MÉDECINS E D N O M U De magazine des donateurs L
En images /
Côte d'Ivoire, maîtriser son avenir Focus / Bulgarie, libres de choix En bref / Sri Lanka, mieux informer, mieux protéger
SOIGNE AUSSI L'INJUSTICE
N° 133 HIVER 2019 TRIMESTRIEL 0,60 € — 1FS
RENCONTRE
TOULOUSE
Brigitte Responsable, atelier sociolinguistique Médecin retraitée, Brigitte Burali est bénévole au centre d’accueil, de soins et d’orientation de Toulouse depuis 2012. Aujourd’hui, elle pilote un atelier sociolinguistique à destination du public étranger de Médecins du Monde. Pour vaincre la barrière de la langue et favoriser l’intégration comme l’accès aux soins. POURQUOI J’Y SUIS ? « Pour moi, le bénévolat est le prolongement d’une vie professionnelle engagée, le moyen de garder un lien avec la médecine, mon ancien métier. C’est aussi une manière de me rendre utile. Je suis animée par la vocation humaniste et humanitaire de Médecins du Monde. Notre ONG se doit de témoigner et de créer du lien social. Et le Caso représente une ouverture pour travailler sur les difficultés sociales que rencontrent les populations migrantes. La rupture culturelle, le manque de repères sociaux entraînent des troubles psychiques plus ou moins importants. »
CE QUE JE RESSENS « La charge de travail est importante mais c’est une action qui m’intéresse beaucoup, un mouvement prenant et positif. Le travail d’équipe nous permet de dépasser nos soucis personnels pour nous investir dans les ateliers. Et les résultats sont très encourageants. Au bout de quelques mois d’activité, les élèves vont beaucoup mieux. Je suis très reconnaissante du soutien des équipes de Médecins du Monde et du travail des bénévoles qui portent le projet à bras-le-corps. »
2
—
www.medecinsdumonde.org
« La rupture culturelle, le manque de repères sociaux entraînent des troubles psychiques réels. » Brigitte Burali, Responsable de l'atelier sociolinguistique
© Clémence Hivert
CE QUE JE FAIS « J’ai initié le projet d’atelier sociolinguistique. En consultation déjà je me rendais compte des difficultés réelles lorsque les patients ne peuvent s’exprimer en français. Au terme d’une étude, nous avons vu que les besoins de la population migrante étaient énormes. Nous avons donc ouvert en janvier 2018 un cours de français langue étrangère à travers des ateliers sociaux-linguistiques. Nous nous sommes formés afin d’apprendre la langue orale de base pour se présenter, se déplacer dans les transports en commun, accéder aux soins, etc. »
OPINIONS
HIVER 2019
, Editorial
Choqués
C’est une vraie colère,
un sentiment de révolte qui nous habite. La France, l’Europe, le monde se durcissent et se radicalisent, « surfant » sur une xénophobie assumée et une violence anti-migratoire et anti-minorités sans précédent. La question n’est plus uniquement de lutter pour l’accès aux soins et aux droits des personnes vulnérables mais, simplement, celle de leur survie dans des contextes politiques, sociaux et de conflits souvent insoutenables. Il s’agit, dorénavant, de mener combat pour des valeurs, souvent bafouées, de solidarité, d’équité et de justice sociale.
Je suis révolté par les discours de haine que tient le président Trump sur cette caravane de personnes qui fuient le Honduras par ce qu’elles ont peur, parce qu’elles n’ont rien à manger. Des familles avec des petits enfants qui n’ont pas le choix… Bravo pour votre soutien aux exilés. On devrait tous accueillir plutôt que de rejeter. Gaston, Saint-Florent-sur-Cher
Émus
Tous les ans je vais fidèlement voir les expositions du festival Manifesto, les rencontres photographiques de Toulouse. Cela m’a permis de découvrir votre combat pour le peuple palestinien. J’ai été très touchée par ces photos très fortes.
Médecins du Monde se doit de répondre à ce défi de la manière la plus forte et engagée possible. Non seulement pour ses bénéficiaires, mais aussi pour préserver une vision fraternelle de la société dans laquelle nous souhaitons pouvoir vivre.
Marie-Thérèse, Toulouse
L’ensemble des acteurs de Médecins du Monde, avec ses donateurs, doit se mobiliser et résister pour gagner la bataille de l’opinion. Rompre avec la banalisation de l’oubli et de la mort et faire reculer l’intolérable.
Enthousiastes
Je suis allée voir le film Libre, sur le combat de Cédric Herrou pour les migrants. Je le conseille vivement parce que c’est une vraie source d’inspiration pour tous les citoyens et les citoyennes que nous sommes. Selon moi il faudrait le montrer aux jeunes dans les écoles. Alice, Paris
Dr Philippe de Botton Président de Médecins du Monde
Au sommaire du N° 133 / hiver 2019
Vous aussi, réagissez ! magazine@medecinsdumonde.net
Qui fait le journal ? Médecins du Monde — Journal trimestriel publié par Médecins du Monde France — 62, rue Marcadet, 75018 Paris – Tél. : 01 44 92 15 15 – Fax : 01 44 92 99 99 – www.medecinsdumonde.org – Service donateurs : 0800 014 014 (N° gratuit) – Directeur de la publication France : Dr Philippe de Botton – Rédacteur en chef : Thomas Flamerion – Maquettiste : Clémence Hivert – Comité éditorial : Jean-Baptiste Matray, Amélie Churlet, Bertrand Brequeville, Vincent Brotons-Diaz, Violaine Gagnet, Elise Joisel – Rédaction : : Thomas Flamerion, Clémence Hivert, Victoire Nicolle, Insaf Rezagui – Ont collaboré à ce numéro : le comité des donateurs, les desks urgence, Afrique, Amérique latine, Asie, Europe de l'Est, Moyen-Orient, la direction des opérations France – Secrétariat de rédaction : Pauline De Smet – Crédit photo de couverture : Olivier Papegnies – Création maquette : Citizen-Press – www.citizen-press.fr – Tél. : 01 77 45 86 86 – Copyright : toute reproduction doit faire l'objet d'une demande écrite préalable. Ce numéro est tiré à 288 080 exemplaires et envoyé aux donateurs de Médecins du Monde, GC (Grande Cause) – ISSN 2429-2370 – Commission paritaire N° 1018H84740 — Fabrication : Koryo – 43, rue Pierre Valette, 92240 Malakoff
Bulgarie P. 6
Côte d'Ivoire P. 8
France P. 10
Médecins du Monde N° 133 — 3
PANORAMA
L’image
EN BREF
France / À l’occasion de la Journée mondiale du refus de la misère, le 17 octobre, Médecins du Monde a de nouveau dénoncé les obstacles à la santé auxquels font face les plus précaires. Les déserts médicaux, les barrières administratives ou la méconnaissance des droits qui transforment les parcours de soins en véritables parcours du combattant. Une vidéo a été projetée sur les façades de plusieurs monuments parisiens – les musées du Louvre et d’Orsay, les ministères de la Santé et de la Justice – afin de rappeler qu’en France aussi, si la misère n’est pas une maladie elle nuit gravement à la santé.
En chiffres
Sri Lanka / Mieux informer, mieux protéger Après trois ans d’un programme de santé sexuelle et reproductive dans les districts de Kilinochchi, Mullaitivu et Jaffna de la province du Nord et dans les plantations de thé du Centre, Médecins du Monde met un terme à ses activités au Sri Lanka. À l’origine de ce projet, un constat : les femmes, particulièrement lorsqu’elles sont seules ou jeunes, n’ont pas connaissance de ces questions de santé qui les concernent pourtant au premier chef. Elles manquent d’information sur leurs droits, la planification familiale et la prévention, la législation en matière de violences liées au genre ou de violences domestiques. En résulte un taux élevé de grossesses non désirées, souvent précoces, une augmentation des infections sexuellement transmissibles, un nombre élevé d’avortements non médicalisés et des traumatismes qui ne sont pas pris en charge. 4
—
www.medecinsdumonde.org
Les activités de l’association et de ses partenaires ont donc largement consisté à organiser des séances de sensibilisation à la santé sexuelle et reproductive dans les communautés. Ils ont également renforcé le système de soins existant et les compétences des professionnels de santé, des enseignants, des étudiants et de volontaires communautaires. En outre, un documentaire a été réalisé afin de mieux comprendre les barrières d’accès aux services de santé sexuelle et reproductive et les actions qui ont été menées afin de les surmonter. D’après les études menées par Médecins du Monde en début et fin de projet, le niveau général de connaissance en matière de santé sexuelle et reproductive des populations touchées par ces activités a augmenté. Quelque 20 000 personnes en ont bénéficié. Sans compter l’impact à long terme des transformations initiées.
33 communautés touchées par des réunions de sensibilisations.
200 membres du corps
enseignants et 300 personnels de santé ont été formés à la santé sexuelle et reproductive.
2 modules de formation pour
les sages-femmes et 1 autre pour le corps enseignant ont été développés.
6 événements sportifs et
culturels ont été organisés, rassemblant 1 800 personnes autour des questions de sexualité.
Kigali / Investir pour l’avenir des femmes
Le thème de cette édition, « investir pour une vie entière de bienfaits », met l’accent sur les effets à long terme de l’accès à la planification familiale dans des domaines qui dépassent largement le cadre de la santé. Notamment pour l’éducation, l’autonomisation, le développement économique et social. Car garantir le droit des femmes et des filles à disposer de leur corps, c’est leur permettre de se réaliser tout au long de leur vie.
© Olivier Papegnies
La cinquième Conférence internationale sur la planification familiale s’est tenue à Kigali, au Rwanda, du 12 au 15 novembre 2018. Un temps fort de la réflexion mondiale sur ce levier fondamental de la santé et des droits reproductifs, alors qu’une trop grande majorité de jeunes filles et de femmes n’ont aucun contrôle sur leur vie sexuelle. Des dirigeants politiques, scientifiques, chercheurs, militants, acteurs de la société civile, donateurs publics et privés s’y côtoient. Médecins du Monde était présent tant pour évoquer son propre combat pour les femmes que pour partager son expertise.
Le saviez-vous ?
© Audray Saulem
L’insécurité alimentaire touche 60 % des Yéménites. Parmi eux, 2 millions d’enfants souffrent de malnutrition aiguë. Source : O rganisation des Nations unies, 2018.
Iran / Avec les réfugiés afghans Près d’un million d’entre eux sont officiellement enregistrés en République islamique d’Iran. Mais les réfugiés afghans seraient deux à trois fois plus nombreux. Le déplacement prolongé de ces familles est un défi pour le pays d’accueil qui y répond à travers différentes mesures en faveur de l’intégration des familles afghanes. Reste que l’accès aux services de base et aux moyens de subsistance demeure compliqué, notamment en milieu urbain. La stigmatisation et la discrimination accentuent également la fragilité des réfugiés et les cantonne à des emplois dépréciés et parfois dangereux.
© Reuters
Afin d’œuvrer à améliorer la santé des réfugiés afghans sur le territoire iranien, Médecins du Monde envisage d’intervenir à Téhéran, dans un premier temps. L’objectif est d’améliorer l’accès aux soins de base pour ces populations touchées par le retour des sanctions américaines qui ont des conséquences sur les stocks de médicaments. Mais les besoins de la population afghane sont également importants en matière de réduction des risques ou de santé mentale par exemple. L’association entend ainsi renforcer et étendre son action en faveur des réfugiés, tout au long des parcours migratoires.
Médecins du Monde N° 133 — 5
FOCUS
BULGARIE
L’essentiel BULGARIE /
LA SITUATION
SLIVEN
BULGARIE
Médecins du Monde mène à Sliven, dans le quartier de Nadejda, un programme de réduction de la morbidité et la mortalité maternelles liées aux grossesses non désirées.
ENJEUX
• • • •
S ensibiliser la population à la santé sexuelle et reproductive et les droits associés. A méliorer l’accès aux services de planification familiale. F aciliter le lien entre la communauté et les institutions sanitaires. R éduire les inégalités en santé.
NOS ACTIONS
• • •
A ctions mobiles , d’information au sein des communautés et travail avec les chefs communautaires. S éances de sensibilisation en groupes et individuelles. A ccompagnement des femmes aux visites gynécologiques et approvisionnement en contraceptifs.
NOS MOYENS
6
L’équipe de Médecins du Monde en Bulgarie est composée de dix personnes (médecin, infirmier, médiateurs santé, administrateurs et coordinateurs). —
www.medecinsdumonde.org
Libres de choix Sliven, petite ville industrielle à 300 km à l’est de Sofia. C’est là que vit l’une des plus importantes communautés Roms de Bulgarie. Dans un ghetto où règnent insalubrité et misère, Médecins du Monde défend le droit à la santé des femmes.
O
fficiellement, les murs qui ceignent le quartier de Nadejda ont pour vocation de le protéger de la ligne de chemin de fer qui passe là. Dans les faits, ils isolent, dissimulent et stigmatisent quelque 25 000 personnes, soit un peu moins du quart des habitants de Sliven. Libres d’aller et venir, ils n’en sont pas moins exclus du reste de la population, réduits à des conditions de vie extrêmement précaires. La moitié d’entre eux, parce qu’ils n’ont pas d’emploi, ne sont pas couverts par l’assurance maladie. Et rares sont ceux qui peuvent bénéficier des services de l’aide sociale. Présente à Sliven depuis plus de 14 ans, l’association a notamment travaillé sur les questions de santé liées à l’hygiène, mais aussi sur la vaccinaUN ENVIRONNEMENT NOCIF tion et la santé sexuelle et reproductive. Un enjeu Divisé en quatre communautés – les Turcs, les crucial dans le ghetto car les femmes sont Musiciens, les Gradeshki et les Vlaho, les plus déscolarisées et mariées très jeunes. « Les parents pauvres, également appelés les Roms nus – craignent que l’on vole les deux atouts les plus préNadejda est accessible par deux entrées. L’une, cieux de leurs filles, leur virginité et leur fertilité, assez large pour le passage des voitures, l’autre, raconte Agathe Simonin, alors ils les marient dès un passage souterrain creusé sous la voie ferrée. qu’elles ont leurs règles. » Très vite, elles doivent Si certaines rues sont goudronnées, flanquées de avoir des enfants pour ne pas être rejetées par maisons solides aux murs colorés, d’autres, en leur belle-famille. Faute d’information, par terre battue, serpentent au milieu de baraques crainte des effets des contraceptifs ou parce que sombres, construites anarchiquement les unes leur entourage s’y oppose, peu d’entre elles ont au-dessus des autres. C’est dans ces zones que accès à la planification familiale. Les grossesses la population est la plus dense. Hissées sur des se suivent, peu espacées, pas toujours souhaitées. parpaings mal scellés, des enceintes géantes déversent jour et nuit une musique assourdis- UN LONG TRAVAIL DE SENSIBILISATION sante. Des enfants, à peine vêtus, jouent parmi les détritus et les câbles électriques qui pendent C’est dans ce contexte que Médecins du Monde des façades. « Quelques charrettes passent a réorienté ses activités vers la réduction de la ramasser les ordures, mais c’est rare et limité à mortalité maternelle liée aux grossesses non certains quartiers, explique Agathe Simonin, désirées. Atanas Dimitrov, qui coordonne le coordinatrice générale de Médecins du Monde programme, explique que malgré son coût élevé, en Bulgarie. Il y a d’importants problèmes d’accès entre 75 et 120 euros, nombre de femmes ont à l’eau, des rats, de la vermine, beaucoup de pous- recours à l’avortement. « Certains couples doivent sière et de fumée. L’air circule très mal. » emprunter à des taux exorbitants. D’autres négo-
Te, moignage
© MdM
Stefka Nikolova, Médiatrice en santé
cient contre un dessous de table la déclaration d’un motif médical pour que l’interruption de grossesse soit prise en charge par l’assurance maladie. » Le personnel médical et les médiateurs santé de Médecins du Monde rencontrent des femmes épuisées, désemparées. Ils leurs parlent contrôle des naissances, prévention des maladies sexuellement transmissible. Préservatifs, pilule, stérilet – des moyens de contraception fournis gratuitement. Il leur faut écouter patiemment, vaincre les réticences, rassurer. Un travail de sensibilisation long et complexe mené dans les ruelles de Nadejda mais aussi lors de sessions de groupe, également destinées aux hommes, dans le centre d’information et d’orientation de l’association. Zina, 32 ans, est déjà mère de trois enfants. Aujourd’hui enceinte du quatrième, elle souhaiterait se faire poser un stérilet. « Je ne voulais plus avoir d’enfant, je n’ai pas d’argent pour m’en occuper. » La plupart des femmes de Nadejda choisissent de recourir aux dispositifs intra-utérins, une méthode souvent crainte au départ mais finalement jugée moins contraignante et plus efficace.
sur la santé, les conditions de vie déplorables dans le ghetto ont un impact sur le recours aux soins. Difficile en effet d’oser se présenter devant un médecin lorsque l’eau est rare et que l’on ne peut pas se laver correctement. C’est pourquoi Médecins du Monde met à disposition des femmes des cabines de douche au sein de ses locaux. « Comme ça elles peuvent faire leur toilette et se sentir propre quand nous les emmenons à leur consultation chez le gynécologue », souligne Sofiya Ivanova, l’une des médiatrices santé qui vit elle-même à Nadejda. Une question de dignité fondamentale pour ces femmes issues d’une des communautés parmi les plus marginalisées d’Europe. Des femmes que Médecins du Monde accompagne afin qu’elles puissent, en pleine connaissance et en toute sécurité, disposer librement de leur corps. Thomas Flamerion
« Je vis dans la communauté des Musiciens de Nadejda. Moi-même je me suis mariée à 15 ans et j’ai été mère à 17 ans. Je voyais bien autour de moi que les femmes avaient beaucoup d’enfants et ne savaient pas comment se protéger. Cela m’a donné envie d’aider. Alors que je m’occupais du ménage pour Médecins du Monde, j’ai demandé à suivre une formation pour devenir médiatrice en santé. C’est plus facile de parler de sexualité lorsqu’on est proche des gens. Avec le temps, ils viennent directement nous interpeller dans la rue. On les rassemble et on les emmène également aux sessions d’information sur l’hygiène, la puberté, la contraception, les maladies sexuellement transmissibles. Aujourd’hui, j’en fais profiter mes petits-enfants. Ma petite fille de 15 ans poursuit ses études de langues dans le second degré. Je suis si fière d’elle. »
Outre leurs conséquences directes sur la santé, les conditions de vie déplorables dans le ghetto ont un impact sur le recours aux soins.
Reste à dépasser l’appréhension du rendez-vous médical. Car outre leurs conséquences directes Médecins du Monde N° 133 — 7
FOCUS
EN IMAGES
diale À l’occasion de la Journée mon ade la contraception, des manifest nt par tions sont organisées, notammeé la jeunesse. Pour mettre la sant r du sexuelle et reproductive au cœu débat public.
la Officiellement, chaque année, Côte d’Ivoire enregistre plus deen 3 000 grossesses non désirées té milieu scolaire. Elles sont en réali bien plus nombreuses.
,
8
—
www.medecinsdumonde.org
Jacqueline tombe enceinte à 17 ans. Elle n’a jamais utilisé de préservatif, ni entendu parler de pilule. Reniée par ses parents, déscolarisée, elle se tournee vers Médecins du Monde et bénéficie d’un suivi médical et psychosocial tout au long de sa grossesse. Après la naissance de son fils, elle reprend le chemin de l’école.
il y a un Depuis le lancement du projet, s à la an, 351 jeunes filles ont eu accè d’un contraception, 840 ont bénéficiéde santé soutien psychosocial. 4 centres res de ont été aménagés et 38 prestatai santé ont été formés.
te qu’un gynécologue Le district de Soubré ne compitants. pour près d’1,5 millions d’hab
C ote d’Ivoire Maîtriser son avenir
Dans le district de Soubré, au sud-est de la Côte d’Ivoire, Médecins du Monde reçoit des dizaines de jeunes filles et de femmes. Elles viennent toutes avec la même histoire, celle d’une grossesse non désirée. Le manque d’informations, la pression sociale, économique, familiale, l’absence de politique favorable aux droits des femmes, les regards des autres sont autant de facteurs qui aujourd’hui empêchent les femmes de disposer librement de leur corps. Notamment les jeunes filles qui ont très peu le contrôle de leur vie sexuelle. Elles manquent d’informations sur la contraception ou n’ont pas les moyens d’accéder à une méthode contraceptive fiable et sûre. Impossible alors de prévenir une grossesse précoce. Face à ces difficultés, Médecins du Monde met en œuvre à Soubré un projet de prévention et de prise en charge des grossesses non désirées en milieu scolaire. Les équipes de l’association travaillent à améliorer l’offre de soins et de prise en charge en tenant compte des besoins spécifiques des adolescentes. Des espaces d’écoute et de conseil sont mis en place, les acteurs de l’éducation et de la santé sont formés, des centres de soins sont renforcés et la population comme les autorités sont sensibilisées. Pour redonner l’espoir et le sourire à des jeunes filles, les aider à retrouver le chemin de l’école, à reprendre les rênes de leur avenir. Reportage photographique d'Olivier Papegnies
Médecins du Monde N° 133 — 9
DE VOUS À NOUS
EN BREF OBSERVATOIRE DE L’ACCÈS AUX DROITS ET AUX SOINS
, A lire ! La marcheuse À travers l’histoire de Rima et ses déambulations dans la zone assiégée de la Ghouta, près de Damas, Samar Yazbek continue son combat pour exposer aux yeux du monde l’horreur de la guerre et la souffrance du peuple syrien. De Samar Yazbek Éditions Stock
Pour que je sois la dernière Nadia Murad, aujourd’hui porte-parole du peuple yézidi et lauréate du prix Nobel de la paix 2018 raconte le massacre des siens par l’État islamique puis les mois de captivité au cours desquels elle a été réduite en esclavage.
Opérations France / L’urgence sociale Médecins du Monde a publié le 17 octobre son rapport annuel sur l’accès aux droits et aux soins des plus démunis en France. Un dix-huitième rapport, et le même constat persistant, implacable. « Les années passent et rien ne change. Les plus précaires sont aussi les plus mal soignés. Les progrès sont faibles, les reculs et les menaces sont là », explique Yannick Le Bihan, directeur des opérations France de Médecins du Monde. Ce rapport témoigne des obstacles et des dysfonctionnements croissants dans l’accès aux soins et aux droits de ces personnes. À travers ses 61 programmes en France, Médecins du Monde est un témoin direct de la précarité et de ses effets sur la santé. En 2017, ce sont 24 338 personnes reçues dans nos 15 centres de santé qui nécessitaient d’être soignées, écoutées et accompagnées juridiquement et administrativement.
RAPPORT
DANS LES PROGRAMMES DE MÉDECINS DU MONDE EN FRANCE
20 17
Ces personnes vulnérables viennent d’horizons différents et ont chacune leur propre histoire : elles peuvent vivre dans la rue, en bidonville ou en habitat précaire, elles connaissent la précarité et les discriminations, certaines ont fui la guerre, les persécutions mais toutes sont exposées à de nombreuses violences. Parmi elles de nombreux mineurs non accompagnés qui ne bénéficient pas d’un dispositif d’accueil adapté en France. Face à ces situations dramatiques, Médecins du Monde milite pour un système de soins inclusif, qui permette à chaque personne présente sur le territoire français d’avoir accès à une assurance maladie et à des soins de qualité.
De Nadia Murad Éditions Fayard
8
MARS
Journée internationale des droits des femmes Chaque année, à l’occasion de cette date symbolique, Médecins du Monde réaffirme son engagement pour l’amélioration de l’accès aux soins des femmes, notamment en matière de santé sexuelle et reproductive.
10 — www.medecinsdumonde.org
© Olivier Papegnies
Agenda
Vos questions Joséphine, donatrice
On m’a dit qu’en léguant en même temps à une © Olivier Papegnies
association et à ma filleule, normalement taxée à 60 %, elle n’aurait pas de droits de succession à payer, est-ce exact ?
Partenariats / Auprès des mineurs isolés avec Ouest-France Solidarité L’association Ouest-France Solidarité soutient les programmes de Médecins du Monde dédiés aux enfants et adolescents non accompagnés en France. C’est ainsi que les équipes de l’association peuvent proposer des permanences d’accueil dédiées et un accompagnement médico-psychosocial à un millier de mineurs dans les villes de Paris, Caen, Rouen et Nantes. Dans les espaces d'accueil de jour qui leur sont dédiés, ces jeunes trouvent une écoute, des consultations médicales et sociales, des ateliers collectifs de soutien psychosocial et de prévention à la santé, de l’orientation et un accompagnement dans l’accès aux biens essentiels et aux soins, mais aussi dans la reconnaissance et l’ouverture de leurs droits. Les mineurs non accompagnés bénéficient également d’une orientation vers un accompagnement juridique par des avocats bénévoles auprès du juge pour enfants pour faire reconnaître leur minorité et leur droit à une protection spécifique.
Comité des donateurs / Visite à Nancy Le Comité Indépendant de l’association, le Comité des donateurs mène une réflexion critique et constructive sur la gestion, la collecte de fonds, la communication et les grandes orientations de Médecins du Monde. Il témoigne auprès des donateurs de la qualité des missions qu’il visite et il s’exprime au conseil d’administration et à l’assemblée générale de l’association. En savoir plus sur : journeedonateursmdm.org
Invité par Médecins du Monde dans le cadre de ses universités d’automne, le comité s’est rendu à Nancy et en a profité pour visiter les missions locales. La région présente une précarité croissante avec un taux de pauvreté de 14,6 % en Lorraine et à Metz, et près de 22 % de bénéficiaires des minima sociaux (contre 17 % en France métropolitaine). À Nancy, au rez-de-chaussée d’un bâtiment partagé avec des étudiants, Médecins du Monde a ouvert en 1988 un centre d’accueil de soins et d’orientation. Le dimanche, nous avons suivi les consultations avec une jeune médecin bénévole. Elle assure une permanence discrète dans le camion de l’association, garé cours Léopold, à proximité d’une distribution de repas pour personnes sans-abri. Les équipes de bénévoles et de salariés sont ici très engagées. Elles ont créé des lieux d'accueil chaleureux pour rassurer, soigner, informer et orienter. Nous avons pu assister à des entretiens avec Sandrine, l’assistance sociale, et nous entretenir avec Nadège, la coordonnatrice. Un seul but pour elles : améliorer l'accès aux soins des personnes vulnérables.
En léguant votre patrimoine à une association comme Médecins du Monde, chargée d’en reverser, net de frais et droits, 40 % à votre filleule (soit ce qui lui serait resté si elle avait été votre unique héritière taxée à 60 %), les droits de succession ne sont calculés que sur 40 % de votre patrimoine et non plus 100 %. Votre filleule reçoit la même chose, mais les droits de succession sont payés directement par l’association qui se charge de la gestion administrative de la succession. L’économie d’impôt sera la part revenant à l’association. Sur un patrimoine de 600 000 € légué à votre seule filleule, les droits sont de 360 000 €. Il lui resterait donc 240 000 €. Si vous instituez légataire universelle une association à charge de verser à votre filleule 240 000 €, les droits sont réduits à 144 000 € (240 000 € x 60 %) et payés par l’association qui reçoit le solde. Dans le premier cas, vous transmettez 240 000 € à votre seule filleule, dans le deuxième vous transmettez en plus 216 000 € à Médecins du Monde, soit au total 456 000 €. Catherine Bienvenu,
Responsable du service legs
Posez votre question, Catherine Bienvenu vous répondra ! legs@medecinsdumonde.net – 01 44 92 14 42 Médecins du Monde – Service legs 62, rue Marcadet 75018 PARIS
Médecins du Monde N° 133 — 11
Cambodge /
© Mylène Zizzo
Deux fois par an, une équipe de chirurgiens et d'infirmiers bénévoles se rend à Phnom Penh pour redonner aux enfants le sourire.
"
BULLETIN DE DON PONCTUEL À remplir et à retourner avec votre don dans l’enveloppe jointe
OUI, je soutiens les actions de Médecins du Monde par un don de :
30 €
50 €
80 €
Chèque bancaire ou postal, à l’ordre de Médecins du Monde. Carte bancaire N°: Signature (obligatoire) : Je recevrai un reçu fiscal.
www.mdm.ong/journal
Autre :
Je règle par :
Date d’expiration :
Vous pouvez aussi faire votre don directement par internet sur :
Cryptogramme :
Mes coordonnées : Mme M. M. et Mme Prénom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Nom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Adresse : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ...................................................................................
CP : Ville . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Tél. : Courriel : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Je souhaite recevoir la brochure legs, donations, assurances-vie.
Médecins du Monde recueille vos informations dans un fichier informatisé. Ces données sont destinées à notre Service donateurs et aux tiers mandatés, afin de pouvoir vous adresser votre reçu fiscal, vous rendre compte de l’utilisation de votre don, faire appel à votre générosité et parfois mener des études statistiques. Elles sont conservées pendant la durée nécessaire à la réalisation des finalités précitées. Vous disposez d’un droit d’accès, de rectification, de suppression ou d’opposition aux données personnelles vous concernant, en vous adressant à notre service donateurs. Vous avez toujours aussi la possibilité d’introduire une réclamation auprès de la CNIL. Conformément à la loi Informatique et Libertés du 6 janvier 1978, vous pouvez accéder aux informations vous concernant ou les modifier en écrivant à Médecins du Monde.
187196