110 Médecins du Monde
Le journal destiné aux donateurs de médecins du monde France Trimestriel - n° 110 mars/avril/mai 2013 0,60 € www.medecinsdumonde.org
france mobilisons-nous contre la précarité |p. 2 à 4
Syrie
Lire
Tchad
Comité des donateurs
France
Rencontre
La situation s’aggrave : MdM renforce ses actions |p. 5 La santé maternelle un enjeu important |p. 7 Lancement de la première salle de consommation à Paris |p. 8
Des hommes vivent ici, de Marion Osmont, sur le calvaire des migrants |p. 10 Visite en Géorgie, au cœur de la réduction des risques |p. 11 Avec Frédéric Lauwers, chirurgien de l’Opération Sourire |p. 11
tous médecins du monde !
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GRAND ANGLE / france
Lutte contre les inégalités de santé
MOBILISONS-NOUS CONTRE LA PR CARITÉ
Le premier centre de soins de Médecins du Monde en France a ouvert durant l’hiver 1986. Vingt-six ans plus tard, l’association mène 101 programmes dans 29 villes à destination des plus vulnérables. Et les missions continuent d’ouvrir face à l’augmentation de la précarité. Illustration à Toulouse, où MdM s’engage contre le mal-logement, et en Auvergne, contre le difficile accès aux soins en milieu rural.
Dans un contexte marqué par une forte poussée de la précarité, Médecins du Monde s’alarme de l’augmentation des inégalités d’accès à la santé en France. L’association a enregistré 17 % d’activité en plus dans ses centres d’accueil, de soins et d’orientation (Caso) depuis 2004. Dans son plan quinquennal de lutte contre la pauvreté, le Premier ministre a présenté des mesures positives sur l’amélioration de l’accès aux droits (CMU-C) et des dispositifs d’accès aux soins tels que les Pass, mais MdM attend les moyens importants qui concrétiseront ces annonces. 4 000 places supplémentaires en centres d’accueil de demandeurs d’asile (Cada) et 4 000 autres en hébergement d’urgence ont également été annoncées, ainsi que la volonté de sortir de la gestion saisonnière. En revanche, il manque une stratégie claire d’accompagnement vers un logement pérenne. MdM regrette par ailleurs un manque de simplification de l’accès aux soins des sans-papiers, notamment par la fusion de l’aide médicale d’état (AME) et de la CMU. ■
Diaporama sur le web
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hez Médecins du Monde à Toulouse, le mercredi commence par l’ouverture du centre d’accueil, de soins et d’orientation (Caso) à 9 h 15. Deux bénévoles accueillent les arrivants avec un café, un sourire, les deux seuls réconforts que certains viennent chercher. D’autres ont besoin de soins, de rencontrer l’assistante sociale, d’ouvrir des droits à l’aide médicale d’État (AME) ou à la couverture maladie universelle (CMU). Comme tous les Caso, celui de Toulouse accueille toujours plus de personnes en grande précarité, en retard dans leur
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Mauvais logement, mauvaise santé
Les problèmes de logement et de santé, la docteur Geneviève Molina, responsable de mission à
Toulouse, les connaît bien. Ses visites régulières dans des squats, camps de Roms ou hôtels lui permettent de se rendre compte des conditions de vie, de les dénoncer et de faire l’intermédiaire entre les familles et les institutions sur les questions de relogement. Elle en profite pour évoquer l’hygiène et la santé. « Au Caso, nous sommes vigilants aux piqûres de punaises, insiste-t-elle. Nous avons reçu un enfant qui en était couvert, nous avons informé les services d’hygiène, aujourd’hui l’hôtel est en travaux, nous espérons que les matelas vont être changés aussi. » Pour Claude Vié, l’hébergement d’urgence dans les hôtels n’est pas adapté : « On maintient les gens dans un dispositif précaire et de mauvaise qualité parce qu’on ne veut pas qu’ils restent. Alors que
© Benoît Guenot
Dr Jean-François Corty directeur des missions France
recours aux soins. Ce matin-là, Claude Vié, l’assistante sociale, reçoit un ressortissant étranger régularisé en Espagne, qui cherche à s’installer en France, à travailler. Une fois la problématique d’accès aux soins abordée, le dialogue s’installe autour des questions de séjour, de subsistance et, bien sûr, de logement. « Les personnes que nous recevons ont toutes des problèmes de logement, qu’il s’agisse de surpopulation, quand elles sont logées chez des amis par exemple, d’hygiène dans les hôtels ou tout simplement du fait d’être à la rue », explique Claude Vié.
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© Benoît Guenot
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1_ Les maraudes auprès
des SDF ont lieu toute l’année. à partir de mars, MdM est la seule association à poursuivre cette action alors que le taux de mortalité des sans-abri est plus élevé en été. MdM distribue alors de l’eau et de quoi grignoter, tous les restaurants solidaires étant fermés.
2_ Pour que le calme
règne à la halte de nuit, les chiens sont dans les chambres, l’alcool est interdit à l’intérieur et les chambres des femmes sont proches des animateurs.
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3_Certains patients du
Caso sont des sans-abri ou des Roms que les équipes des différentes missions ont rencontrés et référés.
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si on proposait des logements adaptés avec du personnel formé, ils pourraient se poser et réfléchir à un projet pour la suite. La mise à l’abri ne suffit pas. »
Pérennisation de l’hébergement
Le mercredi soir, comme le lundi, les bénévoles de la maraude sortent pour rencontrer les personnes à la rue. Sara, Julien et Sarah ont entre 22 et 31 ans et s’investissent depuis plusieurs mois chez MdM. Ce mercredi soir, ils distribuent de la soupe, du café, des chaussettes et discutent. En chemin, ils croisent Patrice, qui se rend à la halte de nuit « Un toit sur la rue ». Julien, qui le connaît, l’accompagne. Ce projet alternatif est né d’un besoin rencontré par différentes équipes de rue pour des sans-abri très éloignés des structures existantes, âgés, ayant des problèmes d’addiction pour certains, et de santé très souvent… « Il n’y a pas d’accueil à la porte, explique Geneviève Genève, référente action dans les centres d’hébergement d’urgence pour MdM. Les personnes sont emme-
nées pour la première fois ici par les équipes de rue de MdM, du Groupement amitié fraternité (GAF), de l’équipe mobile sociale. Une fois qu’elles sont venues avec une équipe de rue, elles y ont leur place et peuvent revenir tous les soirs si elles le souhaitent. » La halte, qui peut accueillir 30 personnes, ouvre à 19 heures, jusqu’à 9 heures du matin, sept jours sur sept, et est gérée par l’Association des cités, pour le Collectif interassociations Toulouse, dont MdM est membre. Son fonctionnement est assuré conjointement par des salariés et des bénévoles. C’est un lieu convivial, chaleureux, où les équipes sont attentives aux demandes qui peuvent émerger (soins, papiers administratifs, Daho/Dalo…).
tion, pour les plus fatigués, les autres jouent, parlent, les chiens sont acceptés. Depuis huit ans, la halte a prouvé qu’elle répondait à un réel besoin et les équipes se battent pour qu’elle soit pérennisée à l’année. Cet hiver, l’état a fait des travaux importants pour mettre à disposition d’anciens locaux de l’Afpa. « C’est une raison d’espérer pour
nous, en plus de la volonté du gouvernement et du préfet, d’arrêter l’hébergement saisonnier et d’assurer la continuité de la prise en charge, se réjouit Geneviève Genève. Nous allons continuer à nous battre pour créer aussi une halte de jour afin que les personnes ne soient pas remises dehors dans la journée. » ■ Nolwenn Roussier
La mission saturnisme n’existe plus à Toulouse, les équipes font de la prévention dans les camps de Roms sur le ferraillage. © Benoît Guenot
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Arrêter l’hébergement saisonnier et assurer la continuité de la prise en charge Un repas est préparé puis des chambres sont mises à disposi-
AUVERGNE : MdM s’implante en milieu rural Hala El Khoury coordinatrice du projet en Auvergne Elle explique ici pourquoi Médecins du Monde a décidé d’ouvrir une mission dans les Combrailles, territoire rural du Puy-de-Dôme.
Pourquoi Médecins du Monde a ouvert une mission en Auvergne ? MdM est déjà présent dans la région depuis cinq ans avec une antenne pour l’adoption internationale et anime depuis trois ans un diplôme santé-précarité avec l’université d’Auvergne et le CHU de Clermont-Ferrand. Nos deux responsables de mission, qui sont issus de la région et travaillent dans le secteur de la santé, et MdM ont décidé d’agir sur la problématique de l’accès aux soins en milieu rural. En France rurale, on remarque de nouvelles formes de précarité qui s’accentuent à cause du phénomène de désengagement des services publics et l’éloignement
des structures de soins et des professionnels de santé. Paraissant représentatif de la population vivant en milieu rural, le Pays des Combrailles dans le Puy-de-Dôme a été choisi pour ses particularités d’isolement et l’éclectisme de la population vivant sur ce territoire. Dans le passé, le canton de Montaiguten-Combraille était un bassin de vie économique grâce aux mines ; aujourd’hui, il y a un important taux de chômage, une forte représentation de familles monoparentales et des formes diverses de précarité…
d’une passerelle entre les dispositifs sociaux d’une part, les structures de soins et les professionnels de santé d’autre part. Ces partenaires pourront faire appel à notre structure lorsqu’ils se retrouveront face à un cas nécessitant la levée des barrières d’accès aux droits à la santé et aux soins. Une fois contactée, notre équipe pluridisciplinaire ira à la rencontre des personnes en situation de précarité, établira un diagnostic médicosocial, puis leur proposera des solutions pour les intégrer à un parcours de soins et de droits en mobilisant les ressources locales.
En quoi constitue le projet de MdM ? Après six mois d’exploration et de recherche sur ce territoire, nous avons mis en place une coordination d’appui et l’établissement
Médecins du Monde veutil pallier le problème des déserts médicaux ? Les déserts médicaux sont une facette de la réalité en milieu rural, mais pas la seule problématique
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à laquelle nous répondons par ce projet. Ce n’est pas le rôle de MdM de combler ce manque. En revanche, nous aurons un rôle de plaidoyer et de témoignage sur les difficultés d’accès aux soins et le désengagement du service public dans les zones rurales. Mais d’autres facteurs font que les personnes n’accèdent pas aux droits et aux soins, comme les obstacles financiers, l’éloignement géographique, les difficultés d’ordre psychosocial, entre autres. Notre initiative santé-précarité est pionnière, cependant le modèle de la « coordination d’appui » n’est pas nouveau, des associations ailleurs en France ont ce type de structure et sont aujourd’hui soutenues, par les ARS notamment. Propos recueillis par Nolwenn Roussier
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syrie / urgence
DEUX ANS APRÈS, PLUS DE 60 000 VICTIMES
© Agnès Varraine Leca
Deux ans après le début de la révolution, les violences contre les civils se poursuivent à l’intérieur de la Syrie. Bombardements et affrontements entre l’insurrection et le régime en place sont le lot quotidien des populations, qui n’ont souvent d’autre choix que celui de fuir.
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ous une froide lumière d’hiver, le camp de Qah se dresse à flanc de colline, au milieu des champs d’oliviers qui s’étendent à perte de vue. à la mi-journée, les 5 000 Syriens qui y ont trouvé refuge s’organisent autour des tâches quotidiennes alors qu’une distribution de vêtements chauds se déroule derrière le centre de santé de Médecins du Monde. Ouvert en octobre, celui-ci accueille près de 100 patients par jour, majoritairement des femmes et des enfants, souffrant de pathologies liées à leurs conditions de vie durant leur fuite précipitée et leurs multiples déplacements. à ce jour, quelque 9 000 consultations ont été réalisées.
Le personnel médical ainsi que les structures de soins restent toujours la cible des forces gouvernementales 1,2 million de personnes déplacées en Syrie
L’intensification des combats entraîne un afflux permanent de personnes dans le camp, qui compte plus de 600 tentes. En plein hiver, les équipes de MdM assurent des distributions de couvertures, de savon et de bâches permettant d’assurer l’étanchéité des tentes. Un système d’adduction d’eau potable et d’évacuation des eaux usagées est actuellement mis en place ainsi que la distribution de
Le camp de Qah est peuplé à 80 % de femmes et d’enfants. En plus des soins, MdM traite l’eau, fournit bâches, couvertures…
kits d’hygiène afin de réduire le risque de maladies infectieuses. Dans la ville de Qah, un centre post-partum a été installé pour les femmes vivant dans les camps de la région et venant d’accoucher. Une dizaine de lits permettent d’accueillir, pendant cinq jours, mère et enfant afin de leur assurer des conditions de vie décentes, un peu de chaleur et de confort. Des soins postnataux seront également dispensés par trois infirmières qui viendront renforcer l’équipe.
une centaine de patients y sont soignés. La plupart viennent d’Alep, de Homs, d’Idlib et de Hama, et sont des civils blessés au cours des bombardements ou par des tireurs du régime. Depuis avril 2012, MdM soutient matériellement des réseaux de médecins syriens appuyés par des équipes de bénévoles venant en
agnès varraine leca
Vidéo sur le web
nos objectifs Renforcer le soutien médical et psychosocial en Jordanie, au Liban et en Syrie.
Turquie
Soutenir les réseaux de médecins et bénévoles syriens
Présent depuis un an auprès des réfugiés en Jordanie et au Liban, Médecins du Monde appuie un centre postopératoire et de rééducation à la frontière turcosyrienne. Ouvert depuis six mois, il a accueilli plus de 1 200 patients ayant déjà été opérés dans des hôpitaux ou des cliniques syriennes, mais dont le suivi postopératoire et la rééducation n’ont pas été assurés. Actuellement,
aide à la population sur l’ensemble du territoire syrien. Face aux violences et aux bombardements généralisés, les besoins médicaux ne cessent de s’accroître. Le personnel médical ainsi que les structures de soins restent toujours la cible des forces gouvernementales. n
Camp de Qah plaine de la Bekaa
SYRIE
Liban Israël
Camps de Ramtha et de Zaatari
Jordanie
Irak
Arabie saoudite
Nos moyens • 1 référent santé mentale • 2 coordinateurs généraux • 1 responsable logistique • 2 responsables médicaux • 1 administrateur • les équipes locales de nos partenaires Nos activités Soutien et approvisionnement en médicaments aux réfugiés et aux réseaux des médecins en Syrie, consultations médicales et psychosociales.
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International et France / Travailleurs pairs
Des relais pour la prévention
Dans les programmes de Médecins du Monde, des hommes et des femmes, travailleurs pairs, sont des intermédiaires essentiels pour dispenser des messages de prévention des risques au sein des communautés. Qui sont-ils et quel est leur rôle ?
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’est une jeune femme fluette, à l’élocution un peu timide. Ekko vit en Birmanie, elle a 37 ans. Mère de famille, séropositive, elle est obligée de se prostituer pour subvenir aux besoins de ses enfants. « Je n’aime pas du tout faire cela, explique-t-elle. En revanche, j’aime mon activité de travailleuse paire pour Médecins du Monde. » Assise au milieu d’un groupe de jeunes femmes, Ekko explique comment utiliser un préservatif et souligne l’intérêt de passer des tests de dépistage. « Cela me permet d’aider à protéger les personnes qui se prostituent des maladies sexuellement transmissibles, comme le VIH. »
« Ils me font confiance. Ils comprennent ce que je fais pour eux » Moyens de prévention
MdM organise également des sessions d’information sur les moyens de prévention en allant dans les communautés, les postes de police, les prisons. Dans ce cadre, les travailleurs pairs sont de précieux relais pour accéder aux populations les plus
exposées. Ils sont issus de groupes plus à risques que d’autres car subissant plus de discriminations sociale ou légale, comme les personnes se prostituant ou les usagers de drogues. « Étant moi-même séropositive, j’arrive mieux à les comprendre, je sais comment leur parler », explique ainsi Ekko. Quand ils lui demandent à quoi servent les traitements antirétroviraux, sa réponse a du poids. « Je leur dis : “regardez-moi ! Avant j’étais malade, maintenant je peux même travailler à nouveau. Les antirétroviraux peuvent vraiment aider à vivre normalement.” »
Seringues stériles
Autre continent, autre problématique. Depuis une quinzaine d’années, la Tanzanie est une étape de la route de l’héroïne. La consommation de drogue s’y développe, ainsi que le VIH. à Dar
Afghanistan Après six ans d’action de réduction des risques auprès des usagers de drogues de Kaboul, Médecins du Monde transfert ses activités aux partenaires afghans, tout en renforçant leurs compétences. Depuis 2006, MdM a développé un programme de prévention et d’accès aux soins de santé primaires et aux traitements, auquel s’ajoute un soutien psychologique et social. Des acteurs locaux ont également été formés et sensibilisés à la lutte contre le VIH. L’association a ainsi prescrit les premiers traitements antirétroviraux en 2009 et les premiers traitements de substitution à la méthadone en 2011.
es-Salaam, 30 % des hommes et 67 % des femmes consommateurs d’héroïne sont infectés par le virus du sida. En 2010, MdM a lancé un projet de prévention, avec pour mesure phare la mise à disposition de seringues stériles pour les usagers de drogues. Ramson, un jeune Tanzanien, ancien usager de drogues, aide l’association à faire passer le message. « Je rencontre les bénéficiaires pour leur expliquer comment utiliser le matériel d’injection en toute sécurité », explique-t-il. Parler en connaissance de cause lui permet de gagner la confiance de ses interlocuteurs. « Avant, je m’injectais de la drogue et partageais les seringues. Je suis devenu séropositif à cause de cela. Les usagers auxquels je parle me font confiance. Ils comprennent ce que je fais pour eux. » n Sophie Tardy-Joubert © Robin Hammond/DR MdM
riensansnous.medecinsdumonde.org
Depuis 1996, Médecins du Monde intervient en Birmanie auprès des personnes les plus exposées aux risques infectieux, comme les usagers de drogues ou les personnes se prostituant. L’association leur offre une prise en charge médico-sociale en centre ou à l’extérieur, grâce à des équipes mobiles.
La réduction des risques chez MdM repose sur le non-jugement de l’autre et l’acceptation des différentes pratiques des personnes.
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tchad / Santé sexuelle et reproductive
à cheval vers la maternité
Depuis 2009, dans la région du Kanem, à Mao, dans le NordOuest du Tchad, MdM mène un programme dont l’objectif est d’améliorer la santé maternelle, néonatale et infantile en facilitant l’accès aux centres de soins.
Diaporamas et vidéo sur le web
Nos objectifs Réduire la mortalité maternelle, néonatale et infantile dans la région du Kanem par la mise en œuvre d’un continuum de soin entre les centres de santé et l’hôpital de district. Nos moyens Personnel médical expatrié (sage-femme, gynécologue, pédiatre) et un référent santé communautaire. Personnel médical local (trois sages-femmes, un infirmier) et six animateurs (projet charrette et sensibilisation SSR).
© Raphaël Blasselle
Nos activités Formation d’accoucheuses traditionnelles. Sensibilisation des communautés villageoises et des jeunes dans les collèges et lycées à la SSR. Supervision du personnel dans les centres de santé.
Libye
Niger mao Soudan N’djamena
Nigeria
Cameroun
Rep. centrafricaine
MdM s’adapte aux populations, une charrette convient mieux aux habitants du désert qu’un 4x4 coûteux et complexe à entretenir.
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n proverbe local dit qu’une f e m m e enceinte a déjà un pied dans la tombe. Chaque jour, nous nous mobilisons pour que cette situation critique change », insiste Oscar Pale, coordinateur du programme à Mao. Les indicateurs sanitaires attestent de cette réalité difficile. Le Tchad est le deuxième pays du monde pour le nombre de femmes mourant en donnant la vie : 1 100 décès pour 100 000 naissances vivantes (source Pnud 2010, contre 8 pour 1 0 0 0 0 0 e n F r a n c e ) . A n n e Gouezec, sage-femme, va régulièrement rencontrer les femmes dans les villages alentours. Dans un paysage lunaire et désertique, après une vingtaine de kilomètres dans la brousse, Sombori.
En un an, le nombre d’accouchements dans les centres de santé est passé de 7 à 17 par mois.
MdM, est mise à la disposition des habitants de Sombori pour transporter les femmes enceintes vers le centre de santé. Un moyen de transport rudimentaire mais adapté à la réalité des habitants. Ce projet est d’ailleurs placé sous la responsabilité d’un comité de gestion local élu par les habitants. « C’est un beau projet, car ce comité de gestion prend son rôle très à cœur, se réjouit Anne. Il est responsable de l’entretien de la charrette et de la nourriture du cheval. Pour utiliser la charrette, c’est un système de cotisation. Chaque famille doit verser 750 CFA (soit 1 euro) ou un coro de mil (2 kg). C’est une gestion communautaire qui va s’inscrire dans le temps. »
Une gestion communautaire
Un début encourageant
Un village isolé situé à plus d’une heure du centre de santé. Ici, comme l’explique Anne, les croyances traditionnelles sont très ancrées : « La coutume dit que la femme enceinte ne doit pas trop s’alimenter pour éviter d’avoir un gros bébé. Elle doit accoucher chez elle et rester isolée quarante jours. Avec le personnel local, nous les sensibilisons sur le suivi de la grossesse et les incitons à se rendre dans les centres de santé. C’est un travail de longue haleine, pas toujours simple. »
Depuis huit jours, une charrette avec un cheval, financée par
En quittant le village, au soleil couchant, Anne croise la char-
rette qui revient au village. à son bord, neuf femmes qui ont consulté pour vacciner leur enfant. « Il faut poursuivre notre travail de sensibilisation dans les villages, insiste Anne. En un an, le nombre d’accouchements dans les centres de santé est passé de 7 à 17 par mois. C’est un début encourageant ! » De retour, Anne est appelée en urgence à l’hôpital de Mao pour un accouchement. Avant de partir, elle se confie : « Hier, j’ai mis au monde une petite fille avec une grave malformation, ses jours étaient comptés. La mère l’a prise dans ses bras et l’a acceptée, car Dieu l’a voulue comme cela. Certains y voient une sorte de fatalisme. Moi, je pense que cela leur donne une grande force pour affronter les épreuves de la vie. » Cette résilience a permis à Anne de voir son métier différemment. n Lucie BoisarD N° 110 | Mars/Avril/Mai 2013
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france / réduction des risques
Qu’est-ce qu’une salle de consommation ?
© Virginie de Galzain
Début février, le gouvernement a autorisé l’expérimentation d’une salle de consommation à moindres risques à Paris, en partenariat avec Médecins du Monde et Gaïa. MdM s’engage depuis plusieurs années en faveur de l’ouverture de ces espaces. Explications du Dr Jean-François Corty, directeur des missions France. Plus d’infos sur le web
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uels sont les enjeux ? L’ouverture de salles de consommation à moindres risques est nécessaire face à deux enjeux majeurs. Un enjeu de santé publique : l’hépatite C touche près de 60 % des usagers de drogues par voie intraveineuse et l’épidémie est loin d’être jugulée. Et un enjeu de sécurité : les usagers les plus précaires s’injectent dans la rue, les cages d’escaliers, les squats, et font ainsi courir des risques aux riverains.
Nous gérons depuis plusieurs années une salle de consommation à moindres risques, à Bilbao, qui montre toute l’efficacité d’un tel dispositif… Quel est le principe des salles de consommation à moindres risques ? Il s’agit d’un dispositif médicosocial destiné à intégrer dans un parcours de soins les usagers les plus démunis. Après un entretien individuel, les personnes admises pourront bénéficier de matériel d’injection stérile – évidemment pas de drogue, qu’ils apporteront eux-mêmes – afin de réduire les risques de transmission de maladies infectieuses. Ils bénéficieront dans le même temps de la présence de médecins, infirmiers et travailleurs sociaux, qui pourront les orienter vers des programmes de sevrage
Le projet Erli et son bus près de la gare du Nord à Paris ont prouvé l’efficacité du dispositif.
ou de substitution, les aider à retrouver un accès aux soins, un hébergement adapté… Quelle est la légitimité de Médecins du Monde dans ce débat ? Nous avons été l’une des premières associations en France à orienter nos actions de réduc-
tion des risques vers les plus vulnérables, en particulier les usagers de drogues. Nos programmes d’échange de seringues, très décriés au début, ont permis de réduire considérablement la prévalence du virus du sida chez les usagers de drogues. Nous proposons depuis peu un programme innovant
d’Éducation aux risques liés à l’injection (Erli). Enfin, nous gérons depuis plusieurs années une salle de consommation à moindres risques, à Bilbao en Espagne, qui montre toute l’efficacité d’un tel dispositif (lire l’encadré). n Propos recueillis par philippe granjon
les expériences en europe Des salles de consommation à moindres risques existent depuis plusieurs années dans 8 pays d’Europe. Les études montrent qu’elles contribuent à réduire les comportements à risque, ainsi que la morbidité et la mortalité associées à ces
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pratiques. Elles parviennent également à orienter certains usagers vers un accès aux soins et/ou un traitement de leur dépendance. Enfin, ces études font état d’une sécurisation de l’espace public grâce à une diminution
de la violence et du matériel abandonné à proximité des salles. Il s’agit donc d’une mesure efficace, et complémentaire des services existants, à la fois pour réduire les risques de santé et assurer la tranquillité des riverains.
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EN BREF…
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Début 2013, MdM ouvre un programme de santé sexuelle et reproductive pour contribuer à la réduction de la mortalité et de la morbidité liées aux grossesses non désirées dans le district de Villa El Salvador, au sud de Lima. Les équipes réaliseront de la sensibilisation à la planification familiale ainsi que de la prévention et de l’appui pour les cas de grossesse non désirée au niveau communautaire. Le programme comprend également de la formation via des promotrices de santé et du renforcement du personnel de santé sur les actes liés aux complications dues à un avortement. Parallèlement, MdM mène un plaidoyer en faveur du droit des femmes à disposer de leur corps, à avoir des enfants ou non, à choisir le nombre de leurs enfants et l’espacement entre les naissances. n
© DR/MdM
PÉROU SANTé MATERNELLE
philippines
AU CôTé DES RECYCLEURS DE Manille En juillet 2012, Médecins du M o n d e a o u ve r t u n p r o gramme de promotion de la santé et de réduction des risques sanitaires, sociaux et environnementaux liés au recyclage des déchets d’équipements électriques et électroniques dans la métropole de Manille, aux Philippines.
© Christina Modolo
Le 21 janvier dernier, le Comité européen des droits sociaux (CEDS) a condamné la France pour violations manifestes de droits et d’accès aux droits des populations roms, après la saisine déposée par MdM début 2011. En décembre 2012, quatre expulsions violentes ont eu lieu à Marseille, interrompant ainsi une campagne de vaccination de MdM contre l’hépatite A. Cette quatrième condamnation souligne l’urgence pour le gouvernement de faire appliquer de manière effective le volet prévention de la circulaire du 26 août 2012 sur l’ensemble du territoire. n
de la société civile, va sensibiliser ces « recycleurs » aux dangers des produits toxiques et trouver, avec eux, des solutions pour minimiser les risques courus (distribution de matériel de protection, etc.), modifier les pratiques de recyclage et sensibiliser les autorités. Le programme se déroulera sur une période de quatre ans. n
ÉGYPTE SANTé MENTALE
© Myriam Pomarel/MdM
Roms LA FRANCE CONDAMNÉE
Ces déchets, entraînant de nombreuses pollutions, mettent en danger la santé des personnes exposées lors des opérations de recyclage et d’élimination des produits. Les femmes enceintes et les enfants sont les premières victimes. MdM, avec le soutien de la Fondation Veolia Environnement et en partenariat avec des acteurs
MALI PROGRAMME D’URGENCE à MOPTI En raison de l’insécurité politique et des indicateurs de santé inquiétants dans le nord du Mali, Médecins du Monde a mis en place en janvier un programme pour renforcer son action auprès des personnes affectées par la crise. MdM soutient les structures de
santé (six centres de santé communautaires et un centre de santé de référence) de Mopti et de Ténenkou. Les équipes, avec la Direction régionale de la santé, prennent également en charge les femmes victimes de violences dans le district de Mopti. n
MdM ouvre un programme de santé mentale début 2013 dans le Grand Caire. Pour répondre à la très faible offre de soins de santé mentale, MdM va venir en appui au système de santé égyptien et à diverses ONG locales. Les équipes de MdM formeront le personnel de sept centres de santé, tout en assurant le lien entre les différents acteurs impliqués sur la santé mentale. Le projet comportera aussi un volet de sensibilisation et de déstigmatisation auprès des acteurs communautaires. n Retrouvez tous nos programmes sur www.medecinsdumonde.org
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RENDEZ-VOUS / LA VIE DE L’ASSOCIATION…
PROJECTION/DéBAT
Les migrants à l’écran
livre © DR/MdM
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Dix ans après la fermeture de Sangatte, MdM a organisé le 20 décembre à Lille une soirée projection-débat sur les conditions d’accueil et de traitement des migrants dans la région Nord-Pas-de-Calais.
E © Sarah Alcalay
n plein centre de Lille, un public bigarré s’agglutine devant le Majestic, en réponse à l’invitation de Médecins du Monde, pour découvrir Illégal, le film coup de poing du Belge Olivier Masset-Dépasse. Il s’agit de commémorer le 10e anniversaire de la destruction du camp de Sangatte. Le centre n’est plus,
mais les migrants, eux, passent, ou tentent toujours de passer. Plusieurs centaines en permanence dans toute la région. Leurs espoirs, leurs désillusions, leur ténacité à toute épreuve, le film d’Olivier Masset-Dépasse les évoque magnifiquement. Animé par Jean-François Corty, le directeur des missions France de MdM, le débat qui suit la projection atteste d’abord que ce qui est vrai en Belgique l’est aussi en
France. Les photographes Olivier J o b a rd e t M a r i o n O s m o n t racontent leurs reportages, et décrivent des itinéraires qui sont venus buter sur les bords de la Manche. Haydée Sabéran, journaliste à Libération, qui suit les migrants dans le Nord-Pas-deCalais depuis une douzaine d’années, insiste à la fois sur l’inhumanité globale de leur condition, mais aussi sur la solidarité qui, isolée ou organisée, parvient à soulager leurs souffrances. L’alternance politique en France aurait-elle amélioré l e u r s i t u a t i o n ? C a t h e r i n e Bourgeois, élue du conseil régional, en veut pour preuve la circulaire d’août dernier qui prescrit à tout le moins un peu de concertation avant toute procédure d’expulsion. Enfin, Amine, Afghan et demandeur d’asile, aujourd’hui étudiant en commerce à Dunkerque et bénévole à MdM, témoigne de la chance qu’il a eue de rencontrer les « humanitaires », comment il a su la saisir, rebâtir un projet de vie et, aujourd’hui, donner à d’autres ce qu’il a lui-même reçu. n LUC ÉVRARD
Le voyage de Marion Osmont commence en Éthiopie, ce pays où, depuis dix ans, cette jeune photographe séjourne régulièrement. Elle y croise le chemin de ceux qui décident de tenter le grand voyage vers l’Europe. En octobre 2009, elle en retrouve certains à des milliers de kilomètres de là, en France, à Calais. Voir ce « symbole de l’échec des politiques migratoires » était une évidence pour Marion. Alors, patiemment, elle s’insère dans la communauté des migrants et rencontre Haroon, Soudanais du Darfour. Grâce à lui, avec lui, entre textes et images, elle raconte le quotidien de ceux dont le rêve s’est un jour transformé en cauchemar. Des hommes vivent ici, un livre de Marion Osmont, soutenu par Médecins du Monde et Amnesty International, aux éditions Images Plurielles www.imagesplurielles.com
Partenariat/Fondation Sanofi Espoir
Un partenariat pérenne au profit des plus vulnérables
P
artenaires de longue date, Médecins du Monde et la Fondation Sanofi Espoir renforcent encore leur collaboration en signant un accord de trois ans sur deux programmes innovants. Au Népal, la Fondation Sanofi
Espoir soutient un programme alliant santé materno-infantile et microcrédit avec pour objectifs d’améliorer la prévention sanitaire et l’éducation à la santé, et de participer également à l’autonomisation financière des femmes (2011-2014).
MÉDECINS DU MONDE - LE JOURNAL DESTINÉ AUX DONATEURS
En France, le soutien de la Fondation Sanofi Espoir doit permettre de renforcer l’accueil, l’accès aux soins et l’orientation des personnes accueillies dans les centres de MdM à Paris, Lyon, Montpellier et Toulouse (20122015). Créée en octobre 2010, la
Fondation Sanofi Espoir a pour objectif, au-delà des urgences humanitaires, de réduire les inégalités en matière de santé pour les populations les plus vulnérables, en répondant aux enjeux essentiels en matière de prévention, de formation et d’accès aux soins. n
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RENCONTRE
© Catherine Henriette
Comité des donateurs
Réduire les risques en Géorgie
question de donateurs Pourquoi n’ai-je pas mon reçu fiscal ?
Thierry Artero et Georges Quinquis © DR/MdM
L
a réduction des risques, l’accès aux droits et aux soins devraient être des priorités de santé publique en Géorgie, malheureusement elles sont très mal comprises par les gouvernements qui se succèdent sans prendre la mesure du problème. Depuis 2011, Médecins du Monde apporte son soutien à New Vector, une ONG géorgienne d’autosupport créée par d’anciens usagers de drogues, qui accueille les usagers, les soigne, leur fournit du matériel stérile, et réduit ainsi les risques liés aux pratiques d’injection. Le comité des donateurs s’est rendu sur place à Tbilissi et à Gori pour rencontrer cette association, le Réseau national de réduction des risques et des bénéficiaires des programmes en cours. Tous se sont félicités de l’appui de MdM aux initiatives visant à faire évoluer le regard de la société géorgienne et les pratiques officielles marquées par une longue tradition répressive.
Médecins du Monde vient de réaliser, à Tbilissi, une étude sur la prévalence des fibroses hépatiques liées au VHC. Ces résultats viendront renforcer le plaidoyer pour une prise en charge des personnes touchées (très nombreuses parmi les 27 000 usagers de drogues recensés) dans l’incapacité aujourd’hui de se soigner, faute de traitements à un coût accessible. n
Frédéric Lauwers
soigner et former
Le professeur Frédéric Lauwers, 46 ans, est chirurgien, spécialiste en chirurgie réparatrice maxillo-faciale au CHU de Toulouse. Chaque année, depuis seize ans, ce praticien part en mission au Cambodge pour l’Opération Sourire.
Plus d’infos sur le web
a pu être égaré par La Poste ou chez vous. Peut-être votre adresse a-t-elle changé ou estelle incomplète. Pour obtenir un duplicata, si vous avez accès à internet, vous pouvez le télécharger sur l’espace donateur. Sinon, il faut contacter le service donateurs par e-mail, téléphone ou courrier*. Pour les dons ponctuels, les reçus sont adressés toute l’année, pour les prélèvements, ils sont envoyés une fois par an en mars. Et pour être sûr de recevoir votre reçu, pensez à nous communiquer les changements d’adresse ou à modifier vos coordonnées sur l’espace donateur.
Vous souhaitez profiter de la déduction fiscale lors de la déclaration de vos revenus, mais vous n’avez pas ou plus le reçu. Il y a plusieurs raisons possibles : si vous avez demandé un reçu par e-mail, pensez à vérifier dans les courriers indésirables. * donateurs@medecinsdumonde.net S’il a été adressé par courrier, il ou 0800 014 014 (numéro gratuit).
Comment avez-vous rejoint l’Opération Sourire de MdM ? F. L. : En 1997, à la demande de l’hôpital Calmette de PhnomPenh, l’Opération Sourire cherchait des chirurgiens pour opérer une quinzaine d’enfants souffrant de malformations faciales. Depuis, je me suis rendu sur d’autres missions à Madagascar, en Éthiopie ou au Rwanda, mais c’est au Cambodge que je suis particulièrement attaché : j’y vais deux fois par an. Pourquoi cet attachement au Cambodge ? F. L. : D’abord, parce qu’il existe une demande importante de la part de la population. Au Cambodge, les principaux problèmes sont les malformations faciales comme les fentes labio-palatines (becs de lièvre) ou les méningo-encéphalocèles (une partie du cerveau se développe hors de la boîte crânienne). Le Cambodge ne bénéficie pas encore de spécialistes susceptibles d’opérer ces cas. Mais nous avons pu déve-
lopper dans le cadre de l’Opération Sourire un volet formation pour faire en sorte que certains d’entre eux puissent réaliser ces interventions de réparation maxillo-faciale. Cette relation de compagnonnage avec des collègues cambodgiens est la seconde raison de mon attachement à ce pays. Quel recul avez-vous sur les personnes opérées ? F. L. : S’agissant de pathologies très visibles, une fois que les personnes ont été opérées, on en gomme presque instantanément le principal aspect. Il est très gratifiant de voir en salle de réveil le sourire sur le visage d’une mère. C’est un instant magique, mais qui ne doit pas nous faire oublier la question de la suite qui, d’ailleurs, ne relève pas à proprement parler du domaine médical : est-ce que ces enfants vont pouvoir suivre une scolarité, s’insérer dans la vie sociale, bref reprendre une vie normale ? Or, même si on arrive à suivre beaucoup d’enfants parce que certains viennent nous revoir, il y en a une grande partie qu’on perd de vue. Il faut aller au-delà du seul geste médical que nous pouvons apporter… n propos recueillis par Boris Martin N° 110 | Mars/Avril/Mai 2013
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campagne
© DR/MdM
la solidarité, seul remède à la crise
« C’est la crise ? Imaginez pour eux ». Eux, ce sont les exclus à qui MdM vient en aide partout, y compris en France, et dont le nombre s’accroît avec la crise. à travers cet appel à dons, en ligne et dans la presse depuis le 10 décembre dernier, MdM
partir de clichés réalisés par ses équipes, Médecins du Monde lance une campagne qui prend parti et interroge chacun d’entre nous :
souhaite éviter le registre culpabilisant, trop souvent utilisé et contraire aux valeurs de l’association. Le premier message, « i magi nez p our eux » , est d’abord un message d’empathie pour tous ceux dont la vie est plus difficile et l’avenir plus
incertain. Le second message, corollaire, vient rappeler que, loin d’être obsolète, la solidarité est une valeur plus que jamais indispensable. Aidez-nous à soigner ceux qui n’ont rien. n Alice lebel
Legs, donations, assurances vie
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