Galzain – Création maquette : Créapress BBDO – Tél. : 01 41 23 40 40 – Copyright : toute reproduction doit faire l’objet d’une demande écrite préalable. Ce numéro est tiré à 329 977 exemplaires et envoyé aux donateurs de Médecins du Monde, GC (Grande Cause) Commission paritaire N° 1008H84740 – Un dépliant d’information sur les legs est joint à ce numéro – Impression SEGO - 46 rue Constantin-Pecqueur – 95157 Taverny – imprimé sur papier 100 % recyclé.