Journal des Donateurs No 134 - Médecins du Monde

MÉDECINS E D N O M U De magazine des donateurs L

Focus /

Colombie, l'illusoire apaisement En images / Bordeaux, des vies à la marge En bref / Amérique centrale, sur les voies de la migration

SOIGNE AUSSI L'INJUSTICE

N° 134 PRINTEMPS 2019 TRIMESTRIEL 0,60 € — 1FS

RENCONTRE

MADAGASCAR

Dr. Zo

Coordinateur médical Le docteur Andriamahenina Hery Zo est coordinateur médical pour Médecins du Monde à Madagascar. Depuis plus de dix ans, il participe à l’évolution de la qualité des services sanitaires publiques du pays.

POURQUOI J’Y SUIS ? « J’ai toujours su que je voulais soigner, être au plus proche des personnes vulnérables. Fraîchement diplômé en médecine et en santé publique à Antananarivo, j’ai commencé à travailler pour des organisations humanitaires, notamment Médecins sans frontières. Puis, j’ai intégré Médecins du Monde en 2008. J’ai pu accompagner les différents programmes phares de l’association. Des programmes dans les établissements pénitentiaires, mais aussi de réduction des risques en cas de catastrophes naturelles, de santé materno-infantile et d’urgence post-cyclonique. »

CE QUE JE RESSENS « Je constate tous les jours sur le terrain le manque d’information sur la maladie et ses conséquences.

Outre les populations clés, je m’inquiète également de l’augmentation du nombre de jeunes touchés par le VIH. À Madagascar, les rapports sexuels, notamment entre personnes de même sexe, sont tabou. Il y a un vrai blocage culturel et donc un manque de connaissance sur les rapports à risques.

C’est un enjeu sanitaire crucial qui s’ajoute à d’autres épidémies mortelles qui sévissent dans le pays, comme la peste ou plus récemment la rougeole. »

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« Il y a un vrai blocage culturel et un manque de connaissance sur les rapports à risques. » Dr. Zo, coordinateur médical

© Fanny Mantaux

CE QUE JE FAIS « J’offre un appui technique et médical sur les différents programmes de Médecins du Monde à Madagascar. Notamment sur le programme d’accès au dépistage et aux soins en matière de VIH. Parce que la société malgache ne perçoit pas la maladie, elle pense qu’elle n’existe pas et ne se sent donc pas concernée. La stigmatisation de certaines personnes renforce l’épidémie. Un tiers d’entre elles n’a jamais été dépistée. Début 2018, en lien avec des associations locales, Médecins du Monde a mis en place un observatoire du VIH pour ces populations à risques dans cinq villes du pays, afin d’identifier les barrières d’accès au dépistage et aux soins et d’avoir des chiffres précis et fiables sur l’épidémie. »

OPINIONS

PRINTEMPS 2019

, Editorial

Solidaires

Cette année j’ai décidé de participer au rassemblement organisé à SaintMaur-des-Fossés pour dénoncer la situations des sans abri. Je n’arrive pas à croire que dans ma ville, des logements soient vides depuis dix ans et qu’on ne les propose pas aux personnes à la rue.

Les élections européennes sont un rendez-vous politique de grande importance. Celles qui se tiendront en mai prochain représentent un enjeu humanitaire majeur.

Mireille, Saint-Maur-des-Fossés

Fort de son engagement et de ses valeurs de solidarité, Médecins du Monde doit résister à la tentation d’une Europe ultra libérale, nationaliste, refermée et xénophobe, qui instrumentalise la peur et simplifie les enjeux. Une Europe qui porte atteinte à la dignité et aux droits fondamentaux des personnes et qui creuse indécemment les inégalités.

Notre association doit soutenir et accompagner une Union européenne qui accueille, partage, héberge ou soigne celles et ceux qui y vivent, sans distinction de statut.

Nous devons réaffirmer, à cette occasion, notre plaidoyer en faveur de la couverture santé universelle, de la libre circulation des personnes, de la justice sociale. Pour un espace européen solidaire et bienveillant.

Admiratifs J'ai découvert le Docteur Mukwege lorsqu’il a reçu le prix Nobel de la paix. Ce gynécologue congolais qui « répare les femmes » s’est battu toute sa vie contre le viol et pour soigner les victimes de violences. Je trouve cela vraiment admirable.

Stéphane, Nancy

Étonnés

J’ai vu le documentaire Ushuaïa sur les femmes qui recyclent les déchets au Népal. Je ne savais pas que des personnes pouvaient travailler dans des conditions si difficiles et dangereuses. Encore une conséquence de nos sociétés de consommation.

Véra, Paris

Dr Philippe de Botton Président de Médecins du Monde

Vous aussi, réagissez ! magazine@medecinsdumonde.net

Au sommaire du N° 134 / Printemps 2019

Colombie P. 6

Bordeaux P. 8

Côte d'Ivoire

Qui fait le journal ?

Médecins du Monde — Journal trimestriel publié par Médecins du Monde France — 62, rue Marcadet, 75018 Paris – Tél. : 01 44 92 15 15 – Fax : 01 44 92 99 99 – www.medecinsdumonde.org – Service donateurs : 0800 014 014 (N° gratuit) – Directeur de la publication France : Dr Philippe de Botton – Rédacteur en chef : Thomas Flamerion – Maquettiste : Justine Roche – Comité éditorial : : Thomas Flamerion, Jean-Baptiste Matray, Amélie Churlet, Bertrand Brequeville, Violaine Gagnet, Elise Joisel – Rédaction : : Stéphanie Derozier, Thomas Flamerion, Fanny Mantaux, Justine Roche – Ont collaboré à ce numéro : le comité des donateurs, les desks urgence, Afrique, Amérique latine, Asie, Europe de l'Est, Moyen-Orient, la direction des opérations France – Secrétariat de rédaction : Pauline De Smet – Crédit photo de couverture : Quentin Top – Création maquette : Citizen-Press – www.citizen-press.fr – Tél. : 01 77 45 86 86 – Copyright : toute reproduction doit faire l'objet d'une demande écrite préalable. Ce numéro est tiré à 300 000 exemplaires et envoyé aux donateurs de Médecins du Monde, GC (Grande Cause) — Un questionnaire est joint à ce numéro – ISSN 2429-2370 – Commission paritaire N° 1023H84740 — Fabrication : Koryo – 43, rue Pierre Valette, 92240 Malakoff

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Médecins du Monde N° 134 — 3

PANORAMA

L’image

EN BREF

France / À l’occasion de la Journée mondiale contre le cancer, le 1er février et du 60e anniversaire des brevets pharmaceutiques en France, Médecins du Monde s'est mobilisé en faveur de l’accès aux médicaments anticancéreux pour tous. Car les brevets, par les monopoles qu’ils accordent, permettent aux firmes d’exiger des prix exorbitants. Médecins du Monde propose la prescription d'un nouveau médicament : le Brevetix®, indiqué contre les abus de brevets pharmaceutiques et pour le respect du droit à la santé.

Burkina Faso / Lutter contre le cancer du col de l’utérus Si un protocole de prise en charge du cancer du col de l’utérus existe bien au Burkina Faso, dans les faits les centres de santé manquent de moyens matériels pour l’appliquer. Afin de favoriser la prévention et le traitement de cette pathologie, Médecins du Monde met en place un programme innovant dans le district sanitaire de Baskuy, au cœur de Ouagadougou. Il s’agit notamment de proposer aux femmes l’auto-prélèvement, avec le souci de simplifier la démarche de dépistage. Le projet repose également sur le recours à une technique fiable – la recherche de l’ADN du papillomavirus – qui permet une détection rapide. En cas de lésions avérées chez une patiente, une nouvelle thérapie, moins incommodante que les traitements actuels, sera proposée.

Neuf structures de santé de la capitale burkinabée bénéficieront à terme du programme de Médecins du Monde. Des équipements de laboratoire pour les analyses seront fournis et des formations spécifiques seront dispensées au personnel de santé. Des études menées en parallèle avec le centre Population et développement de Paris permettront ensuite d’évaluer la pertinence du modèle.

Avant d’envisager, peut-être, sa diffusion à l’échelle nationale.

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France / Innovation santé à Marseille En janvier 2019, Médecins du Monde et l’Union régionale des médecins libéraux de PACA ont lancé à Marseille un dispositif innovant. La permanence d’accès aux soins de santé (PASS) de ville permet aux personnes qui n’ont pas de couverture maladie d’être soignées par des médecins de ville et de bénéficier d’un parcours de soins complet (pharmacie, laboratoire, radiologie) sans en avancer les frais.

La PASS de ville de Marseille repose sur une convention entre Médecins du Monde et l’Assurance maladie garantissant aux patients pris en charge l’obtention d’une couverture maladie sous quinze jours. Les professionnels impliqués sont alors remboursés dans le cadre du tiers payant. Si la couverture maladie ne peut être obtenue, les honoraires sont financés grâce à l’enveloppe financière PASS prévue par les textes officiels pour les patients non éligibles à une couverture maladie. Une solution pour lutter efficacement contre le renoncement aux soins, qui touche particulièrement les plus démunis.

Amérique centrale / Sur les voies de la migration

© Reuters

Les caravanes de migrants qui tentent de fuir la violence politique, la crise économique ou des systèmes de santé défaillants en Amérique centrale se multiplient. Refoulés à la frontière américaine, rapatriés ou sommairement installés dans des camps de fortune, ils continuent pourtant à prendre la route par milliers depuis le Honduras, le Salvador, le Venezuela. Des hommes, des femmes, des enfants qui manquent d’eau, de nourriture, de soins. Les affections et les blessures causées par le voyage – l’épuisement, la déshydratation, les coups de soleil – s’ajoutent à d’autres problèmes de santé et à des troubles psychologiques liés à l'anxiété, au manque de sommeil. Au Mexique, dernière étape de leur périple avant l’eldorado américain qui s’obstine à leur fermer ses portes, le système de santé est au bord de la crise. Dans le Chiapas, dans le sud du pays, le personnel médical débordé s’est mis en grève pendant deux mois fin 2018.

© Justine Roche

Le saviez-vous ?

1,3 million de personnes, parmi les réfugiés rohingya et la population hôte, ont besoin d’assistance médicale au Bangladesh.

Médecins du Monde, qui intervient dans cette région du Mexique mais également sur la route qu’empruntent les migrants à travers le Honduras, le Salvador et le Guatemala, répond aux besoins de ces personnes extrêmement vulnérables. Une clinique médicale mobile est chargée de fournir des soins de santé primaires dans des abris formels et informels. Nos équipes y proposent également des séances de sensibilisation à la santé et à l’hygiène.

Médecins du Monde fournit par ailleurs du matériel de soins aux institutions sanitaires et participe à l’observation des zones de passage aux frontières, afin d’identifier les besoins des migrants et dénoncer les violations des droits de l’homme.

Source : H aut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés, 2019.

Géorgie / Conférence sur la réduction des risques Depuis 2011, dans le cadre de son programme de réduction des risques en Géorgie, Médecins du Monde a mis en place un modèle de prise en charge de l’hépatite C chez les usagers de drogues. D’abord à Tbilissi puis dans d’autres régions du pays.

Fin mars 2019, l’association organise dans la capitale géorgienne une conférence nationale sur la réduction des risques, conjointement avec une fondation partenaire. L’objectif est de garantir aux usagers de drogues un accès durable aux services essentiels, alors même que des politiques répressives les privent de leurs droits. La conférence s'adresse au gouvernement, aux décideurs, aux chercheurs, aux praticiens et aux communautés concernées. Elle plaide pour la mise en œuvre d’un financement public durable pour la réduction des risques et contre la stigmatisation et la criminalisation d’une population particulièrement vulnérable. © Olivier Papegnies

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FOCUS

COLOMBIE

L’essentiel LA SITUATION

VALLE DE CAUCA

COLOMBIE META

NARIÑO

GUAVIARE

Médecins du Monde mène sur la côte pacifique et dans le centre de la Colombie des programmes de lutte contre les conséquences des violences liées au conflit armé, au genre et à la migration.

ENJEUX

• • •

méliorer la prévention des A violences liées au genre et la prise en charge des victimes. outenir et protéger les S populations affectées par la violence des incidents post accords de paix. rendre soin des populations P migrantes, particulièrement exposées à la violence.

NOS ACTIONS

• • •

ormations des acteurs de F santé et de groupes communautaires aux soins et à l’orientation légale des victimes. Évaluation et réponse rapide aux besoins en protection, sécurité alimentaire, eau, hygiène et santé.

Actions mobiles de soins et d’accompagnement des migrants vénézuéliens.

NOS MOYENS L’équipe de Médecins du Monde en Colombie est composée d’une trentaine de personnes (médecins, psychologues, infirmiers, pharmaciens, logisticiens, administrateurs, coordinateurs, etc.).

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COLOMBIE /

L'illusoire apaisement Guérilla toujours active, narcotrafic, corruption… La Colombie n’en a pas fini avec la violence. Depuis 2018, Médecins du Monde agit pour que les femmes, qui continuent de payer un lourd tribut, bénéficient du soutien et des soins auxquels elles ont droit.

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ans les eaux du río Unilla, qui bordent Calamar, commune du département de Guaviare, une poignée d’adolescents cherchent la fraîcheur. Il fait 35°C en ce début d’année. La vie semble s’écouler paisiblement.

C’est à peine si l’on remarque, parmi la végétation, les sacs de sable qui bordent la base de police à l’entrée de la ville. Pourtant, le pont qui enjambe la rivière et jette son ombre protectrice sur le jeu des enfants a été le théâtre d’affrontements sanglants entre le gouvernement de Bogota et les Forces armées révolutionnaires de Colombie, les FARC. Surnommé puente Balín – pont des balles – par la population, il porte l’empreinte d’un conflit interne qui pendant soixante ans a ravagé le pays et continue, malgré l’accord de paix signé en 2016, d’alimenter souffrance et terreur.

qués. » L’association a d’ailleurs fourni des kits de traitements d’urgence pour les maladies sexuellement transmissibles, notamment des antirétroviraux contre le VIH. « Nous avons également appris comment faire le lien avec les autorités, la police, la justice, pour que les cas Sur la façade de l’hôpital de Calamar, un autre soient mieux identifiés et pris en compte, pournom vient rappeler les drames qui émaillent suit-elle. Aujourd’hui les femmes osent venir vers l’histoire de la région. María Cristina Cobo nous. Nous recevons principalement des enfants Mahecha y était infirmière. Le 19 avril 2004, des qui ont été abusés dans le cercle familial. Ce sont paramilitaires l’ont enlevée, torturée, violée et des cas complexes parce qu’il est très difficile pour assassinée. Rebaptisé en sa mémoire, l’établis- les familles de l’admettre. » sement accueille les équipes de Médecins du Monde basées plus au nord, à San José del DES VIES DE VIOLENCE Guaviare, le chef-lieu du département. Parmi elles Martha Toloza Diaz, médecin du pro- Durant des décennies de conflit civil, la violence gramme de réponse aux violences liées au genre. sexuelle est utilisée pour effrayer, dominer, se « Il existe un protocole national de prise en charge venger. Elle devient monnaie courante. Le viol des victimes, explique-t-elle, mais dans les ré- ou la menace de viol permettent de s’assurer gions reculées, le personnel de santé et les insti- que les victimes dénonceront leurs voisins suptutions n’y sont pas sensibilisées et ne l’appliquent posément ralliés au camp adverse. La protection pas. » Or l’accueil et les premiers soins, qu’ils par un groupe armé est obligatoire, accordée soient psychologiques ou médicaux, doivent contre des services sexuels ou l’injonction de être adaptés à une problématique extrêmement se prostituer. Nicolas Dotta, coordinateur gésensible. La mise en confiance est cruciale. néral de Médecins du Monde en Colombie, souligne qu’entre 60 et 70 % des femmes vivant Ce que confirme Carmen, une infirmière de dans les zones rurales du pays ont souffert de l’hôpital qui a suivi les formations de Médecins violences liées au genre. « Ces comportements du Monde. « Depuis que nous avons été formés, étaient si répandus que de nombreuses femmes nous savons comment parler aux victimes qui se ne réalisaient pas ce qui leur arrivait et rares sont présentent, quels examens doivent être prati- celles qui ont osé témoigner. »

Te, moignage

© Quentin Top

Álvaro Ramos Elejalde, Coordinateur de terrain

Le traumatisme, passé sous silence, rejailli parfois des années plus tard. Diana, 50 ans, est de ces femmes qui toute leur vie ont connu la violence. Celle du déplacement – la Colombie compte 7,4 millions de déplacés internes selon l’ONU – depuis le département de Valle del Cauca, sur la côte pacifique, pour fuir les menaces de mort et épargner à son fils le recrutement forcé par les FARC. Celle de l’indigence et de l’exploitation aussi : « Je n’avais pas d’argent, rien à manger. J’ai suivi des femmes qui partaient ramasser la coca dans le Guaviare. On leur avait promis ce travail. Mais quand nous sommes arrivées rien ne nous attendait. Pendant deux mois j’ai dû me prostituer pour survivre. C’était très dur, mais je n’avais pas le choix. » En couple, Diana connaîtra encore la violence domestique.

Jusqu’à ce jour où, à la faveur d’un point d’information public, elle entend parler d’agressions sexuelles. Ressurgit alors le souvenir du viol qu’elle a subi vingt ans plus tôt. Soutenue, accompagnée, Diana décide de porter plainte et témoigne aujourd’hui de son expérience lors des séances de sensibilisation organisées par Médecins du Monde.

conseiller sur les démarches à entreprendre », précise Nicolas Dotta. C’est ainsi qu’un groupe de migrantes vénézuéliennes exploitées sexuellement dans un bar de Calamar a été signalé. Médecins du Monde est alors intervenu. « On ne leur donnait même pas de quoi se protéger, au mieux un seul préservatif par jour », s’insurge Sandra Martinez, infirmière de Médecins du Monde depuis dix ans.

Certaines de ces femmes, tombées enceintes, ont été suivies par l’association et réinstallées à Bogota.

Fuyant la crise politique et économique, près de deux millions de Vénézuéliens ont gagné la Colombie. Comme Yimny, 35 ans, ils ont laissé derrière eux leurs familles dans l’espoir de les soutenir financièrement. « Mes sept enfants sont restés avec ma mère qui n’a pas de quoi les nourrir. Ici on nous paie une misère. 10 000 pesos (moins de 3€) la journée pour quinze heures de travail. Alors je n’arrive pas à leur envoyer de l’argent. »

« Avec les organisations Alianza por la Solidaridad, Plan international et Action contre la faim, Médecins du Monde a développé un programme de réponse rapide aux violences liées au conflit armé.

Nous intervenons notamment en cas de déplacement ou de confinement, de recrutement forcé, de violence sexuelle, de menaces et d’assassinats. Après un diagnostic, différentes actions de protection, de nutrition et de soins sont menées par des équipes mobiles ou dans les locaux des membres de l’alliance. Ainsi, une femme menacée par les paramilitaires a récemment été évacuée avec toute sa famille vers Villavicencio, dans le département de Meta. Une intervention est également prévue près de San José del Guaviare pour prévenir le déplacement d’ex-FARC démobilisés accusés de trahison par la dissidence. »

Durant des décennies de conflit civil, la violence sexuelle est utilisée pour effrayer, dominer, se venger.

Alors que crimes et déplacements se multiplient de nouveau depuis 2018, les exilés vénézuéliens, particulièrement vulnérables, grossissent les rangs des victimes de la violence en Colombie. Médecins Car outre les structures de santé, des organisa- du Monde œuvre à améliorer leur prise en charge tions communautaires locales bénéficient éga- et leur protection. Pour que la parole se libère et lement de ces formations. « L’objectif est de créer que la douleur soit entendue. un réseau de personnes de référence capables d’identifier les victimes, de les écouter et de les Thomas Flamerion Médecins du Monde N° 134 — 7

FOCUS

EN IMAGES

ller un Médecins du Monde a fait instae la robinet sur la bouche d’incendi nville, plus proche, à 200 m du bido mais le tuyau qui alimente le coupé. t campement est régulièremen

e dès Les adultes travaillent à la vign n est qu’ils le peuvent. Lorsque la saiso ndent de terminée, ils récupèrent et reve la ferraille.

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Situé dans un domaine à l'abandon, en contrebas de la rocade qui dessert Bordeaux, le bidonville est exposé au bruit et à la pollution nuit et jour.

du Avant l’intervention de Médecinspas Monde, les personnes n’avaient pas e, rativ de domiciliation administ de sécurité sociale. Malgré les difficultés, la situation évolue.

ation et une Un important travail de sensibilis été menés avec la campagne de vaccination ont tile (PMI).

Protection maternelle et infan

Bordeaux Des vies à la marge

C’est un domaine privé, laissé à l’abandon au bout d’une zone pavillonnaire de Villenave d’Ornon, une commune de l’agglomération bordelaise. Dispersées dans le parc, de part et d’autre de l’allée boueuse qui mène à la vielle maison de maître, se dressent de fragiles cabanes en bois de récupération et en tôle, parfois adossées à d’antiques caravanes.

Depuis plus de deux ans, ce bidonville est occupé par une centaine de personnes. Des familles originaires du judet de Bacau, en Moldavie, à l’est de la Roumanie. Peu de temps après leur installation, le propriétaire des lieux annonce à ses habitants qu’il ne demandera pas leur expulsion tant qu’il n’entreprendra pas d’opération de revente ou de transformation.

Mais la menace d’une évacuation demeure et les conditions de vies, de sécurité, d’hygiène sont extrêmement préoccupantes. Pas d’eau, pas de réseau d’électricité, pas de toilettes.

Juste un trou dans le sol surmonté d’une cabane de planches. Les branchements sommaires, les poêles de fortunes dans des pièces mal ventilées provoquent des départs de feu. Nombreux sont ceux qui, régulièrement, perdent tous leurs effets personnels.

Toutes les semaines, la délégation Aquitaine de Médecins du Monde intervient sur ce site afin d’accompagner les familles qui y vivent. Crée en 2011, la mission Roms élargit en 2014 son champ d’intervention pour devenir le programme squats. Son objectif : favoriser l’accès aux soins, aux droits et à la prévention des personnes vivant dans ces habitats précaires de l’agglomération bordelaise.

Comme à Villenave d’Ornon, où sont proposées des consultations suivies d’une orientation systématique vers un médecin généraliste ou, si nécessaire, vers un spécialiste en milieu hospitalier. Notre équipe prévention est par ailleurs intervenue sur les questions de santé sexuelle et reproductive. Notamment pour parler sexualité, infections sexuellement transmissibles, contraception, grossesse, ménopause, cancer du col, mariage précoce, etc.

Reportage photographique d'Olivier Papegnies

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DE VOUS À NOUS

EN BREF

, A lire !

Kivu Ingénieur fraîchement diplômé, Stéphane se voit confier la négociation d'un important contrat au Congo. Sur place il découvre le règne du cynisme et de la corruption. Son destin bascule quand sa route croise celle de Violette, une enfant congolaise.

De Christophe Simon et Jean Van Hamme Éditions Le Lombard

La fille au sourire de perles Clemantine Wamariya a 6 ans quand le conflit rwandais éclate en 1994. Avec sa sœur aînée, elle traverse sept pays pour échapper à la violence avant d’être recueillie par une famille américaine. Mais comment se reconstruire après une telle épreuve ?

De Clemantine Wamariya

Comité des donateurs / Visite en Côte d'Ivoire Le comité des donateurs s’est rendu en Côte d’Ivoire en janvier 2019, pour visiter les missions de Médecins du Monde à Abidjan et à Soubré.

Dans cette région du sud-ouest du pays, un programme est mené auprès des adolescents et des jeunes pour assurer une meilleure information sur la sexualité et prévenir les grossesses non désirées. Nous avons constaté que cette action ne pouvait exister que grâce à l’engagement de l’association dans le pays depuis 1986.

Les traces matérielles l’attestent. À Soubré et à Méagui, des bâtiments aujourd’hui utilisés par les acteurs ivoiriens ont été construits grâce au soutien de Médecins du Monde. Et au moment même de notre visite, un nouveau local venait d'être achevé, permettant aux jeunes de rencontrer une sage-femme, avec le confort et la discrétion nécessaires.

Mais plus encore, les liens tissés avec les pouvoirs publics – représentants de l’État ou des collectivités, acteurs de santé ou d’éducation – mais aussi avec les associations locales et les responsables communautaires, permettent aux programmes mis en œuvre de se construire, de fonctionner et de s’inscrire dans la durée.

Éditions Les Escales

, A voir !

Le Parfum d’Irak Feurat Alani est un journaliste franco-irakien. Issue de 1000 tweets postés au cours de l'été 2016, cette web-série raconte ses souvenirs depuis son premier voyage en Irak à l'âge de 9 ans, jusqu'au jour où il décide de devenir journaliste pour couvrir la guerre lors de l’occupation américaine. Un regard intime sur un pays meurtri. Écrit par Feurat Alani et animé par Léonard Cohen À découvrir sur le site d’Arte

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Le Comité Indépendant de l’association, le Comité des donateurs mène une réflexion critique et constructive sur la gestion, la collecte de fonds, la communication et les grandes orientations de Médecins du Monde. Il témoigne auprès des donateurs de la qualité des missions qu’il visite et il s’exprime au conseil d’administration et à l’assemblée générale de l’association.

En savoir plus sur : journeedonateursmdm.org

À Abidjan, c’est dans un tout autre domaine qu’intervient l’association. Elle prend en charge de façon innovante un public jusqu’alors oublié, celui des usagers de drogue des milieux défavorisés. Il s’agit presque exclusivement de consommateurs de cocaïne ou d’héroïne, qui se retrouvent dans des lieux collectifs, les « fumoirs » ou « ghettos ». Les conditions de vie de ces populations fragiles, marginales et clandestines, ainsi que leurs difficultés d’accès aux soins ont des conséquences dramatiques sur leur état de santé.

Grâce à sa solide implantation, Médecins du Monde peut aller à leur rencontre pour des actions d’information, de prévention, de dépistage et de soins. Nous avons pu voir le centre d’accueil (le « CASA ») récemment ouvert par une association locale partenaire.

Les usagers de drogue peuvent venir s’y reposer, se rencontrer, ou trouver les interlocuteurs sociaux et médicaux dont ils ont besoin.

Sur ces deux programmes, Médecins du Monde est en plein accord avec ses partenaires de la société civile. L’association plaide pour corriger les idées reçues et pour faire évoluer la réglementation ivoirienne.

Vos questions Paul, donateur

Je n’ai pas eu de reçu fiscal de votre part pour

© Aurélien Scheer

mes dons prélevés en 2018. Est-ce normal ?

Délégation Pays de la Loire / L’engagement humanitaire récompensé Ancienne bénévole, militante, adhérente et salariée de Médecins du Monde, Antoaneta Popescu a reçu le 23 janvier la médaille de l’ordre national du Mérite. C’est l’ambassade de France à Sofia qui lui a remis cette distinction pour la remercier de son engagement auprès de l’association.

Passée par la mission bidonville de la délégation lyonnaise de Médecins du Monde, Antoaneta Popescu a également travaillé auprès des populations roms en banlieue parisienne. Elle a ensuite rejoint les programmes de l’association en Moldavie, sur la mission « Traite des êtres humains », puis en Bulgarie sur les activités de santé sexuelle et reproductive. « Cette distinction est une reconnaissance non de mon travail personnel, mais de celui des équipes de Médecins du Monde et de leur engagement sur le terrain ici et ailleurs », a-t-elle déclaré.

Partenariats / Promouvoir la santé en prison

Les reçus fiscaux correspondant aux dons effectués par prélèvement sont édités et envoyés fin mars. Vous devriez le recevoir très prochainement. Attention, si vous avez demandé à le recevoir par email, n’oubliez pas de regarder dans vos courriers indésirables. Pour les dons ponctuels, nous envoyons le reçu sous dix jours après enregistrement du don.

Médecins du Monde met également à votre disposition un espace personnel et sécurisé sur donateur.medecinsdumonde. org depuis lequel vous pourrez télécharger votre reçu fiscal. Lors de votre première visite, il vous suffit de créer votre compte en indiquant votre numéro de donateur (sans la lettre) et votre nom.

Pour obtenir votre reçu fiscal, rendezvous à la rubrique Historique dons/reçus fiscaux. Vous pourrez imprimer un duplicata en cliquant sur l’icône PDF. Attention, pensez à autoriser les fenêtres pop-up dans les paramètres de votre navigateur Internet si l’impression ne se lance pas.

Hélène Granville,

Responsable du service donateurs

Cityzen et la fondation d’entreprise Up soutiennent le projet de promotion de la santé mené par Médecins du Monde dans le centre pénitentiaire de Nantes. L’objectif de ce programme innovant est notamment, via des ateliers, de renforcer les connaissances des détenus et leur capacité à agir sur leur propre santé.

Posez votre question, Hélène Granville vous répondra ! donateurs@medecinsdumonde.net –0 800 014 014 Médecins du Monde – Service donateurs 62, rue Marcadet 75018 PARIS

© Olivier Papegnies

Les liens entre le personnel de la prison, les soignants et les détenus seront renforcés pour que des solutions communes aux questions de santé soient élaborées. Des séances de sensibilisation seront également proposées dans le centre de formation des agents pénitentiaires.

Médecins du Monde N° 134 — 11

& Denis Rouvre

unsungheroes.org