111 Médecins du Monde
Le journal destiné aux donateurs de médecins du monde France Trimestriel - n° 111 juin/juillet/août 2013 0,60 € www.medecinsdumonde.org
Grèce malade de l’austérité |p. 2 à 4
Réfugiés
partenariat
France
Rencontre
Mexique
lire
MdM à leurs côtés aux frontières de la Syrie et au Burkina Faso |p. 5 Pourquoi l’abrogation de la LSI est-elle nécessaire ? |p. 7 Pour l’accès aux soins et aux droits des femmes migrantes |p. 8
La fondation Veolia et MdM, un partenariat de compétences |p. 10 Yarom Asma Gali, médecin et femme politique nigérienne |p. 11 Les nouvelles frontières de l’humanitaire, dans la revue Humanitaire |p. 12
tous médecins du monde !
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GRAND ANGLE / Europe
Accès aux soins et lutte contre la xénophobie
La Gr ce malade de l’aust rit
À l’occasion de la Journée mondiale de la santé, le 7 avril dernier, Médecins du Monde a présenté devant le Parlement européen une enquête sur l’accès aux soins en Europe, réalisée par ses équipes en 2012. L’occasion de faire un état de la situation en Grèce.
Diaporama sur le web
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e rapport Access to healthcare in Europe in times of crisis and rising xenophobia (Accès aux soins en Europe en temps de crise et de montée de la xénophobie) pointe les mesures d’austérité qui affectent les systèmes de santé de tous les pays européens et qui, par conséquent, affectent la santé des personnes. En effet, les populations déjà vulnérables, telles que les migrants, voient la disparition des filets sociaux de sécurité qui leur apportaient auparavant une aide minimale. Ils deviennent également les boucs émissaires, soi-disant responsables de la situation, pour les partis politiques populistes et d’extrême droite, qui profitent de l’augmentation de la pauvreté pour faire passer leurs idées.
sir à nourrir mon enfant. » Pour répondre à la crise profonde que traverse le pays, Médecins du Monde Grèce a donc doublé ses actions depuis 2011. Deux nouveaux centres de soins ont été créés, l’un à Perama et l’autre à Patras, en plus des trois déjà existants. Le travail des unités mobiles a également augmenté. Avant la crise, elles assuraient déjà l’accès aux soins dentaires et ophtalmologiques dans certaines parties du pays (les vill a g e s re c u l é s e t l e s î l e s ) . Aujourd’hui, elles se déplacent dans tout le pays, avec des médecins généralistes, des gynécologues, des pédiatres…
Auprès des sans-abri et des personnes âgées
Un nouveau projet a été lancé auprès des sans-abri à Athènes. Les difficultés de logement sont
un nouveau phénomène directement imputable à la crise, les expulsions pour insolvabilité étant de plus en plus fréquentes. Une unité mobile va à la rencontre des sans-abri dans différents quartiers avec des sacs de couchage et de la nourriture en proposant des soins physiques et psychologiques.
En 2012, 154 incidents de violence raciste contre des réfugiés et des migrants ont été recensés
souffre d’arthrite et d’insuffisance coronarienne. Ses problèmes se sont aggravés à cause de ses conditions de vie précaires, et malgré sa couverture maladie, il ne peut pas payer ses médicaments. Face à la présence de plus en plus importante des personnes comme Athanassis dans les centres de soins de MdM, une action auprès des personnes âgées a été initiée à Athènes et à Thessalonique.
Xénophobie et violences
Athanassis a 78 ans. Pendant deux mois il a vécu sans électricité, avant de déménager dans un entrepôt. Sa pension s’élève à 310 euros par mois, ses trois enfants sont au chômage et il
« à Athènes, vous pouvez voir débarquer à un coin de rue des bandes de vingt motards en noir, qui cherchent l’étranger qu’ils vont pouvoir démolir », raconte Nathalie Simonnot, directrice adjointe du réseau international de MdM. « Un jour, six motos ont tourné autour du camion
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© MdM Grèce
La situation est particulièrement difficile en Grèce, où plus de la moitié des jeunes sont au chômage, où les impôts se sont multipliés, où les fonctionnaires ont vu leur salaire diminuer de 20 à 50 %, où il faut payer 5 euros pour être soigné à l’hôpital. « Ma femme est enceinte de 4 mois et je n’ai pas les moyens de l’emmener consulter un médecin privé, explique Kostas. J’ai été licencié il y a un an, je n’ai aucun revenu et nous attendons notre premier enfant. Ma femme est sans emploi depuis deux ans. Je ne sais pas comment je vais réus-
© Benoît Guenot
La Grèce en difficulté
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© Giorgos Moutafis
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1_ En Grèce, les agressions
brutales et les crimes de haine contre les minorités ethniques sont devenus un phénomène récurrent. Les incidents ont débuté en 2010, mais le problème n’a fait que s’aggraver avec la crise économique et sociale grecque.
2_ Dans l’ensemble, l’état
de santé des patients rencontrés quotidiennement dans les centres de MdM ou lors des actions mobiles continue d’être bien plus inquiétant que celui de la population générale.
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3_En 2012, la santé
ne représentait que 1,6 % des raisons de migration déclarées. Le tourisme sanitaire ne concerne en aucun cas les gens vus dans les centres de MdM, ce qui brise le mythe du migrant touriste sanitaire.
N° 111 | Juin/Juillet/Août 2013
GRAND ANGLE / Europe
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Pour soutenir le nombre croissant de personnes à la rue, une unité mobile a été créée par MdM.
d’échange de seringues de MdM pendant vingt minutes. On a caché l’infirmier grec de couleur sous le lit d’examen. Un interprète afghan de MdM a été tabassé, avec le gros logo MdM sur le dos, et laissé pour mort dans la rue. » En 2012, 154 incidents de violence raciste contre des migrants ont été documentés par le Réseau de recensement de la violence raciste. Il s’agissait la plupart du temps d’agressions physiques dans les espaces publics. Le manque de
déclarations rend cependant opaque la véritable étendue de la violence (il faut payer 100 euros pour porter plainte…). MdM Grèce a réagi contre cette hausse de la xénophobie avec la création d’un nouveau projet intitulé « Assez ! », en collaboration avec le Conseil grec pour les réfugiés. Ce projet se concentre essentiellement sur les jeunes, cible directe des extrémistes de droite qui les impliquent dans des actes criminels. MdM et le Conseil grec
pour les réfugiés visiteront des écoles secondaires publiques situées dans les zones qui sont les plus touchées par la violence raciste afin de discuter ouvertement de ces questions et de sensibiliser aux conséquences négatives de la xénophobie pour l’ensemble de la société.
Soins et nourriture
La distribution de nourriture n’a jamais fait partie des activités de Médecins du Monde. Pourtant, face à la situation des patients
(pour certains, ils doivent choisir entre s’acheter de la nourriture ou des médicaments), les équipes de MdM Grèce ont commencé à collecter des denrées en 2011. En décembre 2011 et 2012, un arbre de Noël a été fabriqué avec des produits alimentaires au cœur du plus prestigieux parc d’Athènes, qui ont ensuite été distribués aux personnes fréquentant les centres de MdM. ■ Nolwenn Roussier, Nathalie Simonnot, Agnès Varraine Leca
chiffres MdM revendique le droit de dispenser des soins de santé, conformément à son éthique médicale, à l’ensemble des patients, indépendamment de leur statut social ou de leur origine ethnique. L’association demande également des systèmes de santé nationaux solidaires et accessibles à tous.
Dans son rapport européen, MdM présente les résultats d’informations collectées auprès de 8 412 usagers de 14 centres de soins dans 7 pays. • 81 % des patients doivent payer la totalité des frais médicaux pour accéder aux soins. • 59 % des femmes enceintes
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n’ont pas accès aux soins prénataux. • 49 % résident dans des logements temporaires ou instables. • 26 % se jugent en (très) mauvais état de santé général (50,8 % des patients en Grèce). • 20 % signalent s’être vu refu-
ser l’accès aux soins au cours des 12 derniers mois (surtout en Espagne, 62 %). • 36 % des patients ont renoncé à recourir à des soins au cours des 12 derniers mois. • 55 % des patients citoyens de l’UE ne sont pas autorisés à séjourner dans le pays où ils résident.
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Burkina Faso, Syrie / accès aux soins
Aux côtés des réfugiés
En Syrie et au Mali, les conflits provoquent le déplacement de centaines de milliers de personnes. Médecins du Monde apporte soins et soutien aux populations réfugiées dans les pays limitrophes. Retour sur nos actions à l’occasion de la Journée mondiale des réfugiés, le 20 juin.
Aider les Maliens au Burkina Faso
Depuis le mois de février 2012, MdM assure une assistance médicale aux réfugiés maliens
L’arrivée des réfugiés fragilise une situation sanitaire déjà délicate Depuis mars 2012, MdM finance les consultations dans ces centres, fournit les médicaments et forme le personnel médical. Les équipes des CSSP assurent également des suivis gynécologiques, pédiatriques et des vaccinations. Début mai, MdM a également lancé une clinique mobile se rendant au plus près des Syriens
Morgan Fiette © Agnès Varraine Leca
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uelques objets, des vêtements et des souvenirs. C’est souvent tout ce qu’il reste aux centaines de milliers de réfugiés, qu’ils soient maliens au Burkina Faso ou syriens au Liban ou en Jordanie. Victimes de conflits différents mais aux conséquences similaires pour les populations, ils ont dû fuir leur pays pour échapper aux violences. S’entassant dans des camps près des frontières ou dans des appartements loués à des prix exorbitants en ville, leurs conditions de vie sont très précaires et leurs besoins en soins permanents.
Au Liban, près de 405 000 Syriens étaient enregistrés ou en attente d’enregistrement auprès du HautCommissariat des Nations unies pour les réfugiés en avril 2013, soit l’équivalent de près 10 % de la population libanaise ; ils seraient au moins autant sur le sol jordanien. Face aux besoins criants de ces populations déracinées, MdM soutient trois centres de soins de santé primaires (CSSP) de la vallée de la Bekaa.
vivant dans des villages isolés et pouvant difficilement se déplacer. En Jordanie, dans le camp de Zaatari, plus de 100 000 Syriens sont regroupés. Parmi eux, Ibrahim et Hanadi : « Nous sommes arrivés en Jordanie depuis huit mois, mais c’est comme si ça faisait huit ans. On ne sait pas de quoi l’avenir sera fait. Il se pourrait qu’on meure ici ou bien que l’on retourne en Syrie. » à Zaatari, MdM gère depuis août 2012 un centre de santé et en a ouvert un second fin avril 2013, afin de mieux couvrir les besoins médicaux d’une population en constante augmentation. Devant la détresse psychique des réfugiés, causée par leur migration forcée et les atrocités qu’ils ont vues et vécues, l’offre de soins de santé primaires est complétée par un soutien psychologique. Au total, 320 consultations sont réalisées quotidiennement par les équipes de MdM en Jordanie ; une moyenne qui ne cesse d’augmenter avec l’afflux de nouveaux réfugiés. n
© DR/MdM
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Soigner aux frontières de la Syrie
installés au Burkina Faso, dans les camps de Mentao et Damba, dans le district de Djibo. « Nos équipes délivrent des soins de santé primaires et assurent l’évacuation des victimes vers l’hôpital de référence en fonction des besoins », explique Isabelle Bruand, responsable des programmes de la zone Sahel au siège de Médecins du Monde. L’amélioration de l’offre et de la qualité des soins pour les réfugiés reste une préoccupation majeure face à la précarité de leur situation, aux mauvaises conditions d’hygiène et d’assainissement, et aux risques de malnutrition. L’action de MdM auprès de ces populations est d’autant plus salutaire que l’arrivée des réfugiés fragilise une situation sanitaire déjà délicate : la province du Soum est l’une des régions du pays où les indicateurs de santé sont au plus bas. Jusqu’à présent, les réfugiés se voient dans l’impossibilité de regagner leur pays et MdM sera venu en aide à 20 000 d’entre eux d’ici à la fin de l’année 2013.
Les Maliens espèrent une amélioration de la situation pour rentrer rapidement chez eux.
à cause du conflit, près d’un million de Syriens sont réfugiés dans les pays voisins. N° 111 | Juin/Juillet/Août 2013
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© Robin Hammond/DR MdM
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Inde Chine Bangladesh birmanie Vietnam Laos Golfe du Bengale
Rangoon
Thaïlande
Cambodge Mer des Andamans
La réduction des risques chez MdM repose sur le non-jugement de l’autre et l’acceptation des différentes pratiques des personnes.
Birmanie / VIH
Aider sans juger Depuis 1999, Médecins du Monde mène à Rangoon un programme de réduction des risques auprès des groupes à risque pour le VIH (personnes se prostituant et homosexuels). Un apport reconnu par les autorités sanitaires de ce pays longtemps refermé sur lui-même, qui connaît une des épidémies de VIH parmi ces populations à risque les plus importantes d’Asie du Sud-Est.
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décembre 2012, en plein cœur de Rangoon. De la bâtisse, dans laquelle a pris place une foule impressionnante, s’échappent les échos d’une musique pop, une estrade encore vide attend ses artistes qui, en coulisse, se parent de leurs plus beaux atours. Dans la salle, on attend patiemment, on se salue, on plaisante. Monte alors sur scène, aussitôt ovationné par l’assistance, un travesti. Revêtu de la tenue traditionnelle du rituel nat-Kadaw, le voici qui exécute la chorégraphie désarticulée des danseurs censés servir de lien avec les nats, esprits vénérés dans toute la Birmanie. Ce n’est pas le moindre des paradoxes de ce pays d’avoir institutionnalisé le rôle social de ces « beautés
birmanes » tout en réprimant l’homosexualité, susceptible d’emprisonnement. À rebours de cette stigmatisation, et face à l’épidémie de VIH, MdM a mis en place un projet de prise en charge médicale, psychologique, sociale et juridique des populations les plus à risque. Parmi elles, les homosexuels, mais aussi les prostitué-e-s.
« Je ne cherche pas à sortir les travailleuses du sexe de la prostitution, mais seulement à les informer » Jour de fête
Aujourd’hui, comme chaque a n n é e , M d M o rg a n i s e s a Journée mondiale contre le sida.
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L’occasion, bien sûr, de diffuser des messages de prévention sous forme de jeux, scénettes ou simulations d’utilisation de préservatifs masculins et féminins en aveugle… Mais c’est surtout un moment de rencontre pour tous ceux qui sont concernés par le programme. Volontaires, travailleurs pairs, bénéficiaires, ils sont venus, elles sont toutes là. Plus de 500 personnes, parmi lesquelles Zay Ya, un jeune homosexuel de 25 ans venu un jour faire un test HIV et qui a découvert une famille : « J’ai trouvé une ferveur entre les gens qui viennent. » De patients les bénéficiaires deviennent souvent membres de l’équipe à part entière, comme Phyoengal, ancienne prostituée devenue travailleuse pair, un maillon essentiel pour toucher la communauté : « Je ne cherche pas à sortir les travailleuses du sexe de la prosti-
Nos objectifs Prévention et soins des IST et du VIH/sida auprès des travailleur-se-s du sexe et des homosexuels Nos moyens Une clinique à Rangoon Des activités de rue, sur les lieux de vie et de travail. 80 personnels, essentiellement birmans, dont 35 travailleurs pairs, issus des communautés concernées. Nos résultats 5 800 travailleur-se-s du sexe et 4 100 homosexuels concernés par au moins une action de prévention, 1 320 personnes sous antirétroviraux, 1 500 000 préservatifs distribués.
tution, mais seulement à les informer. » à chacun, à chacune, ensuite, de suivre sa route.
Quotidien difficile
C’est qu’il y a loin de l’ambiance festive au quotidien. Ceux qui, l’espace d’une journée, l’ont un peu oubliée retrouvent bien vite leur existence précaire. Alors MdM s’est adapté à cette réalité. Neuf véhicules sillonnent les rues de Rangoon pour se rendre de jour comme de nuit dans les salons de massage, salons de beauté et autres discothèques où les travailleurs du sexe et les homosexuels exercent leur activité. Là ils diffusent l’information sur la prévention, les moyens de protection et adressent à la clinique de MdM ceux qui souhaitent réaliser un test HIV. Une fois dans les locaux, ils auront accès à un parcours complet de conseil et de soin, mais surtout à ce soutien humain qui leur permettra de vivre, un peu mieux, leur différence. n Boris Martin
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France / prostitution
ABROGATION DU DÉLIT DE RACOLAGE ?
Depuis dix ans, Médecins du Monde milite pour le retrait du délit de racolage public, aux conséquences particulièrement néfastes pour la santé des personnes se prostituant en France. Un premier pas vient d’être franchi avec le récent vote du Sénat en faveur de l’abrogation de cette loi…
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n ce jeudi soir, le Funambus de MdM sillonne les quartiers de Nantes, à la rencontre des femmes se prostituant, pour la plupart nigérianes ou roumaines. Objectifs : réduire les risques, favoriser le dépistage, l’accès aux soins et aux droits. Très vite, les langues se délient. Et ce soir, les agressions sont au centre des discussions. « J’ai été volée, agressée, violée », confie Juliana, 45 ans. Avant d’ajouter : « Mais je n’ai pas porté plainte. Pour la police, on n’est rien. »
Des arrestations fréquentes et souvent arbitraires
Cette peur de la police est l’une des conséquences de la loi pour la sécurité intérieure, qui a instauré le délit de racolage public, même « passif », depuis le 18 mars 2003. Cette notion floue a ouvert la voie à une pénalisation de fait de la prostitution, pourtant légale en France. Les témoignages sont nombreux dans le Lotus Bus, qui va à la rencontre des travailleuses du sexe c h i n o i s e s à P a r i s . « D a n s Belleville, les policiers suivent les voitures. Dès qu’une supposée prostituée descend, elle se fait arrêter », souligne l’une. « Il m’arrive d’être arrêtée alors que j’ai terminé et que je rentre chez moi », déplore une autre… Ces arrestations fréquentes et souvent arbitraires n’incitent pas à porter plainte en cas d’agression. « À quoi ça sert de porter plainte ? », s’interroge une femme victime de violences physiques.
« À quoi ça sert de porter plainte ? Ce que je fais est illégal, alors si je vais à la police, ils vont m’arrêter ! » Des prises de risques accrues
Cette peur de la police pousse aussi les femmes à prendre plus de risques. « C’est moins dangereux de se prostituer en journée, mais il y a plus de policiers, je suis donc obligée de travailler la nuit », déclare cette femme de 51 ans. « J’ai tellement peur d’être arrê-
tée que je n’ai plus le temps de négocier avec les clients, rapporte une autre, arrêtée 30 fois en un an. Je n’ai qu’une seule envie, c’est de monter dans sa voiture tout de suite pour ne pas être vue par la police. » Mobilisé auprès de ces populations particulièrement vulnérables à Paris, Nantes, Rouen, Poitiers et Montpellier, Médecins du Monde a multiplié les enquêtes pour dénoncer les conséquences du délit de racolage (lire encadré). Ses observations, citées à plusieurs reprises lors des débats parlementaires, ont contribué à l’adoption, le 28 mars dernier en première lecture au Sénat, d’une loi visant à abroger un tel délit. Reste à franchir la seconde étape, avec l’adoption définitive de cette loi par l’Assemblée nationale. n
chiffres Selon l’enquête réalisée par Médecins du Monde, 86 % des travailleuses du sexe chinoises à Paris ont été victimes d’au moins une forme de violence depuis leur arrivée. Notamment : • 63 % ont été confrontées à des retraits de préservatifs non consentis ; • 55 % ont été victimes de violences physiques ; • 38 % ont été victimes de viol ; • 23 % ont été victimes de séquestration… Pourtant, seul un cinquième des cas de violence a fait l’objet d’un dépôt de plainte.
Philippe granjon
© Boris Swartzman
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« Ce que je fais est illégal, alors si je vais à la Police, ils vont m’arrêter ! C’est toujours nous qui avons tort, car on se prostitue. »
Le 18 mars dernier, pour les 10 ans de la LSI, un happening a eu lieu devant l’Assemblée nationale. N° 111 | Juin/Juillet/Août 2013
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en direct de...
© Michel Redondo
mexique / migrants États-Unis
Mexique
Mexico Océan Pacifique
Le prix élevé du r ve mexicain Dans le Chiapas, des migrants d’Amérique latine traversent chaque jour la frontière, en quête d’une vie meilleure. Avec la crise économique aux USA, leur chemin s’arrête au Mexique, où l’accueil n’est pas à la hauteur de leurs espoirs.
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ur le fleuve Suchiate, frontière naturelle entre le Mexique et le Guatemala, la chaleur est presque intenable. Juan Carlos arrose son embarcation pour éviter que les pneus qui lui permettent de flotter n’explosent. À bord, quatre personnes tentent de franchir la rivière. Chaque jour, Juan Carlos et des dizaines d’autres « coyotes » font traverser illégalem e n t c e t t e f ro n t i è re , p o u r quelques pesos, à une centaine de mètres du poste officiel pimpant. Ici, le trafic est toléré et même réglementé par les deux municipalités. « Les migrants vont surtout au Mexique pour récolter mangues, bananes, café ou maïs, explique Juan Carlos, ce que ne veulent pas faire les Mexicains. » Certaines femmes deviennent
Chiapas
Nos objectifs Améliorer l’accès aux services sanitaires, sociaux et psychologiques des femmes migrantes, employées et travailleuses du sexe à Tapachula et Huixtla, État du Chiapas.
Les séances de sensibilisation permettent aux femmes migrantes de connaître leurs droits.
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Belize Guatemala
serveuses, danseuses stripteaseuses, employées domestiques ou encore prostituées. Continue alors une vie de galère, loin du rêve mexicain qui les animait, où santés sexuelle et psychologique sont malmenées.
Ici, les travailleuses du sexe sont considérées comme des produits car elles se vendent En franchissant le Suchiate, Keila est arrivée du Honduras en 2010. Illégalement. à 23 ans, elle est maman de trois enfants âgés de 2 mois à 4 ans. Dans le restaurant où elle travaille, la règle est dure pour les serveuses : elles empochent un pourboire lorsque les clients leur paient une bière. « Je dois boire jusqu’à 30 bières par jour, confie-t-elle, c’est difficile de s’habituer, mais c’est la vie. » à l’arrière du restaurant, plusieurs chambres sont à dispo-
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sition. Si besoin. Médecins du Monde a donc lancé, début 2011, un programme pour apporter aux femmes migrantes toute l’information et l’accompagnement nécessaires en matière de santé sexuelle et reproductive et pour leur permettre de se rendre dans les centres de santé existants, tout en luttant contre les discriminations et les violences dont elles sont victimes.
Dans les zones de tolérance, tout est permis
À quelques rues de là s’étale la zone de tolérance (partie de la ville où la prostitution est « regroupée » et soumise au contrôle des autorités sanitaires). Maribel a une chambre de quelques mètres carrés dans une maison close, appelée maladroitement « Mon bureau ». Une vingtaine de filles, toutes migrantes, y vivent et voient défiler les hommes de la ville. à 50 ans, Maribel se prostitue
Nos actions Sensibilisation sur les thèmes de la santé sexuelle et reproductive, des violences, des addictions et de l’estime de soi. Orientation vers les centres de santé. Formation de personnels de santé. Nos moyens 1 coordinatrice de mission expatriée, 1 médecin, 1 psychologue, 1 infirmière, 1 logisticien, 2 chargées de promotion de la santé, 1 secrétaire, 1 assistante
pour gagner sa vie, mieux qu’au Salvador, d’où elle a fui, ne parvenant plus à vivre de sa couture. Ses yeux brillent quand elle parle de ses deux filles de 17 et 26 ans, restées au pays, qui ignorent tout de sa nouvelle vie. « Je leur dis que je suis vendeuse, elles me croient, chuchote-t-elle. En vivant ici, l’estime de soi en prend un coup. » Alors, lorsqu’Ana Luisa, la psychologue de Médecins du Monde, lui apprend à se revaloriser, Maribel se sent un peu mieux. « Ici, les travailleuses du sexe sont considérées comme d es p roduits , car elles s e vendent, explique Carmen, coordinatrice de la mission. Toutes ont une histoire très dure. On leur manque de respect, mais nous voulons qu’elles soient traitées comme les autres personnes. Elles-mêmes souhaitent être vues comme des êtres humains, et non pas comme des victimes. » n Louise Tesse
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EN BREF…
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Comité de la charte Nouvelle marque d’agrément
gaza
étrangères. Des activités qui ont fait leur preuve, en temps normal et lors des dernières opérations militaires de novembre 2012, en désengorgeant les hôpitaux gazaouis. Dans la continuité de son programme lancé en 2009, MdM forme donc à la gestion des urgences 75 ambulanciers, infirmiers et médecins exerçant dans des centres de santé. MdM travaille également avec
Reprise des activités Début mai, Médecins du Monde a repris ses activités de préparation aux urgences à Gaza, avec le soutien du ministère allemand des Affaires © William Daniels/Panos pictures
La mission parrainage des enfants hospitalisés a ouvert, au printemps, deux nouvelles antennes, l’une à Saint-Laurentdu-Maroni, en Guyane, l’autre à Saint-Denis de La Réunion. Dans ces deux départements d’outremer, la présence des parents auprès de leurs enfants hospitalisés n’est pas toujours possible en raison de difficultés administratives ou économiques. Pour briser l’isolement des enfants malades, des bénévoles de MdM leur apportent, par des visites régulières et assidues, l’affection et le réconfort nécessaires à leur bon rétablissement. n
© Giovanni Marrozzini
parrainage Deux nouvelles antennes
Depuis le 1er janvier, le logo du Comité de la Charte a changé pour faciliter la compréhension de la marque par le grand public. Sa fonction reste la même : garantir aux donateurs qu’ils peuvent faire un « don en confiance » aux organismes ayant reçu l’agrément, dont MdM. En effet, seuls les organismes respectant certaines règles de déontologie, notamment en termes de gestion et de t r a n s p a re n c e f i n a n c i è re s , peuvent l’apposer sur leurs documents et leur site internet. n
810 membres de communautés particulièrement affectées dans les situations de crise : pêcheurs, agriculteurs de la zone tampon entre Gaza et Israël, très sensible aux tensions, et groupes de femmes. Ces personnes sont formées aux techniques de réanimation de base et coordonnent leur action avec les services d’urgence des centres de santé et des hôpitaux. n
Géorgie réduction des risques Une conférence nationale sur la réduction des risques (RdR) s’est tenue les 25 et 26 mars à Tbilissi, en Géorgie. Dans ce pays, où le taux de prévalence de l’hépatite C parmi les usagers de drogues par voie intraveineuse atteint 70 %, Médecins du Monde soutient l’association New Vector, qui
vient en aide à cette population infectée par le virus. Fort de cette expérience et de l’expertise acquise depuis 1989 sur le thème de la RdR, MdM a présenté lors de la conférence les résultats de son enquête sur la fibrose hépatique, menée en octobre 2012 auprès de 217 usagers de drogues géorgiens. n
violences faites aux femmes Déclaration de l’ONU MdM salue l’adoption par l’ONU, le 15 mars dernier à New York, d’une déclaration dénonçant les violences faites aux femmes. Le texte invite les 193 pays signataires à « traiter et éradiquer en priorité les violences domestiques » et
précise qu’« aucune coutume, tradition ou considération religieuse » ne peut les justifier. D’après une étude de la Banque mondiale mentionnée lors de l’élaboration du texte, les femmes entre 15 et 44 ans décèdent davantage des suites
d’un viol ou de violences que du sida, du cancer et du paludisme réunis. n Retrouvez tous nos programmes sur www.medecinsdumonde.org
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RENDEZ-VOUS / LA VIE DE L’ASSOCIATION…
Partenariat
La Fondation Veolia, partenaire au-del des financements
© DR/MdM
© DR/MdM
MdM et la fondation Veolia Environnement ont initié un partenariat de compétences dans le cadre du programme de réduction des risques environnementaux auprès des recycleurs informels de Manille, aux Philippines. Franck Haaser, directeur des opérations de la fondation, et Guillaume Fauvel, responsable du programme aux Philippines, nous en expliquent les modalités.
Franck haaser directeur des opérations de la fondation veolia environnement
Qu’est-ce qu’un partenariat de compétences et que vous apporte-t-il réciproquement ? Frank Haaser : La fondation Veolia apporte à Médecins du Monde une aide à la fois technique et financière. En échange, l’ONG donne à la fondation Veolia Environnement la possibilité de collaborer sur des thématiques qui lui sont chères : la santé et l’environnement. Trois salariés volontaires de Veoliaforce (mis à disposition par la fondation Veolia) se sont déjà rendus à Manille pour partager leurs savoir-faire avec les équipes de MdM. Grâce à ce programme, les salariés de Veoliaforce peuvent redécouvrir leurs métiers, et leur donner un
Guillaume Fauvel
Responsable du programme aux Philippines
nouveau sens. Sans oublier l’apport culturel d’un tel échange. Guillaume Fauvel : Les volontaires de Veoliaforce apportent des connaissances techniques que nous, professionnels de la santé, n’avons pas. Ils sont force d’analyse et de propositions. Par exemple, nous avons constaté que les enfants s’intoxiquaient en brûlant des gaines électriques pour récupérer le cuivre à l’intérieur. Les ingénieurs sanitaires de Veoliaforce nous ont d’abord conseillé dans le choix des masques de protection à acheter, puis ils nous ont proposé un système pour dénuder les gaines sans les brûler.
MÉDECINS DU MONDE - LE JOURNAL DESTINÉ AUX DONATEURS
Le projet profite-t-il aux activités économiques de l’entreprise Veolia ? F.H. : Le but de ce partenariat est d’œuvrer pour améliorer les conditions de vie des recycleurs informels de la banlieue de Manille. Nous communiquons essentiellement vers l’interne afin de faire connaître les actions de la fondation aux salariés de notre groupe et de valoriser les compétences que les volontaires de Veoliaforce déploient en mission, au-delà de leur activité au sein de l’entreprise. Ensuite, il est à noter que ce partenariat s’est construit en codéveloppement, chacun apporte sa contribution, mais MdM reste porteur du projet et en garde la pleine maîtrise. G.F. : Il n’est évidemment pas dans l’intention de Médecins du Monde de contribuer à un quelconque objectif commercial, ou même indirectement aux activit é s d e Ve o l i a d a n s l e u r ensemble. Ce qui nous réunit, c’est la complémentarité de nos compétences. Le partenariat est avec la fondation Veolia et se limite à un apport technique et financier sur un programme, dans un cadre clairement défini. Des lignes de conduite, des modalités ont été fixées et des bilans réguliers sont effectués. Nous sommes dans une démarche constructive, fondée sur la confiance et la concordance des objectifs.
Comment ce partenariat va-t‑il évoluer ? G.F. : Une deuxième mission aura lieu en juin aux Philippines et le projet va se poursuivre pendant au moins trois ans. En parallèle, nous avons signé un accord plus large prévoyant la mise à disposition d’experts de Veoliaforce sur différents programmes de MdM pour les quatre années à venir. F.H. : Il y a encore tant à faire en matière d’accès à l’eau, d’accès aux soins, de production d’énergie dans les camps de réfugiés, de gestion des déchets, de protection de la biodiversité… C’est le but de notre fondation que de soutenir des actions concourant à la lutte contre l’exclusion et à la sauvegarde de l’environnement : notre partenariat avec Médecins du Monde ne peut donc qu’être fructueux et prometteur. n • En savoir plus sur le programme de prévention des risques environnementaux auprès des populations vulnérables aux Philippines : http://www.medecinsdumonde. org/A-l-international/Philippines • En savoir plus sur la fondation d’entreprise Veolia Environnement : http://www.medecinsdumonde. org/Agir-Donner/Partenariats/ Ils-soutiennent-Medecins-duMonde/FONDATION-VEOLIAENVIRONNEMENT
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RENCONTRE
© DR/MdM
Comité des donateurs
L’hiver à Angoulême
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Paule Champetier de Ribes et Olivier Péray © DR/MdM
epuis plusieurs années, Marie-Laure, psychologue bénévole, coordonne les missions de MdM en Poitou-Charentes. En février 2013, nous avons partagé ses rencontres avec les gens du voyage (le compte rendu de notre visite est sur le site de MdM). L’approche de ces « voyageurs », population très précarisée, exige de longs mois avant d’établir un rapport de confiance, seul sésame pour s’entendre confier leurs multiples problèmes de santé. Dans cette banlieue d’Angoulême, Marie-Laure est maintenant accueillie comme un membre de la famille. Beaucoup de ses « patients » ne savent ni lire ni écrire et le suivi des soins
demeure pour eux un véritable casse-tête. Autour du poêle dressé au centre d’un cabanon, une famille se regroupe autour de nous, curieuse et bienveillante. La consultation est informelle mais efficace. Nous touchons du doigt le dénuement extrême de ces populations rejetées, et, sans angélisme excessif, nous admirons leur dignité et apprécions leur sens de l’accueil. Ici, comme auprès des migrants ou des sansabri rencontrés au cours de notre visite, dans la pluie et le vent de février, nous avons admiré ces bénévoles qui ne comptent pas leur temps pour aller vers ceux qui ont un besoin urgent et vital, non seulement d’être soignés, mais aussi d’être écoutés et accompagnés. n
yarom asma gali Pour la santé des femmes nigériennes
Yarom Asma Gali est médecin. Elle est aussi directrice générale de la santé de la reproduction au ministère de la Santé au Niger et responsable des programmes publics de réduction de la mortalité maternelle.
Vidéo de l’interview
question de donateurs Qui est au téléphone ?
Peut-être avez-vous déjà été contacté par notre association ? Il nous arrive en effet d’appeler certains de nos donateurs pour les remercier, dans le cadre d’une enquête ou pour leur demander de soutenir l’une ou l’autre de nos actions. Ces appels nous sont très utiles puisqu’ils nous per-
mettent de faire le point dans notre relation avec vous et d’adapter, si nécessaire, nos sollicitations à votre égard. Ces appels sont émis de France par des prestataires de Médecins du Monde que nous formons à cet effet. Nous sommes particulièrement vigilants à utiliser cet outil avec parcimonie, pour ne pas vous déranger. Si vous nous contactez, c’est au siège de MdM, au service donateurs, que sera traité votre appel, du lundi au vendredi. Nous ferons au mieux pour répondre à votre attente. Merci d’avance pour votre bienveillance. donateurs@medecinsdumonde.net ou 0800 014 014 (numéro gratuit)
En matière de santé sexuelle et reproductive, où en est le Niger ? Depuis 2006, le gouvernement nigérien a mis en place une politique de gratuité ciblée des soins, c’est-à-dire la levée des barrières financières pour les femmes et les enfants. Ainsi, les médicaments et les frais d’hospitalisation sont gratuits pour les enfants de moins de 5 ans. Les femmes bénéficient d’exemption de paiement pour les consultations prénatales, les césariennes et la prise en charge des cancers gynécologiques. Quel rôle joue Médecins du Monde ? Médecins du Monde intervient dans deux districts sanitaires de la région de Tahoua pour aider à la mise en œuvre effec-
tive du programme public de réduction de la mortalité maternelle et infantile. En proposant des consultations et en assurant des soins gratuits dans 22 centres de santé, MdM a permis d’améliorer de façon très significative les conditions de vie des femmes et des enfants de la région de Tahoua. Quels sont les prochains défis pour le ministère de la Santé ? L’un des principaux défis est maintenant de permettre aux femmes nigériennes de pouvoir accéder aux services d’accouchement et d’éviter de mourir en donnant la vie. Par ailleurs, le gouvernement a adopté une loi qui rend obligatoire la scolarisation des jeunes filles, mais toutes les conditions ne sont pas réunies pour leur permettre de recevoir u n e é d u c a t i o n c o r re c t e , notamment en ce qui concerne leur santé et celle de leurs futurs enfants. n propos recueillis par alain forgeot N° 111 | Juin/Juillet/Août 2013
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publication
Le retour des frontières : focus sur la Syrie © DR/MdM
Il y a un peu plus de quarante ans, le débat autour des frontières donnait naissance au mouvement humanitaire français : désormais, le monde serait « sans frontières »…
l’obstination d’un dictateur et la frilosité des États et des bailleurs. Les ONG étrangères ne sont pas absentes pour autant, s’adaptant à ce contexte dangereux, recourant à la clandestinité, aidant les réfugiés aux frontières ou se mobilisant dans des campagnes de plaidoyer. L’ a c t i o n d e s m e m b re s d u Croissant-Rouge syrien, parfois décrié, doit également être saluée. Et le travail d’organisations créées dans le pays ou à l’étranger par des ressortissants syriens ou des amis du peuple syrien a fait montre de toute son efficacité. Ce faisceau d’actions suffira-t-il pour sortir de l’impasse syrienne ? À la terrible faveur de cette guerre, la revue Humanitaire ouvre un chantier sur ces « nouvelles frontières » qui entravent l’action humanitaire. n
http://humanitaire.revues.org
P
ourtant, aujourd’hui, de « nouvelles frontières » apparaissent, en même temps que les frontières traditionnelles resurgissent dans toute leur dureté. À l’image des murs qui, du Mexique aux Territoires palestiniens, se dressent aux quatre coins du monde, ceinturant des pays, les frontières se renforcent au gré d’un durcissement de régimes que l’on croyait appelés à s’effondrer. La Syrie est de ceux-là, comme sanctuarisée dans ses frontières depuis deux ans. Dans ce pays, l’action humanitaire s’avère particulièrement complexe, coincée entre
Boris Martin
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