MÉDECINS 100 DU MONDE LE JOURNAL DESTINÉ AUX DONATEURS DE MÉDECINS DU MONDE FRANCE, BELGIQUE ET SUISSE TRIMESTRIEL - N° 100 SEPTEMBRE/OCTOBRE/NOVEMBRE 2010 0,60 € - 1 FS WWW.MEDECINSDUMONDE.ORG
NUMÉRO ANNIVERSAIRE
ÉDITO
© Benoit Guénot
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30 ANS D’ACTION / LES DATES CLÉS 1980
Île de Lumière, un bateau pour le Vietnam, mission en mer de Chine auprès des boat people
1981
Salvador, urgence après les inondations
Pologne, nutrition et santé après le coup d’État
Sida, la nouvelle épidémie mondiale
1982
Liban, soutien aux structures de santé
Cameroun, formation d’infirmières
Érythrée, soutien médical et formation chirurgicale
1983
Chili, soutien aux structures de santé, action dans les bidonvilles
Guatemala, urgence auprès des populations dans la guerre
1984
Nicaragua, soins auprès des communautés amérindiennes
Birmanie, soins auprès de la communauté karen
Brésil, soins auprès des Yanomamis
1985
Afrique du Sud, programme droits de l’homme
Mali, prévention et prise en charge des fistules vésico-vaginales
Mexique, urgence post-séisme
1986
Ouverture de la mission France 1er centre de soins, à Paris
Liban, « Un bateau pour le Liban »
1987
Colombie, soins auprès des Indiens apaporis
Burundi, urgence post-affrontements
Chine, programme droits de l’homme
1988
Adoption, MdM devient un Organisme autorisé pour l’adoption
Arménie, soutien psychologique post-catastrophe naturelle
Naissance de la mission Parrainage dans les hôpitaux
Ces médecins sont accompagnés de journalistes et de photographes. Ils veulent soigner, mais aussi témoigner des conditions de vie des plus exclus : les principes fondateurs de Médecins du Monde sont déjà là ! S’ensuivront beaucoup d’autres projets plus ou moins importants, mais tous portés par des « médecins militants » ici et là-bas.
1989
Cambodge, hôpital Calmette : soutien aux structures de santé
France, réduction des risques 1er programme d’échange de seringues
Roumanie, action dans les orphelinats
1990
31 mars 1990 : Charte de Cracovie, charte européenne de l’action humanitaire
Rwanda, formation VIH et action auprès des enfants des rues
Tanzanie, programme de lutte contre le sida
1991
Bosnie, urgence post-affrontements
Pérou, action choléra à la suite d’une pandémie
Turquie, urgence auprès des populations réfugiées
1992
Cuba, urgence nutrition/santé
Somaliland, urgence post-affrontements
République centrafricaine, prévention sida
1993
France, création de la mission SDF et du centre méthadone
Madagascar, prévention sida
Russie, mission enfants des rues
1994
Mexique, soutien au système de santé du Chiapas
Rwanda, génocide, urgence auprès des populations réfugiées
Russie, soins auprès des populations nomades
30 ans plus tard… Où en est-on? Dans un contexte de crise sociale et économique, les populations vulnérables continuent d’être les plus touchées par le nonaccès aux soins et la santé devient un produit de luxe même dans les pays développés.
1995
Tchétchénie, santé primaire et mentale en situation de conflit
Territoires palestiniens, soutien aux structures chirurgicales
Cambodge, 1ère mission de l’Opération Sourire
1996
Vietnam, café condoms, prévention sida
France, soutien médical aux sans-papiers, à Paris
Zaïre, soutien psychologique auprès des réfugiés rwandais
1997
Russie, réduction des risques
3 membres de MdM Espagne assassinés au Rwanda
Irak, formation et soutien aux structures chirurgicales
1998
Amérique centrale, urgence après l’ouragan Mitch
Corée du Nord, famine : urgence nutrition
France, création de la Couverture maladie universelle
1999
Albanie, urgence auprès des réfugiés kosovars
Timor-Oriental, urgence chirurgicale
Sierra Leone, urgence post-affrontements
2000
Mali, soins et soutien aux populations nomades
Haïti, santé mentale
Mozambique, urgence post-inondations
2001
Algérie, urgence post-séisme et soutien psychologique
Guinée, urgence post-affrontements
Tchad, enfants des rues
2002
Angola, soutien aux structures de santé et PMI
Bolivie, soins auprès des enfants travaillant dans la mine
Côte d’Ivoire, urgence post-affrontements
2003
Liberia, soutien aux structures de santé primaire après la guerre civile
Moldavie, soutien aux victimes de la traite des humains
Iran, urgence à Bam après le séisme
2004
Tsunami, mission d’urgence en Indonésie et au Sri Lanka
Soudan, camp de Kalma, urgence auprès des populations déplacées
Pakistan, appui aux refuges pour femmes
2005
Égypte, accès aux soins des jeunes filles des rues
Afghanistan, ouverture d’un centre de dépistage IST/VIH à Kaboul
Madagascar, soins en milieu carcéral
2006
Indonésie, urgence après le séisme sur l’île de Java
Liban, urgence dans les camps de réfugiés palestiniens
Dr Olivier Bernard Président de MdM France
2007
Irak, formation du personnel médical irakien (basé à Amman)
France, campagne pour un meilleur accès aux soins des étrangers
Somalie, soins auprès des populations déplacées
Dr Michel Degueldre Président de MdM Belgique
2008
Belgique, ouverture d’un centre de soins pour les exclus
Madagascar, soutien au personnel de santé après le cyclone Ivan
Soudan, réouverture du programme de soins au Darfour
2009
Mayotte, ouverture d’un centre de soins pédiatriques
Sahel, nutrition et gratuité des soins (Mali, Niger et Burkina Faso)
Gaza, urgence après l’offensive militaire israélienne
2010
Haïti, urgence post-séisme
Niger/Tchad, urgence en réponse à la crise nutritionnelle
n 1980, une équipe de médecins bénévoles recueille sur le bateau « Île de lumière » des boat people vietnamiens au large de la mer de Chine.
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30 ans après, les contextes dans lesquels les équipes MdM interviennent sont toujours plus complexes. Si nous voulons garder la liberté de choix de nos projets, apporter des soins et témoigner, notre indépendance vis-à-vis des agendas politiques, économiques ou militaires est cruciale. C’est bien grâce à votre soutien, gage de cette indépendance, que cette histoire continue.
Dr Nago Humbert Président de MdM Suisse
Afghanistan, soutien aux structures de santé
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30 ANS D’ACTION / ASIE DU SUD-EST
VIETNAM > DEPUIS 1980
© Pascal Deloche / Godong
© Xavier Gary
DES BOAT PEOPLE À LA LUTTE CONTRE LE SIDA ET AUSSI… BIRMANIE
Vietnam: mission fondatrice de Médecins du Monde, initiée en mer il y a plus de trente ans, auprès des boat people, avant d’être poursuivie sur terre, auprès des populations marginalisées et menacées par le virus du sida.
ovembre 1978 : 2 500 réfugiés, entassés sur un cargo et à bout de souffle, crient leur détresse en mer de Chine. Le monde découvre le drame des boat people, prêts à risquer leur vie pour fuir le régime répressif vietnamien. En France, une poignée de médecins et d’intellectuels lancent l’appel « Un bateau pour le Vietnam ». Les fonds récoltés permettent d’affréter un navire-hôpital, l’Île de Lumière, et de partir pour la mer de Chine. À bord, des médecins, mais aussi des journalistes, pour témoigner du drame des boat people. Cette action marque la naissance de Médecins du Monde, association créée le 7 mars 1980.
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1989 : AUPRÈS DES PLUS EXCLUS Pendant dix ans, une dizaine de navires-hôpitaux se succèdent en mer de Chine. Entre-temps, le
Vietnam s’ouvre peu à peu. L’association est l’une des premières à entrer dans le pays. Les médecins découvrent des hôpitaux vétustes. Dès 1989, MdM entreprend à Hô Chi Minh-Ville une mission de formation assortie d’un approvisionnement en matériel. « Le gouvernement, méfiant au départ à cause de notre action auprès des boat people, apprend à nous faire confiance », se souvient le Dr Pierre Foldès, alors coordinateur de la mission. L’association peut progressivement se tourner vers les laissésp o u r- c o m p t e d u r é g i m e vietnamien. En capitale, un centre de santé offre un accès aux soins aux sans-abri victimes de l’exode rural. Des équipes mobiles vont à la rencontre des exclus…
1998 : RÉPONDRE AU SIDA Proche des plus marginalisés, Médecins du Monde est très tôt alerté par la progression du sida, et ouvre dès 1998 un « café condoms », où les jeunes peuvent
se désaltérer tout en bénéficiant de conseils de prévention et d’un accès aux préservatifs. « Mais ce n’est qu’en 2002 que le gouvernement reconnaît le sida comme une priorité », souligne le Dr Karine Lacombe, responsable de la mission depuis 2001. « Nous décidons alors de compléter les activités de notre centre de soins par un dépistage anonyme et gratuit et un accès aux traitements antirétroviraux ». Les équipes de rue sont mobilisées pour sensibiliser les publics les plus menacés et des équipes de soins à domicile sont constituées pour aider les patients les plus faibles. Trois autres centres de ce type sont ouverts à Hô Chi Minh-Ville et à Hanoi. L’association commence aussi à intervenir dans un centre de réhabilitation où sont enfermés les toxicomanes et les prostitués. « Nous avons prévu de poursuivre ce programme jusqu’en 2012, le temps de préparer la reprise de nos activités », explique le Dr Karine Lacombe. N
Présente dans le pays depuis 1984, MdM est une des rares ONG tolérées par la junte militaire birmane. « Une mission chirurgicale nous a permis d’entrer dans le pays, avant d’orienter nos programmes vers la lutte contre le sida », explique Valérie Pardessus, ancienne coordinatrice. Dès 1994, MdM ouvre un centre de prévention du VIH dans l’État de Kachin, région où la consommation d’héroïne est importante, puis à Rangoon, où l’épidémie de VIH touche les prostituées et les homosexuels dans des proportions dramatiques. « Ces groupes à risques sont également l’objet de harcèlement policier et d’emprisonnement, leur défense constituant pour MdM un des axes de plaidoyer local », souligne la responsable de mission, Françoise Sivignon. En l’absence de réponse nationale significative, le programme va dès lors se globaliser en intégrant le dépistage, l’accès aux traitements, l’échange de seringues, le traitement substitutif (méthadone), mais aussi des activités psychosociales. En mai 2008, MdM est en première ligne lorsque le cyclone Nargis dévaste le pays. Cette urgence débouche sur un programme de soins primaires dans la région du delta, en collaboration avec le ministère de la Santé.
PHILIPPE GRANJON N° 100 | Septembre/Octobre/Novembre 2010
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30 ANS D’ACTION / AFRIQUE
LIBERIA > DEPUIS 1996
Depuis 2003, le Liberia est sorti de la guerre civile. MdM apporte son appui à la reconstruction du système de santé.
e bilan de la guerre civile, entre 1990 et 2003, est glaçant : 300 000 morts et plus de 1 million de déplacés et de réfugiés pour un pays comptant seulement 3 millions d’habitants. Il y a sept ans le pays est enfin sorti du chaos, mais dans quel état : une population mutilée, des jeunes générations d’enfantssoldats traumatisés et des infrastructures sanitaires et éducatives réduites à néant.
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RECONSTRUCTION DU SYSTÈME DE SANTÉ Malgré plusieurs tentatives d’intervention durant la guerre civile, MdM a dû attendre 2003 pour intervenir de nouveau. De nombreuses ONG étant présentes à Monrovia, MdM décide , tout en y maintenant une activité dans ses six centres, d’orienter principalement ses actions vers
les zones rurales, notamment dans le comté de Bong, « une région saccagée, en particulier son hôpital de référence », comme la décrit Patrick Hirtz, responsable de mission. « Les populations sans soins, affamées, étaient alors sous la coupe d’enfantssoldats déjantés. » L’objectif est donc de remettre en service les centres de soins, de former le personnel soignant aux maladies les plus courantes et d’appuyer des consultations de santé materno-infantile. Les taux de mortalité maternelle et infantile sont en effet les plus hauts du monde, respectivement 994/100 000 et 72/1 000, avec une espérance de vie de 42 ans. Enfin, des sensibilisations, menées dans les villages, renforcent le lien entre les communautés et les structures de santé.
gneurs de guerre » ont enrôlé de La réinsertion très jeunes soldats facilement des jeunes est aussi manipulables, n’ayant peur de rien sous l’effet de drogues. un enjeu important « Volontairement engagés dans pour la stabilité ces bandes armées du fait de la du pays. destruction de leurs structures de référence identitaire, famille, école ou communauté, les Les structures de santé propoenfants y retrouvaient une “fa - sent donc un volet santé menmille” avec ses codes, ses rites, tale unique dans le pays, avec ses repères », explique Patrick des consultations psychiatriHirtz. Les jeunes recrues, regrou- ques et des séances de soutien pées dans un camp d’entraîne- psychologique, mais aussi une ment, entraient dans un sensibilisation aux infections processus initiatique censé les sexuellement transmissibles, au rendre insensibles à la violence. dépistage du VIH et à la réduc« Beaucoup d’enfants-soldats tion de sa transmission de la sont restés très en marge de la mère à l’enfant. La réinsertion de société après la guerre », expli- ces jeunes est aussi un enjeu que Patrick Hirtz, qui s’appuie sur important pour la stabilité du une étude menée en 2006 par pays. « Nous tentons donc de MdM*. Parmi les 106 000 com- les aider à retrouver leur apparbattants démobilisés en 2004, tenance au groupe social, celui 10 % avaient moins de 15 ans et des humains, dont ils ne fai20 % entre 15 et 17 ans. « Quant saient plus partie ». N aux filles, qui représentent 20 % CATHERINE LEGRAS de ces combattants, elles servaient à l’intendance ou d’escla- * Ce travail a donné lieu à la réalisation d’un manuel pédagogique ves sexuelles. Dans ces groupes, (« They grew up in the fighles risques liés au sida étaient ter’world ») destiné aux intervenants socio-éducatifs libériens. donc très importants. » © Georges Gobet / AFP
© Georges Gobet / AFP
DES SOINS DE BASE À LA SANTÉ MENTALE
DES VOLETS VIH ET SANTÉ MENTALE INDISPENSABLES Cette guerre n’a pas fait que des victimes physiques. Les « sei-
MÉDECINS DU MONDE - LE JOURNAL DESTINÉ AUX DONATEURS
Liberia: les femmes « traditionnelles » formées par MdM, pour identifier et référer vers les centres de santé, les femmes victimes de violence.
© Isabelle Eshraghi
© Isabelle Eshraghi
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ET AUSSI… MDM BELGIQUE AU MALI
MdM démarre ses activités au Niger au début des années 1990.
NIGER > DEPUIS 1990
DE L’ACCÈS AUX SOINS À LA MALNUTRITION ’est dans un contexte de grande instabilité politique que l’association a démarré ses activités au Niger. Après vingt ans de présence dans le pays, l’objectif de Médecins du Monde reste le même: appuyer le système de santé nigérien et agir auprès des populations les plus vulnérables. En 1992, l’ONG lance un premier programme d’urgence dans le nord du pays, où la rébellion touarègue a provoqué un déplacement massif de la population, la privant de soins. MdM apportera des soins de santé primaires aux populations vulnérables, nomades comme rurales, principalement dans les régions de Tahoua et d’Agadez, dans le nord du pays, avant de remettre les rênes du projet à MdM Suède, en 2002. En 2006, le gouvernement nigé-
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rien décrète la gratuité des soins pour les femmes enceintes et les enfants de moins de 5 ans. Déjà présent dans le district de Keita, Médecins du Monde accompagne les centres de santé dans la mise en place de cette nouvelle politique. Une action de plaidoyer est développée pour s’assurer de son bon fonctionnement et sensibiliser les partenaires techniques et financiers à la nécessité de son financement. « Le plaidoyer vise aussi à promouvoir une politique de santé plus ambitieuse dans des pays comme le Mali et le Burkina Faso, confrontés à des problématiques de santé semblables à celles du Niger », explique Joël Le Corre, responsable du programme Sahel, démarré fin 2009 dans ces trois pays.
ENTRE MALNUTRITION ET DÉNUEMENT La région sahélienne est régulièrement confrontée à des crises
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alimentaires plus ou moins importantes. Le Niger est sûrement le plus durement touché. On se souvient de celle de 2005, dévastatrice pour des millions de personnes. Les enfants en furent les principales victimes dans tout le pays.
Assurer la prise en charge des victimes de la malnutrition, de plus en plus nombreuses Fin 2009, les mauvaises récoltes et la hausse du prix des denrées alimentaires locales annonçaient une situation plus difficile pour 2010. Dans le nord-est du Niger, le nombre de cas de malnutrition sévère a triplé en un an. En réponse à ces crises devenues chroniques, un programme a été lancé dans les districts de Keita, d’Abalak et de Tchintabaraden,
MdM Belgique est présent au Mali depuis 2002. De nombreux programmes ont été développés jusqu’alors, tant sur le plan médical que social, pour venir en aide aux populations les plus vulnérables du pays. Aujourd’hui, l’ONG mène trois programmes phares : deux dans le nord du pays et un à Bamako. Les deux premiers concernent des actions de développement puisque MdM vient en appui aux structures locales existantes pour dispenser des soins de santé primaires de qualité. À Bamako, la capitale, où de nombreux enfants vivent dans le dénuement, MdM a lancé en 2007 un projet de soutien à sept structures locales d’accueil des enfants des rues, où une prise en charge psychologique, médicale et sociale est assurée. Actuellement, pour répondre à la crise alimentaire qui sévit dans le pays, MdM est en phase de démarrage de plusieurs programmes « nutrition ». Dans le nord du pays, des équipes mixtes sillonneront la région pour prendre en charge les cas de malnutrition auprès des enfants, des femmes enceintes et allaitantes, premières victimes d’une telle crise.
où Médecins du Monde appuie le ministère de la Santé pour assurer la prise en charge des victimes de la malnutrition, de plus en plus nombreuses. Parallèlement, dans le cadre du projet d’actionrecherche-plaidoyer, des actions de sensibilisation à l’espacement des naissances sont réalisées, en collaboration avec les leaders religieux du pays. N MAYA VANARD
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30 ANS D’ACTION / FRANCE
© Pascal Deloche/Godong
© Benoit Guénot
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Quatorze ans après la création du premier centre de soins, l’Observatoire de la mission France a vu le jour en 2000. Son but: interpeller les autorités sur les dysfonctionnements du système et élaborer des propositions en vue d’améliorer la situation des plus démunis.
OBSERVATOIRE MISSION FRANCE > DEPUIS 2000
VIGILANCE SUR L’ACCÈS AUX SOINS réé il y a dix ans à la suite de la mise en place de la couverture maladie universelle (CMU), l’Observatoire de la mission France de MdM scrute les réalités de l’accès aux soins en France, relève les dysfonctionnements des dispositifs, mais aussi les expériences positives, et alerte les autorités. Étant en lien direct avec les centres d’accueil et les missions mobiles de MdM en France, l’Observatoire est un outil permettant d’interpeller les acteurs politiques et les professionnels de santé sur les manques et discriminations observés. Une force qui complète l’action de soins en place depuis 1986. « Nous nous fondons
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sur l’expertise de terrain, des données chiffrées précises et des témoignages de patients ou d’intervenants qui permettent d’enrichir et de contextualiser les chiffres », précise Nadège Drouot, chargée de projet à l’Observatoire de la mission France.
Aller vers une simplification du dispositif d’accès aux soins et, à terme, fusionner la CMU et l’AME Quelques exemples d’avancées récentes obtenues et argumentées avec les données de l’Observatoire ? « L’obtention en 2008 d’une circulaire sur la sup-
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pression du critère de domiciliation pour l’accès à la CMU ou à l’aide médicale de l’État (AME) pour les personnes pouvant simplement déclarer une adresse, ou encore notre contribution pour faire connaître le problème du refus de soins des bénéficiaires de la CMU ou de l’AME », note la chargée de projet.
d’obtention de la CMU ou de l’AME », poursuit Nadège Drouot. Aller vers une simplification du dispositif d’accès aux soins et, à terme, fusionner la CMU et l’AME pour qu’il n’existe qu’un seul système de couverture maladie est donc une position défendue ardemment par l’Observatoire de la mission France.
ENCORE DES COMBATS À MENER
L’accès aux soins est aujourd’hui encore compliqué pour les plus démunis
Aujourd’hui, l’Observatoire s’inquiète, tout particulièrement, de la situation des Rroms en France, mais aussi de l’augmentation du nombre de mineurs accueillis dans les centres de MdM. « Nous sommes en train d’étudier ce second phénomène, mais il est clair qu’il s’explique en partie par la complexité des démarches
« Depuis quatre ans, le retard du recours aux soins est passé de 11 % à 22 % et la complexité des démarches administratives en est
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PARRAINAGE DES ENFANTS HOSPITALISÉS > DEPUIS 1988
LE PARRAINAGE, UN SOIN PAS COMME LES AUTRES
la principale cause ; d’où l’importance de se battre sur ce terrain. Par ailleurs, les personnes accueillies dans les centres de MdM, dont 90 % sont des migrants et deux tiers séjournent en France depuis moins d’un an, sont de plus en plus nombreuses à évoquer une autre cause : la peur de se déplacer », souligne le Dr Jean-François Corty, directeur des missions France. Ainsi, l’accès aux soins est encore aujourd’hui compliqué pour les migrants sans papiers, qui ne peuvent bénéficier de l’AME pendant les trois premiers mois suivant leur arrivée sur le territoire, qui se perdent dans le dédale administratif, sont confrontés à la barrière de la langue ou n’osent se déplacer de peur d’être arrêtés. « Les sans-papiers sont de loin les plus démunis. Avant la création de la CMU, en 1999, les centres de MdM accueillaient aussi beaucoup de Français exclus à l’époque du système de soins. Ce n’est plus le cas aujourd’hui, mais nous restons très vigilants sur ce point », indique le Dr JeanFrançois Corty. Et Nadège Drouot d’ajouter: « Notre rôle est aussi de veiller à ce qu’il n’y ait pas de retour en arrière. » N TIPHAINE POIDEVIN
Les parrains et les marraines apportent un soutien affectif indispensable à la guérison Cela se passe à l’hôpital Bretonneau, à Paris. Adoum a 5 ans, et pour pouvoir être soigné en France, il se retrouve loin de tout : son pays, sa famille, sa
construisons avec le personnel soignant nous permet de constater que notre présence l’apaise et le réconforte ». Actuellement, ce sont près de 90 parrains et marraines qui entourent de leurs soins attentifs une soixantaine d’enfants dans dix établissements hospitaliers, à Paris et dans la région parisienne. En décembre 2005, une antenne a été ouverte en Guyane. « Aujourd’hui, nous souhaitons élargir notre action auprès des enfants dont les parents sont présents », explique Chantal de Casabianca. « Car si le parrainage n’a jamais eu pour vocation de remplacer les parents, il est un soutien crucial pour les enfants dont les parents ne sont pas suffisamment présents pour des raisons économiques, psychologiques ou autres », complète-t-elle. C’est une nouvelle orientation de notre mission, désormais soutenue par The Vivendi Create Joy Fund. N VIOLAINE DE MARSANGY © Sophie Brändström
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© Elisabeth Rull
n 1988, devant la détresse d’enfants malades et isolés, Médecins du Monde met en place le premier parrainage, à l’hôpital NeckerEnfants-Malades. La mission parrainage est née. Mais la gestation de cette mission commence bien avant, en février 1982, par une rencontre entre Catherine Peterman et Adoum.
langue maternelle, sa culture… Catherine l’avait rencontré au Tchad, lors d’une mission de MdM. Durant ses trois années d’hospitalisation, elle ne le quitte pas. Elle lui apporte tendresse et affection, elle entretient aussi des liens réguliers avec sa famille restée au pays. Comme Adoum, de nombreux enfants sont seuls à l’hôpital. Catherine en prend conscience. Cinq ans plus tard, elle crée la mission parrainage. « Le soutien affectif des parrains et marraines peut être considéré comme un soin, car il aide les enfants à guérir, à mieux supporter la maladie, la souffrance, l’angoisse, la peur, la solitude… », précise Chantal de Casabianca, responsable aujourd’hui de la mission parrainage. « Ce sont souvent les médecins qui demandent le parrainage d’un enfant, et je vois là la preuve d’une alliance thérapeutique et la justification de notre action », souligne-t-elle, ajoutant très vite : « La relation privilégiée que nous
C’est parce que de nombreux enfants souffrant de pathologies très lourdes sont hospitalisés loin de chez eux, et parce qu’ils sont souvent isolés de leur famille, que la mission Parrainage existe.
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30 ANS D’ACTION / AMÉRIQUE LATINE
COLOMBIE > DEPUIS 1987
© Michel Redondo
© MdM
DES COMMUNAUTÉS ISOLÉES AUX POPULATIONS D PLAC ES
ET AUSSI… SALVADOR
1987 : MdM intervient auprès des Indiens du fleuve Apaporis.
’est en 1987, auprès des communautés indiennes très isolées vivant sur les berges du Rio Apaporis et à plus de 200 km d’un centre de soins, que démarre l’aventure de Médecins du Monde en Colombie. Axé sur la création de postes de santé et sur la formation d’agents médicaux, le programme s’efforce jusqu’en 2003 d’améliorer l’accès aux soins des Indiens macuna, sans que ces acquis déstructurent pour autant leur mode de vie.
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Notre présence médicale se justifie par l’existence d’un conflit qui frappe les populations les plus vulnérables Un deuxième projet démarre en capitale en 1995. Bogota souffre en effet de l’hypertrophie des villes latino-américaines et accueille constamment de nouveaux venus de l’intérieur du pays qui se retrou-
2005 : équipe médicale mobile, en pirogue.
vent à la rue. Une unité médicosociale mobile est donc mise en place dans le but d’améliorer la couverture sanitaire et sociale des habitants des rues, femmes et enfants sans ressources.
S’ADAPTER AUX ÉVOLUTIONS GÉOSTRATÉGIQUES DU CONFLIT En zone rurale, la violence impliquant les groupes paramilitaires, les guérilleros et les puissants cartels de la drogue provoque de considérables déplacements de population. Ainsi, en 1999, dans la région du Bajo Atrato, tenue par les Farc*, quelques 5000 habitants, principalement des AfroColombiens, sont contraints de fuir cette zone de combat. Les femmes et les enfants représentant la majorité des déplacés, MdM décide de mettre en place un programme de santé maternoinfantile. En 2004, les combats ont perdu de leur intensité et le projet a pris fin après l’accompagnement des familles dans leurs villages d’origine. La conquête du Bajo Atrato par les paramilitaires déplace le conflit au sud vers le Medio Atrato. Les communautés indigènes,
MÉDECINS DU MONDE - LE JOURNAL DESTINÉ AUX DONATEURS
L’intervention au Salvador en 1981 est l’une des premières missions de MdM et l’un des éléments fondateurs de l’association. Structuré autour d’un modèle de participation communautaire, le programme vise l’amélioration de la santé de 22 communautés du Morazan. Dans cette région rurale et isolée, meurtrie par dix ans de guerre civile, nos équipes ont formé des promoteurs de santé et soutenu des centres de soins et de développement infantile. En 1998, MdM intervient en urgence à la suite du passage de l’ouragan Mitch pour secourir les populations privées d’accès aux soins en raison de la destruction d’une grande partie des infrastructures routières. Après un arrêt du programme de santé communautaire entre 1987 et 1989, lié à l’insécurité de la région, MdM s’est désengagé en 2003 au profit du partenaire local, Médecins pour le droit à la santé (MDS). Jusqu’en 2007, MdM a financé des formations en gestion et en informatique pour le personnel de MDS afin qu’il mette en œuvre ses programmes de manière plus efficace et trouve de nouveaux bailleurs, gages de son autonomie.
afro-colombiennes, installées le long du fleuve, ou indiennes embara, vivant dans la forêt, accèdent difficilement aux soins du fait de l’insécurité latente. Des équipes médicales mobiles assurent en pirogue la promotion et la prévention de la santé auprès des populations civiles, en particulier les femmes et les enfants. En 2002, après la rupture des négociations entre le gouvernement et les Farc dans le Méta et la généralisation de la culture de la coca dans le sud du pays, l’armée gagne du terrain. « L’accès aux soins est fortement mis à mal, ce qui nous pousse à mettre en place une stratégie de substitution pour offrir des soins de base aux civils », explique Christian Raggioli, responsable des programmes en Colombie. N o t re p ré s e n c e m é d i c a l e , incluant un volet de santé mentale, se justifie par l’existence d’un conflit qui frappe les populations les plus vulnérables… Notre volonté est aussi de les accompagner dans leurs résistances afin qu’ils puissent regagner leurs terres d’origine ou ne pas les perdre et accèder durablement aux soins. N * Farc : Forces armées révolutionnaiHÉLÈNE VALLS
res de Colombie.
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ASIE CENTRALE
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HAÏTI > DEPUIS 1987
PAKISTAN > DEPUIS 1996
AVANT ET APRÈS LE S ISME
AUPR S DES FEMMES ET DES D PLAC S
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soins gratuits aux plus vulnérables et un appui psychologique aux personnes traumatisées sont proposés. Une attention particulière est aussi apportée aux femmes et fillettes victimes de violences et d’agressions sexuelles.
NEUF MOIS APRÈS, ALLER PLUS VITE La situation des Haïtiens reste très difficile et l’état sanitaire de la population fragile. 700 000 personnes vivent encore sous tentes. Les équipes de MdM effectuent encore plus de 5 000 consultations par semaine. Les ateliers pour enfants et les consultations psychologiques pour adultes continuent. L’aide internationale promise par les Nations unies et les États n’arrive pas à hauteur des sommes prévues. La violence augmente et les relations se tendent dans les camps de fortune. Les ONG tentent de diminuer l’impact social et sanitaire de la catastrophe face à une population qui n’en peut plus. Les prochains mois seront déterminants pour l’avenir d’Haïti. N OLIVIA JAMET
des districts de la région. « L’avenir est dans le soutien au ministère des Affaires sociales pakistanais pour le renforcement du réseau des refuges », indique Barbara Ten Kate, responsable de mission.
e travail actuel auprès des femmes victimes de violences dans les refuges du Penjab fait suite à un programme de santé materno-infantile. En 1996, une première clinique pour femmes ouvrait, suivie de la création de l’association locale MCWAK, qui, en 2004, après quatre ans d’existence, a pu reprendre le programme et le développer. En 2003, le constat alarmant des conditions de vie dans les refuges pour les femmes ayant fui un mariage forcé ou la violence de leur foyer a incité MdM à s’engager. Cette action a non seulement permis de développer des services médicaux, juridiques et psychologiques sur la base d’un réseau de 200 bénévoles, mais aussi de sensibiliser les autorités à la nécessité d’ouvrir d’autres refuges. Résultat de ce plaidoyer, aujourd’hui, ce sont 34 structures qui assurent l’accueil des femmes dans chacun
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RÉAGIR VITE APRÈS LES INONDATIONS Au printemps 2009 une nouvelle offensive de l’armée pakistanaise à l’encontre des talibans entraîne un fort déplacement de populations. Cinq équipes mobiles proposent aux déplacés du nord-est des soins de santé primaires sur onze sites. Fin juillet 2010, MdM a ainsi pu réagir rapidement face aux inondations qui ont ravagé le pays. De nouvelles cliniques médicales mobiles sont mises en place pour appuyer les structures de santé locales, assurer le traitement des cas de diarrhées aiguës, la prévention et l’anticipation d’épidémies. N ANNE-CLAIRE COLLEVILLE
ET AUSSI… AFGHANISTAN © DR/Medmonde
aïti est le pays le plus pauvre des Amériques, sujet à des violences politiques et sociales, à une forte disparité entre les zones rurales et urbaines, entre une petite partie de la population riche et la grande majorité qui n’a pas accès aux soins. Une situation qui rend Haïti particulièrement vulnérable aux catastrophes naturelles. Médecins du Monde a démarré ses interventions en 1987, dans le département de la Grande Anse. À partir de 1995, les équipes ont concentré leurs efforts sur les soins de santé primaires et ont développé des formations pour les praticiens : infirmiers, médecins… le tout en partenariat avec les autorités sanitaires. À Port-au-Prince était mis en œuvre un projet d’appui à la prise en charge des victimes de violences et de lutte contre l’impunité, en partenariat avec l’association haïtienne Uramel. Après le séisme, MdM a immédiatement réorienté ses activités en implantant des cliniques sous tentes dans dix camps et quartiers de la capitale. Ainsi, des
ET AUSSI… MDM SUISSE EN HAÏTI MdM Suisse travaille en Haïti sur l’accès aux soins de santé primaires et le rétablissement des dispensaires en zones rurales, à Dufour, Meyer, Daneau et Baudin. « Nous apportons un soutien à la formation du personnel au réapprovisionnement des médicaments », relève Léonora Rossi, responsable du programme. Depuis le séisme, tout est à reconstruire! Réfection des salles d’attente, utilisation d’hélicoptères pour accéder aux zones isolées, dispensation de médicaments… « À Dufour, nous avons rétabli le
fonctionnement de quatre dispensaires. Nous travaillons sur la continuité des soins de santé primaires. Nous poursuivons aussi la prise en charge intégrée des maladies de l’enfant. » Pour son programme nutrition, l’association collabore avec les structures hospitalières et deux partenaires : Save the Children et Terre des Hommes. L’association mène également des projets de santé communautaire : sensibilisation des populations à l’hygiène, informations sur la nutrition dans les écoles…
« Depuis notre arrivée, en 1982, nous nous sommes toujours adaptés à l’urgence en faisant le choix d’aller vers les populations les plus exclues », explique Guy Caussé, responsable de la mission depuis ses origines. Soins médicaux et chirurgicaux dans la région retirée du Wardak auprès de populations isolées entre 1982 et 1992 pen-
dant l’ère soviétique. Coopération avec les hôpitaux de Kaboul et d’Herat durant la période de la guerre civile. Intervention auprès des femmes et des enfants marginalisés et interdits de soins par les talibans, avec la création de huit centres de santé maternelle et infantile à partir de 1996 à Herat, Kaboul et Farah. Prise en charge du camp de personnes déplacées, chassées par les combats et la sécheresse, à Maslakh en 2002. Pour aujourd’hui intervenir sur la réduction des risques auprès des usagers de drogues, à Kaboul. « Durant toutes ces années, nous avons aidé la société civile à continuer d’exister », conclut Guy Caussé.
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30 ANS D’ACTION / MOYEN-ORIENT © Alain Deloche / Medmonde
LIBAN > DEPUIS 1982
L’INDISPENSABLE SOUTIEN PSYCHOLOGIQUE
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PRISE EN CHARGE DES RÉFUGIÉS INCARCÉRÉS En 2005, l’association se concentre sur l’accès aux soins et aux droits des migrants et des réfugiés incarcérés dans les prisons. « Vulnérables, isolés, ils ont fui leurs pays et n’ont, pour la plupart, pas de permis de séjour. Ils sont la cible des contrôles de police, qui les font incarcérer quasi systématiquement », explique Reem Mansour, responsable de mission. Dans la prison centrale de Roumieh, à Beyrouth, ils représentent 45 % des 3500 détenus. Originaires d’Irak ou de Syrie, ils
© Elisabeth Rull
’est un pays en crise. Les Libanais vivent dans l’incertitude permanente du lendemain », confie France Arrestat, responsable de la mission au Liban. En 1982, après l’invasion de Beyrouth par les troupes israéliennes, MdM ouvre un centre de soins souterrain à l’abri des bombardements massifs. Trois ans plus tard, l’association réhabilite deux hôpitaux détruits lors du conflit à Beyrouth et à Saïda, dans le Sud. Le Sud est une zone occupée par les troupes israéliennes depuis vingt-sept ans. Khiam, l’une de ses villes martyres, a été détruite à trois reprises. En 2000, MdM, en partenariat avec l’association Amel, y implante une mission. L’objectif est d’aider les ex-détenus de la prison, traumatisés par des années d’incarcération et parfois victimes de tortures. À leur libération, ils bénéficient d’un soutien psychologique. Il faut aussi les aider à recréer des liens avec leurs familles. Aujourd’hui, le centre médico-psy Amel/ MdM continue d’être actif.
vivent dans des conditions insalubres. Leurs cellules surpeuplées favorisent le développement des épidémies : maladies de la peau type gale ou problèmes respiratoires. Pour limiter ces pandémies, MdM a, entre autres, un rôle d’éducation et de prévention en insistant sur les règles d’hygiène élémentaire. Ainsi, deux cellules d’isolement ont été réhabilitées. Depuis 2009, grâce au financement du HCR, l’association Justice et Miséricorde, partenaire local de MdM, a pris le relais sur place pour permettre la poursuite de la prise en charge médicosociale des réfugiés incarcérés.
SOUTIEN PSYCHOLOGIQUE À LA POPULATION PALESTIENNE En 2007, le camp de Nahr elBared a été le théâtre de violents combats entre miliciens du Fatah al-Islam et l’armée libanaise. En trois mois, 450 personnes sont tuées et 1 000 sont blessées. L’impact de ce conflit sur la population a été dévastateur en termes de déplacements et de logements, de situation économique et de conditions de vie. Un nouveau facteur de stress pour ces populations déjà fragilisées. MdM développe l’accès aux soins de santé mentale et au soutien psychosocial pour les adultes.
Les femmes représentent une grande partie des patients. Les consultations se déroulent dans les centres de santé primaires de l’UNRWA dans les deux camps. Globalement, les hommes ont davantage tendance à « étouffer » leurs problèmes ou les extériorisent de manière différente, ce qui explique que les femmes représentent une grande
MÉDECINS DU MONDE - LE JOURNAL DESTINÉ AUX DONATEURS
Face à un pays fragilisé par de multiples conflits, MdM a fait le choix d’intervenir de façon durable au Liban.
partie des patients. Il existe surtout des cas de dépression, d’anxiété et de somatisation. « Les difficultés des personnes se concentrent sur les défis quotidiens, les problèmes familiaux, dont la violence intrafamiliale. La restriction des perspectives d’avenir laisse les gens dans une situation de désespoir permanent », explique Émilie, coordinatrice générale. Pour accompagner les familles de patients schizophrènes, des sessions de psychoéducation se sont mises en place et un suivi à domicile des patients et de leur famille est assuré par des intervenantes sociales. Dans un souci de pérennisation, une grande partie des activités est
aussi consacrée au renforcement des compétences du personnel médical et paramédical des partenaires locaux. Cette mission se termine en fin d’année. Depuis juin, une mission exploratoire se concentre sur les camps de réfugiés palestiniens de Tyr et dans le Sud-Liban. C’est une zone instable, comme l’a illustré le conflit de 2006, qui a fait émerger l’importance d’une réponse aux besoins en santé mentale. Aujourd’hui, malgré un apaisement politique avec le gouvernement d’union nationale, le contexte reste très fragile. C’est pourquoi MdM poursuit sans relâche son action au Liban. N LUCIE BOISARD
www.medecinsdumonde.org
L’ASSOCIATION EN BREF…
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DAILYMOTION
MDM LANCE UN APPEL À CRÉATIONS SUR INTERNET
our poser un regard neuf sur les difficultés d’accès aux soins en France, MdM s’est associé à Capa, agence de production audiovisuelle, et avec Dailymotion, site d’hébergement, de partage et de visionnage de vidéos en ligne pour lancer un appel à créations. Depuis le 30 juin et jusqu’à la fin du mois d’octobre, ce concours en ligne invite les motion makers (« créateurs de mouvement »), des utilisateurs créatifs de Dailymotion, à concevoir et à envoyer des vidéos. En moins de dix minutes, ils devront illustrer le parcours, les obstacles, le quotidien, les galères et les espoirs des personnes
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sans domicile fixe, des sanspapiers, des usagers de drogues, des migrants, des Rroms ou des personnes se prostituant. Fiction, documentaire reportage, toutes les formes et tous les formats sont possibles, en 2D ou en 3D. Ces vidéos seront présentées sur la page d’accueil et sur différents espaces de Dailymotion. En novembre 2010, un jury sélectionnera les 3 gagnants. Le lauréat remportera 1 500 euros et une rencontre entre lui et des professionnels de l’audiovisuel sera organisée. Les résultats de ce concours sont attendus pour la fin du mois d’octobre. N
© DR/MdM
Pour ses 30 ans, MdM propose aux internautes de créer de nouvelles images témoignant de la précarité et du manque d’accès aux soins en France.
Pour participer les internautes peuvent se connecter sur le site www.dailymotion.com/ 30ansmdm
COMITÉ DES DONATEURS
LA RENCONTRE DE MDM
© DR/MdM
LES DONATEURS
e 10 avril. Rue Marcadet. La salle déborde : 220 personnes assistent à la journée des donateurs « De SaintDenis à Haïti : d’une urgence à l’autre… ». Le Dr Olivier Bernard, président de MdM, place d’entrée les actions de l’association sous une double ambition : résistance et innovation. Il remercie les centaines de milliers de donateurs, ces « don’acteurs » qui garantissent, par leur soutien, l’indépendance de MdM. Puis le Dr Michel Brugière, directeur général, donne la parole aux responsables de mission : à SaintDenis, un an après l’action
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vigoureuse de MdM, tous les Rroms ne sont pas encore relogés ; à Calais, on distribue du matériel de survie à des migrants harcelés et en danger ; à Haïti, c’est une action à long terme qu’il faut poursuivre, trois mois après le séisme ; sur les autres continents se multiplient les urgences chroniques… Les échanges avec la salle sont riches, abordant autant le financement des missions que les métiers à MdM. Le Comité des donateurs présente ses rapports de visite au Népal et au Yémen avant que Dominique Dumand n’invite l’assemblée à souffler les 20 bougies du comité, qu’elle préside. N ISABELLE FÉLIX
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30 ANS D’ACTION AVEC LES DONATEURS
PAROLES DE DONATEURS Mme Françoise Hinard Toussaint est donatrice depuis six ans.
Comment avez-vous connu Médecins du Monde ? Depuis toujours, je donne très régulièrement à plus d’une trentaine d’associations. Mais voici déjà plusieurs années, j’ai sollicité Médecins du Monde car j’avais envie de m’impliquer différemment, de devenir une sorte de sponsor. J’ai dit à mon interlocuteur : « Proposez-moi quelque chose ! » Pour des raisons personnelles, je suis particulièrement sensible aux problèmes cardiaques. En l’apprenant, il m’a proposé de financer les
billets d’avion vers la France d’enfants malgaches dont l’opération du cœur ne pouvait être pratiquée dans leur pays. Depuis, je verse chaque année les sommes nécessaires aux billets de 6 ou 7 petits malades. Régulièrement, le Dr Nivo, de MdM à Madagascar, m’envoie une lettre pour me remercier et me donne des nouvelles des enfants opérés. Pourquoi avoir fait le choix de ce soutien ? C’est un investissement lourd mais je suis heureuse de le faire. Je suis née du bon côté, j’ai eu la chance d’avoir un mari exceptionnel et j’ai travaillé toute ma vie. Aujourd’hui à la retraite, j’ai envie de redonner un peu aux autres de ce que j’ai reçu de la vie. C’est une satisfaction qui me permet de me dire que j’aurai été un peu utile sur terre, à mon niveau. Savoir que ces enfants vont vivre n’a pas de prix.
M. Pierric Masson, trente ans, donateur en prélèvement automatique depuis 3 mois.
Pourquoi avoir choisi de donner à Médecins du Monde ? J’ai été sollicité par une de vos équipes dans la rue, à Paris, pour donner sous la forme de prélèvements bancaires réguliers. Les arguments du jeune homme m’ont semblé convaincants : il m’a dit que la philosophie à l’international était de remettre les clefs à l’issue des projets aux associations ou aux gouvernements locaux, ce qui m’a semblé être une approche pragmatique et responsabilisante, loin des logiques d’assistanat.
À quelles actions de l’association êtes-vous le plus sensible ? Au fait que vous interveniez à la fois à l’étranger et dans les villes de France. Je vis dans le XVIIIe arrondissement, à Paris, où il y a beaucoup de misère. Je voyais régulièrement la camionnette de Médecins du Monde stationner dans le quartier. En ces temps de crise, je trouve que venir en aide à ceux qui en ont besoin à nos portes est tout à fait justifié. Estimez-vous être bien informé sur l’utilisation de votre argent ? Je fais confiance. Je sais que vous intervenez sur les grandes crises comme récemment en Haïti. Vous donnez beaucoup d’informations sur vos actions, mais peut-être insuffisamment sur votre fonctionnement, sur la vie interne de l’association. N PROPOS RECUEILLIS PAR ANNABELLE QUÉNET
Legs, donations, assurances-vie S’informer, un premier pas pour offrir un geste d’amour… en héritage. DEMANDE D’INFORMATION LEGS, DONATIONS, ASSURANCES-VIE
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M.
Mme
Mlle Nom . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Prénom . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Adresse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Code postal. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Ville . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Téléphone . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Vous pouvez me joindre entre . . . . . . . . . . . h et . . . . . . . . . h E-mail . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Vous pouvez prendre contact avec François Rubio au 01 44 92 14 42 ou par courriel à legs@medecinsdumonde.net Médecins du Monde - Journal trimestriel publié par Médecins du Monde France - 62 rue Marcadet, 75018 Paris – Tél.: 01 44 92 15 15 – Fax: 01 44 92 99 99 – www.medecinsdumonde.org – Médecins du Monde Belgique – rue de l’Éclipse, 6 – 1000 Bruxelles, Belgique Tél. 00 32 (0)2 648 69 99 – Fax : 00 32 (0)2 648 26 96 – www.medecinsdumonde.be – Médecins du Monde Suisse – Rue du Château 19 - CH-2000 Neuchâtel, Suisse – Tél.: 00 41 32 725 36 16 – Fax: 00 41 32 721 34 80 – www.medecinsdumonde.ch – Directeur de la publication France Dr Olivier Bernard - Directeur de la publication Belgique: Dr Michel Degueldre - Directeur de la publication Suisse: Dr Nago Humbert – Rédactrice en chef Hélène Valls – Assistante de rédaction Laure Antoine – Maquettiste Aurore Voet – Comité éditorial Juliette Chevalier, Benoît Duchier, François Dupré, Pierre Salignon – Rédaction Lucie Boisard, Anne-Claire Colleville, Philippe Granjon, Olivia Jamet, Catherine Legras, Violaine de Marsangy, Tiphaine Poidevin, Annabelle Quénet, Maya Vanard – Ont collaboré à ce numéro le Comité des Donateurs, la coordination Mission France, les desks urgence, Afrique, Amérique latine, Asie, Moyen-Orient – Secrétariat de rédaction Thérèse Benoît – Crédits photo de couverture Lahcène Abib, Pascal Deloche/ Godong, Valérie Dupont, Bruno Fert, Georges Gobet/ AFP, Benoit Guénot, Catherine Henriette, Lâm Duc Hiên, Jacky Naegelen/ Reuters, Michel Redondo, DR/ Sygma, Julien de Weck - Création maquette Créapress BBDO – Tél.: 01 41 23 40 40 – Copyright: toute reproduction doit faire l’objet d’une demande écrite préalable. Ce numéro est tiré à 513 940 exemplaires et envoyé aux donateurs de Médecins du Monde, GC (Grande Cause) Commission paritaire N° 1008H84740. Impression SEGO – 46 rue ConstantinPecqueur – 95157 Taverny – imprimé sur papier 100 % recyclé – Pour la Belgique, bureau de dépôt: Bruxelles X, n° agrégation: P801177 - CC P 000-0000029-29