Tous Médecins du Monde, le magazine des donateurs de Médecins du Monde n° 123

MÉDECINS E D N O M U De magazine des donateurs

N° 123 ÉTÉ 2016 TRIMESTRIEL 0,60 € — 1FS

L

En images /

Des vies sauvées en Méditerranée

Focus / Le prix exorbitant des médicaments Vie de l'association / Protéger les mineurs isolés étrangers

SOIGNE AUSSI L'INJUSTICE

RENCONTRE

MEXIQUE

Maria

Promotrice de santé au Mexique Originaire du Honduras, Maria, 43 ans, est promotrice de santé pour Médecins du Monde dans l’État du Chiapas, au Mexique.

Elle transmet les messages de prévention aux femmes qui, comme elle, sont fragilisées par leur statut de migrantes.

POURQUOI J’Y SUIS ? « Je suis arrivée à Tapachula il y a deux ans pour faire vivre mes neuf enfants restés au pays. J’ai trouvé du travail comme serveuse dans différents bars. Mais je n’étais jamais tranquille, il y a tant de femmes qui se font agresser en rentrant au petit matin…

Ma conscience politique m’avait déjà amenée à m’impliquer dans un mouvement populaire au Honduras. Aussi quand une amie m’a conseillé de suivre les formations sur les droits des femmes et la transmission des maladies sexuelles proposées par Médecins du Monde, ça a été le déclic. » CE QUE JE FAIS « Aujourd’hui je suis devenue une promotrice de santé engagée. Je participe aux ateliers dans la rue et dans les bars où nous distribuons des préservatifs et des lubrifiants aux serveuses, aux danseuses et aux travailleuses du sexe. Ma mission est d’expliquer et de proposer les tests de dépistage rapide du sida et de la syphilis. Récemment, j’ai participé à une campagne de promotion des frottis alors que je n’en avais pas fait depuis plus de 10 ans ! »

Découvrez notre dossier Mexique http://bit.ly/1XhY6Zu

2

—

www.medecinsdumonde.org

« Je suis si heureuse de m’investir dans la protection des femmes migrantes au Mexique. » Maria, promotrice de santé

© Nadja Massun

CE QUE JE RESSENS « Grâce à Médecins du Monde, j’ai obtenu un visa temporaire mais je m’inquiète beaucoup pour mes enfants. J’aimerais les faire venir auprès de moi, surtout les filles car le Honduras devient très dangereux.

En octobre 2015, j’ai été élue secrétaire de l’association Mujeres migrantes en acciÓn contra la violencia (MIMUMAV). Ça va me demander beaucoup de rigueur et de ponctualité, mais je suis si heureuse de m’investir dans la protection des autres migrantes au Mexique, en tant que femme indépendante ! »

OPINIONS

ÉTÉ 2016

, Editorial

Émus

nous agissons en France pour réduire les inégalités

Michèle, donatrice

Depuis 30 ans,

sociales et économiques de santé. Cette action, bien connue de nos donateurs, repose sur des programmes de proximité qui ciblent les plus fragiles d’entre nous, celles et ceux que leur statut social et légal relègue aux marges du système de santé universel : migrants, réfugiés, mineurs étrangers isolés, travailleuses du sexe, non et mal-logés, Roms...

Aujourd’hui, nous faisons face à un nouvel enjeu : la machine du médicament est cassée.

C’est ce que nous a appris le scandale du sofosbuvir, ce nouveau traitement contre l’hépatite C. Son prix anormalement élevé met en danger de faillite tout le système. Sa logique économique créé un précédent dangereux pour la prise en charge de toutes les maladies.

Il traduit une approche où la maladie est avant tout considérée comme un marché rentable plus que comme un problème de santé. Médecins du Monde a décidé de s’engager dans ce combat qui concerne 66 millions d’assurés sociaux et leurs ayant-droits en France

Je suis choquée de voir toutes ces personnes qui essaient de venir en Europe, entassées sur des bateaux pneumatiques par des passeurs qui profitent de la situation. Le récit des sauvetages menés par Médecins du Monde m’a profondément émue. Bravo à vous !

Motivés

Le 12 juin, j’ai participé à la course connectée Run for Health avec mes amis.

C’est très motivant de faire du sport pour une bonne cause. Jamais courir 10 kilomètres n’avait été un tel plaisir.

Belle initiative.

Nicolas, sportif occasionnel

Solidaires

Dans mon quartier, à Marseille, je croise de nombreuses personnes qui vivent à la rue.

J’essaie de les aider comme je peux, en fonction de mes moyens. Certains me racontent qu’ils voient les équipes de Médecins du Monde. Votre soutien est très important pour eux.

Lydie, infirmière

Dr Françoise Sivignon

Vous aussi, réagissez ! magazine@medecinsdumonde.net

Présidente de Médecins du Monde

' 2016 Au sommaire du N° 123 /' ete

Qui fait le journal ?

Médecins du Monde — Journal trimestriel publié par Médecins du Monde France — 62, rue Marcadet, 75018 Paris – Tél. : 01 44 92 15 15 – Fax : 01 44 92 99 99 – www.medecinsdumonde.org – Service donateurs : 0800 014 014 (N° gratuit) – Directeur de la publication France : Dr Françoise Sivignon – Rédacteur en chef : Thomas Flamerion – Maquettiste : Clémence Hivert – Comité éditorial : Hélène Berger, Alexandre Jalbert, Hugo Tiffou, Stéphanie Derozier – Rédaction : Thomas Flamerion, Olivier Maguet, Alice Lebel – Ont collaboré à ce numéro : le Comité des Donateurs, les desks urgence, Afrique, Amérique latine, Asie, Europe de l'Est, Moyen-Orient, la direction des opérations France – Secrétariat de rédaction : Pauline De Smet – Crédit photo de couverture : Sinawi Medine – Création maquette : Citizen-Press – www.citizen-press.fr – Tél. : 01 77 45 86 86 – Copyright : toute reproduction doit faire l'objet d'une demande écrite préalable. Ce numéro est tiré à 363 870 exemplaires et envoyé aux donateurs de Médecins du Monde, GC (Grande Cause) – ISSN 2429-2370 – Commission paritaire N° 1008H84740 — Fabrication : Koryo – 42, rue Pierre Valette, 92240 Malakoff – Imprimé sur papier 100 % PEFC.

Médicaments P. 6

Sauvetages P. 8

Parrainage P. 11

10-31-1904

Médecins du Monde N° 123 — 3

PANORAMA

L'image

EN BREF

Idomeni / Bloqués entre la Grèce et la République de Macédoine depuis la fermeture des frontières, des milliers de réfugiés vivent dans des conditions sanitaires déplorables.

En signe de solidarité, huit présidents du réseau européen de Médecins du Monde se sont retrouvés dans les camps près d’Idomeni où les équipes grecques et suisses de l’association viennent en aide aux familles qui ont fui la Syrie, l’Afghanistan ou l’Irak.

© Katrijn Van Giel

Pakistan/ Soigner les déplacés

4

—

Depuis près de 8 ans, Médecins du Monde vient en aide aux victimes du conflit qui touche le nord-ouest du Pakistan.

C’est dans la région du Khyber Pakhtunkhwa (KPK), où plus d’un million de personnes ont été contraintes de fuir, que l’association soutient un système de santé particulièrement fragile. Notamment dans le district de Tank, où l’offre de soins très limitée ne permet pas de répondre aux besoins des 400 000 habitants auxquels s’ajoutent quelque 100 000 personnes déplacées. Nos équipes médicales interviennent depuis avril dans une nouvelle clinique du district pour pallier le manque de personnel et d’approvisionnement en médicaments. Elles proposent des consultations de santé primaire, des soins nutritionnels et de santé sexuelle, mais également de la vaccination et des sessions de sensibilisation à l’hygiène.

www.medecinsdumonde.org

Yémen/ Accoucher en temps de guerre Depuis plus d’un an que dure la guerre entre les rebelles houthis et la coalition militaire menée par l’Arabie saoudite, le Yémen, l’un des pays les plus pauvres du monde, sombre dans le chaos. L’impact est dramatique pour les Yéménites : 82 % de la population – soit 21, 2 millions de personnes – dépendent de l’aide humanitaire. Outre qu’ils sont parfois la cible d’attaques, les hôpitaux manquent de matériel et de consommables médicaux.

Difficile, voire impossible alors de se faire soigner ou d’accoucher dans de bonnes conditions sanitaires. C’est pourquoi Médecins du Monde a décidé de renforcer son action en faveur des victimes du conflit yéménite en appuyant la maternité de l’hôpital général de Yareem, dans le gouvernorat de Ibb, à l’ouest du pays.

Les équipes soignantes pourront ainsi continuer à suivre les femmes enceintes, à accompagner les naissances et à offrir aux mères et aux nouveau-nés les soins dont ils ont besoin.

France/ Défendre les droits sexuels

Aggravés par les affrontements qui secouent le nord et le centre du pays, les problèmes de malnutrition constituent un véritable enjeu de santé publique au Mali. Dans la région de Mopti, Médecins du Monde a œuvré pendant trois ans pour permettre aux femmes enceintes ou allaitantes et aux jeunes enfants, premières victimes de la malnutrition, d’avoir accès gratuitement à des soins de qualité. En 2015, plus de 100 000 femmes et enfants ont ainsi pu être soignés dans des centres équipés par l’association en médicaments essentiels, consommables et matériel de base.

Nos équipes ont également participé à la vaccination des enfants et formé le personnel des associations de santé communautaires pour un dépistage plus efficace et une meilleure prise en charge de la malnutrition.

En mars dernier, Médecins du Monde organisait un grand colloque sur le thème « Droit à l’avortement : l’urgence d’un combat ». Pour l’occasion, une délégation de parlementaires africains était invitée à Paris pour un voyage d’échanges.

Venus du Burkina Faso, de République démocratique du Congo et de Côte d’Ivoire, ces acteurs politiques ont été sensibilisés au plaidoyer de Médecins du Monde pour l’amélioration de la prise en charge des grossesses non désirées et le respect des droits sexuels et reproductifs.

Leur séjour à Paris fut l’occasion de rencontrer leurs pairs à l’Assemblée nationale et de découvrir les projets que mène l’association en faveur de l’accès aux soins en France.

© Mylène Zizzo

Mali/ Lutter contre la malnutrition

Le saviez-vous ? © Guillaume Pinon

4 personnes sur 10 ayant déjà sollicité le 115 renoncent à y faire appel par découragement.

Le tweet

Dans @LaCroix un article de @PierreCochez sur le #Nepal 1 an après le #séisme avec itw D. Egreteau de @MdM_France

Source : Les conditions d’hébergement des personnes en situation de grande précarité, une enquête auprès

des patients rencontrés par Médecins du Monde en Île-de-France, 2016

© Nadja Massun

Amérique centrale/ Lancement d’un projet régional sur la migration Plus de 400 000 personnes migrent chaque année entre l’Amérique centrale et le Mexique.

Parmi elles des hommes seuls, mais également beaucoup de familles qui doivent se déplacer d’un pays à l’autre pour fuir les violences policières ou le crime organisé. Stigmatisés, fragilisés par leurs conditions de vie précaires, ces migrants n’ont pas connaissance de leurs droits en matière de santé. C’est pourquoi Médecins du Monde France et Espagne ont décidé de lancer conjointement un programme régional au Salvador, au Honduras, au Guatemala et au Mexique. L’objectif est d’améliorer l’accès aux soins et à un soutien psychologique pour ces personnes vulnérables.

En savoir plus : bit.ly/1T8si3G

Italie/ Soutenir les rescapés Plus de 30 000 réfugiés sont arrivés en Calabre par la mer en 2015.

Pour appuyer les autorités locales dans l’accueil de ces personnes souvent traumatisées par une traversée périlleuse, Médecins du Monde a formé les travailleurs sociaux des centres d’accueil calabrais aux premiers secours psychologiques. À Reggio, nos équipes médicales sont accompagnées de médiateurs culturels et interprètes pour accueillir les rescapés à leur descente des bateaux qui les ont secourus en Méditerranée.

Elles peuvent ainsi plus facilement inviter hommes, femmes et enfants à évoquer leur souffrance et les orienter vers les structures de santé dans lesquelles elles pourront être prises en charge.

Médecins du Monde N° 123 — 5

FOCUS

PRIX DES MÉDICAMENTS

FRANCE/

Prix du médicament, attention danger !

Pendant longtemps, les barrières financières à l’accès aux soins ont été le triste apanage des pays du Sud. Mais pour la première fois en France et dans d’autres pays européens, les gouvernements rationnent des traitements pour des raisons budgétaires. Un précédent inquiétant qui annonce une faillite de la sécurité sociale pour tous si rien n’est fait pour stopper la dérive du prix des médicaments. Médecins du Monde s’engage.

A

u début des années 2010 sont apparus de nouveaux traitements contre le virus de l’hépatite C : les antiviraux à action directe (AAD), qui permettent d’envisager une élimination de la maladie. Formidable espoir pour les 80 millions de personnes inféctées dans le monde, dont environ 230 000 en France.

d’un dysfonctionnement plus profond et plus ancien. Pour la première fois depuis la création de Mais après l’espoir vint la douche froide lorsque fut la Sécurité sociale universelle en 1945, l’État a mis sur le marché, en novembre 2014, le sofosbuvir, décidé de rationner l’accès à un traitement efficace le premier de ces AAD. Avec un prix de vente fixé pour des raisons uniquement budgétaires. par le gouvernement à 41 861,40 euros la cure de 12 semaines, traiter toutes les personnes concernées en France coûterait 10 milliards d’euros…

10 milliards, c’est presqu’un tiers des dépenses annuelles totales consacrées au médicament en France.

10 milliards, c’est le montant des économies atten- Les agences d’État implidues pour l’assurance maladie dans le cadre du plan quées dans la mise sur le gouvernemental d’économies 2015-2017.

Jamais de tels écarts entre les coûts de production marché des médicaments et de recherche et développement n’avaient été souffrent d’un profond atteints dans notre pays. Le coût de production du sofosbuvir, intégrant une marge bénéficiaire manque de transparence. de 50 % pour le laboratoire, est estimé à moins de C’est le dernier bastion dans 100 euros en utilisant des versions génériques lequel la démocratie sanihomologuées qui existent dans plusieurs pays.

Le sofosbuvir a en fait agi comme le révélateur taire n’a pas encore pénétré !

UNE DOUCHE FROIDE

6

—

www.medecinsdumonde.org

COMMENT EN SOMMES-NOUS ARRIVÉS LÀ ?

Depuis des années, les industriels du médicament détournent les principes du brevet. Alors qu’il a été conçu comme un outil pour avoir une juste rémunération de l’inventivité, le brevet est aujourd’hui utilisé pour imposer un rapport de force dans la négociation avec les États afin d’obtenir des prix plus élevés et des situations de monopole.

Accessoirement, cette dérive tend à diminuer considérablement l’innovation ; 74 % des médicaments mis sur le marché depuis 20 ans n’apportent aucun bénéfice thérapeutique par rapport à des molécules existantes.

Mais tout cela est possible car les agences d’État impliquées dans la mise sur le marché des médicaments souffrent d’un profond manque de transparence, voire de conflits d’intérêt. C’est le dernier bastion dans lequel la démocratie sanitaire n’a pas encore pénétré ! Quels arguments sont avancés

© Olivier Papegnies

Utiliser le droit pour changer le système

dans le secret des négociations ? Pourquoi l’État régulateur n’arrive-t-il pas à imposer des prix justes ? Nous n’aurons pas la réponse tant que ces instances ne seront pas ouvertes.

Le laboratoire pharmaceutique justifie le prix du sofosbuvir par les économies réalisées sur les soins aux malades de l'hépatite C, notamment sur le coût d'une greffe de foie. Un peu comme si le comprimé d’aspirine était vendu 1 000 euros parce qu’il réduit les risques cardiovasculaires et permet d’éviter des interventions chirurgicales cardiaques… Ce changement de paradigme met clairement en danger la pérennité de nos systèmes solidaires de santé. Là encore, l’État doit réinvestir son rôle de régulateur pour fixer la norme.

Or il refuse, malgré les demandes répétées de Médecins du Monde, d’utiliser un instrument légal puissant pour changer la donne : la licence d’office, qui peut être déclenchée si les médicaments sont « à des prix anormalement élevés » (article L 61316 du Code de la propriété intellectuelle). Cette

loi ouvre la porte à la production de versions génériques bien moins coûteuses et supportables par la Sécu.

Avec en toile de fond les mêmes dynamiques appliquées aux anticancéreux, c’est la faillite du système de santé qui est programmée si nous ne révisons pas la logique de fixation du prix du médicament. La machine est cassée, changeons le moteur ! C’est désormais un combat de Médecins du Monde.

Le sofosbuvir a révélé au grand jour combien la logique de fixation des prix du médicament est devenue folle. Depuis deux ans, Médecins du Monde n’a cessé d’alerter les pouvoirs publics. Sans réponse de l’État qui seul, en tant que régulateur du marché du médicament, peut y mettre fin.

C’est pourquoi nous avons décidé, en février 2015, d’utiliser la seule arme du droit à notre disposition pour faire entendre notre voix : l’opposition au brevet.

Cette action judiciaire peut permettre d’ouvrir la voie à l’utilisation de médicaments génériques beaucoup moins chers. Elle a aussi l’avantage de dénoncer la perversion des principes de la brevetabilité par les industriels du médicament, avec la caution des États.

Le jugement de ce recours juridique est attendu les 4 et 5 octobre 2016.

Olivier Maguet

Compléments web Signez la pétition pour faire baisser le prix des médicaments : leprixdelavie.com

Médecins du Monde N° 123 — 7

FOCUS FOCUS

EN IMAGES

« Beaucoup n’ont plus la force de monter par eux-mêmes sur le bateau, il faut les hisser. » ical Favila Escobio, coordinateur méd

'

,

,

Signalement

C’est le centre maritime de Rome qui signale à l’Aquarius les zodiacs en détresse qui doivent être secourus.

Pat hologies

ermie, Les rescapés souffrent d’hypoth d’eau de déshydratation, d’ingestion plaies de mer, de brûlures au fuel, de causées par les vis des radeaux 08de— bless www.medecinsdumonde.org ures par balle. ou

Accueil a bord

Dans les espaces de repos, des couvertures, des kits d’hygiène et de la nourriture sont distribués aux rescapés transis de froid.

Mediterranee ' '

Des centaines de vies sauvées en mer

Prise en charge

e, Depuis les canots de sauvetag des informations sur l’état de santé des naufragés sont transmises aux équipes s médicales qui se tiennent prête à les accueiilir sur l’Aquarius.

De février à avril, Médecins du Monde s’est associé aux opérations de sauvetage en mer menées par SOS MÉDITERRANÉE à bord de l’Aquarius.

En trois mois, ce sont 917 personnes, pour la plupart originaires d’Afrique subsaharienne, qui ont été secourues au cours de six sauvetages entre la Libye et l’Italie. Parmi elles, de nombreuses femmes, parfois très jeunes, qui semblent avoir été les victimes de violences sexuelles.

Beaucoup d’enfants également, livrés à eux-mêmes. Comme Aboubacar, un jeune Gambien de 14 ans qui a vu l’ami avec qui il voyageait se noyer le 17 avril, alors que le canot qui les transportait, surchargé, sombrait.

Ce jour-là, l’Aquarius sauvera 108 personnes d’une mort certaine.

Dans la clinique installée sur le bateau, les équipes de Médecins du Monde ont pris en charge des rescapés blessés, profondément traumatisés tant par la traversée que par leur parcours migratoire et les mauvais traitements subis en Libye. Pour leur permettre d’exprimer leur détresse, des entretiens de soutien psychologique ont été menés.

Autant de soins d’urgence prodigués à bord, sans relâche, avant que l’Aquarius ne ramène sur les côtes siciliennes ou calabraises ces personnes qui ont tenté ces traversées de la dernière chance. Avec l’espoir d’un avenir meilleur dans une Europe qui, obstinément, leur ferme ses portes.

Reportage photographique de Sinawi Medine

Médecins du Monde N°123 — 09

DE VOUS À NOUS

EN BREF ÎLE-DE-FRANCE

, A voir !

La Mécanique des flux Sur les routes migratoires en Europe, Nathalie Loubeyre donne à voir et à entendre la violence qui se cache derrière le "contrôle des flux".

En savoir plus : http://bit. ly/1Xuqqbs

L’homme qui répare les femmes Le combat du docteur Mukwege pour les femmes violées durant 20 ans de conflits à l’est de la République démocratique du Congo.

Site : http://mukwege-lefilm.com/

Agenda 1AU 3 JUILLET

Eurockéennes de Belfort Rendez-vous sur le stand de Médecins du Monde pour la 28e édition du grand rendez-vous musical de l’été. 50 concerts au programme.

FRANCE

Délégation Île-de-France / Protéger les mineurs isolés étrangers Il y a un an, en juin 2015, Médecins du Monde lançait à Paris un programme dédié aux mineurs isolés étrangers non protégés.

Ces jeunes, soumis à des examens controversés pour évaluer leur âge et en attente d’un statut légal, ne sont considérés ni comme majeurs ni comme mineurs.

Ils demeurent invisibles et ne bénéficient d’aucun droit, qu’il s’agisse d’une protection au titre de l’enfance en danger ou de l’accès aux dispositifs pour les adultes en situation de grande précarité. Ils sont condamnés à vivre dans le métro, des gares, des parkings, des cages d’escaliers ou des squats. Des conditions de vie qui les exposent à l’exploitation, à la prostitution, et les excluent des soins. À travers ce programme, Médecins du Monde lutte pour que ces enfants bénéficient d’une protection et que soit respecté leur droit à la santé. 20 personnes sont ainsi mobilisées dans le centre de soins parisien de l’association. Des médecins, assistants sociaux, psychiatres reçoivent chaque semaine des jeunes extrêmement fragilisés. Lorsque cela est nécessaire, nos équipes assurent également leur transfert vers des structures médicales de droit commun. Pendant les quatre premiers mois de l'année 2016, près de 120 mineurs ont déjà bénéficié d’un suivi médico-social de Médecins du Monde.

En chiffres 295

mineurs

isolés étrangers rencontrés en 2015

551

consultations

sociales

491

consultations

médicales et paramédicales

Coordonnées MdM Île-de-France 62 bis avenue Parmentier, 75011 Paris / Tél. : 01 48 06 63 95 ile-de-france@medecinsdumonde.net

Site : http://www.eurockeennes.fr/

27 AOÛT AU 11 SEPTEMBRE

Visa pour l’image Perpignan accueille le grand festival international de photojournalisme. Pour découvrir l’actualité à travers l’œil des grands reporters d’images.

© Véronique Burger

Site : http://www.visapourlimage.com

10 — www.medecinsdumonde.org

Vos questions Raymonde M., à Troyes

Je suis donatrice à Médecins du Monde et, compte tenu de l’actualité, je souhaite faire un don en faveur des migrants.

© Olivier Papegnies

Quelle est la marche à suivre ?

Comité des donateurs/

Calais : entre indignation et admiration mentale des réfugiés. C’est une véritable Colère, indignation, admiration. mission d’urgence qui est déployée ici.

Voilà les sentiments que partage le Avec des mesures de sécurité exceptionComité des donateurs après sa visite à nelles.

Calais et Grande-Synthe sur la mission Littoral-Migrants. Déplacés sans cesse et À la fois pour accompagner et soigner mais aussi pour témoigner et faire sans raison, ruinés, isolés, les migrants sont la proie des passeurs. Une situation écouter la voix de réfugiés qui meurent à petit feu, en voyant briller à quelques intenable pour ces personnes meurtries qui ont fui les guerres et la famine. Dans kilomètres les côtes qu’ils ont convoitées pendant de longs mois. Ici, rien n’est ce contexte, l’équipe de bénévoles et de salariés de Médecins du Monde affronte, superflu. Tout est essentiel. Nous en témoignons et apportons notre solidariavec calme et courage, l’insécurité té de donateurs aux équipes de terrain. (parfois les agressions de groupuscules racistes) pour prévenir et guérir.

Paule Champetier de Ribes et Olivier Péray Maraudes quotidiennes, dispensaires fixes et accompagnements vers les PASS En savoir plus sur : journéedonateursmdm.org hospitalières parent à l’urgence du quotidien et à l’impact sur la santé

Partenariats / Crédit Agricole Assurances soutient le parrainage De nombreux enfants sont régulièrement hospitalisés loin de chez eux pour des pathologies qui ne peuvent être traitées dans leur pays. Certains d’entre eux, parfois issus de milieux défavorisés, n’ont pas la chance d’être accompagnés de leurs parents. Pour aider les enfants soignés loin de leur famille à mieux vivre la séparation, Médecins du Monde fait appel à des parrains et marraines bénévoles en région parisienne et à la Réunion. Chaque année, près de 200 enfants sont ainsi parrainés.

Grâce au soutien de Crédit Agricole Assurances, un dispositif de formation et d’accompagnement psychologique pour lutter contre l’épuisement physique et moral des bénévoles est mis en place. Ainsi parrains et marraines peuvent mieux assurer leur mission auprès d’enfants atteints de pathologies lourdes.

Médecins du Monde a pour principe de ne pas affecter les dons et de mutualiser sur l’ensemble de ses missions les fonds reçus.

Ce principe clair permet d’intervenir uniquement en fonction des besoins réels sur le terrain.

Cependant, lorsqu’un donateur souhaite s’impliquer et contribuer par son soutien à une mission particulière, l’affectation reste possible. Avec ses 140 programmes médicaux en France et dans 44 pays, Médecins du Monde France permet aux personnes exclues et à leurs communautés d’accéder à la santé tout en se battant pour un accès universel aux soins.

Si vous souhaitez que votre don soit affecté à l’un de nos programmes, il vous suffit d’en faire mention lorsque vous envoyez votre chèque.

Une question au sujet des dons affectés ? Le service donateurs est à votre écoute au 0 800 014 014 (appel gratuit) de 9 h à 13 h et de 14 h à 17 h du lundi au jeudi, de 9 h à 13 h et de 14 h à 16 h 30 le vendredi.

Hélène Granville,

responsable du service donateurs

Posez votre question, Hélène Granville vous répondra ! donateurs@medecinsdumonde.net – 0 800 014 014 Médecins du Monde – Service donateurs 62, rue Marcadet 75018 PARIS

Médecins du Monde N° 123 — 11

SEUL1 % DES FRANÇAIS PEUT SE PERMETTRE D’AVOIR UNE HEPATITE C. Signez la pétition pour faire baisser le prix des médicaments s u r w w w. l e p r i x d e l a v i e . c o m